Une flamme valsant dans la nuit. Tentez de l'attraper... Disparue ! La voilà de retour. Tentez à nouveau... Envolée ! Et le jeu continue.
Insaisissable qu'elle est, cette ardente archère. Éclairant le chemin aux Garçons, ses cheveux de feu oscillant dans les ombres. Pleine du courage de celle qui affronte le noir sans veilleuse. C'est une grande fille après tout ! L'âme d'une meneuse brûle dans ce cœur vaillant. Respectée des Garçons pour sa force physique et mentale. Les faibles restent dans les Cabanes, les autres au combat. Pourtant pleine d'une douceur délectable, celle de la victoire. La victoire de rentrer saufs tous les soirs. Prudence jeune cheffe, la nuit est pleine de dangers. Le danger ? Tu te ris du danger ! Cette lueur de défis dans tes yeux bleus est un appel lancé à l'Île toute entière et bien au-delà. La soif d'une liberté si ardemment souhaitée devant tes moutons écossais. Ah cette époque si haïe noyée dans l'oubli. Alors désormais tu te glisses, tu te fonds dans les ombres avec ce sourire si provoquant. Aussi silencieuse que la mort et tellement bavarde à la maison. C'est ta voix qui domine à l'heure des repas. Tu aimes la vie autant que la nuit. Une opiniâtreté si massive qu'elle s'impose au monde comme un mur infranchissable. Sauf erreur, tu ne te trompes jamais. Et tu ne te trompes pas en disant que les mères sont inutiles. Autant les vieilles que les minuscules de l'Île. Pourquoi les hais-tu ? Cela remonte à avant l'Île, c'est tout ce que tu sais.
Et c'est cette peur de l'ennui, de l'immobilité qui te ronge et te consume. Celle qui te fait lever bien avant le soleil, lorsque l'Arbre dort encore. Tu escalades, coures, nages, observes. Tu fais. Tu fais pour ne pas te noyer dans cette inaction si crainte.

Personne ne dompte la flamme, vous ne saisissez que la lumière laissée dans son sillage.

Une masse indomptable de feu encadre ce visage rond tacheté aux yeux azurs. Un arc sculpté et soigné dans une main habile. Une épée courte nommée Elinor, un nom venu des tréfonds de la mémoire, d'un monde oublié. Un cheval noir aux pattes blanches prénommé Mac. Des robes longues couleur de nuit, cette nuit où tu te fonds Stealth.

La liberté que seule une vie - la vraie vie - peut offrir.

Un bêlement, des près verdoyant noyés sous une pluie quotidienne. Un quotidien...
Que l'oubli est doux. Qui voudrait de cette vie quotidienne lorsque la vie d'aventures s'offre à vous ?

Un leader, un symbole de liberté inconditionnelle. Ce modèle pour tous.
Il est celui qui t'a offert la vie, de là provient une reconnaissance sans bornes. Mais tu n'es pas aveugle à son âge, à ses caprices et à sa cruauté. C'est un enfant, un enfant pourri gâté mais il t'offre une vie trépidante où l'inaction n'existe pas, alors tu te tais.

L'ombre vous guette, à l'orée de cette file que vous formez. Quelques bruits autour de la compagnie. Un renard observe les enfants progresser.
Ces enfants si bruyants. Que tu aimerais les bâillonner et les suspendre à un arbre ! Les nouveaux Perdus marchent sur des brindilles, éternuent, toussent, reniflent, traînent des pieds. Et toi, sous ta cape noire, vêtue d'une robe bleue nuit, tu perds la compagnie. Heureusement les anciens ferment la marchent et récupèrent les égarés. Quelques uns commencent à distinguer et reconnaître ta chevelure.
L'arc bandé, les sens en alerte, tu intimes le silence à tous. Les nouveaux s'immobilisent, tant mieux. Vous voilà chez les Piccaninny.
Un feu puissant répond au tiens. C'est seule que tu avances vers l'orée du village. Là où l'ombre se termine ton monde se termine, seuls tes yeux réfléchissent la lumière. Deux yeux bleus surgissant de l'ombre.
Un geste de la main et les Éclaireurs se dispersent autour du village. Rien ne doit être laissé au hasard.
Tu restes là et tu écoutes, tu écoutes la nuit et ses secrets. Le moindre murmure, le moindre souffle.

"Demain à l'aube."

Tu souris de toutes tes petites dents. Les Éclaireurs se réunissent. Vous repartez à la Maison.
La mission est terminée.