Curiositas

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Il se dégageait du port des odeurs nauséabondes. Alcool, opium, excréments, sueurs, poudre à canon, feu de bois, poissons frais ou pourris, tout s’emmêlait pour créer un parfum fort et entêtant. Pire, il n’y avait pas moyen d’y échapper. Emporté par le vent marin, l’horrible parfum du village des Visages Pâles se répandaient à des lieux à la ronde telle un brouillard invisible.

Coyote Revêche en avait la nausée.

Comme des Hommes pouvaient-ils vivre dans pareil village ? Fait de pierre et de bois, il n’y avait pas place à la nature. Seule la main puissante et hautaine des Peaux-Blanches subsistait. Un jour, tout brûlerait et sur les cendres de ce village nauséabond, Coyote Revêche hurlerait de joie.

Toutefois, ce jour n’était pas encore venu et la Piccaninny fronçait toujours le nez sous les assauts malodorants qui se dégageaient de ces rues. Ombre silencieuse dans la nuit, elle avançait rapidement. Sous ses pieds nues, la pierre froide des rues avait remplacé la terre tiède et moelleuse de la jungle. Ses sens restaient en alerte et chaque bruit lui faisait tourner la tête. Elle ne devrait pas être ici, les anciens racontaient maintes histoires sur le village des Visages Pâles, mais la jeune fille n’avait que faire des avertissements et autres restrictions. Coyote Revêche allait où elle voulait.

Même au village des Visages Pâles.

Agilement, elle escalada un mur et se hissa sur le toit d’un de bâtiment fait de pierre et de bois. La Peau-Rouge regarda à l’horizon et distingua un édifice qui dépassait ceux qui le bordait. Un sourire carnassier s’étira sur ses lèvres. La voici cette fumerie. Que ces Hommes étaient idiots. Avoir un lieu dédier à fumer. Les Indiens, eux, n’avaient pas de lieu pour fumer. Ils fumaient quand l’occasion se présentait. Bien mieux et plus simple ainsi. La jeune fille avait cependant ouïe dire que des Piccaninnys y venaient et elle devait avoir confirmation. Savoir qui socialisait avec l’ennemi.

Avec leste, Coyote Revêche redescendit de son observatoire et reprit son chemin entre ombre et lumière. Plus elle s’approchait de son but, plus l’odeur de l’opium assaillait son odorat. Elle se glissa le long du mur et se posta sous l’une des grandes fenêtres. Son don issu de son animal totem se réveilla et tendit l’oreille.

Entendre et repartir. Aussi simple que ça.

Sujet: Re: Curiositas Mar 31 Jan 2017 - 22:07

Le soir était en train de tomber sur le port. Claudia rentrait au bercail. Sa journée avait été fructueuse de trouvailles, même si elle n'était pas allé chasser. Le mouton arc-en-ciel suivait à ses côtés. De là où elle était, elle pouvait voir la "ville" s'illuminer, prendre vie au rythme des tavernes et des pirates qui s'en revenaient de mer. Ce spectacle la mettait en joie et elle aurait pu rester longtemps là à le contempler.

Quand elle arriva à la maison close, il y avait déjà un peu de monde à l'intérieur. Elle monta dans sa chambre poser ses affaires et se faire belle pour la soirée. Où irait elle ? A la taverne peut être. Elle aimait écouter Quartz chanter. Chez Louis ? Peut être. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas aller lui rendre visite... vérifier que tout se passait bien ou juste venir en tant que cliente. A la fumerie ? Pourquoi pas. Elle pouvait la voir depuis sa chambre, le bâtiment était lié à la maison close. Cela ne servait à rien de rester ici pour le moment, les choses sérieuses ne commenceraient que bien plus tard dans la nuit.

Elle ne savait toujours pas quand elle eut fini de se vêtir mais elle se trouvait fort belle dans le miroir. Ses boucles étaient bien mises, sa robe somptueuse et son maquillage impeccable. Elle laissa l'ombrelle là. Cela ne servait à rien dans l'obscurité. Elle attendit tout de fois que son compagnon à quatre pattes ait fini de manger et lui donna de l'eau, au cas où il serait déshydrater. Peut être devait elle d'abord le reconduire au pré avant d'aller s'amuser ? Oui, c'était sans doute le mieux à faire. Elle sortit donc par la porte de derrière, passant par la cuisine. Mais alors qu'elle allait partir en direction du lieu, ses yeux se posèrent sur la fumerie. Il y avait quelqu'un qui venait de sauter du toit.

Dame Yamanaka n'était pas tendre avec les voleurs. Etait ce un brigand qui se sauvait ? Elle s'approcha pour voir, tentant de se faire la plus discrète que possible. Et ce qu'elle vit la surprit : c'était une peau-rouge. Une femme, jeune cependant. La vingtaine à tout casser. Elle semblait concentré à espionner par la fenêtre. C'était... si mignon. Et de suite, elle sut ce qu'elle allait faire de sa soirée. A quoi bon aller dans une taverne, un bar ou que sais-je quand elle avait une si jolie source de distraction sous les yeux. L'indienne ne l'avait pas encore remarqué aussi fit elle sur un ton mielleux :

-Tu es perdue mon enfant ?

Sans doute que s'adresser à elle ainsi la fit sursauter. Elle réprima un gloussement, ne voulant pas la vexer ou l'effrayer. Cependant elle ne pouvait s'empêcher de sourire en la regardant. Elle s'approcha encore un peu. Le mouton suivait à son rythme derrière.

-Tu sais, si tu veux rentrer, tu peux. Il ne faut pas te cacher comme cela. La propriétaire fait peur mais elle est gentille.

Cette fois ci elle ne put s'empêcher de glousser et lui prit doucement la main. Cette petite peau-rouge était si mignonne. Dans un autre contexte, elle lui aurait surement proposé de rejoindre la maison close. Mais là, de suite, elle voulait simplement jouer avec. Et éventuellement l'avoir dans son lit à la fin de la nuit qui sait...

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L’oreille tendue, Coyote Revêche essayait d’entendre une voix familière parmi le chaos qui régnait à l’intérieur du bâtiment. Pour mieux se concentrer et de faire le tri des bruits de la fumerie, elle avait fermé les yeux. L’insupportable odeur l’importunait et la Piccaninny tentait, vaille que vaille, d’oublier l’assaut nauséabond des lieux. Elle y arrivait difficilement. Malheureusement, elle ne sentit ni n’attendit la Visage Pâle qui s’adressa à elle. Immédiatement, Coyote Revêche se replia sur elle-même, prête à bondir, le couteau à la main.

Son regard alla du mouton à l’inconnue bien vêtue calculant rapidement ses chances de gagner le combat. Elle les estimait à 80 pourcents. Le danger venait des fusils. Ces bâtons de feu causaient la mort de nombreux des siens. Toutefois, l’autre ne semblait pas en porter sur elle, mais rien n’indiquait qu’elle n’en cachait pas un sous… sous tout ce tissu. Si l’indienne était suffisamment rapide, elle pourrait agir sans que la Peau Blanche appel à l’aide.

Pourtant, cette dernière ne se formalisa pas de l’attitude hostile de Coyote Revêche, Elle continua de parler avec gentillesse et mièvrerie. Pis, elle osa prendre la main de la Peau Rouge et l’inviter à entrer.

« Je veux pas entrer dans un lieu de Visages Pâles. » grogna-t-elle.

Sa main se resserra sur les doigts blancs pour que l’autre la relâche. Elle ne la distinguait pas très bien, mais son parfum sucré avait de quoi plaire à l’indienne. Toutefois, c’était un piège. Comme l’odeur sucré des plantes carnivores pour attirer les insectes.

« Je me cachais pas. J’écoutais. »

Un peu plus et Coyote Revêche bombait le torse pour lui montrer qu’elle ne la suivrait pas. La Visage Pâle sentait bon, parlait gentiment et était bien vêtue, mais la Piccaninny ne lui faisait pas confiance.

« J’étais là que pour les Peaux-Rouges. S’il n’y en a pas ici, je pars. »

Evidemment, elle avait sursauté. Mais cela était prévisible, aussi la Bergère ne s'en était pas formalisé. Cependant, elle n'avait pas prévu qu'elle serait autant sur la défensive. Euh pardon, elle avait parlé de défensive ? Cette gamine était clairement porté sur l'attaque ! Sans aucune raison apparente, du moins aux yeux de Claudia. Elle avait donc été extrêmement offensée quand elle lui avait fait mal à la main alors que son geste n'avait été que dans un but amicale. Fichtre, elle réagissait si violemment pour si peu ?

Qu'est ce qu'elle lui aurait fait si elle lui avait mis la main au fesse ?

Elle écouta néanmoins ce qu'elle disait avec attention (et en ayant retiré sa main) et ne put s'empêcher de soupirer.

-My, my, my. Pourquoi tant de violence quand cela n'est pas nécessaire ?

Elle se redressa légèrement et lui envoya une pichenette sur le front. Ben quoi ? Elle l'avait mérité, elle lui avait fait mal !

-Et pourquoi s'encombrer de telles distinctions ? fit-elle en levant les yeux au ciel. A qui cela importe que cet endroit soit tenue par des peaux rouges ou des peaux blanches ? C'est une opiumerie !

Elle n'était pas certaine que ce mot existait mais il y avait de l'exaspération dans sa voix. Elle se retourna pour vérifier que son mouton était toujours là et que tout ce bruit ne l'ait pas fait fuir. Elle passa ses bras autour de son cou, le calinant pour le rassurer, et réfléchit tout de même à la dernière phrase de la jeune fille :

-Mais pour répondre à ta question... Peut être bien qu'y en a. Après tout, certains vont chez Louis, mais là bas c'est un terrain neutre. Enfin ce n'est pas en restant ici que tu le découvriras.

Invité

De colère, Coyote Revêche montra les crocs suite à la pichenette qu’elle reçut sur le front. À trop jouer avec le feu, la Visage Pâle finirait par si brûler, parole de Piccaninny. Une main brouillée restait un mal bien léger comparé à la douleur que la Peau Rouge lui ferait vivre si elle l’attaquait une nouvelle fois. De plus, l’indienne ne se laisserait pas dupée par l’autre demoiselle. Cette dernière pouvait bien utiliser des mots empreint de mièvrerie et de gentillesse, l’indienne y percevait le venin de son espèce. Évidemment, la Solitaire ne lui faisait pas confiance. L’autre lui parlait comme si elle s’agissait d’un client qu’on embobinait pour lui retirer tout son argent. Pas de bol, la Peau Rouge n’avait pas d’argent sur elle.

Des mots trop doux pour une inconnue.

« Ça importe à moi. On ne peut pas faire confiance aux Peaux Blanches. » grogna-t-elle pour simple explication.

La Piccaninny aimait de moins en moins la demoiselle et risquait très bientôt perdre patience. Et Coyote Revêche n’était pas reconnu pour sa patience. Pourtant, l’indienne ne pouvait pas l’attaquer en terrain ennemi. Trop d’hommes blancs à proximité pour qu’elle puisse agir seule. Doucement, ses doigts pianotèrent sur le manche de son couteau et regretta de ne pas pouvoir le planter dans la gorge de l’inconnue.

Toutefois, l’autre marquait un point. Coyote Revêche ne découvrirait rien en restant à l’extérieur de l’édifice. Les Visages Pâles créaient une cacophonie qui l’empêchait de distinguer quoi que ce soit. Après un moment de réflexion, l’adolescente regarda par-dessus son épaule. Deux choix s’offrait à elle, repartir ou entrer dans la gueule du loup.

La Piccaninny soupira.

« Tu viens avec moi. Pas de mauvais tours. Pas de mensonges. Pas de magie ou de bâton de feu. On entre, je regarde et je repars. C’est compris ? »

Sans attendre, la Peau Rouge poussa la demoiselle devant elle, sans se préoccuper du mouton. L’animal n’était pas son problème. La main sur son couton, l’adolescente suivit quelques pas derrière la rousse et entra dans cet enfer des Visages Pâles. La fumée lui piqua immédiatement le nez et les yeux et l’indienne fut prise d’une quinte de toux.

« Où sont-ils ? »

Le fait que la peau-rouge montre les crocs l'agaça fortement et elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel en entendant ses justifications. Pfft, ça restait de la prise de tête inutile. Elle caressa le mouton une fois de plus. Ce pauvre petit avait été effrayé par cette vilaine dame. Elle même se demandait si cela était vraiment une bonne idée que d'être allé la voir. Elle semblait tellement à côté de la plaque. Dans quel monde vivait elle pour ne voir qu'agression et violence alors qu'il ne s'était encore rien passé ? Comment allait elle lui faire comprendre ce qu'elle recherchait si elle interprétait tout de travers ?

-Tu viens avec moi. Pas de mauvais tours. Pas de mensonges. Pas de magie ou de bâton de feu. On entre, je regarde et je repars. C’est compris ?
-Qu... Mais qu'est ce que tu t'imagines comme con...

Mais elle n'avait pas eu le temps de continuer à objecter que cette dernière l'avait déjà poussé devant elle. Le mouton bêla et même Claudia du se retenir de ne pas lui crier "TU FAIS CHIER" à la figure. A la place, elle inspira un grand coup et tenta de ne pas laisser la frustration la gagner. La petite troupe avança ainsi jusqu'à l'entrée, où elle laissa la pauvre bête à l'extérieure. Une fois entrée, elle entendit quelqu'un s'étouffer et se retourna.

- Où sont-ils ?
-Oula, ca va ?

La voir tousser comme cela l'effraya un peu. Elle était vraiment fragile cette gamine, non ? Oui car plus elle y réfléchissait, plus elle se disait qu'il s'agissait probablement d'une adolescente. Elle n'arrivait pas à s'expliquer son comportement autrement. Pfft... Voulait elle vraiment continuer avec une personne aussi jeune ? Pour un coup d'un soir peut être ? Enfin elle ne savait pas trop. Mais autant finir de la conduire ici, avant qu'elle ne tombe sur une mauvaise personne, elle qui n'était pas protégé par le tatouage du capitaine crochet. Elle sortit un mouchoir de sa poche. Il était parfumé, comme il est d'usage de le faire pour une dame. Elle espérait que cela lui permette de respirer un peu mieux.

-Tiens, mets ca autour de ton nez si tu ne supportes pas la fumée. Et ils sont probablement au sous-sol. En f...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle remarqua un membre du personnel se diriger vers eux. Elle eut à peine le temps de glisser un petit "Agis naturellement" que cette fille était en face d'elle. Elle lui disait quelque chose, elle était pratiquement sûre de l'avoir ramenée à Dame Yamanaka.

-Bonsoir Claudia.
-Bonsoir, pardonnez nous l'intrusion. Nous sommes à la recherche d'un voleur, un peau rouge qu'on aurait apperçu dans les environs. Nous allons faire un tour au sous-sol, histoire de vérifier, puis nous repartons aussitôt, promis.

Elle pria pour que le mensonge sois convaincant. Mais cette fille observait bien trop sa.. euh... compagne ? compagnone ? Aussi rajouta-t-elle :

-C'est une nouvelle à la maison.

Elle aurait bien rajouté quelque chose, comme quoi elle lui montrait les environs ou qu'elle l'emmènerait voir Lady Ruby après mais elle était pratiquement sûre que la peau rouge ne verrait pas le mensonge et la prendrait au pied de la lettre. Ce qui n'était pas une bonne idée. L'ennui c'est que, du coup, elle parut moyennement convaincante et la fille de l'accueil leur demanda d'attendre ici quelques minutes. Claudia en profita pour se retourner et continuer l'explication.

-Donc je disais. Ici, plus tu payes cher, mieux tu est traité et inversement. Mais vu que l'argent ne circule que dans le port, je ne pense pas que les tiens puissent avoir accès à une très grande fortune, sans vouloir t'offenser bien sûr. Donc s'il y en a, ils seront surement au premier tarif, AKA le sous sol.

Elle ajouta ensuite, soucieuse :

-Ca va mieux pour la fumée ?

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Coyote Revêche ne prit pas la peine de remercier le Visage Pâle pour son bout de tissu. Toutefois, elle fit comme il lui était demandé – par choix, pas par obéissance – ce qui provoqua un nouveau retroussement de nez. Le parfum dont le mouchoir était aspergé, à quoi l’indienne ne s’était pas attendue, lui brouillait son odorat sur développé par son essence animal. Son attention se porta alors vers cette nouvelle Peau Blanche qui vint à leur rencontre. Déjà, la jeune femme glissait le pied au sol et courbait le dos se plaçant en position d’attaque. Agis naturellement… Coyote Revêche gronda. Après tout, gronder lui était naturel. Pis, elle n’aimait pas le regard scrutateur qu’on posait sur elle. Si elle pouvait, elle lui arracherait les lui et les donnerait à manger aux corbeaux si elle ne craignait pas d’attirer l’attention. Une prochaine fois, peut-être. La voir partir la calma et ne dévia pas du regard jusqu’à entendre à nouveau une voix à son oreille.

« Vais mieux. Il y a plus de fumer que dans le tipi de l’ancêtre dragon. » Et Pan seul savait ô combien son tipi était enfumé. « Et l’odeur… insupportable. Entêtant. »

De l’endroit où elles attendaient, la Peau Rouge ne voyait que des Visages Pâles. L’inconnue lui parlait du AKA sous-sol, ce qui ne signifiait rien pour Coyote Revêche. Qu’était-ce un AKA sous-sol ? Au lieu de lui poser la question, l’indienne préféra écouter. Ainsi, elle laissa ses sens de prédateur prendre le dessus. Ce qu’elle entendit, n’était qu’un énorme chaos de sons et de voix, la musique rendant indistinctes les conversations dites aux creux des oreilles.

« Pourquoi on doit attendre. Je veux juste voir et repartir. »

Cependant, l’autre jeune femme revenait déjà en compagnie d’une seconde. Immédiatement, Coyote Revêche se repositionna, prête à attaquer au moindre danger.

« Qu’avons-nous là ? »

Sans peur, une main se posa sur la joue de la Peau Rouge et l’obligea à relever la tête. Un pouce glissa sur sa pommette ce qui eut pour effet d’étendre le maquillage de la guerrière. Coyote Revêche montra les crocs, prête à mordre, mais l’autre ne sembla pas plus effrayée.

« Une sauvageonne. On m’a dit qu’il s’agissait d’une nouvelle, mais je ne m’attendais pas à voir un animal errant. C’est à la fois atypique et exotique. Peut-être que sous cette couche de saleté ce cache un diamant. »
« Je suis pas un animal errant. »
« Tss Tss. Je n’accepterai pas de grognements. Claudia, monte à l’étage et fait lui prendre un bain. Nous ne pouvons la présenter dans ses haillons à nos inestimables clients. Offre lui aussi un verre. Elle semble crispée. »

HRP: La femme peut être n'importe qui. Coyote verra pas la différence XD

Elle disait qu'elle allait mieux. Claudia ne demandait qu'à la croire mais elle avait tout de même des doutes. Et aussi elle ne semblait pas vraiment savoir se tenir en milieu civilisé, à en voir sa réaction quand l'employée était venue. Aussi, même avec toute la patience dont elle était capable, la bergère ne put s'empêcher de se sentir agacée quand elle l'entendit demander pourquoi elles devaient attendre. N'écoutaient elles rien de ce qu'on lui disait ? Elle se retourna et marmonna d'un air contrarié :

-Je viens de te le dire enfin. C'est parce que...

Mais elle fut vite coupée par le fait que l'employée revenait, accompagnée d'une fille de joie. Claudia ne la connaissait pas vraiment, ce n'était pas une de celle qu'elle avait amené. Et son air suffisant à son égard lui donnait autant envie de grogner que la sauvageonne. Sauf qu'elle ne pouvait pas vraiment se le permettre. Elle était une personne civilisée, elle, et non plus une gamine. Ce fut donc avec un sourire crispée et une envie de la déchiqueté à la hache qu'elle écouta cette putain (au sens propre du terme) lui dire comment lui faire son travail. A la fin, elle tenta de parler d'une voix la plus calme possible :

-Depuis quand es tu devenue ma supérieure pour me donner des ordres ainsi ? Car, au dernières nouvelles, c'était dans l'autre sens.

En fait pas forcément mais la rabatteuse n'avait aucune envie de se faire marcher sur les pieds. Même si Dame Yamako en personne était venu lui donner des ordres, elle l'aurait envoyé ch... bouler. La seule personne à laquelle elle obéissait était et demeurerait Lady Ruby. Elle continua donc, prise d'un soudain culot.

-Ceci dit, merci de nous laisser entrer. Nous allons donc faire ce que nous avons à faire maintenant. Bonne soirée.

Et sur ce, elle empoigna la main de la peau-rouge et la força à la suivre, à un rythme rapide pour éviter d'être suivie. C'était vraiment du culot. Si elles se plaignaient à leur supérieure, elle serait surement dans de beaux draps mais la colère l'empêchait de penser clairement. Elles atteignirent bien vite le sous-sol, dévalant l'escalier rapidement. Alors qu'elles étaient à la porte, Claudia se retourna et lui dit :

-Okay, normalement, s'il y en a, ils sont ici. Mais ne touche à rien et évite de t'avancer trop, sauf si tu as vraiment vu quelqu'un que tu connaissais.

La salle était tamisée et baignait dans la fumée mais la peau rouge devraient surement distinguer qui était blanc et qui ne l'était pas.

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La Solitaire les laissa débattre entre elles car elle préférait scruter la pièce. La première Peau Blanche, quant à elle, ne perdait pas une miette de l’altercation de ses collègues. Visiblement, elle s’en délectait et n’hésiterait pas d’en parler à qui voulait bien l’écouter. Si Coyote l’avait pu, elle lui aurait coupé la langue pour lui servir de leçon. Claudia ne lui laissa toutefois pas le temps d’agir puisqu’elle l’obligea à la suivre. En peu de temps, elles se retrouvèrent dans une pièce plus enfumée que la précédente. Derrière le mouchoir, son nez se fronça. L’odeur entêtant de la fumée lui brouillait ses sens et l’esprit, ce qui la ralentissait dans son temps de réaction. Les paroles de Claudia furent à peine écouter, à quoi Coyote n’accorda aucune importance.

« Okay. »

Silencieuse, la jeune femme scrutait les visages rassemblés dans la pièce. Et soudain, elle s’avança. Ses yeux fixés sur sa proie, elle se glissai entre les tables. Il allait regretter. Entre ses lèvres, ses crocs se firent entrevoir et un grondement se fit entendre. L’homme de sa tribu fumait rieur et entouré de Visages Pâles. Pas question que ce geste reste impuni. Ils étaient leurs ennemis. Coyote n’hésita plus, elle s’élança vers l’avant et en un bond, se retrouva debout sur une table.

La réaction dans la salle fut immédiate, on la siffla la croyant pour une des attractions de la soirée. Son aîné, quant à lui, s’esclaffa plus fort multipliant la colère de la Solitaire.

« Pas si vite ma belle »

Des doigts s’enroulèrent autour de son poignet et la tira vers l’arrière, ce qui eut l’effet de couper son élan vers le membre de son clan. La Piccaninny perdit l’équilibre et se trouva à genoux sur la table, au milieu des feuilles de tabac et de chopes de bières.

« Lâche moi. » grogna-t-elle tandis qu’une main se posait sur son couteau. Ses réflexes étaient ralentis par la fumée qui lui embrouillait l’esprit permettant ainsi à un autre homme d’éloigner ses doigts de l’arme. Nouveau grognement.
« Shhhh, on ne t’a jamais enseigné les bonnes manières ? »

Coyote tira pour se libérer des deux hommes. Son regard se posa sur la Peau Pâle aux cheveux de feu. Elle ne la suppliait, elle lui ordonnait d’agir.

Heureusement que Claudia lui avait ordonné de ne pas trop s'éloigner, ce n'est pas comme si, en plus des risques de passer pour une voleuse, il y avait celui des clients qui étaient littéralement drogués, ce qui leur enlevait des inhibitions. Quelle chance donc que la peau rouge se tienne à carreau et reste auprès d'elle.

Nan, just kiding. Elle s'était barrée aussi rapidement qu'elle lui avait répondu un "okay", ce qui fit que la Bergère en vint à se demander si elle l'avait seulement écouté. Ce qui était assez agacant et elle n'avait plus qu'une seule envie : se prendre la tête entre les mains et râler. Mais comme elle devait rester calme, elle se contenta de déverser sa frustration intérieurement et silencieusement. En fait, elle ne venait à se dire que, si on ne l'avait pas vu en sa compagnie, elle se serait barré. Après tout, elle avait rempli sa promesse : elle l'avait emmené à l'intérieur pour qu'elle puisse trouver l'un des siens. Et vu son expression, elle avait trouvé ce qu'elle cherchait. Elle aurait très bien pu la laisser en plan mais sa bonté intérieure lui dictait de rester ici.

Quoi que, quand elle la vit debout sur une table, l'envie lui prit encore plus fort. Mais elle ne dit rien et se contenta de regarder le spectacle. Surtout que, depuis où elle était, elle avait une jolie vue. Cependant, quand elle remarqua que la scène tournait au vinaigre, elle se décida à agir. Elle n'avait pas vraiment envie d'être accusée par Moriko de mettre la pagaille dans son opiumerie et surtout elle n'avait pas vraiment envie de voir la scène déraper encore plus qu'il ne l'était. Le regard presque suppliant de la peau-rouge finit par achever son choix. Elle ne pouvait pas laisser tout cela se continuer sans agir.

L'ennui c'est qu'elle n'avait aucune idée de quoi faire. Elle demeurait petite, plus que la peau rouge, et même si la plupart SAVAIT qui elle était, ce n'était pas sûr qu'ils s'en souviennent avec tout l'opium qu'ils avaient pris. Elle ne pouvait utiliser ni sa force, ni son intimidation, restait à espérer que sa ruse et sa persuasion feraient mouche. Elle s'approcha donc et tapa d'un petit coup avec son éventail sur la main du drôle.

-Hé la ! Tout doux. C'est à regarder, pas à toucher.

Elle se plaça entre les deux, protégeant son invitée. Son ton se voulait assuré mais elle jouait plus un rôle qu'autre chose. Elle espérait tout de même que cela fasse l'affaire. D'une voix suave et moqueuse, elle continua :

-Si tu voulais avoir de la compagnie sur ta paillasse, fallait payer plus.

Et ce n'était certainement pas Moriko qui dirait le contraire à ce sujet. D'un sourire plein de sous-entendus, elle sussura :

-Crachotes les belles pièces l'ami, et je me charge de te trouver sur l'heure une jolie fille à saisir, avec bien plus de formes et... d'expériences.

Cela devrait surement le calmer un peu, vu que s'il était ici, c'est qu'il n'avait surement pas les moyens de se payer plus. Ce laps de temps lui servirait donc. Elle se retourna donc vivement et demanda, d'une voix nettement moins langoureuse :

-De toute manière, toi tu devais partir maintenant, n'est ce pas ? Vu que tu as fini ce que tu es venu faire. A moins que tu ne souhaites rester ?

Ce n'était pas vraiment une menace en soit mais elle espérait que le peu de bon sens de la peau rouge se réveillerait afin qu'elle se rende compte d'elle même combien demeurer ici, au milieu d'hommes enivrés par l'opium, n'était pas une bonne idée. Surtout quand elle même ne pouvait même pas supporter la fumée.

✘ AVENTURES : 2537

The End

Bien sûr les bergères n'apprivoisent que les moutons,
Certainement pas les filles sauvages au haut menton,
Claudia le sait autant que la jeune Solitaire,
Qui s'en va donc de son allure farouche et fière.

FIN DE L'AVENTURE

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