C'est parti. On y croit.
Meteor fixe l'espèce d'arcade buissonneuse qui sert de porte au Labyrinthe. On dirait qu'il remue, ça donne pas très envie.

— C'est chaud...

Il a vraiment pas envie de s'engouffrer là-dedans. En plus ça sent pas bon, j'veux dire, littéralement. Il serre sa batte de baseball (la seule arme qu'il utilise) et se gratte la joue, puisque sa peau abimée le démange tout le temps.

— Reste ici, je reviens.

Virgule est venue, elle le suit toujours. Mais quand il fait un pas, elle en fait trois pour le rattraper (Virgule a de très courtes pattes) et il doit s'arrêter.

— Non, Virgule. Tu dois rester là pour garder l'entrée. Si j'ai un problème je crie et tu abois, comme ça je pourrais retrouver le chemin.

Il se baisse pour lui faire une caresse. Son poil est trop dégueu.

— Ça va aller, de toutes façons, j'ai mon casque.

Pour les missions dangereuses (c'est-à-dire, encore plus dangereuses que le reste) il met souvent son casque de baseball. Il pense à ce garçon qui lui avait dit "Un chinois qui fait du baseball MDR". Quel sale con. Pourquoi il pense à lui, d'ailleurs.
Meteor se relève. Cette fois, Virgule reste tranquille. Dans deux secondes, elle se sera endormie. Il s'enfonce dans le Labyrinthe.

*

Il a pris un peu de substance (il transforme les médicaments volés en poudre blanche) et il aurait pas du. Il épuise ses réserves. Seulement pour les cas d'urgence, Meteor, seulement les cas d'URGENCE ! Il se mord la lèvre et se donne un petit coup sur la tête (inutile, avec le casque).

— T'es con, t'es con, t'es CON !

Il est un peu speed, du coup, un peu défoncé, et il est trop enfermé dans sa tête pour être prudent. Il marche vite, fort, il parle un peu tout seul, il regarde pas où il va. Il sent même pas qu'un scorpion tout blanc lui grimpe dans le dos.

WAH !

Meteor sursaute et se dégage d'un coup, en même temps de se retourner, bref c'est compliqué et il manque de toucher du bout des doigts une des haies toxiques. Son casque de baseball, un peu trop grand, glisse légèrement sur son crâne.

— Putain, il dit, en découvrant tout d'un coup, toi le peau-rouge, la bête écrabouillée, le sang chelou qui a giclé un peu. Il met du temps à tout assimiler, il a même vaguement le tournis.

Tu es face à lui maintenant. Tu es plus grand, plus robuste, plus... bon, il devrait pas dire ça, mais plus SAUVAGE. Meteor réprime un petit spasme de peur en lui. T'es rien qu'un enfant, il le voit quand même. Juste un peu grand.
Ses yeux et ses gestes sont tout dispersés alors que tu lui cries dessus. Il comprend lentement, la logique se fraye un chemin dans le tournis de son cerveau. Il y avait un scorpion, le scorpion écrabouillé, sur lui. Une sueur froide glisse dans son dos. Respire, il est mort, il est mort.

— Tu casses ma piste, tu fais peur à mon gibier, tu fais trop de bruit. C'est trop danger pour toi, tu dois partir.

Meteor esquisse un faible mouvement de recul, ton poignard lui parait gros alors qu'il est encore un peu sous le choc, encore un peu défoncé. Il a super chaud.

— Arrête de me crier dessus ! Sa voix est moins grave qu'il espérait.

Il retire son casque, ses cheveux poissent contre ses tempes, son front est perlé de sueur. Il l'essuie avec sa manche.

— Désolé pour ta piste. Je peux pas partir, je suis en mission. Et je sais me défendre, okay?

Il montre sa bate, mais dans son geste un peu ample elle tombe et s'écrase contre le scorpion déjà écrasé, ça fait frémir ses pattes. Meteor rougit et ramasse prestement la bate.

— J'ai pas fait gaffe, mais c'est bon maintenant. Je serai plus prudent.

Il te fixe des yeux. Il veut pas admettre que tu as la classe alors il fronce les sourcils, durcit ses traits.

— Tu es un pinakini c'est ça ?

Il a du mal à retenir les noms.