Prenant tout le monde de cours, le vers des sables s'invite à la ripailles. Carne a le sourire qui s'élargit. C’est comme un bon vieux souvenir qui vous visite. Son enfance indienne en a connu de ces saloperies. AAAh !  C'te  bon vieux temps, celui où il avait ramené un petiot de ces bestioles à la maison avec comme projet de l'apprivoiser et d'en faire une monture. Il s'était fait sévèrement tarté la gueule par Hyène. Ça lui met le coeur en fête de ce rappeler de ce morceaux d'autrefois. L'Oubli a pas tout délavé.

Ses réflexes le portent d'instinct vers les hauteurs, perché sur quelques monticules rocheux. Béwé, Vers des Sables. Pas de la caillasse ! Il ouvre la bouche pour faire part de cette remarque à ses camarades quand il entend Keith hurler comme un beau diable et gesticuler devant la bête -aveugle rappelons-le. Après lui avoir jeté une grosse -à l'échelle du pirate, donc une noix de cajou pour le vers- pierre, le Chevelu se rue sur l'abdomen du bestiaux.

- NON PAS LA C'EST LA RESERVE DE POI....
- Oh putain ça brûle c'te merde !
- Évidemment trou-du-cul ! C'est pas constitué comme nous ! Là t'as juste percé ses glandes à venin !

Shifty se rue vers son glandu de fiancé et le blafard a juste le temps de lui hurler :

- Tire-le hors du sable, Shifty !

Le monstre est furieux et ouvre sa gueule en corole sur un champ de crocs aiguisés pour faire part de sa grosse colère. Il est bien décidé à gober le couple d'étourdis comme une bonne gorgée de silice. C’est sans compter l'âme généreuse de Saint Carne, patron des amoureux.

- HEY SALE TROGNE ! HEEEEEY !

L'albinos frappe dans ses mains dont l'écho se répercute sur le canyon. Il se vautre de son abris et retombe dans les sables mouvants. Il court comme il peut pour retrouver le confort d'un peu de pierre. Tout en laissant ses jambes agir, il mobilise toute sa cervelle afin de  raviver les enseignements de Hyène et Mamba.

Vers des sables, vers des sables, vers des sables...
Gros et moche.
Vers des sables, vers des sables, vers des sables...
Pas toucher à la chair apparente de son "abdomen" c'est un leurre destiné à engluer ses victimes.
Vers des sables, vers des sables, vers des sables...
Miros mais pas sourds.

Ssssses créatures sooooont aveugles, Ssska. Presssque comme toi. Elles se diriiiiigent en fonction du soooon et des vibrations du sol. Pour les rendre folles il faut faire du bruit pour perturber leur sonar. Si tu tombes sur un Shai-Hulud, engourdi ses oreilles. Et ensssssuite crochète sa carapacccce pour écarter les plaques. Et là plonge ta lame et offre lui la mort.

- MALIK ! Faut soulever la carapace ! Faut soulever les pl....AQUES !

Surgissant de nulle part la queue du vers fait voler Carne dans les airs, lui coupant la chique.

Oooooh que ça s’étonne, haussant sourcils, écarquillant mirettes et lentement, lentement, accordant le jour à sa lame.
D’un clin d’œil scintillant, la nimcha tinte sous le grand rouge.
Malik se retourne vers Carne ; échanges de sourires, carnassiers, ceux-là.
C’est que c’est presque excitant oui…
C’est que ça l’est, carrément.

Keith n’y tient pas longtemps, premier à se lancer, peur de rien !
Ou simplement un peu plus fou.
Malik fait face à la scène sans bouger, son arme pendant au bout de son bras. Du coin de l’œil, il note le déplacement de Carne, se dit qu’il devrait en faire autant. Seulement… C’est énorme. É-nor-me. Un ver.
Avec des glandes à venin.
Malik prend note de ça aussi, grimaçant à la vue du déversement que se prend Keith. Mais Shifty s’en occupe, brave Shifty.
Et Carne tente d’attirer l’attention du monstre prêt à dîner.
Malik bouge à peu près pas, quelques pas par-ci, quelques pas par-là, observe la chose, autant que possible, dans toute son affreuse bouffissure. C’est ce que c’est, une grosse bouffissure. Laide. Dentée comme une scie. Avec un gouffre de gueule qu’on dirait prêt à gober tout et n’importe quoi.
Même. Un. Keith.

