Le refuge du Canyon rouge.

Il y avait du monde, à cet endroit la.
Et tout ce monde s'activait. Belle expression de solidarité face au blizzard glacial qui soufflait sur toute l'ile de jamais.
Nombreux.
Bien plus nombreux que dans l'Ossuaire.
Apache y était déjà passé, dans ce gigantesque camp, mais ne s'était jamais attardé.
Il n'avait pas le temps, alors même que par ici, le temps, ca n'existait toujours pas.
Qu'est ce qui l'occupait tant, l'Hérissé ?
Ses recherches, bien sur.
Il cherchait.

Les ennuis pour changer, mais pas ceux qu'on croyait.
Il cherchait Trouble.
Sa sœur de cœur disparue.

Mais la, tout de suite, maintenant, il était la, et pour une fois, toute ses pensées ne se dirigeaient pas vers son épouvantable camarade perdue de vu.
En fait, c'était à une autre compagnonne qu'il pensait.
Une fille qu'il n'avait pas croisé depuis un bon moment. Depuis trop longtemps déjà.
Alors il errait dans la zone, repérable et reconnaissable à des kilomètres avec son manteau de plumes rouges qui hurlait de couleur dans l'ambiance blanche bleutée.
Le punk dans toute sa splendeur, même si un peu abimé.
Et oui, il sortait tout juste de l'infirmerie, venant fraichement de se faire remettre en place l'épaule qu'il s'était déboité en se cassant bêtement la gueule en glissant sur une plaque de verglas.
Le genre de truc qui arrivait.
Rien de bien grave.

Bon.


Elle était ou, Her ?

Emmitouflée dans sa peau de bête, Her bougonne un peu en rentrant vers le camp. Les conditions, si elles ont cessées d'empirer, ne sont pas idéales pour autant quand on veut s'entrainer. Les Piccaninny sont patients, ils savent reconnaître la combattivité comme une qualité. Her avait saisit l'occasion pour s'entrainer avec eux. D'autant que depuis que le temps était devenu si désastreux et qu'ils avaient du bouger du Grand Arbre, elle n'a pas pu recroiser Crépuscule. Pas que la fée ne lui soit très sympathique en soi, mais Her respecte son savoir et regrette de ne plus pouvoir en profiter.

Her a changé, un peu, encore. Pas tant de visage que d'attitude, de carrure peut-être un peu ? S'il ne lui fallait pas se couvrir de pelisses pour avoir chaud, on pourrait voir une légère musculature se laisser deviner. Her a gagné en tonus, en assurance. On l'a vu à quelques reprises trainer quelqu'un en arène -notamment lorsque quelqu'un trouvait justifié d'emmerder Pretty. Her n'est plus invisible, Her n'est plus que l'autre, la fille dont on peine à se souvenir tant elle est ordinaire. D'ailleurs, de plus en plus de gens se demandent pourquoi l'appeler comme ça, depuis quand elle est ainsi. Est-ce que c'est l'adversité du camp qui fait ressortir les choses et donne des lettres de noblesse à la sentinelle ? Le fait est que la Fille n'a plus peur d'être visible, ou d'être trop forte. Elle veut être forte. Elle veut pouvoir contrer ses ennemis, gérer sa vie, ce qui lui arrive. Et dans ses yeux brûle un feu nouveau malgré la neige et le froid. Elle le sent, d'ailleurs, sans trop savoir quoi en faire pour le moment. Un jour viendra où il faudra qu'elle choisisse pourtant. Sans doute.

Ses journées au camp, elle les passe entre ses devoirs de sentinelle, ses sessions d'entrainement, et les quelques gens auxquels Her se raccroche un peu comme Pretty et Owl. Ces conditions nouvelles l'ont d'ailleurs encore plus rapproché du soigneur malgré le manque de temps de celui-ci depuis sa nomination de chef intérim. La brunette est un peu désolée pour lui, qui peut encore moins dormir. Parfois, quand Pretty ne dort pas avec elle, l'adolescente va le rejoindre et ils veillent ensemble. Souvent, elle se demande ce que deviennent les autres, ceux de l'Ossuaire. Apache, Justice.. La Fille se dit qu'il faudrait aller les voir, sans pourtant trouver le temps. Bon gré mal gré, le temps fait semblant de passer et elle n'a pas vu les zozos depuis un moment. Surtout Apache, en fait.

Et d'ailleurs quand on parle du loup..

T'es là, impossible à rater comme d'habitude. La discrétion made in Apache, ca n'existe pas. Her sourit un peu en t'approchant, même si elle reste tendue. C'est que ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus, et elle ne sait pas quoi faire de certaines de vos conversations.

- Ahoy le punk !

C'est jeté avec un sourire en coin, les mains au chaud dans les plis de sa pelisse. Ses cheveux sont tressés, mais quelques mèches rebelles lui couvrent les oreilles. S'il ne faisait pas si froid, elle les couperait bien. Plus le temps passe, et plus elle ets consciente que c'est une prise facile pour un ennemi potentiel.

- Ca fait un bail, qu'est-ce que tu fais ici ?

Est-ce que tu as retrouvé Trouble ? Mais ça, elle n'ose pas le demander.

A l'instant ou les yeux noirs du punk s’accrochèrent à ceux bruns de la Fille, un sourire illumina le visage du chasseur, comme en réflexe irréfléchi.
Voir une camarade, ca réchauffait toujours le cœur, qu'on le veuille ou non, qu'il gèle, qu'il pleuve, qu'il vente.
C'était comme ça.

"Ahoy le punk !" Qu'elle avait lancé, et l'autre avait répondu du taco-tac avec un petit geste de la main "Ahoy camarade !"

C'était marrant comme elle était lookée, Her.
Elle ressemblait presque à s'y méprendre à une indienne, avec ses tresses, ses fringues et sa mine durcie.

"Ca fait un bail, qu'est-ce que tu fais ici ?"

Sa mine durcie... Ouais. C'était étrange comme ce détail avait sauté aux yeux de l'Hérissé.

- J'venais te voir ! Sans détour et sans en rougir. Il étaya cependant tout en jetant un regard circulaire au camp qui les entourait. "J'me suis cassé la gueule pas très loin d'ici alors j'en ai aussi profité pour me faire remettre en place vite fait." Ses yeux acérés revinrent à la sentinelle, un sourire toujours inscrit sur les lèvres. "Faut que j'te parle d'un truc..." Un petit instant de réflexion accompagné d'une grimace pensive avant de reprendre. "..Assez important"
Carrément chiant même, en vrai.
Et les évènements qui s'étaient enchainés avait empêché l'anarchiste de s'entretenir avec ses camarades de ce sujet brulant. Il était grand temps d'y remédier.

"Tu connais un endroit ou on peut causer un peu plus... Tranquillement ?"
Comprendre en privé.

C'était que le genre d'échange auquel aspirait le révolté n'était pas à tomber dans toute les oreilles, loin de la.

Ta réponse lui arrache un sourire alors qu'elle s'arrête à ton niveau. Ton look ets vraiment fabuleux. Brièvement, elle se demande si tu te maquille encore, des fois. Ca t'allait bien. Une chose en entrainant une autre, Her repense à votre dernière escapade. Ce n'est toujours pas un souvenir plaisant ni avec lequel elle se sent à l'aise. Mais elle a assez changé pour l'affronter quand il lui vient en tête. En y réfléchissant, ce n'était que le début de sa transformation. Et mainetant, où en est-elle ? Difficile à dire.

Son regarde devient un peu préoccupé quand tu t'être fait mal, et elle te scanne des pieds à la tête comme pour trouver la ou les blessures que tu évoques. Rien de visible à priori, et tu n'as pas l'air de trop t'en faire.. Mais la sentinelle est bien placée pour savoir que ça ne veut rien dire. Tu es une tête de mule qui ne fait pas toujours attention à prendre soin de toi.

- Ca va ? Tu t'es fais quoi ? Fais gaffe à toi, bordel.

C'est mi-préoccupé, mi-amusé. Parce que Her sait très bien que faire attention à toi, c'est un truc que tu ne fais pas. Elle en a eu la preuve plus d'une fois..

Ta grimace quand tu dit vouloir lui parler d'un truc important lui fait hausser un peu les sourcils sans qu'elle ne montre grand chose d'autre. Ca l'intrigue, bien sûr. Et instinctivement, elle se dit que ça doit être en rapport avec la révolte. Mais un truc ne colle pas. Quoi ?

Tu ne lui laisses pas le temps de réfléchir davantage, et demande si vous ne pourriez pas aller dans un coin tranquille. Ouais pour causer juste vous deux sans oreilles indiscrètes, quoi. La Sentinelle jette un regard aux alentours, mais personne ne fait attention à eux. Il y a bien assez à faire au camp, toujours plus à faire. D'un signe de tête, elle te signifie de la suivre. Y a un coin tranquille, plus loin, où personne ne va jamais. Elle le sait, parce que c'est un peu devenu son coin à elle, quand elle ne veut pas voir de gens. Avant, c'était pour écrire. Maintenant, c'est pour s'entraîner, se battre, renforcer ce corps si faible, trop faible. Toujours trop faible.

Her, elle reste silencieuse le long du trajet, mais elle vérifie discrètement que personne ne vous remarque, que vous n'êtes pas suivis. Il n'y a qu'elle qui vient dans ce coin, et les traces dans la neige datent de quelques jours. Ce sont très probablement les siennes, à vrai dire. A nouveau, elle vérifie que vous êtes seuls avant de te faire face. D'un signe du menton, Her t'invite à parler. Jambes bien ancrées dans le sol, les bras enfouis dans les poches, elle est détendue mais pas relachée. Comme si là aussi, elle était prête à passer à l'action. Mais pour faire quoi ?

- Il se passe quoi ?

Ca y est, elle sait ce change. Quand tu parles de la révolte, d'habitude, tu pétilles de partout, Là, tu ne donnais pas cette impression. Mais si ce n'est pas la révolte, c'est quoi ? Trouble ?

- Ca va ? Tu t'es fais quoi ? Fais gaffe à toi, bordel.
Elle s'était inquiétée, la Fille, Et ca avait fait sourire Apache. "Ouais t'inquiète juste une plaque de verglas que j'avais pas vu et..." Badaboum. Inutile d'en rajouter, la suite paraissait évidente.

A sa demande de s'isoler, Her lui intima de la suivre, ce qu'il fit sans rechigner.
Elle semblait bien connaitre l'endroit, et cela n'avait rien de très étonnant puis qu’après tout, c'était ici qu'Elle avait décidé de s'installer depuis l'arrivé du grand Givre.

Les deux camarades marchèrent donc silencieusement sous la neige, la sentinelle visiblement très alerte à tout ce qui les entourait et le punk plus concentré sur Elle que sur le reste.
Elle avait un truc de changé, Her.
Elle avait changé, ouais.
Physiquement ?
C'était ce qui semblait au chasseur, mais il ne su pas dire en quoi, mettre le doigt sur ce qui sonnait différent d'avant.
Ca faisait un petit moment qu'il avait cette impression.

Au bout de pas si longtemps que ça, la Fille s’arrêta, dans un premier temps toujours très alerte aux alentours pour au final focaliser son attention sur Apache, bien droite sur ses guibolles, bras dans les poches, le regard assuré.

"Il se passe quoi ?"

L'Hérissé qui jusqu'ici la fixait, la dévisageait même presque, baissa les yeux, son regard balayant le blanc qui recouvrait le sol tout autour d'eux.
Comment aborder le sujet ?
C'était bête, mais maintenant qu'il se retrouvait face à elle, il se rendait compte qu'il n'avait pas vraiment réfléchit à la question dans le détail.
Pourtant, le sujet était brulant contrairement à l'ambiance environnante.
Et dans le même temps, il ne faisait pas un pli concernant l'importance qu'il revêtait.

Le jeune iroquois ravala sa salive, se mordant la lèvre inférieure juste avant de relever les yeux vers sa camarade.

"T'as vu Pretty dernièrement ?"
Répondre à une question par une question.
Drôle d'entrée en matière, certainement, mais il fallait bien commencer quelque part.

