Elle ne sait pas combien de temps elle reste là, contre toi. C'est pas grave, c'est pas important. Le temps n'existe pas. Blottie contre toi, fourrée dans ton manteau de plumes vermeilles, Her laisse couler. C'est un peu de tout qui part, de la trahison de Pretty et la perte de son frère à celle de ses doigts, aux cauchemars qui s'entassent chaque nuit. Ca passe par la peine de te savoir mal, le bienfait de te revoir, la fatigue nerveuse et physique.. Le duvet écarlate l'accueille alors que tu lui parles doucement, que tu la berces de tes mots.

Elle ne sait pas combien de temps elle reste là contre toi avant que ses larmes ne s'apaisent. Quand enfin le flot semble se tarir, Her se dit qu'il faudrait qu'elle se ressaisisse. Qu'elle te libère de son poids, qu'elle reprenne son aplomb, quand même. La réponse fuse tout aussi vite dans sa tête : pas envie. Pas envie de déjà redevenir solide, pas la force. Alors, au lieu de ça, Her décide de dire fuck au devoir. D'emmerder son sens des responsabilités, son rôle de meuf solide et qui protègera le monde de tout et n'importe quoi. Parce que c'est justement son monde qui l'a aussi foutu par terre à travers Pretty. Her décide que pas aujourd'hui, pas maintenant. Elle fait la grève. Alors, au lieu de se remttre droite et de faire la forte, Her entrelace vos doigts et serre ta main. Her se blottit un peu plus contre toi, en fourrant son museau dans ton cou.

Ca lui rappelle le bassin et le rouge lui monte un peu aux joues, il faut bien l'admettre. Mais pas envie de bouger. L'odeur de ta peau vient à sa rencontre, et il lui semble sentir de ta chaleur l'atteindre. C'est doux. Ca fait du bien. Tu es doux. Avec elle en tout cas, parce qu'elle sait bien que tu n'es pas comme ça avec tout le monde. Il suffit d'écouter les rumeurs pendant deux minutes.

- Pourquoi t'es aussi gentil avec moi ? On se dispute tout le temps.

C'est dit avec une sorte de sourire désabusé. Le fait est que proportionnellemnt elle s'est bien plus pris le chou avec toi qu'avec Pretty, et pourtant.. Tu restes. Lui non. Quelle est la logique là dedans ? Alors oui certes, tu as dit qu'il n'était pas décidé mais.. Depuis tout ce temps ? Pas de nouvelles ne veut pas dire bonnes nouvelles.

Dans un coin de sa caboche, la sentinelle se dit qu'il faidra lui parler, sans doute le surveiller. Plus obscurément encore vient l'idée qu'il faudra peut-être qu'elle te protège de lui. Qu'elle protège la révolte. Ca fait mal. Ca fait très mal, alors pour cette fois Her laisse couler cette pensée. Plus tard, s'il vous plaît. Laissez la souffler.

Pour l'instant, t'es là. Et ça lui fait du bien de le réaliser.

Elle restait la, tout contre lui. Blottie. Cachée dans son manteau. On ne la voyait presque plus, toute recouverte de rouge duveteux et soyeux. Apache la laissait faire, la laissait donner le rythme. Mener la danse. Prendre son temps. Et se calmer, l'air de rien, la pluie cessait, les larmes se tarissaient, et au loin, une éclaircie.
Pourtant, le garçon ne cessait pas de la bercer, de la réchauffer, de la rassurer de ses gestes et de ses murmures.
Il restait la, quoi qu'il arrive. Toujours présent.
Et il sentait qu'elle se réchauffait, la Fille, qu'Elle reprenait vie doucement entre ses bras. Comme une fleur qui renaissait, repoussant la terre, repoussant la neige, bravant le froid pour mieux se frayer un chemin vers le soleil.
Et elle sentait bon, Her. Toujours aussi bon. La peau toujours aussi douce, contre les lèvres du chasseur qui se mouvaient.
Ce n'était pas la première fois, loin de la. Est ce que cela deviendrait comme une habitude ?
Ce ne serait sans doute pas la dernière, quoi qu'il en soit.

- Pourquoi t'es aussi gentil avec moi ? On se dispute tout le temps.

La question fait doucement sourire le punk tout contre la sentinelle, et peut être qu'elle peut même sentir ses lèvres s'étirer contre sa peau, dans son cou.

- J'aime bien nos disputes. Un chouilla sur le ton de la blague. Par ce qu'on se réconcilie toujours, après. Et puis ils se disaient tellement de choses, dans ces moments la. C'est vrai, parfois ca faisait mal, mais ils en sortaient toujours plus proche. Un soupire dans les bras de sa camarade. "Je t'aime bien, tu sais." Et ca avait été dit sans arrière pensée. Sans volonté de quoi que ce soit.
Il l'aimait bien.
Tout simplement.
Il l'aimait beaucoup, même.

Her.
Sa camarade.
Mais pas que.
Pas seulement.
Un peu plus que ça, même.

A sa question, elle te sens sourire contre sa peau. Machinalement, elle-même esquisse une ombre de sourire mais avec moins de conviction. La fatigue lui tombe un peu dessus, et Her ne se sent pas l'envie ni la force de lutter. Rester bien calée, c'est tout aussi bien. Et très confortable.

Ta blague la fait sourire un peu plus franchement. Mentalement, elle te traite d'idiot avec affection. C'est bien une réponse qui te ressemble, ça. La suite lui fait un peu chaud au coeur bien que ça la déconcerte. Mais c'est vrai que vous vous réconciliez. Heureusement que vous ne restez pas fâchés. De là à apprécier les disputes pour ça, c'est peut-être un peu excessif ? A cette question, Her se rappelle qu'elle a failli se noyer volontairement pendant une dispute avec toi. Peut-être vraiment dire quoi que ce soit ? Si ça se trouve, elle est pire que toi. Cette bonne blague. Her, la Fille normale, plus extrême que le punk le plus notoire de l'Arbre.

Un soupire tout contre elle, une phrase qui la fige un peu. 5 mots, c'est tout ce dont tu as eu besoin. 5 Mots et Her hésite sur leur sens, se met à y réfléchir pour trouver tous les sens possibles que tu aurais pu y mettre. Les paroles de Owl et Pretty lui reviennent en tête, confusément. Des signes, des regards. Elle n'avait jamais vraiment voulu y croire. Jamais voulu y accorder trop d'importance. Mais aujourd'hui, qu'en penser lorsque ça vient si sincèrement et directement de toi ?

Her se mord un peu la lèvre, nerveuse. Incertaine. Que faire ? Que répondre ? Passé quelques instants à hésiter, elle se décolle enfin de toi, et ressent tout de suite le froid la saisir là où elle était blottie contre ta chaleur. Ca lui manque déjà. Mais il y a plus important, pour le moment. Vraiment plus important.

Face à toi, Her te fixe. Elle t'observe comme pour déchiffrer ce que tu viens de dire. Intense, mais sans aggression, elle te scrute. Une seconde, deux. La Fille déglutit, renifle machinalement.

- Vraiment ?

