Et, j'attend là,
Où rien bouge maintenant.
Même si je ne te vois pas
Je peux retrouver ce que l'on cherche dans la nuit,

Le vent a couru et les rumeurs avec lui. Les bouches pépient de tout cet espoir qu'elle ne mâchent pas encore comme si leurs palais était imprégné de sa saveur. Nobod sait que cela demeure encore de la nourriture imaginaire, comme le reste.
Le camp n'est pas le refuge espéré, ni un rempart contre les Orbleus. Il y a eu l'attaque du Dévoreur, et la Princesse indienne qui s'en est allée, l'attentat contre Peter et les pertes peaux-rouges. Il a assisté au chagrin de la femme-panthère qui n'est Personne, tout comme lui, mais sans jamais perdre la Mémoire. Il a été témoin de sa tristesse et de la métamorphose de celle-ci en détermination implacable.  Il a vu plus de Nuit qu'il n'en aurait voulu.
Tout cela a été balayé par les espérances: Ne fait-il pas plus chaud ? Le Cocon ne brille-t-il pas plus fort ? La Reine des Fées n'a-t-elle pas un plan pour tous nous sauver ? Wobbly ne cesse de babiller son excitation sur la fameuse expédition. Nobod endure sa joie sans vraiment en ressentir la chaleur. La seule chose qui les préserve du froid ce sont ces fourrures qu'il coud, inlassablement.

-Hey.

Un bruissement.
Un parfum.
Une voix.

Voilà son univers qui prend subitement des couleurs. Crow apparaît magiquement, comme toujours quand il sent son âme s'exténuer. Il lui sourit avec une tendresse naturelle, bien loin de sa façade de neutralité usuelle.
Depuis leur rencontre, s’est tissé entre eux une amitié pudique, faites de vêtements offerts, d'échanges mutuels, d'écoute bienveillante et de silences paisibles autour d'un thé. Crow a le ramage bien plus doux que son nom le présage et son plumage arbore des miroitements indécelables d'un seul regard. Il faut prendre du temps pour la découvrir. C'est un jeu plaisant et agréable, une énigme dont Nobod ne parvient pas à se lasser.

Des souvenirs précieux
que j'aimerais garder loin de l'Oubli.

-Qu'est ce que tu crées?

Nobod remue les doigts, une valse dont il a enseigné les variations à sa compagne d'éternité, la seule en dehors du clan très fermé des raccommodeurs.
"Des écharpes, encore des écharpes. Nous n'en avons jamais assez."

-Tu veux prendre une pause et prendre le thé avec moi? Ça fait longtemps et de plus ça me ferais énormément plaisir, c'est ma dernière bouteille de thé...Etant donné que le Givre a tué toutes fleurs et plantes afin d'en faire.

Crow se frotte les mains. Elle doivent être gelées. Le Clebs vient les cueillir entre ses paumes et souffle dessus. Il se lève tranquillement en guise de réponse.

Evidemment,
Que je te suis.

Il hume sa gêne. Elle flotte tel un parfum capiteux dans l'air glacé. Le silence est son allié depuis des lustres, pour autant il n'est pas habitué à l'inconfort de celui-ci. Crow n'est pas don état normal et lui, tous sens aux aguets, guette le moment où les coroles de cette fleur sauvage parviendront à s'ouvrir. Il ne faut pas brusquer la Lady. Comme le coquelicot, toute initiative indélicate pourrait faire chuter ses pétales. Alors, il la suit, cabot docile, bien dressé. Il la scrute avec son âme sans se douter qu'ainsi, il la dépouille de son armure.
Il ne comprend pas.

Qu'as-tu ?
Dis-moi ?

Patiemment, il faut attendre. Attendre qu'un coeur s'ouvre est parfois si long. Une éternité qui érode son flegme. Il ignore pourquoi Crow produit cela chez lui : cette excitation dans l'expectative.
C'est à la fois délicieux et insupportable.
Certainement délicieux car insupportable.
Quelle idiotie.

-Aïe.....hmmmmffff....Quelle abrutie!

Prompt, il s'est redressé quasi en même temps, épousant sa douleur de son inquiétude. Lentement, avec une tendresse aussi maladroite que la toute première fois, il appose la pulpe de son pouce entre ses deux sourcils froncés. Il effectue de minuscules cercles concentriques afin de détricoter toute cette haine d'elle-même qu'il refuse de lui concéder.

Bien sûr que non.
Tu es simplement préoccupée.
Pourquoi ?

Il ramène la main endolorie vers l'intérieur qu'il débarrasse tout doucement de son plâtre de neige. Il farfouille dans sa poche pour en extraire un tout petit bocal en verre dépoli (On dirait un de ceux fabriqués par cette artisane au Grand Arbre, celle qui répare également les lunettes. Qu'est-elle devenue ?). Il contient une pâte graisseuse qui, une fois le couvercle dévissé, sent odieusement fort.

" Baume pour mes lèvres qui gercent trop vite." explique-t-il avec une série de pas de doigts-chassés. "Je peux ?" Il désigne l'endroit de la brûlure et, une fois son consentement acquis, en applique une noisette qu'il étale par caresses profondes.

Il aime son contact. Il l'a toujours apprécié. Peut-être même qu'il le cherche trop souvent. Elle a un teint de princesse qui contraste avec ses mains d'armurière, un derme velouté et crémeux qui change de couleur au gré des variations de température. Les pivoines fleurissent souvent à même le terreau nacré de son visage, des tâches d'aquarelle qui se diffusent avec art. Il savoure pourtant, les dénivelés accidentés de ses doigts et des ses paumes : cales, bosses, cloques, coupures... Crow travaille dur et sans jamais se plaindre. Ces aspérités disgracieuses sont une autre forme de beauté.

-Tu sais ce qui se dit?

Il en a bien une idée. Cependant, il se contente de poser sur elle son regard profond et la laisse poursuivre.

- Sa Majesté la Reine des fées fait appel à tout les Peuples, pour transformer des volontaires en fées et les envoyer dans L'Ordinaire afin de récupérer des rires pour sauver Le Pays de Jamais.

C'est donc bien de cela dont il s'agit. Wobbly lui a rebattu les tympans avec cette histoire, allant jusqu'à lui proposer de se porter volontaire avec lui. Le Clebs a poliment refusé : il se doit de rester au chevet de celui qui tient sa laisse. Pit a besoin de lui.
Crow tripote le bijou qu'elle a noué autour du cou. Il l'a vu faire ce geste bien souvent. Si souvent que cela en est devenu irritant. Il ignore pourquoi ce grigri fantasque provoque son agacement. Peut-être parce que de tout ce que porte Crow, c'est le seul objet qui n'arbore pas son odeur et sa patte. Il perçoit la présence de cet étranger invisible qui réchauffe sa voix, à chaque fois qu'elle prononce les syllabes de son nom : Capricorne.
Le raccommodeur n'en laisse jamais rien paraitre.

Parler c'est mourir.
Avouer c'est périr.

La démonstration d'affection le surprend. Il a sa muselière et Crow sa pudeur. Le clebs est partagé entre le ravissement et l'inquiétude. Fin observateur, il devine entre les silences, ce qui se dessine derrière cette initiative.

"Nobod,
Il faut que je te dise un truc
Mais promet de pas t'énerver s'il te plaît." qu'elle ébauche dans son langage muet.
Le jeune garçon s'écarte lentement.
Main droite en coupe recueillant l'oeuf de son poing. Poing qui s'élève, décrit un arc de cercle vers le haut tout en déliant les doigts.
"Tu vas t'en aller..."
Sourire un peu triste, malgré lui. Index et majeur joints tapotant deux fois sur son buste puis se repliant pour rebondir une fois sur sa tempe.
"...Je le savais."
Haussement d'épaules.
Il ouvre les doigts en éventail des deux mains, juste devant elle, puis passe le plat de sa main sur son visage comme pour l'effacer, laissant place à une mimique de fâcherie drolatique. "Pourquoi dois-je être fâché ?"

Ce n'est pas l'émotion qui l'habite présentement.
Tout ce qu'il éprouve maintenant, c'est de la peur.

Promets-moi que tu reviendras...

Mais ça, il n'ose pas le lui mimer.

-Parce que je ne reviendrais peut être pas Nobod...

Il se fige.
De la neige coule dans ses veines, le faisant soudain frissonner.
Crow partie.
Crow absente.
Crow disparue.
Son coeur se contracte d'une étrange manière.

-Et si tu venais? Avec moi? Dans l'Ordinaire? On peut le découvrir ensemble...et découvrir peut être enfin...j'ai envie de savoir ce que j'ai quitté...

Pas lui.
Ce monde, là-bas n'a rien à lui offrir. Il se fiche bien de savoir comment c'était "l'avant". C'était avant. C'est désormais révolu. Le passé n'a absolument aucune incidence sur son actuelle vie alors pourquoi s'en préoccuper ? Ici, il a un maitre sur qui veiller, un métier qui lui plait, une famille à laquelle il tient.
Il hoche la tête à la négative, mais presse ses mains avec chaleur et effusion. Des mots de "grand" lui traversent fugacement l'esprit mais il ne les formule pas.

Son regard dit simplement : "Reviens-moi."

+++

Cette nuit est longue.
La plus longue de toute son existence.
Le nez levé vers le ciel, il guette désespérément les étoiles. Il espère voir vite plusieurs d'entre elles se détacher de la soie bleue pour venir à leur rencontre. Ce serait le signe du retour de l'escouade féérique.
La vision de Crow avec des ailes lui a été merveilleuse. Il s'est inquiété de la voir s'évanouir, mais comment ne pas croire en sa muse en la voyant parée de tant de beauté. Et de croire, il n'a cessé, tout le long de sa douloureuse attente.

Les fées sont revenus.
Les enfants sont rentrés au bercail.
Le spectacle des rires alimentant le Cocon jusqu'à le fissurer a suscité la joie de tous ses semblables. Aux côtés de Pit, il a pris part sobrement à la liesse. Son regard perçant balaie la foule à la recherche de la seule silhouette digne de son intérêt. Où est donc Crow ? Son groupe, mené par Mab elle-même, a été le premier à atterrir sur l'Île.

Soudain, ses prunelles accrochent son visage pâle, sa taille élancée. Une alarme résonne dans sa tête, impossible à définir. Il se fraie un chemin jusqu'à elle, mais elle a déjà tourné casaque, semblant fuir le campement et ses explosions victorieuses. En bon chien, il use de son flair de pisteur pour la suivre à bonne distance, ne comprenant pas son attitude. Regrette-t-elle son retour ? L'Ordinaire lui plaisait mieux ?
Peut-être.
Ce serait douloureux à admettre, mais plausible.

Alors, il la contemple faire halte sur la falaise, hurler comme une bête blessée. Quelque chose d'animal se réveille en lui, un vieil instinct, une blessure fantôme. Il se précipite.

Ne saute pas. Ne saute pas. Ne saute pas !

Crow se retourne vivement, comme prête à en découdre. Tout son être exhale la souffrance.

-Tu es là depuis combien de temps? Tu m'a entendu hurler?

Nobod la sert brusquement contre lui, entourant ses frêle épaules de ses grands bras. La chaleur retrouvée, son odeur particulière, subtilement sucrée et ferreuse à la fois est un facteur d'immense soulagement. Ils restent un instant front à front, dans un silence borné. Paradoxalement paisible.
Puis, comme le clebs qu'il est, il lui lèche une joue, puis l'autre, le nez, le cou.. toute la peau qu'il peut trouver à portée de langue.

