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Les larmes coulaient à flot sur ses joues. Il ne voyait que ce fantôme. Soudain la voix de Joy résonna dans sa tête. Il ne parvenait pas à comprendre ce qu'elle disait? La détester? Lui? Non... C'était l'inverse, et ça avait toujours été l'inverse depuis la fois où il avait fait un si beau feu et qu'elle avait pourtant failli en mourir. Ses yeux trempés de larmes qui ne sortaient plus des orbites à présent la fixèrent, écarquillés. Il n'arrivait pas à articuler quoi que ce soit. Il ne pouvait pas comprendre et ce parce qu'il avait déjà oublié qu'il avait essayé de la tuer trois minutes auparavant environ. Il avait déjà oublié qu'il l'avait haïe. Il détourna vite des yeux. Il ne voyait que le fantôme, qui en plus lui parlait.

Il écoutait cette voix. Il la détestait, il ne savait pas pourquoi, et de où, mais il lui semblait la connaître. L'incendie grinça des dents. Ce timbre, cette intonation.... Était-ce l'esprit de quelqu'un qu'il avait connu et qui était mort? Les mots prononcés achevèrent sa réflexion, le chemin se traça, il comprit: c'était Rachel et elle était décédée donc. «Tant mieux» étaient les deux mots qui lui venaient immédiatement à l'esprit. Mais il n'aimait pas ça, Sparkle. Qu'elle soit morte. Parce que dans ce cas-là, Moony aurait disparu aussi, et c'était la fin des haricots vu qu'il était le plus vieux, doublé d'un très bon artisan. L'Incendie ne pouvait croire à sa mort, et donc même pas à celle de Rachel. C'était compliqué. Il y avait bel et bien un spectre en tous cas, et qui se faisait passer pour elle. L'enfant ignorait pourquoi, et comment, mais c'était fourbe et terrifiant.

Il cligna des yeux. Peut-être qu'il s'était juste trompé, qu'il avait mal entendu/écouté, qu'il avait trop rêvé? Sûrement. Déjà il était moins certain des mots qui avaient été prononcés selon lui. Mais oui c'était ça, il avait rếvé.

Et là, Joy commença à s'élever tout doucement dans les airs. Elle montait, montait. L'artisan, affolé, lui attrapa la cheville dans un réflexe. Mais il hésitait. Pouvait-il? Ne pouvait-il pas? Il ouvrit les lèvres et cria à l'attention de la mère apprentie, surmontant tant bien que mal la crainte qui lui mangeait les entrailles:

─ Je... je peux t-t'aider?

Sparkle déglutit et une goutte de sueur froide coula sur sa joue. Avaler fut très douloureux tant sa gorge était sèche. Il n'osait pas. Il ne savait pas si elle acceptait son aide, elle qui le détestait tant, qui le méprisant tant. Elle qui le craignait... Il renifla bruyamment et répéta, à quelques mots près, les mêmes propos:

─ Tu veux bien?

Bon sang de feu, c'est qu'elle était lourde, la Stone! Il grimaça un sourire et se servit de sa deuxième main pour retenir la jeune fille. Il n'était pas très costaud, Sparkle, même pas du tout, de manière générale. Et là il y avait une espèce de poisson qui avait fait que de la magie bizarre la tirait vers le haut. La tenir comme ça, à bout de bras, c'était ni très confortable pour lui, ni vraiment possible. Il ne pouvait pas se permettre de tirer dessus, parce qu'après elle le détesterait peut-être encore plus? Il se retourna brièvement pour vérifier que l'esprit était encore là.

─ Pourquoi tu restes là, l-l-le fantôme? On... est vivant, n-nous! Laisse nous, on d-d-oit retrouver les au...les autres!

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La silhouette non loin d'eux semblait plus imposante, elle étendait ses bras vers le ciel. Joy se demanda s'il s'agissait d'une tentative d'intimidation. Elle préféra rester stoïque, ne serait-ce que pour rassurer Spakle qui semblait bien pâle.

- Nous venons en paix, évanescent spectre. Nous ne sommes que de faibles enfants qui, obéissant à un ordre de Peter Pan, essayons de combattre la Nuit éternelle.

La Stone resta figée un instant, craignant de comprendre.

- Nous ne faisons que passer. Auriez-vous d'autres Enfants Perdus ? Ce sont nos compagnons.

Il s'agissait donc de ses camarades. Ces deux silhouettes n'étaient autres que Rachel et Moony. Tout était clair. Du moins presque.
Pourquoi semblaient-ils aussi fantomatiques ? Il étaient... morts ?
Cependant, la voix féminine qui devait être celle de Rachel, l'avait appelée "Spectre". Ce pouvait-il que les esprits des défunts pouvaient ignorer leur état et se persuader qu'ils sont toujours des êtres de chair et de sang ? Et pouvaient-ils alors se montrer incapables de différencier les vivants des morts ?

La jeune mère osa lancer un regard vers l'Incendie, espérant qu'il aurait, lui, comprit le sens des événements. Mais, à son air ahuri, elle jugea qu'elle ne pouvait pas compter sur ses lumières. Elle était seule avec ses pitoyables doutes et incapable de se décider.

- Rachel, c'est toi ? demanda Joy. Moony est avec toi ?

Elle devait en être certaine.

- Et... vous êtes morts ?

Encore un détail important à éclaircir.
Joy fixait les deux silhouettes avec un mélange d'espoir et de crainte. Faisait-elle fausse route ? Elle voulut ajouter quelques mots. Cependant, un événement inattendu la coupa dans son élan.

"Un poisson. Un poisson dans les airs. Ça vole un poisson ? Bien sûr que non. Mais pourtant, il y en a un, non ? Si. On dirait qu'il sourit. Non, on dirait qu'il rit. Un poisson qui sourit ? Un chat, à la rigueur... Mais un poisson... ?! Qu'est-ce que tu as encore fumé, Joy ?! "

La créature surgit de nulle part et disparu aussitôt. Joy tourna la tête, croyant pouvoir l'apercevoir au loin. Mais, rien, elle avait disparu.

La Stone ne ressentit ni frustration ni inquiétude face à sa propre incompréhension. Au contraire, elle se sentait légère, légère, légère. Un peu trop.
Devant le regard fasciné de la jeune fille, le sol s'éloignait peu à peu d'elle. Elle flottait. Simplement, étrangement, merveilleusement. Comme beaucoup d'enfants, Joy chérissait la vague trace de souvenir de son arrivée sur l'île : son premier vol. La sensation n'était pas identique à celle qu'elle ressentait désormais, comme une sorte de variante.

Le soir où Peter Pan l'avait amenée ici, elle avait ressentit la légèreté d'un songe, la vivacité d'un rêve : ils filaient comme des oiseaux. Cependant, le vol qu'était en train de vivre était bien différent. Elle se sentait lente, ballonnée, à la merci du moindre courant d'air. Comme... une baudruche.
Sans qu'elle ne s'en rendit compte, Joy arriva bientôt à mi-hauteur d'un arbre. Fallait-il avoir peur ? Fallait-il crier. La Stone n'y pensait plus, bien trop fascinée par ce paysage qui semblait diminuer de taille sous son ombre. Une montgolfière.

Un contact, ou plutôt un main arracha Joy à ses pensées, et la coupa dans son ascension.

- Je... je peux t-t'aider? cria une voix.

Joy baissa les yeux, c'était Sparkle. Il semblait bien terne, assorti à tout ce qui restait cloué au sol. Mais, elle, elle flottait, elle allait vers ce beau ciel encre.

