Peu bavard, courtois, humble en apparence, Scratched est un individu qui préfère généralement s'effacer et qui (tant qu'il se tait) ne donne pas de raisons de ne pas se faire apprécier.

C'est un grand gaillard musclé auquel on donne facilement quelques années de plus. Il impressionne par sa stature et par l'aura de sérieux qui émane de sa personne. Il donne la sensation d'être quelqu'un de solide, fiable, responsable, sur qui on peut se reposer. Selon les sensibilités et si on commence à mieux le connaître, on change sans doute d'avis assez rapidement.

Ses cheveux sont frisés, initialement roux, décolorés en blond (et c'est un secret lourdement gardé, car il est plutôt d'avis que les teintures et autres trucs pour les cheveux, c'est pas pour les hommes hétéro - les vrais, quoi).

Dans le peu de non-temps qu'il a passé sur l'île, il a déjà réussi à perdre l'œil droit. Selon lui il s'est battu avec un fauve de nature non-identifiée lors d'une balade à distance de l'arbre et ne s'en est sorti que de justesse. En réalité il a mal parlé à une fée qui, comme toute fée désormais, était malheureusement armée d'une rapière.

De longues cicatrices ornent ses bras, lacérations horizontales réparties entre ses coudes et ses poignets. Selon lui, c'est aussi le tigre qui les a faites, et parfois il se blesse aussi en travaillant le métal. Il remonte très rarement ses manches, préférant ne pas avoir à se justifier de ces marques.

Malgré ses cheveux clairs, il a les yeux sombres. Anthracite, presque noirs. Ca lui donne un regard profond, rapidement ombrageux.

Très diligent, très travailleur. Il prend à cœur les responsabilités qu'on lui donne. Il est capable de bosser longtemps, pas forcément conscient d'être fatigué. Ses projets personnels passent après les besoins du groupe.

Ni gentil ni méchant, il essaie d'être agréable, surtout avec les enfants. Même s'il arrive qu'ils lui tapent sur le système. Les grands ont le devoir de s'occuper de leurs cadets (ses anciennes connaissances dans l'Ordinaire auraient trouvé ironique qu'il pense ça).

Il n'est pas forcément très prompt à la remise en question mais s'il considère qu'il a merdé selon son système de valeurs, il est important pour lui d'assumer ses erreurs. Il essaie d'être une personne honorable. L'honneur, c'est très important (oui, les règles aussi).

Ses goûts vestimentaires sont simples : il faut que ça ne fasse pas un pli. Que ça passe inaperçu ou éventuellement, si le contexte est adapté, que ça soit classe, BCBG (costumes et compagnie). Pas de vêtements trop anciens, c'est pas carnaval. C'est bon pour une tenue d'Halloween, si y a soirée déguisée. Les treillis c'est cool mais si on est pas un militaire c'est pas super adapté d'en porter un. Y a que les cassos qui se la pètent avec leurs fringues. Surtout pas de couleurs vives. C'est plutôt fait pour les meufs. Avec lui on va dans le sombre, noir, gris, marron, vert foncé, bleu foncé... blanc bien sûr. Et surtout pas de motifs.

Par ailleurs il déteste les accessoires pour des raisons que vous aurez comprises. A la rigueur, les chevalières et les chaines discrètes au cou passent. Il détestera trouver ça classe sur d'autres. Il détestera encore plus regretter de se refuser tout écart à ce sujet. Surtout les bracelets de force... Mais bon. Il n'est pas métalleux (encore heureux !). S'il doit porter une protection de bras c'est qu'il aura une raison utilitaire de le faire.

Sans doute marqué par ce qui a pu arriver quand il était plus ouvert, Scratched ne dit pas forcément ce qu'il pense, en bon hater silencieux. Très laconique, il cause encore moins avec les gens qu'il méprise.

S'il est généralement très calme et posé... Il vaut mieux qu'il le reste. Quand son impulsivité prend le pas sur la raison, il compense son self-control habituel par une violence disproportionnée.

Il a des tendances vantardes. Il aime qu'on le regarde avec admiration. Néanmoins, il est moins à l'aise avec ça qu'avant l'île. Il essaie de faire preuve de plus d'humilité qu'avant, c'est plus noble. Même si pour cela, il faut compter sur la fausse modestie.

Pourquoi Scratched ? Parce qu'il est arrivé tout pile après une sale bagarre, au cours de laquelle on l'a flanqué d'une belle entaille au bras. Nerveux, il n'arrêtait pas de la gratter. Du coup ce surnom l'a emporté sur les autres qui ont été proposés.

Scratched est souvent très poli quand il s'adresse aux autres. Ses pensées le sont au contraire rarement. S'il s'énerve ou s'il se débride en bonne compagnie, les apparences peuvent tomber.

Il se souvient vaguement qu'il est anglais. Son accent nord-anglais prononcé laisse à deviner qu'il a dû grandir dans les environs de Leeds.

Gros fumeur, désespéré de ne pas réussir à arrêter, parce que ça fait tâche. En plus, il est très sportif. Ca va pas avec le tableau.

Déteste l'alcool au plus haut point. N'en boira jamais une goutte (même s'il était ivre quand il est arrivé sur l'île). C'est un véritable poison qui change les gens en épave. Il n'aime généralement pas les gens qui boivent. Ne lui parlez même pas de drogues en peinture.

Énormément dans le contrôle. Ne supporte pas de le perdre.

Très attiré par la mythologie scandinave et par l'aura fantasmée des vikings, il lira passionnément tout ce qu'il trouvera sur le sujet et collectionnera les objets à l'esthétique associée. Il fronce du nez face à toute musique saturée mais éprouve en réalité une forme de plaisir coupable lorsqu'on lui met dans les oreilles quelque variante folk de métal.

Son calme apparent peut-être facilement brisé si on insiste pour lui envoyer des piques ou bien si on appuie là où ça fait mal. Extrêmement susceptible, il est du genre à passer de 0 à 100 direct après avoir bouilli intérieurement trop longtemps sans que ça ne se remarque.

Déteste quand on le traite de mouton à cause de la nature de ses cheveux. Il peut rapidement en venir aux mains. Mieux vaut aussi éviter de lui faire remarquer ses tâches de rousseur (il ne les aime pas du tout).

Très pâle, il prend rapidement des coups de soleil.

Il se satisfait de ce qu'il a mais ne dirait pas non à devenir chef si l'occasion se présentait. Ca tourne pas assez rond dans ce cirque. Il aspire à rétablir plus d'ordre.

Il se sent à sa place chez les armuriers. Il est fasciné par les armes blanches... Il éprouve pour elles une forte attirance mêlée de dégoût qu'il ne s'explique pas (il préfère se concentrer sur le positif). Un ami lui avait appris plein de trucs sur l'armement militaire. Il essaie de s'en rappeler pour l'appliquer bon gré mal gré. Mais ce qu'il préfère faire, c'est customiser ses créations avec diverses runes et sigils.

Répète à qui veut l'entendre dès qu'il en a l'occasion qu'une arme blanche n'est pas un jouet et qu'il faut faire attention en la maniant car un accident est vite arrivé.

De l'Ordinaire, il a ramené un impressionnant cran d'arrêt, lequel était plein de sang frais avant qu'il le nettoie. Il ne veut même pas savoir pourquoi. Il le garde tout le temps sur lui, comme s'il avait peur qu'il tombe entre de mauvaises mains.

Il a jeté presque toutes ses possessions personnelles d'avant l'île, sauf une photo de lui à l'anniversaire de ses 16 ans qui était pour une quelconque raison restée dans son portefeuille. Il a l'air déjà plutôt vieux sur l'image. Il se dit qu'il pourrait s'en servir comme preuve de fortune si on l'accuse d'avoir passé la barre des 18 ans. On est pas tout le temps confiant ici quand on a son âge et son apparence.

Scratched a de grosses tendances conspirationnistes. Heureusement il ne se souvient plus des théories de l'Ordinaire, mais il sera bien crédule si on lui vend un complot. Parfois il en soupçonne l'existence tout seul.

Il adore les animaux prédateurs. Il aime aussi beaucoup les animaux tout court mais n'assume pas trop quand ceux-ci sont petits et mignons. Il voudrait un gros canidé de compagnie... Un gros chien, ou un loup. Pas un reptile, ça fait trop cassos. Pas un félin, ça fait trop gay.

Il a une très bonne opinion de la famille royale anglaise même s'il ne se souvient pas de grand chose et que c'est plus trop l'endroit de toute façon. Il se vexe quand on ne les respecte pas. Il était... très fan du prince Harry.

Très maniaque, il s'énerve quand un lieu est mal rangé, ou encore trop poussiéreux. Les hygiènes corporelles douteuses lui déplaisent aussi beaucoup. Il tolère virilement (rires en boîte) les conditions de vie rudimentaire de l'arbre, mais ça serait mentir de dire qu'il n'est pas attiré par le luxe et le confort.

Grand affabulateur, s'il ne veut pas qu'on sache un truc à son sujet, il n'hésitera pas à inventer une histoire pour cacher la vérité. Parfois il se prend à croire à ses propres mensonges.

TW : mention d'automutilation
Les marques sur ses bras viennent en réalité d'un besoin qu'il a de se purifier en faisant couler le sang. Il a beaucoup à se faire pardonner, même s'il ne se souvient pas de l'acte qui le marque tant. Ca l'aide aussi à gérer ce qu'il considère comme des dysfonctionnements personnels (quoi ça ? Non mais c'est... vraiment très très personnel). L'idée lui est venue assez naturellement de la première marque qu'il a reçue, le soir même de son arrivée sur l'île.

Ca va, c'est cool. On apprend tous les jours des trucs assez incroyables, on ne s'ennuie jamais, je fais des trucs qui me plaisent. Y a des abrutis dégénérés et des gens sympa, ça, ça change pas. Le côté survivaliste c'est un peu moins rigolo et la bouffe laisse souvent à désirer mais bon, on fait avec.

Je... sais pas. C'était bien aussi. Mais en même temps c'était pas si bien. Un peu pareil qu'ici, finalement. Sauf que j'étais obligé de partir, je sais plus pourquoi. Enfin. Du coup la question se pose pas quoi ! Ca me manque pas trop. Globalement je crois que je respire mieux ici que là-bas.

