Tout s'était déroulé avec ce qui me paru une vitesse extrême, le pied-beau était devenu sauvage.
trop pris de court pour réagir a temps, et emporté par l'inertie de son élan animal, je vis sur mon poignet s'abattre une lame rouillée dirigée là par une main comme animée de la plus extrême des colères.

Par chance, les conditions n'étant pas optimale, mon poignet ne se vit pas détaché du reste de mon bras, restait cependant une plaie béante absolument horrible, qu'il me faudra désinfecter au plus vite.
La douleur était insupportable certes, mais mon endurcissement et l'adrénaline m'animant en cet instant intense m’empêchent de hurler ma douleur, merci a eux, avouer sa souffrance est le propre des faibles.

Le visage décomposé, les yeux pleins de haine, je fais mine de placer ma seconde main sur le poignet afin d'en stopper l’hémorragie. Tout en assénant plusieurs coups de pieds faussement hasardeux, bien trop faibles pour appartenir a un allemand de ma trempe.
Je sais si bien imiter la proie qui se débat, j'en ai vu tellement, et les larmes qui affluent des mes yeux, issues de mon extrême douleur, qui elle est bien réelle, rendent le tout bien plus réaliste.

Il est évident que ce dégénéré allait continuer de marteler mon poignet maintenant sanguinolent, j'étais en bien mauvaise posture, il ne m'était pas réellement possible de me dégager de lui.
Cependant, notre proximité était une chance a ne pas louper.
Ma seconde main maintenant bien trempée de sang, je la retire du poignet abîmé et l'envoie peinturlurer les yeux de mon agresseur, cela ne pourrait l’incapaciter que quelques secondes.
Largement assez pour lui asséner un autre coup de pied bien placé en ses parties reproductrices. Alors que j'avais feint la faiblesse avec mes précédents coups, les rendants volontairement flasques et faiblards, celui ci était chargé de toute ma force et toute ma colère.

Ayant enfin gagné quelques mètres pour pouvoir respirer et aviser de mes prochaines actions, je ramasse rapidement ma lame au sol, elle qui était tombée après l'accès de colère de ce chien de pirate.
Non sans être animé d'une certaine rage et me laissant emporter par mes instincts de survie, je crie.

- Chez nous, les chiens on les castres !

Revoilà que le soleil se reflète a nouveau sur le metal de ma dague, qui se remet alors a passer entre les doigts de ma seconde main, la première étant actuellement inutile, tant la douleur, atroce, la paralyse.

Mon bras gauche se tend, la pointe de la lame est tournée vers l'avant, il faut créer de l'espace, gagner du temps pour réfléchir, et si l'animal qui me sert d'adversaire décide tout de même de me foncer ouvertement dessus comme un imbécile, il s'empalera, source de sa propre perte.

L'air que je respire est lourd, les yeux ne clignent plus, la concentration est totale, une autre erreur pourrait bien me couter une main, voire la vie.

Mais dans toute cette histoire, et malgré cette tension extrême, une question reste en suspens,
ou est donc passée le troisième membre de notre joyeuse compagnie de dégénérés ?

Le gosse s'était débattu. Le gosse avait eu de la chance. A force de gigoter, la lourde machette avait ripé, frappant plus le mur contre lequel le pirate tenait la proie d'un autre prisonnier que la proie elle même.
Ca avait fait un gros bruit de ferraille.
Coup d'chance !
Pas d'chance.
Mais l'enragé n'en avait pas terminé.

Enragé ? En colère ? Vraiment ? Ce n'était pas tant l'impression qu'il donnait. Il avait plus l'air d'une caricature d'adulte qui tentait tant bien que mal de filer une correction à un avorton l'ayant bien mérité.
Mais pas évident de jouer les paternels pour ce cabot la qui tenait plus de l'ado attardé que du patriarche dont il aurait aimé se revendiquer, de temps à autre.
Et pendant ce temps la, Twice s'agitait toujours, le poignet ensanglanté. Il foutait du rouge partout, en envoyant même jusque dans les yeux du flibustier, intentionnellement.
La manœuvre eut une certaine efficacité, aveuglant l'instant d'une seconde le traqueur, et Bam !
Une douleur atroce lui remonta jusque dans les dents qu'il avait serré brusquement, s'en mordant la langue au passage.

Oh le petit enfoiré ! Il allait payer cher ce geste la !
C'était que Wilhelm, aussi étonnant que cela puisse paraitre, avait bien l'intention de procréer dans un avenir incertain et sans doute peu enviable pour l'heureuse élue, alors ses parties il y tenait un minimum !

"Chez nous, les chiens on les castres !"

Cette fois, c'était bien la colère qui lui montait à la tête, et il se retourna lentement vers celui qui venait de l'interpeller.
Il ne souriait pas, le clebs du Jolly. Oh ça non. Il ne souriait plus. Le temps des jolis instants paraissait bien loin maintenant.
Désormais, il voyait rouge.
De ses yeux clairs barbouillés de sang qu'il avait fixé sur le blondinet, il fusillait de haine.

Mais pas de mot. Non.
On l'avait déjà précisé, Wilhelm n'était pas un homme de parole.
Au lieu de ça, il dégaina sa seconde machette.
C'était un homme d'action.

Il voulait se battre ?
Il voulait se mesurer à un vrai pirate ?
Très bien.
DogFish allait le contenter, avec l'intention de le découper en autant de petits cubes ruisselant de rouge sanguinolent.

Twice avait sa lame bien en main, celle qui n'était pas blessée.
Etait-il aussi habile de celle ci que de l'autre ?
Le Pied Beau n'était pas un intellectuel, mais ces questions la, il savait se les poser.
De plus, le gamin avait fait une erreur de calcule.
Une terrible erreur.

C'était qu'armé de ses deux longues machettes rouillées, celles la même qui avaient tant découpé d'enfants perdus qu'elles avaient su trouver, Wilhelm avait une allonge bien supérieur à celle du Sang Froid.
Parer deux machettes de cette taille et de ce poids avec une lame courte relevait de l'impossible.

Et tout ça, Wilhelm le savait.
Et alors que ce savoir illuminait doucement la noirceur de son esprit, un petit sourire dérangé se dessinait sur ses lèvres abimées, laissant passer un filer de sang noir qui lui dégoulina jusqu'au menton.
Vision cauchemardesque.

Il était mort.
Le gamin était un mort qui se tenait debout.
Est ce qu'il le savait, qu'il était mort ?

"Hey les gars, visez un peu ça ! Ya le chien taré du Jolly qui va mordre une donzelle en détresse !!"
La voix de l'homme attira bien évidemment l'attention du traqueur qui lâcha des yeux le futur cadavre, selon ses réflexions.
"Oh mazette ! Ca va encore être dégueulasse ! J'veux pas rater ça !" Avait fait un autre. Et au fur et à mesure, c'était tout un petit attroupement qui s'était créé autour des deux protagonistes.

"Hey, gamin !" L'un d'entre eux s'adressait directement à Twice. "J'espere que t'es vacciné contre la rage !!!" Une vague de rire suivit la remarque.
"Et contre le tétanos !!!"
Et ca riait, perturbant plus Wilhelm qu'autre chose, le sortant de ses délires morbides, l'extirpant du rouge qui lui avait voilé le regard, l'instant de juste avant.
Et puis, contre toute attente, toute les pensées de DogFish se focalisèrent sur une autre information. Un autre nom. Un mec qui était parti pisser.

Fib.

Mais ou était passé Fib ?

Ah Twice (oui, coucou, on continue à la troisième personne, désolé si c'est perturbant)
C'était très bien de s'imaginer supérieur, de faire confiance aveuglement à un eugénisme tiré d'une idéologie périmée.

Penser, c'était bien, l'allemand le faisait tout le temps.
Parler, c'était un peu mieux, il le faisait aussi, mais dans ce cas, les petites piques qu'il envoyait n'étaient peut être pas la meilleure idée qu'il ai jamais eue.
Et enfin, Agir, et ca, il ne pouvait qu'essayer.

Son poignet lui faisait mal, assez, mais l'adrénaline faisait son œuvre,
j'aurais mal plus tard.

Bravo, le sang froid, tu avais porté un coup !
Un seul,
Mollasson, Inutile.
A faire preuve d'estime -de toi-, tu t'étais aveuglé, et c'était pas du sang qui peinturlurait ta vue, non non.

Autour, quelques personnes s'excitent, vannent,
Tsss.. c'était deux bêtes de foire, elles avaient trouvées leur public.
L'allemand en était profondément vexé, se faire réduire en attraction pour ivrognes, réellement ?

Il respire, fort, regarde dans le vide.
Il fallait réfléchir.

Enfin, son attention se détache de tout ces imbéciles du port.
Il peut relativiser, faire le décompte de ses chances.

Le Pied-Beau avait sorti sa seconde machette quand lui n'avait qu'une main valide, et la moins bonne des deux.
Il l'avait sous estimé.

Quel imbécile.

Il ne se déplace qu'avec quelques pas de côtés, tentant de conserver une distance entre lui et le Pirate.
Lui jaugeait, et se rendait bien compte qu'il n'y avait que peu d'issues.
Dogfish lui… je ne crois pas qu'il jaugeait, il devait être perdu dans un état second entre la colère et l'excitation,
Il avait la dépravation placardée sur la tronche, et aussi un petit filet de sang.

Sincèrement, il y avait une forme de génie dans le Pied beau.
Cette façon instinctive de se mouvoir.. de réagir, sans calcul aucun, par pur instinct.
Twice devrait apprendre ça.

Très bien.
Il n'avait pas d'autre choix, alors peu à peu, pas à pas même, il reculait, dans la direction qu'avait empruntée Fib pour aller se.. vider la vessie.
Sinon il se viderait de son sang.

Il n'avait plus le cœur a rigoler.
Cette fois le naturel ne reviendrai pas au galop.
Cependant, il rêvait d'une cavalerie.