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Sujet: Re: L'orage rajeunit les fleurs Ven 26 Jan 2018 - 9:09

Non, tu ne bouges pas. Bien qu'elle te dise que tu as quelques chose sur la tête, Salamandre se doute bien que tu l'as réalisé. Après tout, tu es la première concernée ! In petto, la petite admire ton calme. Elle, à tous les coups, elle aurait au moins sursauté ! Toi, tu restes royale jusquau bout. tu lui apprendras, un jour, dis ? Quoique la papoose se demande si au fond ce n'est pas un truc inné, ou qui s'attrape avec l'âge. Mais comme elle aimerait te ressembler, plus tard ! Tout en gardant la vue, quand même. Pardon Abeille, mais elle a besoin de voir le ciel et de pouvoir reconnaître son Frère.

Quand tu répètes ses comparaisons, l'enfant pince pensivement ses lèvres, qui du coup cointent un peu vers le bas. C'est pas terrible, le bel habit ou la coiffe, quand même. C'est encore du visuel et surtout, ça lui semble grossier comme comparaison. Mais tu t'en fiche, toi. Tu ne gardes que l'essentiel, la beauté des choses. La beauté que Salamandre a essayé de te décrire. Et vigoureusement, la voilà qui hoche de sa tête rousse.

- Oui sûrement ! Dis, toi qui connais les insectes, comment on reconnait un mâle d'une femelle. Tu sais, toi ?

Un sourire rayonnant quand tu lui proposes de partager de son précieux miel avec votre invité. Dommage que tu ne puisses pas le voir. Mais ce n'est pas grave, va. Salamandre le met dans sa voix pour toi, pour que tu en profites toi aussi. De toute façon, elle ne sait pas contenir ce genre de chose. C'est un véritable livre ouvert qui ne se cache pas ni n'a de fausse pudeur par coquetterie.

- D'accord ! J'espère qu'elle aime ! Mais je suis sûre que oui, je ne vois pas qui n'aimerait pas.

Ouvrant un pot au hasard, Salamandre trempe son doigts dans le miel bleu et le montre devant l'araignée tout en admirant ses couleurs. D'ailleurs, elle entame à nouveau la conversation avec l'arachnide après que tu l'ai remercié de sa visite. Et c'est vrai que c'est gentil à toi, d'ailleurs ! Comment as-tu fait pour venir ?

- A une belle Araignée, on offre du bon miel. C'est celui d'Abeille Vigilante, tu sais. C'est elle, Abeille Vigilante. Elle te montre de sa main libre, l'autre emmiellée toujours devant l'animal qui effectivement déguste de ses mandibules le nectar poisseux. Moi, c'est Salamandre Bleue. Comment tu t'appelles ?

Un regards vers le déluge dehors qui n'en finit pas.

- Tu es venue t'abriter de la pluie ? C'est vrai qu'elle dure, en plus. Ca n'en finit plus !

Puis, se tournant vers toi avec du soleil plein la voix.

- Abeille, ton miel plaît beaucoup on dirait ! Je peux lui en redonner ? Ce qu'il y a sur mon doigt est presque fini. Ou tiens, non ! Tu devrais lui en donner toi ! Ce miel, c'est ton oeuvre après tout !

Juste répartition des tâches oui. Salamandre veut t'inclure de toute les façons possibles, à défaut de pouvoir te montrer les couleurs incroyables qui lui plaisent tant.

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L'araignée est une invitée de prestige. Ça se confirme. L'ombre d'une seconde, Abeille s'inquiète qu'elle puisse piquer Salamandre, que sa morsure soit dangereuse, mais la papoose l'a déjà entre les mains et rien de grave ne se passe. Pas la peine de se blâmer en retard, décide-t-elle, haussant une épaule. Salamandre elle n'a pas l'air de s'inquiéter. Elle se tourne vers elle pour lui poser une question qui d'entrée de jeu, la destabilise.

« C'est sans doute plus poli de lui demander », répond Abeille à voix basse en fronçant un peu les sourcils.

Ses abelliqueuses n'ont pas vraiment de genre. Ou en tout cas, elles ne risquent pas de s'offenser si quelqu'un se trompe. C'est différent chez les animaux et les humains, sait Abeille, même si elle est loin de connaître toutes les coutumes de l'île. Peut-être que ce type d'araignée n'est que mâle, ou que femelle. Ou ni l'un ni l'autre. Peut-être qu'elles ont complètement autre chose. Et peut-être que celle-ci est la seule de son espèce, et qu'elle se fiche bien de la reproduction parce qu'elle naît et meurt par magie.
En tout cas elle aime le miel que Salamandre lui donne du bout de son doigt, tout en lançant à la petit bête des questions en rafale. Abeille ne peut pas retenir un sourire amusé.

« Salamandre, respire ! » s'exclame-t-elle. « Laisse lui le temps de répondre ! »

Ici aussi, l'impatience de Salamandre lui renvoie une image d'elle-même à son age.
Une petite tornade.
Obligeamment, Abeille se penche vers ses deux invitées. Elle imite la papoose en trempant son doigt dans le pot de miel, appréciant le contact froid et visqueux sur sa peau. D'un geste lent elle enroule et enroule le filet autour de son doigt jusqu'à ce qu'il ne coule plus, avant de le présenter à l'araignée. Au bout de quelques secondes, elle sent que celle-ci s'est mise à table.

« Salamandre m'a déjà présentée. Mais je n'ai pas entendu ton nom à toi. »

Elle ne s'attend pas forcément à une réponse de la part de l'araignée, mais elle n'est pas vraiment surprise d'en recevoir une.

« Fleur ! »

L'insecte retourne à sa dégustation et Abeille hoche gravement la tête.
C'est un nom important.

Sujet: Re: L'orage rajeunit les fleurs Ven 2 Mar 2018 - 9:39

Salamandre veut savoir, elle est curieuse ! Qui est cette araignée, quel est son nom ? Fille ou Garçon ? Elle vient d'où ? Pourquoi faire ? Pour aller où ? Y a trop de questions qui trépignent et qui ricochent dans sa caboche. Même si elle en laisse filer pas mal dans un flot de paroles très enthousiaste, il y en a deux nouvelles qui déboulent pour chaque interrogation formulée. Bouche ouverte et parée pour repasser à l'attaque, son raz de marée de mots est endigué d'une simple exclamation de ta part. Coupée dans son élan, la petite te regarde vivement et referme piteusement son bec quand tu lui dis de se montrer plus patiente. Plus un son ne sort de sa bouche. Muette, obéissante pour une fois.

Elle te regarde tremper le doigt dans le miel bleu, l'enrouler avec grâce autour de ton doigt. Comme une reine. Elle t'admire l'offrir à l'araignée qui te jauge d'abord, puis délaisse le doigts vide de l'enfant pour honorer ce que tu lui offres. Elle t'entend lui parler calmement, et au velours de ta voix fait écho le cliquetis de l'invité. Tu auras sur la faire parler, obtenir une réponse de celle qui était muette jusqu'à présent.

Une vraie reine, jusqu'au bout. Salamandre se tait, Salamandre observe, Salamandre apprend. Plus tard, oh ! Comme elle aimerait être comme toi ! Ca lui fait comme un feu au coeur, et si Fleur n'avait pas été là, sans doute qu'elle se serait jetée sur toi pour un câlin sauvage dont elle aurait tu la raison. Mais aujourd'hui, non. Salamandre se contente de sourire, de rayonner comme jamais. De reprendre la parole avec dans sa voix tout le soleil qu'elle peut y foutre. C'est, une fois n'est pas coutume, articulé lentement. Posément.

- Fleur, c'est joli comme nom.

La Tenace tend doucement sa main libre et attrape la tienne, Abeille. Celle qui n'est pas empoissée de sucre bleu. Et puis, elle se tait. Réalise qu'elle ne sait pas quoi dire, ni comment. Parce que ce serait sans doute trop vif, trop rapide, trop tout court. Elle n'a pas ton calme ni ton aplomb. Ton aura de Majesté du coeur non plus. Se mordant les lèvres en silence, Salamandre se demande si elle devrait vous laisser. Après tout, c'est à toi que l'araignée a parlé.

- Pardon pour mes questions en avalanche, Fleur.

Elle prononce ça d'une petite voix contrite. C'est important de s'excuser. Salamandre ne le fait pas toujours. Pas assez souvent. Un bref regard dehors, où le ciel pleure avec toujours la même constance. Inexplicablement, Salamandre sent la pluie noyer son humeur aussi. Elle repense à toutes les fois où elle ne le fait pas, s'excuser. Où elle tempête et griffe des mots plutôt que de faire mine basse. A toutes ces fois où elle aurait voulu parler avec des absents, s'excuser d'être revêche et si intense tout le temps.

Sa main te serre un peu plus, et Salamandre vous observe toutes les deux. Si elle parle, sa voix la trahira sans doute.

Capucin lui manque.

Pic lui manque.

Son frère lui manque.

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Sujet: Re: L'orage rajeunit les fleurs Sam 10 Mar 2018 - 23:36

La scène est à la fois normale et extraordinaire. Abeille tend toujours son doigt plein de miel à l'araignée qui y goûte avec prudence, et se dit que c'est un moment dont elle se rappellera, sans bien savoir pourquoi. Il brise la monotonie de la pluie. Peut-être que sans lui, quelque chose d'autre serait arrivé à la place mais ça, Abeille et Salamandre ne le sauront pas.
Alors elle se dit juste que ce moment là est spécial.

Elle sent une petite main venir chercher la sienne – enrouler ses doigts dans les siens. Elle tourne la tête vers Salamandre pour lui sourire, un peu secrètement, un peu tendrement – mais quelque chose ne va pas. Quelque chose ne va pas dans la façon dont Salamandre s'excuse et surtout la façon dont elle se tait.

Pendant quelques secondes, Abeille la laisse se taire. La pluie dehors continue de tomber. Elle entend chaque goutte qui éclate contre le tissu du tipi au dessus de leur tête comme si elles explosaient dans sa tête. Distraitement, elle plonge son doigt dans le pot de miel ouvert, pour le fourrer dans sa propre bouche cette fois, autant par gourmandise que pour se laisser les quelques secondes qu'il lui faut.
Un, deux, trois.

« Salamandre ? » Elle serre sa main un peu plus fort. « Tu veux qu'on parle ? »

Il n'y a pas d'insistance dans son ton. Rien qui pressent qu'il se passe quelque chose de grave. Pourtant c'est assez clair, elle l'espère.
Koala a préféré parler. Ça lui a fait du bien.
(Peut-être que Salamandre préfère ne pas parler.)

« Tu veux qu'on parte ? » suggère-t-elle cette fois.

Elle continue d'entendre la pluie. Mauvaise pluie de sel. Ce serait bien, non, qu'elles aillent sous la pluie ? Ça les laverait, ça laverait tout. Elles pourraient danser. Ce serait idiot. Mais ce serait bien.

L'humeur grise, elle ne l'a pas prévu. N'aurait pas pu, de toute façon. Ta question, ta façon de ressentir que quelque chose a changé, elle ne l'a pas anticipé non plus. Pourtant, sans doute que ça elle aurait pu. Tu vois avec autre chose que tes yeux, tu es la reine de Coeur. Comment ces troubles pourraient-ils t'échapper quand tu es si proche d'elle ?

Un petit reniflement te répond. Salamandre secoue la tête, puis réalise que tu ne pourras pas voir sa réponse. Il faudra parler, donc. Mais là tout de suite, il y a une grosse boule qui reste coincée dans sa gorge. Rien ne veut sortir, si ce nest la pluie qui menace ses yeux avec la soudenainteté d'une tempête d'été. Salamandre s'en veut. Elle s'en veut de gâcher ce moment paisible, et que tu t'inquiètes. Elle s'en veut de chouiner plutôt que d'envoyer bouler ces nuages gris comme elle le fait d'habitude. Elle s'en veut de ne pouvoir parler, alors même que l'inverse lui causerait des remords aussi.

Parler, comment pourrait-elle de toute façon ?

Pour beaucoup, son frère appartient au passé. Tu ne lui as pas dit de l'abandonner, non. Mais parfois l'enfant se demande si tu ne te dis pas toi aussi que c'est après un fantôme qu'elle court, et non pas un envolé. Parfois elle se demande si ce n'est pas par simple gentillesse que tu n'essayes pas de lui parler de grisaille, comme tant d'autres le font.

Capucin, tu ne le connais pas, alors qu'en dire ? Leur folle échappée, ses yeux d'encre à l'appel sauvage. C'est un rustre idiot et brusque, au coeur de Jungle et au regard d'aventure. Comment expliquer ?

Et Pic..
Non, Pic, Salamandre ne peut juste pas en parler. Pas avec toi.

De réaliser ça si clairement, la Tenace se sent vaciller. Plus que jamais, elle sent le sol instable sans son roc sur lequel s'appuyer. Sa peine ne vaudra jamais celle de Hérisson, pourtant son coeur pleure lui aussi d'une plaie qui ne guérit pas. Un envolé de plus, oui. Une crevasse dans le sol devenu friable sous ses pieds à elle. Le ciel cache son frère, la terre se dérobe sans Pic. Que lui reste-t-il ?

Parler de ça, non, elle ne peut pas. C'est trop cruel pour toi qui en souffre aussi.

Ses lèvres se froissent sous l'émotion, et ta seconde question, la papoose ne sait pas quoi répondre, quand bien même elle pourrait. Alors elle serre ta main, ne dit rien, éponge ses yeux humides d'un poing rageur. Rien n'y fait, la pluie ne cesse pas. Ni dehors, ni sur ses joues. C'est juste trop gros pour Coeur de Fée.

Alors elle se jette dans tes bras.

Petite tordnade, dans la joie comme dans la douleur, elle te serre fort fort, en oublie presque Fleur qu'elle prend pourtant garde de ne pas bousculer. Et Salamandre reste comme ça, sans bouger, sans parler. Juste blottie contre toi, pour respirer un peu. Elan effleure son esprit, et l'enfant se promet de le serrer fort aussi quand elle rentrera. Pour atténuer un peu ses moments d'éclats, passés et futurs. Un peu de miel sur ses épines revèches. Au bout d'un moment, pourtant, elle finit par se détacher.

Petit sourire, petite voix encore un peu fêlée.

- Sortons. La pluis n'est pas reine ni loi. On n'a qu'a lui prouver ça !

Sous la pluie céleste, ses larmes à elle ne se verront plus. Elles n'auront plsu d'importance.
Ne restera que ta main, qu'elle n'a toujours pas lâché. Ne restera que toi et ton aura de reine que toujours elle admirera.

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Elle sent arriver les nuages comme elle les sent s’amonceler dans leur ciel. Ceux-là sont dans le cœur de Salamandre. Et si elle ne peut pas savoir d'où ils viennent, elle peut, égoïstement, les rattacher aux siens – et comment une si petite fille pourrait tout contenir ? Elle patiente à travers les larmes, serre juste un petit peu plus la main de Salamandre dans la sienne, avec son pouce qui fait de petits mouvements sur sa peau.
Jusqu'à ce qu'elle se jette dans ses bras.

Abeille met tout son cœur dans cette étreinte, tout ce qu'elle ne pourrait pas dire, ou que Salamandre ne voudrait pas entendre. Des choses comme il reviendra, qu'on pourrait dire à l'une comme à l'autre. Elle ne saurait pas comment lui dire, de toutes façons - qu'elle est là pour elle, même si Salamandre ne le souhaite pas forcément. Elle a posé sa joue sur le sommet de la tête de la papoose, et elles restent là, pendant quelques minutes, à ne rien faire d'autre que respirer et se taire.
Et puis Salamandre se dégage, parce qu'elle ne peut pas rester immobile bien longtemps, et lance :

- Sortons. La pluie n'est pas reine ni loi. On n'a qu'a lui prouver ça !
- Ouais !

C'est presque féroce.
Et elles se lèvent toutes les deux, elles n'ont pas arrêté de se tenir la main, elles se lèvent et elles sortent, et la pluie les frappe de tout son poids glacé, elle les trempe en une poignée de secondes comme si elles s'étaient jetées dans la mer. Abeille a les cheveux collés à sa peau, le visage ruisselant, elle crache un peu d'eau lorsqu'elle éclate de rire ; et puis elle lève la tête vers le ciel et ferme les yeux.

« Tu vois ? C'est bien, non ? »

Sa voix s'entend à peine à côté des gouttes qui martèlent le toit des tipis. Elle sourit avec malice.

« On va se faire gronder en rentrant, mais ... »

Ça la fait rire un peu d'imaginer le ton de Termite qui la verra trempée, un peu moins en imaginant l'inquiétude d'Elan ; il ne faudrait pas que Salamandre tombe malade. Mais elle ignore tout ça. Peut-être qu'elle en a assez de craindre cette pluie, le déluge de larmes de l'Enfant Roi, qui cache leur tristesse et lave leur cœur.

Tu lui réponds avec enthousiasme, et tu fais presque guerrière. Une guerrière contre la pluie et la tristesse. Ça t'irait bien, au fond. Salamandre te sourit un peu, se lève avec toi, s'esclaffe timidement quand vous sortez sous le déluge. C'est très con et un peu fou, mais c'est justement quelque chose comme ça qui lui fera du bien. Toi, tu ris sous la pluie, et Salamandre se dit soudain que les chats ne font pas les chiens. Solide et Libre, tu as eu des enfants à ton image.

Et eux, où sont-ils ?

L'eau ne lui laisse pas le temps de penser, de se demander. Salamandre essuie son visage, mais c'est évidemment inutile. D'ailleurs, c'est tout à fait ridicule de vouloir sécher sa face alors qu'elle est là, comme ça. Le regard vers les nuages, le cœur offert au ciel. Salamandre ne sait plus bien si elle pleure ou pas, l'eau est juste partout. Toi, à côté, tu ris, tu craches de l'eau, tu fais pour de vrai ce que vous aviez convenu : dire zut à la pluie et à sa tristesse contagieuse.

Alors la Tenace essaye aussi, de s'offrir totalement non à la tristesse du ciel mais à l'eau céleste qui la lave. Cette douleur n'est pas la sienne, pas uniquement. Alors autant laisser partir ce qui ne lui appartient pas. De toute façon, le chagrin, elle n'en veut pas ! C'est pas en se noyant qu'elle retrouvera son frère, ou Pic, ou Capucin. Ce n'est pas en faisant triste mine qu'elle pourra profiter de la présence immuable et rassurante d'Elan Sensible.

Alors la Tenace rit, de toutes ses forces. De tout son corps, de toute son âme.

Alors la Tenace hurle son amour de la liberté avec des cris d'animaux, que peut-être son frère entendra. Ou Capucin. Ou Pic.

Ça lui fait du bien. Salamandre le sent, elle le sait. Elle est propre de toute cette tristesse poisseuse et envahissante.

- Oui, c'était une bonne idée !

La malice dans sa voix est de retour. Son esplieglerie est de retour, et Salamandre a de nouveaux les yeux qui pétillent et la caboche pleine d'idées d'aventures. Elle est de nouveau elle-même, et ses éclats de rire bataillent contre le bruit de la pluie. Son orage personnel est parti, et la Tenace rayonne à nouveau.

- Pfeuh ! On s'en fout de se faire gronder ! Ça finit toujours par passer, pour les petites choses comme ça. Y a pas eu de mort, alors tout va bien !

Et bim ! On envoie valser la prudence, la morale qu'on lui fera peut-être, les contraintes qu'elle n'aime pas.

- Et puis de toute façon, si j'veux danser sous la pluie, qui m'en empêche ? Même en restant dedans, je peux m'imaginer dehors, et danser ! Je peux choisir de ressentir encore les gouttes qui martellent ma peau et ruissellent tout le long, et le son de tambour que ça fait, et choisir mes nuages comme ils me plaisent ! Mon cœur et ma tête sont libres, c'est pas trois gouttes qui feront la différence !

Et bam ! Du grand Salamandre, de la folle Salamandre, qui sent soudain la mousse sous ses pieds, le vent dans ses plumes, le ciel la couver du regard. Elle est fille du vent, de la rivière, de la forêt toute entière. Rien ni personne ne pourra jamais rien contre ça.

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Salamandre comprend tout de suite l'exercice. La preuve c'est qu'elle se met immédiatement à hurler. Elle hurle de rire, le plus fort possible, tête levée vers le ciel. Abeille rit aussi, moins fort peut-être, parce que c'est juste comme ça qu'elle est, mais avec au moins autant d'enthousiasme, et elles crient toutes les deux pendant qu'elles se font inonder par la pluie de sel, et tout le camp Huron doivent les prendre pour des folles.
Rien de mieux, donc.

Et la papoose déclame.
Et c'est bien beau ce qu'elle dit. Et c'est bien vrai, en plus !

« Tu as raison, Salamandre. Et c'est pour ça que tu gagneras toujours, quoi qu'il t'arrive. »

Ça sort tout seul et elle se rend compte qu'elle y croit. Salamandre est une battante. Salamandre gagnera toujours, quoi que le monde lui envoie à la face, parce qu'elle a cette attitude et cet élan qui pourrait brûler la terre sous ses pas. Abeille sourit, puis reprend, plus pensive.

« La meilleure chose à faire, pour ne pas être triste, c'est agir. »

Cette certitude là, elle ne l'a pas toujours eu.
Elle rajoute :

« Même si c'est dans ta tête. »

Les yeux toujours fermés, elle s'imagine ce que Salamandre lui a décrit. La danse et les nuages. Elle ne sait plus à quoi tout ça ressemble, seulement à quelle sensation ça correspond. Aux pas qu'il faut faire, aux battements de la musique ou au martèlement de la pluie.

« Allons chercher tes peintures », propose-t-elle, en lui attrapant la main de nouveau.

Tu ne peux pas le voir, mais le sourire que Salamandre t'offre pourrait presque concurrencer le soleil. Des couleurs lui montent aux joues, parce que ton compliment est fort, et beau. Et venant de toi.. Ce n'est pas rien. Ele rit un peu, du coup, et quand tu continues de parler et que ça a l'air d'être uen sorte de confirmation de ce que tu disais, la papoose se trémousse un peu devant toi. Partagée entre bonheur et embarras, elle finit par opter pour la troisième voie et se jeter contre toi pour un de ces énormes câlins sauvages dont elle a le secret.

- Ca suffit pas toujours, tu sais ? Des fois, faut quelqu'un pour le rappeler, et remontrer comment faire.

Salamandre rit doucement en te serrant contre elle, et glousse de plus belle quand enfin elle te libère. Venir te voir, c'était une bonne idée. Définiivement. Mais il n'y a pas une fois où elle ait regretté de venir. Sauf peut-être quand elle tombe parfois sur Termite Avisé et qu'il la gronde de trop courir partout. Mais ça ne dure jamais longtemps. Toujours, le soleil revient, et toujours elle est heureuse de l'avoir fait.

Si elle n'avait pas déjà eu une mère, elle aurait aimé que tu sois la sienne, Abeille. Bien entendu, jamais elle ne te l'a dit. Jamais sans doute l'enfant ne te le dira. Ce serait comme avouer qu'Elan Sensible est plus qu'un tuteur pour elle : ce serait comme trahir ses parents, les vrais. Non, jamais elle ne pourra se résoudre à ça. Mais il m'empêche que tu lui réchauffe le coeur. Et dans la tête de la papoose, devoir quitter quelqu'un d'aussi formidable que toi ne peut pas être causé par une raison positive. Un petit pincement de coeur pour Jerk. Salamandre n'est pas certaine de vraiment comprendre pourquoi il a fait ça, mais elle a mal pour lui. Elle ne l'imagine pas partir pour une raison heureuse. Et puis pour toi, aussi, Abeille. Tu as largement ta dose de souffrance aussi dans l'histoire.

Alors Salamandre essaye de partager un peu de son feu intérieur pour toi. Elle sourit de toutes ses forces, et même si tu ne pourras pas le voir ça doit s'entendre dans sa voix. D'ailleurs, elle glousse de plus belle quand tu lui attrapes la main, et l'enfant te la serre fort.

- Je te préviens je sais pas encore peindre trop. J'apprends !

Mais elle aimerait bien apprendre ça, oui. Et voyager, et voler. Et.. Et plus tard ? Des fois elle se demande ce qu'elle pourra faire de sa vie, après. Quand son frère sera retrouvé, parce qu'il passe avant tout le reste. Evidemment.

- Abeille, comment tu as décidé que tu ferais du miel dans ta vie ? Enfin, en plus des autres choses, mais pourquoi le miel ?

La question a dix balles, la petite colle est lâchée, alros que Salamandre te tient toujours la main et te guide vers chez elle. L'enfant a déjà décidé qu'elle s'appliquera pour tes couleurs. Elle n'est pas certaine de pouvoirfaire joli, heureusement tu l'es déjà beaucoup donc ça compensera. Mais elle va essayer de faire en sorte que ça ne soit pas laid, en tout cas.

Oh et Elan pourra voir comme sa couronne te va bien !

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- Ça suffit pas toujours, tu sais ? Des fois, faut quelqu'un pour le rappeler, et remontrer comment faire.

Salamandre s'est plaquée tout contre elle, et laisse Abeille réfléchir à ça ; elle passe ses bras autour d'elle, par instinct. Instinct de maman. Elle fait un cocon de chaleur et de cheveux mouillés, un rempart inutile contre la pluie.

« Peut-être ... »

Mais c'est déjà le naufrage. Son cœur chavire, et elle aurait de la peine à expliquer pourquoi. Salamandre a raison, bien sûr qu'elle a raison. Et Abeille est la première à l'affirmer, qu'il ne faut pas rester seul, que demander de l'aide, c'est déjà être incroyablement fort.
Elle a dit à Koala quelque chose du genre, il y a pas très longtemps.

Pour être honnête, ce n'est pas un principe qu'elle applique beaucoup.
Hypocrite, se dit Abeille non sans une pointe d'amusement.

Elles passent à autre chose. Salamandre est parfois plus volage qu'un papillon monarque. Elle l’entraîne vers chez elle sous la pluie battante, sans cesser de poser des milliers de questions. Celle-ci l'étonne un peu. Mais c'est vrai que la papoose n'a pas l'habitude de venir l'aider avec sa ruche, comme le font Koala et Hérisson.

« Ce n'est pas vraiment un choix, en fait. »

Elle dégage ses cheveux derrière ses épaules, de sa main libre, et offre à Salamandre un sourire songeur.

« Ce sont les abelliqueuses qui choisissent leur reine. Sans vraiment demander avant. Pas très poli, je sais. »

Elle omet volontairement de dire que l'alternative est la mort : ça n'a pas vraiment sa place dans une conversation optimiste.

« Disons que le miel, c'est un bonus. Un très bon bonus. Ça arrange tout le monde, au final. »

Elle reste silencieuse quelques secondes alors qu'elles marchent, et lâche soudainement :

« Si tu as le choix, tu devrais faire quelque chose qui te plaît. »

Dès lors que l'étreinte est terminée, Salamandre avance d'un bon pas en te guidant, ta main toujours captive de la sienne. Toi, tu souris encore et tu reprends la parole. Et pour une fois.. Pour une fois Salamandre se tait tout à fait. Quand tu expliques que ce sont les abelliqueuses qui décident, que ce n'est pas vraiment un choix. Que le miel, c'est juste un cadeau en plus sans avoir été un but pour toi. Et son visage devient de plus en plus grave, au fur et à mesure qu'elle t'écoute. Elle n'aime pas trop les mots que tu utilises, tu sais ? "pas vraiment un choix", c'est tellement triste. Les abeilliqueuses, qui lui semblaient si fascinantes un peu plus tôt, ont soudainement des airs de garces capricieuses. Pour qui elles se prennent, à décider comme ça, hm ? Le respect, c'est pour tout le monde ! Oui, Salam s'échauffe rapidement. Sa main serre la tienne un peu plus fort, et ta conclusion l'achève.

C'est que ça sonne triste, tout de même. Triste, et résigné. Et Salam, jamais elle ne se résignera. On l'appelle la Tenace !

Son menton se redresse, ses sourcils se froncent impérieusement alors que l'enfant regarde le chemin, droit devant elle.

- Personne m'obligera à rien !

C'est une affirmation sans équivoque, un défi à la terre entière. Venez donc, humains, drame et abelliqueuses ! Venez donc essayer de la dompter ! Les Salamabdres glissent entre les doigts et ne se font pas captives si facilement. Les flammes brûlent quiconque les menaces, tout comme elles réchauffent leurs alliés. Salamandre n'a pas peur de faillir à ses objectifs, simplement que cela mette trop de temps pour son petit coeur impatient. Personne au camp n'a pu la forcer à capituler et admettre que son frère est mort. Si elle ne cède pas pour un sujet capital, aucune chance qu'on ne l'oblige à quoi que ce soit.

- J'ai trop de liberté dans le coeur, de toute façon. C'est comme la Pluie, c'est moi qui décide si elle coule ou pas dans ma tête.

La papoose redresse son visage vers toi, et toute sa détermination brûle dans son regard azuré. Un sourire fleurit, timide et pudique. Pour une fois, l'éclat de son expression est autre. Plus doux, mais certainement pas faible ou moins puissant. Tu ne le voit pas, mais peut-être l'entendras-tu.

- De toute façon, Elan ne laisserait personne faire.

Un aveu qu'elle souffle un peu plus bas, et qui est chargé de tout le poids du lien qui les unis. Non, Elan ne laissera pas faire qui que ce soit. Et s'il peine à contenir la petite tornade qu'elle est, il est pourtant le phare qui est toujours fidèle au poste envers et contre tout.

Un éclat de rire, et Salamandre accélère le pas : elle vient de voir le tipis. Vous arrivez enfin à destination, et elle s'ébroue comme un chien avant de rentrer. A l'intérieur, personne. La classe est terminée, et Elan est visiblement occupé ailleurs. Pff, nul ! Elle voulait lui montrer comme tu es jolie avec des fleurs plein la crinière. Tant pis pour lui ! Sans attendre davantage, la papoose fouille dans ses affaires et en exhume quelques pots colorés, plus ou moins rempli.

- Installe toi, Abeille Vigilante. Tu veux des couleurs comment ? De l'eau, de la terre, du vent ? Autre chose ?

C'est qu'elle va te faire du sur mesure, en plus. Et Salamandre prend bien soin d'associer les teintes à quelque chose que tu peux assimiler. Brave petite.

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C'est facile de faire comme si c'était pas la conversation la plus triste du monde ; comme si on parlait pas de choix qu'on arrache aux petites filles. Salamandre elle fait bien de glisser à travers de tout ça. De lever la tête et de gonfler le cœur et de s’appeler tenace. Elle affirme que personne ne l'obligera à rien, et Abeille la croit. Elan laissera pas, et elle non plus, et personne.

Le tipi est vide, le mentor de Salamandre est absent. Les seuls bruits qu'elle entend sont ceux de la pluie sur la toile et la respiration de la papoose qui a presque couru et trop ri. Elle-même se sent un peu à bout de souffle, un peu exaltée. Pas de vraie raison. Ça doit être la pluie.

- Installe toi, Abeille Vigilante. Tu veux des couleurs comment ? De l'eau, de la terre, du vent ? Autre chose ?
- Hum ... réfléchit-elle.

Sourire amusé, elle peut comprendre l'effort, celui d'associer les couleurs aux choses qui ont pas besoin qu'on les voit pour être belles. Salamandre est maline.

« Pourquoi pas de l'eau ? C'est approprié. »

C'est ça aussi : Abeille n'est jamais allée contre le courant. Peut-être que laisser Salamandre transformer son visage avec du bleu et des vagues, ça aidera. Peut-être qu'elle se fondra tellement avec les éléments qu'elle ne sentira même plus la pluie. Peut-être....

« Mais un peu de soleil aussi, ça ne ferait pas de mal », ajoute-t-elle à mi-voix.

Elle lève une main distraite pour attraper une des fleurs qui a glissé de la couronne et s'est perdue dans une mèche de cheveux trempés.

« De l'eau et du soleil. »

Elle te sourit, même si tu ne peux pas le voir. Mais c'est pas grave, parce qu'elle te l'offre quand même, ce rayon de bonne humeur. Les émotions, c'est pas pour que ça soit montré en attente de quelque chose. C'est juste un élan du coeur, un don de soi gratuitement. Du moins, c'est comme ça que la fillette le vit et le sent. Elle s'active, te laisse t'installer mais sort ses pots de couleurs en réfléchissant à ta réponse.

- L'eau et le soleil, c'est joli comme idée.

Salamandre visualise les méandres paresseux de la Rivière sous les rayons tendres du soleil qui percent entre les feuillages. Elle voit les vagues impétueuses se jeter sur les récifs et s'échouer lascivement sur la plage alors que l'éclat du jour les fait chanter de mille lumières éphémères. Elle voit les cascades, les bribes de lumières captives des flaques après la pluie, et trouve que ce mouvement et cette chaleur combinés, ça te va bien. Tu es un peu tout ça, au fond. Libre, tellement libre.

Et alors qu'elle se dit ça, une bribe de votre conversation lui revient en tête. Les abelliqueuses choisissent leur reine, qu celle-ci le veuille ou pas. Où est ta liberté là-dedans ? Ca ternit un peu l'éclat de son imaginaire, un bref instant. L'enfant a toujour imaginé que les contraintes n'avaient pas de prises sur toi, et c'est quelque chose qu'elle admirait. Mais cette impression, était-ce faux ?

Tenant ses pots dans les bras, et elle se retrourne vers toi pour t'observer. D'ailleurs, il ne lui faut que quelques pas pour être à ton niveau à nouveau. Délicatement, pour n'en casser ni n'en renverser aucun, elle les posent non loin et s'assoie à genou devant toi.

- Tu veux des couleurs où ? Y a des motifs que tu préfères ? Par exemple, pointu ou plutôt doux et souple ?

Elle te mettrait un peu des deux, mais surtout du souple. Mais te connait-elle si bien ? Elle en doute presque, maintenant. Tu sembles si enjouée, et pourtant tu n'as peut-être pas choisi ta vie. C'est beau cette résilience, mais un peu triste. Salamandre est calme, trop peut-être. Mais ce n'est pas de l'orage cette fois. La papoose réfléchit, elle médite sur ce que tu lui as dit. C'est beaucoup d'un coup, quand même. Comment tu fais pour sourire autant, si tu as été bridée ? Salamandre sait à demi mot l'histoire des jumeaux, sans s'y être jamais trop attardé. Il y a les bruits qui courent, auxquels la Tenace ne prêtait pas attention. Et pourtant, tu es là, tranquille, et tu souris.

- C'est quoi ta définition d'être libre ?

La question est sortie d'un coup, et Salamandre elle-même ne s'y attendait pas.

As a child it worried me
That all the ones I loved one day died
I still recall when I realized
I couldn't save them no matter how I tried

Salamandre Bleue s'entête en #1A76BD.

Merci Fre. ♥:

Sujet: Re: L'orage rajeunit les fleurs Lun 10 Sep 2018 - 22:22

« Doux et souple, non ? »

Elle répond dans un murmure. C'est comme ça qu'elle l'imaginait en tout cas. L'eau d'une rivière calme baignée dans le soleil, une image laissée derrière par la pluie, et l'orage, mais qu'elle n'a pas pourtant oublié.
Parfois l'eau est dure, pointue, et meurtrière, mais ce n'est pas ce qu'elle veut qu'on lui dessine sur la peau pour l'instant.

« Enfin pour moi ça changera pas grand chose », plaisante-t-elle. « A moins que tu parles de la façon dont tu me charcuteras la peau avec des pinceaux. »

La papoose pose ses pots de peinture un par un dans un petit bruit feutré. Pouf pouf, pouf. Et Abeille toujours en tailleurs, tend son visage en avant, yeux fermés et tout sourire en attendant d'être peinte. A la place Salamandre lâche une nouvelle bombe.

- C'est quoi ta définition d'être libre ?

Si son sourire vacille, elle ne fait mine de rien.
Elle se recule en arrière un peu, prend une inspiration, l'air de réfléchir. C'est ce qu'elle a dit tout à l'heure, qui

« La même que celle de tout le monde, je crois. C'est pouvoir faire ce que tu veux. C'est idiot comme définition pas vrai, on peut jamais faire tout ce qu'on veut. Mais c'est au moins avoir l'impression que tu pourrais faire ce que tu veux. Qu'on te force à rien. »

Elle pause. Elle ajoute :

« Surtout pas à quelque chose de mauvais pour toi. »

La liberté c'est différent quand on est enfant. On trouve injuste de ne pas pouvoir sortir toute la nuit sous la pluie, de ne pas grimper à un arbre quand les branches sont trop fines …. Abeille a été la première à hurler et déclarer que les adultes lui mettaient des chaînes aux chevilles.

« C'est toi qui dis que tu as de la liberté dans ton cœur, non ? Qu'est-ce que c'est, Salamandre ? »

Sujet: Re: L'orage rajeunit les fleurs Ven 28 Sep 2018 - 0:55

Elle t'a posé une question sans trop la sentir venir. C'est comme ça, avec Salamandre. Souvent, son coeur pense plus vite qu'elle. Ses mots vont plus vite que sa pensée, tout en la reflètant fidèlement. Spontanée, mais entière. Elle te voit reculer un peu, et se demande si elle aurait du éviter cette question.

Ta réponse ne lui laisse pas le temps de se demander ça très longtemps. Il y a de nouvelles choses à assimiler, des notions plus subtiles que sa vision du monde ne le lui avait laissé deviner. Tes mots lui font mal. Abeille. L'impression de pouvoir faire ce qu'on veut, c'est tellement triste. Tellement moche. Alors c'est ca, votre monde ? Un endroit où finalement on n'a pas de choix ? Ou tout ce qui reste, c'est l'illusion ?

Salamandre, ca lui donne envie de hurler. De se débattre. De pleurer. Il lui semble sentir soudainement, physiquement, la chape de plomb des faux choix de ton monde. Salamandre, elle n'aime pas ça. L'enfant s'agite, se gratte soudainement comme pour chasser de sa peau quelque chose qui s'y collerait. Une impression de saleté, d'elle ne sait pas trop quoi qui s'accroche et l'énerve.

Finalement, comme ça ne marche pas, l'enfant laisse tomber et attrape sa peinture. Elle doit encore te peindre le visage, après tout. Elle a promis. Mais ça turbine, et plus encore avec la question que tu lui poses. En guise de réponse, tu as d'abord juste un vague "hmm" pensif, alors qu'elle applique la couleur sur ta peau. Il faut qu'elle y réfléchisse. Là tout de suite, elle ne sait pas quoi répondre.

Il y a quelques temps, elle t'aurait repondu que c'est pouvoir courir où le vent la porte, sans d'autre contrainte que la force de ses jambes et l'air brûlant de ses poumons. Il y a quelques temps, elle t'aurait dit que c'est aller où elle veut, faire ce qu'elle veut. Mais maintenant, ça lui semble faux. Bancale. Sans qu'elle ne le formule si clairement dans son esprit, rester à cette définition serait comme admettre quelle n'est pas ou ne sera jamais vraiment libre.

Salamandre trouve ça terrifiant. Réellement, profondément terrifiant. Aussi terrifiant que l'idée de ne jamais revoir son frère.

Elle peint quelques vagues dorée, mais sans pouvoir les trouver aussi joyeuses ou apaisée qu'elle le voudrait. Finalement, la Tenace décide de ne pas en tenir compte, et de continuer à peindre quoi qu'il arrive. Ne pas abandonner, jamais.

- Je ne sais pas, Abeille. Je ne sais plus trop. On a dit beaucoup de choses, ça fait réfléchir.

Pourtant, il y a une réponse. Une conclusion possible à tout ça. Elle le sait, tout comme elle sait que son frère est là, quelque part. Il faut juste chercher, continuer encore et encore. Sans trop savoir pourquoi, ses mots sous la pluie lui reviennent. Ca la fait sourire un peu, et la voilà qui repose la couleur de lumière pour saisir le bleu.

- Je crois que la liberté, c'est ce qu'il y a dans le coeur et la tête. Tu n'as pas choisis d'être la Reine des Abelliqueuses. Mais tu reste toi quand même. Tu choisis comment est le ciel dans ta tête. Peut-être que c'est ça.

Pas ce qu'on peut faire ou pas faire, parce qu'on peut jamais vraiment tout faire comme on veut. Mais la liberté de penser, de rêver, de ressentir et d'aimer malgré ce qui arrive sur notre route. Salamandre ne sait pas comment le formuler, mais elle le sent là, qui gonfle son coeur et lui redonne une énergie nouvelle. Une détermination infaillible, aussi, à ne pas se laisser noyer par la pluie du monde extérieur. Elle le sent partout dans son corps, elle se sent forte et prête à rire et danser sous la pluie.

C'est peut-être ça, sa liberté.

As a child it worried me
That all the ones I loved one day died
I still recall when I realized
I couldn't save them no matter how I tried

Salamandre Bleue s'entête en #1A76BD.

Merci Fre. ♥:

» Hache ou Fleurs ?
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