Vous laissiez un soupir rauque traverser vos lèvres gercées, et votre corps lourd retomber sur les planches du Jolly Roger.
Vous veniez d’achever de nettoyer plusieurs lames en tous genres, comme un de vos supérieur vous l’a si gentiment demandé – Ah, ordres crachés avec dureté, quelle douce joie.

Vous portez une main à votre gorge, mal à l’aise. Depuis combien de temps déjà n’avez-vous pas bu de l’eau de mer ? Deux, peu être trois heures. Votre corps commence lentement à montrer des signes de manque, et cela commence par la gorge sèche réclamant hydratation. La suite sera malheureusement des tremblements, des crises où vous suffoquez comme un poisson hors de l’eau.

Ce que vous êtes, en un sens.

Vous tâtonnez les poches de votre pantalon pour trouver une gourde, et prenez une rasade d’eau de mer.
Un ‘’ Bluh !’’ de dégoût s’échappa de vos lèvres. Dieu que c’était mauvais. Mauvais mais essentiel. Comme une médecine amère qui vous guérit d’une maladie désagréable.
Sauf que votre maladie vous poursuivra très certainement toute votre vie.

Une voix s’éleva non loin de vous. Un rapide regard, et vous observez le compagnon de fortune qui baragouine. Ah, vous le reconnaissez celui-ci. Il fait du bruit même sans parler, avec toutes les breloques qu’il trimballe, même dans ses cheveux. Mais comme à son habitude, il semble en proie à une conversation intense entre lui et lui-même.

Handsom ? Jackson ? Vous n’êtes plus très certain de son nom, tout le monde l’appelait ‘Le Barré’.
Vous prenez quelques secondes pour vous faire la réflexion que les surnoms sur ce navire peuvent êtres réellement ridicules, mêmes s’ils ont tous une part de vérité.
Ce type est complètement barje.

Mais il n’a pas l’air si terrible. Juste une sorte de fou gentillet. Bon, en temps que membre de la flotte de votre Captain Hook, vous vous doutez qu’il doit s’en sortir en combat et que tuer ne pose pas de problèmes. Comme tous ici. Même les pirates avec une bouille d’enfant de chœur peuvent vous caler une balle entre les deux yeux avant que vous n’ayez eut le temps de dire Biblious Slick.

Vos bottes claquèrent sur le plancher pour se rendre dans la direction de votre collègue.
Vous en aviez ras la branchie de boire de l’eau de mer. Autant mettre un peu de goût dans votre breuvage peu agréable.

'’ Hey, le Barré. Trinquons un peu, fais partager à un pauvre asséché de rhum. ‘’

Vous grincez fortement des dents.
Discuter avec ce fou, c’était comme vouloir avoir une conversation décente sur les principes de la stratégie marine avec un enfant de huit ans.

D’un autre côté, vous ne pouviez pas réellement lui en vouloir. Personne n’aimait s’afficher parlant avec vous, pour une autre raison que le travail sur le bateau ou en mission.

Vous le regardez d’un œil absurde planquer une de ses bouteilles. Bien sur qu’il avait toujours du rhum avec lui. Mais il ne fallait surtout pas le lui prendre de force.

Quand une personne à un grain, vaut mieux ne pas le contrarier.
Vous êtes certain que c’est une gamine blonde qui a dit ces mots dans un des livres qui ont bercés votre enfance, mais vous ne vous souvenez plus de son prénom.

‘’ Allez, joue pas au con. J’te demande pas la Lune, juste quelques gorgées. ‘’

Vous faites quelques pas dans sa direction, pour vous retrouvez tout à fait à lui faire face.
Il faisait à peu près la même taille que vous, avec la hauteur des semelles des bottes de l’un ou de l’autre, on n’est jamais certain de qui est réellement le plus grand. Il avait le regard aussi sombre que le votre, en partie accentué par son trait de kôl.

‘’ … Qu’est-ce que tu veux, en échange ? ‘’

A croire que tous les pirates fonctionnaient au troc.

C'était assez amusant, de faire affaire avec lui tout compte fait. Vous laissiez naître une sorte de sourire sur vos lèvres, dévoilant une dentition trop pointue pour être humaine.
C'est avec ce genre d'apparat que, même en voulant faire semblant, vous ne pourriez jamais ressembler à quelqu'un de gentil.

