La scène se passe à un moment peu défini de la matinée. Les Artisans sont tous partis bosser, et Caro passe le balai dans leurs cabanes. Parce que la poussière c'est mal. Clairement. C'est pas du tout pour regarder ce que les gamins gardent comme trésors, non mais !

Soyons honnêtes, Caro glandouille. Maintenant qu'elle arrive à être efficace dans le ménage, elle peut prendre le temps de regarder sous les oreillers ou de bayer aux corneilles. Présentement, donc, elle regarde par la fenêtre, songeuse, en se demandant comment définir exactement la couleur du ciel, qui est de cet espèce de bleu-gris tellement clair qu'il a l'air blanc. Avec en plus les branches et leurs feuilles qui découpent la vue en petites cases irrégulières, ça donne une luminosité un peu étrange au niveau des cabanes.

C'est peut-être pour ça que, du coin de l'œil, Caro croit voir une forme sombre bouger. Quand elle se penche par la fenêtre, plus rien. C'est bizarre. Mais bon. Sans doute l'ombre d'un oiseau, ou quelque chose dans ce genre-là.

Elle va pour se tourner vers l'intérieur de la cabane (il lui reste encore un coffre à ouvrir avant d'en avoir fait le tour) quand d'un coup, ça recommence. Cette fois Caro en est sûre, quelque chose a bougé ! Il lui faut en avoir le cœur net !

Agrippant son balai à deux mains, elle sort lentement de la cabane et regarde autour d'elle. Le vent la fait frissonner. Les voix des Garçons Perdus semblent flotter un peu partout, mais ici précisément, il n'y a apparemment personne et le presque silence est étouffant.

– Y'a quelqu'un ? appelle Caro.

Elle essaie de se donner un air brave. Il ne peut rien y avoir de dangereux ici, pas vrai ?

J'adore les enfants. Et bien? c'est vrai, quoi, de si petit anges si innocents et crédules... Prèts à gober n'importe quoi que je pourrai leur raconter ! Je les aime principalement pour une chose, cette étincelle, qui telle de la poussière de fée viens illuminer leurs yeux à la vue d'une créature telle que moi. Ou encore leur voix juvéniles réclamant de nouveaux récits, ces petites tètes blondes sont de parfaits auditeurs pour mes histoires, et c'est pour cela que je me rend souvent au grand arbre lorsque je me sens d'humeur conteuse, les sourires -ou la terreur- des enfants sont le meilleur des applaudissements...

Mais il y a de ces bambins, qui représentent un réel défi pour moi, ceux la même, qui ne croient pas à tout ce qu'on leur dis, les curieux et septiques, qui cherchent toujours la petite bète dans mes récits, et eux, quand je parviens à les convaincre, la satisfaction n'en est que plus grande.

C'est il me semble, à ce genre d'enfant que j'avait ici affaire. M'étant introduit sans mal et avec discrétions dans l'une des cabanes c'est maintenant dans l'ombre et sans le moindre bruit que me tapissais en observant fixement ma future interlocutrice, jusqu'à ce qu'elle remarque ma présence, ce que j'avais envisagé, au moment ou elle haussa la voix, j'était derrière elle et me déplaçais du coté de son épaule avec mon habituel sourire, entouré d'un léger semblable nuage de fumée assez translucide pour pouvoir me percevoir à travers.

"Bonjour, jeune demoiselle, enfin, autant que le jour puisse être bon."

dis-je, relevant très légèrement mon chapeau, mon habituel sourire découpé le long de mon visage.

Caro ne crie pas. Non. Absolument pas.

Bon, il est possible qu'elle laisse échapper un piaillement d'effroi… non, admettons-le, elle crie, c'est tout de même moins indigne que le piaillement. Mais en même temps, pour ne pas crier par réflexe quand quelqu'un se faufile juste derrière soi pour d'un coup se mettre à parler sans prévenir…

À sa décharge, elle ne crie pas longtemps. Ni très fort, en fait. Il faut dire que quand elle se tourne vers la source de la voix et qu'elle découvre non pas un Garçon Perdu mais un… truc… tas de fumée… avec un sourire dix fois trop large… et un chapeau (Bien sûr. Un chapeau. Tout va bien.), ben là pour le coup sa voix se bloque dans sa gorge et elle reste muette à fixer la chose avec de grands yeux écarquillés.

– Bon… bonjour, finit-elle tout de même par bafouiller.

Peut-être que si elle est polie, le machin ne va pas la manger. Peut-être même qu'il n'a pas envie de la manger, en fait. Il aurait pu la prendre par surprise s'il lui avait voulu du mal, après tout. Là il l'a saluée gentiment.

Y'a de l'espoir.

Caro rassemble donc son courage et tente de rester aussi diplomate que possible.

– C'est la première fois que je vous vois ici… Quel bon vent vous amène ?

Elle résiste très fort à l'envie de se crisper en s'entendant parler. Ça doit être la façon de parler ampoulée du machin qui déteint sur elle.

Je lui avait fait peur, bien sur. Enfin, c'était assez prévisible il faut bien l'avouer. Pendant que je flottais dans le vide pour me placer devant elle, un panache de fumée du coté opposé à ma direction pouvait être vu de la jeune fille, bien que mes yeux et mon sourire devaient bien retenir son attention dans l'obscurité de cette pièce. je rajusta alors mon chapeau sur mon crane vaporeux prenant un malin plaisir à la voir ainsi paniquer. Je répondis, restant assez énigmatique pour mon bon plaisir.

"Quel vent? et bien celui la même qui souffle depuis quelques temps en nos belles contrées, je suppose. Ainsi celui ci m'a porté jusqu'à vous, et dans mon ennui, c'est vers vous que je me tourne."

Je gardais mon sourire constant, que l'on pourrai presque qualifier d'hautain, mais surtout d'énigmatique ou encore horrifique. Bien la plupart des gens se seraient gardés de me croiser dans ce genre de situations. J'en plaindrai presque ma jeune et innocente interlocutrice, mais qui bien heureusement n'a rien à craindre, face à moi.

Caro serre les dents. Le machin est tout sauf rassurant. D'ailleurs il semble s'amuser à ses dépens, ce qui n'aide pas à le rendre sympathique. Cela dit il n'est pas vraiment clair non plus… À vrai dire… À vrai dire Caro a l'impression qu'il a répondu sans répondre.

Elle fronce vaguement les sourcils. Ça lui rappelle quelque chose…

Le souvenir lui revient avec une netteté déstabilisante. Elle est dans le salon, chez elle dans le monde ordinaire, assise sur le canapé devant la télé. Ses parents sont là aussi, son père finit de débarasser la table pendant que sa mère fixe l'écran d'un air faché. Caro est jeune, et elle ne comprend rien à ce que le monsieur dans la télé raconte.

Maman, il dit quoi ?
Rien du tout ma chérie. C'est ce qu'on appelle de la langue de bois. Il parle, mais il ne dit rien.
Mais pourquoi il fait ça ?
C'est un politicien. Il n'a pas envie que les gens comprennent ce qu'il fait vraiment.

Puis son père intervient pour faire une blague sur le côté fuyant et le sourire sans âme de l'individu en question, ce qui agace sa mère et…

Et le souvenir se dissipe, laissant Caro considérer la créature qui lui fait (plus ou moins) face.

Langue de bois : check. Insaisissable, fuyant, voire carrément fumeux : triple check. Sourire malsain : check aussi.

Est-ce que ce truc est le fantôme d'un homme politique mort ?!

Caro essaie de mettre cette idée de côté et de se concentrer sur la situation présente. Comment est-ce qu'on est supposé répondre à quelqu'un qui donne aussi peu d'informations dans ses phrases ?…

– Il serait… dommage… que l'ennui vous terrasse, formule-t-elle finalement.

Surtout s'il décide de la manger pour passer le temps.

– Que puis-je faire pour le chasser au loin ?

Voilà. Polie, serviable, tout ça. Si avec ça le machin n'a pas envie de la garder en vie, elle ne sait plus quoi faire.

Une bien charmante jeune fille que voici, bien que sa politesse et son bon parlé soient tous deux régis par la peur. Cela ne me vexe pas, c'est à peine pour m'étonner, à vrai dire, et il serai même possible que cela puisse me fasciner. La peur, est un sujet si subjectif, lorsqu'on y repense, aurait-elle peur si je me trouvais être rose bonbon avec la consistance d'un nuage? J'en doute fort.

je la pénétrais son regard en décelant la peur tout aussi omniprésente dans ses yeux que dans sa voix hésitante. Je m'avança alors vers elle avec une lenteur mesurée -j'adore laisser durer le plaisir- jusqu'à n’être qu'à une cinquantaine de centimètres de la jeunette pour lui déclarer d'une voix plus calme et profonde, mon sourire disparaissant de mon visage pour ne laisser place qu'à l'obscurité.