Malik lève les yeux vers Carne, grand Carne sur son piédestal. Y’a manifestement haut chauffage de méninges dans cette blanche caboche.
Alors le Scorpion attend, patient, confiant.
Dis-moi où je pique et je piquerai.
Et le Scorpion attend, patient, confiant.
Mais la bête, elle, a faim.
…

Carn-
MALIK ! Faut soulever la carapace ! Faut soulever les pl....AQUES !

Au Scorpion de sourire de toutes ses belles dents tandis que ses doigts enserrent le pommeau de la nimcha. Malik s’élance alors droit sur le monstre, dans sa gueule tient.
Ou non.
Au dernier instant, il dévie sur la gauche, longe le flanc du géant, saute, se hisse sur le dos de sa monture en devenir à s’aidant de sa lame. Sans attendre, Malik avise une plaque de la carapace et, tenant son arme à deux mains, y enfonce la pointe et s’en sert comme d’un levier.
De tout son poids il s’efforce de faire lever la plaque, fichtrement bien engluée au reste. Mais il y arrive, et dès que l’ouverture lui apparaît suffisante, il enfonce, d’un coup, d’un AAARGH bien senti, la lame de la nimcha dans la molle et suintante chair du géant.

Un cri déchire le canyon et manque faire saigner par la même les tympans de Malik, qui risque à plus d’une reprise d’être envoyé en orbite tandis que le ver crève en grand drame.
Puis enfin, lourdement, tremblement de terre, le monstre tombe.

Malik souffle, tenant toujours fermement le pommeau de son arme à deux mains. Il se redresse et, d’un coup, retire la lame. Alors – horreur – l’hémorragie est telle, telle, que le sang, poisseux, qui sous la carapace déjà se répandait, jaillit, geyser, de la plaie exposée. Aspergé en moins de temps qu’il ne le faut pour dire ark, Malik, profondément, paupières closes, inspire un bon coup.
De la racine des cheveux au bout des bottes, le Scorpion est recouvert de l’épaisse substance semblable à de l’encre noire.

S’efforçant, au mieux, de fermer les yeux sur sa condition qui ne lui est pas moins qu’insupportable, il dégage soigneusement son visage de ses cheveux gluants et englués, les peignant de sa main - toute aussi dégueulasse - vers l’arrière, puis descend d’un bond du ver et rengaine la nimcha dans un ultime et pesant soupir.

Ça va ? demande-t-il à l’adresse de tous, on ne peut plus désireux de se distraire de son propre - et tragique - sort.

HRP:

HRP:

VOL PLANÉ !
Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion (c'est quoi un avion ?) ?
NON ! C'est CARNE PAN !
Comme le gamin-feuillage avec de la poudreuse de fée plein le nez, mais en bien plus grand, avec moins de grâce et beaucoup plus de sable.

Le blafard roule au sol en se tenant les côtes, pendant que Malik fait sa petite affaire au ver. Il a oublié de lui causer du sang noir. Bah... verra bien par lui même ! L'albinos atterrit non loin du couple de tourtereaux flambés au rhum. Alors que le corps du ver s'étale de tout son long dans une gerbe de sable, Malik avance vers eux son flegme de scorpion en écharpe (C’est bien connu, "Cool Guys don't look at worm's explosion").

- Ça va ?
- Ouah, tu pues autant qu'un kraken pourri !

Tout le monde se marre et on a pas vu une telle unité depuis le début de l'équipée. Quelque part Malik a réussi le tour de force de mettre au diapason trois lascars pas piqués des hannetons !

- Va falloir demander à Carne si il a pas un truc pour t'essuyer, moi j'ai fait tous les fonds de tiroir... Mais tiens, prends mon outre. Essaye de te rincer avec ce qui reste...

Carne, en pote sympa, s’exécute en se défaisant du seul morceau de tissu qu'il a : son futal. Il attrape la gourde de la serveuse pour humidifier son pantalon et éponger son ami. A poil et tout à sa tâche, il ne semble pas remarquer la pupille vide et l'expression benoite de Shifty sur le départ. C’est que ça colle comme de la poix cette connerie de sang noir !
C'est après coup, qu'il réalise son projet, alors qu'elle est loin. Il se fiche bien du sexe de Shifty et de ses petits soucis de reconnaissance. Les guerriers les plus affutés, aguerris, les prédateurs les plus dangereux qu'il a connu étaient des gonzesses. Pomelos ou castagnettes ça fait pas bien de différences sur le terrain.
Ou sous la dent.

- Elle veut jouer les éclaireuses dans un canyon où trois caillasses se battent en duel  sous le soleil ? C’est que bon, y a pas grande ombre pour se la jouer dissimulation....

M'enfin...
Il hausse les épaules.
C’est pas trop son problème. Il n 'y a que la Grande Mère qui décide quand c'est ton heure. On peut bien la devancer si on veut, après tout, chacun fait ce qu'il veut !

Rarement, rarissimement a-t-on vu les pommettes du Scorpion s’enflammer au point d’en rougir. Mais c’est là. Bel et bien là, sous le visqueux et malodorant fluide qui l’habille. C’est physiquement possible, et oui, quoique ça restera à prouver au reste du genre humain.
Malik n’y compte pas.
Détail.
Enfin.
Bref.
Cool guys don’t look at worms explosions ?
Damn right.
But cool guys don’t stink either…

Ils peuvent bien se marrer, tous. Vrai qu’il y a harmonie, aussi improbable soit-elle ; elle y est pourtant. Exception faite de Malik qui se contente de son silence frustré. Honteux. Et limite nauséeux. C’est qu’il pue pour de vrai.
Keith n’est pas que fou.

Mais Carne vient à son secours. Merci, Carne. Merci, Shifty… Brave Carne. On ne le dira jamais assez.
De voir le Pécheur se dévêtir – rien d’inaccoutumé à vrai dire – Malik sourit tout de même dans un brillant trait de blanc sur fond noir. C’est que… Après un ver, en voilà un autre !
Malin Scorpion se laisse cela dit éponger en se contentant d’écarter bras et jambes et, lentement, en tournant sur lui-même, sans pour autant cesser de sourire.

Fais gaffe, tu vas nous ramener toute la famille avec ton vermisseau, là. Qu’il lui fait en lui jetant une œillade sur la chose, et ricanant, malgré la puanteur et l’inconfort. Parce que c’est foutrement drôle de s’imaginer un Carne à poil, prenant ses jambes à son cou, le machin ballotant entre ses blafardes de cuisses tandis que toute la parentèle grosses-larves du coin le pourchassent.

Trop occupé à son extraordinaire sens de l’humour, Malik en échappe sa Sournoise. Échappe, oui, glissée entre ses doigts de prévenant Scorpion. On ne laisse pas partir une fille toute seule rien que comme ça, pas même une Shifty.
À peine le temps de protester.
Tant pis.
Malik baisse ses bras et se dévêt d’un coup de sa tunique – défunte, la tunique – et la laisse tomber parterre.
Shifty aura manqué ça. Deux strip-teases de suite.

Vaut mieux pas lui laisser prendre trop d’avance. Malik reprend la marche et, passant près de Keith, glisse, tout de complaisance et d’innocence... T’es toujours bon, Keith ? On te reprend en revenant, si tu veux…
Ouais Keith, tu ne vas quand même pas laisser Carne et Malik te sauver ET le fils ET la donzelle !

Et ça cancane grivoisement comme des grues.

- Fais gaffe, tu vas nous ramener toute la famille avec ton vermisseau, là.
- Heeeey ! P'tain tu d'vrais pas trop la ramener avec ta tronche de baveux ! Remercie l'sacrifice de Fiente pour te débarbouiller la noiraude !

Éclats de rire entre deux crétins qui aurait eu sa place dans un vestiaire de joueurs de foot -pour peut qu'ils sachent ce que c'est. Carne commente le départ de Shifty ce qui pousse Malik et Keith à réagir en domino.

- Vaut mieux pas lui laisser prendre trop d’avance. T’es toujours bon, Keith ? On te reprend en revenant, si tu veux…
- C'pas parc'qut'as buté une bite géante qu'y faut qu'tu prennes la grosse tête. Laisse ta queue entre tes jambes et pousse toi d'là.

Carne siffle dans leur dos, son pauvre pantalon sur l'épaule, la nudité tranquile et le poil de cul au vent.