- Tu veux bien?

Sa deuxième main la saisit. Il la retenait. Pourquoi ? Joy regarda la lune avec envie. Et si, et si elle avait envie de flotter ? Pourquoi l'en empêcher ? La Stone contemplait cette jolie lune glaciale. Son regard glissa à nouveau vers le garçon, vide. Lui, il souriait. Pour la première fois, il la regardait dénué de crainte ou de haine.

- Pourquoi tu restes là, l-l-le fantôme? On... est vivant, n-nous! Laisse nous, on d-d-oit retrouver les au...les autres!

Vivant ? Joy sursauta et s'écria d'un ton implorant se rappelant qu'une terre froide et dure pourrait la cueillir à atterrissage. :

- Sparkle, ne me lâche pas ! Je t'en prie, ne me lâche pas !

Elle se souvenait, d'un jour, une foire, un cirque.
Au milieu des dompteurs de fauves, des attractions lumineuses, des jongleurs et des barbes à papa, une petite fille tenait autrefois fermement dans son petit poing un ballon gonflé d’hélium. Une boule rose ballottée par le vent, tenue en laisse par une fine ficelle.

Les sacs. Ils contenaient des cordes ? Peut-être...

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Mission tous risques ou mission tourisme ?

Rachel n'était pas peureuse elle, ou en tous cas elle ne semblait pas l'être. Elle réagit plus vite et plus intelligemment, lançant une prière à l'esprit défunt pour essayer de calmer son éventuel colère. Moony se pris à espérer, à espérer très fort pour que les mots de la jeune mère aient un effet positif sur l'esprit. L'être ne bougea pas et la voix de Sparkle s'éleva dans les airs.
« Je peux t'aider ? »
…
Hein ? Depuis quand un fantôme pouvait-il avoir deux voix ? Non décidément les histoires ne faisaient pas du tout état de ce genre de phénomène. La conscience de plus en plus envahissante de l'adulte essaya de lui faire comprendre à quel point la situation était simple en réalité : il y avait un fantôme et leurs deux compagnons peu loin. L'endroit renvoyait probablement l'écho de leurs voix. Son doute se précisa lorsque la voix de Joy reprit le flambeau. Tout ça ressemblait fortement à un vilain quiproquo. Comment Moony connaissait-il ce mot ? Bonne question... il n'en savait trop rien.

Moony ne vit pas le poisson, il était trop loin et surtout trop concentré sur le fantôme qui n'avait toujours pas bougé. Puis un mouvement attira son attention, quelque chose à la lisière de son regard. Le Fabricant releva un peu les yeux et eut l'immense surprise de voir Joy monter doucement mais sûrement vers la lune. Mais qu'est-ce que...
Son esprit d'inventeur essaya de trouver une certaine logique à tout ça, une logique bizarrement illogique, bourrée d'imaginaire. Peut-être que la lune marchait sur Joy comme elle le faisait avec la marée, la faisant monter à certaines périodes de de la journée, exerçant sur elle une influence étrange et inexpliquée. Oui mais... la marée ne lévitait pas, jamais, et passée un certain stade elle arrêtait son parcours.
Ce n'était pas le cas de Joy.
A ce rythme la pauvre mère allait finir sa vie la tête dans les nuages, au sens propre du terme. Et si soudain le phénomène s'arrêtait ? Que se passerait-il ?
Le grand garçon eut l'image fugace d'un corps au sol, une large flaque.
La mort.
Non... hors de question.

Il fouilla frénétiquement dans son sac, tirant deux cordes tissées avec la meilleure soie d'araignée millénaire, un matériel très solide, le plus solide de toute l'île.
Il voulait lui venir en aide.
Mais il y avait le fantôme...

Cet être le paralysait. Plus il restait plus il sentait son corps s’ankyloser, son esprit se scléroser, envahit par la peur et des sensations désagréables.
Les souvenirs qui cognent au coin sans jamais pouvoir entrer.
Du dégât.
Et le fantôme ne bougeait pas.
De toutes façons les laisserait-ils passer ? Rien n'était moins sûr.

Dans un dernier effort de volonté Moony se dit que, puisque Sparkle se trouvait de l'autre coté et que Joy avait cessé de monter, alors peut-être leur camarade essayait-il de la sauver. D'un geste étonnement énergique il jeta la corde au dessus du spectre et l'entendit tomber lourdement du coté où devaient se trouver Sparkle et Joy.
Le fantôme s'approcha de Rachel et Moony.
Il eut l'impression que son âme gelait.

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L'échange entre les deux groupes faisait songer à ce jeu que les enfants nommaient le "téléphone", où une phrase se retrouvait invariablement déformée. Rachel ne comprenait plus rien. Le fantôme s'était mis à s'exprimer avec la voix balbutiante de Sparkle, puis avec celle de Joy. La situation rendait Rachel si perplexe qu'elle avait eu le réflexe de se pincer pour s'assurer, elle-même, qu'elle était en vie.

La douleur lui rendit la vue. Ce fantôme ne pouvait pas s'exprimer avec la voix de leurs compagnons. Ces derniers devaient se trouver non loin. Comme pour confirmer ses propos, Joy s'éleva dans les airs, tel un ballon de baudruche. Moony eut le réflexe salvateur de lancer une corde dans sa direction. Le geste alerte le fantôme qui avança en leur direction. Rachel s'agrippa au bras de Moony et le tira en arrière, tâchant de l'éloigner de l'esprit. Lentement, tel un chasseur face à sa proie, Rachel s'écarta du fantôme en opérant une boucle pour se retrouver derrière lui. La Mère n'avait pas lâché l'Artisan, l'obligeant à la suivre.

Dès qu'elle fut dans le dos du fantôme, Rachel courut en direction de Joy, laissant à Moony le choix de la suivre ou non.

« Sparkle ! La corde ! Où est-elle ? On doit rattraper Joy au plus vite ! »

Se baissant, les ongles de Rachel se mirent à griffer la terre, fouillant parmi l'obscurité, se basant plus sur le toucher que sur la vue. Aussi aveugle qu'une taupe. Elle lâcha un bref cri de victoire en sentant la corde sous sa peau. La saisissant, elle la tendit à Sparkle.

« Tu es Artisan, tu dois savoir l'utiliser, non ? »

Sauf que Rachel oubliait une chose. Les Artisans n'étaient pas forcément habitués à jouer au lasso, surtout pour attraper des enfants volants.

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─ Sparkle, ne me lâche pas ! Je t'en prie, ne me lâche pas !

Ces mots firent l'effet d'une douche froide sur le jeune garçon. Et l'esprit Feu sait ce qu'il haïssait le froid, opposé du feu, ainsi que les douches qui représentaient le pire au monde. Quoiqu'au moins une douche eût l'avantage d'être rapide, tandis que les bains, eux s'éternisaient. Ses mains moites serrèrent d'avantage les fins mollets blancs de Joy. Soudain, dans la faible halo du fantôme il l'aperçut. Rachel. Quelle amère déception, qu'elle soit encore vivante. D'autre part Moony n'était surement pas loin. Cela fut confirmé par un bruit mat. Qu'est ce que c'était, il l'ignorait, mais il avait compris que son collègue artisan lui avait envoyé quelque chose.

Une voix grinça très près de lui, puis des grattements... enfin un bruit de frottement du moins. Des bruits désagréables, en somme, qui firent frissonner Sparkle. Il ne fit même pas exprès de lâcher une de ses mains. Un vent de panique lui souffla dans les oreilles... Sur ses jambes nues, surtout (il n'avait toujours pas trouvé raccommodeur ou raccommodeuse pour lui ajuster son pantalon déchiré lors d'un terrible affrontement), il se rendit compte que c'était une véritable brise... et pour cause. Lui même commençait à s'élever. Il glapit comme un chiot. Que faire? Que faire? Il n'y avait pas de feu dans le ciel, il n'y avait que de la pluie, surtout en ce moment! Il paniquait complètement.

Il ne put que s'accrocher à un arbre. Là il fit ce qu'il y avait de plus logique pour lui. Il attira la jeune fille à lui et la serra contre lui comme on tient un enfant dans ses bras, même si elle était plus grande que lui, le poids aidait ses affaires. Il pouvait donc aisément la maintenir et ainsi, un bras accroché au tronc et l'autre tenant bien fort Joy, L'Incendie inspira et expira bruyamment. Son cerveau était encore plus de la marmelade que d'habitude. Il n'arrivait pas à réfléchir à une solution. Les mots de Rachel résonnaient dans sa tête. Il tenta de les raccrocher... « La corde ! » ... L'objet lancé par Moony était donc une corde. Une corde.. « tu dois savoir l'utiliser, non ? » . Une mise à l'épreuve. Son intelligence limitée voyait ça précisément ainsi, un défi à relever.

Cela ne fit que l'angoisser d'avantage. Son front perlait de sueur et ses lèvres tremblotaient comme s'il avait été frigorifié. Ce n'était pas non plus de la peur, c'était indéfinissable. Que faire, que faire? Rester accroché là toute la vie, toute la nuit, toute l'éternité.

Mais d'un coup il se sentit engourdi. Complètement engourdi. Son bras frêle ne parvenait plus à la soutenir. Pour Sparkle ça ne voulait rien dire d'autre : Joy venait soudain de manger tous les fruits de l'arbre. Il lui fit un reproche courroucé:

─ T'es t-t-trop g-gourmandddde!! J... J'peux p-pas t'nir!

Et en effet il perdit prise avec l'arbre. Était-ce un instinct qui prenait place par dessus sa folie et sa peur du rejet de Joy? On ne le saurait pas, toujours est-il qu'il ne la lâcha pas lors de leur chute. Oh, ce n'était pas une bien grande chute. Deux mètres peut-être. Il la garda bien serrée contre lui, sans avoir peur ni rien, le danger ne lui apparaissait pas clairement.

Impact. Impact. Juste le souffle coupé... Ils étaient tombés sur le flanc, mais ils n'avaient rien. Sparkle resta collé à Joy encore un temps.... Une minute, sans doute deux, ou une et demie. Puis il l'écarta brutalement et se releva. Il venait de prendre conscience qu'il faisait une sorte de câlin à celle qui l'aimait le moins dans cet arbre. Il ne voulait pas qu'elle se force à ce genre de choses, il ne voulait pas qu'elle souffre à cause de lui, pas encore.

Le fantôme était encore là, mais L'Incendie n'avait plus peur et le jaugeait tout simplement. Il n'avait pas paru si maléfique que ça, ce spectre. Le garçon haussa les épaules et plaça les mains devant lui, marchant à l'aveuglette. Il se basait sur les bruits, et tâta enfin une personne. Un murmure de voix s'éleva dans les airs:

─ Moony? R-rachel? Viv...ant ?

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HRP:

Si on lui avait dit qu'elle lutterait pour ne pas planer, elle serait restée assez dubitative. Et pourtant, elle était là irrépressiblement attirée vers désolé hauteurs insondables, fixée entre ciel et terre. Mais un détail différait : toute lutte était impossible, s'élever lui était désormais aussi naturel que de respirer. Elle plane, la Stone. Mais cela n'est en rien comparable à sa torpeur habituelle. Elle était bien éveillée et parfaitement consciente de son état et du risque de mort qu'il engendrait.
Sa vie ne tenait qu'à un fil. Ou plutôt, qu'à une main. Cette dernière appartenait au garçon qui quelques instants plus tôt, aveuglé par la rage, n'avait pas caché une envie folle de tuer Joy. S'il désirait s'en prendre à elle, pourquoi soudainement lui porter secours ?

Joy fixait avec horreur ce ciel qui l'aspirait. Il semblait scander de son trône-horizon : " Misérables insectes ! ". Et Joy se sentait partir au loin, encore et irrémédiablement. Son regard se posa sur Sparkle, craignant qu'il ne soit lui aussi emporté. l'Incendie semblait peu rassuré, mais il n'abandonnait pas.

" Pourquoi ? Pourquoi ? "

Elle ne parvenait pas à concevoir ses intentions ni ses motivations. Pour Joy, Sparkle était un labyrinthe de hasards aussi impénétrable qu'imprévisible.
La peur soutenue par le doute creusait en la jeune mère un vide désagréable.
Comment paraître heureux dans pareils circonstances ? Et à quoi cela sert-il ? Pourquoi faire des efforts ? Pourquoi lutter ? On laisse éclater ses peurs. On laisse voir nos faiblesses.

Non !

Non, l'abattement n'est qu'un raccourci vers la mort, vers la chute ! Il ne faut pas pleurer, Joy ! Il faut sourire ! Il faut rire ! Rit !
Mais comment dit-on déjà ? Elle savait, elle ne sait plus.
Puis un bras. Et un autre. Deux bras qui entourent et qui retiennent. Elle sursaute.
Ce sont ceux du garçon. Quel garçon ? Sparkle. Sparkle ?! Qu'avait-elle fumé ?

Et pourtant, Joy ne rêvait pas. Sparkle la serrait contre lui pour la maintenir près du sol.
Elle sentit une odeur désagréable. La réputation de l'Incendie était bel et bien fondée : il refusait tout contact avec l'eau.
Mais dans pareil situation, elle s'en fichait bien que son sauveteur ne sente pas la rose ! Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'il ne la lâcherait pas !

Au loin, elle vit Rachel qui semblait toute désireuse de reprendre le contrôle de cette situation chaotique. Joy fut bien tentée d'espérer que telle une fée, la Menteuse réglerait cet incident d'un coup de baguette magique. Mais, la Stone songea aussi qu'il s'agissait de l'effet que devrait produire toute mère qui se respecte. Or, elle, elle en était incapable. Et n'être qu'apprentie n'excusait pas tout.
Pendant ce temps, Sparkle semblait faiblir, il s'écria :

- T'es t-t-trop g-gourmandddde!! J... J'peux p-pas t'nir!

- Mais de quoi tu parles ?! gémit Joy

Elle ne comprenait plus rien à rien. Pourquoi ils flottaient d'abord ? Pourquoi ce poisson ? Pourquoi ce fantôme ?
Ils avaient l'air malin, ces deux enfants suspendus dans l'espace, condamnés à ne pas se comprendre bien qu'ils conversaient.
Puis ils eut comme un instant de silence, d'immobilité. Avant la chute.

Le choc contre le sol fut sec, et Joy se sentit commencé désorientée. Elle n'osa pas bouger et son regard ne quittait pas cette bonne vieille terre qu'elle retrouvait avec soulagement. Puis, reprenant ses esprits, Sparkle qui la retenait jusque là, la repoussa.

- Désolé... balbutia-t-elle.