Dis-moi où tu es blessée !
Dis-moi que je lèche tes plaies.

Plus il lape sa peau pâle et sans défaut, plus l'envie saisissante de la mordre se fait sentir. C'est quelque chose qu'il ne contrôle pas : le fait "d'avoir les crocs". Il ne sait pas exactement ce que ça signifie, "avoir les crocs", mais lorsque ses babines se retroussent, que sa peau poinçonnée se retracte sur l'émail de sa dentition, il trouve l'image approprié.
Crow lui donne faim.
Pas cette sorte de faim qui se console avec des repas imaginaires ou la popote des Mères. C'est une autre forme d'appétit. Il a les "Crow" plus que les "crocs" dans ces moments précis.

Mais Crow n'est pas prête à se faire dévorer aujourd'hui.

-Je n'ai pas mal Nobod...
"Ah. Tant mieux" signe-t-il.
-...et tu n'es pas un animal!
Il hausse les épaules. "Pourquoi non ? Je suis "le Clebs". C'est plus simple d'être un chien que d'être un humain, moi, je pense. L'humain ça ment."

Crow revient se blottir tout contre lui, et il se sent investi d'un pouvoir immense, d'une responsabilité énorme : réchauffer son âme si jolie toute meurtrie. Il la berce, gentiment, doucement, comme il aurait aimer qu'on le fasse pour lui en d'autres temps.

-Nobod...j'ai fais quelque chose d'horrible je.... Il écoute. Il attend. Les mots ressemblent à des épingles à vêtements....Cette quête ne s'est pas déroulée comme je le pensais et je crois...Je ne pense pas que je suis une bonne personne...

"Faux."
Il la regarde intensément et trace une croix sur son propre poitrail.
"C'est Faux !"
Il secoue la tête vivement, sourcil froncés.
"Archi-faux !"
Du bout de ses doigts, il effleure son front soucieux, puis ses lèvres et enfin il pose la paume de sa main au creux de sa poitrine. Il sert ensuite le poing et l'embrasse.
"Ta tête, ta bouche, ton coeur. Chez toi tout est bon. Il n'y a rien de pourri, rien de mauvais."

Il fronce les sourcils, inquiet comme seul un enfant peut l'être face à l'inconcevable. Ce qu'elle dit n'a pas de sens. Crow est la personne la plus droite et intègre qu'il connaisse. Elle ne détruit pas. Elle ne ment pas. Pas à lui en tous les cas. Les mensonges sont indigestes.

Et quand bien même ?
Qu'est-ce que ça change pour toi et moi ?
Bonne ou mauvaise, tu es toi.
Toi, ça me va.

Il fait de nouveau crépiter ses doigts tout près de la bouche de son amie, puis semble pincer un ruban imaginaire pour le dérouler.
"Raconte-moi."

Il le sent, fort, ce cœur palpitant sous sa poitrine menue. Il le sait grand, trop large et avec des bords mous. Des éponges qui s'imbibent de tout. Il pourrait rester comme ça, des heures, en suspension comme un nageur prêt à sauter dans l'eau. Il aime la chaleur de son souffle qui caresse ses lèvres abimées.

Ils se recroquevillent.
L'un sur l'autre.
Nobod et Crow.
Crow et Nobod.

Lui, il écoute, calme, posé, s'imprégnant de chaque mot.
Elle, elle parle, parle comme jamais elle n'a osé. Elle évoque des peines, des blessures, des doutes enfouis, muselés, qui explosent aujourd'hui avec la hargne du désespoir. Elle raconte le voyage, l'expérience, la tragédie.
Crow expose sa verité et sa quête de celle-ci.

-Je veux...je dois savoir la vérité, ce que j'ai vu dans l'Ordinaire...ce n'est pas assez...et peut être que la réponse est là bas qui sais ?

