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Ancienne Bayouteuse
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MessageSujet: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 10:54


Noye mapé noyé, noye mape noye
Noye mapé noyé, noye mape noye
Ezili si’w wè mouin tombe nan dlo pranm non sové lavi an mouin
Noyé mapè noyé...



Noyade, je me noie
Noyade, je me noie  
Erzulie si tu me vois tomber dans l'eau, sauve-moi
Noyade, je me noie...



La nuit est profonde, même au coeur de la fournaise. Le ciel saigne rouge, la lune est morte. Pourtant les ruelles du Port débauché s'habillent toujours du même brouillard. Sinueuses, étroites et traitres sont les recoins de cette ville entre pierre et pilotis. Si ce n’est pas un soudard qui vous plante un couteau entre les reins, c'est un corps aviné qu'il faut enjamber. Les femmes aiguisent leurs charmes aux balcons des maisons de passes. L'opium volatile chatouille les narines. Il y'a cette pestilence de fruits de mer avariés, d'urine rance et de parfums coquets. C’est l'odeur de la vie, ni plus ni moins.
Mais la Faucheuse n’est jamais loin.
A cette heure avancée, où les morts se mêlent aux vivants,  le Bayou lointain semble étirer ses brumes et ses relents jusqu'à la ville civilisée. Ignorant est le pirate qui n’est plus superstitieux. Ignorant est l'homme qui suit les lanternes vers les confins de cette cité du vice. Quand la terre cède à la boue c'est que vous êtes déjà trop loin. Là, vos sens chantent différemment. Les esprits sifflent à vos oreilles, à moins que ce ne soit le vent. L'orée de votre vision se peuple d'ombres. Il n'y a plus aucune certitude.

Vous parvient alors le son de cliquetis. Des chaines de revenants ? Peut-être, malheureux, peut-être. Le charme de ces soubresauts est tout musical. Il rythme les pas d'une silhouette sautillante, mobile et fluide dans votre dos. Les lanternes ou bien la rousseur nocturne accroche sa peau noire à chaque déhanché. Elle danse. Pour elle avant tout, peut-être pour vous. Elle disparait sans cesse à la vue, mais le bruit de ses bijoux vous suit. Il entête. A chaque pas.

Clic ! Clic ! Clac !
Clic ! Clic ! Clac !

Proche comme une caresse. Insaisissable comme un spadassin.

Clic ! Clic ! Clac !
Clic ! Clic ! Clac !

Jusqu’à ce que le rire humanise l'affabulation.

- Hého, Pirate ? Tu souris toujours comme si de la cire t'avait coulé dessus ? fait la voix féminine, un brin moqueuse et délicieusement juvénile.

Clic ! Clic ! Clac !
Clic ! Clic ! Clac !


Pour le valeureux qui se retourne, le spectacle flatte l'oeil  : la jeune fille, mulâtre au grands yeux clairs, vous offre un sourire de chat. Elle est assise sur un tonneau, gracieuse, dans une tunique légère et rapiécée de couleur. Le tissus baille légèrement à la poitrine quand elle se penche, laissant deviner la naissance de seins fermes et pleins de morgue. Perles, coquillages, billes de bois et plumes cerclent chevilles, cou et poignets. Mais c'est l'émail de son sourire qui la pare le mieux.

Elle penche la tête sur le coté, faisant ondoyer son épaisse chevelure bouclée.

- Comment tu t'appelles, Missié ?

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Ancien Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 11:59

Il y avait toujours beaucoup de bruit au Port Débauché depuis que le bateau, endommagé, avait du accoster en urgence et que les pirates s'étaient répandus sur la terre ferme. Étrangement leur nombre avait soudain augmenté, entre les Enfants Perdus qui avaient décidés que vivre dans un village portuaire crasseux en vaudrait la peine, des femmes adultes venues d'on ne savait où et d'autres, étrangement, qui semblaient être restées cachées tout ce temps, attendant dans l'ombre au même titre que cette communauté issue du bayou et dont jamais personne n'avait soupçonné l'existence jusqu'à-ce qu'ils se manifestent. Cette maudite île était décidément pleine de surprise, à l'image d'un bagage magique capable de vous sortir un petit réveil de poche comme un immense porte-manteau qui n'aurait jamais pu tenir dedans en temps normal. Bref, avec tout ça, il y avait de quoi se sentir paumé, d'autant plus en vérité lorsque votre esprit vous torturait et que votre conscience agonisait, consumée par les regrets de vos actes passés qui, pourtant, finissaient par devenir partie intégrante de vous. C'est ainsi qu'en cette semi-pénombre teintée d'une lumière rougeoyante, les pas de Dan l'avaient mené jusqu'au village fait principalement de bois, enjambant les corps enivrés d'alcool, repoussant parfois d'un coup ou deux quelques imbéciles qui croyaient voir en lui une proie facile malgré sa haute taille, l'alcool toujours n'aidant pas à leur faire comprendre leur erreur. Les mains en poches, sa haute carcasse ployant légèrement vers l'avant, surtout au niveau de ses larges épaules, le Tordu aux cheveux courts aussi noirs que ses yeux était plongé dans ses pensées, n'ayant cure des bruits alentours, son humeur étant à l'image de l'expression de son visage : fermée, mauvaise. Il ne voulait pas être dérangé, cherchait la solitude en songeant que même une agréable compagnie ne pourrait l'égayer un peu.

