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Le temps avait semblé s'adoucir étrangement. Il y avait quelque chose dans l'air de moins... Toxique. Cependant, cela n'empêchait pas la Colorée de galérer pour réussir à mettre un pied en dehors de son tipi. Même si elle ne crachait plus du sang désormais, elle avait toujours beaucoup de mal à émerger de ce sommeil dangereux. Elle avait toujours la sensation de ne plus pouvoir ouvrir les yeux le lendemains, qu'elle aurait finit par succomber au Long Sommeil. Mais aujourd'hui, elle avait réussi à rouvrir les yeux. Chaque matin, bien que la matinée soit déjà très bien avancée, c'était sa petite victoire personnelle, et elle arrivait à se lever avec un petit sourire aux lèvres. Le camp s'activait déjà, et Atheris Flamboyante était en retard, absente, comme souvent ces derniers temps. Mais, elle pensait qu'on lui pardonnait. De toute façon elle trouverait bien son utilité plus tard dans la journée.

Comme a son habitude, après s'être étirée et fait des exercices avec ses orteils pour qu'ils ne gèlent pas, ou qu'ils dégèlent, elle souffla sur ses mains bandées pour les réchauffer. Elle remarqua d'ailleurs quelque chose qui n'allait pas dans ses mains, ses doigts. Quelque chose d'inhabituel, un gène. Et ce n'était vraiment pas bon signe. Elle ne voulait pas perdre ses doigts, et elle avait beaucoup insisté auprès de Capricorne Silencieux pour qu'il l'aide à ne pas les perdre. Sans eux, elle n'était plus archère, il devait savoir combien ses doigts lui étaient précieux. Et aussi, Boa Nocturne avait bien d'autres affaires à gérer. Du coup, c'était bien le Capricieux qu'elle irait voir une fois qu'elle aurait réussi à sortir de son tipi. Alors, Atheris s'étira, chaussa ses mocassins qu'elle avait agrémenté de fourrure et mit sur ses épaules une épaisse fourrure. Elle était incapable de rejoindre le dehors autrement que trop vêtue.

Aveuglée par la lumière froide que le ciel voulait bien émettre, elle jeta un oeil au campement. Elle ne parvint pas à dire un mot, d'habitude on l'entendait quand elle sortait de son tipi. Mais au lieu de cela, elle se mit à claquer violemment des dents. Elle espérait seulement qu'elle ne retrouverait pas un morceau de dent séparé de sa mâchoire... La Peau-Rouge colla sa fourrure à ses oreilles avant de parcourir le camp à le recherche du tipi le plus bariolé. Elle songea d'ailleurs qu'elle devrait faire de même, si ça se trouve il y en avait parmi ces grigris qui protégeait du froid. Elle sourit lorsqu'elle arriva devant le tipi.

" Capri ? " fit-elle en entrant à l'intérieur.

Mais personne. Il était sorti. Tant pis, elle l'attendrait à l'intérieur. Il y avait quelque chose de réconfortant. Sans doute la collection d'objets et bijoux du Capricieux qui lui faisait cet effet. Elle se contenta de regarder, plutôt d'admirer l'intérieur du tipi. Elle s'y sentait bien, reposée. Peut être grâce en encens qui finissaient de brûler, elle n'aurait su dire. Tombant sur son image grâce à une surface réfléchissante, elle en fut presque triste. On l'avait surnommée la Colorée, mais il n'en était rien. Il n'y avait pas de couleurs sur son visage, elle n'en avait plus la force depuis un moment. Et depuis ce matin en tout cas, elle ne sentait plus le bout de ses doigts. La Peau Rouge s'assit en tailleur, levant devant elle ses mains tremblantes de froid et dont le bandage n'était plus aussi blanc que lorsqu'on lui avait posé. Elle fronça les sourcils, profondément attristée, et espéra de tout coeur qu'il n'en avait plus pour très longtemps.

Quel temps compliqué, ça fourmillait de tous les côtés. Le pire était le brouhaha permanent qui bourdonnait dans les oreilles du Capricieux. Il avait parfois l'impression que les étoiles allaient se décrocher du ciel pour venir l'écraser. Comme c'était arrivé à un Garçon Perdu, juste devant lui, dans sa clairière. Il n'avait pas oublié. Tout comme il n'oubliait pas non plus la Souris qui s'était glissée hors du camp, pour une mission, dans le gèle. L'apprenti du chaman regardait dans cette direction où les allers-retours s'enchainaient, avec l'étrange sensation que la silhouette qui était partie de son tipi ne reviendrait pas.

Les yeux noisettes surveillaient, mais finissaient par laisser l'envie de retourner au calme prendre le relais. Capricorne s'en retournait donc à son tipi. Un peu amer, heureusement qu'il avait toujours ses fraises séchées. Une fois arrivé, il se pencha en soulevant la peau qui devait lutter afin de ne pas laisser trop de froid envahir le nid terrestre. En se redressant et abandonnant la fourrure qu'il avait disposée sur ses épaules, accompagné des habituels chants de bijoux et talismans qui s'entrechoquaient, qu'il découvrit qu'il était apparemment attendu. Il ne fallut pas longtemps pour que le Capricieux Silencieux reconnaisse Atheris Flamboyante, bien qu'elle ne semblait pas dans un bon état. Il devait avouer que la santé de la squaw était des plus déplorables... et le froid se montrait bien acide à l'encontre de la jeune femme.

- Aowh Atheris.

Salutations avant de venir s'installer en tailleur près du feu qu'il attisa un peu, il n'était pas parti longtemps. Il décrocha de sa ceinture le petit sac en cuir qui renfermait les fruits séchés qu'il avait réussi à se procurer, il tendit l'objet à sa soeur Piccaninny et lui proposa de piocher un peu du contenu avant de délaisser ces douceurs de côté.

- Le froid te ronge encore ?

Elle devrait peut-être voir un soigneur, mais l'essence était un peu en cause probablement. Le Capricieux, malgré le sommeil peu profond qui le hantait, prenait la peine de se pencher sur le cas de la Colorée. C'était donc avec un fin sourire dessiné parmi les peintures mystiques qu'il accueillait sa visiteuse.

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Un bruissement tout près du tipi. C'était lui. La Colorée releva la tête de ses mains, un sourire désolé sur le visage. Et y réfléchissant, elle s'était incrustée chez son frère sans lui demander quoique ce fut. La prochaine fois elle tâcherait de repasser plus tard plutôt que l'attendre. " Aowh " avait-elle répondu à la salutation de son hôte. Elle rajusta la fourrure sur ses épaules, serrant ses dents qui avaient ralenti leur rythme d'entrechoc. Elle refusa seulement de piocher dans le petit sac qu'il lui tendait. Le temps c'était calmé au dehors, le froid n'était plus aussi virulent, enfin c'était ce qu'en disait les autre. Pour sa part Atheris en souffrait, quelle qu'en fut la température. Elle ne sentait pas la différence.

