A l'intérieur, la tension était montée d'un cran. Apache campait sur ses positions, et lorsque Just lui avait demandé de le suivre pour parler, le punk n'avait pas moufté, le suivant en silence.
Le fait de sortir eu le bon effet de rafraîchir un peu l'esprit échauffé de l'Hérissé. Le cowboy, comme à son habitude ne laissait que peu transparaître ses pensées, mais le connaissant, le chasseur les devinait sans trop de mal.
C'est donc tout de même un chouilla tendu qu'il s'était assit aux cotés de son pote, la mine fermée, ne disant rien, se contentant d'un soupire profond et attendant que l'autre s'exprime.

Après un long silence gênant où il se demande encore si c'est une bonne idée, s'il a envie de faire, comment faire ça et qu'il se rappelle que c'est trop tard parce qu'il est lancé, qu'Apache a peut-être déjà compris qu'ils allaient avoir une discussion sérieuse. Il peut pas s'esquiver avec un prétexte à deux balles du genre : t'as pensé à virer tes godasses de la tente pour les odeurs ?

"Tu sais déjà ce que je vais te dire ?"

Comme s'il pouvait lui retirer les mots de la bouche et lui mâcher le travail

Un silence qui traîne en longueur. Justice n'a jamais été le plus éloquent des deux et Apache avait visiblement décidé de ne pas lui faciliter la tache. Plus le temps inexistant passait, plus la mine du punk se faisait fermée, dure. Mâchoire serrée. Il attendait, et il savait que la suite n'allait pas lui plaire. Pas du tout.
Rien n'avait été encore dit qu'il menait déjà une bataille intérieure.
Puisqu'ils étaient maintenant en extérieur, le punk avait sorti de quoi se rouler une cigarette. Gestes lents, précis. Mais ses mains tremblaient, trahissant les nerfs. Il dirait que c'était le froid.

"Tu sais déjà ce que je vais te dire ?"

Présage que ce jour n'était pas comme les autres, le punk avait sortit une allumette, la craquant pour allumer sa clope. Il n'en avait jamais d'habitude.
Une longue bouffée de nicotine, et il siffla la fumée devant lui avec une irrégularité qui une fois de plus trahissait sa tension.

"Je t'écoute."


La tension est présente. Apache a l'air bien décidé de ne rien lui épargner. Il pourrait s'en agacer mais il doit au contraire faire preuve de calme. Il ne peut pas mettre de l'huile sur le feu. Il se tait quand Apache allume une clope, malgré l'odeur qui lui brûle les narines.

De quoi il a peur ? qu'Apache se braque ? S'énerve ? Qu'ils puissent plus se supporter ? Parce que c'est déjà un peu le cas de toute façon. Alors autant crever l’abcès :

" C'est une mauvaise idée."

Il dit ça en fixant droit devant lui, sans trahir la moindre inflexion dans sa voix, juste un calme froid qu'il veut rationnel.

"Tu dois lâcher l'affaire."


"C'est une mauvaise idée."
Apache savait ouais. Qu'il dirait ça.
"Tu dois lâcher l'affaire."
Il pensait que l'entendre réveillerait en lui une colère noire, une haine, une frustration sans pareille. Et effectivement il y avait un peu de ça.

Il ramena la cigarette à ses lèvres, y tirant une longue latte.

Ce qu'il n'avait pas prévu, en revanche, c'était la vague douloureuse, la peine qui s'y mêlerait.
Ça faisait mal.
Il se sentait seul.
Tout seul.
Abandonné comme on lui demandait d'abandonner Trouble.
Personne ne le soutenait la dedans.
Pas même lui.
Pas même Just.

"J'peux pas." Lâché du bout des lèvres. Et l'impression d'être broyé de l'intérieur. Déchiré entre colère et désespoir.
Il se sentait seul, ouais. Et abattu. Épuisé. Autant physiquement que mentalement. Ses plaies tiraient encore, sont teint pale.
Fatigué.
Tellement fatigué.
Pas la force de s'arrêter.


Il s'attend à le voir exploser, déchaîner les enfers sur lui. Il s'attend à entendre les mots traîtrise, lâcheté, et quelques insultes basses et bien placées. Mais Apache reste stoïque, et c'est probablement pire que ce que Just imaginait.
C'est grave.

"J'peux pas."

Même le sentinelle qui n'a rien d'un empathique, perçoit la douleur et l'abattement dans ces mots. Il a l'impression de tirer sur l'ambulance. Mais il le faut.

"Tu ne veux pas." il nuance, laissant transparaître malgré lui sa propre fatigue dans sa voix. "Tu pourrais. T'as juste à rien faire. C'est sensé être le plus facile, ne rien faire."


"Tu ne veux pas."
Apache ferme les yeux, expression de grogne s'inscrivant sur son visage.
"Tu pourrais. T'as juste à rien faire. C'est sensé être le plus facile, ne rien faire."
Le punk prend une énième inspiration profonde, plus tremblante encore que jusqu'ici. S'il y a une chose qu'il ne veut pas, ouais, c'est exploser à la gueule de Justice.
Car c'est son ami.
C'est son putain d'ami.
Et pourtant il sent la colère lui grimper à l'intérieur, faisant accélérer son rythme cardiaque. Il rouvre les yeux, les braquant droit devant lui. Vers le blanc. Vers le rien.

"C'est censé être le plus facile..." Il répéta, la voix basse. "Comment j'pourrais vouloir !" Le ton monta.  "Explique moi comment je pourrais VOULOIR !" Le dernier mot avait été presque crié. Presque. L'ambiance se réchauffait, peut être un mal pour un bien. "Rien faire, alors qu'elle est la, PUTAIN !  quelque part !!" Elle était forcément quelque part...


On approche du point de rupture. Apache ferme les yeux, l'air de chercher en lui la force de ne pas être Apache. Et quand il ouvre les yeux, c'est toujours bien lui, tout en fureur :

"C'est censé être le plus facile... Comment j'pourrais vouloir ! Explique moi comment je pourrais VOULOIR ! "Rien faire, alors qu'elle est la, PUTAIN !  quelque part !!"

Quand il entend le cri, Just ne flanche pas mais il ferme les yeux. Il entend encore un écho qui se perd, qu'ils laissent respirer.

"Elle n'est plus là."

Il pèse ses mots, se prépare à une réaction plus violente encore.

"Elle... n'était pas du genre à se laisser faire. Si elle était en vie, elle serait rentrée y'a longtemps."


"Elle n'est plus là."

Les mots frappèrent comme une gifle violente au visage du punk. Douloureuse, brûlante.
"Arrête..." Qui sonnait suppliant. Il voulait pas entendre ça. Il voulait plus entendre ça.
"Elle... n'était pas du genre à se laisser faire. Si elle était en vie, elle serait rentrée y'a longtemps.
- T'en sais rien !"
Personne n'en savait rien !
Elle était peut être coincée quelque part ! Tombée dans un trou, entourée de Givre ou il savait pas encore quoi ! Tout était possible sur cette putain d’île de merde non ?!!
Il l'avait même vu !
Il l'avait vu !!!
Le punk se passa les mains sur le visage. L'impression de perdre les pédales.
Est ce qu'il l'avait vraiment vu ?
Ca n'avait aucun putain de sens...
Il devenait dingue.

"On peut pas savoir tant qu'on l'a pas trouvé."
Et pour la trouver il fallait chercher.

"T'en sais rien !"

Il se tait. Il ne le regarde toujours pas, les yeux fixés vers l'avant. Il ferme tantôt les yeux, pour chercher ses mots ou pour se soustraire à une confrontation trop directe. Puis il les rouvre.

"On peut pas savoir tant qu'on l'a pas trouvé."

Le raisonnement d'Apache tient parce qu'il est indiscutablement logique. Mais ses arguments sont irrationnels.

"Je sais... qu'à chaque fois qu'on (les sentinelles) a cherché un disparu... Si on le trouvait pas dans les 4 jours qui suivent, on ne le retrouvait pas." Mais il admet. "Il y a eu quelques cas exceptionnels où ils revenaient d'eux même au bout de quelques temps ou alors on trouvait un corps par hasard."

Il croise les jambes.

"Continuer de chercher, c'est faire courir un risque insensé à tous nos camarades."



"Je sais... qu'à chaque fois qu'on (les sentinelles) a cherché un disparu... Si on le trouvait pas dans les 4 jours qui suivent, on ne le retrouvait pas."
Apache eut un soupire long et profond. 4 jours sur cette île ça voulait rien dire. Le temps se distordait et se faisait bouffer par les deux bouts. "Il y a eu quelques cas exceptionnels où ils revenaient d'eux même au bout de quelques temps ou alors on trouvait un corps par hasard."
Le cowboy croisa les jambes, comme se mettant plus à l'aise, se donnant, volontairement ou pas, des airs détachés.

"Continuer de chercher, c'est faire courir un risque insensé à tous nos camarades."
Just tapait dans le factuel.
Le punk ramena la cigarette à ses lèvres.
Semblant se calmer un peu.
C'était vrai. C'était dangereux.
Il pouvait pas nier ça.
Il lâcha un "HMm..." Approbateur, agitant la tête à la positive.
"Ouais." Il haussa les épaules, finalement. "C'est bon, j'irai moi." Après tout, c'était vrai, il avait pas à entraîner tout les autres dans ses plans. S'ils voulaient pas venir, qu'ils ne viennent pas. Il forcerait personne.

"On a pas besoin d'être 50 de toute manière."

Il irait seul. Comme il cherchait seul.


"HMm..." fait Apache.

Just fronce les sourcils. Est-ce qu'il l'écoute au moins ?

"Ouais. C'est bon, j'irai moi. On a pas besoin d'être 50 de toute manière."

Putain. Just tourne enfin la tête pour le regarder avec un air frustré. Il ouvre la bouche pour dire un truc, la ferme, lâche un soupir de circonstance. Il s'avachit en avant, le front posé sur ses mains. Ces dernières remontent le long de sa nuque. Il est ... bloqué, ouais.

Il va quand même pas à avoir à le supplier, lui dire qu'il ne veut pas qu'il risque sa peau seul parce qu'il... ouais quoi. C'est Apache. C'est Just & Apache.

"Et notre projet, tu laisses tomber ?"

Il se redresse.

"Si tu te fais tuer, il se passe quoi pour nous ?"

Pour la première fois, Apache sentit le regard de son pote sur lui, brûlant à sa manière, et le punk tourna la tête à son tour, accrochant son regard au sien.
Bien sur que sa réponse ne lui convenait pas. Le frustrait ! Ça se voyait à son attitude. Apache le connaissait bien, son cowboy.
Just soupira, se prenant la tête dans les mains, quittant sa posture décontractée de jusqu'alors, et puis finalement, il se redressa.

"Et notre projet, tu laisses tomber ?"
L'Hérissé fronça les sourcils, continuant de le regarder bien en face.
Terminé les regards fuyants.

"Si tu te fais tuer, il se passe quoi pour nous ?
- Mais j'vais pas m'faire tuer !" Il répliqua, tellement sur de ce qu'il avançait. "Arrêtez avec ça, bordel !" Oui, par ce que Nasty l'avait bien attaqué la dessus elle aussi. "Vous allez finir par m'enterrer vivant !"

Un peu comme avec Trouble ?

Le punk ravala sa salive, se mordant la lèvre inférieure, s'empêchant de balancer ça.

Un peu comme avec Trouble, ouais.


"Mais j'vais pas m'faire tuer !" Apache perd patience. "Arrêtez avec ça, bordel ! Vous allez finir par m'enterrer vivant !"

Just laisse échapper un léger rire sarcastique qui pue la tristesse, qui frôle le ricanement.

"Mais qu'est-ce que tu en sais ?"

Il secoue la tête, retrouve une expression grave, contrite, désespérée.

"Tu crois que... Que les gens qui meurent le voit toujours venir ? En général, ils sont tous aussi sûrs d'eux que toi et ça change absolument rien."

En général oui, sauf quand ils le font exprès. Comme l'avait fait Justice, il y a longtemps.

"Ce dont on peut être sûrs, c'est que tu veux aller seul dans la gueule du loup."

Et ça, il ne le permettra pas


Just laissa échapper un rire sans vie. Ironique à mort qui échauffa un peu le punk.

"Mais qu'est-ce que tu en sais ?"

Retour à l'envoyeur. L'impression que le cowboy lui renvoyait en boomerang ses propres arguments d'un peu plus tôt.
On pouvait pas savoir.
Personne savait avant de tomber dessus.
La mort.

Just secoua doucement la tête, renforçant sa désapprobation.

"Tu crois que... Que les gens qui meurent le voit toujours venir ? En général, ils sont tous aussi sûrs de toi et ça change absolument rien."

Apache lâcha un soupire, jetant sa cigarette même pas terminée devant lui dans un claquement de doigts, la laissant mourir dans la neige.

"Ce dont on peut être sûrs, c'est que tu veux aller seul dans la gueule du loup."

Cette conversation était chiante.
Elle n'allait mener à rien.
Ça allait tourner en rond, c'était certain.
Le punk se mordait la lèvre inférieure nerveusement, sourcils froncés. Qu'est ce qu'il pouvait répondre à ça, hein ?
Rien.

Mais il ouvrit quand même la bouche. Par ce qu'il était comme ça, Apache, il la fermait jamais.
"Et alors quoi ? Je laisse tomber ? Je la laisse mourir alors qu'elle est peut être la, quelque part dans le froid ?"

Elle n'est plus la.

Les mots de Just lui revenait en pleine gueule, tournant et virant dans son esprit, le meurtrissant.
Les nerfs à vif, il se releva, faisant quelques pas, puis revint vers la souche.

"Elle est pas morte." Il fit dans un souffle.
Tant qu'il l'a cherchait, elle n'était pas morte.
Pas tout à fait.
Pas complètement.

"Et moi non plus."


La nervosité grandissante du punk lui indique qu'il entend ses arguments. Mais pour autant, il s'accroche. Les mots ça suffit vraiment ? Nasty est pas de cet avis, et généralement, lui non plus. Mais merde, il voudrait que ça marche.

"Et alors quoi ? Je laisse tomber ? Je la laisse mourir alors qu'elle est peut être la, quelque part dans le froid ?"

Il secoue la tête. Elle est plus là, Apache.
Le punk se lève, fait quelques pas, revient. Au moins, il prend pas la fuite.

"Elle est pas morte. Et moi non plus."

Putain... Just ferme les yeux, comme s'il retenait des larmes. Mais il a les yeux secs. Si c'en était ce serait de frustration de toute façon.

"C'est pas la première."

Il le fixe avec une intensité qui met au défi de nier ce qu'il s'apprête à lui dire.

"Tu te souviens de tous ceux qu'on a perdu en route ?"

Skitt, Fedora... Et s'il y en a eu d'autres, il les as oubliés. Et s'il y en a eu d'autres, Just a préféré les oublier.

"Mais nous deux, on est encore là. C'est grâce à ça que le combat a pu continuer."

Il pose une main sur son bras.

"On a dit au revoir à beaucoup de gens. On a tous perdu... des amis. Mais on est allés de l'avant. Trouble..." sa voix se tord un peu quand il dit son nom parce que ça lui fait bizarre. Pourtant, il ne tenait pas à elle tant que ça. "... sera probablement pas la dernière."

Il y a un blanc gêné alors qu'il assimile l'information. Il pourrait être le prochain, après tout.

"Mais si tu continues comme ça... Tu vas tout perdre." Il se crispe. "Putain, Apache, j'ai repêché Nasty dans un marécage ! On a failli crever, là bas. Et tu finis à l'infirmerie et tu me dis même pas ce qui s'est passé !"



"C'est pas la première."
Apache serra les dents, se stoppant debout à coté du cowboy, se cachant le visage d'une main, un peu comme s'il réfléchissait, ou qu'il se cachait de quelque chose. C'était peut être un peu les deux à la fois.
Il détestait l'allure que prenait l'échange.
"Tu te souviens de tous ceux qu'on a perdu en route ?"

Avec une grande inspiration nerveuse, le chasseur relâcha son visage, les mains sur les hanches, la tête vers le haut, les yeux vers le ciel.

"Mais nous deux, on est encore là."
Nous deux. La mine meurtrie, le punk fermait les yeux, rebaissant la tête.
"C'est grâce à ça que le combat a pu continuer."
Il senti la main de son ami se poser sur son bras, se voulant soutient. Ou peut être pour le ramener à lui. Vers la raison. Vers la vie.
"On a dit au revoir à beaucoup de gens.
- Arrête...
- On a tous perdu... des amis."
L'Hérissé avait rouvert les yeux, mais ne regardait plus Just, fuyant. Il y voyait un peu trouble.
"Mais on est allés de l'avant. Trouble..." La voix de Just s'était un peu étranglée sur le nom, et les yeux noirs du punk s'embuèrent pour de bon de larmes. "... sera probablement pas la dernière."

Pas elle...

Pas elle !

Il pouvait pas l'accepter.
Il arrivait pas à l'encaisser.
S'il arrêtait de la chercher, c'était fini.

"Mais si tu continues comme ça... Tu vas tout perdre.
- Mais n...
- Putain, Apache." Le punk se tue. "j'ai repêché Nasty dans un marécage ! On a failli crever, là bas." Il ravala sa salive.
"Et tu finis à l'infirmerie et tu me dis même pas ce qui s'est passé !"


L'Hérissé secoua la tête. Il se sentait mal. Frustré, en colère, et tout à la fois touché. C'en était douloureux.
"Ça apporterait quoi ?" Qu'il lâcha. Pas vraiment une question, plutôt de la mauvaise foi.
Qu'est ce que ça pouvait bien foutre de savoir pourquoi il avait fini à l'infirmerie, hein ?

"Et puis MERDE !" Il cria, sa voix déraillant. "Ouais cette putain d’île pue la mort ! Ouais c'est dangereux ! C'est justement contre ça qu'on se révolte nan ?? C'est contre CA qu'on se BAT !! Et tu me demande d'avoir peur ?" Cette fois, ses yeux noirs s'étaient braqués sur Just. La respiration un peu trop rapide. Le regard un peu trop brillant. La voix un peu trop fatiguée, un peu comme s'il avait fumé tout un paquet de clope plutôt qu'une demie cigarette roulée.

"Je refuse d'avoir peur de crever."

D'avoir peur de la mort.
Pourtant, c'était bien la mort qu'il était incapable de regarder en face, et qu'il fuyait tout en la pourchassant.


"Ça apporterait quoi ?"

Apache écarte ses reproches d'un revers et ça lui fout les nerfs. Just se mord l'intérieur de la joue pour ne pas... Pour ne pas quoi ?

"Et puis MERDE ! Ouais cette putain d’île pue la mort ! Ouais c'est dangereux ! C'est justement contre ça qu'on se révolte nan ?? C'est contre CA qu'on se BAT !! Et tu me demande d'avoir peur ? Je refuse d'avoir peur de crever."

Il est en panique là Apache. On dirait qu'il va tourner de l’œil. Just le fixe. Visage impassible, mais regard qui trahit une émotion intense bien que difficilement discernable.

"Parce que tu te bats, là ?"

Sa voix est calme, froide. Il se lève, se tourne vers lui.

"Parce que tu crois que t'as pas l'air de flipper ?"

Ses deux mains se posent sur ses épaules, légèrement serrées. Il le fixe. Ouais, il sait qu'il pourrait le péter en deux, là. Il sait bien. Et franchement, ça le gênerait pas.

Il laisse tomber sa tête en avant pourtant. Sa voix sonne essoufflée, chargée d'une émotion qui cette fois, est indiscutable.

"Moi, tu me fous une putain de trouille, Apache."

Il se mord la lèvre. Putain il sent bien que là, il pourrait chialer.

"Tu pars en vrille et tu me fous la trouille."

Il déglutit. Ses mains se serre un peu, peut-être au point de faire mal.

"Je me lève le matin, et je sais pas où t'es passé. Je passe mes journées à m'occuper pour pas penser à toi, à ce que tu fais, si t'es en vie. Je me couche et tu continues à tourner en rond et à faire n'importe quoi."

Il inspire, il expire. Il a toujours la tête baissée.

"Je vais pas supporter ça longtemps. Continue de me tester et je t'assure que... c'est moi qui vais finir par te buter."

Apache s'était emporté, avait lâché les mots sans les sous peser, les avait crié parfois. Pourtant, Just, lui, restait impassible. Il le fixait de ses yeux clairs, sans ciller. Calme, en apparence. Mais le bleu de ses yeux semblait virer, se troublant de quelque chose de difficilement lisible.

"Parce que tu te bats, là ?" Ton plat et implacable. Aussi froid que la neige qui les entourait.
Le punk eut un frisson, ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose, mais quand le cowboy se leva à son tour, il la referma, ravalant sa salive alors que ses yeux ne le quittaient plus.

"Parce que tu crois que t'as pas l'air de flipper ?"
Le frisson se changea en un tremblement incontrôlable qui lui fit claquer violemment des dents, tremblement qui cessa dès lors que les deux mains de Just se posèrent sur ses épaules, comme pour le refixer, lui offrir un point d'encrage. Un poids, une chaleur qui le faisait doucement redescendre. Le calmait. Au moins un peu. Au moins son corps qui hurlait, dissocié du mental qui le niait.
La tête du sentinelle pencha en avant, rompant le contact visuel, donnant l'impression qu'il s'appuyait sur le chasseur.

"Moi, tu me fous une putain de trouille, Apache."
Désemparé, la mine du punk se cassait la gueule, se peignant de confusion et de tristesse. Voir Justice comme ça. Entendre Justice comme ça... C'était quand la dernière fois ?

"Tu pars en vrille et tu me fous la trouille."

C'était jamais.
Jamais La Main ne s'était déjà confiée comme ça. Livrée comme ça. Jamais Apache n'avait encore vu pareil éclat d'émotion dans son corps voûté, épuisé, à bout, et dans sa voix qui trahissait sa gorge serrée.
Et les larges mains se serrèrent sur les épaules d'Apache, le faisant grimacer. Ça tirait douloureusement sur le pansement qu'il avait encore au cou, sous le large collier de cuir.
Ca faisait mal.

"Je me lève le matin, et je sais pas où t'es passé." Mais pas aussi mal que les mots. "Je passe mes journées à m'occuper pour pas penser à toi, à ce que tu fais, si t'es en vie." Pas aussi mal que cette dure réalité glacée qui le rattrapait avec brutalité. "Je me couche et tu continues à tourner en rond et à faire n'importe quoi."

Comment est ce qu'il avait pu manquer ça ?

Le cowboy marqua une pause. Prenant une profonde inspiration. La tête toujours baissée.

"Je vais pas supporter ça longtemps."

Nasty avait manqué mourir.
Justice avait manqué mourir.

"Continue de me tester"

Et lui, il était ou ? A ce moment la.

"Et je t'assure que... c'est moi qui vais finir par te buter."

Apache cligna des yeux, chassant de grosses larmes qui lui dévalèrent les joues.
Comment est ce qu'il avait pu rater ça.

"Je..." Son cœur se tordait à lui en donner la nausée.
Comment est ce qu'il avait pu être aussi aveugle ?

"Je suis désolé..." Ses mains tremblantes se posèrent sur celles qui lui serraient durement les épaules. "Je..." Et puis elles remontèrent les bras de l'autre garçon, cherchant le visage qui se cachait, se plaçant sur son cou, remontant jusqu'à ses joues, sans jamais forcer, espérant le faire se redresser mais n'osant pas l'y entraîner franchement.

"Je suis désolé..." Et il pleurait, secoué de frissons. Ébranlé.


"Je... Je suis désolé..." dit Apache, ses mains tremblantes sur les siennes.

Des mains qui lui saisissent le visage, essayent de le lever vers lui. Just ne résiste pas.
Quand il lève le nez, il voit Apache qui pleure. C'est pas la première fois qu'il le voit pleurer non. C'est même loin d'être le cas. Apache a toujours été quelqu'un de sensible, d'émotionnel, qui préfère les sourires aux sanglots mais qui laisse généralement un peu tout se mélanger dans une grosse fanfare tonitruante.
Mais le truc c'est qu'il le voit pas si bien que ça. Parce que pour la première fois, il pleure avec lui.

"Je suis désolé..."

Il ne dit rien Just, il laisse sa tête s'échouer sur l'épaule d'Apache. Il essaye de se calmer, de sécher ses pleurs, mais ça coule tout seul. Alors il attend que ça passe.

"Si tu es vraiment désolé alors reste." sa gorge serrée, sa voix étranglée. "Reste avec nous."

Reste avec moi


Les mains froides et tremblantes du punk s'étaient posées sur les joues chaudes de son ami, et sous ses pouces, il avait pu sentir l'eau qui les dévalait.
La tête du sentinelle se redressa et leurs yeux s'accrochèrent de nouveau.
Noir contre bleu, en larmes.

Justice pleurait.

Et ça valait tout les mots, tout les arguments, tout les raisonnements du monde.

Apache ne pouvait pas lutter.
Personne ne pourrait.
C'était au dessus de ses forces.

La Main ne disait rien, laissant simplement ses larmes s'échapper silencieusement. Et puis il se pencha, reposant sa tête sur l'épaule du punk qui le prit dans ses bras, le serrant contre lui, le nez dans son cou.

"Si tu es vraiment désolé alors reste."
La prise du chasseur se resserra un peu plus fort, ses mains s'agrippant au vêtement dans son dos.
"Reste avec nous."
Et ils pleuraient tout les deux. Apache s'effondrant contre son compagnon, sanglotant à chaudes larmes.

"Je suis désolé..." Il répétait, inlassablement.

Elle était morte.
Et son chagrin s'intensifia à mesure qu'il touchait du doigt la réalité.

"Ca me rend fou..! J'arrive pas..!"

Ne plus la chercher. Est ce qu'il y arriverait ?
Ca vacillait.
Ne plus y penser. Ne plus douter.
Elle était morte ? Vraiment ?
Et si jamais...

"Je l'ai vu. Dans les bois. Je l'ai vu putain..." Mais c'était impossible. Il avait halluciné. Ca ne faisait aucun doute ! "Je deviens dingue !"
Il hoqueta, ses larmes redoublant. Il s'agitait, la nervosité le gagnant, et il se détacha de Justice, se reculant pour mieux le regarder dans les yeux. Il avait besoin qu'il le regarde droit dans les yeux.

"Trouble... Je l'ai vu."


"Je suis désolé..." répète Apache. "Ca me rend fou..! J'arrive pas..!"

Il s'interrompt dans sa phrase, tait quelque chose que Just n'est pas sûr de pouvoir deviner. Qu'est-ce qu'il essayes de dire ? Just attend, sans oser insister.

"Je l'ai vu. Dans les bois. Je l'ai vu putain... Je deviens dingue !"

Pourtant, il a l'air lui-même de capter que c'est improbable, impossible même. C'est plutôt bon signe, non ? Alors Just le regarde et il capte un truc : Apache a maigri. Il est pâle, il tremblote pas juste parce qu'il pleure, il a l'air épuisé.

"Trouble... Je l'ai vu."

Just a retrouvé une expression songeuse. Il réfléchit. Il peut pas vraiment contredire une croyance. Mais il peut lui opposer la logique :

"Est-ce que quelqu'un d'autre l'a vue ?"

Un silence.

"Tu pense qu'à elle, en ce moment. Tu dors mal, tu manges mal. Et tu fréquentes beaucoup l'infirmerie en ce moment." Il hésite. "T'es... en état de voir ce genre de trucs."

Il a envie de lui dire. Mais il hésite. Il ouvre la bouche. Il la referme. Putain il a la trouille d'un coup. Est-ce qu'il a envie d'en parler.

"Dans le marais, j'ai entendu la voix de mon frère." il a un sourire qui suinte l'amertume. "Mais ça pouvait pas être lui. J'aurais vraiment voulu mais... je sais que c'était pas lui."


Il l'avait vu.
Il en était sur.
L'impression que son image, au loin, entre les arbres, était restée imprimée sur sa rétine.
Comme une apparition...

Un fantôme.

Just l'écoutait avec attention et patience, prenant très au sérieux la révélation.


"Est-ce que quelqu'un d'autre l'a vue ?"
Une moue à la réflexion, reniflant, les joues encore trempées de larmes même si les sanglots s'étaient calmés.
Il finit par hocher doucement la tête à la négative, baissant les yeux.

"Je... Je crois pas." Juste après ça, il s'était fait attaquer par un putain de loup garou qui lui avait valu la vilaine plaie qu'il avait au cou, et être renvoyé à ça le mit un peu mal à l'aise. Après tout, c'était la réponse à la question qu'avait posé Justice un peu plus tôt.
Pourquoi il avait atterri à l'infirmerie.
Questionnement qu'Apache avait ignoré, balayé d'un revers de la main.
Il n'en était pas fier.

"Tu pense qu'à elle, en ce moment." Les yeux noirs et humides du punk revinrent au cowboy. "Tu dors mal, tu manges mal. Et tu fréquentes beaucoup l'infirmerie en ce moment."
Il baissa de nouveau la tête.
Tout ça était très vrai.
Un peu trop vrai.
"T'es... en état de voir ce genre de trucs."
Un hochement de tête à la positive.

En d'autres termes;
Il pétait les plombs quoi.

Just se mit à hésiter, attirant l'attention du chasseur. Il avait l'air de vouloir dire quelques chose, sans que ca vienne. Comme s'il cherchait ses mots ou... Qu'il avait peur ?
C'était étrange de voir le cowboy comme ça. Aussi vulnérable. C'était rare de le voir se connecter et exprimer ses émotions de cette manière.
Inédit en fait.
Apache avait vraiment merdé, hein...

"Dans le marais, j'ai entendu la voix de mon frère." Un sourire de travers, et l'Hérissé quand à lui cligna des yeux, surpris. "Mais ça pouvait pas être lui. J'aurais vraiment voulu mais... je sais que c'était pas lui."
Un frère ?
Le punk n'avait jamais entendu dire que Justice avait eut un frère.

"Il est... " Une hésitation, à son tour. Il ravala sa salive. "... Mort ?"

"Il est... " Apache déglutit. "... Mort ?"

Just renifle, essuie ses larmes d'un revers de poignet. Il lui sourit, amer.

"Probablement."

Il hoche la tête, laisse échapper un rire qui n'exprime pas plus de joie.

"J'ai aucun moyen d'en être sûr à 100% mais... c'est très probable."

Il secoue la tête comme pour s'ébrouer d'un boue froide dans laquelle il se serait embourbé.

"C'est une sale histoire que je te raconterai une autre fois. Promis."


"Probablement."

Mais pas sur.

Pas si sur.

Le doute persistait.

Just lâcha un rire un peu vide.
"J'ai aucun moyen d'en être sûr à 100% mais... c'est très probable."

Le cowboy se secoua, donnant l'impression qu'il cherchait à se réveiller.

"C'est une sale histoire que je te raconterai une autre fois. Promis."
Apache lui offrit un sourire.
Fatigué.
Les traits tirés.
Il se rendit mieux compte maintenant d'a quel point il était épuisé.

A force de courir.
A force de chercher.

Tout l'hiver, il l'avait cherché.
Il avait demandé après les gens. s'était enfoncé dans la foret. S'était perdu. Était tombé, s'était démis une épaule. S'était retrouvé bloqué par une tempête. Attaqué par un ours une autre fois. La dernière, un loup garou, et une vampire qui l'avait vidé de son sang, le laissant quasi mort.
Tout l'hiver.
Sans jamais la retrouver.

Il eut un soupire, se pinçant les lèvres.

Aucun moyen d'être sûr à 100%

"Trouble..."
Elle n'est plus la
"Elle..."
Si elle était en vie, elle serait rentrée il y a longtemps.
"Tu pense qu'elle est..."
Il sentait son cœur reprendre de la vitesse, tambouriner fort dans sa cage thoracique.
"... Morte ..?"

Il savait déjà ce qu'il en pensait, en vérité.
Mais il avait besoin de l'entendre.
Clairement.
Sans détour.
Il avait besoin qu'il le dise.

Ils échangent un sourire. Tous les deux, ils ont vraiment une sale gueule. Une gueule de mort. Une gueule de déterré. Une gueule de poisson mort.

"Trouble... Elle... Tu pense qu'elle est... Morte ..?"

Just déglutit. Il hoche la tête.

"Elle est... très... probablement... morte."

Il ne sourit plus, une expression grave.


Just avait hoché la tête.

"Elle est... très... probablement... morte."

Le sourire du sentinelle s'était envolé, sa mine s'était faite sérieuse.

"Très probablement..." Apache avait répété. Et son regard quitta un instant le cowboy, balayant les alentours, la neige à perte de vu.
Il s'humecta les lèvres, pour au final mordre l’inférieure, plongé dans une réflexion intérieure.

Pas sur.
Pas si sur.
Un besoin viscéral d'être sur.
Et si... ... ...

"Comment on fait, alors ?"

Comment faire
Quoi faire.
Comment gérer.
Comment... Renoncer ?

Quand on ne savait pas.


"Très probablement..." Répète Apache, le regard perdu dans le lointain.

Il y a un silence que Just choisit de ne pas interrompre. Faut laisser la phrase respirer un peu, faut le temps de la digérer.

"Comment on fait, alors ?"

"Comment on fait quoi ?"


"Comment on fait quoi ?"

Pour la retrouver

Apache hésite, se sent un peu paumé.
Non...
Elle est morte...
Elle est morte ?

Probablement...

Le punk ferme les yeux, ramène sa main à son visage pour les frotter avec insistance comme on tentait de faire passer un début de migraine.

Pour renoncer

Mais il arrive pas à le dire.

Ça bloquait.

"Nan rien..." Il haussa finalement les épaules, baissant la main. Les yeux rougit.

Le Grand Arbre...

Il devait renoncer au Grand Arbre...

Une envie de renoncer au Grand Arbre après y être allé.

Il soupira.

Un punk perdu paumé. Un peu.


"Comment on fait quoi ?"
"Nan rien..."

Just serre les lèvres. Il sent qu'un truc lui échappe et il est pas sûr de quoi. Mais il doit pas lâcher l'affaire.

"Qu'est-ce que tu comptes faire ?"

"Qu'est-ce que tu comptes faire ?"

Un silence, qui dura un peu. Le punk réfléchissait honnêtement à la question.
Il avait l'impression de connaître la réponse raisonnable. Celle que tout le monde avait envie d'entendre.
Celle qui soulagerait, peut être même lui compris dans le lot.

Mais à quoi bon l'offrir si elle n'était pas sincère.
Justice avait été honnête avec lui. Il ne pouvait pas lui mentir en retour.
Par ce que la confiance...
La confiance c'était important.
Inestimable.

"Je sais pas."
Il savait plus.

"Je sais que t'as raison. Que c'est dangereux." Il ne l'avait jamais nié, en fait. "Et peut être que ça en vaut pas la peine." Par ce qu'elle était très probablement morte.
"Mais en même temps je me dis... Que comme ça j'en aurais le cœur net." Une moue qui ne sonnait même pas si convaincu. "J'pourrais passer à autre chose."
C'était ce qu'ils s'étaient dit, avec Nasty.
Une promesse de faite.
Qu'après le Grand Arbre, c'était terminé.
Une dernière tournée et tout le monde descendait.
Passer à autre chose.
Faire son deuil.
C'était possible, ça ?
Quand on était hanté.

"J'sais pas... Ou peut être pas..." Il répéta. Tout ce qu'avait dit Just, c'était pas pour rien. Il pouvait pas faire comme si de rien. Mais est ce que ça voulait dire renoncer complètement ?
L'oublier.
L'effacer.
La laisser mourir, quelque part.
Pourrir, quelque part.


Encore un silence. Un silence qui laisse le temps à Just de se retourner pour la première fois depuis le début de leur conversation. Y'a toujours les trois autres bolosses qui les attendent dans la cabane. Ils se sont pas barrés ?

"Je sais pas. Je sais que t'as raison. Que c'est dangereux. Et peut être que ça en vaut pas la peine."

Non carrément en fait.

"Mais en même temps je me dis... Que comme ça j'en aurais le cœur net. J'sais pas... Ou peut être pas..."

Le raisonnement tiendrait, et il accepterait le compromis si c'était pas le Grand Arbre. L'un des endroits les plus dangereux de l’île à présent, après le rocher en forme de crâne, probablement.

"Quand on veut arrêter quelque chose, on ne le fait pas après une dernière. On arrête, c'est tout."

Just le regarde, de haut en bas et déplore :

"T'es pas en état de mener une expédition, Apache."

Et pour montrer l'exemple, il lui met une petit tape sur la joue. Pas du genre violent, mais du genre qui réveille.

"J'ai pas dormi de la nuit mais je pourrais t'étaler, là maintenant. Alors imagine un Orbleu."

Et sur ces mots, il lui balaye les jambes pour le faire tomber.

"Quand on veut arrêter quelque chose, on ne le fait pas après une dernière. On arrête, c'est tout."
Une moue boudeuse se dessina sur la mine du punk.
Quand on arrêtait de fumer, on se roulait pas un dernier joint.

Apache avait essayé d'arrêter de fumer, une fois.

"T'es pas en état de mener une expédition, Apache."
Le chasseur était à deux doigts de répondre le contraire, mais fort était de constater qu'il ne vit absolument pas venir la petite claque assenée par le cowboy.
Elle eu le mérite de le réveiller un peu, le secouer. Il fronça les sourcils, la mine à la protestation, la joue brûlante.
"Heey..!"

"J'ai pas dormi de la nuit mais je pourrais t'étaler, là maintenant. Alors imagine un Orbleu.
- T'exag..." Et le punk se vautra sur le sol, clairement pas assuré sur ses appuis.

"Putain tu fais chier... Ca compte pas !" Il râla, tachant de se relever l'instant d'après.


"Putain tu fais chier... Ca compte pas !"

Il râle et pourtant y'a quelque chose dans cette situation qui lui rappelle leur bon vieux quotidien qu'ils ont mis de côté pendant le Givre.
Alors qu'Apache se redresse, avec le pied il se penche sur lui et le repousse à terre.

"Incroyable. Mais il va nous éradiquer tous les orbleus du Grand Arbre, ce champion." commente Just, sarcastique.


A peine Apache avait amorcé de se relever que Just le refoutait à terre, le repoussant sans mal avec le pied.
"Putaaaaain... Arrête ça !"
Pas en état.
Clairement.
Affaibli, toujours bien pâle comparé à son teint naturel, le punk n'avait même pas tant la combativité à insister, restant à terre, quasi certain que s'il ressayait de se mettre debout, son cowboy de pote l'en empêcherait, déterminé à faire valoir son avis sur le sujet.

"Incroyable. Mais il va nous éradiquer tous les orbleus du Grand Arbre, ce champion.
- Je t'emmerde !" Il pesta, se redressant assit dans la neige. "Ca va, c'est bon. Faut juste que j'me remette un peu..."

Un peu beaucoup.

"Putaaaaain... Arrête ça !"

C'est le genre de réponse qui vous donne envie de faire ça toute la nuit. Mais pour le coup, il arrête vraiment.

"Incroyable. Mais il va nous éradiquer tous les orbleus du Grand Arbre, ce champion.
"Je t'emmerde ! Ca va, c'est bon. Faut juste que j'me remette un peu..."

Just secoue la tête.

"Faut que tu te remettes. Mais faut pas que t'y ailles."

Just s'accroupit devant lui.

"Si tu veux on peut dire que tout est ma faute. Que je suis le grand connard qui t'empêche d'aller risquer ta vie héroïquement. Comme ça tu pourras passer tes nerfs sur moi, pour changer."

Il suggère avec toujours ce petit brin de sarcasme qui trahit plus de l'affection de que la rancoeur.

"Mais faut que t'arrêtes."


"Faut que tu te remettes. Mais faut pas que t'y ailles."
L'Hérissé toujours assit au sol releva les yeux vers l'autre garçon qui se baissa, s'accroupissant à sa hauteur.

"Si tu veux on peut dire que tout est ma faute."
Apache cligna des yeux, fronçant les sourcils.
"Que je suis le grand connard qui t'empêche d'aller risquer ta vie héroïquement. Comme ça tu pourras passer tes nerfs sur moi, pour changer."
Le punk resta immobile, silencieux, à le fixer, la mine sérieuse.
Tout ça sonnait comme une blague, mais n'en était pas vraiment une, pas vrai ?

"Mais faut que t'arrêtes."

Apache lâcha un instant le cowboy des yeux, laissant courir un petit temps de rien.

Et puis, il hocha doucement la tête à la positive.

"Ouais..."

C'était fini.
Les yeux noirs, trop brillants et encore un peu rougit revinrent à ceux de Justice.

"...Ok."


Apache hoche la tête.

"Ouais..."

Et Just peine à y croire.

"...Ok."

Just déglutit.

"Ok."

Il lui tend la main pour se relever.

"Tu veux faire quoi là maintenant ? Dormir ? Manger un bout ?"

Il faut se concentrer sur le moment présent. Sur les besoins immédiats. Et à force, les trucs dans le fonds finissent par se tasser.

"...Ok.
- Ok."

Le cowboy lui tendit la main que le punk saisi, se relevant, l'impression qu'il aurait pu le soulever d'un bras.

"Tu veux faire quoi là maintenant ? Dormir ? Manger un bout ?"

Apache eut un sourire, remettant son pull un peu mieux en place, se débarrassant de la neige qui s'y était foutu.

"Ptetre revenir avec les autres. On a une révolution à préparer."

Regard brillant, mais pas que de larmes. Retour aux sources qui réchauffaient.

"C'est parti." fait Just en lui emboitant le pas.

et après un blanc.

"Dis à personne que j'ai pleuré."

Un rire étouffé.
"Personne me croirait."

FIN