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Nadie
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☯ Légendaire ☯


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MessageSujet: Siempre   Siempre EmptyDim 20 Mar 2016 - 22:00


I'm on my way to somewhere
I don't know where
I'm on my way to somewhere
I don't know how far
I'm on my way to somewhere
this journey's just begun



Suite directe d' Indigofera Tinctoria




Nous marchons depuis plusieurs heures, sans hâte aucune. Mes quatre pattes s'adaptent à son rythme cadencé par deux modestes pieds. Je ne me suis pas retournée, à aucun moment, pour vérifier si Siempre me suivait. Le doute n'a, sur moi, aucune emprise. Guide muette et sage, je le conduis là où il deviendra autre. On ne peut se soustraire à pareille destinée. Mon pelage de nuit épouse la jungle, se perd parfois à son regard, mais jamais ne l'abandonne. Son odeur est là, spécifique et épicée, d'homme fait. Le reptile se love dans son humanité, subtil, attentif. Il attend.
Et l'homme marche.
Peut-être s'épuise-t-il ?
Peut-être se dessèche-t-il ?
La traversée fait pourtant partie du processus. Pas après pas, la mue du Boa s'opère. Viens, viens à moi Siempre, dans ma tanière, entre mes couleurs et auprès de ce coeur dont l'âtre ne s’est jamais totalement refroidi. Le vent nous porte, l'âme au clair. Sens les fleurs qui s'ouvrent, leur coroles qui vocifèrent. Sens le monde qui éclate en baies juteuses sur la surface de tes sens. Sens la caresse et les milles murmures du soleil qui joue avec les feuilles.
Apprends du silence.
Sois son amant.
Écoute la chamade qui est tienne. Le flux et le reflux de ton sang t'échappe. Laisse-le aller comme le flot d'une rivière. Il sait quel est son lit. Le lancinant balancement de mes hanches est ton nouveau métronome.

Vois-tu l'herbe qui se fait rare et le sol plus dur. Les pavés se dessinent sous la mousse humide. Les ruines sont là, sous le manteau couvrant d'une nature qui n'a pas chaumé. Bientôt les vestiges d'une vie inconnue s'érigent, magnifiques et drus, symboles d'une histoire qu'on nous nie. L'Île est éternelle, mais son temps n’est pas un recommencement : c'est un voyage. Nous ignorons simplement la destination.

Moi, je t'emmène à l'une de ces étapes necessaires.

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Nous passons sous une voute ébranlée et nous pénétrons dans le ventre de pierre d'un édifice large et encore vaillamment debout malgré la dense végétation qui pèse de tout son poids sur ses poutres. Sur les colones et les cloisons grignotés de lianes rampantes, se dessinent en teintes multiple mes créations. Mes histoires.
Elles sont légions.
Petites et Grandes.
Elles parsèment les murs au gré de mes souvenirs et des témoignages. Il y a peu, j'ai terminé les différents actes de ma fresque sur "La Peur". Le Croquemitaine s'y coule, effrayant et abject, sous toutes ses formes, faisant vaciller les héros de l'ile : ses enfants, ses pirates, ses guerriers et ses fées. Peter Pan et Crochet. Beaucoup de rouge a suinté sur les rainures de ma tanière.
A peine ai-je commencé à peindre la Canicule.
Une nouvelle étape.
Un nouveau chapitre à consigner.

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Nous nous arrêtons dans une pièce quasi vierge de peintures. Mes pigments n'ont pas encore foulé cette aile-ci. La lumière perce, par tâches, à travers la toiture et danse sur le miroitement d'un petit point d'eau.

- Bois, dis-je à mon invité.

Ce que je fais moi même après m'être départie de mes aumônières pleines et de ma machette.







" L'oubli, ta chasse, ton exil, ta main.
Tes couleurs d'aujourd'hui se superposent aux souvenirs d'hier. "

Boa Nocturne
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L'inconnu d'hier est l'ennemi d'aujourd'hui sera le compagnon de demain dans l'au-delà.

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyVen 25 Mar 2016 - 22:53


Ils marchent. Ils marchent en silence, et Boa observe Nadie qui ouvre la marche. Elle l'intrigue. A quoi pense-t-elle ? A rien, peut-être. A sa marche, à la jungle, à cette vie discrète qui les entoure. Ou peut-être à sa vie d'avant, à celle de maintenant, à cette rencontre.. Ou peut-être pas. Siempre est troublé, bien qu'il garde son impassibilité. Boa s'égare en pensée, en réflexion sans fin, sans pouvoir s'en empêcher. Boa était bon en méditation et calme fatalisme, pourtant. Siempre apprend. Sa tête lui semble lourde à trop réfléchir, et un léger soupire finit par doucement se faire entendre.

Calme.

A quoi bon réfléchir à ce qu'il ne peut deviner ? Boa a décidé de suivre la femme panthère, de la laisser mener la danse. Soit. Mais il est impossible d'apprendre si la tête est déjà pleine. Peu à peu, le calme revient. Il lui faut du temps, pour laisser les pensées s'enfuir au loin, pour les relâcher. L'essence du reptile aide, cependant. Animal sage et patient, il libère petit à petit l'humain de sa réflexion encombrante. Sens la chaleur de Nadie, Siempre. Sens cette vie qui palpite chaleureuse, cette trace que tu peux suivre. Les yeux peuvent tromper, mais pas ce sens là. Au fil de la marche, l'homme s'oublie peu à peu, oublie de réfléchir, oublie de penser. C'est l'heure du serpent.

Il avance, inlassablement, sans une plainte ni même un mot. Chaleur. Vie. C'est tout ce qui l'occupe, de juste avancer, de se fondre dans la jungle. Ses pas ne font pas de bruit, sa foulée te suit sans fléchir. Ne reste au fil des heures qu'un étrange mélange de sérénité et de détermination. Siempre veut apprendre.

Quand ils arrivent finalement, Siempre s'arrête un instant. Juste pour voir, juste pour s'imprégner. La batisse l'impressionne et l'émerveille, avec ses fresques qui l'habillent de toute part. Couleurs, contes, mémoire. Tout s'y mêle. Sérénité et détermination. Et puis, après cet instant hors du temps, le voilà qui se remet en marche hâtivement pour te rejoindre, Nadie. Perdue de vue mais ta chaleur laisse un sillage plus que suffisant pour ton.. Elève ? Invité ? Captif ? Non, Boa est venu de son plein gré. En te rejoingnant enfin vers le point d'eau, il ne peut s'empêcher de t'observer. Tu es insondable Nadie, on te l'a déjà dit ?

Docile, Siempre s'accroupit et boit, joignant ses mains en coupe sans un mot. Boire. Boire, oui, mais tout en observant autour ce mélange de roche et de verdure. Ton univers. Quand il a but, Siempre ne bouge pas. Il t'observe en silence, avec le regard curieux de celui qui s'attend à tout et rien à la fois. Boa est encore là, qui veut te connaître. Siempre pourtant ne se laisse pas faire, Siempre lutte pour exister, réclame cette légitimité d'exister puisque tu l'as créé. En résulte un homme troublé mais calme. Boa ne sait comment considérer cette situation, Siempre te fait confiance.

S'il ne peut être ni homme ni serpent, Nadie, qui sera-t-il ?
Accroupit, immobile, il attend de muer en son devenir.


HRP:
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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyJeu 7 Avr 2016 - 9:51



HRP:

Je te regarde, Siempre.
Je t'observe.
Nous nous désaltérons de concert comme deux membres d'une même meute. On pourrait croire que mon corps et le tien ne sont qu'une même expression organique, malgré leurs différences. Ton profil aquilin se découpe sur le décor. Tes traits sont devenus plus sages et plus sereins. Ils plissent au coin de tes yeux , parfois au coin de ta bouche. Tu es beau. Tu es beau malgré la patine délicate des années, malgré les doutes et les questions qui voilent ton regard azuréen, malgré moi. L'eau perle sur les poils blancs de ton menton. Ta crinière -car tu en a une, tout serpent que tu es- est humide de sueur. Tu as chaud et la marche n'a pu que te déshydrater.

C'est avec un temps de retard que je remarque mon propre geste. Mon corps a agit tout seul, mu par l'instinct. Ma main s’est gorgée d'eau fraiche pour se poser sur ta nuque et apaiser la brulante morsure de la canicule.
Je suis troublée par cette spontanéité.
Je suis troublée mais étrangement contentée.

- Tu avais tant de questions, et te voilà bien silencieux.

Mes doigts sombres s'attardent sur la neige de ses cheveux. Y laisseront-ils une empreinte, meuble et fondante, comme pour la poudreuse ? Éphémère.
Mes lèvres se serrent comme mon coeur. La bête qui m'habite m’astreint à plus de nonchalance. L'enseignement que je m'apprête à perpétrer sera durable. Je n'ai pas à en douter.
Je me penche à nouveau pour prendre de l'eau en coupe dans ma paume et la faire goutter sur ce dos au supplice. Mes peintures fraiches se diluent par touches, à certains endroits, comme une aquarelle.

- Exprime-toi, à présent, tu le peux.







" L'oubli, ta chasse, ton exil, ta main.
Tes couleurs d'aujourd'hui se superposent aux souvenirs d'hier. "

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyVen 22 Avr 2016 - 21:19


Nadie. Tu bois, tu vis, tu es là mais tu lui échappes. Boa te scrute, Siempre aussi. Siempre qui se bat pour prendre les rênes, avide de savoir quand Boa attend son heure, attend de voir.

Il est déchiré entre deux âmes. Deux lui. Deux vies.

Ton geste le surprend, et Siempre frissonne alors que Boa prend note de la main dans sa crinière. Tous deux te dévorent du regard. Nadie, qui es-tu ? Les épaules de l'homme roulent au contacte de l'eau, un peu pour se délasser, un peu parce que c'est frai et soudain. Par contraste, tout son corps semble irradier. Nadie, Nadie. Quelle est cette magie ? A ta remarque, il te répond par un regard. Pas un mot, mais un bref mouvement de tête. Depuis que vous êtes partis dans la Jungle, Capricorne Silencieux est plus bavard que lui. Mais Siempre ne sait pas encore parler, les mots lui semblent presque.. Autres. Comme le domaine d'un autre. Et pourtant, tu l'invites à parler. A placer des mots sur ce qu'il ne peut expliquer, et qui rendront la chose vraie. Une fois formulée, il n'y a plus d'échappatoire. Ne restent que les mots dont on est obligé de se souvenir.

- Si je ne peux pas être mon passé, mais que je ne suis pas encore mon avenir.. Je suis quoi ? Dans ces ruines, je dois oublier ce que je savais. Mais je ne sais rien encore.

Ça le trouble, cet entre-deux. Il ne peut plus être Boa, mais n'est pas encore Siempre. Il n'est qu'un fantôme.

- Je ne sais pas ce que je suis. Je ne sais pas ce que je dois apprendre. Je ne sais pas si je suis élève, invité, ou autre chose qui attend d'exister. Je suis une terre vierge, un plateau de neige. Mais la neige ne se pose pas de questions. Pourquoi moi ?

Ses pensées se formulent, se déroulent sans qu'il ne les contrôle. En cet instant, il n'est que Bouche, qui dévide les mots sans conscience ni pudeur pour les endiguer.

- Pourquoi ne pas m'avoir tué, ne pas m'avoir fui ?


Pourquoi m'avoir choisi ?

- Pourquoi Siempre ?


Pourquoi lui ?

- Et pourquoi mon esprit ne peut pas être serein et simplement attendre d'apprendre ? Pourquoi mettre mon destin entre tes mains, et pourquoi l'accepter alors que tu pourrais y mettre fin ?


Pourquoi pourquoi pourquoi ? Il ignorait qu'il avait tant de question dans le cœur. Et maintenant maintenant qu'il les a dite, il se vide, et plat. Presque triste, au fond. Absurdement, il se sent nu. Nu du cœur, nu de l'âme, nu devant toi comme un papoose qui vient de naître. Mais peut-être est-ce le cas.

Absurdement, il a froid.


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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyMer 27 Avr 2016 - 14:45



Je te regarde, Siempre.
Je t'observe.
Tu es comme l'enfant qui vient de naitre. Tu es comme le tout jeune éveillé. Tu es comme moi à mes premières heures de cette autre vie.

Mais moi j'étais seule.

Je te regarde, Siempre.
Regarde-moi.
Observe-moi.
Je suis ton guide à présent, comme tu fus celui de bien des papooses. L'histoire n'est pas fixe, les cycles se perpétuent malgré l'éternité de la Grande Mère. Rien n'est Immuable. Ne retiens pas ta parole, livre-toi à moi, corps et âme. Abandonne-toi, Siempre. Fais tes premiers pas, je suis là pour te rattraper.

Tu poses ton pied, testes la solidité de ce sol inconnu.

Et puis soudain tu cours, tu sautes, tu voltiges. Sans frein, sans retenu. Quelque chose d'ancien  et d'enfoui, lointain, vibre un peu au dedans de la cage de mes côtes. Je ne sais pas ce que j'éprouve, c'est incertain, mais il y a quelque chose d'enfantin et de joyeux. Sans détour. J'ai envie de rire.
Je ris, un peu. Je ronronne à la vérité. Et cet amusement est doux sur mon palais tel un rayon de miel.
Il y a bien des lunes que cela ne s’est produit.

- Tu n'as toujours prétendu n'avoir pas peur de mourir. Et pourtant tu crains cette vie que je t'offre. Me craindrais-tu d'avantage que la Mort ?

Je te regarde , Siempre.
Je t'écoute.
Tu as froid.
Ma paume se pose sur ta poitrine, là où ma trace demeure. Je veux te réchauffer l'âme, cette âme toute neuve et vagissante qui cherche à comprendre.

- La Vie et la Mort sont le manche et la lame d'un même couteau. Il ne sont ni bons, ni mauvais : ils sont un tout. C'est là l'ordre des choses. Ne sont-ce pas là tes propres enseignements ?

Mes pupilles fendues le fixent sagement, ma main n'a pas bougé. C'est à peine si l'autre se pause sur son épaule. Sous la peau, son coeur qui bat.

- J'ai vécu. Je suis morte. J'ai eu peur des deux. Et pourtant une troisième voix s’est ouverte devant moi pour y accueillir ma course. J'ai découvert mon tout.

Je m'approche pour mieux le humer, les iris immobiles.