Sa main ne t'a pas lâché, son regard non plus. Ses deux yeux bruns sont ancrés dans les tiens si tu oses lui rendre la pareille. Il va être difficile de fuire la question. Le simple fait qu'elle ait relevé ta remarque lève toute confusion possible sur le sens qu'elle a pu mettre à tes mots. Sourcils légèrement froncés, Her essaye de comprendre, de savoir. Nier ce qu'on lui dit à propos d'un tiers est une chose. Le faire avec les propos d'une personne la concernant, et qui plus est lorsqu'il est question de sentiments quels qu'ils soient.. C'en est une autre.

Après sa dernière phrase, c'était un peu comme si Her s'était figée dans les bras du garçon. Il avait pu le sentir sans mal, tout attentif qu'il était à elle, et tout proche qu'ils étaient.
Doucement, elle s'écarta de lui, et bien évidemment, il la laissa faire, lui faisant désormais face, une moue un peu surprise, la fixant d'un regard innocent au possible.
Elle, elle semblait confuse, incertaine. Et Elle le fixa, longuement, avec une certaine insistance.
Qu'est ce qu'il se passait ?
Apache lui même n'avait pas réalisé la porté de ces quelques mots qu'il avait prononcé sans aucun calcul, avec un naturel visiblement déconcertant.
C'était aussi ça, quand on était du genre entier.
Ses mots n'avaient pourtant pas dépassé sa pensée, mais l'avait au contraire révélé sans même que lui même ne le veuille.
Et à la question que posa Her, le punk compris soudainement, et un peu brutalement la ou cette dernière phrase l'avait mené.

- Vraiment ?

L'iroquois cligna des yeux trois fois de suite, lui donnant sans aucun doute un petit air benêt, sur le coup.
Il ouvrit la bouche, puis la referma, ravalant sa salive alors qu'il resserrait légèrement la prise qu'il avait sur la main de sa camarade, contacte qu'elle avait prolongé avec lui.

Oh... Merde...

Il baissa les yeux, aussi, sec, piquant d'un fard, se retrouvant illico assorti à son beau manteau de plumes.

Merde ? Vraiment ?

Il resta un instant à fuir le regard de la Fille, soudainement beaucoup plus intéressé par les variations de couleur de la neige.
Il l'aimait bien, qu'il avait dit.
Et c'était vrai !
Sur le coup, il l'avait dit sans aucune arrière pensée, sans aucun... plus.
Et pourtant, ce plus, il existait !
Bien sûr qu'il en pinçait pour Elle ! Ca faisait un moment maintenant qu'il s'en était rendu compte et qu'il s'était même fait à l'idée ! Croque-Luv de Her, le punk ! A quasiment demander des conseils à ses potes et autres camarades ! A se questionner de savoir si Elle aussi Elle l'aimait bien, ou pas ! Avec un plus ou sans plus ?

"Bein..."
Toujours aussi rouge que le fameux drapeau communiste, l'iroquois risqua un regard vers sa camarade, se mordant la lèvre inférieure.

Oh et puis merde.

Une fois de plus, l'adolescent ravala sa salive, s'humectant les lèvres et prenant une inspiration, regardant la jeune fille qu'il tenait toujours par la main par en dessous, un peu, les joues toujours en feu, et la mine vraiment pas dans l'assurance, les yeux brillants même.
On choisissait jamais vraiment ce genre de moment, hein ?
Ca nous tombait dessus sans crier gare.
On initiait l'instant sans le vouloir.
Et puis, on avait plus le choix, ou plutôt, on saisissait sa chance et on se jetait à l'eau, sans bouée de sauvetage.

"Ouais." Avec une petite voix. "Vraiment." Et il referma la bouche, fixant la Fille, attendant sa réaction avec une appréhension qui crevait le plafond.
Il avait le cœur qui battait à cent à l'heure, et sa respiration s'était faite plus courte.
C'était un drôle de mélange entre excitation et trouille terrible.
Comme quand on s’apprêtait à découvrir les résultats du bac.
Quand on ouvrait un énorme paquet cadeau.
Quand on sautait du haut d'une falaise pour plonger dans un lac.

Ca faisait peur, et en même temps, c'était grisant.

Tu es surpris, quand elle se redresse, qu'elle t'observe. Ca se voit. Tu es simple à déchiffrer, Apache. Si expressif, toujours. Her trouve ça un peu terrifiant au contraire de ne jamais se protéger, de ne pas cacher qui on est et ce que l'on ressent. C'est peut-être une lâche, elle a bien passée sa vie à se cacher. Derrière les gens, derrière son nom, derrière son rôle. La pensée pique doucement sans que la Fille n'y prête attention : ce n'est pas nouveau, elle a déjà plus ou moins apprivoisé cette idée. Face à toi, elle t'observe. Parcours du regard ton visage, comme pour y lire la réponse à cette question qu'elle n'a pas encore posée. C'est un moment charnière, la brune le sens confusément.

Et quand enfin elle parle, quand il lui suffit d'un mot pour soulever tous ces doutes, ces conseils, ces commentaires, ses souvenirs à elle.. Oh, comme tu changes, si vite. Il ne faut pas longtemps pour que tu perdes de ta superbe. Her s'en veut. Elle voudrait s'excuser, te dire de ne pas stresser, c'est pas grave. En réponse à ton propre geste, Her serre ta main aussi, comme pour dire que tout va bien. Curieuse et confuse, elle t'observe te débattre avec tes émotions en se disant que c'est de sa faute si tu es soudain ainsi.

Pourtant.. Pourtant confusément ça lui fait plaisir. Est-ce normal ? Mais ça lui fait plaisir que tu ne chasses pas le sujet avec désinvolture, parce que ça veut bien dire qu'il y a quelque chose, peut-être ? Un truc au delà de la simple amitié, quand bien même les mots utilisés seraient les même. Un bref moment, Her considère la puissance du contexte, des allusions qui donnent aux même mots un sens parfois si différent et nuancé. C'est plus simple de réfléchir à ça que de reconnaître que son coeur bat la chamade et qu'elle se sent fébrile.

Ta voix, elle sonne fragile, perdue. Pauvre Apache, elle ta jeté sa question à la figure sans trop de préavis. Elle note que tu es tout rouge, la tête baissé, le regard fuyant. Ce n'est pas une experte en la matière, mais instinctivement elle sait que ça veut dire un truc, Ou du moins, elle s'en doute. Her ne veut pas présupposer, il lui faut des faits. Du solide. Au moins pour ça, au moins une fois. Elle avait assimilé que quand tu es mal, tu cherches le contact, voire tu l'inities. Que tu embrasse pour ne pas sentir la solitude, c'est ce que tu lui avais dit. Et le fait est que jusqu'à présent, chaque fois où elle avait senti cette tension imperceptible, tu étais mal. Très mal. Jamais elle n'avais pris au sérieux les commentaires de Pretty ou Owl entre autre à cause de ça.

Pretty..
Non. Dégage. C'est pas le moment, c'est pas ton moment.

Résolument la Fille chasse le livreur de ses pensée, juste à temps pour entendre ta voix à nouveau.

Ouais. Vraiment.

Oh merde, qu'elle se dit. Jamais elle n'a pensé "oh merde" avec autant de joie. Mais oh merde, c'est vrai. Oh merde. Her ne sait pas trop comment réagir. Ca fuse à tout allure dans sa tête, et dans son corps aussi il se passe de drôle de trucs. Elle se sent comme.. Pétillante. Energisée, sans trop savoir pourquoi. Sans trop le réaliser ni le contrôler, sa main serre la tienne et un sourire fleurit timidement. Oh merde, c'est vrai. Tu l'aimes bien, c'est pas des conneries. Comment ? Pourquoi elle ? .. Pourquoi pas elle ? Vous êtes proches, après tout. Elle le sait.