Peter ? Bah c'est Peter, je lui dois le respect. Je crois qu'il m'a sauvé le cul ? Il a un tempérament un peu bizarre mais bon. C'est un enfant, c'est normal. Je l'ai pas assez côtoyé depuis mon arrivée pour qu'il y ait plus à en dire que des évidences. Le capitaine Hook je l'ai jamais vu, mais de ce qu'on en dit il est redoutable. J'ai pas spécialement envie de croiser sa route, même si je m'écraserai pas comme un lâche si ça doit arriver. C'est l'ennemi, quoi. Pas un ennemi à prendre à la légère.

Andrew est né en 2001, au Royaume-Uni.
Arrivé sur l'île fin 2018, devenu Scratched suite à la perte de son ombre et de son nom, il a échappé à tous les dérèglements climatiques qui ont précédé et profite du printemps nouveau sans même s'imaginer ce que les perdus qui sont ici depuis plus longtemps que lui ont traversé.

06/03/2008

Bonjour carnet !
Moi c'est Andrew et aujordui j'ai 7 an !! Tu es le caddeau d'aniversaire de tante Susan et elle m'a di qu'il fau beaucout écrire pour être fors à l'école ! Alors je vais FAIRE SA !!! Tu va voir on va tro s'amuser toi et moi !! Sinon je vais avoir un peti frère dans CINQ MOI. Je vai pouvoir jouer avec lui tous le temp je m'ennuierais PLUS JAMAAAAAAAAIS !

- - - -
- -
-

11/08/2008

Salu !
Bon ben le bébé est né et finalement j'ai une soeur voilà... Mzman étais sur mais elle a pas voulu demander au docteurs, et maintenans papa il est énervé. ET MOI AUSSI. Pff c'est nul. J'aime pas les fille je pari qu'elle voudra meme pas jouer au trucs interessans. Pour l'instan elle est chiante en tou cas elle fais que pleurer et boire du lai. Je l'aime pas !! T'ES TROT NULLE BETHANY BOUUUUUUUUUUUUUUUUUUH !!!

- - - -
- -
-

06/03/2009

Coucou. Aujourd'ui j'ai 8 ans, j'ai pas écri en fait c'est trot RELOU. Mais bon j'ai penser a toi la du coup voilà. Maman et papa se sont disputé, ils aurait pas pu choisir un autre jour ??? Il parait que papa a perdu son travail alors du coup on va plus au parc d'atraction demain. Bethany elle a qu'a manger MOIN DE LAID si elle était pas la on aurait pu y aller !

JE L'AIMERAIS JAMAAAAAAAAIS !!!

- - - -
- -
-

09/10/2013

A l'école les copains ont dit que les journaux intimes c'est un truc de meuf. Je sais pas trop pourquoi je m'en étais pas rendu compte avant. C'est la dernière fois que j'écrit dans ce truc et c'est pour dire que tous ce qui s'y trouve est ANNULÉ. De toute façon tante Susan c'est une grosse conne qui valide Bethany dans ses délires, elle avait qu'à lui offrir à elle. Je sais même pas pourquoi j'écrit sa J'ARRETE c'est un piège à con.

Le texte et le reste de la page sont gribouillés violemment, au point de graver le papier et parfois de le déchirer. Plus tard le carnet sera brûlé et ses restes jetés à la poubelle, toutefois insuffisamment endommagé pour rendre son contenu entièrement illisible. Swann  (?) en a récupéré les restes pour une raison qui lui échappent encore à ce jour, son frère étant un véritable salopard.

--

Quelque part dans le temps en 2014 - Andrew, 13 ans

On peut vraiment pas compter sur les potes. L'an dernier on s'entendait trop bien et ça y est maintenant je suis un sale paria, genre je suis trop petit les roux ça a pas d'âme, et les cheveux frisés ça fait mouton, et les appareils dentaires ça fait gros nerd moche, et je suis un bouffon parce que mes vêtements sont achetés d'occasion et rapiécés. Comme si j'y pouvais un truc si le daron préfère s'acheter des bières et du whisky plutôt que de me donner des fringues valables ! Ce genre de conneries. Ils ont honte de traîner avec moi en fait mais je suis pas comme ça moi ! Ils verront plus tard je vais leur mettre une misère et là ils auront trop honte mais de m'avoir pris pour un raté.

Et ça commence aujourd'hui. Désormais qu'on me laisse rentrer de l'école à pieds, j'ai une plus large marge de manœuvre. Je me pose à l'entrée, sur un banc. Le paquet de clopes dans ma poche est presque vide, mais c'est pas grave du tout ça fait largement le taf. Je coince l'avant-dernière cigarette entre mes dents. Je sors le briquet... Pas pratique ce truc. Je m'y prends à quatre reprises pour l'allumer. Il m'a fallu quelques essais pour comprendre comment protéger la flamme du vent, en tous les cas assez longtemps pour que je puisse l'approcher de la clope et tirer dessus jusqu'à ce qu'elle soit correctement embrasée.

Je peux enfin prendre une vraie bouffée.
......
....
..
.
MERDE ! Je m'attendais pas à ce que ça gratte à ce point. Je m'étouffe, je tousse comme un asthmatique. Dès que j'ai fini de cracher mes poumons je me retourne, anxieux. Ils sont encore loin, personne n'a rien vu. OUF.

Je recommence, mais la fumée reste dans ma bouche. C'est pas comme ça qu'on est censé faire, si ? Pas grave, on verra plus tard. Ca fait illusion, ça fait le taf. Ils ont fini de causer, je les vois qui arrivent. On me jette des regards en coin.

Leur sourire tordu s'éteint lorsqu'ils voient ce que je suis en train de faire. Je crois bien qu'ils sont au moins deux à avoir fait les gros yeux. Je les entends murmurer des trucs que je ne comprends pas, mais je m'en fiche. Je crois qu'ils sont impressionnés !

Je cache mon sourire victorieux.
HA ! Vous l'aviez pas vue venir celle-là, hein ?
Je suis plus cool et j'ai l'air plus mature que toutes vos têtes de cons réunies.

--

Quelque part dans le temps en 2015 - Andrew, 14 ans

Puni... PUNI pour CA ? Ils devraient me récompenser, oui.
Maintenant je dois rester dans ma chambre tout le week-end, et peut-être aussi les suivants. Pour ce que ça change. Avec qui est-ce que je sortirais ?

Sur le principe, l'injustice me retourne le ventre, et j'envisage de m'enfuir par la fenêtre juste pour leur faire les pieds. Je peux pas fumer dans la maison, c'est le seul truc qui me contrarie vraiment, parce que j'en ai vraiment envie. Maman commence à se demander où disparaissent ses fonds de paquets, alors si ça sent elle va capter c'est fini.

Quoi, si j'ai vidé les bouteilles et les canettes de cet ivrogne dans l'évier ? Ca lui ferait pas de mal d'être sobre, pour une fois ! Il pourrait au moins essayer de chercher du travail. Surtout s'il s'inquiète tant pour son argent que j'aurais prétendument "jeté par la fenêtre".

Cette larve molle et passive constamment couchée sur le canapé a tenté de faire le gros dur, comme si elle avait moindrement le droit de me faire des remarques, ou d'essayer de jouer son rôle de père. Il est ridicule. J'ai fait que dire la vérité, alors pourquoi c'est moi qu'on sanctionne ?

"Je t'ai fait une FLEUR. C'est l'occasion ou jamais de te reprendre et d'arrêter d'être une grosse merde. D'où est-ce que tu te permets de m'engueuler ? T'as aucune légitimité ! Grosse FIENTE incapable de prendre ses responsabilités. T'es torché à longueur de journée, ça fait des années que t'es au chômage, t'es entretenu par ta femme t'as pas honte ? Tu serais mort ça serait pareil t'es jamais impliqué dans nos vies, tout ce que tu sais faire c'est siphonner la thune de maman pour boire, et après y a plus rien même pour tes enfants ! D'où est-ce que tu fais ton daron maintenant ? De toute façon t'es qu'une merde irrécupérable ! Tu vas juste retourner acheter ton alcool de MERDE et dire qu'à cause de moi on va galérer à finir le mois et bouffer des patates à l'eau tous les jours, c'est ça ??? C'EST CA ?"

Et rien qu'avec ça j'ai aussi perdu le soutien de maman qui pourtant était à deux doigts de me donner raison. Quelle grosse hypocrite, elle aussi. Elle sait pertinemment que tout ce que j'ai dit, c'est VRAI.

Pff.. Je les déteste. Au moins j'ai encore internet. Je vais allumer ce vieux coucou pourri qui date de l'âge de pierre et quand il aura enfin démarré peut-être que je vais réussir à oublier ces conneries... A quoi ça sert que je me casse le cul, hein ? Cette sale merde lâche et sans volonté changera jamais. Si j'avais encore un doute maintenant j'en suis persuadé.

--

Quelque part dans le temps en 2016 - Andrew, 15 ans

Mais en fait ils sont jamais contents ? Je veux dire j'étais pas grand ils se foutaient de moi, et là paf je grandis super vite je suis trop refait, je pense qu'on va enfin me foutre la paix à ce sujet, et ils font chier quand même. Fil de fer ! Haricot !

Mais je les EMMERDE.
Et d'un côté... Je sais qu'ils ont pas entièrement tort. J'aime bien les regarder de haut mais j'ai vraiment une carrure d'allumette, ça fait pas une silhouette flatteuse, on dirait que je vais casser en deux au moindre coup de vent. Y a ce grand qui m'avait filé des clopes qui m'a dit que j'avais le physique pour faire de la muscu cela dit... Je sais pas trop comment il peut voir ça ? J'espère que c'est vrai !

Il est sympa, Jeremy. Je crois qu'il m'aime vraiment bien c'est cool d'avoir enfin  des vrais amis ! Et pas grave s'ils sont plus vieux, je fais déjà leur taille maintenant alors ça se voit à peine. Pis c'est vraiment un coup de bol qu'il ait du matos chez lui parce que j'aurais pas pu me payer la salle de sport ou je sais pas quoi. Si je deviens fort et musclé peut-être que je pourrai rejoindre le club de rugby de l'école ! Ca c'est un super projet. Et ça sera l'occasion de foutre une branlée aux connards de ma classe qui y participent sans que personne puisse m'en vouloir de l'avoir fait, genre c'est le jeu.

Ca m'intimide quand même un peu, maintenant que je suis devant sa porte... Pourquoi ? C'est pourtant pas si gênant quand on se voit à l'extérieur ! Allez, stop les conneries. Je sonne.

--

Quelque part dans le temps en 2017 - Andrew, 16 ans

Eh bah voilà...
Fallait s'y attendre j'ai envie de dire, comme ils lui laissent tout passer à cette gamine illuminée. Maintenant c'est plus "Bethany", c'est "Swann". C'est quoi ce prénom pourri en plus ? On avait déjà remarqué que c'était un drôle d'oiseau, celle là... J'vous jure dans quelques années elle va se raser les tifs les colorer en bleu et ça va partir en n'importe quoi sauce tumblr.

Tout ce qu'elle sait faire c'est de se victimiser en plus. Très fort pour une gosse de neuf ans, ça commence tôt ! Genre je l'insulte et je la harcèle constamment. Non mais on croit rêver ! Elle devrait être contente que j'essaie de lui foutre du plomb dans le crâne cette idiote, considérant que je peine à la supporter. Avec sa musique de merde trop fort là ! Mais d'où on écoute ça à NEUF ANS, bordel ?

Ce monde c'est vraiment la décadence j'en peux plus. Et à elle on lui dit jamais rien !!

Vous savez quoi ? Pas mes oignons. C'est bon ! Cette famille de dégénérés, qu'ils aillent se faire cuire le cul. J'en ai assez fait, de toute façon dans deux ans je vais enfin pouvoir me casser et autant dire qu'ils verront pas souvent ma gueule après ça.

Juste trois gros coups contre sa porte. Je l'entends sursauter.

"BAISSE LE SON petite conne ! Y en a qui essaient de TRAVAILLER ici !"

Ce commentaire de texte c'est pour demain et en plus c'est vraiment pas mon fort... Il est où le respect ???



Tout le monde est d'accord sur un truc : Leslie est super bien foutue, à peine trop chubby mais super bien roulée, super sexy. Personne ose le dire comme ça devant Jeremy mais tout le monde aimerait bien se la taper. Par ailleurs y en a pas mal qu'ont réussi, mais bon. Je suis quand même bien content qu'elle ait jeté son dévolu sur moi. On s'entend plutôt bien en plus. Heureusement, en fait. Y a un truc qui va pas chez moi, c'est ptetre trop de clope et je devrais me presser d'arrêter pour de bon. Ou alors j'ai une carence à la con à cause de la merde qu'on bouffe chez les parents. Pourtant je leur ai mis la pression, pour une fois ça a marché, c'est pas de la grande cuisine mais ça fait le taf. Si c'était pas le cas, j'aurais encore l'allure d'un vermisseau géant.

Ses parents à Jeremy et elle sont super thunés ça change la vie, c'est incroyable. On se fait de ces sorties en amoureux j'ai jamais autant profité ! La bouffe , les endroits incroyables. Voilà ce qui se passe quand on est pas un putain de raté comme mon daron : on se crée une vie tout de suite beaucoup plus agréable. Quand je suis obligé de rentrer - je vis toujours chez ces loosers - vraiment je l'ai en travers. C'est pas mon monde, leur misère à la con dans laquelle ils se complaisent comme dans une mare d'étrons flottant dans l'éthanol.

Bon après ça va quand on profite à deux mais je vais quand même pas laisser ma meuf tout me payer. Justement je suis pas mon père, ça va. Ca a l'air de la faire chier de pas pouvoir faire de cadeaux mais c'est moi qui lui en ferai quand je gagnerai mon propre argent ! Et je vais viser haut, y a pas de raison. Elle voudrait absolument que ses parents me paient le scooter dont je lui ai sans doute un peu trop parlé... Bon après je crois qu'elle aurait bien envie qu'on fasse des tours ensemble. La vitesse je crois que ça lui plaît aussi. Je peux peut-être faire une exception ? Je sais pas. C'est quand même un peu la honte.

--

J'ai craqué.
Je l'ai fait. Putain ça fait des années que j'avais envie de le faire. Avant je faisais pas le poids mais maintenant il a l'air ridicule face à moi, lui et son ventre à bière.

On s'est encore engueulés tous les deux. C'est parti de Bethany (Swann), puis il s'est mis à me reprocher mon "nouveau mode de vie", comme si j'étais un sale lécheur de bottes profiteur. PROFITEUR ? Non mais il s'est vu avant de causer, ce vieux parasite destiné à la cirrhose ?

Je lui en ai foutu une, magistrale, et qu'est-ce que ça a pu me faire du bien ! J'étais à deux doigts de le foutre au sol et de recommencer. Personne aurait été capable de nous séparer, et lui aurait pas pu se défendre. Puis finalement je me suis dit qu'il en valait pas le coup. Il n'y aurait eu aucune noblesse à diriger plus de violence physique contre lui. Ca aurait été s'abaisser à son niveau. Accepter de patauger dans sa fange. Je l'ai fait assez longtemps.

J'ai préféré aller dans ma chambre et faire une valise pour me casser. Personne a essayé de m'arrêter. Leslie m'a déjà proposé de venir vivre avec elle si jamais ça devenait trop difficile, ça sera pas dur de convaincre le reste de la famille si je leur explique qu'on s'est battus. Allez hop c'est bon, je dégage. Qu'ils viennent me chercher s'ils l'osent.

--


J'ai toujours pas mal été sur internet. Enfin, moins depuis que je me suis mis au sport. L'entraînement c'est une vraie sacerdoce (expression du père de Jeremy que j'ai retenu même si y a fallu décrypter). Mais alors depuis que je vis avec Jeremy, j'ai découvert des trucs incroyables ! On s'imagine pas tous les trucs dingues que les puissants font derrière notre dos avant d'avoir vraiment fait des recherches dessus. J'ai bon espoir que la situation s'améliore désormais que la menace Clinton est dégagée et que le gouvernement américain est en mesure de dératiser toute cette chienlit. Mais si y avait que ça...

Twitter c'est un sacré défouloir. Toutes ces petites merdes de SJW special snowflakes (bientôt Bethany va en être c'est sûr), c'est beaucoup trop facile de leur faire chialer leur mère. En vrai souvent je fais même pas exprès mais je crois qu'il suffit que mon doigt ripe sur le clavier et que je mette un caractère accidentel pour qu'ils montent au créneau je sais pas, ils sont complètement parano, c'est du délire cette censure, cette susceptibilité, si on fait rien contre eux on va vraiment rentrer dans un nouvel âge sombre. L'obscurantisme 2.0...

Flemme de lire mes mentions, je me fais probablement insulter de tous les noms par des gros débiles par centaines. Les menaces de mort par MP j'y prends même pas garde. Je viens d'en recevoir une qui attire cependant mon attention.

Je sais où tu habites, ordure. Le monde se porterait mieux sans les connards de ton acabit. Tu vas payer pour eux tous.

Un lien vers un fil, sur lequel je clique, curieux, peut-être pas tout à fait rassuré. J'y ai pas vraiment été avec le dos de la cuillère ces dernières semaines et je suis pas tout à fait sûr qu'aucun de ces allumés ne soit capable de mettre ses menaces à exécution s'il a effectivement le moyen de m'identifier. Mais comment ? J'ai fait gaffe à mon anonymat, non ?
... Je crois.


Je sais pas comment cette enflure a fait pour me reconnaître, mais il est évident que c'est quelqu'un que je cotoye depuis un bail. Quelqu'un qui probablement vit dans le quartier. Il n'a dévoilé que mon prénom en public, mais le MP de menaces que j'ai reçu - qui n'était pas du même auteur - laisse entendre que d'autres trucs ont fuité dans mon dos. Les jours suivants le confirment : ça chie des infos personnelles sur moi et ma famille à tout va. Ca finit par donner mon adresse dans un fil (enfin, celle de Leslie).

Je ne leur fais pas le plaisir de montrer que leur petit manège fonctionne et que je suis perturbé. J'essaie de rester viril, mais je sue un peu derrière les oreilles. Je sais me défendre mais s'ils arrivent à plusieurs et, sait-on jamais, armés, ça pourrait mal se terminer.


--

Quelques semaines passent et rien ne se produit. Le harcèlement en ligne se calme un peu. Je me dis que la tempête est passée. Les tweets qui dévoilent mon identité sont supprimés les uns après les autres, quelques comptes sont bloqués. Bien fait pour ces dégénérés. Je me calme un peu sur les contenus mais je ne leur fais pas le plaisir d'arrêter de poster. Au fur et à mesure que le temps s'écoule, ma prudence s'atténue, la parole se libère à nouveau. C'est presque comme si rien n'était arrivé, si ce n'est que j'ai gagné un superbe cran d'arrêt pour lequel j'ai rien déboursé. Je me prends souvent à l'admirer. Je ne l'ai pas toujours sur moi, ça me dérange un peu que ça soit illégal de me trimballer avec. Mais parfois la tentation est trop grande.

Je me lève, un peu trop tard à mon goût. J'ai une excuse : je reviens de soirée. Je n'ai rien bu bien sûr - je ne touche pas à cette merde - mais on s'est couché à pas d'heure. L'un de mes premiers réflexes est de checker mes messages. Je tombe sur le cul.


--

Quelques jours plus tard, Jeremy et moi on avait fait la paix. Il s'est excusé, la queue entre les jambes. Visiblement c'est ces connards sur internet qui lui ont un peu monté la tête. J'aurais pas imaginé que leur diffamation aurait un tel impact sur ma sphère personnelle. Un peu vexé que Jeremy en soit arrivé à soupçonner que certaines des idioties qu'ils ont sorties soient vraies, je me sens encore un peu boudeur, mais j'en montre pas grand chose. J'ai plus trois ans. Je suppose que l'erreur est humaine.

Cette engueulade, c'était pourtant le début de la fin. Sans le savoir j'étais rentré dans un engrenage nauséabond. Une foutue série noire m'attendait, à commencer par diverses prises de bec avec Leslie, qui s'est révélée insatisfaite de notre relation.

Elle a fini par me larguer sous prétexte qu'on arrivait pas à baiser. C'est hyper vexant, genre je fais exprès. Elle a pas intérêt à aller raconter mes problèmes de santé à n'importe qui cette ☐☐☐☐☐☐. J'suis sûr qu'elle a attendu de trouver un gars bien monté pour me remplacer. Elle pense vraiment qu'au cul, quelle ☐☐☐☐. A quel moment je l'ai trouvée intéressante ?

Je ne peux plus rester chez elle. Contrarié et surtout contraint me voilà, l'air malin avec ma valise, devant chez les darons. Ma fierté en prend un sacré coup. J'ai vraiment pas envie de sonner. Retourner dans leur univers glauque et dépouillé me plombe le moral. Et y aura aussi Bethany. Vie de merde.


--

J'ai emménagé chez un autre pote aujourd'hui. J'ai pas supporté longtemps le "domicile familial". C'était vraiment des engueulades tous les jours, avec tout le monde. Bethany devient vraiment une connasse caricaturale. A dix ans, c'est triste.

Ouais ! Je lui ai foutu une claque ? Et alors ? Comment est-ce que j'aurais pu deviner que ça allait lui faire sauter une dent ? Ok j'y ai pas été de main morte, mais c'est pas comme si je lui avais mis une vraie mandale, à cette petite peste. Quelles étaient les chances pour que ça arrive, hein ? Bah on m'a quand même foutu à la porte. En vrai c'est pas plus mal comme ça.

C'était pas question que j'aille chez tante Susan, elle est aussi moisie du ciboulot que les autres, et j'ai plus envie d'avoir à faire à cette famille de déglinguos. Nate est toujours pote avec Jeremy bien sûr mais on en parle juste pas et comme ça tout va bien.


--

J'ai merdé. Ca fait ça l'alcool ? C'est ça d'être bourré ? Pourquoi j'ai laissé Nate me convaincre de picoler putain... J'avais dit que je le ferais jamais. J'avais besoin de me changer les idées, mais ça marche même pas. Je sors de la boîte. Trop de bruit, trop de gens. J'ai besoin de prendre l'air. J'ai la gerbe.

J'ai vraiment merdé. Ca a mis le temps à faire son chemin mais... C'était vraiment pas à faire. On frappe pas les enfants, même les petits enfoirés destinés à gober des idéologies mortifères. Et en plus on frappe pas les filles, grandes ou petites. Je sais que c'était qu'une claque mais c'était déjà trop. J'ai plus la carrure de mes 14 ans, j'étais trop énervé, j'y suis vraiment allé trop fort. En vrai j'aurais pu lui casser la mâchoire. Lui faire une commotion cérébrale ou je sais pas quoi. Pourquoi j'ai fait ça ? Perdre le contrôle, c'est inexcusable.

Les harceleurs twitter s'y sont remis. Ils ont su pour Bethany, la gosse a dû parler. Les parents peut-être aussi. Les nouvelles vont vite dans le quartier. Je me suis pris une sacrée sauce. Celle là, elle était méritée.

Pourquoi j'ai bu ce poison bordel ? Et pourquoi je me suis laissé convaincre d'en consommer autant ? Je suis malade, j'ai chaud, j'ai froid, je sais pas. Je me sens encore plus misérable qu'avant. Je vide mes tripes dans le caniveau.

"Naaaan... Monsieur  Jamais-Je-Bois-De-Ma-Vie qui se prend la cuite du siècle ? Je l'avais pas vue venir celle là."

J'ai pas les yeux en face des trous quand je me redresse pour voir qui me parle. J'ai pas reconnu sa voix, mais sa tête me dit quelque chose. Il me faut quelques secondes pour le remettre. Un minet que j'ai eu dans ma classe pendant deux ans. Entre nous, c'était pas l'amour fou.

"Casse-toi Fred, je suis pas d'humeur...
- Là je te reconnais. Zéro arguments à part celui de me dire de partir quand ça te plaît pas."

Je ne sais pas comment mon cerveau y parvient malgré la soupe dans laquelle il baigne mais les connexions se font. Révélation.

"Attend c'est TOI la patate stupide ?
- Ca en dit long que tu l'aies pas deviné avant. T'en as harcelé combien d'autres ?
- Est-ce que t'as la moindre IDÉE des conséquences de ce que tu as..."

Je ne finis pas ma phrase. Je me rends compte qu'il n'est pas seul. Il est venu avec son groupe. Mon sang ne fait qu'un tour. Ca devait pas être pour moi cependant, si ? Il avait l'air surpris de me voir. Malgré tout je me redresse, je tente d'avoir l'air menaçant.

"C'est bon là ? Le spectacle est fini, dégagez.
- Les rumeurs que propagent ton ex sont édifiantes. Je me demande comment réagirait ta commu si ça se propageait, ça aussi. A mon avis tu finirais par comprendre l'enfer que j'ai vécu à cause de toi.
- PETIT SALAUD ! OSE un peu répéter ça !"

Mais je ne lui en laisse même pas l'occasion en fait, je suis hors de moi, j'ai envie de lui en foutre une, je ne vois aucune bonne raison de me retenir. Je m'arrête alors qu'un de ses potes s'interpose. Pas très imposant, mais y a un truc qui luit dans sa main. Mes peurs des derniers mois reviennent au galop. Il se passe ce que je craignais de voir arriver. Je sais à peine comment il est arrivé là : moi aussi j'ai sorti mon couteau.

"WTF ! Mais il est PAS BIEN LUI ???"

Mouvement de recul généralisé. Aaaah, ils font moins les malins tout de suite hein ? C'est sûr qu'être menacé par un cran d'arrêt, ça fait réfléchir.

"C'est bien ce que je pensais."

Fred l'a méritée, cette mandale. Je vais pour le frapper de ma main non-armée, mais son pote au couteau prend peur, s'interpose encore. Je vois un éclat de lumière frôler mon ventre. Quelque chose me lacère le bras. Je panique. Ma lame tape dans le tas, j'ai même pas visé, mais j'ai pas fait semblant. Je me dis immédiatement que c'était stupide, mais c'était comme un réflexe. J'ai eu peur pour ma vie j'ai fait ce qu'il fallait pour me protéger.

Le type s'effondre à mes pieds. J'ai la tête trop légère, je suis au bord de l'évanouissement. Les yeux écarquillés, je vois le sang tâcher ses vêtements en trop importante quantité.

Putain. Putain. Putain. Qu'est-ce que j'ai fait ? MAIS NON. Je voulais pas... MERDE. MEEEERDE.

Les autres paniquent aussi. Ca va pour appeler une ambulance. La police ? Je peux pas rester là. Il faut... Il faut que je me planque. J'ai du mal à réaliser ce qu'il se passe. Il va finir à l'hôpital. A la morgue ? Putain il va finir à la morgue non ? Pourquoi j'ai fait ça ?

Je cours pas droit, je manque de me vautrer plusieurs fois. Je m'enfuis, aussi loin que je peux jusqu'à être essoufflé. Ils me suivent pas, trop concentrés sur leur pote. De toute façon ils savent qui je suis. Putain...

--

Recroquevillé dans un coin, entre deux poubelles, je me rends compte que je me suis arrêté à proximité du commissariat. Des sirènes retentissent dans la nuit, accentuant ma crispation. Sont-elles pour moi ? Y a moyen.

Je devrais me rendre. Je vais faire quoi sinon ? Je ne me vois pas vivre comme un fugitif, je ne saurais même pas comment faire. Et puis de toute façon, je dois assumer les conséquences de mes actes, non ? Si c'était pas moi que ça concernait, j'aurais voulu que le gars qui a fait ça croupisse en taule. Ca mérite d'être sanctionné, je peux pas m'en tirer à bon compte après cet accident.

Oui mais s'il est vraiment mort ? Si on me pince, ma vie est foutue. Je suis tétanisé, partagé entre ce que je devrais faire et ce que cela signifierait pour moi de le faire. Je veux revenir en arrière, rembobiner, recommencer la nuit. Je me sens bien incapable de prendre une décision.

"Qu'est-ce que je dois faire..."

Je délire je crois. Encore une conséquence de la boisson sans doute. Un enfant volant vient d'atterrir devant moi, accompagné d'une petite silhouette égarée.

"C'est qui lui ?" demande le bambin de sa voix gazouillante. "Il vient aussi ? Mais il est super grand non ? C'est pas un adulte ?
- J'ai dix-sept ans..." m'entends-je répondre mécaniquement, confus car je ne comprends rien à la situation mais habitué à ce qu'on me prenne pour plus vieux que je ne suis. Les larmes commencent à couler sur mon visage. J'ai honte mais je ne peux pas me contrôler.


Ca s'agite de partout. Peter vient de revenir avec une nouvelle fournée de perdus, on dirait. J'ai pas mal de projets sur le feu, mais j'ai pris de l'avance. Je peux sans doute aller assouvir ma curiosité. Et puis c'est une bonne chose de socialiser un peu avec les autres, de temps en temps. A cause de ma stature, j'ai du mal à les mettre en confiance. J'ai pas envie qu'on me prenne pour un misanthrope ou je sais pas quoi par dessus le marché.

Ah bah il est tout seul finalement ce nouveau garçon perdu. Drôle de type... Tout fin grâcieux, et qui a pas encore mué malgré un âge pour lequel on s'attendrait à ce que ça soit arrivé. Pas de bol. Il a vraiment mauvais genre, je sens qu'on va pas s'entendre. Moi maintenant je me fais plus chier : qu'il vienne pas m'emmerder, je ferai pareil.

Quelque chose me perturbe, cependant. J'ai l'impression de le connaître. Considérant les œillades hostiles qu'il me jette à plusieurs reprises, je pense ne pas me tromper. Mais c'est qui ?

Swann...

Ce nom me revient de nulle part. Mais ça va pas. C'est... Y a un truc, mais c'est pas ça. Ouais bon. De toute façon, quoique ce fut, c'est parti avec son ombre, et ils sont déjà en train de lui chercher de quoi le remplacer.

Au final, peu m'importe. J'ai une mauvaise impression. J'ai l'intention de l'éviter, et son attitude me dit qu'il va me rendre la pareille.

Aussitôt cette petite sauterie de nommage terminée, je retournerai à mes plans et à ma forge. L'une de mes dagues runiques est quasi terminée. Il me tarde de la voir achevée.