-Tu es Boa. Tu es Siempre. A toi de découvrir ce "Tout" qui te définit comme l'être qui se tient devant moi. De ce que je t'enseignerais, tu feras ce que tu voudras.


Des mésanges bleues s'ébattent dans les feuillages qui surplombe la grande fenêtre de pierre. Je les regarde s'envoler, paisiblement, tâche de couleur sur ciel rougeoyant.

- Amà, Siempre, Nunca... Nadie, dis-je avec recueillement, comme s'il s'agissait de formules magiques. Ce sont les mots de Ska. Te souviens-tu de Ska ?

J'ai un faible sourire, mélancolique, les prunelles un peu vagues.

- Lorsqu'il a appris que l'on te surnommait "l'Impassible", il a murmuré "Siempre". Il ne savait pas lui même ce que cela voulait dire. L'Oubli l'avait déjà meurtri plus qu'à son tour. Mais sa chair se souvenait de sa langue de l'avant. C'était un trésor relâché par la mer sur nos rivages.

J'en reviens à Siempre, sans me presser, presque avec langueur. Ce n’est que pour mieux souligner l'intensité de mon regard.

- J'ai chéri ce mot mes deux vies durant.

Je te regarde, Siempre.
Je t'observe.
Je te respire.
La bête en moi s'offusque toujours de ce reliquat de viande autour de mes vieux os. Ma peau d'humaine la démange. Elle s'accroche pourtant. Elle demeure.

Ma main se glisse sous le menton du chaman pour mieux le soulever alors que je le surplombe.

- "Pourquoi", me demandes-tu ? Il y a longtemps, je me suis posée les mêmes questions. Et puis j'ai compris que tout cela n'était que l'ordre des choses et qu'il y avait moins de "Parce que" que de "C'est ainsi".

Je ne peux m'empêcher de jouer avec les poils immaculés de sa barbiche.

- J'écoute les Murmures de la Grande Mère. Elle t'a conduite à moi. Qui suis-je, moi, pour entraver la route de ses commandements ?

Et j'ajoute et posant mes longs doigts sur sa bouche.

- Tu m'as suivie. Tu m'a choisie. Doutes-tu encore de moi ? Les nuages qui troublent ton ciel sont-ils dissipés ?








" L'oubli, ta chasse, ton exil, ta main.
Tes couleurs d'aujourd'hui se superposent aux souvenirs d'hier. "

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Dernière édition par Nadie le Dim 22 Mai 2016 - 11:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptySam 14 Mai 2016 - 21:52


Il tente de faire le point, mais entend ce chant discret, ton ronronnement. Ça le fascine, quelque part. Mais ta voix résonne, et tes mots le font réfléchir, Nadie. Il incline la tête à ta première réponse, puis la secoue doucement. Non, tu n'y es pas. A moins que tu ne le taquines volontairement ?

- Je ne crains pas la Mort, ni la Vie. On les craint lorsque l'on a quelque chose à perdre.

Mais te craint-il ? A cela, il ne peut répondre. Tu es insaisissable Nadie. Il ne te craint pas en tant qu'être vivant, ne craint pas tes griffes, tes armes. Alors quoi ? Et déjà tu repars, tu continues, tu lui assène ses propres propos comme une main tendue ou un uppercut. Il ne sait pas trop encore. Ta main, la vraie, s'est posé sur lui. Son cœur. La symbolique ne lui échappe pas, mais toi oui une fois de plus. Boa n'aime pas comprendre, Siempre veut apprendre. Voilà peut-être ce qu'il craint, au fond : de passer à côté. De ne rien pouvoir saisir à la volée. Son regard azur se baisse sur ta main contre lui, sur ce lien qu'il pressent vaguement. Il y a un lien, vieux ou nouveau il ne saurait le dire. Mais quelque chose lui souffle que s'il n'a pas oublié, si vous vous êtes retrouvés et que tu l'as guidé, alors il y a une raison. Laquelle, c'est encore à découvrir. Mais il n'y a pas de hasard, pas de si grosses coïncidences. L'homme redresse les yeux vers toi, s'y perd, et les ferme. Couper les couleurs qui l'étourdissent, pour aiguiser les autres sens. Entendre tes mots et s'en gorger, sentir ta main sur chaque parcelle de peau qu'elle recouvre. Sentir ta chaleur qui irradie comme un volcan, sentir cette vie à chaque instant. Un léger soupire, alors que tu parles, tu parles de ton bannissement -oh comme ils 'en rappelle!- de ta peur, de qui tu es. Tu parles d'enseignement, et un fin sourire anime ses lèvres alors qu'il rouvre les yeux.

Il te voit.

Le calme est en lui, enfin. L'Impassible. Voilà qui il est, l'impassible reptile, celui qui s'adapte, qui se glisse dans sa nouvelle vie sans s'attacher à une carcasse obsolète. L'Impassible qui mue pour grandir sans jamais perdre son identité. C'est une vérité qu'il effleure à peine, il lui tourne autour pour la jauger. Mais tu ne lui facilite pas la tâche, car toi, Nadie, tu parles encore, tu t'approches. Ska, ce nom lointain évoque quelque chose, oui. Comme un songe oublié que l'on essaye de se rappeler. Tout cela lui paraît si loin, à présent. Il lui semble qu'il n'y a que ce lieu loin de tout, qu'il soit le seul concret. Le lieu d'une naissance en devient toujours sacré, quelque part.

Tu captives.

Tes yeux l'ont attrapé, Nadie. Boa offre son regard azur à tes iris dorées. Ta phrase est une nouvelle énigme qu'il se plaît à ne pas décortiquer. Mieux vaut la savourer, avant de chercher à tout savoir, à tout comprendre. Chaque chose viendra en son temps, il ne peut espérer avoir connaissance de tout. C'est peut-être cela, la vraie leçon. Laisser aller.

Mais tu le troubles. Boa se découvre une docilité perturbante face à toi. Combien de temps devra-t-il payer pour ne pas avoir su voir le souffle faible mais présent de la panthère ? Pour ne pas avoir senti que la chaleur était encore sienne ? Siempre ne sait pas, mais il te rend ton regard. Pas soumis, pas méfiant. Une page vierge sur laquelle tu es libre de laisser courir tes pigments, d'apposer ta marque. Son menton se redresse pour suivre la course de ta main, pour lever la tête vers toi.

Tu expliques, tu joues avec lui comme s'il t'appartenait. Peut-être est-ce le cas, peut-être l'accepte-t-il pour. Pour l'instant. Une fois encore, à ta dernière question, un long soupire anime l'homme. Ni colère ni lassitude. Un simple air que l'on expulse, une purification interne. La brise qui chasse les nuages au loin pour ne laisser que l'essence même du ciel : l'azur. Sa main saisit la tienne et l'ôte de sa bouche pour parler, mais ne la lâche pas.

- Je doute de moi plus que de toi. Les nuages sont partis et mon coeur n'est plus envahi de brume. Mais tu restes une énigme, Nadie. Je ne pense pas pouvoir te comprendre un jour. C'est ainsi.

J'ai chéri ce mot mes deux vies durant. La musique de tes mots résonne encore, et il laisse faire. J'ai découvert mon tout. C'est bien. Ne pas chercher à tout comprendre, ne pas s'encrer dans un jugement de chaque chose. Retrouver ce détachement qu'il avait pu avoir, sans se couper du monde.