Elle se releva lentement, prudemment. Joy avait les jambes en coton, comme si ses pieds avaient perdu, un temps, l'habitude d'avoir un sol pour y marcher.

- Et merci. ajouta-t-elle

A son tour, elle se tourna vers le fantôme et déclara d'un ton qui se voulait enjoué, parfaitement en accord avec son sourire crispé :

- Et si on en finissais vite avec cette histoire ?

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Mission tous risques ou mission tourisme ?

Moony suivit. D'un pas très très hésitant, mais il suivit quand même. Le fantôme ne semblait pas leur vouloir de mal, il imposait sa présence glaçante, avançait ou reculait, mais n'attaquaient pas et ne semblait pas hostile. Le grand garçon se décida à le garder quand même à l’œil, juste au cas où... on ne savait jamais... Ils avaient de plus en plus de mal à voir le bout de leur nez et plutôt que d'aller aider le reste du groupe, Moony décida de s'isoler un peu pour allumer une nouvelle torche. Il sortit la poudre étrange, cette poudre que Clumsy avait trouvé pour lui, rien que pour lui. En l'observant Moony en avait conclu qu'il s'agissait d'une sorte de champignon ou de moisissure. De jour elle ressemblait à un bête tas de mousse mais quand la nuit arrivait elle se mettait à luire, dégageant une étrange aura verdâtre particulièrement éclairante. Le Fabricant attrapa un grand bâton qui traînait par là et en badigeonnant une bonne partie de l'extrémité qui se mit à briller avec une grande force. L'avantage ? Impossible de mettre le feu à quoi que ce soit et la lumière, très douce, ne risquait pas d'attirer l'attention des pirates et autres ennemis du genre. Avec quelqu'un comme Sparkle dans l'équipe Moony se disait que l'usage de ce type de lampe était tout indiqué.

Il exécuta l'opération deux fois et se rapprocha du groupe. Il entendit un bruit mat, un bruit de chute. Oh non... il espérait qu'ils n'étaient pas tomber de trop haut, il espérait qu'il n'y avait pas de morts, pas de sang, pas d'os brisés. Il se rapprocha vite et sentit des petites mains le tâter, rencontrer sa peau et ses vêtements. Le contact le révulsa et il repoussa violemment la personne qui avait posé ses mains sur lui. Il leva haut une de ses lampes, éclairant un peu mieux la scène. Une moue dégoûtée déforma rapidement ses traits lorsqu'il reconnut Sparkle juste en face de lui.

Le fabricant le contourna et rejoignit Rachel et Joy. Il tendit sa seconde lampe à la mère des diplomates, ayant plus confiance en elle qu'en Joy. C'était méchant ? Oui un peu sans doute... mais Rachel lui semblait plus calme, plus sûre d'elle, plus apte à les mener vivants jusqu'au bout. Il prit la parole en balbutiant un peu, à la fois agacé et mal assuré dans ses propos.
« Je... je pense que le fantôme ne... ne veut rien nous faire. On repart, on le contourne. Joy tu vas venir avec moi, Sparkle avec Rachel. »
Il se rendit compte que son ton était un peu sec et trop autoritaire. Cela faisait déjà trop longtemps qu'ils avaient quitté l'arbre. Plus ils étaient dehors longtemps, plus ils risquaient la mort. Angoisse.
« Enfin... si vous... si vous êtes tous d'accord. Ça évitera d'autres... problèmes... »

Sans attendre d'autre confirmation de leur part, Moony fit signe à Joy de passer devant et la suivit, laissant la charge de Sparkle à Rachel. Il ne demanda même pas s'ils allaient bien, s'ils n'étaient pas blessés et s'ils pouvaient marcher. Le fantôme avait retourné des souvenirs et les mains de Sparkle lui avaient retourné l'estomac. Il ne se sentait pas bien, voulait en finir au plus vite.

Il se porta à la hauteur de Joy, la surveillant du coin de l’œil et ouvrant la marche, le chemin toujours bien gravé dans sa mémoire. Il contourna soigneusement le spectre qui ne bougea pas les laissant passer sans broncher. Étrange... les fantômes étaient pourtant réputés agressifs...

Mais peu importe, pour l'heure il s'en fichait, restant concentré sur les ténèbres de la jungle qu'ils devaient traverser, ses yeux essayant de s'accoutumer à l'étrange lueur verte qui donnait un aspect terrifiant à la végétation, un aspect... cadavérique, morbide.
Ils mirent du temps, mais finirent par arriver là où ils voulaient venir. Le camp des delaware s'offrait à eux, plus que quelques pas et ils y étaient.

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Lorsque Joy chuta, Rachel ferma les yeux, refusant de voir l'inévitable. Ses mains se portèrent à ses oreilles voulant s'empêcher d'entendre les cris de douleur, le son des os qui se brisent, la symphonie de la tragédie. Mais ses doigts ne furent pas assez rapides, et ce fut un vent de soulagement qui se leva. Rachel rouvrit les yeux, le coeur au bord des lèvres.

Sous ses yeux les silhouettes de Joy et Sparkle se remettaient debout. Nul couinement de douleur, nul éclat de tristesse ne retentirent sous la voûte nocturne. Seuls les sanglots étranglés de Sparkle se faisaient entendre. Les sanglots d'un enfant ayant connu une peur terrible. Des sanglots éveillant l'âme maternelle de Rachel qui, sans réfléchir, s'avança vers la voix de l'Artisan. Mais l'enfant trouva Moony en premier, dont la silhouette était éclairée par la lueur verdâtre de sa torche.

La main de Rachel se referma sur la torche tendue par Moony. La Mère plissa les yeux, observant cette lueur qui lui était étrangère. Un éclairage qui pourrait servir de veilleuse, si on n'était pas du genre à assimiler la couleur de la lueur à celle des marais, ou du village d'Halloween. Une lueur presque spectrale.

La voix de Moony brisa le silence, tentant de reprendre le contrôle de la situation, de revenir au but premier de leur expédition. Rachel hocha la tête, ne voyant rien à reprendre sur ce qu'il disait. Faire équipe avec Sparkle ne lui plaisait guère, mais il fallait mettre parfois ses différends de côté.

« On te suit Moony. On pourra se reposer quand nous serons arrivés au camp des Delaware. »

La troupe s'ébranla. Rachel eut un ultime regard pour le fantôme, veillant à fermer la marche derrière Sparkle. Le spectre ne bougeait pas, se contentant de les suivre de son regard vide. Pendant quelques instants, juste avant que la jungle ne l'enveloppe, Rachel crut discerner un visage connu parmi les traits flous du spectre. Le visage d'un enfant. Mais le fin souvenir disparut, emporté dans les affres de l'oubli.

Levant haut sa torche, Rachel éclairait le chemin, et se mit à marcher aux côtés de Sparkle. C'est d'une voix, emplie de sincérité, qu'elle s'adressa à lui.

« Tu m'as surprise tout à l'heure. Je ne te savais pas si courageux. Sans toi, Joy aurait pu... » Mourir. « Être grièvement blessée. Tu as bien agi. »

Nulle tape sur l'épaule, pour autant, ni d'ébourrifage de cheveux. Sparkle n'appréciait guère le contact humain, et la Mère et l'Artisan avaient toujours été en froids. Ces quelques paroles n'étaient qu'un enterrement d'hache de guerre au sein de leur conflit.

La lueur du Feu Sacré transperça les ténèbres tel un phare éclatant. Rachel plissa les yeux, aveuglée par cette vive lumière qui venait, soudainement, d'apparaitre. La Mère détourna le regard, le temps de retrouver clairement toutes ses perceptions, de chasser les taches blanches qui s'étaient glissés dans son champ de vision. Retrouvant une vue claire et dégagée, Rachel reprit sa marche, entrant de plein pied dans le cercle de la tribu.

Une chaleur presque insoutenable y régnait. Le Feu Sacré se trouvait au centre même, semblant éclairer les lieux à des milles à la ronde. Du revers du poignet, la Mère essuya la sueur qui, déjà, se formait sur son front. Elle comprenait soudainement mieux pourquoi les Peaux-Rouges s'habillaient si légèrement. Si la pudeur n'était pas ancré dans son comportement, la Mère se serait déjà délestée de ses oripeaux.

Rachel secoua la tête, s'arrachant à la fascination qu'exerçait sur elle ce feu gigantesque. Ils avaient une mission à accomplir.

« Bien. Il est temps d'accomplir ce pour quoi nous sommes venus. ... Où est Sparkle ? »

L'enfant avait disparu de son champ de vision. Comprenant soudainement où avait du partir Sparkle, Rachel se frappa le front.

« Cet imbécile a du courir droit sur le Feu Sacré pour s'immoler ! » cria-t-elle en rejoignant Moony et Joy. « Nous devons le retrouver, et l'en empêcher. Les Delawares pourraient prendre cela pour un affront. Pire comme un sacrilège ! Nous frisons l'incident diplomatique ! La guerre ! »

Quatre enfants désarmés formaient une piètre résistance face à une tribu.

Précisions a écrit:: Vous m'inspirez les enfants. Sparkle, je précise que tout ce que j'ai dit dans mon post n'influe absolument pas sur tes actions, hein. Si jamais quoi que ce soit te bloque, tu me le dis. Mais, voilà, pour te dire que ce n'est pas parce que je pense que tu es parti t'immoler que tu dois le faire. Tu peux brûler le village aussi. 8D Tout ça pour te dire que tu es totalement libre de tes actes !

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Moony. La lumière ne trahissait qu'un mot: Moony. Un Fabriquant dégoûté, peut-être même horrifié du contact des mains de Sparkle. D'être ainsi regardé n'était pas inhabituel pour l'Incendie, il n'en demeurait pas moins hébété, surpris, et surtout triste. Moony c'était un peu sa famille non? Ils avaient forcément des points communs! Pourtant... Inspirant et expirant bruyamment, à l'instar de ces animaux qu'on nomme taureau, il resta quelques instants à tenter de dire quelque chose. Pour finir, il recula lui aussi et murmura:

─ P-pardon.

Il avait envie de courir, de s'enfuir. Le plus loin possible, de préférence là où il y aurait de la chaleur... dans tous les sens du terme! Il ne le fit pas. Il ne le ferait pas devant Rachel qu'il détestait, et qui le détestait, il devait montrer quelque chose. Quoi, il ne l'avait pas défini. Quelque chose. L'Artisan rata sans doute un épisode, voire deux puisqu'il se retrouva soudain en marche avec elle-même qui le terrifiait.

Face au compliment, il resta absent. Il se concentrait déjà sur autre chose, et c'était comme s'il était seul. Pas seul. Le feu était là aussi. Ses yeux ronds comme des assiettes qu'il cligna plusieurs fois sans pouvoir se détacher du brasier, pleuraient tant la chaleur était importante. Mais ça, il s'en souciait peu. C'était là le plus immense, le plus brûlant, le plus chatoyant feux qu'il avait pu voir au plus loin qu'il pouvait se rappeler. Oh, plus grand, il y avait eu! Mais celui-ci et sa magie, ce crépitement et cette odeur si particuliers, c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas qualifier avec des mots. Tant mieux, les mots n'avaient jamais servi à rien.

Il guetta le moment propice. Sans ciller une seule fois, il darda son regard sur la mère des Diplomates. Une seconde. Juste une seconde d'inattention. Elle vint, il la cueillit comme on cueille une pâquerette au printemps; il se mit à courir. C'était le bruit des flammes s'enroulant les unes entre les autres qui couvrit celui de son lourd pas sur les feuilles et brindilles jonchant le sol de la forêt.

Sparkle s'assit à un mètre du feu. Le feu! LE feu! LE FEU! Sa main s'approchait doucement de la brûlure, avant de se retirer vivement au dernier nanomètre. Le coeur du gamin battait à la chamade. Une deuxième fois, le bout de ses doigts frôla le feu. Une troisième fois.

Las du jeu, l'Incendie brûlait littéralement d'une envie sans pareille. Il devait. Il devait, absolument! Il se remit debout. Avec un immense sourire, le pyromane inspira fort une fois. Expira. Puis inspira DEUX fois. Avec un éclat de rire, Sparkle avança tranquillement, doucement, le bout de sa chaussure. Il commençait un grand pas qui se terminerait dans le feu sacré.

Pour Rachel:

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Joy aperçut Moony qu'elle avait perdu de vue depuis déjà un certain temps. Le savoir en vie la rassura. Ils étaient tous là et sains et saufs. Et grâce à Pan ! Ses compétences de soigneuse ne furent pas sollicités. Tout de même... L'absence de Moony durant les mésaventures de la Stone et l'Incendie l’aurait troublée, si elle n'avait pas elle-même mis dans l'embarras ses camarades. Joy s'était révélée être un fardeau durant cette affaire. Et cette vérité pesait lourd, lourd sur ses épaules. Si lourd, que son regard semblait cloué au sol, écrasé par la honte. Elle n'osa pas dire un mot.

- Je... je pense que le fantôme ne... ne veut rien nous faire. On repart, on le contourne. Joy tu vas venir avec moi, Sparkle avec Rachel. déclara Moony en affichant un air autoritaire.

La mère apprentie hocha timidement la tête. Il était vrai que le fantôme n'avait fait que se tenir devant eux, il n'était pas intervenu. Au contraire, il était resté là, spectateur de la terreur et de la malchance de l'équipé. Il devait se régaler.
D'autre part, la nouvelle formation arrangeait Joy. Certes, elle était reconnaissante envers Sparkle qui l'avait sauvé d'une mort certaine, et pourtant... Et pourtant, ils ne se comprenaient pas, trop différents. La Stone ne savait jamais comment réagir devant le comportement de Sparkle qui était imprévisible, autant qu'elle dans un sens.

« ça vaut mieux comme ça. »

Moony reprit :

- Enfin... si vous... si vous êtes tous d'accord. Ça évitera d'autres... problèmes...

- On te suit Moony. On pourra se reposer quand nous serons arrivés au camp des Delaware. répondit Rachel.

Joy sourit à cette proposition. Un pause ? Ça la tentait bien... Surtout qu'avec toute ces émotions, prendre le temps de se remettre les idées en place ou de les embrouiller à l'aide de ses herbes la remettrait d'aplomb.
Moony, tel un chef d'expédition, fit signe à Joy de passer devant ce qu'elle fit sans protester. Elle n'osait pas tourner la tête, mais elle parvenait à voir du coin de l’œil, la longue silhouette du Fabriquant qui la suivait. Derrière eux, devaient sans doute se tenir Rachel et Sparkle. Bientôt, Moony reprit la tête de la file. Il guida le groupe, contournant le spectre.
La Stone lança un dernier regard à ce voile flottant qui n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. Sans visage, il semblait pourtant très amusé. Après tout, voir le chaos s'installer dans un groupe sans avoir à agir, c'est à la fois rare, inespéré et improbable...

Mais pour l'heure, l'équipe approchait de sa destination.

Ce que Joy vit en premier du camp des Delaware, c'était cette lumière chaude et accueillante qui semblait omniprésente : l'éclat du Feu Sacré. Était-ce mal d'oser toiser une entité vénérée ? La Stone n'aurait su dire, elle ignorait tout des usages. Mais malgré la légère douleur que cela lui causait, elle ne lâcha pas du regard ce spectacle étonnant. Jamais encore elle n'avait vu un feu aussi grand. Ce brasier semblait répandre sa chaleur dans tout le camp, irradiant tel un soleil. Joy enleva sa veste à moitié brûlée et l'attacha à sa taille tant elle avait chaud.
La Stone balaya du regard ses camarades, essayant de voir s'ils étaient aussi sensibles à la beauté qu'inspirait ce lieu. Mais quand elle le posa sur Rachel, elle se rendit compte que la Menteuse était seule. Seule ?!

- Où est Sparkle ? demandait cette dernière.

- Il n'est plus avec toi ? s'étonna Joy en cherchant des yeux une touffe de cheveux rouge devenue familière.

De là où elle était, elle ne vit pas une trace de l'Incendie. La Stone fronça les sourcils, commençant à s'inquiété. Où pouvait-il bien être ? Soudain, elle sursauta devinant l'évidence et posa un regard inquiet sur Rachel.

- Nooon... dit-elle n'osant y croire.

- Cet imbécile a du courir droit sur le Feu Sacré pour s'immoler ! cria Rachel en se rapprochant de Joy et Moony. Nous devons le retrouver, et l'en empêcher. Les Delawares pourraient prendre cela pour un affront. Pire comme un sacrilège ! Nous frisons l'incident diplomatique ! La guerre !

Joy dévisagea Rachel. Elle essayait de ne plus penser aux mots «guerre» et «sacrilège» qui semblaient tonner comme l'orage dans la voix de la mère des dipplomates. Déjà, la Stone sentait la tête lui tourner. Des problèmes... encore.

- Ça va aller. dit Joy avec un optimisme déconcertant accompagné d'un sourire crispé. S'il s'était fait prendre la main dans le sac en train de faire je ne sais quoi, le camp serait bien plus agité que ça, vous ne croyez pas ? Avec un peu de chance, il n'est pas encore trop tard.

Joy n'attendit pas une objection, reprenant peu à peu confiance en elle, elle partit d'une cadence qui oscillait entre la marche et la course, craignant de paraître louche aux yeux de leurs hôtes peaux-rouge. Elle ne lança pas un regard derrière elle pour pour s'enquérir du fait si Moony et Rachel la suivaient ou s'ils avaient opter pour la dispersion des effectifs.

« Sparkle ! Sparkle ! » pensait-elle de toute ses forces, à défaut de crier son nom.

Sparkle qui l'avait aidé. Sparkle qui avait voulu la tuer. L'incendie, le roux, le garçon étrange qui aimait jouer avec le feu. Où pouvait-il être si ce n'était près de l’immense brasier.
Elle l'aperçut enfin. Il était bien là, debout, tout sourire. Et déjà, il riait, s'apprêtant à plonger dans l'enfer fascinant du second soleil. Ses cris de joies deviendraient alors des hurlement de douleur et d'effroi. Un pas. Un pas et c'était la mort qui le cueillerait.

Joy écarquilla les yeux, ne pouvant cette fois retenir son cri :

- Sparkle ! Pas ça !

HRP:

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Mission tous risques ou mission tourisme ?

Rachel valida les ordres et Moony se sentit aussitôt très rassuré. Mine de rien il aimait bien savoir qu'il faisait les choses correctement et qu'une figure d'autorité acceptait ses propositions. Ça lui donnait une sorte de légitimité qu'il pensait pourtant ne pas posséder. Il était le chef de la mission, son instigateur, et pourtant il n'avait jamais été chef, n'avait pas les épaules pour agir comme tel. Il était bien content que Rachel soit là au final, elle tenait le rôle que lui même ne savait pas prendre.

Moony ne parla pas durant le trajet, il devait être un bien mauvais compagnon de route pour la pauvre Joy. Lorsqu'il arrivèrent au camp son âme de rêveur fut ravi. Oh bien sûr il était déjà venu ici, à l'époque où il faisait encore pleinement partie des garçons perdus prêts à tout pour plaire à Peter... ça c'était avant de découvrir que la flatterie et les petits cadeaux étaient tout aussi efficaces que le fait de risquer sa vie dans des jeux stupides... Il avait déjà fait des fêtes ici, joué avec les peaux rouges, leur avait volé des choses, tout ça pour le bon plaisir de Peter ; mais aujourd'hui il ne voulait rien voler, il venait négocier, de manière civilisée. Comme un... un adulte.

Tout se passerait bien... ils étaient arrivés entier jusque là et les Delaware n'étaient pas les indiens les plus agressifs... on pouvait discuter avec eux sans risquer de finir avec les tripes à l'air, ce qui était un avantage peu négligeable. Tout irait bien.
Tout aurait dû aller bien...
Mais tout n'allait jamais bien. JAMAIS. Moony n'allait pas tarder à mieux comprendre l'intérêt de choisir ses coéquipiers avec soin. Peter avait-il fait exprès de mettre Sparkle dans leur équipe ? En sachant de quoi était capable le garçon ? Le tyran en était bien capable... Quoique... il semblait éteint ces derniers temps, en témoignait la nuit permanente qui était tombée sur l'île.

Lorsque Rachel se dirigea vers eux avec l'air affolé, Moony sentit son cœur rater un battement. Ce qu'elle révélait n'avait rien de rassurant et il se sentit obligé de déclarer, sur un ton plaintif et un peu accusateur :
« Tu devais le surveiller ! »
Puis le Fabricant tourna son regard paniqué vers Joy. Comment... oui comment pouvait-elle être aussi optimiste ? C'était une catastrophe, une véritable, authentique, parfaite catastrophe.
« Ça va aller ? Comment est-ce que ça peut aller, hein ? Il n'a encore pas fait de bêtises mais c'est une question de minutes... Non ! De secondes ! Le feu est gigantesque, il pourrait être n'importe où autour ! Vous savez où le chercher vous ? Parce que moi non ! »
Au fond le problème n'était pas aussi épineux que ça mais la peur de Moony avait tendance à lui donner des proportions démesurées. Il ne voulait pas faire de faux pas... il aurait juste voulu que tout se passe bien : venir ici, négocier le produit, retourner à son atelier chéri et basta. Aventure terminée, à la revoyure.

Joy n'avait même pas écouté les récriminations de Moony, elle était déjà partie, bien décidée à agir, prenant le problème à bras le corps.
Il la suivit, elle le trouva.
Cette fois le cœur de Moony faillit s'arrêter.
Il pouvait fabriquer des lumières vertes, des cordes solides, des jouets de toutes les couleurs, des récits fantastiques mais il ne pouvait pas, jamais, à aucun moment, empêcher quelqu'un de déclarer une guerre en se jetant dans le feu. Le grand bouclé fixait Sparkle avec un regard terrifié, halluciné. Il allait vraiment le faire ? Il allait se jeter là dedans ? Non.. non... non... non.... mais merde quoi !

