Owl ne sait pas si c’est sa détermination qui te calme, ou ses mots, ou juste ton épuisement qui te rattrape. Ou peut-être les trois, hein ? Au point où vous en êtes, il est juste content que tu t’apaises vaguement. Juste un peu, c'est déjà beaucoup, à votre échelle.

Le soigneur hoche de la tête doucement, quand tu parles de te reposer. Est-ce que c’est de la fatigue seulement ? Est-ce que tu baisses les bras ? Est-ce qu-

Stop. Stop stop stop. Prestani, budalo!

Lui aussi est rattrapé par ses démons. Tes cris, les pleurs des autres, les gosses qu’ils perdent ou qui n’en sont pas loin. Une main invisible qui attrape la sienne, sans qu’il ne sache si c’est pour le retenir ici ou l’emmener plus loin encore dans ses souvenirs cachés. Owl est épuisé, et les quelques efforts qu’il a fait pour toi -sans qu’il ne les regrette- le rattrapent. Mais il n’est pas encore vaincu, pas tout de suite. C’est la force que tu lui donnes, peut-être, à force de rester en vie envers et contre tout.

- C’est la première fois, tu sais ? Que tu es réveillé, et conscient comme maintenant.

Et vraiment vivant. Il t'a dit ça d'un coup, à voix presque basse, mais c'est qu'il a besoinnde le réaliser, lui aussi. Vivant, bordel !

- Repose toi. On se reparle après.

C’est pas une demande, c’est même prononcé avec une conviction un peu désespérée. Parce que vous vous parlerez encore, hein, oui ? Il faut. Qu’elle aille se faire voir, la Canicule. Bien profondément. Parce que tu vas vivre. T’as pas le choix, tu vas vivre. Tu dois vivre.

Le Masseur s’assure que tu es installé le mieux possible, que tu n’as besoin de rien d’autre. Cette blague, bien entendu que tu as besoin de plus, mais qu’y faire ? Ils n’ont rien, pas de moyens, pas d’herbes, pas de putain de connaissances médicales et ils sont des gosses bordel ils ne peuvent pas sauver qui que ce soit mais il faut et-

- Appelle-moi, si y a quoi que ce soit. Ou si c’est quelqu’un d’autre, demande Owl.

Il refuse. Il refuse de te laisser derrière, de laisser qui que ce soit, de perdre pied et de spiraler. Mais surtout il refuse de te perdre toi, son petit miracle. Il refuse de baisser les bras, quitte à se noyer au passage. Tu es la preuve que c’est possible.







Se noyer, par ce temps.. Cette blague, quand même.