hrp:

Meteor le suit.
Meteor a l'impression qu'il ne sait faire que ça.
Il a l'impression qu'il pourrait jamais se sortir de là sans Scar.
C'es implacable et c'est tellement insupportable que c'en est douloureux, physiquement, douloureux. Parce qu'avoir besoin de quelqu'un, c'est être vulnérable, et Meteor il supporte pas ça.

Tandis qu'il marche, le silence est comme un gaz toxique qui lui raidit les muscles et lui obstrue la gorge, mais peut-être que c'est mieux que de s'entendre parler. Il se sent pris au piège, mais ça va plus loin que la pyramide.

— Mais qui construit des couloirs aussi longs..

Les yeux bizarres de Meteor clignent, il relève la tête, semble réaliser où il se trouve. C'est vrai, ça fait un moment qu'ils marchent. Le silence s'étire et s'étend, depuis bien trop longtemps. Meteor jette un oeil de biais aux fresques, qui semblent s'animer dès qu'elles sont hors de portée, c'est minime et c'est encore pire alors.

Scar s'arrête. Meteor aussi. Puisqu'il le suit.
Un bourdonnement dans son oreille. Au début, il pense que c'est juste des restes d’électricité statique.
C'est pas ça.

— Ne t'arrête pas. Je sais pas ce que c'est mais continue à marcher.
— Okay.

Meteor fait croire qu'il a le sang froid, là, malgré la sueur qui lui trempe le dos et les tempes, malgré ses yeux qui clignent, malgré son coeur qui tape. Pourquoi il chuchote, Scar ??
Un désir urgent et irrésistible de se retourner le prend, mais l'angoisse se tient en barage, droit devant le désir, et Meteor n'ose pas. Ça lui gratte les épaules, ça le presse en avant, mais si Scar ne court pas, il n'osera pas courir.


▲▼▲


Ça dure des plombes, tout le corps de Meteor est tendu comme un arc, et Scar ne dit rien mais son teint se vide d'une nuance de couleur à chaque pas.
Tout à coup, le Court-Circuit trébuche. Il se rattrape très vite, mais il a eu le temps de se retourner, et il a vu. Ou plutôt, il n'a rien vu, rien qu'un noir opaque, puisque les torches du couloir semblent s'éteindre à mesure qu'ils progressent. Même si c'est dans le rien. Sa gorge est nouée, ses cils tapissés de gouttes de sueur. Il se baisse pour refaire son lacet.

— T'as vu, les torches se s... WAH !!

Un éclat rouge s'est propagé dans les prunelles de chacun des personnages représentés par les grandes fresques, même les animaux, même les insectes. Meteor se redresse d'un coup. L'éclat rouge a disparu.

— Y a un truc qui va pas. il dit comme pour meubler, et il se remet à marcher.

Mais peut-être qu'il appuie sur une dalle, ou que y avait un fil invisible, ou que l'éclat rouge était un test, un truc dingue du genre, puisque des sortes de becs surgissent soudain dans les hauteurs, sur chaque mur, dans un gros fracas de pierre qui roule.
Pendant un moment, il ne se passe rien, ce qui est peut-être le pire truc qui puisse arriver dans ce genre de situation.

Et puis.

— Arh, peste Meteor en s'écartant, portant les mains à ses cheveux qui viennent d'être saupoudrés de... Du sable.

Les becs en déversent en paquet maintenant, sans s'arrêter, et l'évidence s'insinue lentement dans l'esprit de Meteor.
Il fixe les yeux d'ambre de Scar d'un air affolé.
Leurs deux visages pivotent à l'unisson en direction de la porte. Elle est en train de se refermer. Lentement. Comme le sable qui s'écoule. Comme la mort qui les attend.
Lentement.

— Putain.

Il a envie de hurler qu'il aurait jamais du se retourner. Il est sûr que c'est de sa faute. Mais il se dit que Scar est comme lui, Scar sait que les regrets ça s'exprime pas, qu'ils deviennent encore plus lourds, et Meteor a déjà l'impression d'être en plomb, alors il dit rien d'autre et il court.
Des becs sortent de partout, ils les devancent, les poursuivent, y a pas de répit, et bientôt ils en ont jusqu'aux genoux.

— Scar, plus vite !!!

Meteor se demande déjà ce que ça fait de mourir étouffé par le sable.
C'est con de se demander ça maintenant, parce que ça rend lourd ça aussi.

Illustration: