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Jim Crazyleg
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MessageSujet: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptySam 7 Mai 2016 - 23:20

Sa progression était d’une lenteur rageante.
Il aurait juré que tous les éléments naturels s’étaient ligués contre lui. La vase traître dans laquelle il s’embourbait s’agglutinait à ses bottes. A chaque pas, il peinait à dégager ses pieds sans y perde un soulier. L’eau grise et boueuse flattait pernicieusement ses genoux et ralentissait encore sa marche. L’odeur arrachait à son visage crispé des spasmes de pure révulsion.
La nature, c’était crade. Jim détestait ça.

Le mousse était arrivé à un point de non retour où il ne se demandait plus si s’infliger pareil calvaire était réellement nécessaire. Rien ne l’y contraignait, rien ne l’en retenait, mais il ne se connaissait que trop bien. Parcourir ces kilomètres et salir ses vêtements pour rien… Il en aurait été malade.

Il s’accrochait comme il pouvait à l’espoir que Maman Brigitte pouvait influer son pauvre sort. Il l’avait imaginé, crasseuse mais puissante, capable de faire repousser ses membres perdus d’une incantation ou d’un mélange d’onguents.
Oh, il aurait été plus prudent de demander une solide escorte ou au moins une épaule sur laquelle s’appuyer. Mais il préférait savoir ses imbéciles de collègues loin de ses affaires. C’était SON pèlerinage, SA quête et SON affaire. Ça ne concerne que lui.

Sa progression était d’une lenteur rageante.
Il grinçait tant des dents que leur émail s’en serait craquelé. Il râlait, pestait dans sa barbe. Zut. Merde. Bordel. Les jurons ponctuaient ses pas qui martelait la terre flasques avec colère. Et il ne s’enfonçait que d’avantage. Plusieurs fois, il faillit trébucher et se rattrapa de justesse. A chaque fois, dans la brusquerie de ses mouvements, il s’éclaboussait encore de boue et d’eau sale.

- Rah fais chier ! il jure en s’essuyant la joue.

Il lança un regard mauvais aux charognards perchés sur la moindre végétation du marigot. Ils attendaient un mort. On aurait dit des pirates. Quelle plaie.

Dans sa progression d’une lenteur rageante, il distinguait au loin un point sombre dans le paysage. Sans doute une souche. Mais dans sa marche acharnée, il s’étonna pourtant que cette silhouette s’éloignait inexorablement de la représentation qu’il se faisait d’une souche.

Il levait le nez, clignait des yeux, les plissait. C’était un garçon ? On ne pouvait pas le rater avec sa chevelure d’un roux flamboyant. Jim grimaça, perplexe.
Qu’est-ce qu’il foutait là celui-là ? Il n’avait pas de temps à perdre avec un touriste.
Pourtant un étrange sentiment le retenait et tenaillait son esprit.

Il n’en était pas sûr mais… Il connaissait ce type. Peut-être. Mais d’où ?
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Freckles
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyMer 18 Mai 2016 - 16:55

Il se félicitait d'être seul. Si quelqu'un l'avait accompagné, il lui aurait sûrement rabâché que c'était une très mauvaise idée. Pour une fois, il ne trouvait pas que c'était une mauvaise idée. Une idée improductive, sûrement, mais pas mauvaise. On ne pouvait rien contre les envies subites. La bougeotte qui prend d'un coup et qui oblige à aller loin, le plus loin possible de l'Arbre, des gens, des trucs qui en rappellent d'autres et qui grignotent de l'intérieur.
Le bayou était simplement un choix hasardeux. Pure curiosité mêlée de méfiance. Il paraissait qu'ici, on faisait de la magie. Que des familles de sorciers créaient et levaient des malédictions, faisaient du vaudou et ramenaient les morts. Ce genre de rumeurs ne pouvait qu'inspirer de l'espoir. Mais si on lui demandait, aucun nom de mort ne lui viendrait en tête. Ou au choix, beaucoup trop. Il lui aurait été impossible de choisir, donc, et de toutes façons, il n'avait rien à donner en échange, que lui-même.
Bien sûr, en partant, il n'avait rien dit de tout ça.

L'excuse de l'eau était venue naturellement, et personne ne l'avait retenu au Grand Arbre. Mais il savait bien à quel point c'était bidon. L'eau qui coulait entre ses baskets était brune et saturée de sel. A mille lieux d'être potable. Au mieux, quiconque en boirait se verrait pousser quelques bras et jambes supplémentaires. Freck se marra à cette idée. Peut-être qu'il devrait en ramener un flacon quand même, en souvenir. Puis il se sentit un peu con de rigoler tout seul.

Il n'était pas vraiment tout seul.
Quelqu'un galérait dans la boue, un peu plus loin. Puis de plus en plus près, au gré de son avancée laborieuse. Ses bottes faisaient un genre de bruit spongieux en se détachant de l'eau sale et en retombant en giclées. Le visage du garçon se faisait plus net de seconde en seconde. Et Freckles, toujours immobile sur sa souche, n'eut qu'une seule réaction en tête.
Je connais ce connard.
Outre la poésie et le rythme de la phrase, c'était l'insulte si spontanée qui le surprit. Et à vrai dire, il ne trouvait pas de qualificatif moins grossier. Connard, bâtard, fils de trucs, etc. Il connaissait ce type, oui. Et pas comme un ami. Mais c'était qui ? Pas un de l'arbre, non. Pas un peau-rouge, non plus. Trop perdu, trop jeune pour être un pirate. Mais cette espèce de cape ? Mais c'était qui ? Pourquoi il le connaissait ? Pourquoi il le détestait ?
Est-ce qu'il le détestait ?

Sa jambe tapait nerveusement dans l'eau alors que l'autre s'approchait. Assis sur sa souche, enfoncé dans un sweat bleu aux manches rongées, il s'était redressé, une main plongée dans sa poche pour tâter du froid métallique d'une lame. Juste au cas où. Il aurait voulu hurler « t'es qui ?!! ». Au lieu de ça, il dit le premier truc qui lui vint à l'esprit, une fois le blond à portée d'oreille.

« T'as pas peur que ça rouille ? »

C'était stupide.
Il disait ça en regardant le bras qui dépassait de la manche du manteau. Il aurait facilement pu le rater, d'ailleurs. Sans la lumière du soleil, son éclat métallique laissait à désirer. Coup de chance.
Il fit la moue, plissa les yeux. Son regard remonta sur le visage du garçon, yeux marrons, air renfrogné, natte blonde.
Il se rappelait rarement des visages.
Coup de chance ...

« Lucky ? »

Y a bien des morts qu'on ne pensait pas revenir, après tout.
Ou qu'on ne veut pas voir revenir.
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Jim Crazyleg
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyVen 10 Juin 2016 - 23:17

J’ai déjà vu cette face de pet quelque part...

Il continuait d’avancer, il lui était de plus en plus facile de discerner les traits de l’inconnu pourtant si familier. Néanmoins, le mystère restait entier. La solution se tenait là, au bout de sa langue, mais restait hors de portée.