Apache savait à quel point Her et la Fausseté étaient proches, il allait donc falloir prendre quelques pincettes. Aborder le sujet avec autant de délicatesse que possible.
Le problème étant que l'anarchiste n'avait strictement rien de délicat.
Il allait faire de son mieux, et très certainement que ce mieux ne serait pas suffisant.

- Uuurgh, Apaaaaache. Fais gaffe, bordel.

Elle répond ça en roulant des yeux, quand tu laisses ta phrase en suspens. Couillon. La prudence t'apprendras vraiment jamais, hein ? Le dialogue ne va pas plus loin, pourtant, parce que vous vous mettez en route. C'est peut-être pas plus mal pour toi : tu te serais sans doute fait engueuler un peu plus que ça.

Quand enfin vous êtes arrivés et qu'il est temps de causer.. Ton attitude change radicalement. Et Her, elle n'aime pas ça. T'as tes airs de quand tu vas sortir un gros truc pas cool. Première pensée "Il a foutu quoi encore, ce nigaud ?". Puis, aussi sec "Nah ça peut pas être lui, il viendrait pas me l'annoncer." Ce qui rend les choses encore pires : qu'est-ce que bordel il a bien pu se passer ? Ta mine déconfite lui fait anticiper le pire, et elle se raidit malgré elle. Prête à l'action.. Mais pour faire quoi ?

Ta question lui fait froncer les sourcils. Pretty ? Mi-inquiète, mi-perplexe, Her hausse des épaules. Où est-ce que tu veux en venir ? Là, elle ne sait plus trop si elle veut que tu craches le morceau ou que tu te la fermes, à vrai dire. C'est mitigé, les deux sentiments se battent pour avoir le dessus.

- Ce matin, pourquoi ?

Un regard perçant qu'elle te jette, la mine toujours serieuse et austère. En fait, elle veut savoir.

- C'est quoi le problème, Apache ? Accouche.

C'est dit d'un ton à peine froid. A peine sec. Just. Si c'est putain de ta faute, elle te. Dé. Fonce. Et si toi, toi Apache, tu as fait des crasses ou t'avoue un truc que t'as fait à Pretty parce qu'elle doit réparer ta merde.. Oh mais comme elle te défonce aussi, t'as pas idée. Bien sûr, Pretty peut avoir fait une connerie. Il en fait tant, déjà, c'est pas comme s'il était sage et parfait ! Mais du coup, elle ne voit pas bien pourquoi c'est toi qui a l'air si piteux.

"Ce matin, pourquoi ?"
Juste après sa réponse, la Fille avait jeté un regard perçant à l'iroquois, le motivant à ne pas trop la fixer droit dans les yeux. Un peu fuyant, ouais, le punk. Ce n'était pas qu'il se sentait coupable de ce qu'il se passait, mais plutôt qu'il se sentait coupable d'être celui qui avait à l'annoncer.
Surtout à Her.
Elle et Pretty étaient proches...
Comme un frère.
Vraiment proches.
Apache ouvrit la bouche, prenant une inspiration, s’apprêtant à sans aucun doute poser une autre question, mais il fut coupé dans son élan.

"C'est quoi le problème, Apache ? Accouche."
Arrête de tourner autour du pot.
Le garçon referma la bouche, ravalant sa salive.
"Ok"
Une inspiration, quand même.

"Juste avant que.. euh... La neige débarque. Tu sais, j'ai eu une discussion avec Pretty." Non, sans doute qu'elle ne savait pas. Mais bon, c'était une façon de parler, hein. "Et..." L'Hérissé soupira. C'était dur à dire. De trouver les bons mots. Et s'il avait mal compris ? Et s'il se souvenait mal ? Non... Non tout avait été clair. Plus clair que de l'eau de roche. Les yeux noirs se relevèrent vers ceux de la sentinelle, s'y accrochant, avec semblait-il un peu plus d'assurance d'un seul coup, la mine du punk se faisant un peu plus dure. Plus déterminée. "Il t'as rien dit de particulier concernant la révolte ?"

Tu fais pas le fier, hein ? Toi d'ordinaire si frand, si direct. Ta flamme est toute penaude, et la Fille se demande ce qui se trame avec Pretty pour que tu sois ainsi. Tout ce qu'elle sait, c'est que le blond va bien physiquement. Donc c'est pas ça. Reste une autre option qu'elle espère fausse : qu'il ait fait une connerie. Ca, ou bien vous vous êtes disputés et tu veux lui demander d'intercéder. Ou de l'aide. Mais c'est pas ton genre, ça, si ? T'es trop fier, pour ça.

Bordel. C'est quoi alors ?

Tu tournes encore un peu autour du pot, mais peu à peu on s'approche du but. Tu as causé avec Pretty. Oui ok, jusque là rien de trop bizarre. Elle le sait, que vous trainez un peu ensemble, c'est pas un secret. Donc quoi. C'est la dispute alors ? Tu avances tout doucement, et Her se retient de te secouer pour que tu ailles plus vite. Elle se contente d'attendre, de te fixer d'un air impassible mais intense. De toute façon, intense c'est un truc qu'elle galère à ne pas être, en ce moment.

Tu mentionnes la révolte, et ça elle ne s'y attendait pas. Ca ne lui dit rien de bon. Pretty ne lui parle pas de ça. Ne lui en a jamais vraiment parlé, en fait. Comme s'il avait peur d'aborder le sujet avec elle, comme si c'était tabou. Elle respecte, la sentinelle. Pour ne pas le brusquer, pour ne pas attirer par mégarde ce gouffre que le livreur esquive parfois de justesse. Elle l'avait vu presque partir, une fois. Ca lui avait suffit. Le but était de le protéger de ces dangers, pas de l'y précipiter.

La révolte. Ca sonne mauvais, ça ne lui plaît pas. Her, elle a un sale pressentiment.

- Il m'a rien dit de spécial. C'est pas comme s'il m'en causait vraiment de toute façon..

Shht. Rangeons donc ce sel. Tu n'y es pour rien, après tout. Un gros soupire, et elle se passe la main sur le visage.

- Il se passe quoi ?

Elle préfère la vérité, brutale possiblement, à la lente agonie de cette attente. Et ça doit se sentir, probablement. Une voix lui souffle aussi que si c'est si mauvais, faudra quand même qu'elle se contienne. Te voir flipper la dernière fois lui avait fait assez mal comme ça, inutile de retenter l'expérience.

"Il m'a rien dit de spécial." Ouais. Évidemment... Rien de vraiment surprenant. "C'est pas comme s'il m'en causait vraiment de toute façon.."
Apache eut un léger mouvement de sourcils vers le haut, attestant d'une certaine surprise.
Alors comme ça Pretty ne parlait jamais de la révolte avec Her ?
Information qui semblait intéressante mais dont le punk ne savait pas vraiment quoi faire. Juste la sensation profonde que ce n'était pas anodin du tout, surtout au vu de la situation présente.
Le chasseur ne releva cependant pas, le sujet était ailleurs, la Fille devait être mise au courant.
"Il se passe quoi ?"
Allez, il était temps de lâcher le morceau. L'iroquois avait bien assez tourné autour du pot et cela ne devait vraiment pas être agréable pour Elle.
C'était comme avec un pansement, il valait toujours mieux l'arracher d'un seul coup plutôt que de faire ca avec lenteur.

"Il pense à laissé tomber la révolte."

Et paf.
Malgré toute les tergiversions, l'Hérissé eu la net sensation de balancer l'information de but en blanc, sans aucun tact.
Il se mordit la lèvre inférieure.

"Aux dernières nouvelles" Et il fallait bien le dire, ca datait un peu. "Il a pas encore prit sa décision mais clairement... "Le punk haussa les épaules. "En gros il trouve ca trop dangereux. Comme quoi ça vaut pas l'coup ou j'sais plus trop quoi..." Tout en parlant, Apache ne regardait pas vraiment Her dans les yeux, sa mine s'assombrissant visiblement, tirant une gueule de travers sans même s'en rendre compte alors qu'il fixait la neige au sol, un peu sur le coté, les sourcils froncés.
C'était la merde.

Elle te fixe, t'observe alors que tu hésites. La tension monte malgré le silence. Ou peut-être à cause de ça.

Et quand tu lâches enfin la bombe, Her ne cille pas. Elle te fixe, toujours, sans broncher, sans bouger. A-t-elle seulement entendu ce que tu viens de dire ? Oui. Il y a une certaine intensité dans son regard qui ne te libère toujours pas. Et pourtant.. Pourtant dans sa caboche ça turbine à plein régime, alors que tu continues.

Quand tu abordes le danger que Pretty trouve trop présent, les poings de la Fille se serrent. Le poing, puisque sa main droite ne peut plus se permettre se luxe. Tout au plus se referme-t-elle un peu en se crispant. La seconde d'après, sa mâchoire se crispe. Ses yeux bruns, eux, sont toujours braqués sur toi, de toute leur force.

Pretty, petit con.
Putain de petit con de merde. A quoi tu joues ?

Une longue expiration contrôlée, et Her se force à se détendre. Les épaules. Les mains. La mâchoire. Se concentrer sur les bruits autours, sur toi. Tes expressions, ton visage, ta présence. Oh, comme Her voudrait qu'une chaise apparaissent subitement pour qu'elle puisse la défoncer. Ou n'importe quoi d'autre, vraiment. Juste quelque chose pour se défouler de la colère et de la peine qui l'envahissent.

Pretty, petit con.
Alors comme ça tu penses te casser, comme si cette histoire c'était juste une virée entre potes ?
Alors comme ça tu parles à Apache de tout ça ? Et pas à elle ?

Mais au fond, est-ce qu'ils parlent encore, le blond et elle ? Plus vraiment. Rien de grave, rien de sérieux. Rien d'intime. Un mur invisible s'est dressé, ou en tout cas elle en a cette impression soudain. C'est pas la première fois que la sentinelle se pose la question, mais aujourd'hui c'est particulièrement flagrant. Et douloureux.

Bon. Une chose à la fois.
Toi d'abord, Apache.

- Désolée. Je suis vénère, mais c'est pas contre toi.

T'y es pour rien. T'es juste le messager, tu la tiens juste au courant. Mais combien de temps t'a-t-il fallu pour le faire ? Chut. Tu as fini par le faire. C'est sans doute ce qui importe. Tu as fini par le faire à la place de Pretty.

Shhhhh. On met ça de côté, ça fait trop mal.

L'esprit de la sentinelle turbine, ressasse ces quelques phrases. Enfin, elle ferme les yeux et laisse échapper à nouveau une longue expiration. Quand elle les ouvre à nouveau, Her se force à être calme et moins tendue. C'est pas gagné, mais elle fait ce qu'elle peut.

- Questions. A quel point semblait-il décidé ? A ton avis, quelle est la probabilité qu'il décide de partir réellement ?

Ca, c'est la première chose.

- Qui est au courant ? Et qui en pense quoi ?

C'est ridicule, mais elle espère être la première à qui tu en parles, étant donné son lien avec Pretty. Ou bien la première après Just, elle sait combien vous êtes proches. Et d'une certaine façon, la sentinelle est curieuse de savoir ce qu'en pense le cow boy. .... Just. Just qui l'avait senti venir, Just qui avait menacé Pretty à l'époque. Faudra qu'elle surveille tout ça.

Pretty, petit con. Pourquoi tu ne lui as pas parlé de tes doutes ? Pourquoi tu ne veut pas aborder le sujet de la révolte, comme si c'était tabou ? Pourquoi d'ailleurs plus rien de sérieux ? Pourquoi en parler à Apache qui en plus est si loin alors que tu la vois tous les jours ? Pourquoi tu changes d'avis comme ça ?

Pourquoi ?

Il avait lâché l'info. Il avait lâché la bombe. Et pourtant, pas d'explosion, pas un bruit, pas un son, aucune déflagration, du moins, perceptible.
Puisque jusqu'ici, le garçon avait cru bon de ne pas regarder sa camarade dans les yeux, son regard revint dans la direction de la fille, doucement. D'abord vers ses pieds, remontant ses jambes avec visiblement une forme d'hésitation, croisant ses poings, ses poings qui se serraient dans le silence.
Le presque silence, car légèrement troublé par la respiration de la sentinelle.
Une longue expiration, certes discrète, mais que le punk en recherche de réaction ne manqua pas.
Enfin, les yeux noirs du chasseurs se posèrent sur la mine de sa compagnonne, lisant sans trop de mal la colère sourde qui réverbérait dans ses prunelles sombres.
Il ravala sa salive, sans rien dire, prenant bien garde de laisser tout l'espace possible à la Fille.
Ce n'était vraiment, mais alors VRAIMENT pas le moment de merder, sous peine de se faire sauter la grenade à la gueule.

- Désolée. Je suis vénère, mais c'est pas contre toi.
Toujours silencieux, l'Hérissé agita doucement la tête à la positive, compréhensif.
Her avait absolument toute les raisons d'être en pétard ! Qui ne le serait pas à sa place ? Lui même avait le cœur et les tripes à l'envers avec toute cette histoire, et il savait bien que le lien qu'il avait pu avoir avec Pretty n'avait rien a voir avec celui que la Fille avait pu entretenir avec le blondinet.
Comme frère et sœur.
C'était fort.
Vraiment fort, hein...
Et pourtant, c'était lui, l'anarchiste dégénéré de la bande qui avait du apporter la nouvelle à la Fille.
Pretty n'avait pas été foutu de lui parler...
Est ce que cela avait été par lâcheté ?
Apache avait du mal a y croire... Et pourtant, il n'aurait pas non plus cru que Candy penserait si fort a déserter la révolte. Tellement fort qu'il avait du le verbaliser.

Nouvelle longue expiration pendant que le keupon s'humectait la lèvre inférieure, baissant de nouveau les yeux, la mine dépitée, tellement désolé pour Elle.

- Questions. Le regard du garçon revint illico à celui de la sentinelle, attentif, un chouilla dans l'appréhension. A quel point semblait-il décidé ? A ton avis, quelle est la probabilité qu'il décide de partir réellement ?
- Euh... Question difficile. Putain de difficile. Par ce qu'évidemment, la réponse reposerait sur ses impressions à lui, rien de très objectif, en somme, donc rien de très certain. Difficile à dire... Donc. Il avait commencé, et la Fille ajouta, sur un ton déterminé. Qui est au courant ? Et qui en pense quoi ?
Apache referma la bouche, visiblement un peu emmerdé, mais il ne fuirait pas les questions de la sentinelle. Il en était hors de question. Un camarade avait déjà pas assuré, il était impensable qu'un deuxième ne laisse Her sur le bas coté.

A son tour, alors, il prit une inspiration, fermant les yeux pour mieux se remémorer, les sourcils froncés dans une attitude sérieuse. L'envie de lui mentir un peu pour la préserver était tentante, avec ça, mais encore une fois, l'Apache n'y cèderait pas. S'il y avait bien une chose qu'il devait à cette compagnonne, c'était la sincérité.
Il finit par se passer la main sur le visage, comme pour s'éclaircir l'esprit, ré ouvrant les yeux pour mieux fixer la neige qui les entourait.

"J'ai essayé de le calmer. De lui parler. Et plus je parlais, plus il m'opposait des... Des conneries plus grosses que lui. Des trucs." La voix d'Apache s'était l'air de rien teintée d'une pale mauvaise humeur. "A la fois il avait l'air décidé, et en même temps il m'a assuré que non. Qu'il avait besoin de réfléchir." L'iroquois secoua doucement la tête à la négative, relevant les yeux vers le ciel avec une mine exaspérée puis vers quelques arbres qui les entouraient. "J'ai essayé, Her, j'te jure que j'ai essayé de lui répondre, de le rassurer..." Enfin, les yeux noirs s'étaient de nouveau posés sur la Fille, débordants de sincérité, le début de colère chassée, il se renfrogna pourtant de nouveau alors qu'il continuait. "Mais c'était comme s'il s'en foutait, qu'il écoutait pas ! Il m'a sorti une liste de noms, de putains de chefs ! Alors je lui ai dis que bordel je comprenais, que bien sur c'était pas si simple mais qu'on pouvait en parler tous ensemble ! Que moi j'pouvais pas lui dire comment ca allait se dérouler, que c'était a nous tous de décider, et lui avec ! Mais..." Un soupire bref. "Il a préféré me sortir ces conneries de chefs qui nous protégeaient et qui nous voulaient que notre bien... Putain de merde..." Ces foutaises qu'il avait entendu des milliers de fois. Comment Pretty avait pu lui sortir un truc pareil !! Encore maintenant, l'iroquois n'en revenait toujours pas.
Il y eu un léger silence, pendant lequel le punk tacha de se calmer, respirant profondément, un peu comme Her l'instant d'avant. Lui aussi, au final, peinait grandement à digérer.

"Et sinon j'en ai seulement parlé a Just." Le garçon renifla. "Il a dit qu'il irait causer a Pretty. Pour avoir sa version a lui, j'suppose, et voir ou il en était..." Le ton de l'anarchiste s'était considérablement calmé, baissant de plusieurs octaves. "Mais Pretty m'avait dit qu'il viendrait me voir dès qu'il saurait alors..." Il haussa les épaules, visiblement pas très convaincu. "C'est qu'a priori il y réfléchit encore." Et cette fois la touche amère se fit entendre aisément au fond des mots du révolté.

Tu es tendu, ça se sent. Et Her ne peut pas te blâmer. A ta place, elle le serait tout autant d'annoncer ce genre de nouvelle. D'autant plus que tu sais à quel point Pretty et elle sont pro.. Etaient.. ? Sont supposément proches. De toute évidence, il y a des choses à remettre en question. Et à mettre au clair. Et bien soit. Pretty est au Canyon lui aussi, elle pourra facilement le prendre à part et réclamer quelques explications. Et le livreur sait à quel point elle peut se montrer obstinée. a cette résolution, la Fille sent son corps se tendre un peu plus. C'est une carapace plus dure qu'elle se forge, à avoir de telles pensées. Très bien, qu'il en soit ainsi. La vérité, c'est qu'il lui est de toute façon plus simple de renforcer ce blindage qu'elle est en train de se faire plutôt que de l'ouvrir.

Elle t'écoute, fixant tour à tour le décor ou ton visage. Quelque part, elle se sent même désolée pour toi. De toute évidence, ça t'affecte aussi. Putain. Pretty, t'es vraiment un petit con. Tu joues à quoi ? A la la blesser elle, à blesser le punk. A esquinter cette foutue confiance instaurée comme si c'était un détail. Comme si ça ne changeait rien. Et puis c'est quoi cette histoire des chefs qui protègent et veulent que du bien, hein ? Tu savais en signant, Pretty. Tu savais ce que ça voudrait dire.

Un bref moment, cette pensée retient l'attention de la Fille. Savait-elle, en s'engageant ? Non. Et certes elle avait d'abord accepté pour avoir la paix.. Mais si peu de temps. A y rester si longtemps, à y réfléchir, ça avait été scellé. Beaucoup pour et par Apache, certes. Mais pas que. Peut-êlle du coup blâmer Pretty pour avoir des doutes ? Her n'aime pas vraiment ce court de pensée. La culpabilité y est sans doute aussi pour quelque chose. Songe-t-elle pour autant à faire comme le livreur ? Non. Et sans Apache ?

Bonne question.

Elle t'écoute parler, développer tout en réfléchissant. Ta peine, ta colère, elle ne les comprend que trop bien. C'est non seulement trahir le groupe et la cause, mais aussi la confiance et les individus. A tous égards, les choses ne pourront plus être les même. Mais de toute façon, elles n'auraient plus pu. La potentielle fuite de Pretty fait soudain réaliser à Her que oui, elle croit à ces histoires. Oui, elle en a marre de recevoir des ordres, de pas pouvoir simplement faire ce qu'elle veut, d'avoir ces divisions, ces rapports de force. Pourquoi les chefs sont essentiellement des mecs ? Pourquoi des mères uniquement, et juste avec les responsabilités de torcher la merde et faire la cuisine ? Pourquoi suivre les ordres d'un gosse qui visiblement n'hésite pas à tuer des gens ? Ou pour qui la vie et la mort semblent n'être qu'un jeu ?

- C'est pas ta faute, Apache. Je suis bien placée pour savoir qu'il peut se montrer cachotier, insaisissable et obtus.

Oui. Mieux que personne, Her le sait. Peut-être même que ce sont des points communs qu'ils partagent en partie. Mais là aussi, la Fille essaye de ne pas y penser. La discussion à venir risque de tourner au vinaigre, il faut bien l'avouer. Soit qu'il veuille passer entre les mailles du filet, et elle le coincera. Le chopera, physiquement ou bien à coup de réthorique. Mais elle veut des réponses. Soit ça tourne au contraire en confrontation. Ca ne serait pas la première fois que ça tourne en choc de volonté. A la nuance prêt que Her est bien moins patiente qu'autrefois et clairement remontée d'office. Pire, une part d'elle veut espérer que c'est un malentendu et que Pretty fera marche arrière, mais une autre voix intérieure lui souffle que ce n'est qu'un élément de plus qui ne colle pas avec le livreur. Nouvelle pique, nouvelle plaie : elle vient de réaliser qu'en voulant quitter la révolte il est également prêt à la mettre en danger. Ah, quelle belle relation, vraiment.

Ses yeux se plissent en entendant le nom de Just et elle te jette un regard perçant. Lui, vouloir parler avec Pretty ? Immédiatement le souvenir de ce que le blondinet lui avait raconté lui revient à l'esprit. Il faudra checker Justice aussi, donc. Discuter avec lui, sonder ses intentions autant que faire se peu au sujet du jeune livreur.

- Bon.

Il est temps de digérer tout ce que tu as dit, et d'y répondre. Son regard est dur, Her en un sens se prépare au combat. Un combat qui pourrait lui faire bien plus de mal qu'un pirate qu'elle croiserait dans les bois.

- J'irais lui parler, au tit con. La, y a des choses à mettre au clair. Just aussi, je voudrais en parler avec lui. Tu peux lui transmettre ou ne pas, je m'en fous.

Oui ok, Her. Mais t'oublie pas un truc ?

- Merci. D'être venu m'en parler. Je sais que c'est pas une position enviable. Et j'apprécie, sincèrement.

C'est soufflé la rage au ventre, alors que la tension dans l'air est palpabe. Mais elle fait un effort pour te jeter un coup d'oeil en disant ça, et pour contenir l'orage dans sa voix. Tu n'y es pour rien. C'est pas de ta faute si Pretty a des doutes, a décidé de t'en parler, a décidé de ne rien lui dire à elle.

Pretty, toi par contre.. La conversaiton entre quatre yeux, tu vas pas y échapper..

C'était dur, pour Elle. Bien sur que c'était difficile.
C'était lisible sur son visage. Sa mâchoire qui se crispait. Ses yeux qui reflétaient un ailleurs plein de questionnements, de colère, alors que l'iroquois racontait, tentant de rester honnête sans pour autant alarmer inutilement, voulant même rassurer, dès qu'il le pouvait.
Mais comment faire quand la situation était celle qu'elle était ?
Pretty avait trahit les révoltés, mais plus encore, il avait trahit Her.
Il avait bafoué leur amitié pourtant si sincère.
Tout saccager.
Ca sonnait dans la voix de la Fille, ce lien qu'elle avait avec la Fausseté, quand par le passé elle avait pu l'évoquer.
Et l'Apache ne pouvait s’empêcher de s'en vouloir.
S'en vouloir d'être le colporteur de mauvaises nouvelles. De ne pas être venu avec une trousse de secours émotionnelle comme il avait pourtant toujours coutume de faire. D'habitude, le punk avait cette faculté de faire des grands discours, de déclamer des vérités, de recentrer les choses sur l'après, l'avenir, de faire oublier les douleurs, au moins un peu, tout faire pour les transformer en bois à jeter au feu.
Mais aujourd'hui, malheureusement, il était venu les mains vides.
Et Her souffrait.
Silencieusement.
Dignement.
Elle ne laissait quasiment rien paraitre.
Elle était forte. Tellement forte...
Vraiment ?
Un léger vacillement dans les yeux noirs de l'iroquois alors qu'il la contemplait avec attention.
Et si cette force la... N'était autre que de la dureté ?
Et une inquiétude envahit le cœur du révolté, sa mine se peignant de ses émotions. Par ce que ce garçon la, il n'avait jamais su maitriser ses expressions. Le poker face, il ne connaissait pas.
Contrairement à Elle.
Contrairement à Her.

- Bon.

Elle était blessée.
Et c'était étrange, comme une évidence qui crevait les yeux, maintenant.
Elle suffoquait de rage et de peine.

"J'irais lui parler, au tit con. La, y a des choses à mettre au clair." L'iroquois ne répondit rien, se contentant de très légèrement opiner de la tête. "Just aussi, je voudrais en parler avec lui. Tu peux lui transmettre ou ne pas, je m'en fous." La, la mine de l'anarchiste se fit un peu plus à la surprise. Just ? Il y avait un problème avec Just ?
Pourquoi la question de lui transmettre l'information semblait dans ce cas avoir une importance ? Même si en l'occurence, Elle la niait. S'il n'y avait vraiment rien, la sentinelle n'aurait pas gaspiller sa salive à le préciser.

"Merci. D'être venu m'en parler. Je sais que c'est pas une position enviable. Et j'apprécie, sincèrement."
- Je suis désolé, Her... Le chasseur avait répondu, comme un peu a coté, ignorant ce remerciement qui lui semblait inapproprié. "Tellement désolé..." Et il n'y avait pas plus sincère.
Tout en parlant, Apache s'était rapproché de la Fille, posant une main sur son épaule, attestant d’à quel point elle pouvait être tendue, crispée. Même sous les couches de vêtements pourtant nombreuses, l'iroquois pouvait le percevoir, et ca lui fit comme une épingle au cœur.
Sa main pressa doucement l'épaule de sa camarade, se voulant communicatif, rassurant, au moins un peu, puis glissa sur son bras en une caresse jusqu'à effleurer sa main, comme pour lui dire qu'il était la. Qu'elle pouvait attraper la sienne si Elle le souhaitait, mais sans jamais rien forcer.
Ne surtout pas se faire envahissant.
Surtout pas.
C'était quelque chose qui lui paraissait primordial.
Toujours laisser de la place à l'autre. Toujours. Surtout dans une situation comme celle la.
Her avait besoin de respirer sans pour autant se sentir abandonner.
Et il avait plongé ses yeux dans les siens, le noir de ses mirettes inhabituellement teintés d'attention.

"Je sais que vous êtes super proches, toi et Pretty et..." Il baissa les yeux, rompant un instant le lien. "Et... Je comprends pas... C'est..." Il finit par hocher la tête à la négative, ne sachant même pas quoi dire de plus. "Juste... Juste dis moi... S'il te plait" Le regard revint à celui de la sentinelle. "Comment tu te sens ..?"

Ca paraissait stupide, comme question, hein ?
Mal.
Forcément mal.
Mais il fallait qu'Elle lui dise.
Il fallait qu'Elle lui parle.
Qu'Elle le verbalise.
Qu'Elle l'exorcise.. Au moins un peu.

Et les doigts du garçon effleurèrent ceux de sa camarade, discrets mais présent, prêt à la saisir à tout moment.

J'te laisserais pas couler, Her. Ni maintenant, ni jamais.

Ta sollicitude, l'inquiétude sur ton visage la touchent et la heurtent en même temps. Elle aurait préféré que tu ailles bien, tout simplement. Que tu ne sois pas affecté par cette histoire non plus. Mais si on part là-dedans.. Elle aurait préféré que cette situation n'arrive pas. Elle aurait voulu tant de choses. Au lieu de ça, elle se prend la baffe de front, bien moins solide que ce que son aplomb ne semble montrer. Her est un peu comme du métal : il semble résister à tout jusqu'à se rompre définitivement à la torsion de trop.

Sa main droite tremble un peu, sproradiquement, lorsque tu t'excuses. Pas ta faute Apache. Pas ta faute, pas ta faute, pas ta faute. Même là, elle se raccroche à toi. Ton mal être. Ta peine. Ta gentillesse. Toi tout entier, plutôt que de contempler ses propre plaies à elle de trop près. La colère aide à tenir aussi, ça occupe pour mieux se détourner du gouffre béant qui semble prêt à tout consumer. Pretty. C'est le vide laissé par Pretty.

Her entend ta voix, sans discerner les mots. Elle te sent approcher, plus ou moins. Sans qu'elle ne le réalise, son coeur bat trop fort, son corps a trop chaud, ses yeux sont humides tant de peine que de colère noire. Tout ce qu'elle est maintenant capable de penser, c'est "pourquoi ?". Pourquoi cette distance, pourquoi ce silence, pourquoi ce revirement, pourquoi en parler à d'autres, pourquoi pas à elle, pourquoi.. POURQUOI. Il ne reste plus que ça. POURQUOI. Un pourquoi immense, envahissant, qui l'emplit toute entière. Même aux larmes, aux jurons il ne laisse pas de place.

P O U R Q U O I

Ta main sur son épaule la fait sursauter imperceptiblement. Mais tu la force à atterir, aussi. A ne pas se faire bouffer, trop vide par le POURQUOI. La Fille te jette un regard surpris, comme si elle ne réalisait que maintenant que tu es là. Ta main effleure la sienne, et ça semble venir d'ailleurs. Comme si ce n'était pas son corps à elle, comme si tout était .. Distant. Tu parles, à nouveau et cette fois la sentinelle se concentre pour écouter. Une part d'elle voudrait attraper ta main, mais c'est comme si elle ne savait plus quel muscle bouger comment. Elle est trop pleine de rage sourde et d'une douleur criante. Ca prend toute la place, ça annule tout. Tout, tout, tout.

Pourquoi tu t'excuses ?
Pourquoi tu demandes ?

Pourquoi pourquoi pourquoi. On y revient toujours. Avec un effort de volonté, Her déglutit. Sa bouche est pâteuse, ses sens un peu engourdi. Mais c'est sans doute mieux que l'intense émotion d'il y a quelques minutes. Her te regarde, essaye de hausser des épaules sans trop savoir si elle y arrive ou non. Son corps semble ne pas vouloir bouger.

- Je tiens.

Et c'est là, en disant ça d'une voix trop calme, qu'elle comprend. Elle tient, oui. Comme une statut, comme un bloc. Incapable de bouger pour ne pas voler en éclats. C'est peut-être mieux. Ca aide, quelque part. Comme au fond de l'eau, quand il faisait Nuit. Tout y était calme. Vide. Comme elle.

Un nouveau frôlement de ta main, ton regard qui ne la quitte pas. Elle aimerait l'attraper, ta main. Sans trop savoir pourquoi, mais ça lui semble important. Alors elle se concentre, et remue vaguement son bras. Ses yeux bruns se baissent, et il faut qu'elle fixe sa main pour que celle-ci obéisse enfin et attrape la tienne. Ta main. Toi.

T'es là.

C'est comme si, peu à peu, les choses se remettaient en place. Son corps petit à petit redeviens réellement sien. Son coeur, elle le sent soudain battre à tout rompre, à en faire mal. Une barre cogne à son front, elle soudain très froid, ou chaud c'est difficile à dire. Les émotions reviennent en force, brisant sans égards le barrage cotonneux qui les avait contenu un bref moment. Her se sent basculer, et revivre à la fois. Et avec ses émotions, avec le monde, revient aussi le reste. Ses souvenirs avec toi. Ca lui rappelle quand elle t'avais trouvé cassé, et que tu avaus dit que ça allait. Elle peut pas faire ça, pas vrai. Elle n'a pas dit que ça va, mais.. Mais elle n'a pas répondu non plus.

Doucement, ses doigts serrent les tiens.

- Mais j'ai mal.

Sa main s'agrippe à la tienne maintenant. Her fuit ton regard, ta gentillesse est soudain douloureuse. Mais doucement elle se laisse tomber contre toi et t'agrippe de son bras libre. C'est tout ce qu'elle arrive à faire. Rester contre toi, s'y accorcher de toutes ses forces.

Ca et, finalement, se laisser aller. Pleurer.

Pourquoi pourquoi pourquoi ?

Perdue, Her. Elle semblait totalement perdue. Comme une biche prise dans les phares d'une voiture, le regard presque hagard, les gestes crispés, quasi saccadés. C'était a tordre le cœur, elle qui pourtant contrôlait si bien ses émotions habituellement.
Et puis, après un temps, deux mots franchirent les jolies lèvres de la Fille, et Apache ne les manqua pas, tout concentré sur Elle qu'il était.

"Je tiens."
Elle tenait.
Oui.
Elle se tenait droite. Figée. Et faisait face aux éléments, les prenant de plein fouet avec une violence brute.
C'était presque si l'iroquois pouvait visualiser sa camarade se faire laminer sous un torrent d'une pluie rude et glaciale, gorgée de grêlons qui la blessaient, esquintaient sa peau.
Immobile. Fière. Abimée.

Et puis, le regard aux airs absents de la sentinelle se baissa, se fixant sur sa main. Les yeux du garçon suivirent, avisant le mouvement de la Fille qui doucement, tout doucement, s'était enfin saisi de la sienne.

Froide.

Tellement froide comparée à la sienne, la peau de Her.
Alors le punk avait serré avec douceur la main de sa compagnonne, la pressant pour signifier un peu plus sa présence, lui donner un peu de sa chaleur, espérant qu'elle se libère un peu de ses pensées, ses questions, sa colère, sa peine, du poids qu'il venait de charger sur ses frêles épaules.
Frêles ?
Pas tant que ça.
Mais face a cette annonce lourde en conséquence et émotion, en trahison, Elle paraissait si fragile.

Soudain, la prise de la Fille se fit plus forte sur la main du chasseur, l'interpelant, lui serrant le cœur dans le même temps.

"Mais j'ai mal."
Her... Il a envie de le dire. De l'appeler. Mais le nom ne franchit pas les lèvres de l'anarchiste, la gorge nouée. Il a mal. Tellement mal pour elle. Une trahison comme celle ci, lui même avait bien du mal a la digérer, mais alors qu'est ce que ca pouvait être pour elle ? Un cauchemar éveillé. Il ne pouvait qu'imaginer.
La seule chose qu'il pouvait faire pour Elle, c'était de la réceptionner. C'était de l'écouter. C'était de l'aider, de faire en sorte qu'elle accepte de partager son fardeau. Comme Elle l'avait fait pour lui, ce jour la, à l'infirmerie.
La seule chose qu'il pouvait faire, c'était faire ce qu'elle avait déjà su faire pour lui.
Être la.
Pour Elle.
Et uniquement pour Elle.

Alors quand son regard brun se fit fuyant et qu'elle se laissa tomber tout contre lui, Apache, de son bras libre, l'enlaça tout contre lui, sa main remontant dans son dos, presque jusqu'à sa nuque dans une caresse se voulant rassurante.
Et il senti la pluie.
La pluie de Her.
Lui aussi, il était sous le torrent, maintenant. Il récupérait son froid, et donnait de son chaud, calant ses lèvres tout contre son cou, tout contre sa peau, il lui murmurait.
"Shhht Je suis la." Il lui disait "Ca ira... T'inquiète pas." Des promesses, peut être un peu en l'air, mais qu'il pensait profondément. "Ca va s'arranger..." Vraiment ? Oui. Bien évidemment. Il ne savait juste pas encore comment. Et il la berçait doucement, tout en lui caressant le dos. La gardant tout contre lui, les plumes rouges vives de son manteau entourant la jeune fille, la recouvrant comme un feu qui ne brulait pas.
Tout doux, au contraire.
Elle était a l'abri tout contre le punk.
Et, comme a son habitude, comme à chaque fois qu'il avait du la rassurer, la remonter, lui réchauffer le cœur comme le corps, doucement, il souffla de l'air chaud tout contre sa peau.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

"J'suis la, ca va aller..."
Je partirai pas.
Jamais.