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MessageSujet: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyVen 15 Juin 2018 - 15:35

Le soleil avait déjà tourné plusieurs fois dans le ciel depuis l’arrivée des premiers enfants au Camp des Réfugiés, sa révolution ayant laissé le temps qu’il fallait aux yeux de s’épancher. On ne voyait plus de torrents mouillés sur les joues des Perdus ; leurs yeux avaient fini par geler.

Dans le cœur d’autres, c’était pourtant un brasier qui s’était allumé, et chez Feather, il se voyait au fond de ses orbites sombres, brûlant comme le givre qui recouvrait l’Ile.
Les Peaux-Rouges étaient forts.
Elle pouvait apprendre à se battre.

Plus qu’une possibilité, dans son crâne la perspective se dessinait tel un devoir face à l’avenir si incertain qui les attendait, alors rapidement, l’Echasse se mêla à la tribu de ceux qui avait bien voulu les accueillir. La Grimpeuse n’avait pourtant pas le talent des plus faibles des combattants : bien qu'agile en l'air, sur la terre elle s’emmêlait les membres dès qu’il s’agissait de se battre au corps à corps, et avait mordu la poussière de manière littérale de nombreuse fois. Feather avait souvent la mine renfrognée, sur son visage on lisait la frustration qui se déversait à chaque chute, mais jamais une once de honte : après tout, elle avait l’habitude de tomber à force de côtoyer les nuages, l’oiselle.

Un sifflement perça l’air glacial, et les souffles humides de transpiration ressortirent dans le silence des corps qui se sont figés. C’était la fin de l’entrainement. La brune se redresse rapidement comme elle a l’habitude de le faire. Il y a quelques Perdus parmi eux, et déjà le groupe se disloque, chacun retournant là où il a à faire.

Ceux qui les entrainent restèrent un peu plus longtemps à discuter, pendant que Feather répétait les gestes appris pendant la journée, mais du coin de l’œil, elle guettait le bon moment, prête à franchir les mètres qui la séparaient de son but, avec ses muscles des jambes bandés comme la corde d’un arc.

Un pas en avant, on se baisse. Un pas en avant, coup de coude.

Ils semblaient avoir fini, et c’était comme si on avait lâché la corde : la gamine fila comme une flèche vers la grande femme avec son crâne sur la tête qui s’éloignait déjà. Feather lui attrapa les habits alors qu’elle allait vers la direction opposée, tirant sur les peaux pour se faire remarquer.

- Tu veux bien m'entraîner plus ?

Son ramage n’était pas hésitant, et les prunelles sombres comme l’orage de la Grimpeuse dévoraient le dos de la Sans-Pitié. Elle n’avait pas encore assez goutté la poussière aujourd’hui.
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Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyDim 17 Juin 2018 - 16:42

L'Esprit Nuit était passé souvent depuis que les papooses étaient venus s'installer au creux poussiéreux. Comme de multiples fois depuis l'arrivée de la grande froidure, elle se trouvait sur le terrain d’entraînement, occupée à endurcir les corps et les cœurs des plus forts. De nombreux habitants du Grand arbre semblaient vouloir profiter d'une présence adulte pour améliorer leurs capacités au combat, mais beaucoup d'entre eux ne savaient que jouer à la guerre, sans être capable de la faire vraiment. Il y avait des exceptions, bien sûr, des petits esprits belliqueux, plus aptes que les autres à mettre les adversaires à terre, mais dans l'ensemble ce n'étaient vraiment que des papooses, et pas des Piccaninny.
Pourtant ils commençaient à gagner son respect, peut-être à cause du Poussiéreux, qui sait ?

Les exercices de corps à corps s'étaient bien passés. Elle regardait surtout, donnait quelques conseils mais ne s'occupait de personne en particulier, parce qu'elle n'exerçait vraiment que les guerriers de sa tribu. Elle discutait avec un autre brave d'une prochaine visite dans la zone atteinte par le givre lorsqu'elle remarqua la petite fille qui fonçait vers elle.
Non. Hors de question. Pas la peine d'avoir l'esprit infus pour savoir ce qu'on risquait de lui demander : plusieurs visages pâles de l'arbre étaient déjà venu lui demander de les aider et elle avait toujours refusé, sauf pour le Poussiéreux. C'était déjà l'Unique de trop.

Alors qu'elle faisait semblant de ne pas l'avoir vue, tâchant de fuir au plus vite pour se trouver une occupation plus utile, elle sentit des petites mains fortes agripper sa tunique et hésita un instant à continuer en faisant mine de rien.
Mais l'attitude n'était pas celle d'une guerrière. Une Piccanniny ne fuyait pas, même la conversation. Pas de lâcheté, on confronte.

Sans surprise, la demande portait sur l’entraînement. La réponse de la guerrière fut directe mais sans méchanceté, évoquée sur le ton du constant, sans but de blesser :
« Non. Tu es trop grande et tes jambes s'emmêlent comme les fils entre les mains du mauvais tisseur. Tu ne seras jamais guerrière. Trouve autre chose ».
Son regard – souligné par un trait noir et charbonneux – fixa la petite avec dureté, sans douceur, sans gentillesse, sans espoir.
Elle aurait été moins dure avec un papoose mâle, parce qu'elle n'hésitait jamais à les jeter au combat. Mais les petites étaient plus vulnérables : pas plus faibles – ça non jamais – mais plus susceptible d'être les proies des chasseurs de tout poil. Apprendre à bien se battre entraînait la confiance et le danger. Elle n'entraînait que les Hommes.
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyJeu 28 Juin 2018 - 0:28

Non.
Le nez de la Grimpeuse se fronce, elle ne s’attendait pas une réponse positive, tout sourire, mais elle ressent à quel point la Piccaninny est catégorique.

Feather s’apprêtait à demander pourquoi, mais la justification arriva plus vite qu’elle le pensait. Trop grande, trop maladroite, elle n’entend là que des faits. Elle-même le sait, elle ne conteste pas, elle n’est pas là pour essayer de se mentir a elle-même, mais si elle est partie de l’Arbre, c’était pour apprendre et pouvoir protéger, et en ce moment les malades s’accumulent autant que sa frustration lorsqu’elle constate à quel point elle est inutile dans la situation actuelle. Grimper aux arbres ne suffit plus, quand il faut décamper au moindre bruissement dans les branches.

Les phalanges de la gamine se détendent pour lâcher la tunique de la louve. Elle reste quand même plantée là, à fixer cette adulte qui se dresse devant elle, dure comme le roc, froide comme le givre et ça lui donne une impression de déjà-vu qu’elle ne s’explique pas : elle a presque l’air troublée le temps d’un battement de cil lorsqu’elle soutient le regard de la Sans-pitié, avant que ses prunelles ne s’éclaircissent à nouveau lorsque le simulacre de souvenir d'envole.

- Je sais que je pourrais pas être aussi forte que toi.

Pas en aussi peu de temps, et pas au corps à corps, elle a vu la femme bouger pendant les entrainements, alors elle imagine bien le fossé entre elles deux. Elle voit bien qu’elle, elle de déplace comme un pantin désarticulé, sa peau maculée de terre en témoigne, mais elle a besoin de ça, elle redoute depuis qu’ils sont arrivés au camp le moment où elle verra un Orbleu, dont on lui a tant parlé, et surtout dans le cas où elle ne sera pas seule. Elle-même ne sait que vaguement ce que ça implique de faire face à ces émanations de glace, qu’on lui a conté comme des êtres terrifiants, mais son imagination fertile lui en a déjà trop montré.

Quel intérêt de rester ici, si elle ne peut ni protéger personne, et ni servir plus que ça en tant que Grimpeuse ? Si c’est un boulet ? Trop bornée elle ne voit pas ce qu'elle pourrait pourtant faire pour aider au camp, où les taches ne manquent pas.

- Mais si j’apprends pas au moins un peu, qu’est-ce que je ferais, quand il y aura les Orbleus ?

L’Echasse serre la mâchoire : si Louve refuse toujours, elle ira demander à d’autres, à chacun des Peaux-Rouges du camp, jusqu’à ce qu’il y en ai un qui accepte. Si son surnom n’avait pas été basé sur ses jambes, elle aurait tout aussi bien s’appeler la Tenace, a toujours se battre même quand elle sûre de perdre.
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyMar 3 Juil 2018 - 12:58

La Louve avait le cœur tendre, probablement trop pour une guerrière de son rang, et elle était surtout de celles qui savent reconnaître l'obstination lorsqu'ils la voient.
Elle était elle-même Obstination.

Là, face à elle, la grande échasse restait, campait sur ses positions et n'acceptait pas le refus. Elle gagnait un bon point, par son attitude, par sa force de caractère, aussi, que la sans-pitié savait apprécier plus que quiconque.
Mais les qualités d'esprit suffiraient-elles ? Que faire si le corps ne suivait pas ?
Tu connais la réponse Louve, oh oui tu la connais. Toi non plus tu n'es pas forte, toi aussi tu es rongée de l'intérieure, détruite par un acte de courage et qui, pourtant, t'affaiblit.
Si ton antre souillée peut être compensée, alors pourquoi pas des jambes trop longues ?

Elle hésitait, conservant son air dur et tranchant, son regard perçant et plus affûté qu'une lame de chasseur.
« Tu veux affronter les Hommes de glace ? »
Trop dangereux, même elle le savait. Ils ne connaissaient encore rien de leurs ennemis et les rares éclaireurs envoyés ne revenaient pas. Il fallait recruter, partir pour aller chercher du savoir, le maîtriser, et trouver un moyen de contrer.
Parce que, pour le moment, ils ne pouvaient rien contre les êtres du froid.
« Avec Louve tu n'apprendras pas juste un peu, tu iras jusqu'au bout, et ton corps apprendra par le mal. Es-tu sûre de ne pas vouloir un autre guerrier pour te montrer et t'aider ? »
Mais les autres étaient comme elles, du moins les vrais combattants, les Piccanniny, pas ces faibles de cueilleurs et de soigneurs qui parlaient à la nature et prônaient la paix et le respect.
On ne gagne ces deux choses que par les armes et le sang.

« Si tu te sens prête alors oui, nous pouvons essayer quelque chose, mais tu ne pourras ni gémir, ni reculer ; et tu devras travailler avec les autres apprentis de la Louve »
Elle n'en avait réellement qu'un, en vérité : un qu'elle avait reconnu comme sien. Les autres n'étaient que des visages pâles aux grandes pensées mais aux petites forces et à la moindre volonté.

« Que sais-tu faire ? »


Dernière édition par Louve Féroce le Mer 26 Sep 2018 - 17:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyMer 19 Sep 2018 - 18:30

A la première question, elle opinât. La femme avait l’air inébranlable, quand on la regarde, on a l’impression qu’elle n’a jamais mis un genou à terre une fois dans sa vie. Feather déglutit sans se décontenancer pour autant, ne quittant pas son interlocutrice des yeux.

- Je veux pouvoir protéger les autres ! Et là, ça passe par pouvoir faire quelque chose contre eux…

Ca lui tape dans le crane depuis qu’elle a quitté l’arbre. Elle a bien vu que des Garçons perdus manquaient à l’appel, et l’Echasse ne savait pas vraiment où ils s’étaient fourrés.
Elle entend les mots qui veulent faire peur, qui veulent la dissuader, mais il ne faut pas qu’elle flanche. Au contraire elle est comme galvanisée, elle sent l’excitation se répandre dans ses veines, et elle est encore plus avide d’avoir la possibilité d’agir. La louve l’impressionne, peut-être que la Grimpeuse la craint, juste assez pour lui montrer le respect qu’elle lui doit, surement.

- Je suis sûre, je veux pas demander aux autres si tu acceptes.

Elle gardait encore les marques de ses escapades, de ses courses effrénées dans la dense forêt, de ses mauvais sauts : tout son corps avait le mal et l’adrénaline dans la peau, même si Feather imaginait bien après les paroles de la Piccaninny, qu’elle allait la pousser à bout, jusqu’au fond du précipice de la douleur. Les conditions énoncées lui allaient, alors elle hocha juste la tête, le bord de ses lèvres se relevant à peine.
C’était une petite victoire pour la fillette, déjà. Même si elle essayait de s’attendre au pire concernant l’entrainement a venir.

- Je grimpe, bien. Je cours vite. Je sais imiter les oiseaux… même si on ne les entend plus, en ce moment…

Comptant sur ses doigts en tentant de lister ses qualités, elle ne savait visiblement pas très bien se vendre. Le problème était qu’elle n’avait touché des armes qu’en se faufilant en cachette dans l’armurerie, sinon le couteau qu’elle avait toujours à la ceinture pour récolter dans le Grand Arbre. Tout ça ne lui faisait pas une expérience de combat reluisante. Et les rares fois où elle avait été victorieuse, c’est parce qu’elle avait été dans un état de rage tellement inattendu qu’elle avait surpris les garçons contre qui elle se battait. Mais elle-même se rend compte à quel point c’est anecdotique.

- Peut-être surprendre, aussi ?
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyMer 26 Sep 2018 - 17:32

Protéger les autres... oui, c'était des mots qui parlaient à la Sans-Pitié. Il n'y avait que deux raisons pour se battre : la tribu et la vengeance. Cette petite savait quoi dire, percer la carapace épaisse de la Louve. Ce n'était pas si difficile au fond, elle était bien trop faible face aux papooses, et les évitait justement parce qu'elle le savait. Cette vie en commun n'était pas une bonne chose. Elle hésitait, tanguait, son avis vacillant sur la branche fragile de l'hésitation.

Après un long, très long moment, Louve finit par pousser un soupir à faire frissonner les Esprits.
Encore une... oui encore une petite chose qu'elle allait prendre entre ses crocs pour les endurcir et leur donner une chance de vivre. C'était peine perdue au fond, une énergie dépensée et jamais ramenée puisque ces visages pâles-là ne grandissaient jamais.
Des petits guerriers éternellement débutants, des corps encore fragiles qui ne deviendraient jamais de solides troncs.
Elle savait à quel point l'âge de papoose était fragile et facile à casser. Elle savait à quel point les plus grands – les hommes surtout – pouvaient faire disparaître le bonheur d'avant d'un simple coup de rein.
Des blessures qui marquent et vous aident à dire adieu à ce que l'on était avant. Comme les papillons, en moins beau et moins faible.

« On part du tout début alors, ton corps n'a pas appris et ton esprit n'est pas formé... »
Un constat, dure et tranchant, sans appel, mais un simple constat tout de même.
« Parfois c'est mieux, de partir de rien. Mais tu dois promettre quelque chose à la Louve... »
Oui une promesse, elle y tenait. Une promesse à tenir, une promesse qu'elle graverait pour que personne ne puisse l'oublier, surtout pas elle.
« Lorsque le seigneur papoose - le visage-pâle volant, le pan aux rêves intemporels - aura décidé que tu ne peux plus rester avec lui, tu viendras ici et tu rendras à la Louve ce qu'elle t'a appris, en devenant guerrière utile au clan ».
Elle n'aimait pas les étrangers qui venaient, mais aimait encore moins l'idée que son enseignement puisse se perdre chez les Hommes de mers. Celle qu'elle formait devait revenir à son maître.
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyMar 2 Oct 2018 - 21:27

Elle écouta, sans rien dire d’abord.

Grandir la terrifiait, mais il fallait surement y penser, parfois. Ça arrivait plus souvent qu’on le pensait. Elle revoyait au fond de ses yeux tous les bannis, qui avaient dû tourner le dos à leur maison. Son cœur se serra, et elle porta comme par réflexe une main à sa poitrine. On devait les oublier, mais…

La demande de promesse résonnait comme si son crâne était devenu vide. Il fallait déjà décider de ce futur qu’elle espérait le plus lointain possible.
Dans ce qu’avait dit la Louve elle retrouva quelque chose qui la tiraillait depuis quelques temps déjà, au-delà de toute l’implication que son accord aura pour son avenir.

« Quand Peter ne voudra plus de toi », voilà ce que ça voulait dire.

Il les abandonne, il les jette quand il les juge inutiles, le petit tyran. Il a tué Mirka. Il a banni tous les autres. Il les a tous tué, ses sœurs et ses frères qui ont eu le malheur de ne plus lui convenir. Feather les aimait. Les sourcils de l’Echasse se froncèrent, ses poings se serrèrent autant que sa mâchoire.

La Grimpeuse n’aura jamais prêté réellement allégeance à Pan, et cela n’arrivera pas. Le bourgeon de haine qu’elle avait en elle survivra au gel, et finira par fleurir, mais il n’était pas encore temps, il y avait plus important. Il attendra.
Elle hocha la tête. Si elle avait été plus mature et réfléchie, elle aurait su pourquoi elle avait si peu attendu avant d’acquiescer à une condition aussi lourde. Mais si elle n’a pas encore conscience de tout ce que son accord pourrait impliquer, elle n’avait de toute façon pas vraiment prévu de grandir.

- Hm. Oui d’accord, je viendrais là quand on me chassera…

C’était solennel, un petit peu. C’était un peu l’effet que ça lui faisait, comme si il fallait que ça le soit. Elle ne savait pas trop pourquoi la Louve lui demandait ça, mais Feather n’avait déjà plus qu’en tête la suite des évènements, et c’était ce qu’il fallait de toute façon, pour que son esprit ne s’attache pas trop à ces choses-là, l’Echasse ne voulait jamais trop y penser. Et pour ne plus penser, il fallait faire.

- Je suis prête alors.
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyLun 15 Oct 2018 - 11:45

« Quand on me chassera »... la Louve ne dit rien mais elle ne pensait pas moins. Pan ne chassait pas toujours ses enfants, certains partaient d'eux-même, ouvrant les yeux sur le monde cruel de ces papooses parfois plus durs que les hommes des mers.

Comme tous les peaux-rouges, Louve avait entendu des histoires sur tous ces jeunes gens rejetés, ceux que les Hurons et les Delaware accueillaient parmi eux sans aucun retenue.
Si celle-ci devait partir, hors de question que l'enseignement de la Féroce ne se perde. Ce Givre marquerait assez les esprits pour apporter le changement, un changement terrible et peut-être même définitif.
Rien ne serait plus comme avant, nulle part, elle le sentait, sa truffe s'agitant dans le vent pour essayer de capter ces déplacements changeants d'un demain sanglant.
Son esprit résonna d'une crainte silencieuse matinée de hâte.
L'heure du combat.

La papoose avait accepté, mais les mots ne suffisaient pas.

Sans ciller la Louve sortit son coutelas et tendit la main, paume ouverte. D'un geste brusque et décidé elle entama la chair, laissant le sang couler, ressortir de la plaie avant de goutter sur la gauche et de suivre la courbe du poignet. L'air vif lui mordait les doigts mais elle n'avait que faire.

Elle tourna le couteau, les doigts sur la lame et tendant le manche à sa future apprentie.
Oui les mots ne suffisaient pas et qu'importaient les maladies qui couraient, un Brave n'avait pas peur de ce genre de choses : il savait sceller dans le sang les pactes éternels, ceux sur lesquels les Esprits veilleraient, pour qu'ils soient appliqués.

« Si tu ne respecte pas le Lien alors l'île ne te laissera jamais en paix et tu seras maudite. Les Loups hanteront ton esprit et le rendront fou, feront de toi l'être solitaire qui hante les nuits et les jours, incapable de se lier à quiconque. Tu ne pourras pas aller contre la promesse faite à la Louve. »
Et elle garda sa main tendue, attendant la formation du Lien.
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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptyJeu 25 Oct 2018 - 19:08

Elle fixa la lame brillante tendue vers elle, tachée du liquide pourpre, puis releva les yeux vers la Louve.
Elle se rappela, ces enfants qui s’entaillaient le pouce, avant de mélanger leur sang, juste éclairé par la lumière vacillante d’un feu. Elle l’avait déjà vu par hasard à l’Arbre, comme un rituel qui se fait à l’abri des regards. Mais ici, la promesse n’avait pas l’air d’avoir vraiment la même portée.

Elle saisit le couteau, imprimant la forme de la plaie de la Sans-Pitié sur sa rétine, et pressa la lame contre sa propre paume. Jamais elle ne s’était blessée volontairement, alors peut-être, elle eut l’air d’hésiter une fraction de seconde, la lame contre la peau. Feather ferma les yeux lorsqu’elle anticipa la sensation de ses chairs qui se séparaient,  retenant son souffle après une courte inspiration.
Louve était restée impassible, alors l’adolescente tenta de l’imiter. Elle s’était déjà cassé des choses, c’était qu’une petite coupure, c’est ce qu’elle se répétait alors que le liquide chaud et poisseux commençait à se répandre dans les crevasses de sa main, marbrant sa peau.

Les mots de la Piccaninny résonnaient en elle : est ce qu’elle savait faire de la magie ? Invoquer réellement des esprits ? Feather en connaissait trop peu sur ces clans, et les adultes en général pour ne pas croire sa menace de malédiction, qu’elle soit réelle ou factice. Tout était possible sur l’Ile, il ne fallait jamais l’oublier, et elle n’avait aucune envie que les menaces de la Louve se réalisent.
Tout ça était vraiment très sérieux : mais la Grimpeuse l’était aussi. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’apprendre à se battre, d’être formée par de réels combattants. Dans le Grand Arbre, tout avait toujours l’air d’être un jeu, même si la mort venait régulièrement leur rappeler la réalité, que tous s’empressaient d’oublier à nouveau. Sinon, on finissait par grandir.

Elle tendit sa main vers celle de la Louve, et pressa leurs deux paumes, fronçant les sourcils lors du geste. Ca picotait.

- J’ai qu’une parole !

Elle ferait n’importe quoi pour sa famille, quitte à sceller son destin contre du savoir. L’important c’était de pouvoir les protéger, le reste n’avait plus d’importance à présent, la menace du givre était trop grande, et elle sentait pour la première fois cette pression pourtant presque inexistante sur l’ile d’habitude : le temps qui la presse.
Ses pupilles cendrées brillaient, non pas à cause de la coupure de la lame, mais d’avidité.
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L'Ombre
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✘ AVENTURES : 2537

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MessageSujet: Re: Mordre la poussière   Mordre la poussière EmptySam 29 Fév 2020 - 13:35

The End


Nul ne sait comment cette aventure s'achève,
On l'aura oublié, dès que le jour se lève.


FIN DE L'AVENTURE




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