Plus il approchait et plus il lui trouvait un air désespérément stupide. Pourtant, Face de Pet n’avait rien laissé échappé susceptible de susciter pareille impression, il n’avait pas même ouvert la bouche. Pourtant quelque chose en lui agaçait le mousse.

Le rouquin était assis sur une souche. Sa silhouette qui jusque là s’y confondait, s’en détachait parfaitement.

- T'as pas peur que ça rouille ?

Non mais de quoi j’me mêle ?

- Ouais ouais, c’est ça. lâcha Jim d’un ton qui écartait clairement la possibilité de discuter.

Ce fut après cette réponse sèche que la Demi-portion réalisa qu’il n’avait pas bien caché son bras métallique. Il ne s’attendait pas à croiser un enfant perdu ici… Quel con.

- Lucky ?

Jim s'immobilisa.

Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde.

Il avait sauvé les meubles avec un gamin muet, échappé de peu à l’attention de Sharpy. Et voilà qu’il se faisait démasquer. Si facilement.

- Qui ça ? marmona-t-il, l’air agacé comme si on l’avait confondu avec un autre.

Puis il réalisa.

Mais… C’est qu’il me connaît ce con ?!

- T’es qui, toi ?

Discrètement, il glissa sa main valide dans la poche de son manteau mais cette dernière se referma sur du papier fripé. Il n’avait pas d’armes.

Fais ch-

Alors il le fixa, sans trop savoir quoi faire.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyLun 27 Juin 2016 - 15:55


Un rictus affreux était apparu sur ses lèvres, à mi chemin entre la provocation et le dégoût. Il ne parvenait toujours pas à expliquer cette sensation gerbante. Il connaissait ce type. Il le connaissait parce que c'était Lucky. Quant à savoir qui pouvait bien être Lucky, c'était encore une autre histoire. Un seul coup de génie lui suffisait pour aujourd'hui.
Il se laissa tomber de sa souche, toute prudence oubliée pour venir s'approcher de l'autre. Méfiant, quand même. Pas loin de lui tourner autour pour mieux l'examiner. Comme si le moindre petit détail lui apprendrait ce qu'il n'apprenait pas en voyant son visage grognon. Grognon oui. Et antipathique. Et chiant. Et insupportable. Freckles avait envie de le frapper. Freckles avait envie de lui hurler dessus. Il fallait qu'il trouve une excuse pour lui hurler dessus.

(Putain de putain de ta race, Lucky. Putain de toi !  Le culot d’apparaître devant moi avec ta sale gueule de traître. Pile au mauvais endroit pile au mauvais moment comme si tu le faisais exprès, comme si ruiner mon existence était ton seul but depuis ton arrivée sur l’île. Et qui t'a demandé de revenir ? Personne ne voulait que tu reviennes ! J'ai pas suffisamment de problèmes comme ça ? Hein ?!  Comme si une trahison ne suffisait pas, il fallait la tienne, et la leur encore, et les mères, et les autres, comme si me crever sous le nez était une satisfaction personnelle-)

- Qui ça ?
- J'ai dû confondre.

Confondre avec un autre Lucky. Un autre blond aux membres métalliques. Freckles ne souriait plus,  même pour faire semblant. Son visage se plissait dans une expression de colère mal contenue. C'était bien l'avantage, que son corps réagisse à ses sentiments avant qu'il aie même le temps de les comprendre. L'eau sale du marécage clapotait à ses genoux. Il eut soudainement peur d'y rester coincé.

- T’es qui, toi ?
- Ta mère, répondit-il sans réfléchir, mais ça sonnait plus comme une révélation que comme une insulte. Si t'es pas Lucky, t'es qui ?

Ça semblait naturel, qu'il se présente d'abord. Une politesse des plus élémentaires. Bien que Freckles se foute de la politesse, au nombre d'insultes qui lui passaient dans le crâne à la minute.

« Ou alors c'est à la mode, maintenant, les bras en métal et les têtes de con. »

On n'insulte pas les gens qu'on ne connaît pas, Freckles.
Mais je le connais.
Tu crois le connaître.
Quelle différence?

Ses yeux se fixèrent sur le geste avorté de l'autre et il l'imita, portant une main à sa poche. Trouva une lame, lui. Un cran d'arrêt rouillé à provenance douteuse. Il y avait encore du sang sur le métal;de pirate ou de perdu, qu'importe. Ça faisait son effet. Il joua nerveusement avec le manche, soucieux de ne pas laisser tomber son arme dans l'eau trouble. Si l'autre n'était pas un ami, c'était un ennemi. S'il n'était pas un perdu, c'était un pirate. S'il cherchait une arme, ce n'était pas avec des intentions pacifistes.
Freckles le détailla de haut en bas comme pour le juger. Il avait déjà tué des pirates. Il avait déjà tué des adultes. Lui là, désarmé en face de lui, n'était pas un adulte.
De toutes façons, avec ou sans arme, il le prenait facile. Ha !

« T'es un pirate ? »

Sa question parut stupide à ses propres oreilles. Peut-être était-ce le ton enfantin et presque accusateur, ou alors le fait qu'il connaissait très bien la réponse au fond de lui. Mais il lui fallait l'entendre, probablement. Avant d'attaquer. Parce qu'il allait le faire.
Juste, pas maintenant.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyLun 4 Juil 2016 - 17:32

- Ta mère.



- Si t'es pas Lucky, t'es qui ?

Face de Pet le connaissait, il n’avait plus aucun doute là-dessus.

Si la question n’attendait pas de réponses, Jim aimait bien trop avoir le dernier mot pour laisser passer ça. Démasqué, désarmé, mais une langue bien affûtée qui n’attendait qu’à être dégainée.

Il jaugea donc son interlocuteur, affichant son dédain le plus clinquant.

- Un fils de pute, d’après c’que j’vois.

Un peu de mépris, ça purifie.

Il laissa échapper une moue gourmande, s'enivrant de cette arrogance qui le soutenait, en savourant toute la saveur puante.
Être bêtement méchant, c’était jouissif. Tout simplement.

- Ou alors c'est à la mode, maintenant, les bras en métal et les têtes de con.

Son ivresse fut aussitôt supplantée par la rage. Ça commençait à le chauffer, cette histoire. Ce type avait un véritable don pour le mettre en rogne.

Puis, l’inquiétude s'immisça dans son ventre lors qu’il vit la petite patte du rouquin se réfugier dans sa poche, à la recherche d’une arme sans doute.
Il n’avait aucun moyen de savoir s’il était armé ou non.
Ce doute ne lui plaisait pas.

- T'es un pirate ?

Jim se mit en garde. Il n’avait toujours pas de nom à mettre sur ce visage mais une chose était certaine : ça allait mal finir pour l’un d’entre eux. Jim comptait bien imposer la fin de son choix. Celle où il s’en tirait entier, et où (si possible) le sang de Face de Pet se mêlait à la vase du Bayou

Il retint son souffle.

- Pire.

Le mousse tourna aussitôt les talons et poursuivit sa progression au pas de course. Ses pieds s’enfonçaient plus profondément dans la boue qui giclait partout en d’immondes gargouillis.

- J’AI PAS DE TEMPS A PERDRE AVEC TOI ! CIAO DUCON !

Il était incapable de dire s’il progressait vite ou non tant le décor ne changeait pas
Il était incapable de dire si Freckles avec le boucan qu’il faisait.

Freckles… ?

Le chef des livreurs. Un couillon. Son ancien supérieur qui avait réclamé sa tête le jour de son procès.
Jim sentit son assurance vaciller.

Il était vraiment mal barré.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyDim 17 Juil 2016 - 0:39

- Un fils de pute, d’après c’que j’vois.

Freckles eut une curieuse envie de rire mais se contenta de répondre mollement d'un « heeeey » de protestation. D'accord, c'était bien répondu. Peut-être un peu mieux que sa réplique à lui. Mais il ne devait pas rire. D'abord il n'en avait même pas envie. Au fur et à mesure que se démêlait le fil de la rencontre, que les pièces prenaient place dans le puzzle, il sentait qu'une confrontation était inévitable. Une histoire de destin ou quoi. Le pirate (pire) s'était mis en garde, et il l'avait imité, toute la détermination et la haine du monde dans les yeux. Attendant le breaking point de la tension accumulée, de savoir qui attaquerait en premi-

- J’AI PAS DE TEMPS A PERDRE AVEC TOI ! CIAO DUCON !

What.
Il était en train de fuir, là ? Sérieusement ? Enfin, si on pouvait appeler ça fuir, alors que la boue épaisse du bayou ralentissait tout mouvement. Lucky avait juste l'air de patauger comme un con pour s'éloigner. Mais il fuyait, oui. Il fuyait comme un sale lâche et Freckles était furieux.

« HEY ! »

Il se mit à patauger à son tour pour le suivre, forçant de grandes enjambées pour ne prendre de l'avance. Heureusement que l'autre n'avait pas des jambes beaucoup plus grandes que les siennes. Mais plus grandes que celles d'un Lucky de huit ans, certes.
Il l'avait senti de nouveau, dans le ton de l'insulte, avait entendu à travers les années les marmonnements du livreur (ex-livreur), et il était sûr, à présent, que c'était lui. C'était juste compliqué. Compliqué d'amorcer le « au fait, tu te rappelles pas de moi, mais je te hais. »

« Tu crois que tu vas comme ça ? »

Extrêmement naze, comme entrée en matière. Il n'avait pas le temps de courir et de réfléchir en même temps. Il avait rattrapé le pirate, s'était campé devant lui dans un splendide giclement de boue. Et dans un soucis de le tenir en place, le chopa au col avec toute sa poigne.

« Jm'en fous que t'aies pas le temps, moi j'en ai plein. Et t'as pas répondu à ma question, connard. Moi je crois bien que t'es Lucky. Et si tu te rappelles pas de moi c'est bien dommage, parce qu'on a des comptes à rendre. Apparemment je dois me faire justice moi-même parce que les autres sont pas foutus de le faire. » il fronça les sourcils comme si il cherchait à se rappeler exactement le crime de son interlocuteur. « 'fin bref je sais plus ce que je voulais dire mais tu dois mourir. »

Et sans bien savoir pourquoi, peut-être question d'honneur, il tendit la main sans lâcher Lucky du regard, et laissa tomber son couteau dans l'eau trouble du bayou.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyDim 17 Juil 2016 - 20:46

Il n’avançait pas d’un pouce.
Sa frustration face à ce constat ne rendait ses mouvements que plus patauds et rageux. Jim perdait ses forces en de vaines tentatives.
Il le sentait, il le savait. Mais il ne pouvait pas faire autrement.
Et ça ne faisait que l’énerver d’avantage.

Au loin, il entendit Face de Pet l'interpeller. Bien sûr que le rouquin n’allait pas le laisser partir comme ça. Ce serait trop beau.
Face de pet… Freckles…
Il n’en revenait toujours pas.
Il n’en revenait toujours pas d’avoir été aussi con sur ce coup.

- Tu crois que tu vas où comme ça ?

- Dans ton c-

Le mousse n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà, son ancien chef le saisissait par le col. Si facilement. Il eut l’impression d’être ce gamin de neuf ans, faible et pathétique, que Freckles aurait pu balayer d’un revers de main, à l’époque.

- Jm'en fous que t'aies pas le temps, moi j'en ai plein. Et t'as pas répondu à ma question, connard. Moi je crois bien que t'es Lucky. Et si tu te rappelles pas de moi c'est bien dommage, parce qu'on a des comptes à rendre. Apparemment je dois me faire justice moi-même parce que les autres sont pas foutus de le faire.

Le fameux discours sur l’espoir et l’amitié ! aurait commenté le mousse d’un air méprisant s’il n’était pas trop occupé à dévisager son adversaire avec ahurissement.
Cette situation. Tellement. Stupide et rageant.
Il ne cessait redoubler d’effort pour se parfaire. Mais il ne voyait aucune différence.
Jim n’arrivait même pas à réellement s’inquiéter pour sa vie.
Il était tellement frustré.

- 'fin bref je sais plus ce que je voulais dire mais tu dois mourir.

Freckles étendit soudainement le bras et laissa son arme plonger dans la vase épaisse. Jim la regarda s’enfoncer inexorablement sans oser y croire.
Lorsqu’elle eut complètement disparu de son champ de vision, il reporta son attention sur son ancien chef.
Il n’en revenait pas.

- Freckles… Comment tu peux...

Il le fixait, l’air parfaitement décontenancé.

- Comment tu peux être aussi CON ??

Jim le repoussa violemment, saisissant cette chance inespérée. Ses bras plongèrent dans la boue infâme et tâtonnèrent à la recherche de la lame.
Lorsque ses doigts touchèrent un manche, il ricana.

- C’est toi qui va crever.

L’honneur était un luxe dont il allait devoir se passer.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyLun 18 Juil 2016 - 1:39

Ne sois pas surpris.
Les pirates n'ont pas d'honneur. Les traîtres n'ont pas d'honneur. Personne ne leur demande. Toi, si. Les stupides actes de bravoure, c'est ton rayon. Ne regrette pas, ne recule pas. Ne baisse pas les yeux. Ne sois surtout pas surpris.

- Freckles… Comment tu peux... Comment tu peux être aussi CON ??

Être con. Être con, c'est ton rayon. C'est connu, non ? Lucky, lui, le savait. Il te l'a dit, et maintenant tu t'en souviens. Il te prend pour un con. Ils te prennent tous pour un con. Vouloir se battre à la loyale, être sur un pied d'égalité avec son adversaire, c'est con. Ça n'impose pas le respect, ce n'est pas signe de courage. C'est comme si tu n'avais pas eu ta dose de douleur et d'humiliation. C'est con. CON.

