Les rumeurs sont parfois fantasques au port. Elles naissent de rêves et d'alcool la majorité du temps. Dive s'en fiche un peu, de connaître le pourquoi. C'est le comment qui l'intéresse, découvrir la vérité, la débusquer pour mieux la comprendre. Entendre parler d'une cité engloutie qui se cacherait sous l'océan est, sans vouloir l'offenser, plus passionnant que de s'intéresser aux dernières nouvelles du Capitaine. Dive n'est pas apte à rester en place, créant un véritable foutoir dans ses affaires pour tenter de débusquer un foutu crayon permettant d'écrire sous la flotte. Rien de tout ça ne doit exister, enfin pas que Dive soit au courant. C'est un peu rageant, parce que quitte à partir en exploration sous-marine autant avoir de quoi prendre des notes.

Et une embarcation également. Un détail qui lui apparaît comme évident qu'une fois sur la plage. Pas que le pirate doute de trouver un truc approprié. Au pire, tout s'achète dans le coin. C'est quand même un peu pénible, de négocier pour un rien. Surtout que les gens peuvent être des escrocs. Ah, s'en plaindre n'y changera rien de toute manière. Autant trouver une barque et se focaliser sur cette grande aventure qui ne prend pas du tout en compte la partie sous-marine pour l'instant. Déjà, pour repérer la cité sous l'eau, Dive devra avoir de la chance, ou croiser un être marin apte à converser sans le dévorer.

Tu me mords, j'te mords, un truc dans le style.

Hey, au moins, Dive parvient à obtenir le fameux moyen de transport (en un 'emprunt'), et mêmes les rames qui vont avec. Sans, ça aurait été compliqué de naviguer. Honnêtement, ça ne le tente pas outre mesure de s'asseoir dans un machin instable pendant super longtemps uniquement pour atteindre un lieu qui n'existe potentiellement pas. Mais s'il s'arrêtait à la moindre contrariété, jamais il ne parviendrait à effectuer la moindre découverte.

Pas besoin d'emporter grand-chose, outre une gourde d'eau fraîche et un goûter (surtout en offrande pour une éventuelle sirène en vérité), Dive estime pas avoir besoin de s'encombrer. Ses mains poussent contre la barque pour lui faire quitter le sable, lorsqu'il réalise que c'est un peu plus lourd que prévu. Hm.

Est-ce que la tirer depuis le côté flottant déjà sur l'eau serait plus simple ?

« Hey, vous pouvez m'donner une assistance quelconque ? » qu'il beugle alors que ses jambes sont à moitié immergées. Son regard a capté une présence sur la plage, alors autant en faire bon usage.

Qu'importe qui se trouve en face de lui, du moment qu'il obtient l'aide demandée. Et même si la réponse s'avère négative, Dive se débrouillera sans. Compter sur les autres vient moins simplement que sa capacité à aller vers eux. Un autre niveau, sans doute, quelque chose d'un peu plus complexe à ses yeux. Pourtant, ça ne l'empêche pas d'apprécier que l'homme accepte de se rapprocher pour au moins lui répondre. C'est que certains se cassent sans rien dire, et ça fait bouillir ses veines, l'absence complète de respect.

A t-il à faire à un peau-rouge ? Certainement. Ce sont des alliés à certains moments, des ennemis à d'autres. A quoi bon s'y intéresser alors que ses jambes ne demandent qu'à sortir de l'eau qui lui lèche les genoux. Les guerres et autres conflits moins importants sont une absurdité humaine, qu'importe sa vision du monde. Dive préfère se tenir loin de ces machins, plus à l'aise avec ses carnets et ses aventures en solitaire.

« J'suis historien, » il commence, uniquement pour réaliser que c'est un peu bâtard d'annoncer ça sans penser au plus important. « Merci, j'apprécie votre collaboration. »

Notre ? Votre ? Est-ce que la phrase est juste ? Pas sûr, pas sûr. Dive se sent un peu idiot, et il baisse le foulard qui couvrait son menton pour se présenter avec un minimum de dignité.

« J'ai entendu parler d'un truc extraordinaire, une cité sous-marine. Donc j'pars explorer. L'nom c'est Dive. » Il donne pas la suite, n'en voyant pas l'utilité. Le clan du corbeau, hm. Est-ce qu'il a déjà des notes sur eux ? Probablement pas. D'une poche, il tire un carnet et un crayon, gribouillant quelques lignes sur une page vierge.

« Vous voulez venir ? » Le cadet interroge finalement, levant brutalement la tête loin de ses écrits. Son cou craque sous la force du geste, ce qui le dérange pas outre mesure. C'est le manque d'étirements ça. « J'ai préparé quelques vivres, bien que la bouffe soit destinée aux bestioles dans la flotte. »

S'égarer au milieu des eaux glacées ne l'effraie pas spécialement. S'il renonçait, personne ne connaîtrait l'histoire de ce monde. Des détails se sont déjà égarés, depuis que l'île existe, il ne peut en être autrement. Des contes dénués de valeur aux yeux de la majorité. Ceux qui comptent, ce sont les rares dont le cœur se réchauffait en les entendant. Un travail de mémoire, ça se base sur ceux qui en ont besoin pour vivre. Qu'importe que certains souvenirs soient terribles.

« Votre compagnie en sera d'autant plus cool. » Si l'homme est en mesure de le guider, autant en profiter. Certes, la possibilité que tout ça se transforme en un piège sournois existe. En refusant de faire confiance, Dive se retrouvera juste à perdre du temps néanmoins. Autant accepter la proposition. La remarque de Balbu est pertinente, bien que le jeune homme y réponde uniquement par un haussement d'épaules qui signifie qu'il s'en fiche un peu. Qui vivra verra, ou quelque chose dans le style.

Son corps se hisse à bord sans difficulté, et il tend sa main à l'homme, pour l'aider à faire de même. Qu'importe qu'il refuse ou non. L'orgueil n'est pas forcément un défaut.

« Celles qui redonneront l'espoir aux gens, sans bafouer la Cité non plus. J'veux pas inventer, juste… Dire ce qui est vrai. » L'idée de revenir avec des mensonges est perturbante. S'il déforme la vérité trop souvent, ses capacités d'historien seront ternies pour toujours. Autant éviter ça. Dive a tant à prouver, et peu lui font confiance pour le moment. A croire que qu'importe le monde, trouver sa place est un combat.

« Et vous, quel est votre but ? »

Vont-ils ramer ensemble d'ailleurs ? Dive ne serait pas dérangé s'il doit s'acquitter de cette tâche seule.
On ne crache pas sur un peu d'aide non plus.

L'acceptation est toujours le pas le plus crucial de tous. Celui en mesure d'orienter n'importe quelle rencontre pour la transformer en véritable lien. Dive n'a que faire des possibilités les moins fortuites, préférant se dire que le voyage sera tout aussi fascinant que la destination. Est-ce loin ? Peut-être pas autant qu'il ne le croit. L'île décidera des distances et du soupçon de magie intemporelle à leur offrir.

C'est ensemble qu'ils rameront, puisqu'ils sont en mesure d'unir leurs efforts. Peut-être que l'histoire aura plus de valeur à deux, qui sait. Son expression, derrière les mèches sombres teintées de rouge, s'apaise tandis que Dive commence à ramer avec son compagnon. Les meilleurs plans ne sont pas forcément ceux que l'on prépare avec le plus de soin, aucun doute à ce sujet.

Un jour, Dive a rencontré un prêtre qu'il a pensé pêcheur.
Et, à présent, voilà que le véritable est à ses côtés.

« N'est-ce pas là notre mode de vie à tous ? On s'bat pour c'qu'on souhaite protéger, même si on a pas forcément b'soin d'armes pour un tel combat. » Communiquer entre peau-rouge et pirate, c'est également aller contre l'ordre établi. Celui qui ne cesse de se briser pour se reconstruire. Dive se prend à sourire, maladroitement. « J'apprécie que vous vouliez pas que j'crève. J'compte sur votre expérience, tout en étant prêt à offrir ma fougue en retour. »

La rame est reposée à l'intérieur du navire, juste avant que Dive ne croise les bras sur le bord, penché légèrement vers ce monde sous-marin. Respirer sera difficile, et il doute de parvenir à bien évaluer la distance entre sa personne et la cité. L'eau n'est pas hospitalière, de part sa température. Ce qui ne l'empêche pas de s'y glisser (ce n'est pas un saut, il enjambe simplement le bord) jusqu'à ce que le froid s'infiltre dans ses vêtements. L'Océan est plus amical, avec ses vagues qui donnent l'impression constante de mouvement, qu'une piscine inerte.