- Au moins la sienne pisse pas du rhum en continu quand il s'agit d'mouiller la chemise.

Ils progressent ainsi sur quelques mètres quand quelque chose apportée par le vent fait se tendre le Blafard comme un arc. Aux aguets, il fait taire ses comparses d'une main levée et écoute le silence.

Air qui siffle.
Cailloux qui chantent.
Et là, lointaine, l'odeur ferrugineuse du sang.

- Merde ! A couvert !

Il pousse Keith et Malik derrière le recoin sombre d'un amas de caillasses, doigt sur la bouche. Le bruit d'une course effrénée ponctuée d' halètements sourds et de crispations d’atmosphère, trouée par les flèches ennemies leur parviennent.  Prenant une inspiration profonde, le pécheur hume l'air. De la sueur âcre et le sédiment des peintures de guerre voguent jusqu’à lui par bouquets. Il sont trois, peut-être quatre, en hauteur.  Il va falloir la jouer plus fine qu'avec le ver qui n'a pas manqué d'attirer l'attention des villageois.
Silencieux et calme, il désigne ce chiffre à ses camarades sur ses doigts et indique le ciel. Il s’éclipse pour gagner une autre position, abandonnant les flibustiers là, dans le maigre abri d'ombre.

Une Shifty blessée dépasse leur position en sprintant comme une folle. La conne ! L'un des assaillants a pris la Sournoise en chasse dans sa foulée et la suit au même degré, à quelques encablures, un tomahawk à la main.

Larvé dans les replis de la terre, Carne grimpe à l'insu d'une des sentinelles en plein exercice de tir. Il se retrouve bientôt sur le même surplomb rocheux. Faisant moins confiance à ses yeux qu'à ses sens - et à l’extrême concentration de l'ennemi pour viser- il s'approche, coutelas en main. L'odeur de son pantalon taché de sang noir, pendouillant sur son épaule, le trahit avant qu'il ne puisse proprement égorger sa victime. Néanmoins,  la surprise est suffisante pour qu'il lui enfonce le couteau dans la trachée. L'indien lâche son arc, des flèches tombent de son carquois lors du volte-face. Le Piccaninny, surprit, regarde son meurtrier avec de grands yeux exorbités, les mains en coupe autour du poing du pirate, éclaboussé d'hémoglobine. Pas un râle, pas un cri. Létal et sans remord, Carne repousse le corps d'un coup de pied. Ce dernier chute dans la gorge avec un "plaf" étouffé.

Attrapant arme et munitions, il se remet à couvert, cherchant l'autre tireur. Par la Grande Mère, c'est bien sa veine d'être myope en pareil situation. Il cherche vainement à mobiliser les enseignements de Hyène Ricanante lors des entrainements. Il n'avait jamais bon avec ces conneries de flèches...

C’est qu’il serait beau, le calendrier des pirates, non ?
Carne ferait un appétissant mois d’avril, posant fièrement sur une roche au milieu des flots, le ver au vent, une sirène piquée au bout du harpon – peu importe lequel –, son grand sourire de sympathique carnassier sur sa charmante gueule de bouffeur de poisson.
Keith, ce séduisant mois d’octobre, lascivement échoué sur le comptoir de Shifty, chemise savamment déboutonnée, la bouteille au bout du bras, la bave au bord des lèvres, beau Keith mort-vivant, véritable « fantôme d’amour ».
Et Malik, chaud mois de juillet, pacha se dorant la palette de chocolat sous le soleil, la frange au vent, le muscle luisant, le cheveu brillant, le parfum d’Orient, entouré d’un appétissant harem dont l’une des composantes lui servirait des scorpions dans un plateau d’argent ; les boufferait comme des crevettes.

Si c’est pas de l’amour, ça.

Merci, Fiente

Qu’il fait, très sérieux, à l’adresse du pantalon.

C'pas parc'qut'as buté une bite géante qu'y faut qu'tu prennes la grosse tête. Laisse ta queue entre tes jambes et pousse toi d'là.

Bousculé par l’Barré, l’équilibre vacille mais, bon joueur, ou moqueur, Malik ricane.

Dors tranquille, t’es pas exactement mon genre, Keith.

Et ça pourrait durer, cette heureuse farce, ça pourrait durer des lunes mais non, non, y’a toujours le vent qui finit par tourner. Tu danses avec moi ou tu tombes, qu’il souffle.

Merde ! A couvert !

Sans résister le moindrement, Malik se fait silence, tapi dans l’ombre dans l’attente du rapport de Carne, qu’il observe d’ailleurs attentivement tandis qu’il fait son truc. Ce truc qui l’impressionne, à dire vrai, ce truc qui lui tirerait assurément un sourire si ce n’était du sérieux de la situation.

S’immisçant hors de l’ombre tandis que le Pécheur grimpe dans la pierre, le Scorpion voit filer la Sournoise poursuivie. L’instinct le pousse à tenter de les rattraper, mais une flèche sifflant dans l’air l’interrompt.

Keith !

Ta petite femme !
Ce fou est peut-être déjà parti à la rescousse de sa douce. C’est qu’il ferait une distraction de choix.

Un corps tombe, égorgé.

Mais Malik, lui, recule et lève les yeux, et a tout juste le temps de voir Carne disparaître, arc en main. Grimpant à son tour, il le rejoint. C’est qu’il n’a pas les yeux d’un archer, son bon Pécheur. Aussi lui prend-t-il l’arme des mains, se lève – pas exactement pro non plus mais, au moins à l’aise – et bande l’arc, vise le Peau-rouge au tomahawk, se souciant peu de s’exposer à découvert. Qui sait, dans sa peau dorée de mois de juillet, à demi-nu qu’il est, même un Peau-rouge pourrait s’y méprendre.
Et il tire. La flèche siffle, effleure à peine le coureur, manque toucher Shifty.
Oops.
Une autre. Il tire.
Le Peau-rouge trébuche, tombe, touché à la jambe.
Ça leur donnera au moins une chance…

Une flèche siffle. Encore. Pas en bas, pas vers Shifty, cette fois, mais vers eux, Malik, Carne. Malik s’accroupit, plisse les yeux, cherche du regard la sentinelle.

D’où c’est venu ? Tu le sens Carne ?

Malik arrive à la rescousse de ses yeux pourris. Un borgne à la barre, c'est toujours mieux qu'un aveugle. Carne frétille. Son nez lui souffle que des renforts se pointent. La flèche qui découpe l'air et siffle vers eux, le rate de peu. Une estafilade sanglante se dessine sur sa pommette. Ça coule et ça picote.

Et ça lui permet de mieux comprendre d'où vient le vent.

- LÀ ! Désigne-t-il tout de go alors qu'une seconde flèche, plus fourbe, vient se planter dans le mou de son aisselle pour ressortir de l'autre coté, fichée dans l'angle de son bras relevé.

Il tombe à la renverse et dégringole du monticule, avec sur la face une expression de surprise incrédule. J'vais mourir ? S'interroge-t-il soudain dans cette chute en suspend qui semble s'effectuer au ralenti. C'est con comme mort, p'tain...

Pas de sirène.
Pas de mer.
Pas de Vengeance et de Fin de sa Faim.
L'espace d'une brève vision, il voit Saline, encroutée de sel lui lancer un "hihi !" moqueur, puis la tignasse rousse de Sangre qui flotte dans le vent.
Et son odeur de forêt et de terre meuble.

Hors de question de crever comme un débile sans avoir revu sa rousse!

Il se recroqueville pour mieux rouler et amortir sa chute. La douleur s'invite, électrique alors que la flèche se déloge de sa chair, emportant avec elle un trophée saignant. Il se se sent tout poisseux mais après un bref examen, se déclare comme hors de danger. La pointe n'a rien amoché de vital, juste esquinté son trapèze sous la pliure de l'épaule. Un caillou pointu lui a ouvert l'arcade sourcilière, en sus : rien que du bénin.

Ni une, ni deux , il bondit sur ses pieds pour se remettre à couvert.

- Dis moi qu't'a canardé c'trou du cul ! qu'il lance à Malik du pied des rochers.

Mais déjà, au loin, la cavalerie arrive du campement Piccaninny, déplaçant un nuage de poussière confirmant les prédictions du Blafard. Carne a un rire un peu dément.

- Y'en a qui s’invite encore au diner ! Faut leur dire qu'c'est complet !

Rien que de le dire ça lui donne envie de bouffer.

HRP:

Spoiler: