Peter Pan a écrit:

Mission pour NASTY & FRECKLES

Le dernier enfant de la Dragonne de l'île, mère des Dragonnards, a disparu. De nombreuses rumeurs prétendent qu'il se trouve dans le Ventre du Géant. Celui-ci l'aurait aspiré par erreur. Il faudra donc s'y rendre pendant qu'il dort et parcourir le monde fabuleux du corps humain. Sortez couverts

[nb: vous êtes libres d'inventer votre environnement, ce n'est pas forcément un corps classique évidemment, plus un monde inspiré du corps humain. Il y a peut-être des créatures-globules blancs ou des navettes-oxygène, à vous de voir !]

What came first : the chicken or the dickhead ?

Nasty s'appuie sur le tronc d'arbre d'une épaule, bras croisés. Elle lève le nez vers  ce qui semble être, de prime abord, un énorme amas de rochers, lisses et vaguement ocre. Plus en amont, déjà, alors qu'il avait fallu traverser le lit de la rivière, la cime de cette curieuse montagne se dévoilait au dessus de la canopée. La jungle, elle même, ne parvenait pas à dissimuler le dormeur immense.
A présent aux pieds du géant, toute cette chair assoupie révèle bien des aspérités. Les pores dilatés sont autant de cavernes qui trouent les parois de la structure, parfois bouchées par une lave noirâtre, parfois simplement évidées. Les poils forment une forêt d'arbres sans branches ni feuilles, peu affectée par la gravité.

- Grouille...

Nasty renifle sans tourner la tête vers son compagnon.
C'est son troisième mot prononcé en plusieurs heures de marche forcée ( Le premier ayant été "Chier" à l'énoncé de la Mission et le second "Tiens", quand il a fallut s'arrimer à la même corde pour traverser le bras de fleuve.) Les grandes enjambées du Panda ont rapidement distancé les foulées de Freckles. Plus vite ils auraient accompli cette tâche, plus vite ils pourraient éviter de se côtoyer.
Bow leur avait refilé le taf, avec sa mine de mec important qui meritait trois baffes et un shampoing dans la cuvette des WC. Pan se trouvait trop "occupé" pour dispenser lui même ses ordres. C’est vrai que glander au sommet du zeppelin c'est du boulot à plein temps. Bande de faisans !
Qu'on envoie un chef, passe, mais pourquoi elle ?
" Vous avez fait démonstration d'une belle coopération en salle des machines lors du voyage dans l'ordinaire. Nous avions besoin de cette belle synergie pour sauver le dernier dragonnard."


La.
Grosse.
Blague.


- Bon... Va falloir trouver un point d'entrée, lance-t-elle à son acolyte avec un froncement de nez. La bouche, le pif ou le fion. Des préférences ? En bon gros merdeux, t'auras pt'êt envie de retrouver les voies anales ?

Elle ricane sec et moche.
Elle l'aime vraiment pas ce sale rouquemoute.

Bow est la pire des sales races.
Ça n'a rien de neuf. C'est bien la chose la plus immuable, autant que Peter, Tinkerbell, l'île, tout, la sournoiserie du chambellan, Freckles a bien dû la constater mille fois. Et il est certain qu'il le fait exprès.
Oh, t'es blessé ? Et si on t'envoyait en mission avec cette meuf que tu détestes ?
Ce que Freckles le hait, ce connard aux cheveux gras et son venin roulé dans le miel. Qu'il a dû prendre son pied quand il a vu son air effaré à l'annonce de la mission. Qu'il a dû se marrer en trouvant son excuse pour les envoyer tous les deux.

Freckles sait même pas ce que ça veut dire synergie.

Le trajet au moins se fait dans un silence relatif, et il peut pas s'en plaindre. Nasty marche plus vite que lui, et il a pas envie de faire la course avec elle. Il a pas envie de faire grand chose. Il voudrait juste bien que la mission soit terminée. Et ils arrivent seulement, devant le géant endormi, amas flasque de chair et de peau et de poils ; il sait pas très bien identifier ce qu'il a sous les yeux.

- Bon... Va falloir trouver un point d'entrée. La bouche, le pif ou le fion. Des préférences ? En bon gros merdeux, t'auras pt'êt envie de retrouver les voies anales ?

Freckles se découvre imperturbable face à la vulgarité de Nasty. Ça devient prévisible au bout de la douzième ou millième fois. Une saloperie, une insulte ou un truc trash, ou tout en même temps, c'est le genre de choses qui le laissaient bouche-bée ou écarlate les premières fois qu'il les a entendues. Là il cligne même pas des yeux, il se sent juste très fatigué, il se demande vaguement à quoi ressemblerait Nasty avec la tête éclatée contre le sol et des pétales de fleur dessinés autour avec du sang.

« Tu passes par où tu veux, ça m'dérange pas qu'on se sépare. »

Il espère à demi que Nasty le prendra au mot alors qu'il fait le tour de ce qui sert de tête à la créature. Il contourne les sourcils épais comme des buissons de ronce, les paupières closes et gonflées, des pores gros assez gros pour qu'il se faufile dedans. Et puis il est soudain au niveau de la bouche et du nez, à plisser les narines face à son souffle fétide, à considérer ses options sans trop d'enthousiasme.

« La bouche, je suppose, non ? »

Il grimace. Ça lui paraît le moins pire.
Il sait même pas si Nasty l'écoute.

- Tu passes par où tu veux, ça m'dérange pas qu'on se sépare.
- Me tente pas, trouduc. Tu mériterais d'te perdre dans un colon. Mais j'vais pas l'faire. Apache m'en voudrait. Lace, sans doute aussi...
- La bouche, je suppose, non ?
- C'est ça, parle à mon cul , ma tête est malade....

Nasty pose les poings sur les hanches.

- Tâchons d'être le cerveau de ce duo ! Gros soupir. Option 1 : le nez. Faudra sans doute lutter contre une inspiration/expiration mach 3. On peut toujours s'accrocher à ses poils de pif, mais y'a de forte chance de se faire renifler d'un coup. Option 2 : la bouche. Y'aura toujours du souffle, sans doute moins que dans les narines. Mais y'a les dents -chais pas si j'ai envie de finir mâchouillée sous une molaire- et la langue qui me semble un terrain pas ultra fiable. Et enfin, le trou de balle, en option trois : dégueulasse et possiblement obstrué mais sans tempête.

Elle a reniflement et glaviote dans les hautes herbes.

- Je pense que les naseaux c'est encore le plus safe.

Moment de doute.

- Est-ce que tu sais comment c'est foutu à l'intérieur ? Vu comment t'as l'air limité, chuis pas certaine que t'ai retenu tes cours de bio... Chais vraiment pas c'qui peuvent te trouver....

Apache.
Lace.
Tout ce putain d'Arbre.

« Mmh mmh. »

Au début Freckles écoute pas Nasty. Il entend sa voix grinçante en fond sonore et bénit son cerveau de la filtrer ainsi. Il reste posté devant la bouche du géant, les cheveux vaguement remués à chacune de ses expirations tièdes, à compter les secondes d'ouverture. Nasty a raison, c'est de sales dents qu'il a là. Ça donne pas envie. Mais qu'est-ce qui est pire ? Mourir mâché ou survivre avec elle ?

- Je pense que les naseaux c'est encore le plus safe.

Il se tourne vers Nasty, les sourcils froncés. A la suite de ses arguments, c'est ça qu'elle trouve ? Le souffle, c'est bien moins safe que les dents, et il ouvre la bouche pour lui dire, mais elle a visiblement pas terminé.

- Est-ce que tu sais comment c'est foutu à l'intérieur ? Vu comment t'as l'air limité, chuis pas certaine que t'ai retenu tes cours de bio... Chais vraiment pas c'qui peuvent te trouver....

Freckles la regarde comme si elle était vraiment stupide. Ça sert à quoi de rajouter ça ? Cette petite pique mine de rien. Ça lui a pas échappé, il a vaguement entendu qu'elle parlait de Lace et puis d'Apache -il peut pas s'empêcher de se demander si ils parlent de lui et devant son absence de réactions, elle en remet une couche.
Forceuse.

« Moi non plus j'sais pas. »

C'est agressif, railleur, un peu sur les nerfs, mais un peu sincère même s'il ne veut pas que ça se sente. Il s'est complètement tourné vers elle maintenant, fait un geste agacé du bras.

« C'est quoi ton problème ? Je t'ai fait quoi ? T'es jalouse ? Tu veux juste faire chier ? Bah ça marche. Tu me fais chier. » Il claque de la langue, décidant qu'au fond il est pas là pour régler les problèmes d'ego de Nasty. « On est au Pays Imaginaire alors tes cours de bio, tu te les fous dans le cul, et moi je passe par là. »

Et il fait un pas de plus en direction de la bouche du géant.
Un ronflement lui fait se dresser les cheveux sur le crâne.
Il compte une, deux, trois secondes, et franchit le seuil des lèvres avant d'y réfléchir à deux fois.

- C'est quoi ton problème ? Je t'ai fait quoi ?  T'existe. T'es jalouse ? Très probablement. Tu veux juste faire chier ? Bah ça marche. Tu me fais chier. Usual shit.

Nasty retrousse le nez avec un roulement d'yeux vers le ciel. Putain de touduc. Putain de chef. Putain de lui. Tout cet amour, toute cette confiance qu'on lui témoigne, c'est du gâchis : Vaut rien, l'est moisi.

- On est au Pays Imaginaire alors tes cours de bio, tu te les fous dans le cul, et moi je passe par là.
- Freckles, attends tu....... !!! RAH !!!! MAIS QUELLE TÊTE DE ZOB !!! Qu'elle rage en s'élançant à sa poursuite.

Comme le chef des livreurs a-t-il pu survivre jusque là ? C’est un foutu mystère. Le Panda se faufile sous la lippe du géant, se glisse dans l'interstice entre deux chicots (Une chance que le Géant ne soit jamais allé chez l’orthodontiste) et se retrouve dans la cavité bucale, balayée de vent et de pluies salivaires. Le rouquin est déjà entrain de s'accrocher aux papilles de la langue pour avancer. Elle s'aventure à sa suite, incertaine, sur le sol mouvant quand soudain, tout bascule ! DEGLUTISSADE ! Les deux gamins surfent sur l’œsophage, emportés par une marée de bave. Ils chutent sans fin pour rebondir sur un matelas organique que la Vilaine ne préfère pas identifier.
Ils sont trempés.

Nasty s'essore en jurant.

- Pouah ! POUAH ! Trop DEGEU .... Long et durable frisson de dégoût.

Elle n'a pas le temps de se plaindre davantage, les parois de la salle qui les abrite tremblent. L'estomac se contracte, se prépare à la digestion. Chaque mouvement charrie des slimes jaunâtres et translucides avec des tronches de smileys mignons qui couinent des " Suc! Suc! Suc!" en avançant vers la colline où ils sont perchés. Avec horreur, les perdus constatent que les créatures dissolvent n'importe quel solide sur leur passage. Et elles affluent par millier.

- F... Frecks... ?! Fait Nasty, la voix blanchie d'urgence, en tâtonnant pour trouver le contact avec son camarade (elle trouve le tissus de son épaule), le regard rivé sur les bestioles. FAUT S'TIRER !!!

Elle l’agrippe et le projette contre la muraille de l'estomac.

- Grimpe !!! jappe-t-elle en calant son bâton de vitrier, en bandoulière dans son dos, pour entamer l'escalade.

Nasty a pas le temps de lui répondre ; tant mieux – tant mieux ? - qu'ils basculent. Freckles ne sent plus sous ses pompes la texture spongieuse de la langue du géant ou sous sa main l'émail rongé de la dent qui lui servait d'appui. Il sent juste son propre estomac faire un bond alors que le sol s'efface sous ses pieds, que les parois pivotent et qu'il se met à tomber, emporté en même temps que Nasty dans un putain de toboggan aquatique gluant, et ils terminent dans une gigantesque flaque, d'une couleur dont Freckles soupçonnait pas l'existence.

- Pouah ! POUAH ! Trop DEGEU ....

Il veut pas spécialement dire à Nasty qu'il est d'accord mais il est d'accord.
Il se relève et l'imite en s'essorant vaguement, une grimace plaquée sur le visage, avant de jeter un regard à la ronde. C'est lumineux. Bizarre. Trop lumineux pour un intérieur de ventre, quoi. Assez pour qu'il finisse par distinguer une armée de petites bestioles jaunes qui les encerclent, dissolvant sur leur passage des morceaux de végétaux et de trucs beaucoup moins encourageant qui flottent dans le liquide ambiant.

- F... Frecks... ?! FAUT S'TIRER !!!  Grimpe !!!
- Euh, yep. Yep.

Il fait quelques pas en arrière sans quitter les monstres du regard, et sent la main de Nasty qui lui crochète l'épaule pour le plaquer contre la paroi. Il se dégage d'un coup un peu brusque – urgence ou pas ça reste Nasty – et commence à grimper.
Vers où ? Bonne question.
Un corps c'est pas censé être un putain de labyrinthe, y a pas mille entrées et mille sorties, mais dans le cas présent c'est peut-être plus complexe que ça. Et quelques mètres plus haut, y a un espèce de rebord. Alors ils grimpent. Et puis Freckles tilte. Il tourne la tête vers Nasty à côté de lui sur la paroi.

« Frecks ? » il répète, dubitatif.

C'est pas un surnom qu'il réserve aux gens censés le détester. Peut-être qu'elle a pas fait exprès. Il ouvre la bouche pour se foutre de sa gueule – peut-être – mais ils arrivent déjà au rebord, et tout l'intérieur du géant remue quand ils grimpent dessus, ça lui arrache un haut-le-cœur.

« Tu vois une sortie ? Un passage sec- là bas ? »

A quelques mètres, un peu plus bas sur la paroi, y a une sorte de tunnel.
Ils pourraient sauter, tenter une cascade spectaculaire et espérer arriver direct au bon endroit, mais s'il se foirent y a une marée de slimes allègres près à les digérer.
Freckles a pas trop réfléchi pour rentrer dans la bouche du géant, mais là il doit avouer qu'il hésite.

« On grimpe ? On saute ? » grimace-t-il à l'intention de l'artisane.

Nasty est mue par une urgence qui lui électrise les nerfs. Elle n'a que peu de considération pour les atermoiements de Freckles sur l'usage de son pseudo. Ils n'ont pas vraiment le temps de faire dans le débat sémantique : elle ne compte pas mourir avec ce con là, digérés par des intestins géants.

- Tu vois une sortie ? Un passage sec- là bas ?
-.... Ouais.

Y'a bien un truc, mais c'est risqué. Malgré sa grande gueule de chevalier au lion, le chef des Livreurs fait son timoré. Il a les foies et ça agace le Panda comme une mouche qui viendrait lui bourdonner à l'oreille alors qu'elle se concentre sur l'estimation de la distance.

- On grimpe ? On saute ?
- Donne-moi ta main. Elle ne lui laisse aucune marge de réflexion, agrippant sa pogne, son bâton de vitrier dans l'autre. Un.. deux... TROIS ! APAAAAAAAAAAACHE ! crie-t-elle au lieu de Geronimo.

Saut de l'ange. Si le rouquin s'égosille, la vilaine ne l'entend pas, trop focalisée sur l'action de tendre son corps le plus loin possible et de planter son bâton sur le rebord.

BLAM !

Les deux gosses s'écrasent sur la falaise de chair, pendus au seul poing de Nasty. Ce dernier s'accroche fermement  à son instrument de souffleur, fiché de part et d'autre de l'embouchure du tunnel.

- Qu'est-ce t'attend pour remonter!?? ABRUTI ! J'vais pas t'nir cent milles ans !

Putain que les mecs sont lents à la comprenette et particulièrement celui-ci !

- Donne-moi ta main Non pense Freckles mais elle prend sa main quand même, rien de surprenant. Un.. deux... TROIS !
Ils sautent. Ils s'envolent de leur repli de muqueuse pour atterrir sur la paroi d'en face – et Nasty braille tout du long (elle crie quoi?). Sous leurs pieds les petits machins jaunes s'agitent, ce qui leur sert de visage tourné vers le haut. A mi-course quelque chose lui retourne l'estomac. Un calcul subconscient de la trajectoire de leur chute. Ils vont pas le faire ce saut. Ils vont se planter. Ils tombent. Ah non.
Shlack le baton de Nasty qui s'enfonce dans la paroi.
Au moins quand il se mange le mur c'est pas si douloureux – c'est un peu mou, super chaud, vaguement collant, bref dégueulasse, et d'un coup tout se met à vibrer autour, et c'est le géant, quelque part dehors – dedans – qui lâche un espèce de bruit de souffrance.
Pas le dernier si vous voulez son avis.

Ça le perturbe quand même pendant quelques secondes où il se rend pas compte qu'il ne tient qu'à la force des petits bras maigrichons de Nasty.

- Qu'est-ce t'attend pour remonter!?? ABRUTI ! J'vais pas t'nir cent milles ans !
- C'est bon j'arrive calmos ! il s'énerve.

Un talon dans la paroi, son deuxième bras qui vient agripper le coude de Nasty, puis il pousse sur sa jambe et se tend pour attraper le bâton, et se hisser sur le rebord. Une fois en sécurité il attrape l'artisane sous l'épaule pour la hisser à sa suite. Elle pèse deux grammes environ.

« Bien joué le bâton », il dit après avoir repris son souffle.

Il espère avoir l'air un tout petit peu convaincu.
Faire un effort, pour pas qu'ils s'engueulent.
Et puis c'est vrai que c'était pas si mal.

Il jette un œil aux slimes déçus, et se tourne vers l'autre côté, l'autre bout du tunnel, qui apparaît maintenant : l'espace suivant est tout aussi rouge, les parois parcourues de veines. Mais c'est différent, aussi. Pas de bassin de sucs ou de la morve dégueulasse. On dirait un circuit, plutôt. Avec des rails, et des petites capsules rondes, rouges et blanches, qui circulent dessus.
Et derrière ...
Freckles fronce un sourcils perplexe.

« C'est quoi ? » Et puis la réflexion suivante lui échappe même si elle est débile. « On dirait une ville. »

Tête-de-con met littéralement une éternité à se décider pour grimper. Ce n'est pas comme si leurs vie étaient en jeu, après tout. Chacune des prises tire dans tous les muscles de l'artisane. Elle en chie pour rester accrochée pendant que l'autre lui martèle limite la gueule de ses godasses. Freckles se hisse enfin en sécurité, disparaissant de son champ de vision.
Une poignée de secondes qui lui plombent l'âme comme des heures, elle s'imagine qu'il va la laisser crever là. Ce serait tellement facile de se débarrasser d'elle maintenant. C'est pas comme s'ils partageaient quoi que ce soit de bien. Même sa colère, il s'en tamponne les noisettes -qu'il doit avoir minuscule et tachetées comme un vilain chimpanzé. Ne même pas faire l'effort de la haïr c'est prouver à quel point elle n'est rien à ses yeux.

Et ça la fait chier, un peu.

Alors qu'elle pense très fort qu'elle plantera elle même sa trogne de rouquemoute sur une pique, lors de la révolution, le Panda se sent attrapée par les aisselles.  Ils s'écroule tous deux loin de toute menace, à bout de souffle. Nasty se masse douloureusement les bras.

-  Bien joué le bâton.
-  "Va te faire foutre"... Elle hausse les épaules. Me r'garde pas comme ça, j'fais qu' traduire du langage "bâton"!

Elle se met debout et le récupère d'ailleurs, le sanglant autour de son buste rachitique.

- C'est quoi ?

La Vilaine inspecte les lieux du regard. Des voitures rouges et blanches, une parodie de périph' version " Visqueux-land", une circulation grouillante...

- J'dirais des globules blancs et rouges... Du coup, si on est logique on s'ballade dans l'système sanguin.
- On dirait une ville.
- Aux heures d'pointe, ouais...

Nasty s'approche du bord du circuit et lève le pouce pour faire du stop. Après plusieurs passage de véhicules totalement indifférents, une des capsules rouge - avec en remorque, un wagon plein de drôles de ballons translucides- s’arrête au niveau des deux gamins. La paroi vitrifiée du globule s'abaisse et un drôle de petit être insectoïde se présente à eux. Près de son volant sont accrochées plusieurs photos de créatures semblables mais prenant des pauses aguicheuses. Du rétroviseur pendouille une mini figurine de slime qui hoche la tête. Une musique rockabilly agresse brusquement les tympans des deux perdus.

- Bonjour ma p'tite dame, fait le Selminéral avec un air de charmant baroudeur. Alors on s'fait un p'tit rate-trip ? Où t'aimerais que j't'emmènes ma jolie ?
- Euh... ué ?.. En quelque sorte. Mon pote et moi on cherche un p'tit dragonnard, genre un  bébé qui aurait rien à foutre là. Vous savez pas où on pourrait l'trouver ?
- Ah ça non ma p'tite dame, mais j'peux vous conduire au centre ville. J'dois livrer ma cargaison d'oxygène dans l'quartier du Sacré-Coeur. Là on pourra surement vous renseigner...
- Ah cool ! Ça roule mec, on fait ça ! Nasty saute dans le globule et fait signe à Freckles de suivre. Radine tes miches, le moche, on décolle !