« Peut-être qu'il ne fallait pas plonger mais attendre ? » Amusé plus qu'ennuyé, il attrape la barque de ses mains pour rester proche de son aîné. « J'ignore comment atteindre l'fond. C'est extravaguant. » Ah Dive et ses paroles dont le sens est incertain.

Se laisser dériver ne le changerait guère du reste de sa vie. Dive a toujours apprécié de suivre les courants invisibles, ceux qui se dessinent dans l'air et sous les pieds, entraînant le corps vers une destination nouvelle à chaque fois. L'aîné, celui qu'il appelle l'adulte dans sa tête par habitude, est prompt à le rejoindre et les voilà en l'attente d'une solution. Oh, Dive aurait pu y songer un peu plus, mais ça ruinerait la magie, et puis Balbuzard a déjà un plan.

« Cool, genre vraiment cool. » Le mot est appuyé avec une pointe d'admiration, Dive toujours aussi honnête. Peut-être trop. Après avoir attaché un bout de la corde à son poignet, il prend un instant pour contempler la Cité qui les attend. Certes, une fois n'est pas coutume, le cadet a la tête remplie d'histoires au point de ne pas se dire que ça pourrait être un plan pour lui nuire. Ah, si c'est le cas, il se battra contre Balbuzard avec honneur, sans l'ombre d'un doute.

« L'vieux, si tu m'regardes, t'as intérêt à m'offrir un peu de ta bénédiction, » est-ce que Dive s'adresse à Lui ou bien à son bon vieux paternel ? Pas le temps d'y penser que déjà son corps a plongé, yeux demeurant clos pendant une bonne partie de la descente. Il ne les rouvre qu'en sentant l'air contre sa peau, celui qui devrait avoir disparu. Une paupière puis l'autre et un 'oh' étouffé s'échappe dans la bulle.

Quel spectacle imperturbable, sans doute là depuis que ce monde existe.

Son pied frôle une structure, sans s'y poser.
Du regard, l'historien cherche celui à qui il est lié grâce à la corde. Dive lui offre de grands signes de la main, un sourire éclairant son visage. C'est dans son regard que l'on lit le plus d'émotions pourtant.

« La Cité veut bien de nous, » il murmure pour lui-même, fasciné par une telle marque de confiance de la part d'un lieu si ancien.

Chaque détail est une invitation à explorer la Cité jusqu'à ne plus avoir d'oxygène. Les bâtiments se répandent sous leurs pieds, autour d'eux, englobant les visiteurs. Qui vivait sur ces terres, avant qu'elles ne soient englouties ? Est-ce une conséquence du règne de Peter Pan ? Oh, Dive risque d'en perdre la tête, amoureux de l'histoire au point que le reste en devient flou. Comment il aimerait avoir étudié le dessin, pour reproduire des milliers de croquis dans ses carnets. Aucun ne serait en mesure de représenter la Cité à sa juste valeur, il le craint.

Son guide lui désigne, d'une main, une construction qui le fascine immédiatement. Qu'est-ce qui ne parvient pas à happer l'attention de Dive en ces lieux, de toute manière ? Tel un enfant excité, il en vient à oublier la surface qui les attend sagement, quelques rayons lumineux provenant du ciel parvenant à danser près d'eux. Tout peut devenir monstrueux si l'on se base sur les légendes et Dive préfère toujours mettre son jugement de côté. S'ils croisent quelque chose de dangereux, et bien l'aventure aura au moins été magnifique, jusque là.

« On a qu'à se tenir la main, si ça vous dit ? » Y'a déjà la corde qui les maintient. Et nager en se tenant ne serait pas propice à quoi que ce soit. Dive a envie de montrer qu'il a pigé ce que Balbuzard veut dire quand même. Ses pieds se posent contre un sol en pierre, uniquement pour remonter. Il flotte un peu plus bas, près d'une construction qui a résisté aux eaux salées et corrosives qui habitent les lieux.

« Jpasse devant ? » Et il aurait pu attendre une réponse, probablement, avant de se glisser par la première ouverture qu'il trouve. Certainement une porte qui a disparu. Le jeune homme a, dans son impulsivité, évité le bâtiment le plus imposant et ses inscriptions. Autant ne pas commencer par le boss final.