" Il ne ronge pas, il mord. Et il s'accroche désespérément à sa proie... Comme le Crocodile à Hook. " rit-elle en grimaçant.

Elle approcha ses mains du feu, terrifiée en voyant qu'en effet la chaleur ne parvenait pas à réchauffer ses extrémités. Son sourire disparu. Elle se sentit presque gênée d'être là. Elle ne voulait pas déranger le Capricieux, parce qu'elle savait qu'il avait autre chose à faire, et que lui aussi parfois avait besoin de calme. Atheris regarda Capricorne Silencieux d'un air désolé, avant de se frotter légèrement le nez du dos de sa main, et de les lui tendre. Elle tremblait moins que lorsqu'elle était dehors, mais elle tremblait quand même.

" Tu voudrais bien regarder ? Je... J'imagine que tu as d'autres choses à faire, ce ne sera pas long. Je me sens si... "

Inutile, faible, dérangeante, intrusive, désolée, à côté, terne, plus à sa place. La Colorée avait besoin de soin certes, mais aussi de chaleur humaine, de sa famille. De personne qu'elle aimait et qui voudrait bien lui consacrer un peu de leur temps. Elle ne lui avait pas demandé, elle s'en voulait. Elle se trouvait dans un tel état de détresse qu'elle n'avait plus de force. Cependant, elle recula ses mains, les rapprochant d'elle même, elle comprendrait s'il ne souhaitait pas regarder. Elle comprendrait qu'il ait besoin de se reposer. Car même si la squaw parvenait à dormir, ce n'était pas un vrai sommeil, elle ne dormait jamais profondément. Car le froid était inconfortable. Et elle comprenait parfaitement qu'elle ne soit pas la seule dans ce cas. En général, si elle se rendait compte qu'il avait besoin de respirer, elle ne venait pas l'enquiquiner et se contenter de revenir en fin de chasse partager un repas.

" Ne m'en veux pas trop, d'accord..? " sourit-elle doucement.

Dans un soupire elle essaya de défaire ses bandages. Chose difficile lorsque les sensations quittent le corps. Elle ne supportait pas de se voir ainsi. C'était une chasseuse bon sang ! Un guerrière ! Elle ne devait pas être faible. Elle se mit à gratter le bandage, de frustration, incapable d'avoir une vraie prise. S'acharnant dessus comme une tigresse, elle en vint au dents, tentant d'arracher le tissu. Puis elle ferma les yeux, grinça des dents, souffla. Atheris Flamboyante ne se supportait pas ainsi, c'était un fait. Après avoir plus ou moins serré ses poings, elle ignora alors la force qu'elle y avait mise, elle tendit ses mains à Capricorne Silencieux. Il pouvait toujours dire non, elle comprendrait tout à fait. Et elle ne lui en voudrait certainement pas.

Atheris Flamboyante semblait bien peureuse de déranger. Tellement d'excuses qui n'avaient pas besoin de se faire entendre, le Capricieux s'empressait de faire comprendre que tout allait bien. Il pouvait bien aider la Colorée, tout comme il avait pu prendre le temps de discuter avec une vieille connaissance. Il rejoindrait ses devoirs auprès de Boa Nocturne lorsqu'il le sera nécessaire. Pour le moment, le retard n'existait pas. Et prendre soin des uns et des autres demeurait chose naturelle au sein de la tribu. Plus encore en temps difficile.

Quand la squaw se mit à s'acharner sur les bandages, l'apprenti chaman commençait à cligner des yeux de plus en plus inquiet de ce que sa soeur Piccaninny faisait. Il voulu intervenir mais déjà elle se résignait et tendait les mains vers lui, il en fut un peu soulagé.

- C'est toi qui mord plus que le froid si tu t'attaques où la douleur ne peut plus te prévenir.

Un brin moralisateur, mais toujours avec un peu de légèreté. Le Capricieux ne pouvait pas réellement donner de grosses leçons, il ne s'agissait que d'un discours de personne inquiète pour une autre. Bref, l'apprenti se pencha sur les doigts d'Atheris en s'attelant à défaire correctement le bandage. Ce dernier lui semblait déjà bien serré d'ailleurs.

La peau qui pouvait enfin respirée se dévoilait un peu pâle, mais encore un peu colorée. Pas de noir encore, donc pas de chair morte. Les soigneurs n'aimaient jamais lorsque la couleur du charbon venait sur la peau, le Capricieux l'avait retenu. Il était un peu soulagé, mais en serrant légèrement les phalanges de la chasseuse... la chaleur attendue ne se montra pas. Un peu faible, mais le froid du vent donnait l'impression d'avoir emporté le chaud de la chair avec lui.

- Utilise plutôt des... hem... comment ils ont appelé ça ?

Capricorne avait terminé sa phrase dans la barbe, il cherchait un mot que les Garçons Perdus disaient.

- Des moufles. Voilà.

Un léger rire, il trouvait ce mot amusant. L'apprenti en avait en cuir de mouton retourné quelque part, il les donnerait après à Atheris. Pour le moment, il fallait réchauffer ces pauvres mains. Capricorne se releva, en faisait attention à ne pas emporter des décorations avec ses cornes. Son intérêt se porta à un pot de terre cuite qu'il ouvrit avant de revenir jusqu'à la Colorée. Il prit place juste à côté d'elle et lui présenta le contenu. Un onguent noir.

- La dernière fois que je me suis transformé, le froid avait déjà commencé à dévorer l'air. Je n'ai pas écouté et je nageais. J'ai aussi eu les mains qui ne voulaient plus reprendre la chaleur de la vie.

Un rire un peu embarrassé, il devait avouer sa faute après tout.

- Ce n'était pas autant engourdi que toi, mais cet onguent m'avait fait du bien.

Capricorne en appliqua sur les mains d'Atheris. Au début, c'était une pâte froide, mais en massant elle commençait à chauffer. Ce n'était peut-être pas encore gagné, mais le Capricieux avait quand même voulu tenter une solution douce. Les problèmes liés à l'essence, il connaissait bien. Et il cherchait souvent des méthodes afin de vivre avec les conséquences. C'était plus facile à dire qu'à faire et il lui fallait souvent plutôt aller voir Oural Bienveillante, une excellente guérisseuse, pour soigner ses cornes qui transperçaient le crâne. Parfois, l'encens, les herbes, et les cadeaux des esprits permettaient de calmer les essences.

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Capricorne Silencieux avait beau être encore jeune, mais la Colorée était persuadée que la relève allait être assurée. Elle baissa la tête alors qu'il la rappelait gentiment à l'ordre. Il avait raison, elle le savait. Elle n'avait pas à s'acharner ainsi sur elle même alors qu'elle n'avait plus de sensations. C'était la chose la plus dangereuse à faire, elle aurait pu se blesser, c'était peut être le cas d'ailleurs. Quelle idiote. Lorsqu'il commença à défaire le bandage, la squaw ferma les yeux, craignant le résultat. Elle ne voulait pas entendre de mauvaises nouvelles, cela lui serait beaucoup trop douloureux, bien plus encore que la morsure du froid. Parce que si jamais elle n'avait plus ses doigts, elle ne pourrait plus chasser. Et la Chasse faisait partie de ses raisons de vivre. Elle attendait le verdict, le laissant manipuler ses mains à souhait, quand il lui conseilla autre chose.

" Des quoi ? Moufles ? souffla-t-elle intriguée.

Elle pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils, cherchant ce à quoi cela pouvait ressembler. Enfin elle rouvrit les yeux alors qu'il la quittait pour attraper quelque chose. Elle leva ses doigts tremblants à hauteur des yeux. Cela aurait pu être pire songea-t-elle, bien pire en effet. Elle s'en trouva alors plus ou moins soulagée. Et avec la lueur d'espoir qui était arrivée récemment, le temps ne pouvait que s'améliorer. Sauf grande surprise de l'un des acteurs principaux de cette farce. Alors qu'il revenait vers elle, la chasseuse le regarda, lui expliquer ses mésaventures. Égal à lui même, cela n'étonnait qu'à moitié la Colorée. Combien de fois s'était-elle inquiété en ne le voyant pas revenir ? En réalité c'était une question qu'elle ne pouvait plus se poser, elle s'inquiéter toujours. Elle avait eut une peur bleue lorsqu'il était parti en quête de son essence alors que le clan entier lui disait
de ne pas s'entêter à chercher une telle créature. Et elle s'inquiétait toujours lorsqu'il partait nager. Sans aucun doute à cause de sa phobie des étendues d'eau.

Tendant ses mains au Capricieux pour qu'il lui applique sa pâte. Elle vouait une confiance aveugle en l'apprenti chaman. Ils veillaient l'un sur l'autre. La texture de la pâte la surpris, elle eut un léger sursaut en sentant le froid sur le dos de sa main, mais se détendit à mesure que Capricorne Silencieux étalait l'onguent. Elle eut un soupire de bien être, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait plus senti la chaleur traverser sa peau.

" Le feu Sacré soit loué... J'en avais presque oublié ce que ça faisait. Je te le revaudrais. soupira-t-elle de soulagement.

Même si elle ne sentait pas la chaleur jusqu'au bout de ses doigts, elle sentait presque ses deuxièmes phalanges. Atheris Flamboyante était profondément détendue, profitant seulement de l'instant présent avec un doux sourire aux lèvres. Parfois elle se mettait à regretter de ne pas avoir son guerrier à elle pour venir réchauffer ses doigts ou ses pieds sur un corps qui transpire de chaleur. Elle s'en mordit la lèvre inférieure, reposant son regard sur le cornu. Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient tout jeune papoose, elle se demanda si cela lui était déjà arrivé de réfléchir à avoir sa propre squaw. Non, la vie sur terre ne l'intéressait que peu. Il préférait les fonds marins. Elle sourit.

" Les baisers du Soleil me manquent. J'espère que Peter Pan parviendra à s'en remettre, je le lui souhaite du plus profond de mon être. Cela fait un moment que tu n'as pas pu aller nager, non ? J'imagine que ça te manque aussi. "

En attendant, il fallait se serrer les coudes. La Colorée sera toujours là pour les membres de son clan, et pour les papooses qui auront trouvé refuge non loin, au Canyon. Un autre soupire, cet onguent faisait des miracles, même si elle n'était pas encore tirée d'affaires, c'était toujours mieux que de perdre ses doigts.

Le Capricieux craignait réellement que les chairs se mettent à mourir par l'absence de sang, si cela était trop avancé... il allait vraiment falloir trainer Atheris chez des soigneurs du corps. Il pourrait demander à Oural, elle savait faire des miracles pour les vengeances des étoiles sur l'apprenti chaman. Alors elle ferait de même pour la Colorée probablement. Enfin, ils n'en étaient pas encore là, et par les esprits merci.

L'onguent faisait sa réaction auto-chauffante, mais il allait forcément falloir masser un moment avant que les sensations ne reviennent. Les picotements désagréables devraient apparaître, dans le cas où les muscles se réveilleraient enfin. Capricorne faisait de son mieux pour Atheris, une chasseuse sans doigts serait dans une position bien délicate. Apparemment, la Colorée était déjà un peu apaisée à en juger par sa réponse et son soupir de soulagement. Puis, les mots parlèrent du soleil qui manquait. Tout comme la possibilité de nager à nouveau. Et la squaw avait raison, le Capricieux rit.

- C'est vrai, je n'ai pas pu frôler le danger des êtres mystiques des mers depuis que le froid s'acharne.

Il se tourna pour attraper un autre pot de terre décoré pour y mettre un peu de pâte noire, avant de saisir une étoffe pour s'essuyer les mains. Ainsi, Atheris pourrait emporter un peu de cet onguent pour pour réchauffer ses mains. Capricorne avait rapporté les composant de cette mixture du volcan, avec les prières à l'esprit feu, évidemment. Conformément aux enseignements de son maître.

- Tu peines plus que moi par l'absence de la Chaleur, mais je pense que Peter Pan reviendra à lui. Il faut tenir encore un peu. Tu ne portes même plus tes couleurs, tu devrais continuer. Cela exercerait tes doigts.

Peut-être. Il avait conseillé en haussant un peu les épaules, il ne faisait que supposer. Le Capricieux devait encore apprendre après tout. Mais il savait que l'esprit pouvait aussi tomber malade, tout comme l'esprit pouvait faire ignorer la maladie du corps. Si l'âme pouvait bouillir de joie, peut-être cette chaleur suffirait à l'essence de l'atheris ?

- Je me demandais, c'est ton essence qui te rends si vulnérable aux crocs de l'hiver ?

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L'état de Peter Pan faisait oublier la sensation de la chaleur, des rayon du soleil sur la peau. Un seul rayon de soleil pourrait lui suffire à se réchauffer le coeur. Et le corps par la même occasion. Les temps actuels avaient disparaître le soleil qui trônait dans le coeur d'Atheris, celui qui amenait la couleur sur son visage, qui la faisait transpirer de couleur pour les transmettre aux autres. Cependant, elle ne devrait pas s'en trouver malade, car le tapis blanc qu'avait déposé le Temps était parfait, une toile lisse et immaculée. Idéale pour y éclater toutes les couleurs imaginables, pour y peindre la survie du campement, des siens, des papooses qui ont cessé de grandir et des créatures qui demandent protection.

Le Capricieux avait raison, il fallait qu'elle continue à jouer avec les couleurs. De toute façon, c'était aussi quelque chose qui commençait à lui manquer. Et elle ne voulait pas non plus oublier la sensation de la peinture sur son visage, son cou, ses bras et ses jambes. Même si actuellement ce ne serait que son visage qui serait touché. La squaw pencha la tête sur le côté, imaginant ce qu'elle pourrait ce faire. Au début elle devrait se contenter d'une seule couleur, du cyan pour aller avec le froid, et elle ne pourrait pas se permettre de faire des motifs compliqués, pas tout de suite.

" Oui tu as raison, il faudrait déjà que j'en refabrique aussi.. Mes pots doivent être gelés depuis le temps. "

Avait-elle soufflé en se recroquevillant un peu sur elle même, ramenant ses mains près d'elle pour continuer de les masser. D'un mouvement machinal et lent elle réchauffait petit à petit ses mains, s'inquiétant tout de même de ne pas retrouver la sensation au bout des doigts. Mais ça reviendrait plus tard, elle en était convaincue. Elle ne devait pas s’apitoyer sur son sort, elle savait très bien que d'autres souffrait davantage qu'elle. Atheris hésita à refuser le pot d'onguent que lui avait remis Capricorne, se disant que cela pouvait toujours lui servir à lui, ou à d'autres. Mais elle devait aussi se soigner, et bien qu'elle détestait passer avant les autres, il fallait bien qu'elle comprenne que si elle voulait rester une chasseuse talentueuse, elle devait garder ses doigts. Et donc se soigner de cet onguent.

" Je pense que mon essence y est pour quelque chose en effet... Je ne me rappelle pas avoir déjà souffert du froid. Mais c'est aussi la première fois que le froid est si... Frappant. J'ai sans doute fait une erreur en chassant l'atheris quand le froid est arrivé la première fois. Elle a du mal à me quitter. J'aurais sans doute dû demander conseil auprès de Boa Nocturne... "

Car après tout, lui aussi son essence était un animal de sang froid. La squaw se demandait s'il souffrait du froid comme elle. Mais le chaman l'intimidait, la plupart des anciens de la tribu l'intimidait en fait. Elle voulait leur ressemblait, elle voulait avoir leur force et leur résistance. Elle haussa les épaules dans un léger rire, il fallait tomber pour mieux se relever. Atheris Flamboyante approcha ses mains devenue noire de pâte près de son nez pour en humer l'odeur. Ce n'était pas désagréable. Elle regarda alors son hôte avec un pointe de malice avant de coller ses pouces à son nez et de les faire glisser sous ses pommettes. Ah oui, c'était froid au début, puis ça chauffait. Mais ça faisait aussi du bien. Elle sourit davantage, oubliant presque le froid ambiant, la chaleur qu'elle ressentait dépendait aussi beaucoup du sentiment qu'elle éprouvait. Et se retrouver en si bonne compagnie lui faisait du bien. Cependant, pour en revenir à son essence, elle devait se justifier, ce n'était pas juste une erreur.

" Ceci dit, l'atheris est une belle chasseuse. J'ai pu ramener plusieurs repas avant de... Avant d'être fragilisée. Sans elle j'en aurais peu être été moins capable. Comme toi pour tes belles cornes, j'ai besoin d'elle. "

Elle savait bien qu'il aimait ses cornes, et qu'il les entretenait. Elle avait besoin de son essence pour ce qu'elle lui apportait. La discrétion et l'effet de surprise. La morsure qu'elle infligeait par son arc après avoir remercier les Esprits pour leur présent. Il pouvait comprendre, et pour un froid moins rude, la Colorée n'hésiterait pas à recommencer.

" Tu avais parlé de... Mouffles ? Je ne parviens pas à voir ce que c'est exactement ! " rit-elle, bien qu'elle ne souhaitait pas spécialement changer de sujet.

Parce qu'elle avait été loin de s'imaginer que le froid allait être aussi virulent, aussi blessant. Si elle l'avait su, elle se serait peut être abstenue, histoire de servir encore à quelque chose pour le camp.

L'essence était si particulière et différente d'une espèce à l'autre. Encore plus en prenant en compte l'hôte qui allait partager son corps. Capricorne écoutait ce que la jeune fille répondait, et il ouvrit un peu plus grand les yeux d'étonnement lorsqu'elle parla de conseils. Le Capricieux n'était pas sûr que son maître aurait pu prédire le contre-coup d'un animal qui était dans l'ordre des choses. Voilà une question qu'il pourrait adresser à Boa Nocturne une prochaine fois, si toutes les essences pouvaient apporter des méfaits sur le corps humain. L'apprenti savait déjà que les espèces légendaires, pures, celles qui étaient rares et donc presque "interdite" provoquaient des maux. Il en était le résultat d'un rêve qui était aussi une expérience. De plus, il n'avait eu droit qu'une seule fois à son essence, le reste du temps il devait se contenter de chèvres. Capricorne ne s'en plaignait pas. Il n'en avait pas le droit, on l'avait tant prévenu...

Mais alors, qu'en était-il pour ceux dont les essences étaient égales à la tribu ? Quels facteurs permettaient de définir les dangers ? Le Capricieux savait qu'un animal qui n'était pas mort engendrait des chimères aussi étranges que la transformation de ses jambes en nageoire de capricorne. Le cas particulier de Nadie.

Cependant, Atheris n'avait pas fait de faute avec sa prise.

Il fut arraché à ses pensées lorsque la Colorée se mit à étaler l'onguent sur la figure, ce qui le fit rire. Evidemment. Et la précision de la chasseuse sur le serpent était juste. Cela n'effaçait pas le fin sourire sur les lèvres peintes. À la mention des cornes, il porta une main à la base de l'une d'elles. Un peu amusé de la comparaison, mais il ne souhaitait pas la vengeance des astres à sa soeur Piccaninny.

- Il faut toujours aimer son essence, c'est ce que je pense aussi.

Puis les moufles vinrent dans la discussion, ce qui permis à Capricorne Silencieux de regarder autour de lui où se nichait la fameuse paire. Il n'eut qu'à s'étendre de sa longueur pour tirer un coffret contenant divers peaux et des breloques, il finit par y trouver les fameux gants.

- Voilà. C'est de la peau de mouton retournée, le vent ne s'engouffre pas et le mouton porte très chaud. Les quatre doigts ensemble se partagent leur chaleur, le pouce à l'écart permet d'avoir tout de même une prise.

Il les montrait à Atheris, mais sans la laisser les toucher. Il ne fallait tout de même pas qu'elle mette de l'onguent noir dessus. Qui lui avait donné ça déjà ? Ces moufles. Il les avait en réalité trouvé lors d'une de ses escapades quand le temps se montrait doux.

- Je te les donne, mais d'abord réchauffe bien tes doigts. Sinon tu n'auras peut-être plus de quoi remplir ces gants.

Petite taquinerie en rigolant doucement, bien qu'il pensait que les dents d'Atheris auraient été plus fatales pour les pauvres chairs que le froid en définitive.

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Atheris avait hâte de retrouver la sensation dans ses doigts. Elle avait hâte de pouvoir bander à nouveau son arc, ou d'en fabriquer d'autres. Retourner en Chasse en fait, tout simplement. Se libérer la tête, revoir la nature vivre correctement. Cela faisait bien trop longtemps que l'âme du Papoose était tourmentée. Trouvera-t-il un jour le repos ? La squaw redoutait le moment où il rouvrirait les yeux en réalité. Elle ne saurait prédire la réaction qu'il aura, mais en tout cas, ce que était certain, c'était que l'île entière en pâtirait. Mais pour l'heure, il fallait continuer à se protéger et se réchauffer. Et c'était ce que la Colorée faisait, frottant encore et toujours ses mains, chacun de ses doigts lentement mais sûrement pour que l'onguent puisse agir correctement. Lorsque son hôte attrapa les fameuses moufles, la découverte fut accompagnée de "Oh !" de surprises. En réalité, la Colorée avait déjà vu quelques uns des réfugiés en porter. Il était certain que ce devait être bien confortable, et chaud. Mais Capricorne avait encore des mots emplis de sagesse, il fallait qu'elle se réchauffe encore.

" Capricorne Silencieux ! Ce n'est vraiment pas gentil de me faire une remarque pareille ! " fit-elle, faussement outrée avec une moue boudeuse.

Ce n'était pas fair-play, mais la jeune femme rit tout de même doucement. Elle devait avouer que c'était quand même bien envoyer, même si ça faisait mal où ça touchait. Elle ne lui en voulait pas, elle lui rendra bien la pareille un jour ou l'autre de toutes façons. Elle frottait toujours ses mains, s'attardant encore sur le bout de ses doigts. Elle ne pensait pas récupérer leur sensibilité aujourd'hui, en tout cas tout de suite. Elle espérait que cela se produise plus tard, après une autre couche d'onguent. Onguent qui avait toutefois du mal à pénétrer la peau ! Mais ce n'était pas plus mal, l'épaisseur de la pâte permettait un bon travail et le fait que ce soit plus efficace. Atheris en était convaincue. Sinon le Capricieux ne le lui aurait pas partagé.

La chasseuse approcha ses mains du petit feu qui crépitait doucement. Elle aurait aimé voir une fête se démarrer, les réfugiés chanter et danser aux sons des tam-tams. Quoiqu'en y réfléchissant, elle n'aurait jamais pu prendre part à ce genre de fête. Son essence lui faisait d'énormes farces, mais au moins, cela pimentait un peu sa vie. Et elle au moins était toujours en vie. Elle aurait voulu demander à Capricorne si les perte avaient été nombreuses, mais elle n'osa pas. Le temps était déjà assez triste comme ça, il ne fallait pas en rajouter. Non, comme l'espoir revenait, il fallait se réjouir, rien ne servait de s'apitoyer sur son sort. Il fallait que chacun retrouve ses forces, pour mieux reconstruire ce que le peuple aurait pu perdre. Qu'il soit Piccaninny ou réfugiés. Mais la Colorée ne pourrait participer que plus tard, une fois qu'elle se sera mieux remise. Et puis, en plus de cela elle avait déjà bien assez embêté Capricorne Silencieux, ils avaient assez parlé d'elle. Oui, parce que même s'il s'était bien occupée de la squaw, elle voulait rester en sa compagnie.

" Et toi alors ? Tu as du avoir beaucoup d'occupation ces derniers temps. Le froid ne te mord as trop la tête ? "

Certains papoose de Pan portaient des coiffes de laine sur la tête, des bonnets lui sembla-t-il. Elle se mit alors à imaginer son frère Piccaninny avec cette chose sur la tête, avec des trous pour laisser ses cornes s'échapper. D'ailleurs, ne prenait-il pas le froid avec ses cornes ? Atheris pencha la tête sur le côté, le regardant d'un air curieux. Le Capricieux était mystérieux, et ce, même s'ils avaient presque été élevés ensemble.

" Ça fait un moment qu'on a pas eu l'occasion de se retrouver tous les deux..." souffla-t-elle doucement.

Elle baissa la tête comme mélancolique, la vie au camp n'était pas devenue chose facile, et ils n'avaient fait que se croiser, et encore. Elle eut un sursaut, des picotements au bout des doigts, c'était bon signe. Comme quoi il ne fallait jamais désespérer.

Fausse boudeuse, il le savait. Il prépara une étoffe qu'il humidifia avec de l'eau tiède, elle servirait plus tard pour laver les mains d'Atheris. Toujours amusé par la réponse, mais gardant au fond le sérieux de la brimade cachée. Il était important d'écouter ce que le corps signalait à l'esprit. Déposant le tissu vers la Colorée, il releva les yeux sur elle quand elle questionna sur sa tête. Sa tête ? Capricorne fit mine de ne pas comprendre, mais bien vite il ouvrit les yeux à nouveau de surprise en se rendant compte de ce qu'elle parlait. À nouveau, il eut le réflex de porter les mains à ses propres cornes orangées. Puis il roula des yeux, ce geste ne servait à rien. Comme si ses cornes disparaissaient lorsque quelqu'un y faisait référence... Quelle idée.

Il eut d'abord un rire en réponse, encore. Atheris Flamboyante le faisait rire, il fallait l'avouer. Bien qu'il soit toujours en train d'essayer de ne pas trop se laisser emporter, par peur d'avoir la migraine.

- Non, le froid m'est plus supportable que les fortes chaleurs.

Mais il préférait tout de même les températures douces. La chaleur l'embêtait plus dans ses caprices, celui de porter des pantalons fournis de bien des fourrures à la tailles ainsi que des breloques en tous genres. Pour se sentir comme lorsqu'il était transformé qu'il avait une nageoire à fourrure.

En s'installant à nouveau aux côtés de la chasseuse, il gardait un oeil sur l'avancée des massages qu'elle exécutait sur les doigts. Histoire de voir qu'elle ne se griffe pas non plus la peau avec ses ongles. Lorsque les sensations étaient absentes, le corps ne pouvait pas signaler les divers problèmes. Ce qui incluait de se blesser soi-même. Puis le visage minutieusement décoré du Capricieux se porta sur celui d'Atheris qui soufflait un constat réel. Distraitement, il passait les doigts dans ses multiples colliers avant de répondre.

- C'est vrai... Désolé, je partais un peu trop vers l'océan. Je me suis inquiété pour les sirènes. Mais, l'une d'elle n'est pas revenue. J'imagine qu'elle est partie loin.

Solaris avait été de très bonne compagnie, et elle était un peu le soleil de ces jours gris. Après tout, elle rayonnait littéralement. Capricorne pouvait en avoir mal à la tête, cependant... pouvoir approcher une femme de l'océan d'aussi près avait été une chose qu'il ne regrettait pas. Il avait même vu cette fameuse transformation de la nageoire en jambes humaines. Un sourire un peu triste prenait place en douceur, Capricorne Silencieux vivait la tête dans les étoiles et sous la mer. En oubliant presque sa tribu parfois, il n'aimait pas ça. Louve le lui rappelait aisément, et aussi... oh il avait déjà oublié le nom de la squaw qui l'avait arraché à la mort le jour où, papoose, il avait voulu rester sous l'eau bien trop longtemps.

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Vraiment Atheris n'aimait pas l'eau. Et rien que le fait de l'imaginer traverser la neige pour rejoindre l'Océan, rien que ça la faisait frissonner et une sensation étrange parcourait son dos. C'était sans doute une raison pour lesquelles la squaw n'aimait pas l'eau : les sirènes. Elle s'en méfiait, et éprouvait aussi sans aucun doute une pointe de jalousie. Elles étaient belles, ensorceleuses, distrayantes. Et tout homme et femme se faisait un plaisir de les rejoindre une fois correctement charmé. Pourtant elle comprenait que Capricorne les aime autant, parfois il était un peu comme elles, non ? Atheris serra la mâchoire, plus par réflexe que pour une quelconque marque d'insatisfaction. La chasseuse comprenait qu'il soit plus attiré par les astres et par l'océan que par la terre. Ces deux choses faisant partie intégrante de lui-même après tout.

" Non, tu as eu raison, il faut veiller sur toutes les créatures. Et elles devraient se trouver bien heureuses que tu veilles sur elles. "

Sourit-elle en se penchant vers son visage, un doux sourire sur les lèvres alors qu'elle tentait de faire disparaître celui, triste, de son hôte. Elle n'aimait pas le voir ainsi, mélancolique ou triste. Elle préférait de loin de voir rire et sourire, même si ses rires n'étaient pas aussi fort que ceux de la Colorée. Capricorne Silencieux était ainsi, à retrouver l'eau qui lui faisait ce bien fou, au calme seul dans sa petite cache près de la rivière. Cache que tu avais eut la chance de rejoindre lorsque le temps était encore clément. Il préférait les sirènes, il préférait des choses que le clan ne pouvait lui offrir. Mais ce n'était le rôle de la squaw de le rappeler à l'ordre, alors tout ce qu'elle pouvait faire pour lui, c'était le soutenir. Car de toute façon il n'écoutait pas spécialement les recommandations quant à ses envies d'échappées. Et Atheris ne pouvait que le comprendre, ses échappées à elle, c'était ses moments de Chasse.

Arrêtant un instant de jouer avec ses doigts, la Colorée s'avachit un peu plus, pencha la tête en arrière et ferma les yeux en laissant s'échapper un long soupire. Elle savourait un petit moment cet instant, avant de rouvrir grand les yeux en sentant une gêne, dans son ventre. Elle se mit alors à rire doucement, toujours la tête en arrière, avant de se redresser. Elle se réveillait il n'y a pas si longtemps, et elle ne s'était encore rien mit sous la dent. Atheris coinça alors ses coudes contre son ventre qui se tordait gentiment, elle n'avait pas mangé correctement depuis des lustres, et depuis sa dernières chasse où il fallait tout de même préserver les animaux pour pouvoir survivre.

" Qu'est ce que je ne donnerai pas pour un morceau de cerf grillé... Quelle horrible squaw je fais aussi !

Qu'on ne s'étonne pas que personne ne veuille d'elle, s'était-elle retint de dire. Et de toute façon elle n'était pas prête. D'autres squaw lui en avait parlé, mais elle n'avait pour le moment aucune envie de fonder une famille. Bien que le fait allait être sans doute nécessaire après ces événements givrés et les pertes que cela aura engendré. Quelle horreur ! Mais après l'événement il faudra compter les morts, il faudra faire une fête pour les honorer eux et les Esprits. Fête dont Atheris Flamboyante ne profitera pas à cause du bruit. A moins qu'elle ne s'éloigne. Mais à quoi bon. Il ne faut pas s'éloigner de ses proches, de sa tribu, de sa famille. Elle vint alors à penser que, si jamais on posait la question à Capricorne, et qu'il ramenait une sirène, cela poserait sans doute problème.

Encore une fois, Atheris rit doucement seule avec ses pensées farfelues et déplacées, mais cela lui faisait du bien. Parce qu'une fois qu'elle sera sortie du tipi, elle retrouvera l'air glacial, ses mains la referont souffrir et elle devra trouver une occupation.

" Tiens d'ailleurs, la douleur est remontée dans les doigts. Je ne sens toujours rien au niveau des ongles mais c'est toujours ça de pris.

Elle appuya ses mains paumes contre paumes puis les recula, et commença le geste à plusieurs reprises. Elle devait s'être lassée de se masser les mains. Puis elle posa ses yeux sur Capricorne, un regard doux, comme pour lui demander la permission de s'essuyer les mains. Mais s'il jugeait qu'il en fallait davantage, elle ne broncherait pas et continuerait. C'était lui le sage parmi eux deux.

Veiller sur ces créatures ? Capricorne eut un léger rire à ces mots, il pensait en réalité qu'il finirait dévoré plus facilement qu'il ne pourrait protéger les sirènes. Il s'agissait de femmes qui n'avaient justement pas besoin d'un autre être pour les défendre. Elles le faisaient entre elles. Et surtout, il y avait cette histoire inquiétante... Solaris en avait parlé, celle d'Ecume. Capricorne Silencieux devait y réfléchir avant de s'approcher des filles de l'océan.

Le Capricieux fut sorti de ses pensées par Atheris qui serrait le ventre dans les bras, durant un instant il avait cru qu'elle avait mal. Cependant, rapidement, il eut de quoi à nouveau rire un peu. La Colorée avait faim. Simplement. Ce fut ensuite l'interrogation qui fit ses dessins sur les traits du visage de l'apprenti, il ne comprenait pas ce la jeune squaw voulait dire par en être une horrible. Elle faisait référence aux devoirs, au fait de savoir s'occuper de la viande, peut-être ? Il était vrai qu'elle ne parvenait pas à s'en charger correctement, de la cuisson. Le Piccaninny n'en tenait pas rigueur, il le faisait pour elle quand elle le lui demandait.

Puis il la vit changer d'intérêt pour se porter sur les doigts qui reprenaient gentiment vie. Et il lui fallu un instant supplémentaire pour comprendre ce qu'Atheris demandait du regard, l'apprenti lui fit signe de prendre l'étoffe. Il supposait que ça irait.

- Ensuite, sèche bien tes mains vers le feu.

Il ne fallait pas avoir d'eau sur la peau, elle prendrait la température de l'extérieur.

- On pourra aller chercher de la viande si tu as faim, je la cuirai. Tu sais, les sirènes aussi mangent la viande crue, mais elles ont sûrement l'estomac préparé à ça.

Pour qu'elle n'ait pas à demander, déjà qu'elle avait été bien inquiète de lui montrer ses pauvres doigts serrés dans du bandage. Il avait ponctué d'une petite plaisanterie. À sa sauce.

Capricorne Silencieux l'avait proposé avec un sourire, toujours, il ne fallait pas que cela ressemble à une corvée. La Colorée s'en serait inquiétée pour rien. C'était drôle, et un peu triste à la fois peut-être. Craindre de demander de l'aider ou penser être un poids étaient bien des choses que le Capricieux n'aimait pas. Ça n'était pas vrai, il ne pensait pas de mal de ceux qui venait à lui. Et encore moins lorsqu'il les connaissait.

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Un doux sourire sur le visage encore un peu terne de la Piccaninny. Sa visite chez le Capricieux lui avait fait grand bien, c'était le petit coup de pouce qu'il lui fallait pour arrêter de se laisser mourir. Même si ce n'était pas tout à fait cela. Elle n'avait juste plus la force. Tout juste à peine pour continuer à lutter contre le Long Sommeil. De plus, il fallait dire qu'elle n'arrangeait pas elle même sa situation, ne mangeant que peu parce qu'elle préférait laisser sa part aux enfants ou à ceux qui souffrait davantage qu'elle. Parce qu'il y en avait, elle le savait. Elle avait toujours été ainsi, serviable et préférant se sacrifier pour qu'un autre bénéficie des biens. Parce qu'elle était forte au fond Atheris, il lui fallait seulement une piqûre de rappel de temps en temps. Et ce devait être ce jour. Elle attrapa le linge humide pour l'entourer autour de ses mains, nettoyant avec attention la pâte noire qui l'avait réchauffée.

Retirant en douceur l'onguent de sur ses mains, elle eut la désagréable surprise de sentir que lorsqu'elle enlevait la pâte chauffant, le froid revenait à grand pas mordiller sa chair. La Colorée plissa les yeux, ne sachant trop s'il fallait qu'elle fasse vite ou pas spécialement. Se rabattant sur le premier choix, elle fit son possible pour retirer la matière assez rapidement. Elle manqua même de se retourner un ongle lorsqu'elle se les nettoyait. Le froid était cependant plus supportable que lorsqu'elle avait quitté son tipi, et cela lui faisait un bien fou de ressentir ces picotements au bout des doigts. Une fois qu'il n'y avait plus de traces noires sur ses mains, elle les approcha du feu sous les conseils de son hôte. Après la remarque de son frère Piccaninny, la squaw leva les yeux au ciel avec un sourire qui empêchait un rire franc de passer. Il était en forme. Puis elle haussa les épaules.

" Tu fais, à force j'ai fini par m'y faire. Ce n'est pas si terrible au final.

Mais ces temps-ci, la viande avait plutôt tendance à geler rapidement, il était donc nettement plus difficile de la manger crue. Et de toutes façons, parfois elle était bien obligée de la manger crue ! Ses Chasses ne lui permettaient pas de faire un feu, car lorsqu'elle était sur un gros gibier, sur une traque, elle ne devait se faire repérer pour rien au monde. Et le feu était la chose qui la trahirait à coup sûr ! Mais elle ne se justifia pas plus auprès de Capricorne. Certain pensait qu'elle agissait par fainéantise, mais il n'en était rien. Elle ne parvenait vraiment pas à savoir quand la cuisson était bonne, alors oui, elle avait jeté l'éponge et avait choisi la facilité. Même si cela avait entraîné quelques soucis de santé au tout début. Là, elle tolérait la viande crue.

" Il manque juste l'odeur alléchante lorsque c'est cru... avait-elle soufflé, encore une fois avec une moue faussement boudeuse.

Puis elle rit doucement. D'ailleurs, bientôt ce serait ses mains qui allaient cuire si elle les laissait trop longtemps proches du feu. Elle les recula alors, les coinçant entre ses cuisses pour finir de les sécher et les réchauffer. Son ventre se mit à gargouiller, forcément à force de parler de nourriture, cela attisait sa faim, il fallait s'en douter. Mais avec la journée qui était déjà bien avancée, elle n'était pas certaine qu'ils parviendraient à récupérer de la viande. Il fallait dire qu'en ces temps compliqués, les bonnes choses se faisaient rares. Mais étant donné que le Cocon brillait plus fort que jamais, la faune allait pouvoir se remettre petit à petit de son traumatisme. Tout comme eux.

" Tu penses qu'il en reste encore ? Je suis sortie un peu tard, et je doute que l'Esprit Loup aura été clément avec nos chasseurs.

Atheris Flamboyante haussa les épaules, ce n'était pas en restant ici qu'ils allaient savoir s'il avaient droit à de la viande ou non. Elle ramena un peu plus sa fourrure sur ses épaules et passa une main sur sa gorge pas assez couverte à son goût, pour la descendre sur ses colliers. Cela lui faisait un bien fou de les sentir entre ses doigts. Mais il fallait déjà les couvrir pour affronter la morsure dehors. Elle chercha du regard la paire de moufles, pour les attraper et les enfiler en douceur. " C'est si doux... avait-elle soufflé.

Elle n'avait pas tord, cependant, il y avait toujours quelque chose. Du moins, c'était ce que le Capricieux se disait. En permanence. Bon, souvent, c'était grâce à Boa Nocturne qu'il s'en sortait. Parce que le chaman tolérait le caprice de Capricorne, mais certes pour la nourriture... il ne quémandait pas auprès de son maître, ce serait bien idiot de sa part. Mine de rien, l'apprenti savait les bases de la chasse dans le pire des cas, et avait appris ce qu'il pouvait manger comme végétaux. Bon... là... niveau végétaux... la période était bien triste.

Il se levait et reprit la peau qu'il avait délaissé en entrant, ça l'attristait presque de cacher ses dessins minutieux. Mais Attraper la mort ne donnait pas très envie. Souci rapidement mis de côté pour que l'attention se porte sur ce qu'Atheris faisait. Capricorne Silencieux contrôlait presque que la Colorée mettait bien les gants.

Et ce fut chose faite.

Se penchant pour sortir du tipi, écartant les fourrures qui visaient à couper le froid, le Capricieux expira afin de faire sortir de la buée de sa bouche. C'était bien la seule chose qui amusait l'apprenti avec la situation actuelle. Il attendit ensuite sa soeur Piccaninny, en avisant déjà la direction des repas.

- On peut toujours essayer. Tu ne vas pas non plus mourir de faim, le corps a besoin de la nourriture pour se réchauffer. En partie.

Un temps, en regardant Atheris, pour voir si elle ne gelait pas instantanément.

- Tu as assez chaud ?

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Atheris acquiesçait à ce que lui disait l'apprenti du chaman. Non elle n'allait pas mourir de faim, c'était sans doute et seulement pour sa satisfaction personnelle d'ailleurs. Mais comme elle s'était un peu réchauffée en compagnie de son frère Piccaninny, alors forcément ses instincts d'entant revenaient un peu. Il lui en fallait peu à la Colorée. Pourtant, lorsqu'il souleva la peau qui empêchait l'air froid d'entrer dans le tipi, la peau-rouge remonta un peu plus sa propre fourrure sur ses épaules, ses oreilles. Rien que de sentir à nouveau le vent froid lui suffisait à perdre toute la chaleur qu'elle avait pu gagner avec le Capricieux. Elle serra des dents et ses leva pour quitter le tipi.

Ayant mis un pied dehors, la jeune femme regrettait soudainement d'avoir osé dire qu'elle avait un creux. Elle s'en voulait terriblement. Cependant, marcher un peu ferait aussi un peu de bien. Du moins, c'était ce dont elle voulais se convaincre à l'heure actuelle. La squaw serra tout ce qui pouvait être resserrer contre elle, surtout ses fourrures. Elle était crispée au possible, les épaules remontées contre ses oreilles et le nez chatouillé par les longs poils de sa peau. Sa presque bonne humeur avait quasiment instantanément disparu, mais il fallait se faire une raison, ils allaient pouvoir se mettre quelque chose sous la dent. Elle les serraient d'ailleurs si fort ! Pour ne pas qu'elles claquent entre elles.

" J'ai connu pire.. avait-elle grincé.

Elle était dans l'inconfort le plus total, mais elle savait bien que la vie ne faisait pas de cadeau, et elle devait se battre pour s'en montrer digne. Un long frisson la parcourra toute entière alors qu'elle se tournait vers Capricorne pour lui faire signe d'y aller. Elle ne savait pas trop ce qu'il allait leur rester, mais au moins cela permettait de donner signe de vie au campement. Elle avait survécu à cette nuit là, encore, et elle devait s'en trouver heureuse. Mais bon sang que le froid la rendait ronchonne. Et elle n'aimait pas être ainsi, parce que cela n'avait jamais été dans sa nature, d'être de mauvaise humeur. Au moins, l'essentiel était qu'elle n'avait plus si froid que ça aux mains, c'était sans doute la partie de son corps qui était le plus réchauffé.

Atheris vint appuyer son épaule contre son frère Piccaninny, histoire d'essayer de capter un brin de sa chaleur, et aussi de ne pas se sentir seule. Le visage tourné vers le sol pour essayer d'éviter que le froid ne givre son petit minois, la Colorée avançait presque à tâtons. Par ailleurs, elle sentait l'onguent qu'elle s'était étalé sur le visage se durcirent un peu, cela avait été une mauvaise idée sans doute, mais au moins cela lui faisait une couche protectrice de plus. Il fallait relativiser dans des moments pareils. D'ailleurs, s'il le fallait, la Colorée pourrait accompagner le Capricieux en Chasse, si vraiment il n'y avait plus rien au camp. Bien que cela l'étonnait pas mal, elle se dit qu'elle n'était encore jamais partie chasser avec quelqu'un. Préférant de loin être seule pour cet art, ils avaient tous leurs techniques, et Atheris préférait être en tête à tête avec elle même.

Pourtant, Atheris Flamboyante fit l'erreur de se laisser aller à ses pensées, plutôt que d'écouter son corps. Elle ne marchait pas spécialement droit, et ses jambes tremblaient à chacun de ses pas. Ses frissons s'étaient fait plus intenses, peut être qu'ils avait quitté le tipi trop rapidement et que le froid lui était monté à la tête.

" Attends..! souffla-t-elle en s'accroupissant soudainement.

Elle lui demanda juste un instant, un instant pour reprendre le contrôle de son propre corps. De ses fourrures, elle couvrit aussi ses jambes, car malgré le fait qu'elle avait fait son possible pour les tenir au chaud, elle avait tendance à les oublier un peu. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait plus que tout, c'était cela. La squaw aurait voulu lui demander d'aller chercher de quoi grignoter seul, qu'elle rejoindrait le tipi à son rythme. Mais elle en fut incapable, non, elle voulait l'accompagner. Et puis même, elle voulait voir le monde. Plus, il fallait qu'elle s'active pour plus tard dans la journée, elle ne pouvait pas rester à se morfondre à cause du froid des jours durant. Elle ne voulait pas être un poids. Et on comptait sur elle.

" Ca va aller... fit-elle, pour elle même. Il fallait que ça aille. Pour la santé de son esprit.

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