Il flotte, je dirai même plus il pleut des torrents, certains enfants disent des cordes mais ils doivent avoir un problème de vue pour voir des cordes dans une goutte d’eau. Un vague sentiment d’hésitation rêveuse me prend à cette pensée, si les gouttes de pluie étaient en fait des cordes déguisées par magie en goutte de pluie ? Ici tout est possible, surtout le magnifique. Après tout la jeune fille que j’attends sait bien soulever le grand-arbre à mains nues. La fille c’est Boy ma sœur, elle est super forte et gentille mais elle se fâcherait en me voyant planté là, elle s’inquiète beaucoup pour moi alors rester sous la flotte comme ça même si c’est des cordes.

Mais aujourd’hui est un jour spécial.

Dans un bouquin ramené de l’autre monde, que j’ai trouvé délaissé dans un coin du grand arbre, ce qui est sacrilège heureusement que je ne sais pas, pour le moment qui a fait ça. On n’abandonne pas les livres car quand on fait ça c’est une histoire donc un peu de vie qui part.

Donc dans ce livre ils parlaient de « non-anniversaire », ici le concept d’âge est très flou mais si c’est un NON-anniversaire cela peut-être chouette. Double avantage : On ne grandit pas et en plus on peut dire à la personne que son existence nous est importante, enfin faut le dire chaque jour ça mais là encore plus. Je tenais donc dans un tissu pris près de l’atelier d’un raccommodeur qui sait coudre plus vite que la vitesse de la lumière, j’ai nommé Pit, un petit présent : un dessin plié en quatre représentant un soleil qui sourit et enveloppant diverses friandises ( fraises, mûres, framboises …), j’ai été récolteur un temps, je n’oublie pas.

J’attendais donc super grande-sœur le paquet serré fort contre mon corps et protégé par un poncho en  peau de bête ample. Je m’ennuyais un peu  sans cahier ni histoire à écrire et raconter, je me mis donc à chanter du haut de mes sept ans :

« Barefoot children in the rain - »

Mes petits souliers claquèrent le sol humide.

« Got no need to explain »

Je me mis à taper des mains comme pour applaudir la pluie.

« We'd be swingin' on a ball and chain  »

La danse commence, je tourne et tourne jusqu’à voir des étoiles.

« It's always understood by those who play the game »

La vie ici est un jeu, la vie est merveille et la pluie est cadeau.

« Barefoot children in the rain »

Je me rattrape de justesse à une main dans un rire enfantin et empêche par un réflexe tout à fait admirable mon paquet surprise de tomber. Je me reprends un peu le temps que le paysage autour de moi tourne moins et m’aperçois que je connais la personne qui a empêchée que je chute en me servant d’appui quand je me suis rattrapée à elle.

« SHIPPER ! Toi aussi tu es là pour le «  Non-anniversaire de Boy ? » lui demandai-je tout sourire.

C’était vraiment chouette si c’était le cas, après Shipper a une mémoire millénaire avec tous ses récits, elle voit de l’amour avant que les gens le voient en plus, Shipper est comme l’île, Shipper aussi est un peu magique à sa façon, donc c'est possible qu'elle soit aussi là pour cela.

[ HRP : A toi ^^]

Il pleuvait encore ce jour là. Les gens venaient à peine de rentrer du monde ordinaire et l'eau partait doucement, mais pas en un jour. Aussi, il y avait tout de même de la bruime. Shipper était sur sa machine à écrire, comme à son habitude. Elle tapait les derniers mots de sa fanfiction, euh pardon, de sa reconstitution d'Harry Potter six, en se servant du livre qu'elle avait sous la main et qui était tellement abîmé et mouillé par endroit, qu'on pouvait difficilement le lire. Cependant, cela lui allait parfaitement étant donné que personne ne devait mettre la main dessus et qu'elle voulait toujours faire croire à l'arbre entier que sa reconstitution était authentique, canonique.

Ce fut donc avec une extrême satisfaction qu'elle tapa le point final de son chapitre et fit résonner la manivelle. Elle sortit délicatement la feuille, la contempla, puis la plaça sur le tas de pages déjà écrites. Elle remarqua alors que l'après midi était bien entamé et qu'elle y avait mis plus de temps qu'elle n'en aurait dû.  Elle devait pourtant retrouver son frère, Straight, qui était parti en mission de sentinelle. Il avait promis de passer la soirée avec elle car il n'était pas de garde. Elle ne voulait surtout pas louper son retour. Aussi rangea-t-elle ses affaires rapidement et courut en bas de l'arbre avec une agilité qu'elle ne se connaissait pas... et qui ne dura pas bien longtemps vu qu'elle se rétama.

Elle arriva finalement en bas de l'arbre et se rendit compte qu'il pleuvait toujours. Heureusement que les branches protégeaient un peu leur tête. Elle entendit quelqu'un chanter, d'une voix qu'elle connaissait mais dont elle n'était pas très sûre. Aussi se dirigea-t-elle en direction du bruit et sourit en voyant Story.

Il s'agissait d'un autre membre du journal et du petit frère de Boy, qui était une collègue de Straight. Rien que pour ce fait, et qu'ils soient tous les deux fans de Harry Potter, elle l'aimait bien. Elle s'approcha donc de lui, ne voulant pas lui faire peur. Elle songea tout de même qu'à force de se balacer comme ceci, il allait finir par...

Tomber. Ce qui se passa. Elle se précipita pour l'empêcher de se faire trop mal et il se rattrapa à elle, la déséquilibrant un peu au passage. Puis il se tourna vers elle en riant :

- SHIPPER ! Toi aussi tu es là pour le «  Non-anniversaire de Boy ?

Elle leva un sourcil interrogateur. Story était mignon et adorable, mais parfois, elle avait du mal à le suivre tant il partait loin dans son monde. Ceci dit, elle pouvait difficilement le critiquer sur ce point, elle n'était pas mieux. Elle se contenta donc de secouer la tête :

-Non, j'attends Straight. Il est parti en mission tout à l'heure et il devrait bientôt revenir.

Elle nota alors que le petit avait pensé à prendre un poncho en peau de bête, ce qu'elle avait totalement oublié. Eh bé. Et dire qu'elle était l'aînée.

-C'est cool ton truc, nota-t-elle. Tu ne dois pas avoir froid là dessous.

Ni être trempé. Par une association d'idée totalement hasardeuse, elle continua :

-Et alors, tu as fini ta chronique pour le prochain journal ?

Quand était-ce déjà ? Elle avait oublié. Mais autant se préparer.  

"Non, j'attends Straight. Il est parti en mission tout à l'heure et il devrait bientôt revenir."

Un silence s'en suivit, j'aimais bien Straight mais depuis un moment une question me brûlait les lèvres. Pourquoi était-il aussi lent ? Je me souvins soudain d'une chanson que chantait Jay autrefois, Jay encore cette fille...Vivement que je l'oublie et Lovely aussi.

Je me mis à fredonner:

"See the world,
Like a butterfly,
We go flying in the bigger mountain,
He sat down to contemplate the landscape.

He is a good Boy,
To live  he simply press a button of a positive vision in his heart,

Lying on his back he can touch the sky in his head.
World ? It is a family for him,
He take care of the flowers,
Because he takes time to see it,

He is a good Boy,
To live  he simply press a button of a positive vision in his heart,

He stops the road to save the life of lost birds,
The air we breathe is invisible.
But he see it,
And he smile everywhere,
Because it is his house of life.

He is a good Boy,
To live  he simply press a button of a positive vision in his heart,

This boy take the time to enjoy his life,
He is just an ordinary boy,
With his planet in the ears and  the eyes,
An ordinary boy with the  magical power of tasting and his imagination.