Autour d'eux les indiens commençaient à bouger. Ils avaient repéré ce garçon sale et malodorant qui s'approchait inexorablement de leur feu sacré. Ils échangeaient des mots à voix basse et les expressions sur leur visage semblaient de plus en plus hostiles. Le feu était sacré, le feu était pur... personne ne pouvait le salir, personne ne devait le salir... affront...

L'artisan n'osait s'approcher, de peur que Sparkle ne fasse un faux pas et chute dans le feu. Etait-il le seul à avoir remarqué la manière dont les peaux-rouges s'étaient arrêtés, scrutant la scène, crispés ? Tout semblait suspendu, tout le monde attendait de savoir ce que ferait le petit garçon aux cheveux de flammes. Moony se rapprocha de Rachel. Il avait remarqué une certaine tension entre elle et Sparkle, mieux valait donc que la diplomate se tienne à l'écart. La vie du garçon reposait entre les mains de Joy.
« Rachel je... je crois qu'il faut parler aux indiens... gagner du temps... tu... tu peux... enfin tu sais ? Gagner du temps ? »
Afin d'éviter que les peaux rouges se lassent et décident de se jeter sur les quatre enfants. Ils n'attendraient pas éternellement qu'un sacrilège soit commis...

hrp:

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Rachel avait emboîté le pas à Joy et Moony. Elle retenait d'ailleurs les remarques faites par ce dernier, se promettant de les lui rappeler lorsque la situation serait bien moins tendue. Inutile d'entrer dans une dispute alors que toute une tribu était probablement en train de fourbir ses armes, pour laver l'honneur dans le sang. Dans du sang d'Enfants Perdus.

La Mère retint son souffle, ravala le cri qui menaçait de remonter, depuis le fin fond de ses entrailles. Cet imbécile, comme escompté, se préparait à se jeter dans le feu ! Bon débarras, songea-t-elle un court instant. Phrase qu'elle relégua bien vite dans un coin de son esprit alors que, autour d'eux, les Delaware faisaient bruisser des promesses de vengeance si l'inconcevable se réalisait.

Rachel s'avança, prête à se jeter sur Sparkle pour l'empêcher de faire un pas de plus. Mais Moony la stoppa, l'empêchant de rendre la situation encore plus inextricable. Il se raccrochait à elle, faisant appel à sa plus grande compétence, à ce qui avait fait d'elle, par le passé, une éminente diplomate. User des mots, charmer, flatter, endormir la méfiance. Rachel serra brièvement la main de Moony. Son visage se rapprocha du garçon, sa bouche se colla à l'oreille de l'Artisan.

« Éloignez-le du feu au plus vite. Je vais essayer de détourner leur attention. »

Si Bow avait été là, les choses auraient été bien plus simples. Le chef des Diplomates avait toujours su user d'une verve aux mots finement mesurés, soupesés. Une véritable mélodie, une symphonie sans aucune mauvaise note.

Rachel tourna dos au Feu Sacré. La chaleur lui cuisait le dos, malgré les vêtements qui la recouvraient. Tous la regardaient, quêtant les paroles et gestes qu'elle allait accomplir. Rachel s'en trouvait, curieusement, flattée. La scène lui rappelait ses anciennes missions, lorsqu'elle n'était pas encore Mère – du moins les bribes qui lui en restaient, fantasmées avec le temps.

Posant la main droite sur son cœur, Rachel leva le gauche en l'air. Ainsi saluait-on selon les rites indiens, que toutes les tribus partageaient, à quelques nuances près.

« Ahow. Que la Flamme Immortelle de l'Esprit Feu ne s'éteigne jamais au sein du clan du Corbeau ! »

Toujours commencer par les formules d'usage. La sueur coulait le long de l'échine de Rachel – moiteur due aussi bien à la chaleur qu'à l'appréhension des réactions des Peaux-Rouges. La Diplomate reprit son discours. Elle ne devait laisser aucun temps de repos, aucun temps mort qui serait autant de failles dans laquelle la colère pourrait s'insinuer.

« Veuillez excuser l'impudence de notre jeune ami. Il a toujours voulu honorer la splendeur de l'Esprit Feu mais ne connaît nullement les rites essentiels. Dans votre grande clémence, je vous en conjure, pardonnez-lui cet excès d'admiration ! »

Rachel s'avança davantage au sein des Peaux-Rouges qui s'étaient amassés devant elle. La jeune fille mit un genou à terre, baissant humblement la tête.

« Notre présence n'est que temporaire. Nous sommes venus auprès de vous avec des promesses de paix, fleurissant dans nos bouches. La Nuit Éternelle ne semble pas vouloir prendre fin, et nombre d'entre nous supportent mal cette obscurité. Au sein du Grand Arbre, nous n'avons aucun feu aussi splendide que le vôtre. En allumer un semblable serait un affront à l'Unique Feu Sacré. Nous souhaitons chasser la nuit, au moins au sein des Cabanes, au sein de nos cœurs. Et nous avons besoin de votre aide. »

Rachel releva la tête, et joignit les mains. Aussi suppliante qu'une dévote aux pieds de la statue d'une divinité.

« Ô peuple du Corbeau, veuillez entendre notre appel. Votre aide ne sera nullement vaine. Nous vous en serons redevables. Au centuple. Je m'y engage moi, Rachel, Mère des Diplomates. »

La Mère se retint de se retourner pour voir où en étaient ses camarades. Elle ne pouvait plus qu'attendre.

A Moony a écrit:: C'est noté !

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HRP:

- Sparkle ! Pas ça ! avait-elle crié.

L'intéressé avait alors hésité un bref instant, juste ce qu'il fallait pour que Joy saisisse son poignet. Craignant de subir ses foudres, elle ne le tira pas en arrière mais le retint simplement afin qu'il ne fasse pas CE pas. Son dernier pas.
Mais, elle savait qu'elle ne parviendrait sans doute pas à maîtriser seule l'Incendie s'il se rebiffait. Les souvenirs de sa gorge cernée par les mains de l'artisan l'étreignait avec insistance. De toute manière, elle espérait seulement gagner du temps en attendant d'éventuels renforts. Elle n'osa pas dévisager le garçon parce qu'elle craignait de voir sa frustration et sa colère. Parce qu'il ne pouvait ressentir que cela à son égard, c'était une évidence pour elle.
Mais tout allait bien se passer. Ça va aller. Après tout, elle le tenait et elle n'était pas seule.

« Ça va aller ? Comment est-ce que ça peut aller, hein ? Il n'a encore pas fait de bêtises mais c'est une question de minutes... Non ! De secondes ! » répétait la voix de Moony en son esprit en un écho sinistre.

Joy lança un regard derrière elle, cherchant ses camarades. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? L'avaient-ils suivie ? Par là- bas, elle pouvait apercevoir Rachel qui semblait en train de faire de se son mieux pour apaiser une foule sur le qui-vive. La tension était palpable. Ses propos solennels tonnaient comme un tambour en un rythme régulier et soutenu. Ils parvenaient à Joy sous forme de bribes à cause du crépitement du Feu Sacré qui envahissait ses oreilles.
Moony ? La Stone ne pouvait le voir d'où elle était, mais elle espérait qu'il la rejoindrait bien vite pour lui donner un coup de main.

- ...l'impudence de notre jeune ami... Honorer la splendeur de l'Esprit Feu... Cet excès d'admiration...

Joy reporta son regard sur Sparkle bien que cela lui coûtait aussi pour ses yeux : derrière Sparkle se trouvait le soleil des peaux-rouges, un Feu Sacré si rayonnant qu'il lui était dur de soutenir son éclat. Elle esquissa un sourire amical :

- C'est vrai qu'il est beau ce feu. J'en ai jamais vu d'aussi impressionnants...

