Un éclat de rire léger se fait entendre alors que vous vous lancez dans ce jeu devenu fréquent entre vous deux. Une joie enfantine anime son visage alors qu'il essaye sans succès de cacher ses réactions à chaque suggestio que vous faites. Mais c'est un délice de voir que si vous approchez, vous ne trouvez pourtant pas ce dont il est question. Doit-il déjà vous donner un indice ? Ou bien au contraire rester inflexible encore un peu ? Oh ! Ce sera comme vous le préférez votre Majesté. Il s'adapte à votre humeur, toujours.

Un sourire malicieux se dessine alors que vous parlez de tresse. Il y en aura peut-être pour lier les fleurs capillaires. Ca reste trop rigide à son goût mais il en faudra pou.. Et des torsades ? Oooh des torsades. Oh quelle charmante idée !

Fier de sa nouvelle idée, Bardane rayonne soudain avec cet air créatif qu'il avait un peu plpus tôt. De justesse, il se retient d'applaudir comme un enfant, avant de se souvenir que vous êtes là et qu'il faut bien se tenir. Mais bien qu'il se calme, il y a encore ce sourire fier et satisfait, comme lorqu'on vient de secrêtement résoudre un grand mystère qu'il nous tarde de révéler.

- Vous avez raison, le chignon n'est vraiment pas d'occasion pour un zénith. Les tresses, il y a de l'idée. Mais c'est un peu trop rigide tout de même.

Et s'il ajoutait de vraies fleurs ? Des fleurs  fraichement bourgeonnées ? Ooooh et s'il les faisait bourgeonner sur le vif, en vous dévoilant son ouvrage ? Ah, Bardane parfois aime faire des petits effets. Son talent féerique comme son art capillaire le rendent tous deux plein de joie et de fierté, il ne crache jamais sur l'occasion de les combiner.

Une brève pensée pour ce cadeau royal que vous lui faites, et Bardane se promet de faire de son mieux pour vous parer (ce qui est toujours le cas de toute facon). Sans doute devrait-il trouver un cadeau en retour, même s'il sera modest et simple en comparaison.

Vous êtes si bonne avec lui, votre Majesté ! Sans doute que son amour inconditionnel et sa reconnaissance pour vous se voit dans son regard, à cet instant. Ce n'est pas comme s'il savait cacher l'émotion qui le traverse, après tout.

C'est un rituel qui s'est mis en place à l'arrivée de la Mandragore au sein de l'équipe restreinte de la Reine. Elle ne se souvient pas de qui a été l'initiative, mais toujours est-il qu'elle s'est si rapidement prise au jeu qu'il est devenu quasi-quotidien. Bien entendu, toutes les matinées ne sont pas propres à la légèreté et aux rires, mais les jours sans sont plus rares que ceux où le jeu a effectivement lieu.

Pour le moment, du moins. Personne ne sait exactement combien de temps le calme durera. Déjà, la persistance de la Pluie commence à se faire inquiétante...

Mais ce n'est pas le moment de laisser ces nuages noirs assombrir la joie de vivre qui règne dans la pièce. Bardane rit doucement et Mab le regarde du coin de l’œil au travers du miroir, tachant de deviner la manière dont son coiffeur personnel va bien pouvoir sublimer son visage cette fois-ci. Elle fait des propositions qui sont accueillies par un silence bien loin d'être austère : le visage de Bardane parle pour lui.

Attentive, la Reine en étudie les moindres variations à chaque mot qui passe la barrière de ses lèvres. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre que le chignon est effectivement hors compétition, et que la mention des tresses déclenche cet éclat particulier de satisfaction bientôt sublimé par quelque chose de plus : celui de l'idée qui s'impose. Des tresses, mais par tout à fait, alors...

Les paroles de la Mandragore confirment ce que Son Altesse était en train de se dire. Elle en éprouve une certaine fierté : il n'est pas si aisé d'ainsi lire dans le regard de ses ouailles ! Quand bien même Bardane est l'une de ces fées incapable de cacher ce qu'il ressent. Parfois, Mab les envie, ceux-là. Comme elle aimerait pouvoir laisser à l'interprétation de tous ce qui lui passe par la tête... Malheureusement, c'est un loisir qu'une Reine ne pourra jamais obtenir.

"Mais qu'est-ce qui est moins rigide qu'une tresse tout en gardant cet aspect ? Hmm..."

Sa Majesté semble réfléchir à voix haute plutôt que de faire une véritable proposition. Elle lève une main et fait bouger son index, imitant le mouvement de cette formation capillaire dont elle peine à retrouver le nom : c'est qu'elle ne s'y connaît pas si bien que cela, malgré toutes les matinées qu'elle passe à se faire coiffer. Elle oublie vite, parfois.

Ou, en tous cas, elle s'amuse à le faire croire.

"Non, cela ne me revient pas... Bardane, mon cher, dites-moi tout ! Je veux tout savoir !"

Un autre regard dans le miroir pour capter l'intensité de celui qui l'observe et elle sourit, avec cette douceur presque maternelle et cette fierté aristocratique qui la caractérisent si bien. C'est qu'elle aime susciter ce genre de réactions chez les siens. Après tout, quelle Reine n'aimerait pas être adulée ?

"Oh, mais va-t-il falloir attendre que les pièces soient prêtes pour passer à la coiffure ? Je ne voudrais pas ruiner votre talent le moins du monde..." Mab tourne un regard vers les fées couturières qui s'activent toujours en arrière-plan. "Je vous en prie, faites en sorte que les ouvertures soient assez conséquentes pour qu'il n'y ait pas le moindre risque. Je m'en voudrais de ruiner votre si beau travail à tous."

L'Étincelante a encore une expression inquiète, réellement concernée par l'idée de ne pas épuiser ses fées pour rien. Oui, elle adore être adulée par son peuple... Mais elle le lui rend bien.

Il vous écoute réfléchir, penser. Oh, comme il aime ce jeu ! Comme il est ravi de vous voir plus légère, avec ces milles expressions qui vous vont si bien ! Vous rayonnez, Majesté, vous êtes si incroyable ! Pour peu, il en battrait des mains d'adoration pour vous !

Bardane ne sait pas cacher ses émotions, et vous pouvez voir lorsque vos idées s'approchent ou non de ce qu'il a en tête. Il se trémousse, clignote entre son envie de vous laisser deviner et celle de vous révéler ce qu'il a en tête. Ah, que tout cela est excitant ! Ah vraiment quelle chance de travailler pour vous, de vous côtoyer !

Vous abandonnez finalement les recherches, et le coiffeur n'a pas le temps d'être déçu de la fin du jeu que l'envie pressante d'avoir votre avis sur son projet l'anime. Il allait d'ailleurs se lancer pour vous répondre quand soudainement vous vous tournez vers les autres fées à l'ouvrage sur votre tenue. Et vos attentions, ô divine Reine, votre sens du détail et les précautions pour son ouvrage émeuvent le petit coeur de la Mandragore. Ses deux mains jointes sur sa poitrine, Bardane est un instant pris d'émotion devant votre prévenance. Ca doit se voir, d'ailleurs, si vous prenez le temps de lui jeter un coup d'oeil.

Il reste ainsi à vous admirer.. Avant de se souvenir que oui, il devait vous révéler la coiffure du jour. D'un coup il se réveille, bafouille une excuse désordonnée et sans doute peu audible et se remet les idées en place.

- Je. Je me disais qu'il n'y a rien de mieux que des fleurs pour répondre de leur éclat à celui du soleil au zénith. Surtout s'il s'agit de celui du printemps !

Ca et là, il rassemble des meches rapidement pour vous montrer comment les fameuses fleurs rendrait, et la coiffe légère qui en résulterait. Pas de quoi vous couvrir tout le crâne, oh non ! On parle de légereté, par de la lourdeur d'un bouquet mal composé ! Juste quelques une, pour vous habiller d'un printemps de vallée ouverte et florissante.

- Je pensais aussi ajouter aux floraisons capillaires quelques bourgeons frais que je peux faire fleurir.

Et maintenant, il se tait. Il vous observe. Verdicte ? Tous les matins, c'est pareil : Bardane a peur de vous décevoir.

La reine passe ses propositions au fil des émotions de Bardane, qu'il est incapable de cacher. Elle est très vite capable de voir si ce qu'elle propose fait mouche ou non, ou même si elle est capable de l'inspirer sur une prochaine idée. Parfois, leur petit jeu amène même le coiffeur à dévier totalement de son plan initial !

Pas cette fois, cependant, comme les idées de Mab tournent rapidement court. Plus vite que d'habitude ? Peut-être, mais c'est que les pensées se bousculent dans l'esprit de son Altesse, qui se tourne alors vers les fées au travail pour leur demander un service : c'est qu'elle ne veut pas minimiser le travail de l'une ou l'autre de ses fées. Elles font déjà tant !

Les fées couturières sourient et acquiescent, apparemment habituées à ce genre de demande. Rassurée, Mab se détourne, pour remarquer dans le miroir le reflet d'une Bardane émerveillée. Elle lui sourit gentiment, avant de pencher la tête sur le côté en signe d'interrogation. Que se passe-t-il donc ? Elle n'a pourtant pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit d'extraordinaire... A ses yeux, c'est bien normal de prendre soin de son peuple... et de leurs ouvrages, par extension.

Mais le moment passe avant que l'Étincelante ne puisse mettre en voix ses questionnements. Bardane parle de fleurs, de zénith et de printemps et les yeux noisette de la reine s'illuminent. Elle la laisse jouer avec ses cheveux avec une joie enfantine, elle qui pourtant ne se laisse quasiment jamais approcher. Le coiffeur est bien l'un des rares autorisé à parcourir sans crainte ce mur invisible que sa majesté semble mettre, sans toujours le vouloir, entre elle et le reste du monde. Les yeux fixés sur le miroir, Mab observe, écoute, analyse et s'enchante. La mention des bourgeons frais ravit la souveraine, tant et si bien qu'elle se met à frapper dans ses mains de contentement à peine la dernière phrase de la Madragore énoncée.

"C'est une merveilleuse idée Bardane. Et vos bourgeons sont toujours ravissants ! Vraiment, je suis comblée."

Ne reste plus qu'à se mettre au travail.

Alors que la fée des champs est lancée dans sa composition capillairoflorale, Mab se charge de faire la conversation.

"Comment la pluie vous traite-t-elle, Bardane ? J'espère que les champs et le Bois ne sont pas encore trop inondés... Vous savez que le Palais vous est ouvert, dussiez-vous avoir besoin d'un refuge..."

Les rapports qui lui parviennent régulièrement font pour le moment état d'une pluie constante, mais pas encore catastrophique. Les galeries de cristal, cependant, ont été les premières à souffrir de la Pluie, de part leur emplacement. De nombreuses salles du Palais avaient déjà été réaménagées en dortoirs spacieux, pour accueillir le plus grand nombre.

Ah, merveilleux ! Vous vous enthousiasmez, Majesté, et votre entrain vous rend plus belle encore si c'était possible. Comme toujours, Bardane est plein d'humilité en votre présence et tâche de vous faire honneur à sa modeste facon. Il ne veut ni vous décevoir, ni vous faire perdre votre temps. Et encore moins que son travail ne vous rende pas honneur, ou à vos habits qu'il peut admirer si souvent. Dire que vous avez proposé qu'il ait une tenue. Lui ! Ah, il ne s'en remet décidément pas.

Un sourire radieux illumine son visage en vous voyant battre des mains, et malgré lui il se retrouve à trépigner d'excitation. Aujourd'hui, le coiffeur se sent particulierement inspiré et confiant. Alors il se met au travail, séparant mèches avec soin, les sculptants avec expertise et douceur. Qu'il ne soit pas dit que vous ayez souffert entre ses mains ! La structure qu'il imaginait, toutefois, lui semble soudain fade et sans impact visuel. C'est qu'il ne veut pas juste faire des fleurs, de vulgaire stéréotypes qu'on ne peut reconnaître. Ce serait digne d'Humains, une telle ignorance. Non, ce serait trop simple. Immobile, Bardane contemple votre chevelure, visiblement en intense réflexion. Ce n'est que votre question qui soudain le tire de ses pensées avec un infime sursaut et un sourire d'excuse.

- Oh votre Majesté est trop aimable. Tout va bien pour moi, vous n'avez pas à vous inquiéter. Et puis de cette façon, je peux aussi aider les autres aux champs. Et Orge, la pauvre, son jardin lui donne du mal malgré tout son talent. Ah, si vous la voyiez travailler votre Majesté ! Elle peut faire tant de choses incroyables ! Mais tout le monde est formidable, vraiment.

Ah, que Bardane aime Orge ! Il faudra décidément qu'il aille la saluer en rentrant, et l'aider un peu plus. Un sourire doux à cette pensée.. Et Bardane se reconcentre sur son ouvrage. A vrai dire, il voudrait votre avis avant de se lancer. Comme toujours, la Mandragore veut s'assurer que ce sera parfait.

- Pour les fleurs tressées, je me demandais.. Je pourrais évidemment simplement faire des motifs de fleurs symboliques mais cela n'aurait du coup pas vraiment de saison. C'est un peu dommage, quand il y en a tant de si jolies à admirer !

Comment demander à une fées des champs de ne pas aimer la flore qui éclôt en toute saison ?

- Je pensais faire une couronne de glycine. Vous les aimez, je crois ? Ce sera un joli défi, mais je pense pouvoir le relever. Quant aux bourgeons à faire éclore, je pensais à des violettes des bois, et des perce-neige. Leur couleurs pourraient si bien aller avec la vibrance de vos habits et votre chevelure. Sauf si vous préférez d'autres plantes, je suis bien entendu à votre service.


Tant qu'à pouvoir faire éclore des fleurs en toute saison, pourquoi se limiter ?

Décidément, l'enthousiasme du coiffeur est sans limites. Ce serait mentir de dire que cela ne plaît pas à la reine. Les personnalités insouciantes et pourtant responsables des fées telles que Bardane ont tendance à lui rappeler des temps plus simples, agréables. Sa Majesté retient un soupir. La Pluie ne durera pas éternellement. Rien ne dure jamais, au sein de l'Imaginaire.

La vague nostalgie est vite balayée par la bonne humeur communicative de la Mandragore. La mention de la responsable des récoltes fait frémir les coins de la bouche de l'Étincelante. Orge est connue pour son dévouement à ses plantes et à son travail, mais aussi pour sa rigidité et son franc-parler. Son Altesse a eu l'occasion d'en être témoin, lors de réunions du Haut-Conseil auxquelles la Têtue avait été invitée à participer. Elle se demande bien comment deux personnes en apparence si opposées parviennent -selon ce qu'elle entend, du moins- à si bien s'entendre...

...Et, dans le même temps, qui peut résister à la fraîcheur revigorante de Bardane ? Mab ne doute pas un seul instant que la présence de la Mandragore est aussi appréciée ailleurs qu'elle l'est dans les appartements royaux.

Malgré tout, la reine entend les notes dissonantes dans les paroles de son coiffeur... Ainsi, le jardin d'Orge souffre de la Pluie malgré son expertise ? ...Ce n'est pas un constat rassurant. Mab note l'information dans un coin de son esprit, se promettant d'en toucher un mot à Obéron. Si la responsable des récoltes n'y peut rien, elle ne voit bien que lui pour ce genre de miracles... C'est d'ailleurs sur l'expression de l'émerveillement de son ouaille que Sa Majesté s'arrête, avec un léger sourire amusé.

"Je ne saurais mieux le dire."

Elle envierait presque cette capacité que possède la Mandragore d'affirmer aussi facilement son admiration. Cette spontanéité, typique des jeunes fées, l'enchante. Mais s'il y a quelqu'un qui ne peut pas se permettre ce genre de choses, c'est bien la Reine.

Le moment passe et le sujet change alors que le coiffeur se reconcentre sur son ouvrage. Son Altesse écoute les réflexions de son sujet, l'observant attentivement au travers du miroir. Un nouveau sourire se dessine sur ses lèvres, allié à un éclat de malice au fond des yeux alors qu'il lui semble deviner où il veut en venir. Mab laisse échapper un bruit de gorge délicat en signe d'approbation, ne souhaitant pas prendre la parole de peur de stopper l'élan créatif qu'elle voit apparaître dans le regard de la fée des champs.

"Je pensais faire une couronne de glycine. Vous les aimez, je crois ? Ce sera un joli défi, mais je pense pouvoir le relever."

Les yeux posés sur le reflet du visage du visage du jeune fé, Mab hoche doucement la tête, toujours aussi souriante, faisant bien attention à ne pas avoir un mouvement qui détruirait l'ouvrage en cours. Mine de rien, elle est ravie que la Mandragore ait retenu cette information quelque peu futile. Oui, comme pour ses fées, la Reine aime toutes les fleurs différemment, mais porte chacune d’elles dans son estime et dans son cœur. Quelques unes ont même une signification particulière à ses yeux. C'est le cas des glycines, mais pas uniquement...

"Quant aux bourgeons à faire éclore, je pensais à des violettes des bois, et des perce-neige. Leur couleurs pourr..."

Fait assez extraordinaire pour être noté, les yeux noisette de Sa Majesté s'écarquillent sous le coup d'une surprise totalement imprévue. Elle n'entend pas les justifications -certainement plaines de vérité- énoncées par Bardane. Non pas qu'elle ne souhaite pas l'écouter, mais la voilà perdue dans ses pensées. Dans le miroir, on peut voir son regard devenir lointain alors que d'autres images se superposent à celles qui lui font actuellement face. Et soudain, un sourire, d'une douceur inégalée, tendresse bien trop peu assumée, se dessine sur le visage de la Reine qui revient parmi les siens. Ses iris se posent sur le reflet du coiffeur.

"...Non. C'est effectivement un excellent choix."

Glycines, violettes et perce-neige. La Mandragore sait-elle le point auquel elle touche juste ? Probablement que non : Sa Majesté n'est pas du genre à s'épancher sur des choses aussi personnelles. Elle décide d'habilement réorienter le sujet, avant que l'on ne se pose trop de questions sur ses réactions.

"Quelles sont vos fleurs préférées, Bardane ?"

En tant que fée des champs, elle le voyait mal n'en choisir qu'une seule.