Nerveuse, la Fille se détourne enfin de toi et fixe un arbre un peu plus loin. Sa gorge se serre, elle a chaud, froid, et des guili dans le ventre. Plein de truc d'excitation qu'elle reconnait sans peine sans pour autant les voir ressenti si fort jusque là. Ta voix résonne encore dans sa tête, en boucle, et le constat qui va avec. Et maintenant elle ne sait pas quoi faire. Her a initié une chose qu'elle ne sait pas comment finir. Un nouveau regard vers toi, incertain mais toujours avec cette pétillance dont elle ne sait pas quoi faire pour la maîtriser.

Merde. T'es beau.

Her pique un fard à son tour, se mord la lèvre. Elle sait que c'est mal, et dangereux. Elle sait qu'elle change, et que demain elle sera peut-être une autre personne... Vraiment ? Une autre personne, ou davantage elle-même ? Dans un coin de sa caboche, ta voix résonne à nouveau depuis votre rencontre à l'Infirmerie. Elle change pas, elle se découvre. C'est tellement vrai. C'est tellement vrai et t'es le seul à l'avoir vu. A l'avoir dit. A l'avoir suivi aussi activement dans tout ce processus pour l'inciter à y aller.

Petit à petit, elle réalise. Elle réalise aussi les obstacles, les dangers, l'interdiction de grandir, d'aimer en quelque sorte. Elle réalise tout ce qu'il faut planquer, dissimuler. Tous les barrages à ça, quel que soit le "ça" en question. Mais plus plus important encore......... Her décide de s'en foutre. Merde aux règles, aux gens, aux cons. Merde à l'impossibilité de vivre comme on veut, merde aux rôles imposés, merde au devoir, merde à l'autorité. Merde, merde, merde !

La Fille se redresse, te voit à nouveau, refuse de réfléchir. Son coeur bat beaucoup, beaucoup trop vite et trop fort. Sa main garde la tienne prisonnière comme pour pas que tu t'envoles, et Her coupe tout. Toutes les pensées, toutes les idées, les peurs. Ne reste que son coeur qui tambourine face à ton regard, et vos mains liées.

Ne reste qu'un espace entre vous, qu'elle réduit progressivement sans y penser. Si tu ne fais rien, elle le fait voler en éclats. Le coeur en panique, sa main libre est enfouie dans tes plumes et Her oublie tout le reste.

Si tu ne fais rien, oui, elle oublie tout le reste quand ses lèvres se posent sur les tiennes.

Il lui avait répondu.
Ouais.
Il lui avait dit.
Ca y était. C'était pour de vrai. C'était on ne peut plus clair, non ? L'iroquois l’espérait de toute ses forces, et en même temps, avec presque autant de conviction, il espérait que non.
La trouille et l'excitation irradiaient, se mélangeaient, accélérant les battements de cœur du petit punk plus encore, lui nouant la gorge alors qu'il ne quittait plus sa camarade des yeux, appréhendant sa réaction, l'attendant avec impatience... Et espérant que le temps prendrait son temps dans le même temps.

Et si elle lui foutait une mega veste ?
Il se mordit la lèvre inférieure, sentant des sueurs froides lui longer la nuque.

Ce serait comme ca.
A respecter.

Et c'est tout ?

Et s'il y avait des conséquences irréversibles sur leur relation ? Et si elle lui en voulait, ensuite ? Et si plus jamais elle ne se sentait à l'aise avec lui ? Et si tout ça pâtissait à la révolte ??? Et s'il avait tout foutu en l'air, à l'instant ?
Et pourquoi est ce qu'il pensait à tout ça d'un seul coup, seulement maintenant ??
Pourquoi est ce qu'il n'avait pas su y penser AVANT ?
Avant de se déclarer..?
Merde.
Re merde !
Est ce qu'il regrettait ?

...

...

Non.

Non non non. Avant de commencer à se dire que c'était une idée merdique pas du tout assez méditée avant d'être appliquée, mieux valait attendre la réponse de la fille non ?
Elle avait les yeux qui s'étaient agrandit, lui dévorant le visage, et puis... Un sourire ?
Le cœur du garçon rata un battement, et soudain, Her lui serra un peu plus la main, comme pour le rattraper !
Ouf.
Sauvé in extremis !

...
Elle avait sourit.

Sûr ?
Oui... Sûr de chez sûr !! Il ne l'avait pas raté !
Elle était tellement belle quand elle souriait.
Mais du coup, ca voulait dire qu'Elle était...

Non attend.
Si ca se trouve, c'était juste la situation qui lui donnait envie de sourire. Peut être qu'elle trouvait ça.. Risible.
Ridicule.

...

Comme si c'était le genre de Her. Comme si c'était imaginable qu'elle puisse avoir une réaction pareille ? Mais non, c'était impossible, Elle n'était pas comme ça. Il la connaissait bien assez pour le savoir.

Et elle détourna le regard sous la mine surprise de l'Hérissé.
Elle était gênée ?
Qu'est ce qu'il se tramait dans la tête de la sentinelle ?
Apache crevait d'envie de le savoir, et dans le même temps remerciait le ciel d'être incapable de télépathie.
Les yeux sombres de la jeune fille revinrent vers lui, pour aussitôt le fuir de nouveau alors que ses joues rondes et pales se teintaient de rouge.

Elle rougissait ...?
Et comme par réflexe incontrôlé, Apache piqua lui aussi d'un fard supplémentaire, fuyant le regard de la sentinelle comme en effet miroir.

Ce ne fut qu'un instant plus tard que leurs mirettes se raccrochèrent les unes aux autres, revenant doucement, avec une certaine timidité, au moins pour l'un.
Pour l'autre ?
Pour Her.
C'était peut être un peu différent. Il y avait comme une forme de détermination au fond de ses yeux bruns, et cela fit s'agrandir le regard d'amande de l'iroquois.
Elle se rapprochait.
Doucement.
Lentement l'espace entre eux deux s'envolait, et le garçon retint son souffle, ne bougeant pas de la ou il était.
Il ne lui fallut pas si longtemps, a la Fille, pour franchir la distance qui les séparait, et pourtant, pour Apache, ce fut comme une éternité.

Et puis enfin.
Cet instant.

Ce moment dont il avait si souvent rêvé.
Alors il ferma les yeux, comme s'il s'endormait.
Et ce fut à ce moment qu'il se souvint de ces songes.
Au moment ou les rêves devenaient réalités.

Les lèvres de Her. Si douces. Si soyeuses. Qui se posaient sur les siennes en un baiser.
Elle avait l'une de ses mains tout contre lui, et l'autre toujours entrelacée dans l'autre, et sa bouche, sa bouche contre la sienne.
Surréaliste.
Et pourtant vrai.
Et comme pour capturer un peu plus de cette réalité, comme s'il avait peur que comme les songes, elle s'envolerait, l'anarchiste entrouvrit les lèvres, approfondissant le baiser, le rendant sans aucun doute plus mature, plus adulte, mais plus intense surtout, sa langue ornée d'un bijou de métal effleurant celle de sa camarade.. Et un peu plus que ça, maintenant.
Pas vrai ?

La main libre du garçon avait glissé tout le long du dos de sa compagnonne, remontant jusqu’à sa nuque, lui caressant les cheveux avec douceur alors qu'il l'embrassait.
Pour de vrai.
Il l'embrassait, comme les grands.

Her ne sait pas trop ce qu'elle fait. Tant pis, tant mieux, c'est comme ça. Elle refuse de réfléchir. Pour une fois, une seule fois elle veut juste suivre son instinct. Etre à nouveau prêt de toi. Un frisson la parcourt quand elle réalise ce qu'elle fait, ce qu'elle a fait. Quand vos lèvres se joignent, son coeur en amande s'épuise de la débandande. Ca cogne à rendre sourd, là dedans, et la Fille s'étonne presque de n'en pas trembler. Les yeux clos, elle se laisse aller. L'air lui manque un peu, alors que son palpitant fait une embardée en sentant que tu réponds. Et puis..

Moment de panique. Tu fais quoi, il se passe quoi ? Un battement qui foire, la respiration qu'elle retient, son corps se raidit un peu. Sa main serre la tienne dans un coup de stress, alors qu'elle se force au calme. Ton bras qui vient se lover contre elle la maintient, mais le geste est doux, bien trop doux pour que ce soit menaçant. Her se raccroche à ça, elle fait front, tâche de répondre. C'est maldadroit, ne lui en veux pas : c'est nouveau. Son angoisse n'a durée qu'un instant avant qu'elle ne se ressaisisse, sans trop savoir quoi faire à part essayer de s'adapter. Ce qu'elle fait donc, incertaine.

Quand le baiser se termine, Her ne réalise qu'avec un temps de retard ce qui vient de se passer. Son visage est encore tout proche du tien, difficile de rater les couleurs qu'elle prend maintenant ! Peut-être aussi qu'il y a un autre truc un peu différent, un peu moins enfant. Mais ce n'est peut-être qu'une illusion ?

Intimidée soudainement, la Fille se détourne avec un léger sourire et se fourre contre toi, le museau dans ton cou. Ca la rend délicieusement nerveuse, tout ça. La sensation de tes lèvres est encore là alos qu'elle se musse un peu plus contre ta peau comme pour s'y planquer.. Ce qui est un peu le cas. Elle sait que tu as de l'expérience, toi. Que tu as sans doute eu des gens avant, que tu saus où tu vas, ce qu'il faut faire. C'est d'un côté rassurant qu'au moins l'un de vous sache comment ça se passe.. Mais de l'autre ça la travaille. Et si elle ne faisait pas comme il faut ? Et si elle ne comprenait pas les règles de tout ça ? Et si... Et si tant de choses, trop de choses. Alors, pour parer à ça, elle hume ton odeur, se calme contre toi.

- Putain..

C'est dit dans un souffle, comme si elle ne réalisait pas encore. Ouais. Oui. Ca s'est vraiment passé. Ca se passera encore, peut-être ? Sans doute ? .. Normalement, potentiellement ? Elle ne voit pas de raison pour laquelle tu la virerais maintenant. Sauf si tu la trouves potiche ? Pas assez expérimenté, ça peut peut-être t'embêter ? Après tout ça peut être ennuyeux pour toi de te coltiner une débu-non allez non. Stop. Cesse. On arrête, ça va aller, faut pa sdejà recommencer à trop réfléchir.. Pas vrai ?

Mais ça la travaille.

Her avait initié le geste, faisant disparaitre ce qui les séparait, venant à lui et posant ses lèvres sur les siennes, et puis Apache avait approfondie le baiser, par ce que c'était comme ca qu'il faisait, ce garçon. C'était de cette manière qu'il embrassait.

Cela aurait pu faire fuir la sentinelle, lui déplaire. Ca l'avait crispé, au moins, et le punk avait bien senti le corps de sa camarade se raidir, sa main se resserrer un peu plus sur la sienne. Il avait pensé évidemment à stopper le baiser, s'enquérir des impressions de la Fille. Peut être était-il allé un peu vite ? Mais lorsqu'un instant après, elle répondit à son tour, les inquiétudes du chasseur s'envolèrent aussitôt, profitant de nouveau entièrement de l'instant présent. De cette drôle de danse dans laquelle ils s'étaient lancés tout les deux.

Ils s'embrassaient.

Et c'était tellement agréable. Tellement doux. Tellement chaud. Comme un morceau de soleil qui réchauffait tout, éclairait le sombre, faisait fondre la neige autour d'eux.
Les lèvres de Her, c'était comme un coin de paradis. Comme la liberté qu'on saisissait à sa commissure, au détour d'un sourire.
Elle sentait si bon. C'était sucré, c'était doux, ses cheveux qu'il caressait doucement du bout des doigts.

Mais comme toute bonnes choses avaient une fin, celle ci ne dérogea pas à cette triste règle.
Le baiser se termina.
Et a peine s'étaient ils séparés qu'Apache avait déjà envie de recommencer, s'humectant les lèvres, restant tout près d'Elle, les yeux entrouvert et quelque peu embués.
Passer le restant de l’éternité à s'embrasser, est ce que c'était une si mauvaise idée ? Pour l'anarchiste, en cet instant, c'était une possibilité à sérieusement étudier.

Mais Her en décida autrement, se calant tout contre le garçon, le nez dans son cou. Celui la ne bougea pas, ou presque pas, sa prise sur elle se resserrant avec douceur dans une étreinte câline alors qu'il la tenait toujours également par la main, la lui caressant du pouce affectueusement.
Elle souriait, lorsqu'ils s'étaient séparés. Et elle rougissait, aussi.
Impossible à rater.
Et le punk aussi, souriait. Sereinement, alors qu'il la tenait contre lui, sentant son souffle contre sa peau.
- Putain... Le mot avait été dit dans un souffle, dans son cou, et le révolté ne pu réprimer un frisson agréable qui lui remonta tout le long de la colonne vertébrale et jusque dans sa nuque.
- Ca va ? Il avait chuchoté tout contre elle, accompagnant la question d'un baiser dans les cheveux de la Fille. Un bisou tout simple, et bourré d'affection.
Il y avait beaucoup de chose, dans ce "ca va", beaucoup de questions différentes qui pouvaient s'y greffer.
Est ce que ca t'a plu ?
Est ce que tu es bien, la ?
Est ce que tu te sens bien avec moi ?
Est ce que tu ne regrette pas ?

Par ce que la magie de l'instant passé, Apache se rendait bien compte de la situation dans laquelle ils étaient, dans laquelle Elle était, surtout. La raison de leur rencontre, loin d'être anodine. La blessure que cela avait pu ouvrir dans le cœur de la sentinelle et à quel point tout cela avait pu la rendre vulnérable.
Lui même étant coutumier, il ne pouvait que comprendre de comment Elle aurait pu vouloir ce contacte la avec lui... Mais pour des raisons qui pourraient également l'amener à regretter. A se sentir mal, ensuite.

Alors... Est ce qu'ils étaient ensemble, maintenant ?
Ou est ce que Her n'avait pas seulement cherché du réconfort dans les bras du garçon qui lui avait avoué ses sentiments dans un moment parfaitement inopportun ?
Est ce que ceci ne serait encore une fois qu'un rêve qui s'évaporerait aussi vite qu'il était apparu ? Ou bien cette fois ci, c'était bien dans le réel qu'Apache et Her s'étaient embrassés.

Elle reste contre toi. Ca lui fait du bien, fondamentalement. Ce n'est pas la première fois qu'elle le remarque. Mais il y a aujourd'hui un sentiment de.. De quoi ? Parlons sentiments, tiens, où en sommes-nous ? Nouveau fard qu'elle pique alors que d'une pichenette nerveuse elle envoie voler cette question plus loin dans son esprit. Pourquoi réfléchir, toujours? Pourquoi ne pas pouvoir simplement profiter de ce moment calme, serein, où elle se sent bien et à sa place ? Ah, c'était ça. C'est justement ça : elle se sent à sa place contre toi.

Le juron un peu abasourdi de ce qui s'est passé attire ton attention, évidemment. A ta question, elle sourit, doucement. Ca va. Elle se sent bien, t'es là et fiabl..e. Ouais. Toi t'es fiable. Pas comme d'autres. Tu feras pas comme Pretty, hein ? Tu feras pas comme lui, à te rapprocher pour ensuite poignarder dans le dos une fois la confiance instaurée ? Tu ne mettras pas soudain de la distance, à ne pas causer de l'essentiel et de ce qui te préoccupe ? Her n'est pas bête, elle sait que certaines choses n'appartiennent qu'à toi. Mais sur ce qui est partagé, dis, tu seras honnête ?

Toutes ces pensées fusent en un instant, alors que tu embrasses doucement sa chevelure. Une vague d'émotion la prend aux tripes, ta douceur remue le couteau dans la plaie ouverte par un autre.. Mais tu apaises, en même temps. La dualité, souvent présente chez elle, n'aide jamais à gérer les choses.

Hochant un peu de la tête, elle lâche ta main pour t'enserrer de ses deux bras. Son visage résoolument caché, parce qu'elle ne veut pas affronter le monde, pas déjà, Her finalement prend la parole avec un peu d'hésitation.

- Hm. Avec toi, oui.

Cette phrase ne veut rien dire en soi, si ? Her ne sait pas si ça te répond et ne se sent pas de développer. Un léger reniflement, mais le sel est encore tenu en laisse. Un profond soupir, et Her ponctue sa phrase d'un léger, tout léger bisou dans le cou. C'est pas ta faute, si elle a des pensées parasites, et un con de frère qui.. reste son frère ? Ou pas ? Compliqué. Her ne sait pas quoi en penser, ni comment réagir. Elle a mal, bien sûr. Elle se sent en colère, et pas qu'un peu. Mais de là à le renier direct ? Non, c'est au dessus de ses forces.

- Je sais pas quoi penser de Pretty. C'est dangereux et nul ce qu'il a balancé, mais..

Mais c'est son frère. Qu'elle le veuille ou non, c'est son frère. Et quand bien même elle est dans uen rage noire, quand bien même elle souffre de cette nouvelle que tu as du lui annoncer.. Elle sait, au fond, qu'elle n'arrivera pas à le virer de sa vie si simplement. Pis encore, Her se retrouve prise en tenaille par elle-même. Entre sa raison qui lui dicte de le surveiller et de s'en méfier pour ne pas qu'il fasse davantage de dégâts, et ses émotions qui sont simplement blessées sans pouvoir s'empêcher d'aimer ce petit con blondinet.. Une question atroce se laisse deviner, qui pèse de tout son poids sur Her et l'écrase tout à faire.

Faudrat-il qu'elle choisisse un camp ?
Faudrat-il vraiment qu'elle choisisse entre famille et révolte ? Ou pire encore..

Entre toi et lui ?

Her avait fini par lâcher la main du garçon pour mieux l'enlacer, mieux le serrer tout contre elle, et dans le même mouvement, il fit de même, la prenant dans ses bras, réduisant plus encore cette distance qui pourtant n'existait déjà plus.

"Hm. Avec toi, oui."

Et comme c'était rassurant d'entendre ça. Comme ça faisait chaud au cœur. Apache en soupira de plaisir, contre la jeune fille. Il se sentait tellement bien la. Rassuré, au chaud, protégé ? Oui. Carrément. Her, c'était la lueur dans sa nuit. Sa veilleuse. Sa camarade. Son amie. Celle qui le recadrait, aussi, quand c'était nécessaire.
Et puis maintenant, c'était sa petite amie.

Sa petite amie.

Pour de vrai ?

On aurait bien dit.

L'iroquois senti un léger baiser dans son cou, qui le fit frissonner de bien-être, comme pour confirmer.
Elle était la.
Il était la.
Ils étaient la, l'un pour l'autre.
Et c'était bon.

D'un seul coup on se sentait tellement moins seul. C'était étrange. Pourtant l'Hérissé le savait, Her avait toujours été la pour lui. Mais, il y avait comme un truc de plus, désormais. Étrange. Difficile à analyser. Il n'avait même pas envie de s'y attarder. Juste envie de profiter. De se sentir porté, soutenu, tout en soutenant lui même.
C'était juste comme ça.

Sa petite amie.
Qui se posait de toute autres questions, pendant ce temps la. Qui se battait avec des pensées bien plus sombres, bien plus effrayantes.


"Je sais pas quoi penser de Pretty. C'est dangereux et nul ce qu'il a balancé, mais.."
Mais est ce qu'on pouvait si facilement tirer une croix sur lui ?
Est ce que le lien qui pré-existait ne valait plus rien, soudainement ?
Pourquoi... Pourquoi est ce qu'il avait fait ça ? Pretty... Pourquoi ? Qu'est ce qui lui été passé par la tête ? Il avait eu peur. Mais peur de quoi ? De les perdre. De perdre ses amis. Et il ne s'était pas rendu compte que c'était justement cette peur qui risquait... Qui allait le faire tout perdre.
- Je sais pas non plus. Il avait avoué tout en caressant le dos de Her, se voulant rassurant mais honnête. "Je sais pas ce qu'on doit faire. Je sais pas ce que je voudrais qu'on fasse." Il haussa doucement les épaules, s'écartant finalement avec douceur, préférant parler a la sentinelle en pouvant la regarder, mais restant tout près d'elle, posant son front contre le sien, paradoxalement les yeux fermés, ses mains d'abord sur ses épaules remontant jusqu’à son cou, lui caressant la peau et jusqu’à son visage, ses mains l'encadrant, ses pouces lui effleurant les joues.

"Et ça doit être plus dur encore pour toi..." Il lui parlait, les yeux toujours clôt."Je lui en veux." Il avait brièvement froncé les sourcils. "Je le comprends pas." C'était difficile de se poser et de réfléchir à la question avec du recul. "Qu'il ai fait ça à la révolte... C'est déjà difficile à avaler. Mais qu'il t'ai fait ça à toi... "Le punk se mordit la lèvre inférieure. "J'crois pas que j'pourrais lui pardonner."
C'était pas tant une question de faire le mec. De se mettre en défense de la Fille dont il était mordu. C'était même pas tant une question de défendre, protéger une camarade, même si ca comptait aussi.
C'était une incompréhension totale.
Une attitude, une décision même si pas encore prise, qui allait a l'encontre de tout ce qui jusqu'ici représentait Pretty.

La fausseté.

Et si quelque part, ils s'étaient tout simplement trompé ?

Et si quelque part, Apache, en s'approchant de ce blondinet, ne s'était pas fait avoir ? Après tout, c'était lui qui l'avait recruté.

Et si depuis le début... Il s'était trompé ?

"Je m'en veux aussi. C'est en grande partie de ma faute."
En tant que recruteur, il avait cette responsabilité.
Et peut être bien qu'il n'allait pas pouvoir ne pas s'investir, se prononcer sur le cas de Pretty, par ce qu'il avait une grande responsabilité à prendre sur cet événement.

Vous restez blottis l'un contre l'autre. C'est apaisant, nouveau, et une comparaison cruelle à l'état de sa relation avec Pretty. Ta réponse, d'ailleurs, est aussi incertaine que ses propres mots quand la Fille a entammé la conversation. Tout comme elle, tu semble perdu et pris en tenailles. Ca lui fait mal pour toi, tout en égoîstement se sentant moins seule. Her te sent bouger, prendre un peu de distance sans jamais vraiment la quitter. Parler face à face sans pour autant affronter le regard de l'autre. Le pourquoi tu préfères, ça c'est une autre question. Elle, elle était bien à se planquer dans tes plumes. Mais la vie est ainsi également : on ne peut pas toujours se terrer quelque part en espérant que les problèmes se règlent. On ne peut pas non plus se contenter de fuire la réalité. Déjà, Her sens ses épaules se raidir malgré ta présente apaisante. La réalité, absurde et violente, la rattrape sans lui laisser une seule chance de lui échapper.

Tu as saisi son visage en coupe, tout en lui répondant. Her se tait, elle t'écoute parler. Tes yeux sont clôt, alors elle fait de même.

Grave erreur.

Privée de sa vue, tout le reste est soudainement décuplé. Son coeur tambourdine comme pour mieux s'échapper. Ses autres sens sont soudain amplifiés. Tes mains, ta voix. Les mots que tu emploies semblent peser physiquement dans l'air, la heurter au passage avant de s'écraser lourdement au sol. La Fille en sentirait preste les vibration sourdes. Une soudaine envie de pleurer la prend, alors qu'il lui est impossible d'esquiver tout ce qui la poursuit. Tout semble plus grand, plus fort, plus sombre. Et pourtant calme, si calme. Un calme trompeur, un calme de Nuit. Alors, pour contrer ça, Her se laisse glisser, tout au fond. Là où il n'y a plus de tourments ni d'émotions, là ou le fracas de l'extérieur ne peut plus l'atteindre.

Ta voix, tes mots lui parviennent comme de très loin. Il n'y a plus autant d'impact, bien qu'elle saisisse leur sens parfaitement. Sa nuit isole, sa nuit protège. Ce n'est pas le carcan de fer qui résiste à tout en bloc avant de se briser, non. C'est plus fluide, souple. Les choses arrivent et lui glissent dessus, comme un cocon protecteur. Il faut simplement prendre garde à ne pas s'y oublier, et à remonter prendre une bouffée d'air. Mais pour l'instant.. Pour l'instant elle y est bien. Ses épaules se détendent un peu, son front pèse un peu plus contre le sien. Her est dans sa Nuit, et laisse les choses glisser autour d'elle tels des courants profonds.

Calmement, elle t'écoute. Laisse tes mots et tes doutes lui venir, en leur temps. Certes, c'est elle qui a inité la conversation sur le sujet. Mais ses émotions sont encore trop brutes, il lui est difficile de savoir quoi en penser. Mieux vaut s'en détacher autant que possible, ne se concentrer que sur l'essentiel. Comme lorsqu'elle s'entraîne et ne doit penser qu'aux mouvements. Ses mains te libèrent et se posent sur les tiennes alors que tu continues de parler. Colère, douleur, et tant d'autres choses encore qui passent à travers ta voix. Her en sent la force, reconnaît l'écho de ses sentiments face aux tiens. Et pourtant.. Elle laisse aller. Elle laisse tout remonter comme si ce n'était pas elle, ni toi, comme si ce n'était rien qui pouvait l'atteindre. Oh, bien sûr tout finira par la rattraper. Mais pour l'instant sa Nuit la protège.

Quand tu finis de parler, quand tu termines par un aveu aussi douloureux, Her secoud doucement la tête. Tu fait fausse route, petit punk. Et tu te charges de beaucoup trop.

- Hey, d'abord. Non, c'est pas ta faute. T'es pas responsable de ce que les gens font, et t'es humain. Et puis, t'es pas le seul à être pris par surprise par ça.

Her se souvient vaguement de doutes dont Pretty lui avait parlé il y a longtemps... Si longtemps. Mais à l'époque, il lui semblait que c'était réglé. Avait-elle eu tort aussi ?

- En plus, tu l'as dit toi-même. On ne connait pas encore sa décision. Donc avant même qu'on décide un truc, faudra savoir où il en est, où tout le monde en est avec ça, et lui, et ce bordel.

Et elle, où en est-elle ? Difficile à dire. Her espère. Her se raccroche à cette discussion qu'elle s'est promis d'avoir avec le blondinet. Il y a un espoir. Un espoir que ça se règle, un espoir un peu miraculeux. Mais finalement, peut-être bien que la Fille a envie de s'y raccrocher, à cette dernière chance. Un part d'elle redoute un peu le résultat de l'entrevue.. Mais il faut. Il faut la faire, il faut avoir des réponses. Ou ou moins tenter sa chance.

Caressant du pouce tes mains, elle se demande pourquoi tu reviens avec ça, avec sa peine à elle. Un bref moment, la douleur échappe à l'emprise de sa Nuit pour la frapper de plein fouet. Her veut se concentrer pour la garder loin, mais ce n'est pas si simple. Un peu fébrile, Her inspipre profondément. Elle peut sentir ses défenses se reformer, se solidifier. Entre le détachement et le bouclier, elle arrivera bien à trouver un équilibre, non ?

- T'inquiète pas pour moi.

Ca sonne à peine trop sec, Her s'en veut. Mordant brièvement sa lèvre, forçant ses deux main à ne pas bouger, Her se force au calme. Un bref spasme de sa dextre que tu ne peux pas rater vu comment vous êtes installés.. Et c'est tout. Elle même ne sait pas trop comment, mais elle parvient à se contrôler. Un bref baiser qui ne s'éternise pas, juste pour dire que c'est pas contre toi, et elle reprend la parole.

- Je comprends pas non plus, et c'est pour ça que je veux lui parler. Après ça.. On verra. On verra ce que ça donne, mais..

Mais ?

- Toi même tu sais : j'aime pas qu'on me prenne pour une conne.

Tout sa colère, toute sa rage accumulée, ses sentiments sous couvercle.. Tout est là, dans ces quelques mots. Her, qui garde le contrôle. Her, qui se contient.

Her, une bombe à retardement. Et elle le sait.

Her était calme. Tellement calme. Presque étrangement calme.
Elle avait les yeux fermés, elle aussi, et c'était presque comme si elle s'était endormie. Apache ne pouvait pas la voir, mais il pouvait le sentir.
Au rythme de sa respiration, à comment elle restait immobile, à son front qui se reposait un peu plus sur le sien.
Il n'y à qu'a la dernière phrase du punk que la sentinelle fini par s'animer, agitant doucement la tête à la négative pour signifier son désaccord.

"Hey, d'abord. Non, c'est pas ta faute. T'es pas responsable de ce que les gens font, et t'es humain. Et puis, t'es pas le seul à être pris par surprise par ça."
L'iroquois eut envie de protester, mais sa camarade continua, lui coupant l'herbe sous le pied.
"En plus, tu l'as dit toi-même. On ne connait pas encore sa décision. Donc avant même qu'on décide un truc, faudra savoir où il en est, où tout le monde en est avec ça, et lui, et ce bordel." Cette remarque fit mouche, convainquant le chasseur qui renonça finalement à contrer l'argumentation bienveillante, mais surtout juste de Her.

"Oui... C'est vrai." Qu'il se contenta de dire. Et il le pensait vraiment. Pretty n'avait à priori pas encore pris sa décision puisqu'il lui avait promis de l'en informer dès qu'il se serait décidé.
Mais le temps avait passé, aussi inexistant soit-il, finalement quantifiable par les chamboulements qui séparaient ce douloureux aveux qu'il avait fait au punk, dans l'infirmerie, et le moment présent.
Est ce qu'il avait oublié sa promesse ? Est ce qu'il avait eu peur de dire en face a Apache qu'il avait pris la décision de les quitter, de les trahir ?
Après tout, Pretty savait forcément ce qu'il risquait à les laissé tomber, à quel point cela pouvait être dangereux pour les révoltés, et donc, pour lui.
Le blondinet était loin d'être un idiot, il y songerait forcément...

La Fille caressait doucement les mains de l'Hérissé qu'elle avait posé sur les siennes, les réchauffant, puis, elle soupira profondément.

"T'inquiète pas pour moi."
Le ton différent de cette phrase et surtout un bref sursaut dans la main droite de la sentinelle attirèrent l'attention de l'anarchiste qui ouvrit les yeux d'un seul coup, fixant le visage pourtant toujours aussi placide de la Fille.
Un peu étrange.
Il était pourtant quasi sûr de voir de la colère ou autre chose se peindre sur la mine de sa compagnonne. Pourtant non, elle restait de marbre.
Un baiser rapide qui claqua discrètement sur les lèvres du punk, se voulant certainement rassurant, et elle continua.

"Je comprends pas non plus, et c'est pour ça que je veux lui parler. Après ça.. On verra. On verra ce que ça donne, mais.. Toi même tu sais : j'aime pas qu'on me prenne pour une conne. "
Ce n'était vraiment pas le moment, et Apache le savait, pourtant, il ne pu empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres.
Ce n'était pas drôle. Ca n'avait rien d'amusant. Mais oui. Oui il savait ! Oh comme il savait ça, le révolté ! Oh comme il avait pu prendre cher de s'être amusé à ce jeu avec Elle ! Et plus jamais il ne s'y risqua, d'ailleurs, comprenant très vite que la carte de l’honnêteté était la seule jouable à la table de Her.
Et ça le faisait sourire, l'air de rien, ouais.
"Ouais." Qu'il lâcha finalement. "T'as raison !" Et son ton s'était fait plus assuré, reprenant comme du poils de la bête, soudainement. "Juste... T'es pas toute seule la dedans, d'accord ?" Sa voix s'était radoucie, et ses mains tatouées avaient glissés des joues de la brune, s'attardant sur ses épaules avant de se saisir des mains blanches de la Fille, les pressant doucement, avec délicatesse, accompagnant ses dires, signifiant sa présence à ses cotés. "Reste pas toute seule."
Et le chasseur ne parlait pas seulement physiquement, mais surtout mentalement.
"J'suis la pour toi. N'importe quand, pour n'importe quoi !"

Pour t'amuser, pour t'enerver, pour pleurer, pour te changer les idées, pour évacuer, pour te défouler, pour tout, pour toi.
Inutile de préciser qu'il s'agissait d'une promesse, cela sonnait profondément dans sa voix.

Le temps est impossible à mesurer, Her le sait. Pourtant, il y a des moments où il lui semble le ressentir bien plus intensément. Le temps se distend, se contracte, s'échappe de tout contrôle pour ajouter à la confusion des émotions. la Fille se concentre sur son souffle, son attitude. Contenir, maitriser. C'est plus simple, pour elle. PLus simple que de s'ouvrir, plus simple que de se montrer à découvert. Même face à toi.  Pas qu'elle ne te fasse pas confiance, c'est juste un fonctionnement instinctif.

Ton sourire la prend de court, quand elle l'entend dans ta voix.et enfin elle te regarde, les sourcils un peu froncés. Kesstah. Tu te moques ? Ca ne te ressemble pas, pourtant. Non, c'est pas ton genre, pas sur ces trucs là. Ca la force à se radoucir, même si elle te jette un regard perçant malgré tout. Est-ce que c'est pour ça que tu te radoucit toi aussi ? Que tu lui souris, te fait de velour, lui attrape les mains ? Ta sollicitude la touche, autant qu'elle l'embarrasse. Que répondre ? Her sait qu'elle ne peut pas promettre quoi que ce soit, qu'elle ne peut pas garantir de justement garder ses états d'âme pour elle. Incertaine mais ne voulant pas te mentir, la sentinelle hausse un peu des épaules avec un vague sourire et détourne le regard. Un soupire, alors que tu surenchéris. Her, si franche, est soudain presque fuyante.

- Je sais que t'es là pour moi. Et c'est gentil.

..... Mais ?

Elle se redresse et à nouveau te regarde en face, avec un air d'excuse.

- Je sais pas de quoi j'ai besoin, ni comment je veux gérer ça. Mais si besoin, promis, je penserais à ton offre.

Elle ne peut pas faire mieux. Un nouveau, profond soupir, et la Fille regarde autour de vous. Il va falloir qu'elle reparte.  Déjà. L'envie de fuire ce sujet de conversation n'est pas assez fort pour qu'elle souhaite te laisser et rentrer au camp. Pourtant.. Pas le choix. Garder le rôle aigri et renfrogné une fois au camp ne sera pas compliqué. Face à Pretty...... Elle fait comment ? Elle fait quoi ? Ces pensées roulent un peu dans sa caboche alors qu'elle observe le paysage blanc et calme qui vous entoure. Quelque part, ça l'apaise. Il va falloir bien de ça pour garder la tête froide et ne pas tout balancer pêle mêle à Pretty. D'ailleurs, comment elle amorcera ça ? Elle lui dit quoi ? "Hey, Apache m'a dit que tu pensais te casser, que tu lui en avais causé" ? Cette bonne blague. Peut-être commencer plus finement, ne pas révéler tout ce qu'elle sait. Et en parlant de révéler.. Et pour vous ? Elle fait quoi ?

Ca lui fait mal de réaliser qu'elle s'est déjà décidée, au fond.  Non, elle n'en parlera pas à Pretty. Pas avant de savoir sur quel pied danse le blondinet, par avant de savoir si c'est dangereux ou pas. Et ça fait mal, si mal de déjà sentir des remparts de défiance entre elle et son frère de coeur.

- Dis. Pour.. Euh. Nous ?

Her est incertaine, et c'est presque une question, comme si elle voulait vérifier que oui, y a un "nous" qui tient. Un bref regard vers toi, qui bien vite se baisse sur vos mains liées.

