Vos échanges bon enfant sont agréables. C'est un peu de calme, dans ce tourbillon d'évenements qu'est le quotidien de l'ile. Et puis, elle te trouve sympathique. C'est cliché, mais tu la changes des échanges d'ordinaire plus bourrus avec les pirates. A ton sourire d'excuse, Carmine répond par un de son cru. Toute excitée de faire quelque chose de plus intéressant, elle avait oublié de mentionner quelque chose d'important.

- On peut toujours faire un échange de services, si ta bourse est un peu serrée. Ou même juste s'entraider tout court : ce n'est pas une période simple.

Ces quelques mots prononcés, Carmine revient vers toi et te montre le croquis modifié, avec tes demandes. Son sourire ne bronche pas alors qu'elle écoute en parallèle ce que tu lui dit. Une échoppe à ton nom également ? Peut-être pourrez-vous vous entraider, alors. Carmine est d'avantage encline à l'altruisme ici qu'elle ne l'était au Grand Arbre, c'est un fait qu'elle admet presque volontiers. Mais le fait que tu sois une femme également l'aide à assumer cette nouvelle facette d'elle-même : la solidarité féminine a quelque chose de sacré.

Quand tu mentionnes le grand arbre, la jeune femme cille un bref instant avant de poser un regard indéchiffrable sur toi. Donc il est possible que vous vous soyez croisées. Une artisane, une artisane.. Qui pouvais-tu bien être ? Carmine te laisse continuer, sans offrir de réponse immédiate. Au contraire, elle note les détails que tu lui offres, et fait furieusement tourner sa caboche pour que les indices laissés ici et là révèlent qui tu es. Si tu as peu habité au Port et t'es réfugiée au Ranch récemment comme l'indique ton besoin d'habits chauds, c'est que tu n'as pas quitté le camp des morveux il y a si longtemps. Qui peux-tu bien êt-

Oh.

- .. Harmony ?

C'est soufflé d'une voix un peu incrédule alors que ses yeux s'ouvrent tout ronds. Harmony, vraiment ? Est-ce toi ? Maintenant que l'idée est là, la ressemblance lui semble flagrante et Carmine se demande comment elle n'a pas pu te reconnaître immédiatement. Malgré elle, et dans un élan de spontanéité qu'en d'autres circonstances elle aurait bien vite réfréné, la couturière sent un inexorable sourire en coin excité fleurir à ses lèvres.

Oh bordel de merde ! Si elle s'était attendue à ça !

O. M. F. G.

Les yeux de Carmine pétillent quand tu la reconnais, et un gloussement lui échappe. C’est fou ! Le monde est si.. Si petit, oui bon. C’est un île, fatalement on peut croiser les même gens. Mais tout de même ! Carmine n’en revient pas !

- Oui c’est moi !

Et d’un coup, c’est comme si elle était un peu moins seule au ranch. Une brève pensée pour l’échange qu’elle avait eu avec Zeb et ce curieux de Crowley il n’y a pas si longtemps, à l’isolement qu’elle avait d’autant plus ressenti. Il y a quelque chose de réconfortant dans ces retrouvailles inopinées.

Un petit rire fleurit aux lèvres de Carmine, et elle balaie ta remarque d’un geste. Ne t’excuse donc pas : elle n’a pas non plus été rapide de son côté.

- On est quittes, je crois.

En quelques pas elle traverse la pièce jusqu’à un petit bureau vaguement organisé. Là, elle y note ta commande - oublier de le faire est toujours dangereux pour son organisation et la gestion du travail.

- Je suis arrivée récemment. L’arbre ne me convenait plus. Et toi ?

Cette question elle la pose en se retournant, son calepin mis à jour. Curve ou Carmine, elle n’a jamais été du genre à laisser les sentiments entraver son travail. Encore moins maintenant que la jeune femme doit montrer qu’elle est une professionnelle.