Il avait plu, tellement, tellement. Comme si toute l’eau qui s’était évaporé, qui avait fui pendant la sécheresse revenait plus nombreuse, plus puissante que jamais. Les fées également s’étaient renforcées. Surtout celles de l’eau. Et donc cela comprenait Glucose.

Yel qui avait été si vulnérable pendant la grande chaleur, si faible, chancelant-e pratiquement à chacun de ses pas, incapable de citronner qui que ce soit… Yel s’était senti-e revivre et ne s’était jamais senti-e aussi bien. L’espiègle en avait presque « grandi ». Pas physiquement bien sûr (quoi que, peut être avait-yel gagné un ou deux centimètres), mais mentalement.
Ce n’était plus un-e bébé fée mais un-e enfant, voir un-e adolescent-e !
Même ses pouvoirs s’étaient trouvés améliorés (même si cela n’avait pas été bien dur vu qu’yel ne les maitrisait pas vraiment de base). Yel se sentait plus puissant-e que jamais.
Donc, en toute logique, yel aurait dû être heureux-se, débordant-e de joie.

Mais yel ne l’était pas. Yel était triste et frustré-e. Tout autour d’yel s’était effondré-e lors de la grande cannicule. Brise était mort. De nombreuses fées avaient fait de même. Et yel n’avait pu en venger aucune. Rien. Nada. Yel avait été totalement inutile.
L’espiègle en avait la rage au ventre et l’envie de tout inonder, de tout noyer. Que cette eau engloutisse l’île telle la Mer l’avait fait avec Atlantis.
Malheureusement, l’effet escompté ne fut pas le bon et son coin préféré fut totalement inondé. Tout fut balayé en un rien de temps. Il ne restait aucune trace d’herbe dans les alentours de la source et même certains arbres finirent à moitié voir totalement submergé. Et quand au sucre, dont Glucose tirait son nom, il se dissolu tant et si bien que l’eau, initialement collante, en redevint fluide et son gout salé.
Un vrai désastre.

Devant cette situation, li fée se mit à pleurer à chaudes larmes dans un premier temps.
Puis yel tenta de réparer les dégâts. Mais tout-e seul-e, yel aurait du mal. Séchant ses larmes, l’espiègle se mit en quête de la fée en charge des crues, Larme.
C’était une petite nouvelle. Elle était aussi jolie que Miette, peut être même plus, mais moins qu’une sirène. Et elle semblait tellement triste.
Et elle était plus jeune que Glucose. Donc c’était yel l’aîné-e, cellui qui lui montrerait comment faire…

-Larme, j’ai besoin de ton aide. Les crues ont engloutis la source sucrée. C’est… C’est tout cassé.

Yel était l’ainé-e, yel était grand-e, yel…

-Je suis désolé-e, fondit-yel de nouveau d’un coup. Voulais pas, j’ai pas fait exprès. Viens m’aider, je t’en supplie.

Ouah. C’est qu’elle pouvait faire peur, Larme, une fois en colère. C’était la première fois que Glucose la voyait dans cet état. Et en même temps, yel n’en avait rien à faire, car voire cette émotion si forte sortir de sa collègue, elle se propagea également en yel. Et voilà qu’yel aussi était furax.

-« Des choses plus importantes ? » Mais tu crois quoi ? Que je viens te déranger pour une flaque d’eau ? Je te parle d’une putain d’inondation de plusieurs mètres qui s’est déclaré en quelques minutes !

yel avait pratiquement crié ces derniers mots aussi sa respiration se fit haletante quelques secondes avant de reprendre d’un ton un peu moins hystérique mais tout aussi pressé.

-Ecoute, la source sucrée, c’est une déviation de la rivière mystérieuse. T’as un embranchement et t’y es, c’est gardé entre des sortes de falaises. Sauf que là l’eau s’est servi de cela pour grimper et maintenant quasi tout est submergé. On voit même plus le sommet de certains arbres.

Yel se garda bien de préciser que si la crue avait pu monter autant et aussi vite c’était car une certaine fée qui, malgré ce qu’yel croyait, ne maitrisait pas si bien ses pouvoirs et avait eu un accès de colère. Yel avait le pressentiment que cela la mettrait un peu plus en colère…

-Ecoute, ce que je fais est bien plus important. Alors tu m'aides ici et après je viendrais voir ta fichue source, d'accord ?
-D'accord !

