Il pleut.

C'est la fin d'après-midi et il pleut, pleut, pleut. A croire que le ciel s'est tellement retenu de pisser que maintenant il ne peut plus s'arrêter. Une histoire de taille de vidange et de vidage, toussah. Comme quoi, tout a ses limites.

Il pleut, et Her crise. Comme tout le monde. Parce que vivre une canicule, c'est éprouvant pour tout le monde. Elle, sa manière de craquer, c'est d'en rire. De faire un gros fuck au drama, parce qu'elle a eu sa dose. De s'en foutre, ou au moins d'en avoir l'air. Elle a ri, comme les autres bien sûr. Elle s'est cru sauvée, elle a presque pleuré de joie comme tout le monde. Elle a eu ce sourire béat devant la pluie, fine et pourtant si violente, qui s'était précipitée sur eux. Tout irait bien maintenant, elle le croyait. L'avait cru.

Ça fait quelques jours qu'il pleut comme vache qui pisse. D'espoir et soulagement, Her est passée au rhume et à la lassitude. Le choc thermique l'a épuisée, et là elle se remet doucement. Et puis, elle a décidé qu'il commençait à être décent d'en avoir sa claque.

Elle marche sous la pluie, Her, et son visage insondable offre un sourire mi-fiche mi-raisin à ceux qui lui demandent ce qu'elle fait. Pourquoi elle va dehors ? Un geste vers sa lance. L'heure de la ronde. Oui mais pourquoi comme.. ça ? Ça, c'est sans capuche. Sans abris. Mouillé pour mouillé, à quoi bon ? Ça servira juste à tremper un peu plus de tissu que de toute façon on ne pourra pas faire sécher proprement. Ça, c'est quand elle sort pendant son temps de pause, pas plus abritée que pour ses rondes. Y en a qui lui demandent où elle va par ce temps, et elle hausse les épaules en répondant qu'elle se sent crade. Le Bassin ? Par ce temps ? Heh. Mouillée pour mouillé, à quoi bon ? Les autres font la moue, mais ne trouvent rien à répliquer. Ça se tient.

Elle marche, Her, et file au bassin. Le visage insondable, et dégoulinant d'eau de partout. Ses pieds nus foulent le sol avec un floch bworch boueux et de la gadoue qui lui brunit la peau jusqu'aux chevilles. Au moins. Mais avec des chaussures ce seraient pire, l'eau s'infiltrerait dedans et les souliers seraient foutus. Elle marche jusqu'au bassin, et décolle comme elle peut les fringues trempées de sa peau qui l'est tout autant. La Fille les plie, les pose à un mètre de la rive. Ils sont trempés de toute façon, inutile de les protéger d'une pluie qui les inondera à nouveau un peu plus tard.

Arrivée devant le bassin, l'idée la traverse de faire demi tour. Mais au fond, elle n'a rien de mieux à faire. Et puis ça serait bizarre de revenir si tôt. Alors avec un peu la chair de poule à l'avance, elle se glisse dedans.. Et sourit. L'eau est chaude, c'est tout bonnement divin. Ça mouille, aussi, mais ça c'est l'eau. L'eau est partout, de toute façon. Mouillé pour mouillé..

Elle oublie le froid, Her. Elle oublie la pluie, ou plutôt elle en prend son parti. Ça fait comme un massage en continu. Les coudes sur la rive, la tête posée dessus, elle pourrait presque s'endormir. Oublier le monde en tout cas, elle y arrive très bien.

La tranquillité, ça a toujours été son petit bonheur.

hrp:

Apache, lui, lorsqu'il décidait de sortir alors qu'il pleuvait, personne ne lui demandait pourquoi, ni ou il allait! De toute façon le punk ne répondait jamais vraiment, voir pire, il pouvait envoyer balader le curieux sous un chapelet d'insultes, du genre pas sympa!

Il y avait toujours des regards soupçonneux, sur son passage, mais souvent, très souvent, ces œillades se terminaient juste avec un petit hochement de tête désapprobateur.
Qu'est ce qu'il aurait bien pu faire de si préjudiciable de toute manière, l'Hérissé hein?
Tout seul, il n'avait aucune porté, du moins, si peu!
Un pote ou deux, peut être? Et alors! Toujours rien de bien dangereux!
Qu'il aille donc se mouiller, Apache, qu'il aille faire un tour sous la pluie! Ca calmerait peut être cette flamme qu'il avait dans les yeux et dans le cœur! Étoufferait enfin ce feu qui semblait le consumer de l’intérieur!

Alors que la fine pluie lui tombait désormais dessus, le punk s'alluma un joint avant de resserrer son blouson autour de lui puis tira sur la clope avant de recracher la fumée vers le ciel avec un soupire de soulagement.
Ca faisait du bien de quitter les cabanes.
Ca faisait du bien de fumer un peu d'herbe.
Le genre que Soleil noir, alias Joy lui refilait de temps en temps. C'était jamais très fort, mais ca assommait quand même!
Juste ce qu'il fallait, juste de quoi planer et ne plus penser a toute ces injustices, aux chaines qu'ils avaient aux pieds.
Juste de quoi se détendre quoi, rien de bien méchant.

L'effet fut rapide.
C'est que les herbes de NeverLand, ce n'étaient pas les mêmes que celle du monde ordinaire! C'était aussi pour cela que la stone était devenu si indispensable! Elle, était spécialiste de la question!
L'esprit d'Apache fut rapidement envahit de brumes alors que ses jambes le portaient désormais de façon un peu automatique, tout en continuant de fumer.

Il ne sentait déjà plus la pluie, déjà moins la colère qui le rongeait, l'apaisement prenait place et son regard se faisait plus flou, tandis qu'a mesure qu'il avançait, se dirigeant vers le bassin, ses pas se faisaient moins sur d'eux, moins précis.
Ses jambes plus molle.
Il trébucha sur une pierre, se rattrapant in extremis mais se collant tout de même de la boue jusqu'aux genoux.
"Putain..." Il ricana néanmoins, se relevant et continuant sa route jusqu’à destination, juste en face de lui, le bassin d'eau pur!
C’était l'heure du bain.
Ouais.
Excellente idée.
T'es un génie Apache, un putain de génie mon gars!
Il cala sa cigarette entre ses lèvres et commença a délasser des docs, se tenant a un rocher pour ne pas de nouveau se ramasser.
Équilibre précaire et chaussures trop chiante a retirer. Il marmonna mais finit cependant par réussir son entreprise! Balançant les godasses pleine de boue dans un coin, suivit de ses chaussettes.
Le punk se débarrassa ensuite de son perfecto, frissonnant alors que la fine pluie se faisait de nouveau sentir puis de son T shirt. A moitié a poils, il s’étira, faisant craquer sa colonne avec un soupire de contentement et avisa Her dans le bassin.

"Tiens salut Her!" Il lui fit un signe de la main avant d'enlever son pantalon et son legging rouge suivit de son caleçon. Pas facile a enlever ce truc aussi, être punk c'était stylé mais pas toujours pratique!
Cependant, il fut victorieux et pu enfin s'installer dans l'eau, immergeant son corps nerveux, prenant garde de ne pas mouiller son pétard. Ce serait dommage quand même.

"Ca va, camarade?" Cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas croisé, Her, il ne se souvenait pas vraiment de combien de temps! Quelques jours sans doute, depuis son recrutement. Il tira une énième fois sur son joint, se laissant glisser un peu plus dans l'eau, se prélassant.
C'était le pied. Comparé a l’extérieur, l'eau semblait chaude, c'était agréable! Cela donnait presque envie de dormir! A moins que ce ne soit l'herbe...
Il n'était pas si chargé, ce joint, d'ailleurs.
Vraiment, il ne se sentait pas moins aux aguets qu'habituellement!
Ou si peu!

...si peu...

Elle était bien. Elle était tranquille. Elle s'était même presque endormie dans le bassin d'eau chaude. Mais.. Ouais, y a forcément un "mais" qui coince, dans ce genre de cas. En l'occurrence, le "mais" parle. Il dit même "Putain". Preuve s'il en est qu'il est conscient de sa condition de "mais" emmerdant. mais non, en fait, non. C'est pire que ça. Pire, parce qu'il ne le reconnaitra pas. Pire, parce que même si Her a les yeux qui étaient tournés de l'autre côté, elle a reconnu la voix. Elle sait qui tu es. Et d'imaginer que toi, tu es là, maintenant, quand elle est dans un bain, ça lui glace le sang. Elle n'ose pas bouger, du coup, en se disant que peut-être, peut-être si elle se fond dans le décor tu repartiras. Tu ne la verras pas. Elle en était encore à prier, quand elle t'entend l'appeler. Et merde.

Elle soupire et tourne la tête, du coup. Her va pas te snober, hein. Surtout si bah, tu l'as repéré. Sans ça, ouais, volontiers. Aujourd'hui maintenant en tout cas, volontiers. Et quand elle tourne la tête donc, en faisant bien attention de ne pas se décoller de la rive, elle voit ton -oh seigneur dieu! Her ferme les yeux précipitamment, grimace. Ses paupières se crispent tant qu'elle en a presque mal. Ce n'est que quand elle entend les bruits de plouf, de toi qui rentre dans l'eau, qu'elle ose les ouvrir à nouveau. Apache bordel. Sérieusement ? Vraiment ? Mais déjà tu enchaines, tu l'empêches de soupirer. Tu la prends de court, comme à chaque fois.

Ça va, camarade ? Comment peux-tu avoir autant de nonchalance, espèce de petit con ? Et puis d'ailleurs.. Camarade ? Camarade ? T'es sérieux, là ? Her est tellement sciée qu'elle fait la seule chose dont elle soit capable : elle te fixe avec des yeux ronds, mi-effarés mi-.. Mi-quoi ? Effondrés, peut-être. Sa bouche s'ouvre pour te répondre, reste en suspend, et se referme au bout de quelques secondes sans qu'elle n'ait articulé le moindre son.

Ça va, camarade. Bon dieu.

Ses yeux couleur gadouille avisent ton pétard avec un temps de retard. Ah. Ça explique pas mal de choses. Son premier geste aurait été de le virer et de te le confisquer, mais elle se ravise avant même d'avoir fait le moindre geste. Là, tu planes. Mais si tu te réveilles, tu vas capter. Toi, elle, à oilp dans le bassin. Et elle sera encore plus gênée. Non. Nope. Niet. C'est mort. Donc elle reste là, à te fixer, sans savoir quoi dire. Ni comment réagir. Tout ça la dépasse très largement.

Putain t'es dans l'eau toi aussi. Elle essaye d'oublier, du coup, que ton zgeg est dans la même flotte que là où elle est, elle. Quelque part, ça lui semble profondément dégoûtant. Une moue qu'elle ne peut pas retenir, du coup, et elle soupire ne s'enfonçant dans l'eau jusqu'au menton. Pour cacher plus. Sans sa bouche, son nez, ses yeux, non, ça, ça ne trempe pas. Plus question. Plus maintenant. Plus tard, si elle oublie, peut-être.

- Salut Apache.

C'est un peu froid, comparé à ton bonjour. C'est nerveux, surtout, et embarrassé. Ses lèvres se pincent, et elle t'esquive du regard.

- Ça va ouais. Je profitais du calme. Et toi ?

La vraie question qu'elle voudrait poser, c'est : pourquoi diable ne peut-on jamais avoir une rencontre normale avec toi ?

Haaaa, on était pas bien la? Hein? Tranquille... Sans personne pour faire chier!
Ouais...

- Salut Apache.

On était bien ouais, a prendre un bon bain.

- Ça va ouais. Je profitais du calme. Et toi ?

On est bien... a prendre un bain.

Le punk porta une nouvelle fois son joint a ses lèvres mais se stoppa au dernier moment, son geste comme suspendu, le regard braqué droit devant lui.
Ce même regard qui lentement... changeait.

On... bain...? Pourquoi est ce que l'information "on" allait si mal avec celle du "bain" ?

Le flou et la brume furent progressivement remplacé par...

La lucidité.

Devant son visage, sa cigarette toujours en attente, sa main se mit a trembler alors que brusquement, Apache devenait livide.

Tout devint brusquement limpide, les sensations affreusement tranchante! La pluie trop froide, coupante sur ses épaules trop nue! L'eau trop chaude sur son corps, une légère brise qui le fit trembler plus encore, bien plus que de raison a vrai dire.
Sa respiration se fit plus courte, comme si soudain il manquait d'air.

PaniquePaniquePaniquePanique.

Il était en train de prendre un bain avec HER!! AVEC HER??
NOM DE... Il fermât les yeux, espérant très fort que lorsqu'il les rouvrirait, la fille aurait disparu! C'était juste un mauvais trip hein?
Il les rouvrit, le visage décomposé de panique et risqua un regard a sa gauche, la ou Her était sensé être... et..

Hoputain

Elle était toujours la.

Ses yeux ne s'attardèrent pas, effleurant a peine sa collègue.

C'était un véritable cauchemar!! Un mauvais rêve éveillé! C’était pas possible.. pas PUTAIN de possible! Non non non! Un affreux cauchemar, du style on est convoqué a une réunion avec tout les chefs et on se rend compte qu'on a oublié de se fringuer!
UN CAUCHEMAR OUI!
Mais la...
La...

Le punk eut soudain une très grosse envie de pleurer. C'était trop affreux, trop horrible.
Trop... humiliant.

Complètement paniqué mais faisant tout pour que Her ne le remarque pas trop, restant autant que possible calme en apparence, l'Hérissé se mit a chercher une issue de secour, cherchant quelque chose du regard. Quelque chose, oui, mais lui même ne savait pas quoi! Des vêtements peut être? Il se retourna, avisant avec horreur que ses fringues étaient vraiment trop loin de la ou il était! En plus il mettrait dix ans a les ré enfiler... Ce n'était pas possible. Non négociable.

Il fit donc de nouveau face au bassin, sa clope toujours en attente, et alors qu'il louchait dessus, une colère et une exaspération le prit aux tripes.
Saloperie de joint...
C'était terminé!
PLUS JAMAIS!
Il arrêtait de fumer. C’était décidé.
Ouais...
Enfin pas tout de suite en faite, fallait pas déconner.
Demain!
Et d'ailleurs...

Apache tira sur la cigarette comme un désespéré, brulant presque la moitié de l'herbe en une unique latte, seule et unique bouée de sauvetage a porté de main!
Il fallait remonter la, vite vite vite!
Mais la bouffé fut trop violente et il se mit a tousser comme un damné alors qu'il eu la net sensation qu'on venait de lui mettre un grand coup dans la tête, l’assommant brutalement. Il ne perdit cependant pas conscience, cela aurait été trop beau hein...
Le français s'enfonça un peu plus dans l'eau, la gorge brulée, a moitié conscient alors que l'herbe faisait son effet, lui donnant la nausée.

"C.. ca va..." La réponse était venu avec pas mal de retard. BEAUCOUP de retard, et en entendant sa propre voix cassée et enrayée, presque méconnaissable, Apache eut vraiment très envie de se noyer. La, tout de suite. Maintenant.
Il voulu de nouveau fumer, mais cette fois, sa cigarette était hors service, il l'avait plongé dans la flotte après l'avoir presque dezingué d'un seul coup...

Il oublia donc l'entreprise, sentant tout le malheur du monde lui tomber sur les épaules.
Non non... Il allait pas chialer non. Même si ses yeux lui piquait un peu, c'était vrai.
Mais l’humiliation de s’être mit a poils devant Her serait bien suffisante non?

Quel con putain... Mais quel con...

Her ne bouge plus. Her est roche.

Her est silence, la bouche sèche d'embarras. Devant elle, ses yeux se perdent résolument sur.. L'herbe. C'est bien, l'herbe. Et si on comptait les brins ? Un, deux, trois, quatre, cinq, putain c'est chiant, sept, il est encore là ?, neuf, di- ouais non fuck. Her risque un regard vers toi, furtif. Putain. T'as pas bougé ! Onzedouzetreizequatorzeauinzeseize, rah putain pauv' con ! Un long soupire contrôlé pour n'être pas trop audible, et Her amorce un racrapotement pour se cacher sous l'eau. Celle-ci atteint sa lèvre inférieure quand elle se rappelle.

Zgeg.

Oh putain no ! D'un coup, elle se redresse comme on se réveille en sursaut. Ca fait des remous, des vagues, et la pluie froide attaque ses épaules qui émergent de deux ou trois centimètres. Et Her se sent gênée. Et toi, tu choisis ce timing parfait pour répondre d'une voix blanche et planante que ça va. Menteur. Elle te voit, elle t'a presque entendu tousser. T'es autant dans la merde qu'elle, et quelque part, ça la rassure. Au moins, tu réalises. Et elle, elle te répond pas de suite, parce que y a un cruel dilemme auquel elle doit faire face : se montrer à oilp, ou partager l'eau dans laquelle ta plomberie marine ? L'un est terriblement gênant, l'autre franchement pas hygiénique. Bleh. Et puis il fait froid. Son regard s'égare, et malgré elle il revient vers toi. Et t'as l'air tellement pas bien. Tu fais le brave, la Fille le voit bien. Absurdement, ça l'embête. Alors que c'est de ta faute, elle le sait. Mais ça l'embête. Alors, pour attirer ton attention, elle fait un gros sploch avec le bras.

SPLOCH !

- Heh, Apache.

Bon, elle t'a appelé. C'est bien. Et après ?

- Comment tu fais pour garder tes clopes allumées en fumant sous la pluie ? La tienne tenait, là. Avant d'être foutue dans la flotte. Les miennes tiennent jamais.

Véridique. Un truc de plus qu'elle doit ajouter à la liste des trucs chiants mais normaux. Her plisse ses lèvres, et trouve sa phrase ridicule. Approche naturelle ? Noyée. Plouf, dans la flotte. Avec la tuyauterie. Blerk. Ça la fait rosir et grimacer en même temps à cette pensée. C'est pas le bon moyen. C'est nul, l'embarras, ça fausse tout. Ça coupe le dialogue, quand justement parler ça pourrait faire changer d'idée. Elle repense à ces moments embarrassant et se met à rigoler un peu, doucement.

- Une fois, je me souviens, j'étais en train de m'habiller dans la cabane, et un des gars est venu. J'étais dans un coin, alors peut-être qu'il ne m'a pas vu. Peut-être que si. Moi j'étais presque nue, et j'ai pas bougé. Tétanie complète, une vraie statue. Je suis juste restée là, cramponnée à mon pull devant moi qui couvrait juste l'essentiel, et j'ai attendu que ça passe en me disant que si je ne bougeais pas il ne dirait rien, ne me verrait pas.

Léger silence.

- Il a rien dit, il a pris un truc il est parti. Et depuis, des fois, sans raison il me sourit.

Et depuis, des fois, sans raison il lui sourit. C'est sans doute ça le pire. Ne pas savoir pourquoi, ne pas savoir s'il se fout de sa tronche ou s'il est sale dans sa tête ou si elle a juste une tronche qu'il trouve sympathique. Ça la rend toujours super mal à l'aise. Et là, pourtant, elle en rigole. Quand il n'est pas là, elle en rigole.

- Puis y a la fois où je me baladais en forêt, et où je suis tombée sur quelqu'un en train d'couler un bronze. Là c'était le combo : gênant et dégueu'.

Le message qu'elle essaye de te passer, c'est que t'es pas le seul, Apache. L'embarras, les situations comme ça, ça arrive à tout le monde et on en meurt pas. Des fois même on en rigole. On en sourit à l'autre, sans raison.

Mais elle espère vraiment que ta teub est propre.

Et ça carburait dans la tête du punk, prostré sur lui même, parfaitement immobile. Il commençait même a se geler, en fait, a force de rester sans bouger, comme ca! Il en oublierait presque même de cligner des yeux!
Ca carburait? En fait pas vraiment! Le français s'activait a penser, certes, mais a rien! C’était un peu comme pédaler dans de la semoule! Les rouages tournaient a vide! Et pour cause, il n'y avait pas grand chose a penser, en fait.

Soudain, un grand bruit d'eau a sa gauche! L'hérissé sursauta littéralement, tiré de son absence, ses yeux croisant enfin ceux de Her.

- Heh, Apache.
Son regard se fit plus grand et sa bouche s'entre ouvrit sans pour autant répondre quoi que ce soit.

- Comment tu fais pour garder tes clopes allumées en fumant sous la pluie ? La tienne tenait, là. Avant d'être foutue dans la flotte. Les miennes tiennent jamais.
Il cligna des yeux. Pas sur d'avoir compris la question.

Un silence gêné s'installa alors que le punk ne répondait rien, restant silencieux. Pas par ce qu'il n'avait rien a répondre, non, mais plutôt par ce que ca coinçait. Il se sentait tout bonnement incapable de dire quoi que ce soit, et pourtant ce n'était pas vraiment l'envie qui lui manquait.
Pas vraiment.

Et puis, comme si elle avait compris, Her passa a autre chose, commençant a raconter une histoire a laquelle Apache fut très attentif, ne la lâchant plus des yeux cette fois, comme s'il avait peur de ne plus être capable de la regarder si jamais il le faisait.
Ou alors un peu comme s'il la surveillait, espérant ainsi la garder a distance? Ce n'était pas vraiment ca mais l'impression qu'il donnait aurait pu l’être.

- Il a rien dit, il a pris un truc il est parti. Et depuis, des fois, sans raison il me sourit.

En temps normal, l'Hérissé aurait sans doute demandé qui était ce mec. Juste pour savoir, comme ca. Mais la, le silence insistait.
Apache avait conscience de ce que faisait Her, et il lui en était reconnaissant.
Vraiment.
Et d'ailleurs, c'était plutôt efficace, car lentement mais surement, les muscles crispés du punk se détendaient, ses épaules s’affaissant quelque peu.
Il se passa la main sur sa nuque douloureuse, ne s’étant même pas rendu compte d’à quel point il avait été sur les nerfs, perturbé par cette aventure peu banale il fallait bien le dire.
La jeune fille avait prit sur elle et avait fait en sorte de désamorcer l'ambiance de malaise, et ca...
Ca, c'était vraiment cool et classe de sa part.
C'était vrai après tout, était ce si grave ce qui leur arrivait la?
Non...
Non pas tant que ca n'est ce pas?
Qu'est ce que ca pouvait bien foutre après tout.
Apache essayait de se convaincre, se raccrochant aux confidences de Her.
Elle, elle n'en était pas morte après tout hein?

- Puis y a la fois où je me baladais en forêt, et où je suis tombée sur quelqu'un en train d'couler un bronze. Là c'était le combo : gênant et dégueu'.

Cette fois, Her arracha même un petit rire au français. Ho, pas du genre esclaffade! Plutôt du genre timide... Du genre "Pas du tout le genre d'Apache"
C'était vrai que c'était quand même pire...
Bien pire...
Il soupira, bizarrement calme, a la fois assommé par sa trop grande bouffée d'herbe et apaisé par les anecdotes de Her, le silence se réinstallant avec sa charge de nervosité, cependant, cette fois, ce fut le garçon qui le brisa.

"Faut la tenir... Dans le creux de ta main." Il avait sortit une de ses mains de sous l'eau, mimant le geste, comme s'il tenait une cigarette entre son pouce et son index. "Comme ca... " Il se racla la gorge qui lui brulait toujours, s’éclaircissant un peu sa voix qui était bien plus roque et abimée que d'habitude, comme s'il s'était amusé a brailler en plein vent toute la nuit. "T'as moins de chance de la mouiller.. euh.. tu vois"

Enfin pour le coup, si cette foutu clope s'était éteinte cela lui aurait bien rendu service.
Explications a retardement, donnant un rythme étrange a leur échange, comme si Apache avait toujours un temps de retard, suivant Her en décalé.
Il se passa les deux mains sur le visage, comme pour se réveiller.

"Serieux.. j'suis..." Il toussa alors qu'une de ses mains frottait son cou, une grimace gêné se dessinant sur son visage. "Euh.. désolé." C'était très bizarre de s'excuser d'avoir squatté le bain de quelqu'un, c'était pas le genre de chose qu'on faisait tout les jours! En plus de ca le punk n'était pas un habitué des demandes de pardon, lui qui préférait cracher a la gueule des conventions! Mais la... La c'était particulier. "Je.. j'sais pas j'ai pas.. j'ai pas capté que t'étais la..." Tout en l'ayant salué. Oui baaah oui! Ca arrivait d’être distrait.
Mouais...
A ce point la, tout de même.
Il était temps de ralentir sur la fumette.
Mais vraiment!

Aucun des deux n'en mène large, et pourtant l'ambiance finit par s'améliorer. Vous êtes moins crispés. Un peu moins. Doucement. Her, elle a un léger sourire, tout léger, quand tu réagis autrement qu'en la fixant. De un, parce que tu faisais un peu peur, quand même. De deux parce qu'elle n'avait plus tellement d'anecdotes à raconter. En plus, tu es quand même plus chouette quand tu reprends vie. Quand tu souris, quand tu ris. C'est discret, c'est différent. C'est un toi qu'elle n'aurait pas soupçonné. Faut vraiment qu'elle arrête de te refourguer des étiquettes, t'arrêtes pas de les décoller. Mais celle-là, ce rire qui est moins dans le flamboiement, ça te va bien aussi. Ça jure juste un peu avec le rouge de ta crête.

Elle observe ta main, quand tu mimes le geste. Attentive. Sage, Her. Elle apprend, elle te laisse enlever ce manteau d'embarras. En tout cas elle espérait, mais déjà tu le remets. Elle a presque de la peine pour toi. Non, c'est sûr qu'elle n'est pas à l'aise. Mais toi, t'as l'air tellement mal, elle se sent plus compatissante contre chose. Tu as déjà bien assez de culpabilité, ta faute est déjà rachetée. Si tu t'étais énervé, enfui, ou même si tu n'en avais rien eu à foutre, là oui elle se serait énervée. Mais là.. Là elle aurait plutôt envie de te faire un câlin -non, mais dans l'idée !- et de te rassurer. Tu fais tellement fragile. T'es tellement absurde.

Elle sourit.

Elle a décidé de te sourire, là, pour aider un peu plus à désamorcer tout ça quand tu t'excuses. Arrête, Apache. Arrête de te miner tout seul, regarde, elle va bien. Regarde, elle te sourit, et force ses yeux à pétiller. Les joues sont un peu roses, du bain chaud ou d'embarras. Mais surtout, elle sourit. Un sourire tranquille, un sourire bouillotte pour réconforter.

- Heh. T'en fais pas.

fffFFFFFLOCH !

Elle t'a envoyé une vague d'eau pour te punir de cette humeur pluvieuse.

- Regarde. J'suis pas morte. Et toi non plus. Y a encore plein d'eau, y a personne autour.

Léger silence, Her fait une petite moue, hausse les épaules.

- Ca aurait pu être pire. Imagine si au lieu de toi, c'était Bow ? Ou Pit ?

Brrrrrrrr. Horreur absolue. Bow parce que.. Bow. Bow quoi ! Elle se sent huileuse et fautive rien qu'à le savoir dans les environs. Et Pit, il l'intimide un peu, avec ses fleurs. Elle l'imagine bien reluquer. Mais c'est peut-être infondé, elle ne le connait pas au fond.

- Pis t'as du pot aussi. Imagine si j'étais la vieille indienne blanche, là. Ourse Blanche Frippée ou un truc comme ça. Celle qui fait bouffer aux gens leur propre corps.

Elle en avait entendu, des choses sur elle, un peu. C'était à glacer le sang. Et ça avait fait une histoire épatante, elle en avait été fière quand elle l'avait écrit.

Elle souriait.
Elle souriait pour de vrai, Her! Et cet état de fait réchauffa le cœur du punk, le poussant a l'imiter un peu plus franchement, un peu plus naturellement, il souriait, lui aussi, en réponse a cet encouragement.

- Heh. T'en fais pas.
Elle lui envoya une grande giclé d'eau, l’arrosant pour s'amuser.

- Regarde. J'suis pas morte. Et toi non plus. Y a encore plein d'eau, y a personne autour.
Apache secoua la tête, se débarrassant du surplus de flotte qu'il avait dans ses crêtes, se passant ensuite une main dans les cheveux d’arrière en avant, hérissant plus encore le rouge de sa tignasse.

Excuses acceptées? C'était bien ce qu'il lui semblait en tout cas, et il n'allait pas se mentir, il était plutôt soulagé!
Bon, ils n’étaient toujours pas sortit d'affaire puisque pas sortit de leur bain commun, mais on pouvait dire qu'il y avait une amélioration non?

- Ca aurait pu être pire. Imagine si au lieu de toi, c'était Bow ? L'Hérissé grimaça rien qu'a l'entente du nom. Quelle horreur!!!! Rien que d'imaginer le Chambellan a poils, c’était déjà trop affreux! Ou Pit ? Nouvelle grimace, même si cette fois, plus horrifié.
Certes, le Joker semblait tout de même mieux fichu que Bow, il pouvait même être considéré comme charmant mais...

- Pit? Ha l'horreur, ce pervers! Ce chef est tellement.... tordu. Avec son sourire la... Tout l'temps en train de se marrer! Il renifla d'un air un peu dégouté. "Je sais pas ce que c'est son trip avec les fleurs la..." Son regard se porta de nouveau sur Her alors que quelque chose semblait lui avoir traversé l'esprit. "Il t'en a déjà filé, a toi?"

- Pis t'as du pot aussi. Imagine si j'étais la vieille indienne blanche, là. Ourse Blanche Fripée ou un truc comme ça. Celle qui fait bouffer aux gens leur propre corps.
Cette fois Apache éclata de rire franchement, imaginant la scène.
"Hooooo naaaan... Affreux! C'est vrai... Ou si j'étais tombé sur un pirate du style le Dragon! Ho merde j'aurais été mal la" Il disait ca sur le ton de la blague, mais pourtant, il y avait bien un fond de vérité la dedans qu'Apache ne semblait pas remarquer plus que ca!
Se promener complètement fumé et donc dans un état second, réduisant drastiquement ses facultés qu'elles soient physiques ou d'analyse n'était vraiment, mais alors VRAIMENT pas prudent!
Et en effet, il avait eu de la chance de tomber sur Her!

Mais le punk, lui, continuait de se marrer, se calmant tout de même cependant.
"De toute façon, on est dans la même équipe maintenant, entre camarades on partage tout a ce qu'il parait" Son ton n'avait évidemment rien de sérieux, suivant les traces de Her sur la dédramatisation de leur situation! Et c'était fou ce que ca marchait bien! Un peu plus et il était a l'aise, le français.

Ouais.
Enfin non, quand même pas, fallait pas déconner.
Il était quand même a poils devant une fille toute aussi pas vêtue, et même si certains auraient pu dire qu'il s'agissait la du fantasme numéro un de tout adolescent qui se respectait, Apache pouvait désormais confirmer que non, non, non, vraiment, ca n'avait RIEN de chouette.
En fait, cela avait tout du cauchemar ou l'on se faisait interroger et qu'on se rendait compte qu'on avait oublié son pantalon et qu'on se retrouvait en caleçon devant tout ses camarades de classe.
Gênant. Oui.
C’était le mot.
Et même si Her était jolie, même si Her était sympa, même si peut être bien qu'elle aurait été dans sa liste des filles avec qui il aurait pas dit non a un bain partagé...
C'était tout de même pas possible.

Tu vis. Elle sourit en te voyant réagir, sourire un peu aussi, t'animer. Ça change de l'embarras, ça change de ce glacis gêné qui plombait tout. Her est contente d'elle, de toi. C'est toujours bizarre, mais au moins la conversation est un peu plus fluide. Elle n'aimait pas te voir aussi piteux. Allez savoir pourquoi, d'ailleurs. Peut-être qu'elle t'aime bien ?

Mais déjà tu réagis, et sa grimace fait écho à la tienne. Pit qui mate, on dirait que tu y penses aussi. Il est peut-être là, d'ailleurs. Caché dans les buissons, et tout. A marmonner "caliente hmm muy caliente ole ole ! " avec des fleurs autour de lui. Enfin non, il ferait probablement pas ça, mais cette image tordue lui colle absurdement bien quand même. Berk. Ça fait vieux pédo alors qu'il est à peine plus âgé qu'elle. Comme quoi, on peut paraître sale dans son âme à tout âge.

- Ouais, il m'en a déjà offert. Je ne sais jamais quoi en faire, d'ailleurs, alors en général je dis merci et puis je les pose quelque part dans la cabane. Pour décorer.

Un sourire espiègle anime son visage, et ses yeux se mettent à pétiller de plus belle.

- Sois pas jaloux, va. La prochaine fois je te les donnerais, si tu veux. Pauvre Apachou délaissé..

Connasse.

- Le Dragon t'aurais été un peu dans les emmerdes, oui. T'aurais pu courir, je suppose ? Enfin, courir à poil, il paraît que c'est compliqué. Je sais pas pourquoi. Bon, j'ai jamais essayé faut dire. Mais j'avais lu ça quelque part, je sais plus où. Y a.. Longtemps.

C'est un vieux, vieux, vieux souvenir ça. Le genre de truc donc on ne se rappelle plus ni de l'histoire ni du sens véritable, juste du détail qui marque et totalement hors contexte.

Ta dernière phrase lui rend un peu de son sérieux, et elle te jette un regard. Un peu curieux, un peu.. Nerveux ? Surpris ? Effondré ?

- Euh..

Partager tout ? Tu entends quoi par là ? Elle te fait des yeux ahuris, pour le coup.

- Quoi, vous vous baladez à poil entre vous, là ? Avec Just' et Trouble ?

C'est tellement.. Bizarre. Apache, bon, elle a eu un aperçu, merci. Mais Trouble et Just' en prime - même s'il doit être pas mal lui non plus, techniquement. Hrm. Mais les trois nus comme des vers, en comité révolutionnaire, c'est assez chelou à imagin- non en fait elle veut même pas. NEXT !

- D'ailleurs, euh.

Diversion ! Regard à droite, à gauche, autour. Pour vérifier qu'il n'y a personne. Mais ça la rend nerveuse, donc elle s'avance un peu vers toi, en faisant bien attention de ne rien faire sortir de l'eau. Et en restant à distance respectable, deux mètres c'est bien. Dans ce contexte là, c'est bien. Parler révolte depuis l'autre côté du bassin, c'est moyen.

- Pour le truc, là. Vous en êtes où ? Vous vous faites pas griller, hein ?

C'est qu'elle n'a pas envie de passer à la casserole à cause de vous. Mais la question, c'est aussi pour tâter le terrain. Savoir si vous attendez un truc d'elle, ou si elle est encore tranquille pour un moment. Mais elle n'ose pas demander, de peur que tu lui trouve un truc à faire.

Pit lui en avait offert, des fleurs.
DES fleurs, oui, elle avait même précisé que c'était arrivé plusieurs fois.
Apache ne savait pas trop pourquoi, mais ca ne lui plaisait pas.
Il aurait préféré qu'elle lui jette a la gueule, qu'elle lui dise pas merci au moins, et surtout, qu'elle ne les garde pas.
Mais bon, c'était pas comme s'il avait son mot a dire hein? Her, il la connaissait a peine! C'était une Camarade quand même, et ca comptait! Et puis il l'aimait bien.
Sans compter que le Joker... Il y avait quelque chose de moche dans son regard, dans ses manières de faire.
Pas qu'il était jal...

"Sois pas jaloux, va." Il ne pu s’empêcher de lui jeter un regard choqué, avec un demi sourire accroché aux lèvres "La prochaine fois je te les donnerais, si tu veux. Pauvre Apachou délaissé.. "
"Pffff!" Il souffla exagérément, lui envoyant une petite giclé d'eau pour se venger, se marrant a moitié. "Tu vas pas commencer a me donner des surnoms nazes toi aussi!" Se plaignit le punk sans réelles convictions.
Décidément, son nom était une source intarissable de moqueries, bien qu'en réalité, il s'agissait la d'un bien juste retour des choses lui qui avait si rarement l'habitude d'appeler ses camarades par leurs véritables prénoms!
Il n'y avait que Her qui restait Her...
En y pensant, cela troubla un instant le français.
Si, il y avait "camarade" mais... mais bon.
Mm.. Miss? Mouais.

La jeune fille parla du fait de courir a poils, ce qui fit de nouveau rire l'Hérissé. "J'ai jamais tenté de piquer un sprint tout nu, mais... Ca doit faire mal aux pieds!" Il ravala quelque peu son sourire cependant, se rappelant que c'était bien ce qu'il avait faillit faire un peu plus tôt lorsqu'il avait percuté que Her était dans son bain... enfin.. LEUR bain!
Merde...
Ca faisait bizarre.

- Euh..  Quoi, vous vous baladez à poil entre vous, là ? Avec Just' et Trouble ?
Le punk manqua de s’étouffer, se mettant a tousser après avoir avalé sa propre salive de travers.
"j'déconnais, Her.. Je déconnais!" Il se racla la gorge avant d'ajouter "Humour de communiste" Comme si cela coulait de source.
MDR l'anarchiste LOL

Apache eut tout de même un instant une image de tout les révoltés se retrouvant a poils pour comploter, au clair de Lune.
Mmm...
Non, vraiment, pas la bonne idée!
Un coup a se choper une pneumonie ca!

- D'ailleurs, euh.
Her sembla soudain nerveuse, regardant autour d'elle comme pour s'assurer qu'il n'y avait personne. Le français ne put s’empêcher de faire de même, se disant que PUTAIN y'avait intérêt a ce qu'ils soient que tout les deux hein? Fallait pas déconner la, c'était déjà bien assez gênant comme ca si en plus il y avait des rôdeurs qui se rinçaient l’œil ca n'allait vraiment pas le faire!
Un bruit et un mouvement d'eau re captèrent cependant l'attention du garçon qui se retendit brusquement tandis que Her se rapprochait quelque peu de lui.
Pourquoi se rapprochait-elle comme ca? Hein? Ils étaient déjà bien assez près non?
Il sentit sa lèvre inférieure trembloter et se la mordit pour que cela cesse.
Putain, reprend toi, Apache, c'est bon! CALME!
Calme...
Voila, elle n'était pas si près non plus! Deux mètres a vu de nez, alors pas de quoi flipper! Et puis c'était pas comme si elle avait la gale hein?
On respire...
Malgré les moultes tentatives d’auto-persuasion, le punk s'enfonça un peu plus dans l'eau, jusqu’à ce qu'on ne voit presque plus ses épaules, comme s'il cherchait a se faire tout petit, la présence de la demoiselle le rendant plus que nerveux.

"Pour le truc, là." Hein? Qui de quoi? "Vous en êtes où ?" Il leva un sourcil, ne comprenant pas le sujet. "Vous vous faites pas griller, hein ?"
"Griller..?" Répétât-il, cherchant a faire se rejoindre A + B, heureusement, il ne mit pas bien longtemps a le faire. "Haaaaaa... CE truc!" Fit-il enfin. "Euuh... Non non t’inquiète, ya pas de problèmes!" Tout était plus clair maintenant! La miss voulait parler révolte, cela expliquait qu'elle se soit ainsi rapproché!

Ayant percuté l'idée, le cerveau encore quelque peu enfumé par le trop plein d'herbe, Apache se re détendit visiblement, ressortant de l'eau  jusqu'au dessus du nombril et se passant les mains sur le visage.
"On recrute pour l'instant! Je pense qu'on va bientôt passer a la prochaine étape!" Parler de révolution, c'était juste le bon choix de conversation pour le détendre, le punk. "Mais la j'ai repéré une petite meuf qui a mon avis..." Il fit une moue l'air de dire "ca va l'faire" "Elle serait du genre intéressé! Faut juste que je l'approche! Elle a pas l'air commode mais bon..." Il ricana, il ne connaissait même pas encore son nom, a cette nouvelle. "Toi non plus t'avais pas l'air du style a te laissé approcher." Son sourire s'effaça légèrement, comme nostalgique d'il y avait si peu. "D'ailleurs tu l'es pas!"
Souvenir douloureux de leur échange qui avait été relativement houleux par moment.
Apache en avait prit pour son grade, mine de rien.
Cependant, il n'y avait pas un soupçon de regret ni même de rancœur dans sa voix! Cela sonnait même presque a la façon d'un compliment.

"Mais surtout, t'en fais pas! Pour l'instant, il y a pas de vague! C'est calme! T'as le temps pour euh..." Il chercha un instant le bon mot, comme cela lui arrivait si souvent. "T'acclimater!" Petit sourire en coin. "Puis on fera une réunion pour présenter tout l'monde après... Ce sera sympa"

Sympa ouais. Dit comme ca on aurait dit que le français parlait d'un bete pic nique entre potes! En mode détente!
Bah quoi? Renverser un système? Ho ca va, entre le fromage et le desseeeert, ma chère!

Elle est fière d'elle, de sa blague mesquine. Apache jaloux, elle n'y pense pas une seconde pour de bon. Mais l'air mi-choqué mi-amusé lui suffit bien assez. Pour un peu, elle a presque envie de lui faire des mines de minauderies. Mais non, elle ne le connait pas assez pour ça. Par contre, lui ne se gêne pas pour se venger et l'arroser. Oh ? Monsieur n'aime pas les surnoms ridicules ? Voilà qui est intéressant !

- Mooh, Pachounet, faut pas t'énerver. Je ne voulais pas te vexer Apachoupinou.

Au moins, il rigole au reste. Après coup, elle avait eu peur de le rebraquer en parlant de piquer un sprint tout nu. Mais non, ça va, bonne pâte le Pachou. .. Ouais, Pachou, c'est adopté, hein ? Elle se marre encore un peu intérieurement. Pauvre Apache, elle est vache avec lui. Mais c'est tellement facile..

- Ouais 'fin, si c'est que ça, tu peux courir pied nu mais habillé. Mais c'est vrai que du coup je ne vois pas trop ce que ça change, vu que y a des gens qui courent pied nus et que ça ne gêne pas. La pudeur, sans doute. Mais du coup c'est faussement plus compliqué. .. Hm. A méditer.

Her, est-ce que tu es vraiment en train de réfléchir à pourquoi courir nu c'est plus compliqué ? Bah ouais, elle le fait vraiment, gamberger à ça. C'est un sujet de réflexion comme un autre, au fond. Non ?

Et l'autre qui s'étouffe.

Elle peut pas le laisser deux secondes, hein. Elle te regarde pour vérifier que tu ne meurs pas trop, mais en coin. Parce que te regarder pour de bon, c'est par à coup qu'elle y arrive. Quand elle se concentre assez sur ce que tu dis pour oublier que t'es à oilp. Mais là, là ça va. T'animes assez la conversation pour que ça passe vite fait, cette seconde de lucidité sur la situation, sur la flotte, le zgeg en trempette et l'eau propre, propre et limpide.

- Humour de communiste, mouais. Si tu le dis, Apachelou. Mais pas la peine de t'excuser, vous faites ce que vous voulez, hein. Tant que vous me forcez pas à faire pareil. Mais vous devriez avoir honte. Trouble est jeune, quand même.

Elle a un sourire narquois ne disant ça, et des yeux qui pétillent de plus belle. La Fille ne doute pas une seconde que ladite jeune Trouble leur pèteraient les dents s'ils essayaient de la forcer à ça. Trouble a une réputation. Et dans la tête de Her, Apache et Justice ne font pas forcément le poids.

Et puis quand elle se rapproche, Apache s'éloigne. Il coule. Il prend l'eau. Elle a beau s'arrêter à deux mètres, elle le voit bien qui se cache dans l'eau. Elle le voit, parce qu'elle s'acharne à regarder son visage et qu'il lui faut donc progressivement baisser la tête. Et puis elle voit la nervosité du Hérissé qui revient aussi, et elle se doute bien de la raison.Elle même a pris soin de rester immergée tout le long, c'est à peine si on voit la courbe de ses épaules émerger. Mais elle comprend. Elle comprends et ça l'embête pour toi. Sauf que, vraiment, elle ne se voit pas parler révolte à tue-tête. Surtout si toi, comme un couillon, tu ne comprends pas de quoi elle parle. Boulet. Ah, si ça vient ? Ça y est ça monte au cerv-AAAAH TORSE !!! ALERTE !!! T'es remonté tout court, elle avait encore la tête baissée pour regarder ta tête et à la place y a ton buste. Euh. KEWA ? Comme un ressort, Her redresse la tête et fixe droit devant elle. Droit devant, y a toi la tête dans les mains, et c'est pas plus mal. Ça va lui donner le temps de se recomposer une tête pas effarée, hein ? Et puis enlever les couleurs, aussi, ça serait bien. Le rose aux joues est décidément gênant.

Hrm. Il ne s'est rien passé mon bon monsieur, absolument rien.

Tellement rien que Her ne te regarde plus, mais plus loin. Elle s'est mise dans un axe perpendiculaire de manière à contempler l'herbe, le temps que tu arrêtes de faire des yoyo entre tête et torse. Le temps d'arriver à ne plus trop faire des yeux comme des soucoupes et à arrêter d'être tendue comme ça. Et ça marche, surtout que tu causes, tu enchaînes. Ça marche même tellement que quand tu dis qu'elle n'est pas simple à approcher, elle ose te regarder toi. Avec un air un peu "wtf ?" et "Tu te fous de moi ?". Pas facile à approcher ? Mais il avait chargé comme un boeuf !

- Ouais, 'fin, t'avais pas été délicat non plus. Et puis je te l'ai dit, je me suis défendue parce que tes mots faisaient mal.

Elle gonfle les joues, un peu vexée ou blessée, et se laisse couler à son tour. BLblblbl. Le visage plongé jusqu'au nez, la voilà qui fait des bulles avec sa bouche, l'air un peu contrariée. Ton commentaire, elle arrive pas à savoir si c'est du lard ou du cochon.

Et puis ta proposition de réunion comme d'un goûter du dimanche, ça la fait rouler des yeux. Apache, ton monde a l'air d'être tellement simple.

Il n'avait rien remarqué, au rougissement de la demoiselle, pas assez a l'aise pour la regarder assez longtemps droit dans les yeux et pas assez concentré pour faire attention a ce genre de détails!
A vrai dire, sa vision était même encore un peu flou a cause de la fumette inhalée un peu plus tôt, même si cela s’améliorait au fur et a mesure que le temps passait, alors que son esprit se refroidissait dans l'eau.

- Ouais, 'fin, t'avais pas été délicat non plus. Il releva les yeux vers elle, surpris. "Et puis je te l'ai dit, je me suis défendue parce que tes mots faisaient mal."
Le punk ouvrit la bouche, mais ne trouva rien a répondre alors qu'il regardait Her s'enfoncer dans l'eau et faire des bulles, visiblement embêté par la remarque qu'il avait faite, voir vexé même.

"Mes mots faisaient mal..?" Tout en répétant la phrase, réfléchissant a ce que la fille lui avait dit la, Apache regardait ses mains, comme pour s'occuper en attendant de trouver une bonne réponse. De son pouce droit, il dessinait un triangle imaginaire qui reliait les trois points de son mort aux vaches, la bouche tordue dans une moue soucieuse. "Qu'est ce qui t'as blessé?" Finit-il par demander, relevant ses yeux noirs vers elle qui barbotait toujours.
"Tu peux m'expliquer?.."
Apache avait un peu la sensation d’être un idiot incapable de comprendre quelque chose d’évident, et peut être qu'en l’occurrence, c’était un peu le cas!
Mais bon.
De toute manière, ils étaient a poils l'un en face de l'autre, littéralement, autant en profiter pour se mettre a nue, mais différemment.
Il avait envie d'en savoir plus sur Her, sur sa façon de réfléchir, sa manière de penser! Elle était mystérieuse, a ses yeux! Impossible de prévoir ce qu'elle allait dire, ce qu'elle allait faire!
C'était peut etre le moment de faire le point et de faire connaissance... Pour de vrai!

Elle te jette un léger regard, quand tu répètes sa phrase. Un regard curieux. Y a un truc qui se passe. Là, maintenant, tout de suite, y a même un truc qui passe tout court. Vos regards se croisent, et Her hausse des épaules en détournant les yeux. T'expliquer ? T'expliquer quoi ? La Fille soupire doucement, mais se redresse un peu pour que l'eau lui arrive au cou. Morose toujours, mais un peu plus pensive aussi. Expliquer quoi, expliquer comment ? Elle réfléchit à votre conversation, à ce dont elle se souvient.

- Je sais pas, c'est. Flou, un peu.

Mais elle essaye, pourtant, de retrouver son état d'esprit. Pour pouvoir t'expliquer, justement. Ses lèvres se plissent, son regard se perd au loin. Pas dit qu'elle ait la force d'affronter le tien maintenant.

- T'as des convictions tellement fortes, tellement en toi. C'est difficile, du coup. Parce que tu as réponse à tout. Qu'on ne peut pas vraiment penser autrement, sinon tu en remets une couche pour montrer qu'on se trompe. Enfin, c'est l'impression que ça peut donner.

Nouveau soupire, Her a l'air soudain très, très fatiguée.

- Je sais que c'est pas méchant, Apache. Je sais que tu penses pas à mal, et que c'est juste toi, que t'as un caractère qui est comme ça. Mais des fois, ça rend juste les choses un peu compliquées.

La Fille se passe les mains sur le visage à son tour, les remonte jusqu'à sa crinière qu'elle rejette doucement en arrière. Pas du tout du l'Oréal, juste comme une lassitude qu'on essaye de repousser. Et puis, enfin, elle tourne la tête vers toi et se fend d'un léger sourire en coin.

- T'as une flamme, Apache. T'as un truc, un truc qui brûle en toi et te donne de la force, et donne envie de te suivre en même temps. Je ne sais pas ce que c'est. Peut-être la force de tes convictions, le fait que tu y crois autant, sans concessions. Mais du coup.. Je sais pas. Le feu réchauffe et éclaire, mais il brûle aussi. L'autre jour, ce jour là, quand on discutait, je me suis sentie brûlée. Parce que pour chaque doute, chaque question que je posais, tu revenais à la charge avec dix arguments et une flambée d'autant plus forte. Flambée de ton feu intérieur, là. Je sais pas si c'est compréhensible, ce que je dis.

Et puis de nouveau, elle regarde plus loin. Mais elle s'est un peu plus redressée, aussi. A nouveau, ses épaules commencent à émerger.

- Je crois qu'avant, je connaissais quelqu'un d'un peu comme ça. Qui avait des convictions, et qui me les assenait comme ça, sans me demander mon avis. Ça faisait mal, de pas avoir le droit de penser ce que je voulais, d'avoir toujours l'impression que chaque échange, c'était un test. D'être toujours en mission ou quelque chose comme ça. Je ne m'en rappelle pas bien, c'est très flou. Mais je me rappelle que ça faisait mal, que j'étais malheureuse. Je crois que c'est aussi un peu pour ça que tes mots faisaient mal, aussi. Ça me rappelait ça, et je voulais pas.

Une seconde. Deux. Le profil de Her continue de fixer loin, loin. Une fois encore, tu la fais parler bien plus qu'elle ne l'aurait cru. Mais cette fois tu ne l'as pas poussé à le faire : c'est elle qui choisit de s'ouvrir. Au moins maintenant.

- J'ai pas envie de briller, tu sais. J'ai pas envie d'être sur le devant de la scène, d'être admirée, d'avoir des responsabilités et que des gens comptent sur moi. Mais j'ai pas envie non plus d'être méprisée, rejetée, ou quoi que ce soit du genre. J'ai juste envie d'être moi, d'être libre. Sans devoir rendre de comptes. J'ai juste envie d'être normale.

Elle se tourne vers toi, clairement pas sûre d'elle. Même si ce qu'elle dit, c'est un peu rhétorique.

- Tu crois que ta révolte, elle peut m'accorder ça ?

Gros soupire, et elle baisse les yeux. Ne bouge plus. Les redresse vers toi à nouveau, avec un léger sourire. Mais la fatigue mentale rôde encore.

- J'avais mal parce que j'ai cru que tu ne me laisserais pas le choix toi non plus. Mais si. A la fin, tu l'as fait. Et pour ça, je t'en remercie.

Elle hésite visiblement à ajouter quelque chose, semble peser le pour et le contre. Et finalement lâche le morceau, ses yeux dans les tiens.

- C'est pour ça que je t'ai suivi, d'ailleurs. C'est parce que tu m'as laissé le choix.

Puisque c'était lui qui avait posé la question, chose rare et notable, Apache écouta sagement les explications de Her.
Il sentait bien qu'il y avait quelque chose, qu'a ce moment la, ces mots qu'elle lui donnait, qui semblaient venir de si loin, ce n'était pas le genre a se montrer tout les quatre chemins.

Elle lui parlait de ses convictions fortes. Trop fortes? Du fait qu'il avait réponse a tout! Mais était ce un mal?
"On ne peut pas vraiment penser autrement."
Une sensation désagréable envahit le punk. Dit comme ca, ca faisait vachement description de propagande stalinienne, non?

- Je sais que c'est pas méchant, Apache. Je sais que tu penses pas à mal, et que c'est juste toi, que t'as un caractère qui est comme ça. Mais des fois, ça rend juste les choses un peu compliquées.

Le français baissa de nouveau les yeux vers ses mains, comme prit en faute, les sourcils froncés. Il n'avait pas vraiment envie de dire qu'il y avait du vrai, mais dire que tout était faux serait... malhonnête? Il se contenta de se taire. Le silence pour le coup ayant plus de confort qu'une quelconque tirade.
Pas envie de réfléchir a ca.
Mais pourtant, c'était lui qui avait demandé!
De son pouce droit, il retraçait les lettres tatouées sur ses phalanges.
D.E.A.D
Il leva les yeux juste pour voir Her qui repoussait ses cheveux en arrière. Elle était jolie comme ca, avec les cheveux mouillés, on aurait dit qu'il y avait des reflets roux dans ses mèches... A peine l'idée effleurée, alors que les yeux de la jeune fille croisaient les siens, un sourire en coin, les yeux noirs se reposèrent sur les lettres d'encre gravées, tirant sur le vert dans sa peau sombre.
Il fuyait un peu son regard...

La fille parla de feu, d'une flamme qu'il aurait en lui. C’était plutôt bien ca, le feu! Plutôt positif! Pourtant, dans la bouche de Her, cela ne sonnait pas aussi cool que ca aurait pu l’être!
"Le feu réchauffe et éclaire, mais il brûle aussi."
Apache ravala sa salive. Il commençait a comprendre, et se demanda même pourquoi jusqu'ici, tout cela ne l'avait même pas effleuré.
Il était violent, avec ses mots.

"Je crois qu'avant, je connaissais quelqu'un d'un peu comme ça." D'un peu comme lui, alors. "Qui avait des convictions, et qui me les assenait comme ça, sans me demander mon avis. Ça faisait mal, de pas avoir le droit de penser ce que je voulais, d'avoir toujours l'impression que chaque échange, c'était un test. " Apache releva les yeux, cette fois, lâchant son occupation, les lèvres entre ouverte. Il eut envie de protester. "D'être toujours en mission ou quelque chose comme ça. Je ne m'en rappelle pas bien, c'est très flou. Mais je me rappelle que ça faisait mal, que j'étais malheureuse. Je crois que c'est aussi un peu pour ça que tes mots faisaient mal, aussi. Ça me rappelait ça, et je voulais pas." Il avait envie de protester, oui, mais finalement garda la bouche bien fermé. Ce n'était justement pas le moment de la contrer dans ce qu'elle disait hein.
Ce serait con, ca ne ferait que confirmer.
En plus, elle avait utilisé le mot "malheureuse"
Ce mot la, ce sentiment, il avait toujours eu un peu de mal a l’appréhender.
Pourquoi pas plutôt en colère? Énervée, indignée ou révoltée?
Non.. Malheureuse.
Il l'avait rendu triste, alors.
Cette constatation lui serra le cœur.
Il lui avait rappelé de mauvais souvenirs, il lui évoquait une connaissance désagréable.
En temps normal, il aurait pu juste se dire qu'il s'en foutait! Que s'il faisait mal, que s'il était agressif et violent, bein c'était temps mieux! Et qu'il l'emmerdait, en prime!
Mais il n'avait pas gout a ca, le punk. Pas cette fois ci.
Il avait voulu savoir pourquoi, alors il n'avait qu'a écouter, être attentif et entendre la réponse qu'on lui donnait.

Et puis, elle parla de quelque chose dont elle avait déjà parlé, lors de leur première entrevue! De cette volonté de ne pas se faire remarquer, ni en mal ni en bien, de cette obsession de la normalité!
Obsession? Vraiment? Ouais ca en avait l'air parfois! Ca revenait si souvent, c’était bizarre... Bizarrement normal!

"J'ai juste envie d'être moi, d'être libre. Sans devoir rendre de comptes. J'ai juste envie d'être normale. Tu crois que ta révolte, elle peut m'accorder ça ? "

Question complexe, même si au premier abord, elle n'en avait pas l'air.
Envie d’être elle même, d’être libre, de ne rendre de compte a personne...
Ca oui. Oui bien sur que la révolte le lui apporterait!
Mais qu'en était-il de cette fameuse normalité?
Marcher a contre courant, sortir du lot, remettre en question le système et ses conventions, n’était ce pas l’antithèse de la norme, justement?
Alors que c'était peut être justement le moment de l'ouvrir, le punk restait muet, cherchant une bonne réponse a donner. Et puis, les mots de Her lui revenait en tête "T'as toujours réponse a tout, on ne peut pas vraiment penser autrement, sinon tu en remet une couche!" Il ravala sa salive, quelque peu refroidit, ayant peur de recommencer dans ses travers, alors!

- J'avais mal parce que j'ai cru que tu ne me laisserais pas le choix toi non plus. Mais si. A la fin, tu l'as fait. Et pour ça, je t'en remercie.

Cette phrase mit soudainement fin a la réflexion intérieure d'Apache qui laissa tomber brusquement sa prise de tête, ses yeux dans ceux de Her qui le fixaient avec visiblement quelque chose a ajouter. L'Hérissé la laissa faire, patientant sagement.
Il avait appris, le français, et cela faisait bien longtemps que ce n’était pas arrivé.

"C'est pour ça que je t'ai suivi, d'ailleurs. C'est parce que tu m'as laissé le choix."

Un sourire dévora le visage d'Apache, et en cet instant, si il avait été arrosé de poussière de fée, nul doute qu'il se serait envolé! Mais HEUREUSEMENT, ce n’était pas le cas! Un punk volant complètement dessapé traversant les cieux de l'ile imaginaire.... Ca ne faisait pas rêver! Ou en tout cas, pas le principal concerné.

"D'accord.. Je... J'ai compris je crois! Merci pour euh.. l'explication et puis..." Ok c'était quand même gênant. Pardon, s'il te plait, merci, décidément, Apache était bien conciliant ce soir! C'était un peu déstabilisant, même pour lui. Surtout pour lui, a vrai dire.
Si Just' l'avait vu comme ca, il en aurait mangé son chapeau, et peut etre même qu'il aurait mis le feu a ses fringues de punk, puisque de toute évidence l'Hérissé devenait raisonnable quand il était a poils!

"Je m’étais pas vraiment rendu compte que ca pouvait être douloureux, ou blessant, en fait..." Ou si peu. Ou alors si, mais il s'en foutait. Alors pourquoi maintenant ca avait de l'importance? Bonne question.. L'instant du moment, certainement. Ho et puis merde!
"...en fait..." Il hésita, conscient que ce qu'il allait dire pourrait être très mal perçu. "En général, je m'en fou un peu tu vois.. d’être euh..." Méchant? Ca faisait un peu con dit comme ca. "Agressif!" Mieux. "Tu sais, souvent les gens si tu les secoue pas un peu, si tu force pas sur ta voix, ils te crachent juste a la gueule!" Rien ne passait avec des discours pacifistes. "Mais... Je savais pas que ca pouvait... Que ca t'avais rendu malheureuse. Voila. Et vraiment, c'était pas le but! C'est tout le contraire en fait."
Il lui fit un petit sourire pas trop sur de lui.
"Je sais pas pourquoi, quand on discutait ensemble, y'avait un.. un truc! Un truc en toi qui m'a fait penser que t'étais pas comme les autres!" Il se reprit rapidement. "Enfin, normal quand même hein?" Il ne put s’empêcher de rigoler. "Ca doit être parce que toi aussi tu veux être libre d’être toi même! Et la dessus, j'crois qu'on est pareil" Du moins c'est ce qu'il pensait! C'est ce qu'il croyait! Mais lui même était-il vraiment simplement a la recherche de cette liberté? Ou y avait-il autre chose? "Alors pour la révolte, t’inquiète pas! Personne te demandera rien! On te dira jamais ce que t'as a faire! Les ordres et les directives, on laisse ca a ces connards de chefs!" Chassez le naturel et il revenait au galop, Apache revenait a ses manières plus familières. "Pas de rapport d'activité ou j'sais pas quelles autres merdes, tu fais ce que t'as envie quand t'as envie, et voila! Tu peux même rien faire du tout si tu veux, même si j'imagine que si tu m'as suivit comme tu dis euh.. c'est peut etre pas pour rien!"

Il sourit. Oh putain ce sourire. A croire qu'on a cliqué sur le bouton On, pour qu'Apache puisse avoir le sourire le plus lumineux du monde, d'un coup, sans prévenir. Bon dieu, ce truc, ce foutu truc. T'arrives encore à la faire beuguer avec ça. C'est contagieux, tu sais ? Elle avait déjà un mini sourire en coin, mais là, le sien devient éclatant aussi quelques instants pour finalement se transformer en éclat de rire. Le genre de rire qui ferait naître une fée, si elle était assez jeune pour ça. Elle est soulagée, un peu. Beaucoup.

Ça fait deux fois que tu la surprends, Apache. Deux fois que tu écoutes quand elle ne s'y attend pas. Elle redoutait de dire tout ça, un peu. Peur de ta réaction, peur de ne pas pouvoir parler, pas jusqu'au bout. Peur de ton jugement peut-être un peu. Peur parce que ce qu'elle vient d'avouer, y a pas grand monde qui l'a entendu, qu'elle s'étonne elle-même d'en parler juste parce que tu l'as demandé. Mais c'est peut-être ça, aussi. Tu la vois, tu ne t'arrêtes pas à la façade de la fille stable, ou pas, de la fille normale, ou pas. Y a pas d'échappatoire, avec toi, Apache. Tu cherches à savoir. Tu la pousses plus loin dans ses retranchements.

C'est terrifiant, quand elle y pense.

Pas de masque. Pas de normalité. Juste cette fille un peu révolté, un peu torturée, qui n'est pas simple à approcher. Ça veut dire quoi, ça, pas simple ? Her est à deux doigts de se perdre en analyse d'elle-même, mais une fois encore tu la prends de court. Tu parles. Tu parles de toi, et ça, ça la laisse assez étonnée. Elle n'aurait pas cru, ou plutôt pas osé y croire. Donnant donnant, hm ? Elle t'observe, Apache, oh, elle te regarde tellement. C'est à son tour de ne plus te lâcher des yeux, trop sciée pour bouger. C'est à son tour de potentiellement faire un peu peur, à te scruter sans relâche. Pas de peine, de colère, de soulagement. De l'étonnement un peu, de la curiosité surtout. Her absorbe chacun de tes mots, s'en gave et s'en imprègne.

Her t'écoute de toute son âme.

Et c'est triste, ce que tu dis. Crier, la seule solution pour communiquer ? Pour être écouté ? Et pourtant, une part d'elle te comprend, en un sens. N'est-ce pas ce qu'elle a justement fait la dernière fois ? Son regard perd de sa fixité au fur et à mesure que tu parles, et il s'adoucit un peu. Elle est émue, la Fille, de ce que tu dis. Ce n'est pas quelque chose qu'elle sait beaucoup montrer, même si elle vit les choses assez intensément à force de les garder pour soi, mais son sourire en dit long. T'es un chouette type, Apache. Tu le sais, ça ? Il faut que tu le saches. T'es un chouette type.

Elle rit un peu, quand tu parles d'elle comme ayant un truc, mais normale quand même. Ca la touche, que tu essayes de faire gaffe à ça. C'est peut-être le fait d'être à nue, littéralement, qui la rend plus sensible à tout ça. C'est peut-être le fait que cette délicatesse bourrue, elle ne s'y attendait pas venant de toi, pas alors que tu paniquait de la voir à deux mètres de distance ou plus, il y a quelques minutes. Elle se tait, elle t'écoute. Et un nouveau sourire fleurit rapidement quand tu parles de ces connards de chefs. Tu ne t'en rends même pas compte, pas vrai ? C'est de l'assimilé, pour toi. L'essence même des chefs. L'essence même des règles, ou peut-être ton essence à toi qui éclate avec sincérité à chaque pas.

Ta dernière remarque, en revanche, la rend plus pensive. Pourquoi elle t'a suivi ? Pourquoi, outre le choix ? Her fait des yeux un peu effarés en réalisant qu'elle n'est pas sûre de savoir. Avec une moue de côté, la voilà qui soupire pensivement, hausse les épaules machinalement à ses questions intérieures.

- En fait, je ne sais pas, Apache.

C'est dit avec toute la sincérité du monde.

- Je ne sais pas pourquoi je t'ai suivi, à part le fait que tu m’aies laissé le choix. Je ne sais pas si je peux être utile à quoi que ce soit là-dedans, et je ne suis pas sûre que ça soit mon milieu.

Ah bah ça commence bien, ses débuts de révoltée.

- Je me rappelle m'être dit que à force de toute faire comme t'as fait l'autre fois, t'allais finir par avoir des emmerdes. Des vraies.

Ça, c'est pas compliqué à deviner.

- Je me rappelle pas avoir eu envie de ça, vaguement. Parce que même si t'es un peu un bourrin des fois, t'es un chouette type.

Gênée, elle détourne le regard encore un peu plus loin. Gazon, mon grand ami, nous revoilà !

- Trouble, je ne la connais pas trop, mais elle a l'air assez.. Impulsive aussi. Justice, je ne sais pas. je ne le connais pas, et même si on a rapidement causé après mon, euh. Recrutement. Bah je ne le connais pas, et il ne me donne aucune info, il n'aide pas. Pas pour l'instant.

Elle ne sait pas ce qu'il pense, et ça la perturbe. Elle n'aime pas ça.

- Je ne les connais pas plus que quand tu m'as abordé l'autre fois. Mais je crois que j'ai eu peur que vous fonciez dans le mur. Que y ait personne pour vous calmer un peu, vous empêcher d'y passer. Donc voilà.

Léger silence. Her s'humecte les lèvres, puis les mordille un instant avant de reprendre.

- On ne termine rien, depuis l'autre bord.

Et elle est troublée de voir que ce qu'elle t'avait dit en acceptant était si juste. Elle veille sur vous, veut essayer. Sur toi en tout cas, parce que les autres elle ne les connait pas encore. Mais bondieu, quelle idée. Et ça, ça non, elle ne veut pas l'admettre. Ne peut pas l'admettre à voix haute.