« Snap ».

Last constata qu'il était en effet mieux sans sa queue de cheval qui fut aussi longue que fine. Peu remarquable, elle avait l'agacement de lui chatouiller la nuque, alors qu'à l'époque, ça ne lui faisait quasiment rien. Depuis quand est-il aussi irritable ? Quand la nostalgie lui est-elle monté au nez ? Revenu depuis peu de l'incessant combat contre Cthulhu, Last s'est sentit légèrement changé, une fois revenu sur l'île (la vraie île qu'il connaissait). Des changements minimes, mais qui semblaient avoir un impact important sur sa personne.

Son cache-oeil, qui lui permettait de masquer le trou noir de son crâne, a été emporté par le courant lors de sa chute de la barque. Il n'avait rien trouvé, depuis, pour le remplacer – après, ce n'est pas comme si ce détail choquait qui que ce soit : on avait bien des unijambistes et autres manchots à bord. Ensuite, d'une façon ou d'une autre, sa queue de cheval lui paraissait gênante. Elle le chatouillait, se collait à ses coudes après être ressortit de l'eau, et Dieu (s'il y en a un) seul savait pourquoi il avait soudainement décidé de la couper, d'un coup de gros ciseaux. Voilà la fine et longue mèche de cheveux dans sa main, tombant entre ses doigts gantés. Last la jeta près de quelques tonneaux, sans se soucier de si certains trouveraient ça dégoûtants ou non. Puis il sortit.

Il avait du mal à se l'avouer – peut-être ne l'avait-il même pas encore réalisé – mais les hallucinations qu'il eut sur Photon à cause de Cthulhu l'avaient durement secoué.

Il repensait, depuis, beaucoup trop à la petite fée qui lui avait prit son cœur – et rien que ça, encore, c'est dur à s'avouer – sans pouvoir affronter ses idées. Last n'avait quasiment peur de rien, emporté en permanence dans ses visions follement post-théâtrales qui ne voulaient rien dire. Neverland, la pièce de théâtre. Les planches immenses et ses personnages. Lui, le narrateur, et celui qui comptait Hook comme le protagoniste. Mais depuis, ça ne le prenait pas plus que cela.

Last se sentait à nouveau humain, un humain qui pensait comme dans la réalité vraie.

Ce n'était qu'un coup de mou, ça allait revenir. Mais en attendant, il était en proie à une sorte de blues qu'il n'avait jamais connu avant.

Alors qu'il marchait sur un pont pourtant calme, il évita de justesse le poids lourd que représentait un amas de cordes qui semblait tomber du ciel. Last ne sursauta pas, tant il était perdu dans ses pensées, mais il n'empêche qu'il se demanda d'où Diable ça venait. Il n'eut même pas à lever les yeux : le coupable atterrit à ses côtés et se livra sans remords :

« Excuse-moi. Je t'ai raté. »

Ce qui est certain, c'est qu'il n'était pas du tout désolé. Last le jugea d'un regard bas, mais plissé. Il n'était vraiment pas d'humeur à jouer les victimes de brimades puériles. Et ce petit-là (oui, tout ceux qu'il ne connaissait pas sur le navire étaient des « petits », puisque lui-même faisait partie des membres originels) ne manqua pas de toupet pour s'en prendre à lui. Le désavantage à Neverland, c'est qu'on avait beau avoir techniquement plus d'un siècle, on pouvait toujours être considéré comme un jeunot incompétent si l'on a débarqué avec la gueule d'un angelot blond de 25 ans.

Mais n'étant vraiment pas dans le mood de répliquer avec l'habitude d'un personnage théâtral, Last se contenta d'un truc plus simple, mais tout de même...

- Les idiots ratent toujours.

Et il se contenta de ramasser la corde lourde pour la placer autour du cou du pirate, lui laissant la tâche de ramasser ce bazar. Last voulut passer son chemin ensuite.

Last avait l'impression de se faire traité de... de Psy. Assassiner les autres de phrases bien tournées n'était pas vraiment son mode opératoire, mais à l'évidence, Fib était déterminé à appuyer sur des petits détails à la con pour agacer le pirate.

« J'risque pas grand chose alors et Peter non plus... »

Pas le moins vexé du monde, il eut tout de même envie de remettre le jeunot à sa place (pas comme s'il en était un aussi, hm). Le regardant de bas en haut de son œil unique, Last comprit vite à quel genre d'énergumène il avait affaire ; il ne le connaissait que de loin, faut dire. Toujours à sourire bizarrement, à se promener avec un masque étrange, et surtout, à bien vouloir jouer les antipathiques quand ça lui chante. Last aussi aimait bien ne pas être trop gentil, mais lui, franchement... il passait plus pour un imbécile qu'un criminel qui avait vécu le Mal.

- Je te vois parler, mais tout ce que j'entends, ce sont des aboiements...

La provocation gratuite, très peu pour lui. Ça ne le faisait pas réagir. Et même si c'était rajouter de l'huile sur le feu, le Mélodrame avait très envie de rétorquer de manière égale, mais un peu plus intelligente.

- Les mots ne sont faibles que si écho ils reçoivent en retour seulement... Et j'ai déjà oublié de quoi tu m'accuses.

Il se moquait de lui, tout simplement. Et lui, au moins, avait une raison de le faire.

HRP:

HRP: