Chasser n'aura jamais été aussi facile.

Belladone n'a pas eu à errer longtemps pour trouver une proie. Malgré l'heure tardive, ils sont plusieurs, au Port, à tituber encore. Se glisser parmi eux n'a pas été difficile, feindre d'être une fille de Ruby en manque d'attention non plus. Il faut dire que - vêtue d'une robe dont la transparence noire dévoile ses bras et ses jambes - la Veine a de quoi attirer un certain type de convoitise.

Il suffit d'un regard, d'une minauderie... et le piège se referme.

Vraiment, c'est trop facile.

Le Pirate qui lui est tombé dans les bras pue le rhum et l'envie. Belladone le soutient sans difficulté, lui murmure de jolies choses qui ont l'air de lui plaire terriblement. Et, alors qu'il fait signe de l'entraîner en direction de la Maison Close, elle le retient et prétend que c'est trop loin, qu'elle a trop froid et qu'elle aimerait faire ça vite, qu'elle n'en peut plus d'attendre. Ça tombe bien, lui rétorque-t-il, car lui non plus n'en peut plus. Et c'est ainsi que, lui tenant la main un peu trop fort, elle l'entraîne au coin d'une ruelle sordide.

Une fois qu'ils sont seuls, elle perd patience. Usant d'une force qui contraste brutalement avec son apparence, elle le plaque contre un mur. Il rigole un peu, surpris, lui envoyant des relents d'alcool au visage. Belladone n'en a cure : il n'est pas laid mais il ne l'intéresse pas assez pour qu'elle veuille jouer avec lui plus longtemps.
Les mains plaquées sur ses épaules, elle approche son visage du sien et lui mord la bouche. L'impatience rend son travail sale, fait déborder un peu de sang : ce qui pourrait passer pour un baiser, de loin, devient autre chose lorsque l'on se rapproche. Il se débat, d'ailleurs, mais elle le maintient.

Le temps de le vider complètement.
Qu'elle reprenne des couleurs et qu'il devienne blanc.

Lorsqu'elle se détache, il s'écroule ; exsangue. Alors qu'elle essuie ses lèvres écarlates, un mouvement en périphérie de son champ de vision attire son attention. La Vampire se retourne et se fige.

Un regard, elle a croisé un regard.

Le regard de quelqu'un qui en a peut-être vu trop pour son bien.

Il y avait eu plusieurs morts étranges.

Sur l'île, la mort n'avait rien de plus étonnant que la disparition pure et simple ; l'une comme l'autre n'étaient que banalités. Même lorsque des matelots étaient touchés, Smee ne prenait d'ordinaire pas le temps de s'apesantir sur la chose. À quoi bon ? Il notait qui manquait à l'appel, réorganisait l'équipage autour de ce nouveau vide, et tout continuait, changeant et immuable.

Mais on avait ramené à Smee plusieurs cadavres exsangues. Certains de ceux qui avaient vu les corps, supersticieux, avaient parlé de mauvais œil. Ceux dont la supersticion était plus pragmatique avaient accusé –mais toujours d'une voix faible et en vérifiant que personne ne les surveillait– les magiciens du bayou. Et enfin on avait mentionné les vampires.

Smee avait écouté, bien qu'il n'en eut pas donné l'impression. Il n'avait cure de théories sur le coupable ; ce qu'il avait noté, c'était que les victimes n'étaient que des membres de l'équipage du Jolly Roger. Quelqu'un s'en prenait aux matelots de manière systématique, et ça, il ne pouvait pas le laisser passer.

Depuis, Smee arpentait le port tous les soirs où le Capitaine ne requérait pas sa présence.

Les ruelles étaient chaotiques, serpentant entre des bâtiments placés au petit bonheur de la chance, et les flaques de lumière succédaient aux zones d'ombre dans un ballet hypnotique. Il était facile de ne voir que la vie qui animait le port lorsqu'en début de nuit l'envie de faire la fête s'emparait des esprits. Mais chaque éclat de rire jaillissant d'une fenêtre ou d'une porte ouverte venait pour Smee ponctuer ce silence étrange qui s'abat avec les ténèbres.