He is a good Boy,
To live  he simply press a button of a positive vision in his heart,"

Ce ne fut que la question sur la Chronique qui me ramena à la réalité, mince j'avais été impoli de ne pas l'écouter. Je rougis et m'excusais d'un "désolé" prestement avant de lui montrer fièrement le brouillon de ma chronique:

Spoiler:

Mais la question me brûlait trop les lèvres pour ne pas la poser, tant pis son avis sur ma chronique viendra après:

" Dis Shipper, Straight c'est un sentinelle OK mais c'est un sage aussi non ? Comme dans la chanson de Jay autrefois ?"

Je repensais à Lovely, mon regard s'obscurcit, vivement que cette Jay disparaisse à tout jamais de nos têtes. Mais dans un sens elle m'avait rappelée à quel point j'admirais Straight.
Attendant ma réponse, je remarquais que Shipper frissonnait, j'enlevais donc mon poncho et lui plaqua dans les mains d'un ton qui se voulait autoritaire mais qui du haut de mes 7 ans, à mon regret ultime restait doux et enfantin, mais bon pas avec tous, et puis là c'était Shipper:

" Shipper, tu es magique, tu ne voudrais que la magie de l'île s'enrhume non ?"

Je souris en espérant qu'elle accepte le cadeau en attendant nos frères et sœurs respectifs.

Spoiler:

Story était là physiquement à côté d'elle mais mentalement, c'était autre chose. Il chantonnait sa chanson, un peu isolée dans son monde. Cependant, elle ne pouvait pas vraiment lui faire de remarques tant son esprit avait tendance à faire la même chose. De plus, la musique, en fond sonore, accompagnée de la pluie, était sympa. On se serait cru sur cloudy rain. Elle s'empressa donc de le rassurer quand il s'excusa. Il n'y avait pas de mal à cela ! Elle regarda avec amusement le brouillon d'article, le parcourant rapidement et souriant. Il avait bien avancé, tout était pratiquement prêt. Kinky serait content. Elle lui fit un thumbs up en réponse. Oui, tout ceci était parfait.

-Dis Shipper, Straight c'est un sentinelle OK mais c'est un sage aussi non ? Comme dans la chanson de Jay autrefois ?

Shipper se souvenait encore un peu de qui était Jay. C'était une de ses anciennes soeurs de l'infirmerie, à l'époque où elle était encore une soigneuse. Par contre, elle ne se souvenait plus du tout de la chanson dont parlait Story. De même, elle restait sceptique face à Straight le sage. L'image de l'asperge lui revint en tête. Certes, c'était peut être une grosse tête, surtout en maths et en informatique mais pour le reste... Elle chassa vite cette idée de son esprit et secoua la main.

-Non, je ne crois pas. Il est juste... lui.

Voilà. C'était la meilleure façon de le décrire. Elle adorait son frère et son frère était lui. Heureusement qu'elle était là pour l'aider. Il aurait été incapable de faire quoi que ce soit sans elle. Elle sentit soudainement quelque chose dans ses mains. Quelque chose de mouillé et en laine. Surprise, elle regarda et vit que le petit avait enlevé son poncho.

-Shipper, tu es magique, tu ne voudrais que la magie de l'île s'enrhume non ?

L'adolescente resta perplexe quelques instants. D'un côté, elle trouvait son geste tellement mignon et de l'autre, elle s'inquiéta de suite qu'il ne prenne froid. Mais en même temps, c'était cela Story. Totalement inconscient.

-Mais et toi ? finit-elle par demander. Tu vas attraper froid.

Et puis techniquement, c'était Peter qui contrôlait la météo. Pas elle. Même si elle ne voulait pas comprendre la logique, probablement très tiré par les cheveux, derrière cette affirmation. Elle finit par secouer la tête, pensant à Boy.

-Non, non. Je ne peux pas accepter. Ta soeur me tuerait si elle savait que je t'avais laissé ainsi sous la pluie.