- C’est toi qui va crever.
- Ferme la !

Ne sois pas surpris qu'il se saisisse de ton arme. Ne le laisse pas en profiter. Sois prêt. Attaque le premier.


▲▼▲▼▲

- Il a dit qu'il voulait pas te voir. Il a dit qu'il voulait voir personne du tout.
- Ah oui ? Mais c'est moi qui décide, non ?
- Il a dit …
- Sissy, de toutes façons tu peux pas vraiment m'interdire d'aller à l'infirmerie.

Le gamin hésite. On ne désobéit pas à son chef, et le chef en question a fini par le comprendre, crédible ou pas. Il laisse mollement tomber ses bras et abandonne son barrage. L'infirmerie est calme quand Freckles y entre.

« Lucky ? »

Il est derrière un rideau. Il n'y a qu'un seul rideau tiré, de tous les côtés du lit comme un semblant de forteresse. Ce n'est pas la première fois qu'il vient voir un de ses livreurs amochés. Et ce n'est pas le pire qu'il a vu ou verra, il en est persuadé. Alors il est confiant, presque serein, presque insouciant, lorsqu'il tire le rideau.

« Hey, Lucky-star, ça fait dix ans que tu te planques. C'est si moche que ça ? »

Il y a dans sa voix et sur son sourire une affection qu'il peine à cacher. Lucky est chiant, mais c'est un livreur, et Freckles ne peut pas s'empêcher d'aimer ses livreurs, faut croire. Mais il n'a pas le réflexe d'avoir peur pour eux, encore. Tant que Lucky est en vie, cette blessure ne change rien.
Ça ne peut pas être si grave que ça.

▲▼▲▼▲

Il avait craché, une fois, dans l'eau sale du bayou. Avait vaguement grogné, s'était mis en garde, bien proprement comme il avait fini par apprendre. Oublié le couteau, et attaqué le premier. Attaquer le premier n'avait rien de lâche. Pas quand le combat était aussi sûrement déclaré. Et puis il n'était pas armé, pas vrai ? Et donc en position de faiblesse.
Ha !
Freckles savait perdre. Il perdait volontiers, d'ailleurs. Il perdait parce qu'il se retenait, ne voulait pas faire du mal. Mais il voulait faire du mal à Lucky. Il voulait son sang, ses larmes et peut-être même des supplications. Oui, tout ça, ce serait bien. Oh, il ne savait pas s'y prendre pour les deux dernières -pas assez cérébral, sans doute- mais le sang, le sang, c'était dans ses cordes.
Il ne perdrait pas. Ou en tout cas, qu'il ne s'écraserait pas avant de crever, et encore.

Son poing était parti en plein dans la face de l'autre. A moins qu'il aie visé le ventre. Ou les deux. Il frappait, c'était tout. Et agrippa à son adversaire de tout son poids, envoyant tout ce beau monde trébucher et tomber dans l'eau et la boue.
Combat sale, combat flou.

« Crève, crève, crève ! »

Il était plus facile de frapper et hurler (de haïr), que de se rappeler du Lucky de neuf ans qui faisait la moitié de sa taille.


Dernière édition par Freckles le Lun 18 Juil 2016 - 21:32, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyLun 18 Juil 2016 - 18:36

Jim n’eut pas le temps de dégager la lame puisqu’il reçut un puissant coup de poing dans la figure. Une douleur cuisante se propagea depuis son nez. Il crut même sentir une coulée chaude s’échapper d’une de ses narines, se mêlant à la boue froide qui maculait sa joue.

Bientôt, ils basculèrent ensemble dans la marrée immonde.
Le mousse était assiégé. Il ne parvenait pas à trouver une brèche ou s'engouffrer, une occasion à saisir pour porter un coup précis, calculé.
C’était crade, désordonné.

- Crève, crève, crève !

Freckles semblait déchaîné. Une furie vengeresse, écarlate.
Jim, lui, ne parvenait pas à mettre autant de tripes dans ce combat. Ce n’était pas l’envie qui manquait, certes, mais il avait l’impression de gesticuler et patauger comme un crétin.
Esquissant des esquives ratées, des coups hasardeux.

- Quoi ? parvint-il à articuler entre deux coups dans le ventre. Comme LES TROIS QUARTS des livreurs grâce à ton PUTAIN de TALENT ?

A l’aveuglette, il écrasa sa main contre la figure de Freckles pour tenter de le repousser et se relever. Il en profita pour lancer un coup de genoux dans la volée.
Mais il n’aurait pas été étonné d’être en train de s’acharner sur un bout de bois mort tant il n’avait strictement aucune idée de ce qu’il était en train de faire.


Mais surtout. Il ne voulait pas rester couché ici et prendre le risque d’étouffer sous toute cette vase.


☠   ☠   ☠


- Je suis désolé.

Oh putain non.

Il voulait pas rester couché ici à entendre ces conneries.

- C’est vraiment pas jute. Tout ça c’est la faute de cette machine...

Mais oui, c’est ça. On lui dira.

Lucky, toujours étendu dans son hamac, n’avait pas pris la peine de se retourner pour faire face à son ami (bien que le terme semblait en train d’être reconsidéré).
D’une part, parce que ça n’aurait fait qu’encourager Sissy dans ses sempiternelles excuses, de l’autre, un geste brusque s’accompagnait toujours par le balancement de son hamac. La dernière fois qu’il s’était permis de gesticuler, il avait failli tomber.
Tout portait à croire que les soigneurs avaient tout prévu pour que leurs patients restent tranquille.

- Je m’en veux, tu sais.

Sissy adorait se flageller, puis accuser le destin, puis la machine et ainsi de suite. Bref, il fallait qu’il rabâche cette histoire. Encore et encore.
Lucky, lui, n’avait pas envie d’en discuter. Certes, il n’avait pas encaissé, certes il n’était pas prêt à l’oublier. Mais quand même. Il ne voulait pas en entendre parler.

- T’es en colère ?

- C’est pas la question. grinça Lucky entre ses dents.

Il y eut un blanc. Avant que Sissy ne se décide à le relancer, s’empressa d’ajouter vivement :

- J’en ai RIEN à FOUTRE des tes états d’âmes. Lâche moi un peu, ok ?

Un soigneur le fusilla du regard. Les seul bruits autorisés étaient des hurlements de douleur.

Les pas s’éloignaient. Il était à nouveau seul. Ou presque. Les soigneurs n’étaient jamais loin. Et puis, il y avait quelques autres blessés dont un petit garçon qui gémissait, dans le fond. Lucky avait envie de l’étrangler pour le faire taire.

Qu’est-ce qu’il en avait marre de cet endroit. De ces visites à la con, de Soul qui se prenait pour son psy, de ces genre de traitement qui lui donne le tournis, de ces crèmes qui puaient la mort. Et puis aussi CE CONNARD QUI N’ARRÊTE PAS DE GÉMIR. PUTAIN MAIS TA GUEULE.
Lui aussi, il a mal. Mais il fait pas chier le monde.

- Lucky ?

Oh bordel cette voix...

Lucky ne répondit pas. Avec un peu de chance, s’il faisait le mort… Ou peut-être qu’en le croyant endormi, son chef respecterait son sommeil et le laisserait tranquille ?
Non. Ce mec ne respecte rien.

Le rideau fut tiré dans un mouvement sec.
Merde, il a osé.

- Hey, Lucky-star, ça fait dix ans que tu te planques. C'est si moche que ça ?

Quelques jours, peut-être, en vérité. Mais du point de vue de Lucky, dix ans n’était qu’une estimation extrêmement réductrice de son supplice.

- Tu viens te rincer l’oeil ? Pfff… marmona-t-il, le dos tourné. - Laisse moi tranquille.


☠   ☠   ☠



- Tu vas me lâcher, oui ?? s’écria Jim.

Il tentait encore de se dégager de la mêlée, plantant allègrement ses coudes dans son adversaire.


Ce type était collant. Mais jusque là, rien de nouveau.
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Freckles
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyMar 19 Juil 2016 - 13:22


- Tu viens te rincer l’oeil ? Pfff… Laisse moi tranquille.

Freckles lève les yeux au ciel, pas follement impressionné. Le petit livreur est roulé en boule dans son hamac, dos à lui. Il a l'air vulnérable, comme ça. Presque attendrissant, malgré ses paroles. Et il a mal. Ça se sent. Il y a un tabouret à côté du hamac, sans doute pour les soigneurs, et le chef s'y pose, toujours souriant.

« Te flatte pas. Je viens juste voir si c'est si terrible que ça. »

Mais il hésite, pour une fois. Il a l'habitude d'être tactile et parfois un peu envahissant. Mais quelque chose dans l'attitude de Lucky lui donne des scrupules à juste soulever le drap pour constater les dégâts. Il finit par le faire quand même.

« Et ben putain. »

Il siffle entre ses dents. Le bras n'est qu'à moitié visible vu comment Lucky est recroquevillé, mais c'est suffisamment impressionnant. La main et le bras du petit livreurs ont pris une couleur métallique. En tâtant du bout des doigts, Freckles constate qu'ils n'en ont pas que l'aspect. La chair est devenue acier. Et à l'endroit de la démarcation entre l'organique et le métallique, c'est une bouillie anarchique. C'est moche. Ça doit être douloureux. Freckles ne peut pas vraiment empêcher la remarque qui s'échappe de ses lèvres.

« T'as pas peur que ça rouille ? »

Il tente un sourire mais ça ne colle pas. Alors il prend un air un peu plus sérieux, préoccupé, et baisse la voix.

« Ça fait mal ? »

Il faudrait qu'il demande des détails. Qu'il sache ce qui s'est passé, exactement, et avec qui. Mais ces questions là, il les garde pour plus tard.


▲▼▲▼▲

Il ruisselait. D'eau de pluie, de vase et de boue. De sang aussi un petit peu. Le sien et celui du pirate, si tôt dans le combat. Il en avait plein la gueule et les poings. C'était sûrement plus impressionnant de l'extérieur : aucun des deux n'était réellement blessé.
Pas lui, en tout cas.
Il avait réussi à éviter que Lucky aie le temps de sortir sa lame (sa lame, à lui), et avait pris une longueur d'avance. Mais l'autre se défendait. Et très vite il prit des coups à son tour. Tant pis. Il encaissait. Il savait faire.

- Quoi ? Comme LES TROIS QUARTS des livreurs grâce à ton PUTAIN de TALENT ?

Les coups, il savait encaisser, oui. Les mots, pas tous.
Bouche-bée et blessé devant la férocité de cette attaque verbale, il se stoppa à mi-mouvement. Il tenait le pirate par le col, et avait une franche envie de lui enfoncer la tête sous l'eau pour lui faire fermer sa gueule de façon permanente (ce ne serait que justice, n'est-ce pas?).

« Tu …. tu te fous de ma gueule ? »

Lucky ne pourrait pas savoir à quel point il avait frappé juste. A quel point cette accusation, même si elle était stratégique, venait de nouer le bide du chef au point de lui donner la gerbe. Une mêlée d'images et de cris, d'infirmerie, de champs de bataille et de gerbes de feu.
C'était vrai, au fond. Si autant crevaient, c'était parce qu'il n'était pas un bon chef. Parce que même s'il se tuait à la tâche, il n'avait jamais été à la hauteur. Mais ça, il ne le concéderait jamais. Pas à quelqu'un comme ça.

« C'est toi ! Toi qui l'as tué ! Personne d'autre ! C'est ta faute, s'il est mort, la tienne. Et c'est la faute aux tiens, aux pirates, aux putains de traîtres dans ton genre, si on meurt TOUS. »

Il ne savait même pas de qui il parlait. Ni nom ni visage ne s'imposait à son esprit. Mais il avait raison, n'est-ce-pas ? Lucky avait été banni pour meurtre.
Et c'est dans ses yeux maintenant que brillait un genre de feu malsain et fier.

« Mais ça change rien parce que vous crèverez avant nous. T'aurais jamais du partir, Lucky. T'aurais jamais du changer de camp. »

Et contrant le pirate qui tentait de se dégager, il agrippa fermement le poignet qui tenait son couteau, tentant de le faire lâcher prise.
Et son regard l'annonçait clairement.
Je vais pas te lâcher.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyMar 19 Juil 2016 - 22:58

- Te flatte pas. Je viens juste voir si c'est si terrible que ça.

- Non !

Lucky feula. Mais aussi sûrement que le rideau fut tiré, le drap rendit les armes sans plus de résistance.
Le dernier rempart tombé, il se sentit envahi, forcé, profané. Les mains de son chef lui parurent alors si maladroites et si nuisibles. Pas plus délicates, pas plus conscientes qu’un stupide troupeau.
La colère lui glaça les entrailles mais il ne proféra aucun mot.

- Et ben putain.

Cette simple remarque eut raison de sa prudence : son regard lui échappa et s’égara sur son bras désormais mis à nu.
Il le regretta aussitôt.

C’était une horreur mécanique. Vivante pourtant froide et  inerte comme un serpent immobile. Une folie d’engrenages se perdant en une imitation grotesque de membre humain.
Gris métal. Gris mort.

On lui avait pourtant conseillé d’éviter de se confronter à ce spectacle inutilement. Ça n’apporte rien de bon. A chaque détail qu’il découvrait, cette vision l’écoeurait d’avantage.
Une vague de nausée lui inspira de violents vertiges. Il se sentit pâlir, faiblir. Quelle honte..

- T'as pas peur que ça rouille ?

Le livreur n’eut pas le coeur de répondre à cette remarque plus que déplacée.
En d’autres occasion, il ne s’en serait pas privé.

- Ça fait mal ?

Oui.

Le mot faillit lui échapper dans ce bref instant d'inattention. Réalisant qu’il avait failli s’abaisser devant son imbécile de chef, il se ressaisit.

Dans un certain effort, il s’arracha à la contemplation de sa patte difforme. Sa main valide se saisit du drap qu’il ramena contre lui pour mieux enfouir cette vision malsaine.

- C’est bon ? T’as eu c’que tu voulais ? demanda-t-il d’un ton froid.


☠   ☠   ☠


- C'est toi ! Toi qui l'as tué ! Personne d'autre ! C'est ta faute, s'il est mort, la tienne. Et c'est la faute aux tiens, aux pirates, aux putains de traîtres dans ton genre, si on meurt TOUS.

Tenu par le collet, Jim écoutait sans plus répondre. Ni par les coups ni par les mots.
Le Lionceau disait vrai, il en avait bien conscience.

Face à ça, il ne savait pas quoi répondre. Peut-être… parce qu’il n’y avait rien à dire là-dessus.
C’était la réalité dégueulasse. Il avait tué. Et l’oubli parachevait son crime en le rendant incapable de se justifier. Pathétique.

Mais une chose était certaine à ses yeux.
Ce qui était fait était fait et il ne pouvait plus rien y changer.
Tout ce qu’il pouvait, c’était avancer sans trop de regards en arrière.

- Mais ça change rien parce que vous crèverez avant nous. T'aurais jamais du partir, Lucky. T'aurais jamais du changer de camp.

- C’est pas vrai. émit-il d’une voix enrouée.

Le mousse planta son regard dans celui de son ancien chef.

- C’était la meilleure décision.

Jim se saisit du bras du rouquin et se mit à le tordre pour tenter de le faire lâcher prise. Cette affirmation lui laisser comme un regain d’énergie.

- J’vais vivre, Freckles. Et tous les matins, je me lèverai en disant : putain qu’il est bon de plus voir vos gueules !

Un magnifique avenir en perspective.
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptySam 23 Juil 2016 - 0:02

Le regard du livreur est fuyant. Ça se voit, qu'il essaie de se retenir de regarder : l'apparence de son bras lui soulève le cœur. Freckles, lui, n'a pas ce problème. Il fixe de la même façon qu'il peut regarder cadavres et blessures ouvertes. Sans ciller, avec le nez qui se fronce dans un semblant de dégoût. Et peut-être, quelque part, l'ombre d'un sourire incrédule. C'est horrible, moche, mort, ce mélange mécanique et organique. Mais c'est un spectacle dont il ne peut détacher les yeux. Curiosité malsaine.
Cette île change les enfants. C'est un fait avéré. Il y a les blessures et les mutilations, bien sûr, mais parfois, c'est elle qui donne. Un troisième œil, des branchies, des embryons d'ailes. C'est fascinant et à cet instant, Freckles ne mesure pas bien l'horreur de la chose.
En fait il trouve ça putain de cool.

A part que Lucky a mal.
Il ne répond pas vraiment, mais le silence est parfois une réponse suffisante.

- C’est bon ? T’as eu c’que tu voulais ?

Le drap tiré de nouveaux sur l'attraction, il lève les yeux à contrecœur pour croiser le regard de Lucky.

« Non, pas vraiment. »

Se mettre en mode « chef » prend toujours un peu de temps.

« Il faut que je sache ce qui s'est vraiment passé. Où, quand, comment, tout ça. » il se penche pour baisser la voix : « C'est à cause de la Machine ? »

On ne peut mettre qu'une majuscule à cette étrange singularité.


▲▼▲▼▲


Il tenait le poignet de Lucky et tout son être vibrait de colère. Il vibrait, réellement, ou du moins en avait l'impression. Son sang battait à ses tempes comme un tambour, et l'eau du bayou frémissait avec lui. C'était beaucoup pour lui, toute cette colère. Et pourtant, il avait l'habitude de vivre ses émotions en trop grand, à ce qu'elles débordent. Mais là, c'était peut-être un brin trop. Trop plein de colère qui s’engouffrait dans la première brèche pour empêcher la tristesse d'y squatter.

- C’est pas vrai.

La protestation avait quelque chose d'enfantin. Naïve objection : charmante. Sa rage n'en bouillonnait qu'encore plus : ce c'est pas vrai semblait tout droit sorti de la bouche d'un enfant de neuf ans.

- C’était la meilleure décision.

Moins enfantin, d'un coup. Décisif, même. Et il avait le cran de le regarder, droit dans les yeux, alors qu'il lui tordait le bras.
Freckles mit un point d'honneur à ne pas lâcher ni le poignet, ni le moindre cri de douleur.
(Essaya, en tout cas.)

- J’vais vivre, Freckles. Et tous les matins, je me lèverai en disant : putain qu’il est bon de plus voir vos gueules !

Il avait le culot de considérer comme acquis le fait qu'il se réveillerait le lendemain.
Le chef voulut lui dire ça. Mais il s'en dissuada. Il ne gagnait pas. Il ne perdait pas non plus, mais il ne pouvait pas assurer sa victoire. Il se contenta de fixer de nouveau le pirate, avec haine et défiance. Il passa la langue sur le sang qui maculait le bas de son visage, ce qui était très probablement une très mauvaise idée. Et il sourit d'un air mauvais.

« Ah, ouais ? Tu préfères voir la gueule de gros porcs défoncés au rhum au réveil, hein ? Je savais pas que les pirates engageaient des chiards comme toi. Moi j'pensais qu'ils préféraient les tuer ou les violer ou les deux. » Il força sur le bras qui tordait le sien, tentant de se dégager. « Ou peut-être que justement, c'est ça ton rôle hein ? Comme ça qu'ils compensent quand la chasse au garçon perdu est trop mauvaise. »

Il avait presque hurlé. Il tentait de se dégager, toujours, mais trop fier pour lâcher prise. Il y avait quelque chose dans la façon dont l'autre le tenait solidement qui lui faisait froler la panique, non pas qu'il l'admette. Un rien de plus, un angle différent, et d'une clé de bras, il lui foutait la tête sous l'eau.
Comme il l'a fait à l'autre.
D'un sursaut, Freckles donna à Lucky un grand coup de boule dans le pif.
Vieux réflexe.
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Jim Crazyleg
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyLun 29 Aoû 2016 - 23:06

- Non, pas vraiment.

En guise de réponse, le blessé n’émit qu’un soupir. Excédé, ses yeux roulèrent impatiemment dans leur orbite, comme s’ils cherchaient eux-mêmes un quelconque moyen de se soustraire à ces babillages. Sa main valide pianotait nerveusement.
C’était long.
C’était chiant.

Sous la fine couverture, il pouvait sentir le poids de sa patte difforme. Ce bras métallique, inerte : une masse étrangère qui lui écrasait la poitrine, gênait quelque peu sa respiration.  

- Il faut que je sache ce qui s'est vraiment passé. Où, quand, comment, tout ça. demanda Freckles. C'est à cause de la Machine ?

Son chef s’était penché sur lui, s’exprimant plus doucement.
Un geste que le livreur aurait apprécié s’il n’avait pas été aussi exaspéré.
Cette délicatesse lui parut au contraire aussi fausse que ridicule, comme s’il avait été face à un mauvais acteur.

Lucky répondit d’une voix éraillée par la soif :

- Bien sûr qu’c’est la Machine. J’pensais que Sissy avait déjà fait son petit rapport… J’ai pas grand-chose à ajouter, moi.

Que raconter ?
Ils étaient deux, partis à la recherche de métal pour nourrir une forge assez gloutonne. Mais leur excursion les avait conduits dans la Machine, une curiosité encore bien mystérieuse.
Dans l’ignorance, ils étaient entrés. Manquant de vigilance, ils furent attaqués.
Sissy s’était enfuit à temps mais Lucky n’eut pas cette chance. Le premier rentra donc seul, encore choqué. Le second, lui, n’arriva que quelques jours plus tard, exténué, la chair mutée.
Il n’y avait rien à ajouter.

Que raconter ? Ces jours qui séparaient leurs deux arrivées ?
Ça, il préférait le gardait pour lui-même.
Ce souvenir n’appartenait qu’à lui.
Freckles n’avait pas à y mettre le nez.

Pourtant, dans un soupir, il accepta de récapituler platement les faits. Des événements que Sissy avait sans doute déjà énumérer avant lui :

- On s’est pointé. On a été attaqué. On s’est enfui. Mais Sissy est plus rapide, du coup voilà.

Sur ces derniers mots, son regard s’assombrit.

Le seul talent des lâches.


☠   ☠   ☠


Le regard du chef bouillonnait. Ses narines frémissaient furieusement comme les naseaux d’une bête à cornes. Les taches de rousseur constellant son visage se confondaient avec le sang, miettes rougeoyantes de chair à vif. Un rictus fauve barrant son visage, il se pourléchait les babines, à se délecter du sang. Que le goût excite encore sa rage.
Jim resta hébété devant cette vision.
Pour la première fois, il eut peur de lui.

- Ah, ouais ? Tu préfères voir la gueule de gros porcs défoncés au rhum au réveil, hein ? Je savais pas que les pirates engageaient des chiards comme toi. Moi j'pensais qu'ils préféraient les tuer ou les violer ou les deux.

Le rouquin se débattait comme un possédé crachant des horreurs à plein poumons.
Jim craignait de le relâcher et pourtant il ne souhaitait qu’une chose, s’en détacher et déguerpir au plus vite.
Malgré lui, ses forces diminuaient. Freckles, lui, semblait recouvrir une nouvelle énergie dans sa colère.

- Ou peut-être que justement, c'est ça ton rôle hein ? Comme ça qu'ils compensent quand la chasse au garçon perdu est trop mauvaise.

Le venin coulait à flots.
Les mots l’atteignaient en plein cœur.
Putain qu’il détestait ça, la sensiblerie.

- TA GUEULE !

Dans un ultime effort, le mousse prit son élan et lui asséna un coup de boule. Mais à sa grande surprise, il vit la tête de Freckles s’abattre au même moment. Deux têtes brûlées se rencontrèrent en une étonnante collision.
Jim crut entendre le fracas du tonnerre. Il crut sentit son crâne s’ouvrir, frappé par la foudre. Ses oreilles bourdonnaient comme de cloches.
Le monde tremblait autour de lui.

Le mousse repoussa le chef et porta la main à son front, tentant de recouvrir ses esprits.

Bordel…
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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyDim 4 Sep 2016 - 22:49


Lucky a toujours été particulier, sans jamais pourtant sortir du lot. C'est un de ces gamins qui râlent, pas motivé, pas enthousiaste, à se soustraire à toute démonstration d'affection ou signe d'appartenance, à considérer qu'il n'y a pas de nous. Lucky ne l'aime pas. Ce qui est, concrètement, pas grave, on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais à l'instant, c'est handicapant. Freckles pose des questions et il n'y répond pas, ou alors qu'à moitié et avec une évidente mauvaise foi.

- Bien sûr qu’c’est la Machine. J’pensais que Sissy avait déjà fait son petit rapport… J’ai pas grand-chose à ajouter, moi.

Sissy l'a fait, son rapport, mais ce qui intéresse Freckles, c'est bien ce qui se passe après le départ de Sissy. Visiblement, Lucky est un peu trop con pour le comprendre.

- On s’est pointé. On a été attaqué. On s’est enfui. Mais Sissy est plus rapide, du coup voilà.

Ou peut-être qu'il le comprend, mais qu'il le fait exprès. Soit pour le faire chier, soit parce que c'est grave. Que ce qu'il a vécu à la Machine est assez terrible pour lui coudre les lèvres, du moins devant son chef. Ça l'agace. Peut-être qu'il a vécu l'horreur, mais c'est le cas de la plupart des garçons, ici, non ? Lucky n'a aucun droit de se sentir victimisé, de son point de vue.

« Tu lui en veux parce qu'il t'a laissé tomber ? »

Il ronronne presque. Freckles n'est pas connu pour son tact ou sa délicatesse. L'idée d'être insensible ne l'effleure pas : il est juste content d'être perspicace.

« C'est pas si terrible, ce qui t'arrives. T'as un bras en métal. C'est mieux qu'un bras normal, non ? En tout cas c'est mieux que pas de bras du tout. »

Sur cette conclusion charmante, il se lève, l'air de vouloir partir. Il ne tirera rien de Lucky, du moins pas maintenant. Mais il hésite. Même si le livreur fait mine de ne pas en vouloir, peut-être qu'il a besoin d'un genre de soutien moral. Tout le monde en a besoin, non ? Finalement, il se penche, sur l'air de la confidence.

« Vous êtes de bons amis, avec Sissy, non ? » c'est du moins l'impression qu'il en a. « Ce serait dommage de tout gâcher pour ça. »

Qu'il appuie d'un regard insistant. Ce n'est pas un conseil, c'est un ordre.

▲▼▲▼▲

Il avançait et l'autre reculait. Parfois l'inverse, mais à n'en pas douter, il avait le dessus. C'était satisfaisant, exaltant même, de sentir l'énergie crépiter dans ses veines, de voir le regard de l'autre faiblir, à cause de ce qu'il disait, ou de ce qu'il était, peu importe. La colère, la violence, c'était simple. Il n'y avait pas à réfléchir, à douter ou à se dire qu'on pourrait faire autrement. Peut-être pour la première et la dernière fois, c'était de la peur qu'il lisait dans les yeux de son adversaire, et c'était bien. Ça ne lui donnait qu'une envie féroce de continuer, de lui démolir la face jusqu'à ce qu'il n'aie plus les mots pour geindre une seule autre connerie. Force était de constater que l'autre avait raison. Les gentils ne gagnent jamais.

- TA GUEULE !

C'est tout?
Freckles était surpris. Surpris qu'il n'aie rien à répliquer d'autre. Une partie de lui voulait sortir cette phrase puérile : il n'y a que la vérité qui blesse. Peut-être avait-il touché juste en visant au hasard. Mais il n'eut pas le temps de vraiment y penser : Lucky attaquait, au même moment que lui.

Leurs crânes se rencontrèrent dans un satisfaisant bruit de craquement et il sentit une douleur sourde éclater dans ses tempes. Ils reculèrent d'un pas chacun, momentanément libérés du combat. Freckles se tenait le crâne d'une main, trop pris de court pour constater les dégâts. Cette pause était malvenue, une brèche dans son momentum, et maintenant il hésitait. Comme si ils étaient revenus à leur point de départ, la tension maximum avant le point de rupture. Il lui suffirait de repartir à l'assaut avant que l'autre reprenne ses esprits, mais il voyait encore flou, le crâne traversé de flashs lumineux.
Reprends toi, reprends toi.

En une fraction de seconde, il se décida. Plongea les bras dans l'eau trouble jusqu'à toucher le fond, et fouilla dans la vase. Tachant de ne pas trop s'attarder sur ce qu'il pouvait y trouver, d'autre que ce qui l'intéressait. Il finit par mettre la main sur l'objet froid et métallique, et le sortit d'un geste brusque dans une giclée de boue.
Un pas, deux pas.
Et il tenait le pirate au bout de sa lame.
Tant pis pour l'honneur, tant pis pour la justice, parce que merde, dans la vie, il fallait savoir changer d'avis.

« Je pourrais te tuer maintenant non ? »

Pourquoi tu le fais pas ?
Fais le.

« Et puis comme ça t'aurais plus à voir la gueule de personne en te réveillant le matin. »

Juste un souffle, presque inaudible, alors que du sang dégoulinait sur son front jusqu'à l'arrête de son nez.

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MessageSujet: Re: Well, he looks at me... and I look at him...   Well, he looks at me... and I look at him... EmptyJeu 20 Oct 2016 - 21:37

- Tu lui en veux parce qu’il t’a laissé tomber ? demanda Freckles, presque avec complaisance.

Lucky leva un regard assassin sur ce chef qui jusque-là l’agaçait. Ce chef qui ne lui inspirait à présent qu’une envie de mordre jusqu’au rouge.
Mais la colère le prit à la gorge, l’indignation scella ses lèvres.

Il se redressa à peine, il était désormais assis.

- C'est pas si terrible, ce qui t'arrives. T'as un bras en métal. C'est mieux qu'un bras normal, non ? En tout cas c'est mieux que pas de bras du tout.

Mieux…

A chaque argument creux, à chaque mot prononcé, Lucky sentait une poigne glacée étreindre un peu plus ses entrailles. Mais il restait là : bouche bée, yeux exorbités. Sans répliquer, sans même bouger : il hallucinait.  

Son chef, lui, se redressait. Tout simplement. Peut-être certain d’avoir parfaitement bien agit. Peut-être même fier de son intervention.
A cette pensée, Lucky voulut l’étrangler. Mais sa rage le clouait au lit. Et sa frustration lui rendait son impuissance insupportable.

Le livreur bascula la tête en avant, l’œil humide.
Freckles allait partir… comme ça. Lui n’allait rien faire.
Les larmes montaient, malgré lui.

- Vous êtes de bons amis, avec Sissy, non ? Ce serait dommage de tout gâcher pour ça. émit la voix du chef, au-dessus de lui.

De loin, on aurait dit que le Lionceau le consolait.

Le livreur ne releva pas la tête, ne lui accorda pas un regard. Car il savait qu’à sa vue, il craquerait. D’une voix tremblante, sanglots contenus, cris refoulés, d’où suintait une haine farouche, une agressivité pas même dissimulée, il articula doucement :

- Le jour où j’aurai besoin de tes conseils : tues-moi, ok ?

Il y avait encore mille choses à dire. Il aurait pu rester ainsi des heures à argumenter entre cris de rages et sanglots furieux. Mais ça ne servait à rien. A rien.

- Laisse-moi maintenant. J’suis… très. Très. Fatigué. soupira finalement Lucky.

Il ne voulait pas que son chef soit là quand il allait pleurer. Céder face à lui, pire : lui être redevable, serait pire qu’une défaite.
C’était une trahison envers lui-même.


☠   ☠   ☠


Jim massait ses tempes du bout des doigts, tentant de recouvrir ses esprits. Mais dans sa hâte, son geste était trop énergique et se révélait complètement inutile, voir grotesque. Son monde tanguait, sa vision avec lui.
Mais Freckles ne l’attaquait pas.

Il était peut-être à terre, lui aussi. Ou alors il attendait le moment pour attaquer. Le pirate préférait en avoir le cœur net. Ses yeux se plissèrent dans l’espoir d’arracher de ce décor flou et mouvant la brève vision d’un chef à terre.
Mais à la place, il distingua la silhouette d’un Freckles qui s’approchait, plus menaçant que jamais. A son poing, une lame acérée qui lui était destinée.

Le mousse faillit se laisser tomber à genoux car il tenait à peine debout.
Il ne savait plus quoi faire.
Courir ? Freckles le rattraperait sans problèmes.
Se battre ? Contre un garçon armé et plus entraîné, il n’avait aucune chance.

Si une solution existait, il était incapable de l’entrevoir.
Trop con, ton compte est bon.

- Je pourrais te tuer maintenant, non ?

Le mousse se sentit presque assommé par l’évidence, mais ne parvint pas à articuler une réponse. Il avait perdu, il allait mourir. Une horrible logique qu’il ne parvenait pas à accepter.
Mourir. Inconcevable. Et pourtant…

- Et puis comme ça t'aurais plus à voir la gueule de personne en te réveillant le matin.

Freckles semblait jubiler.
Jim n’eut pas le cœur à le haïr à cet instant.
Parce qu’il savait au fond qu’à sa place, il aurait été fier, et même il aurait été heureux. Et surtout : il aurait achevé l’ennemi sans la moindre hésitation.
Car c’était tout aussi logique.
Tout aussi évident.

Alors, dans une rêverie étrange, il se vit à sa place. C’était lui, et non Freckles qui se tenait debout, la lame entre ses doigts. Ce sourire était le sien, cette victoire était sienne. Et il survivait à l’adversaire, comme toujours. Dans ce dénouement différent, il rentrait au port et poursuivait son apprentissage.
Mais ce n’était pas cet avenir qui l’attendait.
Tout s’arrêtait ici.

Parce qu’il rêvait plus à ce qu’il aurait pu vivre qu’à sa mort imminente, son visage jusqu’alors tendu recouvra cet air fermé et pensif qui lui était propre.
S’il en avait eu conscience, il aurait sans doute été fier de ce qu’on aurait pu confondre avec un soupçon de courage.
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