-  Tu le sais sans doute déjà, mais. Je pense pas qu'il faille trop en parler, c'est dangereux. Et, euh. Même aux proches, je veux bien que tu n'en parles pas. Pour l'instant. Entre ça, Pretty, le reste.. Ca fait un peu beaucoup pour moi à digérer d'un coup, je t'avoue.

Pour l'instant. Juste le temps qu'elle digère, qu'elle fasse le tri dans son chaos émotionnel.

- Ca t'embête de garder ça secret, pour le moment ?

C'est que elle, ça l'embête un peu pour toi. Her a beau être franche, elle est quand même bien plus secrète que toi.

- Je sais que t'es là pour moi. Et c'est gentil.
Elle avait le regard fuyant, la Fille. Elle était gênée ? Un peu embêtée, au moins. Ca se vit sur sa mine lorsqu'elle finit par se redresser et à le regarder en face, ses yeux bruns désolés accrochant les noirs de son compagnon.

- Je sais pas de quoi j'ai besoin, ni comment je veux gérer ça. Mais si besoin, promis, je penserais à ton offre.
Le punk agita doucement la tête à la positive, une expression de compréhension peinte sur son visage.
"Je comprends." Qu'il dit même, dans un souffle sincère.
Ce qui importait, c'était surtout qu'elle sache qu'elle n'était pas seule, et qu'elle pouvait lui demander n'importe quoi, n'importe quand à tout moment, sans que cela ne devienne non plus une obligation.
Qu'elle pouvait compter sur lui, en somme. Tout simplement.
Et ca, désormais, elle le savait.

Il y eut un petit moment de rien pendant lequel Her semblait perdue dans ses pensées alors qu'Apache restait silencieux, et puis, la sentinelle reprit la parole, changeant de sujet, revenant à un quelque chose de tout nouveau, de tout jeune, frais comme la neige.

"Dis. Pour.. Euh. Nous ?"

L'iroquois cligna des yeux, entrouvrant les lèvres comme s'il allait dire quelque chose sans pour autant le faire.
Ca lui donnait des airs d'ado qu'il était.
Her quand à Elle avait baissé les yeux sur leurs mains toujours liées, visiblement pas très a l'aise avec le sujet. Le garçon la laissa pourtant patauger, attendant qu'elle étaye un chouilla plus son questionnement à venir.
Celui la ne tarda pas.

"Tu le sais sans doute déjà, mais. Je pense pas qu'il faille trop en parler" "Ah ? Euh..." S'il le savait déjà ? Bien sûr ! Évidemment... Enfin.. Non en fait en vrai ce n'était pas un truc qui lui avait traversé l'esprit jusqu'ici. "C'est dangereux." "Ouais..." Il avait acquiescé doucement tout en hochant la tête en accompagnement, fixant du regard leurs mains, de concert avec sa petite amie. "Et, euh. Même aux proches" Le chasseur avait relevé les yeux vers le visage de sa camarade. "Je veux bien que tu n'en parles pas. Pour l'instant. Entre ça, Pretty, le reste.. Ca fait un peu beaucoup pour moi à digérer d'un coup, je t'avoue."

Une fois de plus, le punk avait hoché la tête à la positive silencieusement avant de répondre d'une voix soufflée, pas très assurée.
"Ouais... Ouais bien sûr. Pas de soucis si tu préfères."

C'était dangereux.

"Ca t'embête de garder ça secret, pour le moment ?"
- Non non, c'est normal t'inquiète pas. Ca allait sans doute faire bizarre de ne pas annoncer ça à son meilleur pote de toujours. "Mais juste.." Un petit air hésitant. ".. On pourra se voir ? Quand même ..? Enfin j'veux dire... " Les derniers mots s'étaient fait précipités, comme pour se rattraper d'une erreur commise. "Pas trop tout l'temps hein.. juste... Des fois ?"
De temps en temps ?
Il avait doucement pressé les mains de la Fille, la fixant de ses yeux noirs demandeurs, avec au fond la peur de déjà trop en demander.

"Quand t'as envie ?"
Et un petit sourire en coin. Timide, l'air de rien. Sans doute une mine inédite chez ce punk tout bardé de piques et de rouge, habituellement tout fieros.

Tu as l'air incertain, au moins autant qu'elle. Her se demande à quoi tu penses, quand elle te demande la discretion. Tu ne montres pas vraiment de réaction, c'est perturbant. D'habitude, elle parvient à deviner tes sentiments, un peu. Quand elle le veux, ceux qu'elle veut. Shoosh. Ok, il lui a fallu du temps à admettre ce qu'on lui disait, et alors ? Les gens on souvent tendance à s'imaginer des choses, pourquoi est-ce que ça n'aurait pas été la cas ici, pour toi avec elle ? Pourquoi elle, d'ailleurs ? Mais ça, non, elle n'a pas vraiment envie de creuser. Her, dans ses doutes, a au moins une certitude : tu ne sais pas lui mentir. Te taire, raconter de la merde, oui. Mais mentir, non. Pas avec la Fille en tout cas, pas jusque là. Alors, pourquoi elle ? Pourquoi pas : vous avez le temps, il pourra t'expliquer plus tard.

Un sourire d'excuse, quand tu acceptes le secret. Her se sent un peu coupable, tout en sachant qu'il lui faut pouvoir se concentrer sur Pretty. Au moins ça. Après, il sera toujours temps de faire le bilan de ses relations, en positif comme négatif. Mais bizarrement -et Her le réalise alors que son regard accroche à vos mains liées- c'est moins terrifiant qu'elle ne le pensait.

C'est douloureux, toujours. Terriblement. Her n'a rien perdu de sa rage, de son indignation. Elle veut le fin mot de l'histoire, ne cèdera rien là dessus. Mais tu, vous, c'est une nouvelle source d'énergie. De stabilité. La Fille sait très bien que tu la rendra chèvre à faire tes conneries, que ca clashera, que sans doute y aura du n'importe quoi. Mais malgré tout, c'est différent. Sans doute parce que maintenant, elle a quelque chose à protéger qui n'est pas simplement la Fausseté ou le punk.

Maintenant, plus que jamais, elle a un rêve d'avenir. Que ce soit avec toi ou non n'est même pas la question : elle veut avoir le droit d'exister. Que vous puissiez exister si voulez le conjuguer ainsi. C'est dangereux, oui, d'apprécier quelqu'un. Ca ne devrait pas l'être, et c'est une raison de plus pour se battre.

De toute façon, c'est en elle. Autant assumer, jusqu'au bout, de quel matériau elle est faite.

Ta question -tes questions- timide la prenne un peu par surprise. Elle te jette un coup d'oeil étonné, en se redressant. Se voir ? Tu en doutes ? Et puis, avec un peu de retard, Her comprend. C'est à cause du secret, hein ? Rester discret pour ne rien éventer, donc limiter de s'afficher. Donc de se voir ? C'est là ton raisonnement ?

- Evidemment, qu'on se voit au moins un peu, oh.

C'est dit avec un grand sourire, des yeux qui pétillent, ses mains qui pressent un peu les tiennes. Idiot. Evidemment que vous allez vous voir. Evidemment qu'elle a envie de te revoir.

- De toute façon t'as pas le choix, faut bien que je vérifie que tu fais pas n'importe quoi.

Bin voyons. Ca se voit bien, que c'est pas la seule raison, et Her pour une fois ne cache pas derrière une poker face ses émotions. Elle est bien trop occupée à rayonner.