Tu es connue pour de nombreuses choses, mais surtout pour ta gourmandise. Tu aimes manger, et en plus, tu as la chance de ne pas prendre un gramme. Certaines te jalousent pour cela, mais elles ne voient pas que le repas que tu engloutis est aussitôt dépensé : tu cours, grimpes, danses, échanges quelques coups avec d'autres sentinelles, tu vis à mille à l’heure à chaque instant de la journée, si bien que le soir venu, tu es affamé. Manger est vital pour toi, car sans cela, tu ne pourrais pas tenir le coup. Du haut de tes 1m75, tu domines ton monde. Ton corps, naturellement svelte, est athlétique à force de bouger autant. Ta force a toujours résidé dans le fait de rendre les coups, car la diplomatie ne fait pas partie de tes compétences.

Tu es devenue mère par choix. Tu avais devant toi deux rôles possibles : celui de mère ou celui de garçonne manquée. Pourquoi avoir opté pour la maternité ? Parce que t'occuper des plus petits est sans aucun doute ta vocation. C'est inné chez toi, et tu t'en souviens, tu aurais aimé passer ton BAFA et travailler auprès d'enfants. La notion de famille revêt une grande importance pour toi. Si les petits te nomment “maman”, les plus grands te voient le plus souvent comme une grande sœur, et cela te convient parfaitement. Le Grand Arbre représente ta famille, toi qui n'as connu que des foyers froids et aseptisés en arrivant en France.

On te reconnaît également pour ton obstination. Tu es aussi têtue qu'une mule, et tu aimes avoir raison, car tu as raison. Tu es consciente que cette attitude peut être agaçante, qu'elle ne te rend pas toujours sympathique, et malgré tes efforts pour faire des concessions, le naturel revient toujours au galop ! On dit de toi que tu es susceptible, mais cela serait oublier que tu es quelqu'un de sensible derrière cette apparence de maman guerrière. La vie ne t'a pas fait de cadeau, et tu as dû apprendre seule la plupart du temps : à te défendre, à jouer les petites filles modèles pour mieux roubler. Combien de fois as-tu fini en garde à vue ? Mais tu peux t'assurer que c'était pour les autres enfants du foyer. Avec ce que tu volais et parvenait à ramener, tu apportais un peu de réconfort à leurs cœurs. C'est inné, tu es née pour être mère, car c'était ton plus grand désir au monde ; la tienne t'a abandonnée avec douleur et regret, car à cette époque, en Chine, tu étais l'enfant de trop.

🪭 Tu as décidé de garder tes souvenirs et ton ombre pour te rappeler chaque jour pourquoi tu as décidé de rester ici.

🪭 Au fil des années, tu as amassé une multitude d'objets perdus faisant référence à la Chine pour décorer ta chambre. Tu espères ainsi te rattacher à cette culture qui est la tienne, bien que tu ne l'aies jamais connue.

🪭 Dès que la tension monte, tu t'attaches les cheveux, prête à en découdre.

🪭 De manière général, te battre pour défendre tes enfants ne te fait pas peur. Tu es une lionne et personne n'a intérêt de toucher à tes gamins.

🪭 Tu es thalassophobe ; la mer, les créatures marines, les profondeurs… cela te terrifie.

🪭 Dans l'Ordinaire, tu t'es fait tatouer une guerrière chinoise sur ton bras.

🪭 Peter t'a nommée Fany en référence aux éventails que tu arbore et adores. Sinon, ta mère t'a appelée Chih-Nii, celle qui attaque, celle qui doit être forte pour survivre. Quand tu es arrivée en France, tu as été rebaptisée Aurore. Tu n’as jamais aimé ce prénom ni même l’idée qu’on ait pu t’arracher au seul souvenir de ta mère.

🪭 Tu as essayé de retrouver ta mère biologique, sans aucun succès.

🪭 Parfois, tu aimerais revenir dans l'Ordinaire, juste pour voir ce qui a changé ou non.

🪭 En raison de ta phobie, tu ne sais pas nager.

🪭 Tu cries à qui veut l'entendre que Crochet ne te fait pas peur du tout, mais au fond de toi, son ombre t'angoisse.

🪭 Tu détestes Bow.

🪭 Une fois, tu as frappé Bow.

🪭 Et tu as glissé des vers dans son plat.

🪭 Tu te bats avec des éventails pensés et conçus par les armuriers.

🪭 Tu n'aimes pas chanter des berceuses, tu préfères raconter des histoires aux enfants perdus.

🪭 Je t'ai dit que tu détestais Bow ?

🪭 Tu avais un béguin pour Starry, et le jour où tu voulais lui avouer, il s’est fait bannir car il a grandi.

🪭 Plus tard, tu as appris qu'il est entré au service de Crochet. Ça t'a profondément affecté, tu as failli grandir ce jour-là.

🪭 En fait, tu hais Bow, c’est viscéral, ce mec te répugne, tu ne comprends même pas sa présence dans le Grand Arbre.

🪭 Parfois, tu observes Bow de loin, cherchant à comprendre ce qui te perturbe tant chez lui.

🪭 Tu as une collection impressionnante d'éventails.

🪭 Tu as un côté maternel très prononcé envers les enfants perdus, cherchant à les protéger de tout, mais surtout de Bow.

Tu aimes vivre ici, car c'est un choix profondément ancré en toi : fuir la France, fuir le foyer, fuir ce climat qui t'a longtemps étouffée. Tu ne t'es jamais sentie chez toi là-bas, dans l’Ordinaire, car ceux qui ont croisé ta route t'ont toujours traitée avec mépris et racisme. "Rentre chez toi", voilà ce qu'on te lançait à longueur de journée. Sauf que tu n'as pas de chez toi. Ce qui t'attendait était une chambre infestée de punaises de lit ou bien un matelas sous un pont.

Quand Peter est arrivé en te demandant d'avoir une pensée heureuse, tu as immédiatement agrippé sa main tendue. Tu t'es laissée emporter, kidnappée par ce garçon que tu aurais pris pour un fou en temps normal. Mais cette nuit-là, il a été ton échappatoire. Tu aurais dû finir en camp de redressement pour payer ta délinquance et surtout ton insolence. À croire que taguer "ACAB" n'était pas au goût de tout le monde. Oui, tu as déconné et pas qu'un peu, tu le sais, mais qui peut t'en vouloir concrètement ? Depuis ta naissance, tu es ballottée de main en main, personne n'a voulu de toi trop longtemps. Comment grandir sainement quand tout n'est que chaos ambiant ? Peter a été la solution, et même si tout n'est pas parfait sur l'île de Jamais, tu as trouvé une famille et de la stabilité.

T'adapter, au début, n'a pas été facile entre la magie, les fées, les créatures, les pirates qui veulent ta mort et l'écoulement du temps, mais ta mère ne t'a pas nommée Chih-Nii pour rien. Tu t'es battue pour faire ta place dans ce drôle de monde à présent le tiens ; c'est ici, chez toi. Tu vie comme si le lendemain, tu allais mourir. Tu profite de la compagnie des fées et celle de ta grande famille.

Tu ne regrettes rien de ta vie d'avant. Aucune attache, aucun avenir là-bas. Pour l'Ordinaire, tu ne ressens que de la colère et de l'injustice. On t'a toujours traitée comme une paria là-bas, alors tu ne veux pas rentrer. Ton passé ne te manque aucunement, au contraire, tu le rejettes en bloc. Mais, il y a bien une chose que tu regrettes : n'avoir jamais pu rencontrer ta mère. Tu voudrais lui exprimer ton amour, lui faire savoir que tu as compris ses choix, que tu ne lui en veux pour rien au monde et que tu es plus heureuse que jamais aujourd'hui. Malheureusement, cela n'est pas possible.

Parfois, il te tape sur le système, et tu lui as déjà dit plus d’une fois quand tu as jugé qu'il a dépassé les bornes, mais tu l'aimes, ton petit frère. Tu aimes l'entendre raconter ses histoires, et tu t'inquiètes quand il décide d'aller confronter Crochet. Tu le grondes comme une mère et le taquines comme le ferait une grande-sœur. Tu n'as pas peur de Peter, non, jamais, tu le comprends même. Il est comme toi : un gamin perdu qui n’a pas reçu assez d’amour à un moment de sa vie et qui essaie d’apprendre ce qu’est une famille.

Pour ce qui est de Crochet, c’est comme Bow, tu le détestes, c’est viscéral. Si tu es du genre à tenir tête aux adultes, ce dernier te terrifie, lui qui, à tes yeux, a corrompu Starry. Tu en es certaine, il ne s’est pas enrôlé sur le Jolly Roger par plaisir, mais parce qu'il n’a pas eu le choix et, un jour, tu espères pouvoir le libérer des griffes de ce charognard.

🪭 Tu t'en souviendras toujours : tu es arrivée chez toi en décembre 2007.

🪭 Tu deviendras mère apprentie, une place qui te collera à la peau longtemps. Tu as été un moment chez les récolteurs, mais ton manque de talent dans leur domaine te conduira chez les sentinelles, où tu sais te montrer plus utile.

🪭 Tu y feras alors la rencontre de nouvelles têtes, mais surtout celle de Starry. Vous aviez le même âge à cette époque. Ô, comme cela te manque.

🪭 Il partira peu de temps après l'invasion des Cauchemars, banni parce qu'il a grandi.