Le cabot médite sa question, perdu dans d'intenses réflexions.

-Je comprendrais si tu ne veux plus me parler...ou si tu veux me dénoncer.


Il la regarde avec surprise et disons, une forme d'incrédulité.
"Tu penses sincèrement que je pourrais te balancer ?!" signe-t-il avec une expression amère qu'elle ne lui a jamais vue. Il fait le geste de se coudre la bouche et se tape deux coups brefs sur le torse. "Tu sais pourquoi on m'a cousu la bouche ?" Il mime le grand arbre et son explosion de branches. Puis, il forme une large croix avec ses paumes juste devant sa bouche. "Parce que je refusais de livrer la position du Grand Arbre." Il se zippe la bouche et fait mine de jeter la clé par dessus la falaise. "Alors on ma reprisé les lèvres pour que je ne parle plus jamais."

Nobod la regarde avec une profonde intensité.
Il prend les mains de la perdue et s'obstrue la bouche avec ses paumes. L'interprétation se fait alors plus floue pour Crow. Elle hésite entre "Mes lèvres sont scellées par toi" et "Mes lèvres sont scellées pour toi"

En réalité, il est peut-être préférable qu'elle ne sache pas vraiment le fond de sa pensée. Peut-être qu'elle le détesterait.

Tes secrets, je les mange.
Je les fais miens.
Ils sont en moi, à moi.
Et peut-être que comme ça,
Toi aussi, tu le seras un peu...
Oublie l'Ordinaire.
Il n'y a rien à y faire.
Qu'importe Pit, Pan,
ou ces enfants d'ailleurs qui ne vivront plus comme avant.
Moi, je suis là.
Sur cette île bizarre, bancale, injuste.
Dans ce mon Extraordinaire et Imparfait.
Je suis là.
Nous y sommes ensemble.

Toi et moi.

-J'ai juste peur de te perdre, si peur...

Il s'apprête à répondre, quelque chose l'en empêche. Quelque chose de doux. Une pulpe chaude, caressante, inédite. Le Clebs écarquille les yeux de surprise, puis doucement, lentement se laisse bercer et emporter par le ressac de leurs palpitants.
Nobob n'est pas idiot. Il a a déjà vu Pit jouer suffisamment à la poupée pour savoir ce que Crow vient de lui offrir. Il sait également que cela n'a rien d'un jeu. Le Joker joue au poker menteur sans arrêt, surtout avec ses fleurs.
Crow est différente.
Nobod l'est aussi.
Ce qui se noue ici c'est un pacte secret, à la fois solennel et controversé. L'amour est un interdit. L'amour fait grandir, il fait muer, il gâte l'enfant sauvage et son esprit de liberté.

Rien n'est plus faux.

Un enfant a besoin d'amour pour s'épanouir, pour jouer, pour survivre. Il en a besoin comme l'eau et la nourriture qui alimente le corps. Son imagination, celle qui garde l'île à flots, n'est que la démonstration de son amour pour le monde. Pour créer, il faut donc savoir aimer.

Lorsque leurs bouches se séparent, Nobod garde les yeux fermés comme pour prolonger la saveur d'un met délicieux. Lorsque ses paupières s'ouvrent, il plante un regard intense dans les deux émeraudes de Crow. Il pique un fard, et glousse comme un bambin un peu idiot. Symphonie silencieuse d'un bonheur tout neuf. Son front chute et rencontre délicatement le sien. Il lui tient les mains, qu'il a recouvert des siennes et qui désormais viennent se loger sur son buste. Son coeur galope si vite! Il pourrait s'enfuir sur la gouttière de leurs bras s'il pouvait sortir maintenant de sa poitrine.

Ce sera notre secret
Rien qu'à nous.
Le monde peut bien nous courir après,
Je m'en fous.

Comme pour appuyer cette pensée, il vient chercher ses lèvres à nouveau.