Elle lui replaça le poncho dessus mais sentit que cela ne servirait à rien, si ce n'est à partir sur un débat sans fin de "non c'est à toi" "non à toi". Et elle se sentait vaguement mature (ou pas) aussi tourna-t-elle la tête en haut et chercha un compromis :

-J'ai une idée. Vu qu'ils ne semblent pas arriver de suite, nous n'avons qu'à grimper dans cette cabane là. D'ici, on aura une vue imprenable sur les gens qui arrivent et on pourra descendre rapidement dès qu'on les verra.

Et surtout, tous deux seraient au chaud et au sec, l'idéal pour parler. Ou rêvasser, ils n'étaient pas à cela prêts.

« J'ai une idée. Vu qu'ils ne semblent pas arriver de suite, nous n'avons qu'à grimper dans cette cabane là. D'ici, on aura une vue imprenable sur les gens qui arrivent et on pourra descendre rapidement dès qu'on les verra. »

Un sourire éclaira en grand mon visage, un beau sourire admiratif.

« C’est une super idée ! Tu es vraiment très intelligente Shipper » Sur ce j’ouvris en grand mes bras «  Encore plus intelligente que tout ça ! »

Sur ces paroles je montais jusqu’à la cabane en fredonnant une chanson de Jimmy Buffett, un jour on m’avait demandé qui était-ce et pourquoi je l’aimais autant. J’aurais pu dire que c’était le Dieu des chansons mais cela aurait été un mensonge, je déteste les mensonges,  Peter est notre Dieu des chansons alors je ne pouvais pas dire ça, j’ai donc juste haussez les épaules dans un  «  C’est juste lui ». La réponse de Shipper concernant Straight me suffit donc amplement.

Mon ventre grogna, mais mon visage se durcit, je ne devais pas manger le cadeau de Non-anniversaire de Grande-sœur Boy. Je le fourrais donc dans ma poche pour que mon ventre, le vilain, l’oublie.

Mon regard se perdit dans les gouttes de pluie quelques secondes, c’était beau quand même la pluie,  ça arrosait toute l’île comme un voile de douceur, je me dis que bientôt les fleurs s’ouvriront et qu’il arrêtera de pleuvoir. Donc que Peter sourira. J’aime bien quand Peter Pan sourit.

Soudain tout bascula.

Un oiseau méchant, une pie je crois ou un truc du genre, fonça sur nous, enfin plutôt sur ma poche dégoulinante de fruits qui sentent bon. Je me levais d’un bond.

« Non ce n’est pas pour toi c’est pour Grande-sœur Boy. »

Mais l’oiseau avait été trop rapide, je me retrouvais penaud, la poche de short abîmée et les fruits à terre.

« Ce n’est pas bien ça... »

Je ravalais mes larmes, oui cet oiseau a été méchant, je fusillais le fuyard s’éloignant avec une baie dans la bouche du regard : « Je le dirais à Peter Pan ! Faut pas voler ! »

Je sentis mes yeux me piquer, pour me calmer je saisis fort la main de Shipper.

« C’était pour Grande-sœur Boy... »

Mais je cessais assez vite de chouiner et mon sourire revint à une idée soudaine : «  Je vais en rechercher ! J’ai été récolteur ça sera facile ! »

Je commençais donc à descendre mais mon pied glissait et je rattrapais, à nouveau la main de Shipper dans un rire cette fois cependant, comme si tout cela était un grand jeu, mais la vie en est un et on s’y amuse bien non ?

« En fait...je crois que un peu d’aide ne serait pas de refus, tu veux venir Shipper ? »

J’avais pardonné à l’oiseau, il était juste bête comme un pirate, d’ailleurs c’était peut-être un oiseau de pirate. Cette pensée résolut l’énigme. C’était un oiseau de pirate, il était trop bête pour être digne que je sois triste pour lui.

Et puis une grande aventure allait s’écrire non ?