Oreilles basses, le renard robotique écoute dans mot dire son interlocutrice. Évidemment qu'elle n'avait pas pu croiser la jeune fille. Il avait vu à quel point les différents Camps de Perdus et de Netifs étaient peuplés, en particulier autour du Canyon. Chercher quelqu'un dans ce genre d'environnement revenait à... chercher une aiguille dans une botte de foin, c'est le cas de le dire.

- Ne sois pas triste, essaye de la rassurer l'animatronique, c'est logique d'avoirrr de la peine pour croiser quelqu'un dans un en- dans un en- dans un environnement si peuplé.

La position de ses oreilles était loin de dissimuler sa déception, mais ils ne pouvaient pas faire autrement. Avec un peu de chance, il la recroisera peu-être... à moins que Clover ne sache quelque chose, mais il en doute fortement.
Elle était non seulement isolée du reste de ses congénères mais semblait aussi avoir des soucis de mémoire - à moins qu'elle ne fasse tout simplement aucun effort pour associer le nom et le visage de ses camarades, ce qui était fort probable.

– Je doute vraiment que ça arrive à ce stade, mais juste au cas improbable où je la rencontre, vous voulez que je lui dise quelque chose pour vous ?

- Tu ferais ça ?

Instinctivement, les oreilles de Rounard se redressèrent. Ses yeux jaunes levés au ciel, il prit un moment pour réfléchir à la raison pour laquelle il voulait voir Soap au départ. Contrairement aux autres Perdus, elle avait choisi de discuter avec lui, et non de fuir. Autre qu'avec Clover, elle était la première personne avec laquelle il avait passé un agréable moment depuis son réveil.
Avec Caroline, il pouvait considérer que cela faisait trois, à présent.

- Dis-lui simplement de prrrendre soin d'elle. Et rrremercie-la pour sa patience et sa gentillesse à mon é-é-égard.

Il ne s'agissait de rien de trop précis, un genre d'"au revoir" dissimulé pour ne pas l'alarmer.
Car Rounard était fatigué. Il n'avait pas encore osé en parler à Clover, qu'il n'avait aucune envie de perturber en une période si compliquée, mais chaque jour, il avait de plus en plus de mal à sortir de son état de veille.
Dire qu'il ressentait physiquement la fatigue serait une erreur. Il reste un robot, mais l'endommagement de ses circuits ne laissait aucun doute : dans peu de temps, il ne se réveillera plus et il le sait.
Personne ne pouvait y faire quoi que ce soit; tout être est voué à s'éteindre, encore plus si l'être en question est le robot le plus endommagé et difficile à entretenir à ce jour sur l'Île. C'est ainsi.