Toute chose qu’elle soit très laide ou très belle délaisse un fragment d’elle dans le regard des autres qui daignent croiser leurs yeux.

Dans les yeux de Caroline, Seedy a vu le mirage de son propre reflet. Deux iris sombres dans lesquelles il perçoit le dégoût de sa laideur. Ça lui a fait courber la nuque et incliner les paupières à Seedy, qui s’est résigné à ne pas l’approcher, ne trouvant pas le courage effronté d’affronter son regard ni ceux des autres, calfeutré dans son mutisme. Elle maintient une distance savamment tissée entre eux, elle ne lui offre pas l’affection dont il aurait tant besoin même si elle efface les moqueries en l’air d’un revers sec de la main. C’est qu’il a faim d’amour Seedy, comme un affamé crève la dalle, il en est trop avide et du coup il se remplit de vide.

Mais ce n’est pas grave, il ne lui en veut pas, vraiment pas. Il s’est construit tout un château de raison et de réponses sans questions. C’est qu’il est imaginatif sur ça Seedy. Pire même, c’est qu’il peut comprendre.

Alors il l’écoute de loin, il l’entend de loin, il la voit de loin. Et des fois il sourit, très discrètement, de loin.
Mais ce n’est pas grave, Caroline, si elle ne peut pas savoir tout ça.
Il s’est fait des tas de raison.