Lorsqu'il la vit, il était déjà trop tard pour la vie du matelot. Elle avait l'air jeune. Elle avait l'air faible. Mais malgré la pénombre qu'elle avait choisi pour isoler sa victime, il était évident que son apparence était trompeuse. En témoignait le cadavre gisant à ses pieds.

Et son regard jaune fixé droit dans le sien.

Smee rassembla (presque) toute son attention sur la jeune femme. (Presque, car elle n'était peut-être pas seule.) Il s'approcha d'elle d'un pas calme, aussi silencieux qu'à son habitude.

– Bonsoir, mademoiselle, la salua-t-il finalement. Il me semble que nous pourrions tous deux bénéficier d'une petite discussion.

Si sa voix ne reflétait que politesse et indifférence, il y avait de l'acier dans ses prunelles.

Il ne fuit pas, elle ne bronche pas non plus. Peu importe qui il est, elle ne sera pas en danger : sur l'Île, les Vampires n'ont pas de prédateurs. Elle préfèrerait ne pas avoir à se battre, toutefois : la Vie ôtée qui coule en ses veines lui tient si chaud, ce serait bête de la gaspiller pour si peu !

Il se rapproche, fait preuve d'un calme appréciable. Et lorsque sa voix résonne, Belladone ne détecte aucun signe d'agitation.
Parfait, ils auront peut-être une discussion civilisée.

- Bonsoir, mademoiselle.

Belladone glousse, ignore le regard du Pirate. Mademoiselle, il l'a appelée ! C'est si charmant.

- Il me semble que nous pourrions tous deux bénéficier d'une petite discussion.

Belladone sourit, et ses canines luisent dans l'obscurité. Avec une élégance qui a quelque chose de faux, elle s'incline légèrement.

- Si vous voulez, monsieur.

A quel jeu se prend-elle ? Oh, c'est sans doute le sang du Pirate qui la réchauffe et la rend hardie. Mais à nouveau, que pourrait-elle craindre ? Ce n'est pas du bétail qui va lui faire peur, même lorsqu'il la regarde avec ces yeux-là.

Ingénue, elle renchérit :

- Il y a sans doute un meilleur endroit pour discuter qu'ici, ne pensez-vous pas ?

Aucun mouvement de recul, aucune posture défensive. Pas la moindre honte, pas même la moindre étincelle d'agacement d'avoir été surprise sur le fait. La demoiselle ne laissait voir qu'une assurance qui aurait pu paraître négligeante voire naïve chez quelqu'un qui ne venait pas de commettre un meurtre de sang froid.

L'assurance tranquille de qui se sait au-dessus de la vie et de la mort.

Malgré son entrée en matière courtoise, Smee était conscient que la ruelle sombre pouvait devenir en l'espace d'un clignement de paupière le théâtre d'un affrontement sans aucun doute plus mortel que la frêle apparence de la jeune femme ne le laissait imaginer. Cependant, lorsque la façade de neutralité de la demoiselle fondit, ce fut pour révéler un rire, un sourire. Une réponse polie. Une invitation.

– Cet endroit, commença Smee en englobant la ruelle et son cadavre d'un geste de la main, vous paraît convenable pour un meurtre, mais pas pour une conversation ? Vous me surprenez, mademoiselle. Où donc serait-il plus approprié de parler d'un mort que là même où il est tombé ?

Seule une curiosité polie teintait sa voix, et si ses yeux ne quittaient pas la meurtrière, il était à l'affût du moindre son pouvant indiquer qu'elle n'était pas seule. Même si cette hypothèse lui paraissait de moins en moins probable.

– Cet endroit vous paraît convenable pour un meurtre, mais pas pour une conversation ? Vous me surprenez, mademoiselle. Où donc serait-il plus approprié de parler d'un mort que là même où il est tombé ?

Belladone roule des yeux, sans cesser de sourire malgré la pointe d'exaspération qui la traverse. Haussant les épaules en un geste d'une légèreté terrible compte tenu des circonstances, elle réplique :

- Vous me semblez bien prompt à parlez de meurtre, monsieur.

Levant ses deux paumes devant elle, elle poursuit :

- Je ne suis pas armée, et cet homme est bien plus fort que moi. Me pensez-vous réellement capable de le tuer ?

Oh, elle joue, elle aime jouer ! Elle ne se moque pas encore, pourtant, c'est juste que le raisonnement du témoin l'intrigue. Alors qu'elle le contemple dans la pénombre, la Vampire se dit que son visage ne lui est pas totalement étranger - contrairement à celui de la proie qu'elle a vidée.

Mais de là à le replacer...

Smee eut un sourire dont la politesse sans faille d'atteignait pas ses yeux.

– Mademoiselle, loin de moi l'idée de vous insulter en dénigrant vos compétences, dont je ne doute pas un instant.

S'il n'avait pas assisté à l'ensemble de la mise à mort, il en avait vu assez pour savoir que la frêle jeune femme face à lui était bien celle qui avait fait passer le matelot de vie à trépas. Et s'il n'avait que des détails sur l'identité exacte de la meurtrière, ceux-ci s'aditionnaient peu à peu.

Ce presque baiser aperçu. Ce geste furtif mais bien présent de s'essuyer les lèvres (comme après un repas). Ce regard d'un jaune si peu humain. Ce reflet trop luisant sur des canines trop pointues.

Nul besoin de regarder le cadavre pour savoir qu'il ne différait pas de ses prédécesseurs. Exsangue.

– Je doute que vous ayez plus envie que moi de devoir subir les questions et l'emballement des foules à la mention d'un mort, reprit-il. Alors où donc souhaitiez-vous discuter ?

Si la jeune femme avait simplement voulu le tuer à son tour, la ruelle avait déjà montré qu'elle était tout à fait appropriée. Y avait-il une signification derrière les mots offerts si innocemment par la meurtrière, ou n'étaient-ils que rideau de fumée ?

Sourire exquis, qui contraste avec l'acier dans son regard. Qu'il est charmant, cet homme ! Et quel dommage que Belladone n'ait plus soif.

– Mademoiselle, loin de moi l'idée de vous insulter en dénigrant vos compétences, dont je ne doute pas un instant.

Belladone sourit, glousserait presque. C'est qu'il parle bien, en plus !

– Je doute que vous ayez plus envie que moi de devoir subir les questions et l'emballement des foules à la mention d'un mort. Alors où donc souhaitiez-vous discuter ?

Il l'a cernée : provoquer une émeute n'est pas dans ses plans - elle se voit tueuse plus distinguée que cela, après tout. Belladone s'immobilise et se fait songeuse : où peuvent-ils se retrouver ? Elle proposerait la Maison Close si elle était toujours dans son rôle, mais elle n'est pas sûre que le témoin se prenne au jeu.

- Pourquoi pas la taverne ?

Bientôt, il y aura du monde dans la ruelle. Ce qui laissera moins de personnes pour assister à leur échange ailleurs, moins de bétail à travers lequel trancher si une fuite devait s'avérer nécessaire.
Car Belladone ne se leurre pas : elle joue, certes, mais peut-être devra-t-elle courir.

Peu importe : aucun humain ne l'a jamais rattrapée.

Le déguisement était presque parfait. La jeune femme affectait avec aisance la légèreté et l'innocence, mais ce simple fait était déjà une admission. Non, le cadavre à mes pieds ne me perturbe pas. Elle ne cherchait cependant plus à nier, acceptant même la perspective d'une discussion.

La taverne n'était pas l'endroit le plus paisible du port, mais il était vrai que nul ne prêterait attention à une conversation de plus au milieu du brouhaha ambiant. Il faudrait juste se tenir à l'écart du maître des lieux.

Et si la tueuse se décidait à risquer la récidive, il y aurait largement assez de personnes pour l'arrêter.

Smee hocha donc la tête sans quitter son interlocutrice des yeux.

– La taverne me paraît un endroit acceptable.

Il s'approcha de la jeune femme et lui tendit le bras en un geste dont la galanterie n'était que façade, comme toute la politesse inoffensive dont ils faisaient tous deux preuve. Derrière le masque, il n'y avait que sérieux mortel. Ce qui n'empêchait le rideau de fumée d'exister.

– Allons-y, mademoiselle… ?

L’homme accepte et Belladone en piaillerait presque. Que c’est excitant ! La voilà qui va se fondre au milieu du bétail, prétendant être aussi insignifiante qu’eux. C’est si... inédit, comme situation. Si délicieux.

– Allons-y, mademoiselle… ?

Elle lui adresse un sourire charmeur et luisant dans la pénombre.

- Belladone.

Répondant à son geste si délicatement galant, elle s’accroche à son bras, perçoit sa chaleur d’humain alors qu’elle se rapproche. Elle-même doit être moins froide, maintenant qu’un sang aviné coule dans ses veines. Sans doute pas assez pour être agréable au toucher, mais peu importe.

- Je vous laisse nous y conduire. Qu’elle minaude sans se départir de son sourire de goule.
Quelles aventures les attendent ? Oh, elle en trépignerait presque.

Même au travers des tissus, il était impossible d'ignorer le froid qui s'accrochait à la chair de Belladone, trahissant son inhumanité. Smee ne laissa pas cette différence affecter son geste. Si d'ordinaire il ne touchait de telles températures que sur des objets dépourvus de vie, ce n'était présentement qu'une information de plus. Pas même une surprise.

Il se mit en marche vers la taverne, entraînant poliment la tueuse à son bras. Peut-être celle-ci n'attendait qu'une mystérieuse opportunité pour s'attaquer à lui, mais il en doutait. Elle avait eu toutes les ouvertures nécessaires et avait préféré la parole au combat. Il n'était pas en sécurité, cela restait une évidence, mais il allait certainement falloir un changement de circonstances plus important que ce simple rapprochement physique pour que Belladone revît sa position.

– Êtes-vous déjà allée à la taverne, mademoiselle ? demanda-t-il d'un ton de conversation polie.

Il ne s'attendait pas nécessairement à une réponse sincère, mais peut-être Belladone souhaiterait-elle suffisamment passer inaperçue pour admettre sa méconnaissance des lieux et des coutumes attachées le cas échéant.

Les voilà qui marchent, comme un couple distingué au milieu de l’agitation du Port. Accrochée à son témoin surprise, Belladone doit se contenir pour ne pas trépigner d’enthousiasme devant la tournure fascinante qu’a pris sa soirée.

- Êtes-vous déjà allée à la taverne, mademoiselle ?

Mentira-t-elle ? Ce serait si simple, de jouer à l’ignorante et le prendre ainsi pour le bétail qu’il est. Mais l’homme a été si galant, si courtois ! Il mérite une belle réponse, une de celles qui met du temps à mûrir.
Une réplique spirituelle.

- Je pourrais, mais je ne m’y suis jamais rendue.

Son sourire s’agrandit, se fait enjôleur.

- L’alcool n’est pas ma boisson préférée, après tout.

Oh, la voilà qui faisait des traits d’esprit ! Si la Veine avait la moindre once de confiance en elle, elle se congratulerait.
Non loin d’eux, un sifflement se fait entendre. Le Pirate qui en est responsable est du même genre que celui qu’elle a achevé et son odeur est insoutenable, même d’ici. Belladone préfère se concentrer sur celui qui l’accompagne.

- N’êtes-vous pas heureux de m’avoir à votre bras ? Vous faites des envieux, monsieur... ?

Monsieur qui ? Il lui semble familier, comme si elle ne l’avait jamais croisé mais avait déjà entendu parler de lui.

Smee tourna la tête, cherchant des yeux qui donc avait sifflé –qui donc les avait sifflé. Ah. Une déception, mais pas une surprise. Il envoya un regard glacial au pirate en question avant de s'en désintéresser. L'avertissement avait été donné, ce que l'homme en ferait n'était plus de son ressort.

Smee ramena son attention sur Belladone. Contre son bras, la chair de la jeune femme semblait subtilement moins froide, mais peut-être n'était-ce que le contact qui la réchauffait lentement.

– Smee, lui répondit-il. Si certains sont envieux, c'est qu'ils ignorent la vérité à votre sujet, ma chère. Ce n'est pas vous dont ils souhaitent se rapprocher, mais un simple mirage que vous alimentez.

Smee, quant à lui, n'avait aucune illusion sur le fait qu'il marchait avec une tueuse. Il y avait même une subtile odeur de sang qui s'accrochait à elle, facile à manquer mais impossible à ignorer une fois qu'on l'avait reconnue. Et, avec leur proximité, même le chaos olfactif du port ne suffisait à la masquer.

- Smee. Si certains sont envieux, c'est qu'ils ignorent la vérité à votre sujet, ma chère. Ce n'est pas vous dont ils souhaitent se rapprocher, mais un simple mirage que vous alimentez.

Des mots glacés mais d’une justesse rare, qui lui vont droit au coeur. Belladone lui répond d’un rire cristallin et chantant tandis que, lentement, son esprit replace le nom.

Smee, donc.
Second du Capitaine Hook et donc personne d’importance.

L’espace d’un instant, quelque chose de sauvage passe dans le regard de la Veine alors que ses crocs se découvrent, laissant entrevoir la cruauté derrière son sourire. Se balader accrochée au bras du Second, ainsi... quelle perspective intéressante.

Alors qu’ils avancent, les odeurs se font plus présentes. Il y a, plus loin, une concentration de vie qui se masse autour d’une bâtisse qui empeste la sueur et l’alcool. Toute animalité disparue de son regard, la Vampire contemple l’établissement avec un amusement qui se rapprocherait presque de l’émerveillement.

- J’imagine qu’il s’agit de la taverne ? Quelle délicieuse agitation !

Même si la Veine est alerte, sa voix ne trahit nulle peur. Au contraire, à en croire son expression, la Créature semble ravie de se rendre dans un tel lieu de débauche.

Au coin du regard de Smee, Belladone laissa fugacement son inhumanité se dévoiler au travers un sourire acéré. Aucun acte ne suivit cependant cette fissure vite colmatée dans la façade d'innocente faiblesse.

Smee n'était pas surpris. La vampire, après tout, était repue.

La taverne se trouva bientôt en vue, et Smee tenta d'estimer s'ils s'avançaient vers le désastre d'une soirée... créative du tenancier. Rien ne semblait ouvertement dramatique, mais un mortel rappel de ne pas se fier aux apparences se tenait à son bras.

- J’imagine qu’il s’agit de la taverne ? Quelle délicieuse agitation !

Smee inclina la tête en confirmation.

– Il est heureux que l'agitation vous soit agréable. Il n'est pas impossible qu'elle paraisse plus marquée une fois à l'intérieur.

Ou, peut-être, la présence de Smee calmerait les plus craintifs des matelots. Cela arrivait à l'occasion.

Smee ouvrit la porte pour laisser entrer Belladone, puis la suivit pour reprendre place à son côté. La salle était bien remplie, mais pas excessivement bondée. Il s'agissait somme toute d'une soirée moyenne pour le lieu, en termes de population au minimum.

Comme à chacune des visites de Smee à la taverne, le volume des conversations diminua lentement, avant de plonger pour frôler le silence, puis revint à la normale.

La remontée fut peut-être un peu plus rapide que d'ordinaire, et le bruit ambiant en sortit peut-être plus dense. Smee préféra se concentrer sur la réaction de la vampire à son bras.

L'entraînant vers le comptoir, il se pencha vers elle pour lui glisser, assez bas pour qu'elle seule pût l'entendre :

– Pouvez-vous seulement boire autre chose que du sang, mademoiselle ?

Derrière eux, les murmures redoublèrent.