Vous deviez bien avoir ça quelque part, des cacahuètes. ça peut se trouver n'importe où sur ce rafiot, des cacahuètes.
C'était votre mantra pendant que vous tourniez le dos à Keith, vous rendant dans la cabine des matelots.
Bordel, où sont ces foutues cacahuètes.

Il vous fallut retourner plusieurs matelas et sacs pour trouver finalement une poignée d'arachides salés. Vous en goutez une, voir si ça valait réellement une gorgée de rhum.
Pouah. Trop salé. Comme l'eau de mer. Vous en aviez ras la branchie du sel.

Vous retournez sur le pont retrouver Keith. Il n'avait pas l'air d'avoir bouger un pouce, et heureusement. Vous lui tendez votre main, découvrant des cacahuètes.

'' Voilà. Je pense qu'il y en a plus de dix, mais j'vais pas m'amuser à compter. ''

Vous ne lâchiez pas votre sourire en imaginant déjà l’alcool se glissant dans votre oh mon dieu ce sont des sangsues volantes qui viennent de se coller sur le visage de Keith ?

La situation aurait pu vous amusez, si un amas de ces immondices se s’étaient pas ruées sur vous également… Attendez.
Elles ne vous mangent pas. Vous sentiez leur corps flasque se jeter contre vous, mais pas y rester accrochées trop long temps…
Mais leur poids répété vous poussait dangereusement vers la rambarde du navire.
C’est à ce moment là que vous avez commencé à paniquer.

‘’ Oh non. Non non non ! ‘’

Votre main tâtonnait à la recherche d’un couteau, et la lame fendit l’air afin d’entamer un combat pour éliminer la vermine gluante.
Là, c’était chacun pour soi. Tant pis pour le rhum, et tant que vous n’étiez pas débarrassé de votre propre mélasse, vous laisserez l’Barré se débattre seul contre ses ennemis disgracieux.

Vous aviez beau vous débattre comme un damné et trancher ces bestioles en nombres, elles étaient persistantes, ces immondices.
Et cela vous dégoutait de constater que l’Barré s’en était mieux sorti que vous.
Quoi, un autre marché ? Comprenant du rhum ?
Il doit réellement avoir de l’eau de mer dans la cervelle.

‘’ Si je t’ai déjà demandé du rhum avant, c’est bien parce que j’en ai pas, crétin !! ‘’

Vos pieds tapaient frénétiquement sur le sol pour écraser des sangsues avant qu’elles ne s’envolent de nouveau pour s’écraser contre vous. Qu’elles sont collantes !

‘’ Deux pièces d’or, et tes foutues cacahuètes ! Grouilles toi L’Barré !! ‘’

Vous étiez trop loin pour pouvoir vous saisir vous-même du sceau d’eau savonneuse, et espérez en grommelant des obscénités que Keith vous jettera l’eau pour en inonder les sangues…

Qu’il se dépêche le bougre, au lieu de faire semblant de méditer avec le singe à cymbales qui tourne en rond dans son cervelas !
Vous aviez lâché votre arme car trop de ses satanées sangsues s’étaient agglutinées autour de votre poignet.
Tout ce que vous pouviez faire à présent, c’était de vous accrocher un maximum à la rambarde du navire pour éviter de rejoindre la Belle Bleue et ses vagues.

Vous étiez sur le point d’hurler des menaces au timonier quand enfin, il accepta le marché et vous aspergea de l’eau savonneuse.
Vous retenez un râle de douleur car il se trouve que vous êtes aussi sensible que les bestioles à l’eau trouble qui sert principalement à laver le pont du navire.
Mais vous laissiez votre corps s’asseoir mollement sur le pont, dos contre la rambarde, haletant. Au moins vous étiez sauf.

Vous sortez votre gourde d’eau de mer et laissez le liquide couler sur votre visage, pour une fois que vous en appréciez le contact.
Keith vous donna les dernières instructions pour que vous respectiez votre propre part du marché, avant de vous faire un signe pour partir piquer un roupillon.
Vous grimacez. Décidément, vous étiez mauvais en affaires, et même l’Barré avait réussi à vous roulez.

Tout ça pour au final, ne pas avoir la moindre goutte de rhum sur la langue.


/ FIN DU RP /

HRP: