"L’Afrique, c’est un endroit dans le Monde Ordinaire. Une sorte d’île immense, qu’on appelle un continent. Beaucoup de gens très différents vivent sur cette grande île, et certains se font des marques sur la peau, un peu comme celle-là… »

Une ile immense est un « continent » ? est ce que l’ile imaginaire est aussi un continent…
L’ Afrique… est-ce que le musée était dans ce continent aussi ?
Avant l’expédition, elle aurait aimé savoir plus sur le monde ordinaire mais maintenant…

"Ils en font pour des tas de raisons différentes, parfois juste parce qu’ils trouvent ça joli, souvent parce que pour eux ça veut dire quelque chose - leur nom, leur famille, qu’ils ont fait la guerre, qu’ils sont les disciples d’un dieu précis... C’est un art fin et compliqué, et j’aurais bien du mal à t’expliquer ce que chaque dessin veut dire. Mais ma femme, elle, elle savait. »

Guerre, dieu, art ? Que de choses qu’elle ignorait ! Ces marques semblaient être importants dans le monde ordinaire…
« sa femme » ?

"Tu sais ce que ça veut dire, « marié »? Je ne sais pas si les Sirènes font ça. »

Coquillage secoua la tête. Non, elle ne pense connaitre ce mot…

"... Pour les humains en tout cas, ça veut dire que tu aimes quelqu’un si fort que tu décides que c’est avec cette personne que tu veux vivre jusqu’à ta mort. Que quoi il arrive tu seras là pour elle et qu’elle sera là pour toi. Que c’est à ses côtés que tu veux te coucher tous les soirs et te réveiller tous les matins, que tu veux t’occuper de ses enfants puis vieillir avec elle. »

Maintenant qu’elle y réfléchit, Coquillage se rappela en avoir déjà entendu parler. Une de ces soeurs le lui en a expliqué une fois, elle pense, une sorte de lien entre deux humains qui leur permettait de produire leur progéniture ? Elle ne se souvenait pas qu’il était question d’amour en tout cas…

Mais l’explication du diodon était très touchante en tout cas, ça lui faisait venir à l’esprit le lien entre elle et ses soeurs… aimer quelqu’un et vivre avec elle jusqu’à la mort… être toujours là pour l’une et l’autre… C’est ça être soeur pour les sirènes, pour Coquillage.
Ces soeurs… celles qui font le deuil… celles qui sont encore là bas, sur les murs du musées…

« Jusqu’à ta mort »…

"J’étais marié, il y a longtemps. Elle venait d’Afrique… »

La jeune sirène essaya de se concentrer sur le récit du diodon, chassant les mauvais souvenirs de sa tête. Sa « femme » avait ses marques sur la peau et a marqué celle du pirate parce qu’ils étaient mariés…

"Longtemps. Et elle a fait des retouches en plus. »

Elle regarda la poitrine marquée, nota la grimace de l’humain et hocha la tête avec compréhension. Oui, ça a du faire mal… Pourquoi se faire mal comme ça ? La curieuse ne comprenait pas trop mais peut-être que cette alliance, qu’être marié avec sa femme était si important que ça valait la peine de se marquer malgré la douleur ? Étrangement, cela, Coquillage pense pouvoir le comprendre, ne serait-ce qu’un peu…

"Méfie-toi toujours des gens qui te disent qu’ils ont de « bonnes idées ». Souvent, ça cache quelque chose. »

Coquillage prit un air perplexe face a ce « conseil ».

« Quel gens ? Que t’ont-ils caché ? »

A la fin, le récit du pirate était plutôt compliqué. Coquillage a beau laisser les mots du pirate aller et venir dans sa tête, beaucoup de choses lui échappaient…

Et elle a l’étrange sentiment que cette histoire contenait quelque chose de  plus triste que l’humain le faisait paraitre… A moins que ce ne soit le fait que ce récit lui fit penser à des sombres souvenirs… Ses soeurs…

« Quand mes soeurs me disent qu’elles ont une idées bonnes, ça ne cache jamais rien. Après c’est surement different pour les humains… »

Elle souffla la dernière phrase, comme si elle disait ses mots à elle même. Les humains peuvent être mauvais comme ceux du musée. Mais ils peuvent être gentils comme le diodon… Coquillage a toujours été fascinée par les humains mais plus le temps passait plus elle prenait conscience que les choses étaient plus compliquées qu’elle l’imaginait…

Le récit de la marque du diodon a mis Coquillage dans une humeur mélancolique mais il a eu le mérite d’avoir fair passer le temps plus vite qu’elle ne pensait, ils étaient déjà arrivé devant le bateau. La curieuse fit ralentir la planche devant la coque, pas loin de la plage.

« On est arrivé… Tu penses pouvoir le guérir ? »

Le bateau ne semblait pas encore pouvoir parler… Elle espérait que le diodon de terre allait réussir à le faire sentir mieux, assez pour qu’il puisse le ramener chez lui.
Elle jeta un coup d’oeil inquiet à sa jambe blessée… Ce ne sera pas facile…