"et bien et bien... M'écouter suffirait amplement, et auriez-vous un nom? j'apprécie connaitre un minimum ceux à qui je m'adresse."

Après quoi mon sourire réapparut, brillant, mécanique, et pourtant bien réel. D'aussi longtemps que je puisse m'en souvenir, jamais je n'ai eu à surjouer d'émotion en dehors de mes histoires.

Oh.

Je venais de réaliser que je lui avait demandé son nom sans même lui donner le mien, quelle impolitesse, et quel probable embarra pour la jeune fille. Je continuais alors tout naturellement, approchant qu'un peu plus vers mon interlocutrice.

"Veuillez excusez ma curiosité soudaine, je n'ai pas pris le temps de me présenter correctement. Mon nom est Sombry, ravi de vous rencontrer."

– Enchantée, répond Caro machinalement.

Okay. Le machin ne semble pas vouloir la manger, au final. Ou alors il aime sérieusement jouer avec la nourriture. Mais Caro commence, très doucement, à se détendre. S'il avait voulu la manger, il n'aurait pas eu besoin de lui demander son nom.

– Je m'appelle Caroline.

Et il veut juste qu'elle l'écoute ? Non pas que ça lui pose problème –maintenant qu'elle panique un peu moins pour sa vie, la curiosité revient à la charge, et elle aimerait bien savoir ce que c'est au juste que ce machin flottant– mais elle ne peut s'empêcher de se demander…

– Je vous prie de m'excuser si je fais preuve d'impolitesse, mais suis-je vraiment l'interlocuteur qu'il vous faut ? Si vous avez un message à transmettre à la population de l'Arbre, je crains de n'être qu'un, euh… choix peu optimal.

Puis elle se hâte d'ajouter, parce que quand même faudrait pas le contrarier, au cas où il revienne sur sa décision et décide que finalement elle est comestible :

– Mais si je vous conviens, c'est avec plaisir que je vous écouterai !

Caroline, un nom des plus charmants pour une jeune fille de son âge, je suppose... Je me rapprocha encore un peu de la jeunette, gardant mon sourire que l'on pourrait presque qualifier de carnassier, aucunement rassurant. Mais pourtant, sous ce sourire loin d'être celui juvénile d'un enfant, rien de mauvais ne se cachais. sa question me fit légèrement soupirer, et avec un ton se voulant rassurant, je lui répondit avec la plus grande des franchise.

"et bien si tel est le cas, si c'est avec plaisir que vous m'écouteriez, vous étés assurément l'interlocutrice qu'il me faut..."

tandis qu'un coup de vent vint éteindre le peu de bougies présentes dans la pièce, fermant la fenêtre par laquelle j'était arrivé au passage, je continuais de planer au alentours de la jeune fille, probablement suivit par son regard, désormais mon sourire et mes yeux flambants tels deux flammèches étaient seuls à éclairer la pièce.

"Ceci étant dis, êtes vous certaine que c'est à moi que vous souhaitais donner votre attention pour le temps qui vas nous joindre prochainement?"

Mes propos restaient flous, mais mes questions étaient précises pour ne pas la brusquer ou ne serait-ce que provoquer trop de peur chez la jeune fille.

Caro résiste très fort à l'envie de reculer. Jusque là, le machin ne lui a rien fait, mais qu'est-ce qu'il est flippant en ne faisant rien ! D'ailleurs, il ne faisait pas vachement moins sombre ici il y a cinq minutes ?

Mais elle a décidé d'être polie et aimable, et c'est pas maintenant qu'elle va partir en courant. De toute manière le machin la rattraperait très probablement. Elle serre son balai dans ses mains, comme s'il pouvait la protéger (mais peut-être que c'est le cas ? comment est-ce que le truc réagirait à un coup de balai dans la figure ?), et se force à sourire.

– Ma foi, j'étais en train de travailler, mais s'il vous est acceptable de me parler alors que je fais le ménage, je ne vois pas ce qui m'empêcherait de vous accorder mon attention.

Caro est très fière de sa répartie. Si ça devient trop craignos, elle a une excuse toute prête pour aller vers une autre cabane sans attirer l'attention du machin sur sa tentative de se barrer. Et si finalement sa conversation est agréable… ben ça passe le temps pendant qu'elle bosse. Gagnant-gagnant, en somme.

Quelle idée. Mais quelle idée il a eut ce petit Red.  Sa ballade dans la forêt a été une catastrophe. Ce n'est pas la première fois, mais tout de même! Il s'était re-blessé au genoux, une cicatrice de plus me direz-vous. C'est pour ça qu'il avait décidé de rester vers le Grand Arbre pour la journée. Qui sait ce qu'il pourrait encore lui arriver.
Il n'avait pas tellement de chose à faire, c'était calme.. Donc Red aurait pu se plonger dans un livre. Mais.. non. Il voulait se ballader un peu partout vers le Grand Arbre, histoire de voir si tout se passe pour le mieux.

Le brun se promenait au niveau des cabanes quand il entendit une voix. Bon, c'est pas comme si cet endroit était silencieux tout le temps. Mais quand il s'approchait de la source de la voix, il ne vit personne . Sauf une jeune fille, mais.. qui semblait.. parler toute seule? Qui était son interlocuteur? Parce que le brun n'a, certes, qu'un œil visible a cause d'un pansement situé sur le second... mais.. Fin, il n'était pas aveugle non plus. Curieux, il s'approchait de la jeune fille en question, la démarche légèrement boîtante. "Merci la forêt".

-...heu.. Excusez moi mais.. vous parlez avec qui? Parce que.. je ne vois personne.

Est ce que cela se faisait d'accoster quelqu'un et demander ça.? Non mais, Red avait un doute. C'est pas très polie non plus quoi.. Disons que sa curiosité a été plus forte que son bon sens ... bon, bah tant pis hein.

Et, pour la deuxième fois de la journée, Caro laisse échapper un piaillement de surprise tout sauf digne. Et pourtant il n'est même pas encore l'heure du déjeuner. Seigneur.

Elle manque de peu de faire tomber son balai et se tourne vers le nouvel arrivant, une main contre son cœur qui bat à tout rompre. C'est un garçon qu'elle n'a encore jamais vu, avec une peau ponctuée de pansements comme d'autres sont ponctuées de taches de rousseur. Mais surtout, il a l'air humain. Normal, quoi. Ce qui, dans le contexte, est quand même vachement rassurant.

– Bon sang tu m'as fait peur ! s'exclame Caroline. Pourquoi est-ce que personne ne fait de bruit en arrivant, aujourd'hui ?

Bon, c'est peut-être qu'elle était concentrée sur autre chose, en l'occurrence Sombry. Et donc, en parlant de Sombry…

– Je ne parle pas toute seule, continue-t-elle, je parle à…

Elle se tourne vers le machin. Dans la pénombre, plus de sourire brillant, ni de paire d'yeux lumineux. Plus rien, en fait.

– … ben il est passé où ? finit Caro, désarçonnée. Monsieur Sombry ? Vous êtes toujours là ?

Évidemment, pas de réponse.

Red avait sans doute fait peur à la jeune fille en arrivant aussi silencieusement. Bon, il s'excusera pour ça alors. Il continuait de s'approcher, parce que tenir une conversation avec quelques mètres d'écart, c'est pas forcément agréable.

D'ailleurs, en s'approchant, le brun regardait un peu plus en détail la jeune fille. Elle ressemblait à quelqu'un.. mais qui.. ça, Red ne l'avait pas tout de suite en tête. Vous savez, en une journée, Red doit se souvenir de tellement de chose, que certains détails sortent de sa pauvre tête..

-Hrm. Je suis désolé de vous avoir fait peur alors. Ce n'était pas mon intention..

La personne en face de Red semblait.. chercher quelqu'un? Un certain.. Sombry? Le brun se grattait la tête, ce nom ne lui disait rien. Mais.. apparemment, son interlocutrice ne discutait pas seule. bon, c'est déjà un point rassurant. Mais tout de même, une personne normale ne s'enfuit pas aussi vite.. si?

-Ho... je vois. Bah, alors, encore une fois navré d'avoir pensé que vous discutiez toute seule.. Qui est ce.. Sombry?

C'est un peu ennuyeux comme conversation, non? Bon, bah du coup, le petit Red allait commencé par les bases, ce serait déjà bien.

-...Heu.. sinon, moi c'est Red! Je suis un diplomate.. et vous êtes..?

Caroline fouille l'endroit du regard, bien déterminée à retrouver la trace du machin (ou à s'assurer qu'il a réellement disparu). Et ce n'est que quand l'enfant se présente qu'elle réalise à quel point elle est impolie à l'ignorer comme ça. Elle se tourne donc de nouveau vers lui (de toute manière si Sombry est encore là, il est caché, invisible ou que sait-elle encore) et lui répond avec un air gêné.

– Je m'appelle Caroline, je suis la Mère Apprentie des Artisans. Pas besoin de t'excuser d'avoir cru que je parlais toute seule, je pense pas que tu pouvais voir Sombry de là où tu étais…

À condition qu'il y ait bien eu un Sombry. Caro sait qu'elle a une imagination plutôt fertile, mais quand même, elle n'aurait pas imaginé un machin pareil ?

– Sombry c'est, euh…

Là, elle hésite. Quelques… temps encore avant, elle aurait probablement juste expliqué qu'elle ne savait pas ce que c'était, ce truc. Mais…

Mais Red est jeune. Elle n'a pas envie de l'inquiéter. Et la pensée que Sombry est peut-être le fantôme d'un enfant mort l'a traversée, la laissant franchement mal à l'aise. Comme si elle avait une raison de croire qu'un spectre pourrait vouloir lui parler à elle précisément. Et elle ne veut pas parler de ça à Red.

Alors elle brode un peu. Enfin, elle invente, quoi.

– … c'est une sorte d'esprit de l'ombre ? Avec un chapeau, précise-t-elle, parce que des détails comme ça, on ne peut pas passer à côté. Il peut apparaître et disparaître quand il y a peu de lumière, continue-t-elle. C'est ce qui est arrivé, là. Mais je sais pas pourquoi il a filé.

Là, pour le coup, elle espère vraiment que Sombry n'est pas caché dans un coin à les écouter. Parce que sinon elle n'a aucune idée de comment il pourrait prendre son bobard.

La jeune femme répondait au Brun d'un air assez gêné. Caroline? Mère apprentie des artisans? D'accord. Red hochait la tête suite à cette information. Encore une personne que le jeune blessé n'avait encore jamais croisé. Red se tenait debout face à Caroline, les jambes légèrement croisées pour cacher son pauvre genoux. Hey, les apparences faces aux gens est quelque peu importante. Surtout quand on est diplomate.

-Eh bien. Enchanté de vous rencontrez.

Donc ce fameux Sombry serait un esprit de..l'ombre..? Non pas que Red s'attend a tout voir.. quoi si un peu. Il avait même secrètement envie de rencontrer ce..certain.. Sombry. Enfin, si il est sympa hein, parce que sinon, ce ne serait pas très cool. Aller, la curiosité de Red reprend encore le dessus... ouais, non, faudrait pas.

-Un esprit.. D'accord.

Le brun n'avait pas l'air apeuré d'entendre qu'un "esprit" avait fait son apparition. Malgré les apparences, le blessé n'est pas un réel froussard. Hormis être dans le noir. Ca..irk.

-Hmmm... serais-ce indiscret de savoir que faisiez vous ici?

Le calme naturel de Red et son large sourire concordait parfaitement avec ses questions. Même si il n'avait pas envie de passer pour un diplomate qui fourre son nez un peu partout, même pour des choses qui ne leur regardent pas. Et si les questions du brun dérangeaient Caroline, il lui suffisait de lui dire.

Indiscret, non. Curieux, oui, mais ça Caroline ne peut pas vraiment le blâmer. Si leurs positions avaient été inversées, elle aurait sans doute voulu savoir la même chose.

Avec un sourire en coin, Caro lève son balai.

– Je fais le ménage, explique-t-elle, amusée. C'est plus simple de faire ça quand tout le monde est parti travailler.

Et, parce qu'on ne l'appelle pas la Fouineuse pour rien (et qu'après tout c'est lui qui a commencé, d'abord), Caroline retourne la question.

– Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? Tu cherches quelqu'un ? À cette heure-ci les Artisans sont tous à la Fabrique…

Mais peut-être qu'il ne cherche pas un Artisan. Peut-être qu'il a une Mission. Tout est possible, après tout.