🪭 Tu déprimeras pendant une longue année, ou deux ? Tu ne sais plus trop à vrai dire, ça t'a collé à la peau, avant que tu n'arrives à revoir le bout du tunnel. Mais toi aussi, tu as failli grandir.

🪭 Tu doubleras d'efforts après ça, travaillant d'arrache-pied après tant de larmes et d'insomnies.

🪭 Tu rencontres Angelina, nouvelle mère apprentie lors de la nuit des horreurs, tandis que Love devient Mère.

🪭 Cette dernière disparaîtra durant le Givre, et Angelina prendra sa place. Pendant un moment, tu envieras sa position, avant de l'accepter.

🪭 En somme, tu as essayé de protéger les enfants autant de la canicule que du givre.

Tu n'aurais pas dû naître en ce mois de septembre 1990. Tu n'aurais pas dû respirer ni même crier avec force lorsque tu as quitté le ventre de ta mère. Tu n'aurais pas dû sentir sa peau contre la tienne ni ses lèvres contre ton front. Tu n'aurais pas dû avoir de nom, toi, l'enfant de trop. Tu n'étais même pas prévu, car ta mère, après la naissance de ton frère aîné, s'est ménopausée artificiellement pour s'assurer de ne plus engendrer. Mais il faut croire que même cette forme de contraception avait ses limites. Pourtant, elle a continué à avoir ses règles, à prendre peu de poids, à n'avoir aucune nausée ni désagrément dû à ton développement. Ta mère a fait un déni de grossesse. Quand elle est arrivée aux urgences en pleine nuit, tu es arrivé à terme et pressé de sortir.

Mais tu es l'enfant de trop.

Elle te pleure longuement, et les infirmières ont la gentillesse de vous laisser dire au revoir. Tu es la fille qu'elle aurait aimé avoir. Elle t'embrasse longuement, demande aux esprits de te bénir, avant de te quitter à jamais. Cette femme, tu ne l'as jamais connue, et pourtant, le manque de sa présence t'évide.

Et tu la pleures chaque nuit, cette mère que tu aurais aimé avoir.

On t'a envoyée en France où tu es ballottée de foyer en foyer, de famille d'accueil en famille d'accueil. Personne ne te garde assez longtemps, personne ne t'aime suffisamment. Ce pays, tu le détestes, car personne ne t'apprend à l'aimer. On te traite d'assistée qui profite sur le dos des Français. On te dit de rentrer chez toi. On dit de toi que tu manges des chiens et des chats, que tu es bonne qu'à travailler dans une usine. Alors, en réponse, tu fais des conneries. Tu dealles, tu tagues des murs pour vomir ta colère et ta frustration, tu voles à tour de bras, tu jettes des pierres sur les flics. Tu les enchaînes et tu plaides coupable devant le juge. Pourquoi mentir ? Pourquoi se chercher des excuses ? Tu sais que tu as merdé, tu as décidé d'assumer. Peut-être qu'au fond, tu espères qu'ils vont t'y renvoyer, chez toi. Retourner en Chine, retrouver ta mère.

Mais c'est le camp de redressement qui t'attend.

C'est en décembre qu'ils rendent la sentence au Palais de Justice. Il n'est pas tard, mais la nuit tombe rapidement en cette période de l'année. Tu prétextes l'envie d'aller aux toilettes pour aller y pleurer. Tu as merdé et tu n'as plus d'avenir, tu te sais déjà foutue. Ta mère aurait eu si honte de toi, tu le sais. Tu allais redescendre quand quelqu'un se met à frapper contre la fenêtre. Médusée, tu observes longuement ce garçon en te demandant comment il a pu atteindre cette fenêtre qui se trouve au troisième étage. En l'ouvrant, tu remarques qu'il vole et tu te demandes si finalement, tu n'es pas en train de devenir folle. Et c'est quoi le mieux ? La prison ou la psychiatrie ?

— Pourquoi tu pleures ? te demande-t-il.

Et ce garçon est certainement le premier à s'inquiéter pour toi.

— J'ai fait de la merde, je vais me retrouver dans un camp de redressement.

Ta voix se brise, le dire à voix haute ne fait qu'appuyer cette réalité. Tu ne veux pas y aller, tu ne veux pas t'y perdre. Le garçon semble te regarder avec compassion ou peut-être te fais-tu des idées, toujours est-il qu'il te tend la main.

— Ai une pensée heureuse.

Tu agrippes sa main sans réfléchir. Tu penses à ta mère, à ce qu'aurait pu être son amour, son étreinte, ses lèvres contre ton front. Tu t'accroches à ce prénom qu'elle t'a donné pour t'envoler vers l'île de Jamais.

Chez-toi.