Larme avait grondé mais cette promesse redonna de l'entrain à Glucose. Yel avait répondu sur un ton excité et joyeux. Il n'y a pas à dire, même pour une fée, yel changeait sans arrêt d'émotion.

-Je vais t'aider du mieux que je peux !

Et li voilà qui zigzagguait au loin, se remontant les manches pour tenter de tenir sa promesse, heureuxse qu'elle ne l'ait pas envoyé bouler. Sauf que... son sourire se figea rapidement -mais heureusement pas devant elle vu qu'yel lui tournait le dos-.
Qu'était-il censé faire exactement ?
Les crues, yel n'y avait jamais été confronté. Et la seule fois qu'il avait tenté d'y toucher... Euh... Ben... Ce ne fut pas un franc succès. Yel n'osa pas demander à sa cadette quoi faire. D'une part car cela la mettrait de nouveau en colère et qu'elle serait capable de revenir sur leur marchée. Et d'autre part car c'était yel l'ainé et quelque chose lui disait qu'yel était censé-e savoir quoi faire...

Alors yel réfléchit et la seule solution qui lui vint à l'esprit était de creuser. Pour faire un bassin plus profond. Et éventuellement se servir de la terre en plus pour construire une petite barrière en haut.
L'espiègle s'y attella sur le flanc opposé à Larme. Yel creusait, creusait, creusait de plus belle, ramenant la terre en haut, la moulant avant d'aller chercher des branches mortes pour la consolider et puis recommencer.
En 10 minutes, yel avait avancé de... 1 mètres. Et le petit barrage faisait une vingtaine de cm de haut.
L'eau lui semblait moins haute à ce niveau ceci dit.
Mais un regard à la rivière et combien elle est grande li fit déglutir. A ce rythme là, cela lui prendrait du temps... Beaucoup de temps.

Oh oh, Larme pas contente. Vraiment pas contente.

-Tu es sérieuxse ? Qu'est ce que tu fiches ? Pourquoi tu n'utilises pas ta magie ? Tu veux y passer la nuit ?!
-Mais j’en sais rien moi ! hurla-t-yel en retour. Et puis d’abord, tu, tu…

Li fée avait les larmes au bord des yeux mais tenta de les retenir du mieux qu’il pu. Yel n’avait pas envie qu’elle li voit dans cette état là aussi se mit-yel à foncer à tout allure jusqu’à chez yel, tel une fusée. Elle allait surement pensée qu’yel l’abandonnait mais tant pis. Il fallait trouver une idée, un truc, et vite. Car la magie, ce n’était vraiment pas son truc, et même pire, yel ne savait pas comment s’y prendre.
Glucose chercha frénétiquement quelque chose, le moindre objet qui pourrait l’aider… et finit par tomber sur sa collection d’éponges. (Oui oui, yel avait une collection d’éponge. C’était très décoratif). Et cela fit tilt dans sa tête.
Yel en prit le plus possible et s’assura qu’elles étaient desséchées. Puis yel revint à toute vitesse vers la rivière où yel avait laissé Larme. La pluie commençait tout juste à cesser…
Arrivé au début, yel se mit à lancer la première éponge et à la faire gonfler à bloc (car cela, yel y arrivait bien), remplissant entièrement son réservoir d’eau. Et yel répéta l’opération plusieurs fois à plusieurs mètres de distance.
Le niveau de la rivière… baissa tout de même un peu. Bien plus que par méthode classique. Mais bien moins qu’yel ne l’avait espéré. Peut être qu’en plantant d’autres plantes comme des arbres, cela marcherait mieux ?

Yel était en pleine réflexion quand yel vit que sa dernière éponge s’était coincée dans quelque chose.

-Larme ! Viens vite voir ! J’ai trouvé un débris d’étoile !

Spoiler:

Glucose ne s’attendait absolument pas à ce que la fée ne se mette dans un tel état. Elle hurlait, s’arrachait les cheveux… C’en était presque effrayant, tellement qu’yel en resta bouche-bée.

-Enlève le ! Enlève cette horreur de l'étoile !

Elle arrachait les bouts de l’éponge sans aucune délicatesse, si bien qu’elle n’arrivait à rien. Ce fut ce détail qui fit tilt dans la caboche de Glucose et qui li décida à bouger.

-Aide-moi bon sang !
-LARME !

Yel s’était mis•e devant elle et l’avait pris par les épaules.

-Calmos, continua-t-yel doucement. Tu n’arriveras à rien dans cet état.

