Techniquement, là, tout de suite, Caroline n'a pas de tâche officielle. Ce qui ne l'empêche pas d'être accroupie devant un feu à attendre qu'une énorme marmite chauffe.

Évidemment, la vie au camp est bigrement différente de la vie au Grand Arbre. Et en même temps… elle a toujours les mêmes tâches, finalement. Juste… pas agencées pareil. Ses enfants travaillent aussi, même s'il n'y a pas de passerelles à réparer ou de plancher de cabane à renforcer. Ici les sols sont plutôt en terre glacée couverte de paille.

Elle avait réussi à oublier que quand elle était arrivée à l'Arbre, elle avait été mal à l'aise d'être tout le temps perchée à une hauteur pas possible sur des échaffaudages pas toujours ultra stables. Et maintenant elle a de nouveau les pieds sur terre toute la journée. C'est… bizarre.

Caro soulève légèrement le couvercle de la marmite devant elle. L'eau frémit.

Ce n'est pas l'heure de faire la cuisine, mais vue la température ambiante même les plus réfractaires se sont mis à apprécier les boissons chaudes. Ce qu'elle a, ce n'est pas du thé, mais des petites baies très sucrées qui donnent un goût plutôt sympa à l'eau une fois infusées. Ça passe beaucoup plus facilement auprès des plus jeunes (et auprès de pas mal de plus âgés aussi, soyons honnêtes).

Caro place une bonne poignée de baies dans la marmite, replace le couvercle et la retire du feu. Elle va faire un tour du camp pour distribuer sa boisson en essayant de mettre la main en priorité sur ses enfants. Comme tous les jours.

Elle soupire, vérifie qu'elle a bien à sa ceinture la louche qu'elle utilise pour servir son infusion, et soulève la marmite. Au travers de ses gants, la chaleur est bienvenue plutôt que douloureuse.

Elle se met en marche, mais n'a même pas encore trouvé son premier client quand elle croit apercevoir du coin de l'œil un éclair de fourrure rousse.

– Attila ? appelle-t-elle. Tu étais passé où ?

Non pas qu'elle s'attende à une réponse. Attila a beaucoup (trop) de capacités qu'un écureuil normal n'a pas, mais jusqu'à preuve du contraire il n'est pas doté de parole.