Et c'était bien vrai : le feu était bien sûr captivant lorsqu'on s'y attardait un instant, certes. Or celui qui se trouvait devant elle était une véritable ruche en fusion, de l'or bouillonnant.
Joy relâcha quelque peu sa prise pour ne pas donner l'impression à Sparkle qu'elle l'agressait, et surtout le conforter dans son envie de se jeter dans les flammes. Mais, elle ne le laissa pas pour autant : si elle ne parvenait pas à le raisonner, ils n'auraient d'autres choix que d'user de la force.

- ...auprès de vous avec des promesses de paix... Nombre d'entre nous supportent mal cette obscurité...

- Mais tu sais, on est pas chez nous et ce feu appartient aux Delawares. Ils seraient pas content que quelqu'un s'y jette comme ça. Faut se mettre à leur place... Tu ne voudrais pas plutôt discuter avec eux et leur demander comment ils font pour entretenir un feu aussi grand ?

- … Au sein du Grand Arbre... aucun feu aussi splendide que le vôtre... Et nous avons besoin de votre aide.

- Tu n'es pas curieux ? Ce feu a une histoire, on pourrait essayer de la connaître...

- Ô peuple du Corbeau, veuillez entendre notre appel. Votre aide ne sera nullement vaine. Nous vous en serons redevables. Au centuple. Je m'y engage moi, Rachel, Mère des Diplomates.

- Je pense qu'un beau brasier comme ça doit avoir plein de choses à raconter, tu crois pas ?

Joy soutint son regard pour se montrer plus convaincante malgré l'éclat du Feu Sacré. La lumière irradiant du brasier semblait déjà dévorer la silhouette de l'artisan. Elle jeta un dernier regard vers Rachel et Moony.
Elle venait de se rendre compte que la voix de Rachel ne lui parvenait plus. Avait-elle terminé son discours ? Ou étaient-ce les Delawares qui l'avaient fait taire. Et Moony ?

« Vite. »

La chaleur du Feu Sacré lui léchait déjà le poignet.

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Sparkle. Sparkle. Sparkle. Tout ça n'a aucun sens. Alors vas-y, plonge. Le nirvana t'attend.
Sparkle. Sparkle. Sparkle. Allez. Sparkle!
Il ne voulait pas. Il se préservait cette petite joie intense des braises qui venaient voluptueusement se coller sur son visage abîmé, de cette chaleur douce et torride à la fois. Un délice. Des bribes de conversations lointaines lui parvenaient, et la part infime de lui qui les écoutait ne jugeait pas nécessaire de se consacrer aux personnes qui s'adressaient à lui. C'était une étrange torpeur que la sienne... Le feu paraissait si dangereusement succulent! Un pas, la délivrance. Il prolongeait l'attente. Son corps se couvrait de sueur, mais il s'en délectait. Chaud, oui, chaud.

Brisé. Tout se brise. C'est Joy. C'est encore, c'est toujours elle. Il commence à avoir l'habitude et en même temps il ne s'y fera jamais. Elle a tout cassé, tout est envolé. Il s'ébroue, cligne des yeux. Ça brûle. Ce n'est plus plaisant, c'est fini, la magie est passée. Sparkle re-cligna des yeux et déposa son pied droit à côté du gauche. Qu'est ce que racontait la mère apprentie, ENCORE? Toute son ouïe se focalisa sur elle. Honorer les indiens? Ah ouais, c'est vrai que le feu était à eux. À eux. L'histoire du feu, honnêtement il en avait rien à fiche. Mais ça pouvait coûter de ne pas être poli. Le vol c'est pas bien bien.

L'Incendie recula de quelques pas, bousculant la jeune fille au passage, et éclata en sanglots silencieux. C'était vraiment, vraiment pas juste. Et ben puisque c'est comme ça il pourrait bien se le faire LUI son feu! Il empoigna une allumette et la fit flamber. Une tristesse infinie dégoulinait de ses yeux, c'était pas jouasse à voir. Il murmura:

─ C'est pas juste, Joy, t-t-tu l'sais ça qu'c'est p-p-pas ju..juste?!

Il sécha ses larmes avec sa manche et renifla un bon coup avant de se rapprocher des peaux-rouges. Une nouvelle idée lui était germée dans le crâne. Peutêtre qu'il pourrait bien devenir ami avec eux, et ils lui donneraient un morceau de leur feu. Quand on est ami avec des gens on fait des cadeaux qui font plaisir! Le feu sacré lui ferait plaisir! Voilà, la solution était là! Sparkle éteignit son flambeau dans son coude et s'approcha de Rachel. Ah. Les Delaware. Le Perdu marmonna un vague Aowh, mais se garnit d'un immense sourire dérangeant en se rangeant à la gauche de la jeune fille. Mais oui, ils étaient amis! Bien sûr!

Excuses:

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CMission tous risques ou mission tourisme ?

Le regard du Fabricant passait de Rachel à Sparkle, de Sparkle à rachel, en s'arrêtant de temps à autres sur Joy puis sur l'assemblée peau-rouge qui restait suspendue aux lèvres de la mère et aux gestes du gosse aux cheveux de flammes.

Moony ne servait à rien... il restait là, inactif, els bras ballant, en espérant que les autres régleraient le problème pour lui. Il voulait des choses simples et faciles lui... des gens obéissants et des monstres gentils... des peaux rouges compréhensifs et des pirates peureux. Il n'était décidemment pas fait pour survivre sur cette île et s'il n'y avait pas eu les autres il serait probablement mort depuis longtemps, emporté loin par Peter qui se débarasserait de son cadavre quelque part, dans un lieu secret.

Il soupira longuemment, de soulagement. Joy avait réussi... elle était parvenue à éloigner Sparkle du feu... Moony se précipita aussitôt vers eux. Allait-il enfin être utile ? Non... aucune chance... il se plaça à coté des deux autres sans savoir quoi faire.
Un fiasco...
C'était un véritable fiasco et Moony ne savait pas quoi faire. Sparkle pleurait et ces pleurs ne lui inspirait que du dégoût... il se voyait bien coller une bonne vieille baffe au pauvre petit pour lui remettre les idées en place. Cet espèce de taré avait failli faire foirer leur mission et il se permettait en plus de pleurer !

Moony fut horrifié par sa propre pensée. Il n'avait jamais été un parangon de sensibilité, d'altruisme et d'empathie... mais là ça dépassait clairement des sommets... ses épaules s'affaissèrent un peu. Il fixa Rachel au loin, qui gérait les derniers problèmes avec les peaux rouges, puis déclara.
« On rentre. Cette mission est un échec est c'est de ta faute Sparkle. Je ne veux pas que tu restes ici. »
les mots étaient durs et méchants, Moony s'en rendit compte trop tard. Mais il le pensait, et il n'aurait pas dû. Au fond c'était lui le responsable, parce qu'il ne savait pas prendre en compte la personnalité de chacun pour la gérer au mieux. Il était tellement plus simple de rejeter la faute sur les autres...

« Joy va te raccompagner. Vous rentrez tous les deux. »
restait à voir avec Rachel si elle pensait mieux que tout le monde rentre ou si la mission pouvait être rapidement conclue par ceux qui restaient... Le groupe allait se scinder et scinder ses chances de survie. C'était une grave erreur. Une de plus.

hrp:

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