Puis yel se détourna un peu et retira doucement les morceaux, fibres par fibres, en y laissant passer l’eau grâce à ses pouvoirs de fées. Puis yel rassembla le tout dans ses mains afin que l’éponge ne se reforme doucement.

-Tu vois ? Ce n’était pas si dur.

Tiens, c’était vraiment étrange. Yel était incapable de savoir quoi faire devant une inondation alors que Larme semblait tout à fait dans son élément. Alors que pour les plantes… c’était l’inverse.
Cela li rassura un peu. Ce n’était pas sa faute si yel était aussi maladroit•e donc ? Ce n’était juste pas trop son domaine ?
Yel sourit et demanda :

-On appelle une fée des étoiles ou tu veux la ramener toi même ?

Elle a dit « Je m’en charge ». Elle n’a pas dit « merci ».
Elle a regardé l’étoile. Elle a à peine vu Glucose.
Et puis elle est partie.
Au final, elle semblait plus aimé l’étoile qu’yel.
Et toute la belle confiance de Glucose, celle qu’yel venait de gagner en se rendant compte que li fée savait faire des trucs  que Larme ne savait pas, tout cela, elle vient de tomber en fumée.
Alors li fée voletait tout bas, tout-e triste.
Au début, yel avait songé à faire venir une fée des eaux pour qu’elle règle le soucis en cachette et ainsi impressionner Larme quand elle reviendrait. Mais c’était une mauvaise idée, ne serait-ce que parce qu’elle n’aurait aucune raison de l’aider après cela. Mais surtout car Larme savait que Glucose était incompétent-e.
Yel ne savait même plus qu’elle avait été sa merveilleuse idée qu’yel avait trouvé quelques minutes auparavant.

Alors yel attendait en faisant des cercles dans l’eau.
Et quand yel vit redescendre Larme, yel se précipita vers elle :

-Alors ?

Les fées sont de si petits êtres que l'on dit qu'ils ne peuvent contenir qu'une seule émotion, qu'elles ressentent entièrement. Aussi si d'aventure, elles étaient tiraillés entre deux, elles exploseraient surement. Et pourtant c'était un peu ce que ressentait Glucose sauf que cela prenait l'apparence de flashs successifs : à un moment yel était éhonté-e car elle avait raison, yel ne servait à rien pendant ces crues incessantes, à part créer des catastrophes, tant yel était incapable de gérer ses pouvoirs. Et l'instant suivant, l'espiègle était vexé-e comme un pou par cet air supérieur qu'affichait Larme. Et au final, tout cela se mélangea, pour former une colère sourde.

-Oh, excuse moi madame-je-me-crois-mieux-que-tout-le-monde, mais moi au moins je sais retirer une éponge. En fait, à part t'occuper des crues, tu sers à quoi toi ? Dès qu'il arrêtera de pleuvoir autant tu vas devenir inutile.

C'était méchant et gratuit mais li petite fée n'en pouvait plus du comportement de la Mélancolie.

-Et à ce moment là, tu te retrouveras toute seule car tu es toujours désagréable avec tout le monde. Pas étonnant que personne ne t'aime !

Ci gisent les tentatives de rapprochement et d'amitié entre Glucose et Larme. Ils auront été un échec colossale.

Glucose s'était attendu-e à ce que Larme l'engueule de nouveau, lui fasse des réflexions désobligeantes, se montre méchante et moqueuse ou juste qu'elle l'envoye se faire.. euh... manger par un écureuil. Yel s'attendait à ce qu'elle refuse de venir l'aider maintenant. Mais yel ne s'attendait certainement pas à ce que la fée des eaux se mette à pleurer.
Fichtre, c'était yel qui pleurait d'habitude !
Alors la voir ainsi, s'écrouler, sangloter et demander pardon, oh ben ca li met tout penaud-e. D'un coup, yel perd toute sa colère et se sent coupable d'avoir dit toute ces vilaines choses. De suite, l'espiègle vient à ses côtés et s'empresse de la consoler, ou du moins tente maladroitement :

-T'excuses pas. C'est pas ta faute. C'est moi qui ait été méchant-e là. Je pensais pas ce que j'ai dit, je...

Il y a tellement de chose que li petit-e fée voudrait dire là, de suite. Mais toute se rapport à yel, combien YEL est désolé-e, combien YEL est nul-le en comparaison de Larme, combien... Vous avez compris l'idée. Alors yel se tait car yel ne veut pas en rajouter une couche ou tout ramener à yel.

-Pleures pas Larme.