- Je veux apprendre, renaître. Boa Nocturne était serein, mais des évènements l'ont troublé. Je ne veux ni ne peux redevenir comme j'étais. Je ne peux qu'avancer. Mais j'ai besoin de temps, pour comprendre comment marcher d'une façon différente.

Il espère que tu peux comprendre ça.

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptySam 21 Mai 2016 - 23:43



Siempre, tu t'apaises sous la pulpe de mes doigts. Tu souris, tu respires, tu laisses ton souffle s'égarer comme une brise. Il y'a dans tes battements, un roulis paisible qui fait échos aux miens. Une musique bien ordonnée, sans paroles superflue. Ma mains dans la tienne ne tremble pas, pourtant la panthère qui m'habite s'insurge secrètement de ce lien noué à mon poignet. Chasse au collet. Le piège est présent, sous-jacent. Et pourtant, j'ignore son alarme. J'aime étrangement me savoir nouée à ton humanité, Siempre, à cette paume virile qui autrefois m'a fascinée, aux heures tranquilles où tu pilais les herbes et les baies des rituels.
Sais-tu que ce sont tes mains qui m'ont données envie de faire quelque chose des miennes ?
Le sais-tu, Impassible, inatteignable autre versant de moi même ?

- Je doute de moi plus que de toi. Les nuages sont partis et mon coeur n'est plus envahi de brume. Mais tu restes une énigme, Nadie. Je ne pense pas pouvoir te comprendre un jour. C'est ainsi.

Un tressaillement m'ébroue l'âme. J'ignore ce dont il s'agit. Il est déjà parti comme cet envol de mésanges. Un étrange sourire se peint à mes lèvres.

-  N'est-ce pas réconfortant, de se dire que toute ta vie durant, tu tenteras quand même de t'approcher de ma vérité ?

C'est d'une malice que je n'ai pas escomptée. Elle est là pourtant, vive et naturelle sous ma peau de bête. Ai-je conscience que le ruban se serre d'avantage, étranglant une solitude pourtant acceptée et choisie ?

- Je veux apprendre, renaître. Boa Nocturne était serein, mais des évènements l'ont troublé. Je ne veux ni ne peux redevenir comme j'étais. Je ne peux qu'avancer. Mais j'ai besoin de temps, pour comprendre comment marcher d'une façon différente.

Mes doigts se mêlent aux siens et ma paume libre les recouvre. Je couve sereinement la perturbation de mon ermitage. La Grande Mère t'as mis sciemment ma route, Siempre, mais peut-être l'ai-je aussi secrètement souhaité. Sur l'île, les désirs sont dangereux, ils prennent vie, se déclinent en peintures multiples et vivides, preuves formelles que nous n'avons pas su les garder verrouillés dans la paix de nos esprits égaux.
Ridule sur l'eau de mon lac. Pour autant, brouille-t-elle ma sainte quête ?
Boa, tu étais l'accroc à mon coeur décousue de jeune fille.
Que sera Siempre ?

- Nous avons l'éternité.

Et je te tiendrais la main, comme tu tiens la mienne, pour toute les fois où l'équilibre viendra à te manquer. Nous apprendrons. Je t'apprendrais. Par où commencer ? Ô Grande Mère j'ignore par quel mot faire valoir ta présence en chacun de mes creux ? Mes yeux se posent à nouveau sur le visage de Siempre.

- Viens...

Et comme un enfant qui découvre ses pieds, je l'invite à marcher un pas après l'autre, sans rompre le pont de nos corps. La quiétude de mon antre nous affecte surement. Je nous sens comme en dehors du temps ou même de l'ile. Protégés.  Nous foulons l'onde. Moi  qui ne m'y aventure guère, je bannie mon appréhension, jusqu’à mis-pattes. Je suis habitée par une douce urgence qui fait ployer mes peurs vulgaires.
Alors, doucement, tendrement, j'efface les stigmates de Boa sur les pommettes saillantes de Siempre. Je nettoie le vélin avant qu'il ne vienne y apposer, ses marques propres. Te voilà à nouveau toi, sans fard ni musique, sans chant ni feu sacré.
Juste toi.

Siempre.

- Viens... dis-je à nouveau.

Je t'extirpe de cette eau bénie. Mon pelage mouillé s'égoutte sur les dalles vermoulues. J'ai chaud et froid à la fois, quelle sensation d'une délicieuse étrangeté. Nous gravissons les escaliers de pierre qui mènent à mon recoin de prières.
Mon atelier.
Sur la paille fraiche sont disposés de multiples coquilles de coco évidées où se trouvent, pilonnés, différents pigments de natures diverses. Pendent ça et là, des fleurs séchées et des fruits en faisandage. L'air embaume de sucre et de musc, de parfum forts et bruts. Et trône sur une pierre plate, mes aiguilles de tatouages, soigneusement alignées. Des tâches turquoises impriment les nervures du rocher, traces larvées des sirènes de Ska.

-  Pourquoi, un crâne ?
dans un murmure, à nouveau papoose pour une poignée de secondes.

Je remarque alors que je ne l'ai toujours pas libéré de ma poigne.







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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyDim 22 Mai 2016 - 2:23


Tu es sibylline, quand tu le veux, Nadie. Mais tu as terriblement raison. Tes mots sont la sagesse, recouverts d'impertinence et de fierté. Il te sourit, un peu. Si peu. Mais ses yeux dansent, à ta réponse, ils vivent. L'arrogance est-elle justifiable, lorsqu'elle a un fond de vérité ? Le chaman ne veut pas penser, mais nul besoin de le faire pour savoir que oui, il tâchera de s'approcher et de comprendre cette femme panthère. Réconfortant ? Qui sait. Peut-être. Tentant, très certainement. Il a beau être placide, c'est un Piccaninny. De cœur et de raison, c'est un homme qui relève les défis. Et qui aime ça.

- Tu es bien sûre de toi, Nadie. Peut-être qu'un jour je comprendrai ton monde. Peut-être pas. Mais l'inverse marche aussi. De demain, nul n'est certain.

Et toi, ô féline, le comprends-tu ? Essayes-tu seulement de le faire ? Il ne saurait le dire, mais te sent pourtant rôder autour. Il a le sentiment que tu le flaires, que tu t'approches. Que les griffent se rétractent de plus en plus, comme pour nier un peu plus à chaque instant qui passe cette tension qui vous séparait il y a quelques heures. Mais peut-être que lui aussi s'approche, en plus de se mettre volontairement à découvert. Si Capricorne Silencieux le voyait..

Si Capricorne était là, ta réponse Nadie l'inquiéterait peut-être. Mais elle fait sourire un peu plus Siempre. L'éternité a une saveur de calme et de sérénité sur lesquels il ne crache pas. L'éternité a une main chaude et un feu de vie qui l'ont guidé jusqu'ici. Sa paume égarée dans les tiennes n'en est qu'un rappel de plus. A défaut de comprendre ton monde, Boa s'y est perdu et a sciemment laissé la boussole au camp. Ce n'est qu'ainsi qu'il renaîtra. Cet abandon à l'autre, le lâcher prise sur son destin, c'est peut-être au fond sa dernière chance de ne pas s'endormir. C'est peut-être une pulsion de vie avant que ne l'envahisse la résignation. Boa, il est temps de muer. Le Croquemitaine avait commencé son œuvre, la canicule avait fait craqueler cette peau devenue obsolète. Mais ce sont tes mains brunes, Nadie, qui ôtent le carcan de chair étriquée. L'éternité, c'est une promesse digne de l'île.

Il te suit, comme toujours depuis quelques heures. Même sans parler, il t'aurait suivi. Lui qui est d'ordinaire le guide des âmes comme des rituels, le voilà qui se prend à aimer laisser les rênes à autrui. Peut-être était-il fatigué de montrer aux autres la voie sans lui-même savoir où se trouve la sienne. Nadie, grâce à toi, il peut se reposer. Mais tu le mets à nu, sans doute plus que quiconque ne l'a fait depuis bien des lunes. L'eau le lave de tout artifice, elle ruisselle sur son crâne, son visage, son torse. Nouvelle naissance, nouvelle vie. Et ta main, ta main aux doigts entrelacés qui est là, toujours. Ta main qui le guide, comme il t'a guidé de la sienne ce jour de renouveau. Même si pour toi, il n'était pas celui escompté. Boa ne te lâche pas, mais il se tient droit. Le port fier et mâle, le souffle calme. L'azur de son regard qui cherche l'or du tien, une fois de plus.

L'eau n'a jamais été tant une promesse d'avenir qu'en cet instant.

Quand tu as fini, il entend le tambour de son cœur, il sent la flamme de vie qui émane de toi. Il sent l'eau qui ruisselle, achève sa course le long de son corps. Il sent ta main, toujours, liée à la sienne. Il sent la fraîcheur de l'eau, il sent ton odeur, il sent le lieu et son âme autour de vous. L'homme se sent lucide comme il l'a rarement été, mais peut-être est-ce une impression. L'ivresse de la renaissance, cette énergie ineffable qui anime chaque nouveau-né. Il sent la terre et le monde autour de lui vibrer de vie comme rarement, immense et à l'infini. Lui n'est qu'un insecte, un détail. Sa vie est droite, pure.

Siempre te voit, Nadie.

A nouveau tu l'appelles et l'invites à te suivre. A nouveau il ne bronche pas, se laisse guider par ta paume et ta course. Vous avancez un peu plus dans ton antre, et il découvre ce qui semble être ton atelier. Ses yeux de pluie se posent sur les coques, récipients et pigments. Un autre lieu de naissance, mais de contes et de souvenirs cette fois. De couleurs et de vie imagée. Il se demande quelle sera ta prochaine œuvre. Et toi, tu n'en parles pas. Tu questionnes, pour une fois. Tu questionnes sur un vestige qui déjà, sous ton impulsion, commence à s'altérer. La mue s'opère, lentement mais sûrement. Tes doigts légers déchirent un peu plus la peau devenue morte et rêche.

- Pour ne pas oublier mes ennemis vaincus, ni mes amis tombés au combat, ou qui tomberont à la prochaine bataille. L'Au-delà nous réunis. Mon corps vit, respire. Mais mon corps meurt un peu plus à chaque seconde. Vie et Mort sont sœurs, je les accueille toutes deux avec la même sérénité. Mais il n'y a pas que le crâne.

Il te regarde, laisse un léger sourire presque espiègle lui échapper. De sa main libre, il redessine machinalement un tatouage invisible sur son visage. Celui du crâne, précisément.

- Les marques sont faites de cendre et d'os pilés. La tête, pour penser, se souvenir et être homme comme tous les autres. Un crâne, quelle que soit la couleur de peau ou la tribu, reste un crâne. Mémoire et raison.

Puis, sa main descend, et trace une trachée invisible sur sa gorge, son regard toujours dans le tien.

- La gorge, pour l'air. Le même pour tous. Lieu de transition, de courage, de décision. Avoir ce tatouage, c'est montrer que je n'ai pas peur d'affronter les choses, que ma gorge n'est pas nouée de peurs ou d'angoisses. C'est aussi le lien entre la pensée, et le ressenti.

Enfin, il descend jusqu'au torse dévoilé, et trace une cage thoracique invisible pour les yeux.

- Le cœur, le souffle. La vie. L'émotion. Le cœur qui bat, qui s'emballe, le fondement de tout. Le buste est plus large que la tête, parce que les émotions sont plus fortes. Elles sont en général la source première d'action, le ressenti. La force instinctive, celle donnée par les esprits et les ancêtres.

Nouvelle ombre de sourire, et il balaye le tout comme s'il avait encore ses tatouages à te montrer.

- Je suis homme, je suis os et chair. Nous devons tous choisir entre émotion et pensée. Tout est équilibre. Tout est un.

Léger silence. Puis, c'est à son tour de poser délicatement la main sur toi, sur ta peau. Sur la couleur qui t'habille bien plus que ne le feraient des bijoux ordinaires. Pensif, il en suit le tracé pendant quelques instants, puis incline la tête sans pour autant rompre ce second contact.

- Pourquoi ces tatouages ?


Laisse moi t'apprendre, Nadie.

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyDim 22 Mai 2016 - 11:16



Siempre.
Tu te réappropries les mots qui t'ont fait défaut jusque là. Tu expliques, tu décortiques, tu étales la pensée qui est tienne avec des gestes simples. Je penche la tête en t'écoutant. Ton timbre me berce. J'aime le son de cette voix sage et tranquille, qui résonne en moi comme un cor ancien. Je suis toujours cette papoose candide, drapée dans son mutisme maladroit, dont tu brisais la distance par quelques palabres graves et enveloppantes. Rassurantes. Tu as toujours su transmettre.
Et moi le saurais-je ?

- Je suis homme, je suis os et chair. Nous devons tous choisir entre émotion et pensée. Tout est équilibre. Tout est un.

Je hoche la tête, je comprends. Mais maintenant que l'os s'est brisé, le chaman redevient un homme, dont l'épiderme se froisse au coin des yeux et de la bouche, tel du papier de soie. C’est une danse subtile qu'offre ton visage, patiné par la maturité. Je foule un champ d'incertitudes en me plongeant dans ton étude, autant de coquelicots fragiles parsemant les blés de poinçons rouges vifs.
Inconsciemment, je me suis remise à bruire comme un chaton au coin d'un bon feu. La peau de mes joues s'assombrit, passage d'un voile de gêne trop humain. Trop féminin.

- Pourquoi ces tatouages ?

Trouble. Je baisse les yeux et offre mon profil à son regard bleu. Mes doigts remontent à ma gorge griffée de trois traits.

- Silencieuse est ma quête.

"Peter... Je ne te crains pas, Peter."
Mes index soulignent mes yeux à pupilles fendues.

- Car j'observe l'Histoire.

La vision de l'Enfant Sacré, torturé par le poids de son rôle agite le paysage de ma figure. Ai-je l'air triste ? Émue, peut-être. L'empreinte de cette expérience est encore trop fraiche. Je n'ai pas su être simplement qu'un neutre instrument.
Ô Grande Mère, ai-je failli à la tâche qui m'incombe ?
Je redessine la marque sur mon front.

- De l'Ile je suis le Témoin. Ainsi suis-je la fille de la Grande Mère.

Comme Peter est son premier Fils et sa victime la plus chère.
Je ferme les yeux.
Un silence nous gagne soudain, boursouflé d'une rare mélancolie, prêt à crever d'orage. J'aimerais que la pluie me lave. Maintenant. Tout de suite. De ma main encore humide de la bénédiction de Siempre, je dilue soudain ces peintures qui m'épinglent le cuir. Mes pattes piétinent la mousse comme pour pétrir le terrain à sa convenance. Je me laisse choir dans un frémissement d'herbes. Quand mes yeux d'or se lèvent résolument vers lui, ils sont à nouveau paisibles.

Je désigne les pigments autours de nous.

- Dessine-moi.

Je me tiens le buste bien droit devant lui, solennelle.

-Selon ton coeur, selon ton esprit, selon tes yeux. Ce que je suis. Ce que tu penses que je sois. Exprime ton témoignage à même ma peau "en équilibre avec tes émotions et tes pensées". Ce sera ta première leçon.

Nous sommes égaux. Comprend-le dès à présent. Je me fais matière première de ce savoir, je ne te l'impose pas. Et j'ajoute d'une voix plus douce, telle une invite.

- Montre-moi...

Que tu es disposé à entendre les Murmures  de notre Ile et moi ceux de ton palpitant.






" L'oubli, ta chasse, ton exil, ta main.
Tes couleurs d'aujourd'hui se superposent aux souvenirs d'hier. "

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyDim 22 Mai 2016 - 23:29


Une quête silencieuse. Un témoin de l'île. Il incline doucement la tête et te regarde, t'intègres telle que tu te décris. La Mémoire. Qui t'as donné ce rôle ? Toi-même ? La Grande Mère ? Tu parles, Nadie, mais chaque chose que tu dévoiles montre davantage de mystères.

N'est-ce pas réconfortant, de se dire que toute ta vie durant, tu tenteras quand même de t'approcher de ma vérité ?

Il sourit à cette pensée, ne peut que s'incliner. Oui, Dame. Oui, il cherchera à te comprendre, sans doute essayes-tu aussi. Sinon, pourquoi poser ces questions ? L'homme se gave les yeux de ton image, il en absorbe chaque nuance, chaque détail de ta peau comme de ton pelage. De tes expressions si discrètes et portant qui ont tant de présence. Une ombre passe sur son visage, et tes yeux se voilent un bref moment. Ce qui se passe dans ton cœur, il ne peut le savoir. Tout juste peut-il sentir ce changement d'atmosphère. Et si tu es le témoin de l'île et sa mémoire, alors lui est la tienne. Il se souvient de toi papoose au camp, qui grandit et s'affine, s'affirme. Il te revoit poser des questions avec cette curiosité sincère qu'il apprécie aujourd'hui encore malgré les ans. Il te revoit encore, chargée de l'animal, épuisée et exsangue. Jeune apprenti, il avait observé sans voir.

Tu te tais, Nadie, et lui ressent une fois encore Boa qui se débat au loin avec sa culpabilité. D'un souffle, l'homme le chasse. Il n'a que faire de cela, rien ne te ramènera. Et maintenant, bien plus qu'à aucun moment qu'il aurait pu avoir, il a une occasion de te connaître. D'essayer.

Tu t'agites, tu chasses les couleurs de ta peau chocolat. Lui t'observe, toujours silencieux. L'Impassible te tient la main, fidèle. C'est à peine s'il cille, quand ensuite tu lui demandes de te peindre. Mais sa main a tressailli, imperceptiblement. Tu le surprends. Une fois de plus. Ses yeux se plissent doucement comme pour mieux te voir, ou peut-être sentir si es sérieuse ou pas. Mais à se focaliser sur toi ainsi, tout ce qu'il peut faire est ressentir comme une éruption le feu de ta vie.

Soit. Qu'il en soit ainsi.

Le contact est rompu à ton invitation. Te montrer ? Lui même ne sait pas quoi, ni comment. Immobile quelques instant, le voilà qui s'accroupit ensuite. Une seconde, deux, dix. Il te regarde, intensément, observe ton corps comme on apprivoise une toile. Puis il se redresse, observe tes pigments. Et finalement, il amorce un mouvement. Rouge. Ocre. Ses yeux se ferment comme pour visualiser ce qu'il veut fait. A la vérité, il n'en sait rien. Mais il veut te sentir. Sentir ta chaleur pour le guider.

Quand il revient vers toi, à défaut de savoir ce qu'il va faire, au moins se sait-il dans le bon esprit. L'homme a verrouillé le crâne, veut n'avoir que le buste. Les deux pots sont au sol, face à toi. Entre vous. l'Impassible s'accroupit devant toi une fois encore, et sonde ta peau comme pour trouver où commencer. Puis, le bal des couleurs commence. Ses cinq doigts trempent dans le carmin, et du bout il trace cinq parallèles sur ton buste. Ça part de la clavicule, roule entre tes seins, et se termine faute de pigment au niveau du sternum. Puis sa paume plonge dans l'ocre, et l'empreinte de sa main s'imprime sur toi, au niveau du cœur. Ce cœur que tu avait senti chez lui, tout à l'heure. Là ou les deux couleurs se rencontrent nait une nouvelle teinte, l'orangé. L'homme ne fait rien pour l'empêcher, et au contraire il observe l'alchimie se faire comme s'il l'espérait. Puis, dans un souffle, les pigments nuances reprennent leur course. Tes phalanges s'ornent d'ocre elles aussi, des résidus de vermeil les tachant par endroit. Roulant sur ses cuisses, il se décale et appose du pouce sa marque sur ton échine, par points qui se fondent ensuite en une ligne qui se noie finalement à quelques centimètres de profondeur dans ton pelage de nuit. Et il peint, il peint.

Lorsqu'il s'arrête, tu es habillée d'ocre. Seule la quintuple marque rouge zèbre ta peau d'une autre couleur, comme une plaie masquée sous les autres tatouages. L'ocre, lui, te parcours comme autant de routes : les axes fondamentaux de ton corps sont mis en avant, colonne, épaules, et un semblant de cage thoracique qui goutte jusqu'au corps de panthère comme pour t'y rattacher. Seule la main sur ton cœur trône en bicolore troublé.

Quand il a fini, l'Impassible repousse les pots de peintures vers les autres, où il les a trouvé. Puis il s'assoit en tailleurs face à toi, ses mains ouvertes en coupe, l'une au-dessus de l'autre. Il t'observe, il attend. Le silence ne l'a jamais gêné.

Seule sa main droite est tâchée de pigment.
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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyLun 23 Mai 2016 - 19:57




Je mesure alors pleinement l'implication de mes paroles. Leur sens prend du poids lorsque tes mains sculptent cette peau que nul n'a jamais foulé.
Je tressailles.
Tu es le premier.
Tu fus le dernier.
Une parenthèse étrange se referme à l'envers : la fin pour un commencement.
Et je me souviens, alors que tes doigts dégringolent sur ma poitrine sèche et menue, alors que ta trace s'imprime, profonde, en moi. Je me souviens du jour où tu m'as tenue la main et, sotte et mourante, j'en remerciais les Esprits de m'avoir accordée cette miette de bonheur avant la tombe. Je me souviens de tes larges paumes, rugueuses et abimées par ton apprentissage. Et le bleu de ta contemplation, désolée, si désolée. Ma cage thoracique ouverte, te dévoilait mon coeur, à nu, pourtant. Je n'aurais su te mentir à cet instant. Tu n'avais d'yeux que pour cette menotte de jeune fille émue. Le sang poissait ma gorge, mes mots et mon souffle.
Je n'ai pas oublié, Siempre.
Je n'ai juste pas pu te remercier d'avoir été.

Toi.

Les yeux mi-clos, je m'abandonne avec une retenue pudique à ton toucher. Je sens l'escalade de ton âme en émois qui défie la gravité. Après quelques pas maladroits, elle accèlère, virevolte, s'oublie. Et ma respiration s'accorde naturellement avec la tienne, concentrée, presque en suspend. Lorsque tu t'arrêtes, que tu redescends de cette cime nouvelle, repu et essoufflé, je m’autorise à mouvoir mes paupières pour mieux te regarder.

Toi.

Lentement, mon menton ploie et j'observe délicatement le sillage de tes non-dits. Encore une fois, mon coeur s'ébroue à la découverte de cette main, grande et virile, recouvrant la blessure andrinople, s'y mêlant avec une triste tendresse. Je m'ausculte, paisiblement, le silence s'étirant sur nos pelages respectifs.
Soudain, mes prunelles te rencontrent à nouveau et dans l'or fendu en deux, il y'a une émotion brutale et muselée. Ma nature féline s'est tue, quelques secondes au moins, inquiète de me voir pleurer. N'ait crainte, sombre moitié, j'ai appris à être mon propre réconfort : l'eau salée ne diluera pas l’œuvre de Siempre.
Pas plus qu'elle ne délavera les sentiments qui figent le pigment.

- Merci, dis-je à mi-voix, presque recueillie. De m'avoir tenue la main, ce jour là. D'être l'image que j'ai emportée avec moi dans la jungle.

Je te pardonne, entends-tu ?
Je te pardonne...
J'étrangle mon besoin soudain de jeter mes bras vers lui. Ma queue fouette l'air et les muscles saillent sous mon poil de nuit.

- Je ne regrette rien, alors n'ai rien à regretter.







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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyMar 24 Mai 2016 - 1:21


C'est ton éveil, qu'il contemple. Comme un processus qu'on inverse.

Ton corps immobile, offert, il l'avait senti vivre sous ses doigts. Tressaillir. Se rasséréner. S'harmoniser. Il a senti la vie, l'a touché littéralement. Est-ce le pigment ? Est-ce la concentration ? Rarement il a perçu avec autant de précision ce qui l'entourait. Ce qu'il touchait.

Assis devant toi, en silence, les pigments lui racontent encore ta peau, tes muscles, tes mouvements.

C'est ton éveil, qu'il contemple, et il y a quelque chose de fondamentalement beau là-dedans. Il te vois trébucher sur la paume blessée, sur les marques qui te zèbrent. Tu es couleur de nuit, une ombre habillée. Celle que l'on entraperçoit un jour, que l'on perd, et qui grandit sans qu'on ne puisse le voir. Celle que l'on retrouve au détour d'un regard. Celle qu'ensuite on ne veut plus lâcher.

Ton regard le trouble. A nouveau, il est voilé.

Et tes mots l'étonnent, détonnent dans ta bouche. Tu parles d'un temps révolu, Nadie, tu redonnes vie au passé. Mais avec un éclairage bien neuf. Merci ? Merci d'avoir failli, merci d'avoir contemplé ta fin sans ouvrir les yeux assez pour s'interposer entre toi et ton destin ? Il n'est pas sûr de comprendre, ou plutôt se demande s'il a rêvé. Merci ? Il ne l'aurait pas imaginé. Sa cage thoracique est soudain bien faible, bien menue, comme si tu lui avais confié la tienne. Celle que tu avais ce jour là. Il porte en lui ta mort, le savais-tu ?

Merci. Pourquoi ?

Mais déjà tu continues, tu ne l'attends pas. Tu avances, et lui te suit doucement, pas à pas. Pattes de velours et vanupied. Tes mots font mouche, touche à quelque chose de sacré. Un verrou, un équilibre maintenant pendant tant d'année qu'il en était devenu immuable ou presque. Un mot, Merci, et l'ordre des choses a changé. Une seconde attaque, Pardon, et l'homme tressaille. Il te fixe, oh ! Comme si sa vie en dépendait. Ou bien est-ce la tienne ? Pardon, et soudain il se sent grand, il se redresse, se tient plus droit encore. Pardon, et il te voit, plus belle et sauvage que jamais. Pardon, et le verrou a cédé.

Merci.

Il te fixe, il te dévore du regard sans jamais être repu alors que tu finis ta phrase. Nadie Nadie Nadie. C'est comme un mantra qui danse, danse avec les pigments, pardon, les pigments, merci. Ta peau. Ton odeur. Ta voix. Un frisson, alors que l'écho lui revient encore, comment un mauvais écho. Pas de regret. Plus de regret.

C'est bon. C'est bien.
C'est fini.

Une seconde. Deux. L'Impassible exhale doucement, longuement, le fardeau dont tu viens de le délivrer. Il ne savait même pas qu'il le portait, n'en avait pas conscience. Son détachement avait bien fait son travail. A ne pas se mouiller, à être tant fataliste, on en oublie de respirer. Mais jamais il ne te quitte du regard. Plus maintenant.

Ses bras s'ouvrent, se referment. Toi, tu es au milieu, cernée par eux. Coincée contre l'Impassible qui justement ne l'est plus, qui cède et te serre contre lui. Les mots sont superflus, tu dois sentir son cœur battre contre ta poitrine. Sa crinière pâle contre la tienne trop sombre. Son odeur contre la tienne, ses paumes contre ta peau.

Plus de regrets. Plus maintenant.
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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyMar 24 Mai 2016 - 12:09



Le silence accueille mes mots. Au moins les a-t-il entendus, ceux là, au moins sont-ils parvenus à se lover dans ses tympans, jusqu’à son entendement. Je ferme les yeux. Peut-être est-ce la crainte qui me laisse exsangue de cet aveux ? Je m'y dérobe, éternelle muette et taciturne, au corps si peu fait pour l'attraction. Je suis de nouveau cette papoose à la peau trop noire, comme une étoile contraire, soulignant le firmament de ses deux frères. Je suis à nouveau cette élève aux émotions illégitimes, fascinée par le timbre de ta voix.

Ta voix qui ne s'élève pas.
Sentence.

C'est ton souffle brulant, bien avant tes bras, que je sens  empoignant ma carcasse. Je tressaille de surprise et ouvre les yeux pour te découvrir contre moi. Je me sens enveloppée par les branches solides d'un arbre qui ne ploie pas.  Qui ne ploie plus. Mon cœur s'emballe avec violence, mon poil se hérisse. Mon épiderme se grêle d'un frisson irrépressible.  Je sens mes pattes piaffer sur la mousse, ma queue s’est redressée comme un roseau qui rebondit après une bourrasque. Mon corps tout entier me trahit.
Je pense à Peter Pan.
Je pense à cet enfant à qui je n'ai pas pu offrir cette étreinte, ce contact, qui aurait pu briser sa solitude. Je prend la mesure de nos quêtes contraires et du relief que son isolement donne au mien. Ai-je choisi ou est-ce la peur qui a dicté ma retraite ?
Ton parfum de vécu, ta carrure d'humain, le nacre de tes cheveux chatouillant mes sens, et ta brulure contre la mienne. Ta vie dévale fougueusement tes veines et je la sens battre au creux de moi. Unisson. Une bulle de savon éclate dans ma poitrine. Ma retenue, mon détachement, ma discipline, ne sont plus que des particules d'eau évaporée dans une atmosphère de fièvre.

Je crève, Siempre.
Je crève de ma thébaïde.
Sers moi avec ta force et ta constance. Ne me lâche pas s'il te plait...

Mes bras s'enroulent autours de ton torse, mes paumes gravissent ce dos large  qui est le tien, se perdent en route, sur ta nuque, au creux de tes reins. Nos peintures ne sont pas sèches et se mêlent les unes aux autres.
Mélange-moi, Siempre.
La panthère en moi s’est départie de toute sa méfiance. Elle se laisse aller à cette chair étrangère et pourtant si intime. Le bout de mon nez furète dans le nid de ton cou, remonte l'angle parfait de ta mâchoire et pousse contre ta joue. Mon front cherche le  tien, chahutant comme le ferait n'importe quel félin, le visage de celui qui lui fait grâce de son affection. Mon ronronnement rythme l'étreinte bouillonnante qui m'est offerte.
Je n'endigue rien.
Je savoure, les mains pleines de toi.

"On apprivoise pas une panthère, on la dompte."

Qui sait si cet adage porte encore toute sa vérité.







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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyMer 8 Juin 2016 - 23:31


Il vit.

Il vit et ne s'est jamais senti plus lucide et moins certain de son chemin en même temps. Son coeur bat contre toi comme un tambour. Ba-boum ba-boum ! Et il sent le tient qui cogne et qui répond, c'est la chamade la débandade. Il sent tes bras s'enrouler aussi, a perçu ce frisson qui t'a assailli comme une vague d'émotion. Nadie Nadie Nadie, qui aurait pu croire que toi qu'il a tué, tu lui rendrais vie ?

Parce qu'il vit, oui ! De toutes ses forces !

Son souffle est puissant, comme pour montrer au monde qu'il rivalise avec le vent. Son étreinte est là, sans jamais un temps de relâche, parce que non il ne te lâche pas, plus, non. Tu as quatre pattes, mais lui de ses deux jambes est au moins autant ancré en terre que toi. Et vos peinture dansent ensembles, fusionnent, donnent lieu à une nouvelle histoire qui ne sera jamais comptée. Les mots sont désuets face aux couleurs du temps et des émotions. Danse la vie, danse son souffle, dansent ses paumes contre ta chair comme s'il voulait s'assurer que tu es là, que tu respires, que tu vis bon dieu comme lui vit là, maintenant.

Il vit, oh! Tellement !

L'homme au souffle de mistral, l'homme à la peau couleur terre, l'homme aux yeux de pluie. Il est le fils des éléments et s'y abandonne totalement. Sa tête s'incline pour jouer de sa mâchoire contre ton museau espiègle, ses paumes te découvrent, et il vit, il respire, il est fort, il est droit, il ne bougera pas, jamais, il est vivant ! Ses pommettes te frôlent alors qu'il sourit sans le savoir, alors qu'il répond à ton jeu. Oh Nadie Nadie, qui aurait pu croire que tu lui rendrais sa liberté ? Il se sent léger, et te sert un peu plus comme si sans toi il allait s'envoler. Merci, Pardon, peau contre peau il te raconte en silence sa libération. Oh, jeu ! Oh Vie ! Oh son nez qui rencontre ton visage et te chahute.

Oh ! Silence. Ton front rencontre le sien, son visage face au tien.

Il médite, observe ce que chacun de ses sens lui raconte de toi, de vous, de l'endroit. Le bruit de ton souffle, ou bien est-ce du tien ? Une peau qui ne fait plus qu'une, lié par ces couleurs troublées qui font de vous le miroir de l'autre.

Il ne bouge plus, te garde contre lui, et le temps s'arrête.
Quand il ouvre les yeux, tu remplis son univers.

Un temps, un souffle, un battement.

Siempre vit, et vous partagez le même air.


Dernière édition par Boa Nocturne le Ven 10 Juin 2016 - 0:33, édité 2 fois
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☯ Légendaire ☯


✘ AVENTURES : 166
✘ SURNOM : La Mémoire
✘ AGE DU PERSO : Plus de 20...

✘ DISPO POUR RP ? : Oui!
✘ LIENS : Sur les chemins de votre histoire...
☯️Tatouages
☯️Peintures rupestres
☯️Murs colorés

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MessageSujet: Re: Siempre   Siempre EmptyJeu 9 Juin 2016 - 14:11



Il y a de ces moments d'éternité, où la Grande mère vous laisse la pleine saveur de votre existence. Dans ces instants de profonde compréhension de l'univers, les couleurs paraissent plus vives, les sons plus puissants, la texture de votre humanité se révèle à votre toucher, sa tessiture vous émeut. Vous réalisez quel est le sens du plus opaque des mystères.
Vous savez.
Vous êtes là où il faut, là où il a toujours fallu être.

Complet à nouveau.

Siempre.
Je suis là, Siempre.
Dans ton souffle, m'abreuvant à même tes poumons.
Dans tes bras, me fondant dans l'écorce qui est la tienne. Mon arbre. Tes racines sont si profondément ancrées en moi, jusqu’au tronc qui ne ploie pas, jusqu'aux branches qui bourgeonnent comme un printemps divin. Nos fruits seront beaux, Siempre.
Car je suis tienne et tu es mien.

Compagnons.

Il y aura un avant et un après.
Peut-être était-ce là le ce que je devais t'enseigner ? Peut-être était-ce une leçon à retenir pour moi, également.

Mon front contre le tien, mes yeux te scrutent. Je suis l'enfant que tu as bercée de sagesse, je suis la femme que tu étreins, je suis la panthère qui te guide de la nuit vers le jour. Le soleil finira bien par se lever. Et soudain l'angoisse sourde que le temps file bel et bien entre nos griffes disperse son fiel. L'instant doit s'arrêter. La crainte de te laisser partir, de te voir t'échapper. J'en tressaille de sentiments diffus, que je peine à dessiner avec exactitude. Mon talent est muet.
Après toute union, il y a une séparation.
Toute rencontre signifie un adieu.

Je ne veux pas.
Je ne veux pas.
Je ne veux pas.

- Je ne veux pas...

Les mots s'échappent de mes pensées et t'éclaboussent. Je resserre ma prise sur toi avant de comprendre que c'est aussi cela, vivre. Apprendre à donner, à recevoir. Apprendre à quitter.
A revoir.
Mes mains encadrent son visage taillé dans l'acajou. Mes yeux plongent dans les siens.

- Me reviendras-tu ?

Je n'ai pas conscience du possessif employé brutalement, Il est naturel. Il exprime une vérité lointaine et oubliée.

Pour peindre, il faut aimer.







" L'oubli, ta chasse, ton exil, ta main.
Tes couleurs d'aujourd'hui se superposent aux souvenirs d'hier. "

Boa Nocturne
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