- Hého, Pirate ? Tu souris toujours comme si de la cire t'avait coulé dessus ?

Tant de ces femmes s'offraient à qui voulait bien payer, haranguant ceux qui passaient à portée en mettant à l'air libre leurs plus beaux atouts, étalage de chair dont le Pirate n'avait que faire et, pourtant, il eut la présence d'esprit de calculer qu'il était au beau milieu de ce qu'on aurait pu qualifier de ruelle, sans personne d'autre que lui aux alentours. Intrigué, il stoppa son lourd pas et pivota légèrement, son visage de Troll se tournant avec une sombre expression vers la silhouette féminine qui, visiblement, s'adressait bel et bien à lui.

- Comment tu t'appelles, Missié ?

Un regard lourd et vide lui répondit, ainsi qu'un grognement inintelligible qui n'avait rien d'engageant, bien au contraire. L'homme ne voulait pas être dérangé et ce bout de femme, aussi mignon soit-il, ne faisait pas exception à la règle. Il eut un froncement de nez dédaigneux, mécontent, puis se détourna sans autre forme de procès, reprenant sa marche en enfonçant plus fort encore les mains dans ses poches, son arme pendant à son côté, solidement attachée à sa ceinture, dans son fourreau. Même plus possible d'être tranquille nulle part, même en forêt on venait le faire chier, sur le bateau ce n'était même pas la peine d'y compter et voilà que même au Port ce n'était plus possible. De quoi ajouter à la mauvaise humeur de Dan.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 12:41



Erzulie cache mal son amusement.
Lui, elle l'a repéré de loin : gigantesque, maussade et ployé comme un saule chialant sur sa rive.  Il a l'air solitaire et mal embouché : ses préférés ! Cette tignasse corbeau, cette pâleur maladive, cet air renfrogné... diantre qu'elle meurt d'envie de l'asticoter. Et pourquoi s'en priverait- elle ?

On a qu'une vie !

Elle saute de son promontoire avec aisance, le suit de quelques foulées tintinnabulantes. Sans effort. Elle a l'air fraiche malgré la chaleur qui fait naitre quelques perles de sueur à son front.

- Hé, Missié, t'es muet ?

Gambadant à son coté, pas chassé-sur pas-chassé, elle penche sa tignasse bouclée pour mieux voir son visage.

- On t'as coupé la langue ou t'es trop impressionné pour causer ? Ça se peut, tu sais , chou ! Mais c'est pas grave, il reste le langage du corps.

Elle pirouette sur elle même, faisant chanter toute sa quincaillerie. Et la voilà face à lui, qui marche à reculons, calquant son rythme sur le sien. Elle glousse.

- Hého ?  Missié Cire-fondue ! Tu fais la gueule ? Pourquoi ?

Elle frappe dans ses mains. Ses bracelets pépient comme des volatiles.

- Laisse-moi deviner.... Elle commence à énumérer sur ses doigts. Dette de jeu, humiliation en pleine bagarre -ça, ça vous effrite toujours l'égo , à vous les hommes- perte d'un camarade... OH !  je sais ! Peine de coeur ! Je suis trop forte en peines de coeur, chou ! C’est même ma spécialité...

Elle bat des cils en se mordillant la lèvre inférieure.

- Quoi que t'es pas trop du genre à te faire aimer, hein ? Sale trogne !

Et brusquement elle abat ses paumes de part et d'autre du visage de l'ombrageux. Ça claque comme il se doit sur ses joues tannées. Elle est bien plus petite que lui, mais elle l'oblige à la regarder droit dans les yeux, sa tête brune prisonnière de ses doigts. Elle sourit toujours, l'endiablée.

- T'es perdu, chou ? Ooh, pauv' missié.... Perdu comme le petit garçon, pas vrai ? Le tout petit garçon qu'il n’est plus, tapis au fond... Son index danse une gigue sur la poitrine du flibustier. Là... murmure-t-elle vilaine comme un serpent.

Elle se soustraie à ses possibles représailles d'un pas de deux. Ses hanches tanguent sous l'effet d'une houle hypnotique.

-Tu sais c'est qu'une ombre. Et des mamans calines, y'en a plein le port....

Clic ! Clic ! Clac !
Clic ! Clic ! Clac !

Mais une fois de plus, elle le défie d'une œillade malicieuse.

- T'as juste peur de vivre, Missié, voilà tout....

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Ancien Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 13:41

On a qu'une vie, ça c'était bien vrai, quoique sur cette maudite île, ce ne soit rien d'autre qu'une façon de voir les choses, même si effectivement, une fois mort, il était trop tard pour faire quoi que ce soit d'autre. La question sur sa possible incapacité à parler fait lâcher un bref soupir au Pirate qui va en continuant son chemin, essayant en vain d'ignorer cette donzelle qui pirouette à ses côtés, puis bondit devant lui pour marcher à reculons, l'inondant de questions et de paroles inutiles pour celui qui n'aime pas parler pour ne rien dire. Les termes de "langage du corps" dans la bouche de cette jeune femme à la peau mate le choquerait presque, s'il n'était pas ce qu'il est, se contentant de hausser un sourcil mitigé tandis que son attention se porte sur ces bracelets qui tintent à chaque mouvement de ses mains. Tiens, elle en a quand même un sacré paquet, de toutes ces breloques qui brillent et qui crissent, qui tintent et qui résonnent. Les mots défilent tandis qu'il s'absorbe brièvement dans l'examen des bijoux, songeant qu'il devrait demander à son amie sirène ce qu'elle en pensait.

... OH !  Je sais ! Peine de coeur ! Je suis trop forte en peines de coeur, chou ! C’est même ma spécialité...

Pu*ain, pense-t-il, est-ce qu'il lui arrive jamais de la fermer à celle-là , Elle cause, elle cause, boule d'énergie qui semble ne pas vouloir s'arrêter et qui le fait foncièrement grogner de mécontentement cette fois. Lui qui voulait avoir la paix, le voilà bien tombé avec cette sauvageonne qui lui cours autour comme un chaton après une pelote de laine.

- Quoi que t'es pas trop du genre à te faire aimer, hein ? Sale trogne !

Trop prit dans ses pensées, Dan ne se doute pas un seul instant qu'elle va oser le toucher, pire ! Poser ses mains sur son visage comme deux claques, le faisant piler net et sursauter malgré lui, écarquiller les yeux avant qu'une vive lueur de fureur s'y affiche. Non mais là, il va la tuer ! Pire encore lorsqu'elle joue les complaisantes en le qualifiant de petit chou perdu et autres conneries du genre. Le Pirate porte la main à son arme qu'il commence à tirer au clair, la sauterelle bondissant hors de sa portée tandis que son grognement devient rageur, clairement furieux et qu'un seul mot sort de sa bouche, plus aboyé qu'autre chose, de sa voix grave et rauque.

- Dégages !

Elle n'a de cesse de le provoquer, de l'énerver, mais bordel il ne va quand même pas tuer une femme, aussi stupide soit-elle. Alors le Tordu se fait violence, il grogne encore, mais rengaine son arme à demi sortit, se redresse enfin pour la première fois depuis au moins une heure et observe, le regard brillant de mépris pour cet être haut en couleur et trop sonore à son goût. Si jeune et déjà elle croit tout savoir, le propre de la jeunesse, même s'il faut reconnaitre qu'elle a en partie raison. Son cœur souffre, mais il n'a pas à en parler avec une inconnue, surtout une inconnue aussi envahissante.

- Occupe-toi de tes affaires au lieu de dire des bêtises.

La voix est rauque, abimée, comme celle d'un homme qui ne parle pas assez souvent ni assez longtemps pour éclaircir son timbre. Aussi bourru que le personnage, le ton est passablement blasé, le Tordu secoue la tête, puis désigne du menton les breloques qui pendouillent.

- C'est quoi, ça ?

Au moins a-t-elle réussie à attirer son attention, fut-ce d'une manière différente que celle escomptée. Mais ce qui brille plait aux femmes, c'est évident, même lui le sait, alors il pense avant tout à son amie fille de l'Océan.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 15:17



La jeune vaudoue éclate de rire. Un rire sans concession qui emplie tout l'espace avec force. Elle rayonne, la gamine, et son rire est aussi peu discret que tous les bijoux dont elle s'affuble.

- Dégages !
- Oooooh..
, roucoule-t-elle en roulant des épaules, bouche en coeur. C'est presque électrique ! Je viens de le sentir jusque là... Ses bras tendus vers lui refluent comme des vagues, ses phalanges s’agitant comme autant de queues de poisson.... Tes envies de me tuer !

Elle lui fait un clin d’œil ponctué d'un sourire charmeur.

- C’est le début de toute bonne romance, tu sais ?
- Occupe-toi de tes affaires au lieu de dire des bêtises.
- AHAHA ! Chou, sois pas si sérieux, tu veux ? Faut te décoincer un peu, t'es tout constipé. Et je ne dis pas de bêtises, Missié, je suis l'Amour , je suis le Coeur. Si je viens à toi c'est que le tien est en charpie...


Elle a une moue désolée, comme si elle constatait les dégâts à travers les os du forban.
Elle revient vers lui, féline, et pose sa paume en coupe sur celle du pirate, rengainant son sabre en poussant dessus. Sans forcer, un poil provocante.

- T'es touuuuut cassé.
- C'est quoi, ça ?
- Ça ?


Elle agite ses breloques  sous le nez du Tordu, comme elle le ferait en agitant la main de Crochet devant le museau du crocodile.

- Des colifichets.... Ça te plait ? Tu en veux un pour ta chérie ? Celle qui t'a moulu le palpitant ?

Elle se dandine avec une expression mutine.

- Tu racontes et je t'en fais un, même qu'il aura des pouvoirs magiques ! Tu veux, chou ?

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Ancien Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 15:44

Aussi énervante que la plus criante des vérités, la jeune femme n'a de cesse de rire avec sincérité, s'amusant de la situation avec une légèreté propre à l'insouciance la plus flagrante. Dan ne rit pas, lui, ne sourit pas, n'a pas le cœur à la fête ni l'envie de ce genre de choses qu'il croit superficielles. Il aspirait au calme et se retrouve embarqué dans une situation pleine d'agitation et de bruit, tout ce qu'il déteste. L'envie de la tuer ? Si déjà elle peut le sentir, c'est qu'elle est moins stupide qu'elle en a l'air et le Pirate plisse ses yeux couleur Ténèbres, scrute avec plus d'attention cette femme aux allures de folle, qui cache sans doute quelques traits de génie ou, à tout le moins, de fieffée renarde comme décrites dans certaines légendes. Telle une sirène terrestre insaisissable, elle s'échappe sans cesse et roucoule, roule et rigole, mais ses mots sonnent juste et percent la carapace pour se frayer un chemin jusqu'à son esprit. L'Amour et le Cœur, il n'en a que faire, tout du moins c'est ce qu'il aimerait réussir à finir de se convaincre, les repoussant sans cesse, aimerait en faire autant avec les provocations de cette noiraude. Les bijoux sont des colifichets, Dan fronce les sourcils, ignore exactement la différence entre eux et des bijoux ordinaires, jusqu'à-ce que l'apparition le lui explique brièvement.

- Non.

Non il n'en veut pas pour sa chérie, il n'a pas de chérie, techniquement parlant, tout comme il se refuse à imposer ce genre de choses à qui que ce soit. Mais peut-être que ça plairait à son amie qui se sent parfois si seule... Et ça, ce serait peut-être un beau cadeau, qui sait.

- Tu racontes et je t'en fais un, même qu'il aura des pouvoirs magiques ! Tu veux, chou ?

- La magie, c'est d'la merde.

Lâche-t-il d'une voix rauque sans autre forme de procès envers cette entité désincarnée toute puissante.

- Mais j'ai une amie qui aimera peut-être... mais sans magie.

Pourtant il n'a pas envie de raconter, le Tordu, son vague-à-l'âme, ces morceaux de cœur qui s'effritent et disparaissent dans les limbes de la solitude et de l'oubli, ce profond désir de devenir un autre et les montagnes infranchissables qui se dressent chaque jour devant lui pour l'en empêcher. Pirate il est, Pirate il demeurera. Monstre il se sent devenir, Monstre deviendra-t-il ? Ce n'est pas tant l'Amour à sens unique qui le ronge, que ce sentiment de s'oublier soi-même, d'avoir ses souvenirs qui disparaissent et de ne plus vraiment savoir qui l'on est, ni ce que l'on devient. A-t-on jamais été autre chose ? Les plaques métalliques accrochées à son cou, précieusement conservées à l'abri de tout regard sous son haut noir, sont-elles vraiment le seul souvenir qui lui reste avec quelques voix lointaines sans visage auxquels les rattacher ? Il grogne le Tordu, en observant ce bout de jeune femme qui essaye de l'approcher un peu plus à sa façon, puis soudain la méfiance gagne en intensité.

- En quoi ça t'intéresse ?

Qu'est-ce qu'elle fichait ici toute seule au beau milieu d'un village Pirate, peuplé d'hommes si mauvais qu'ils pourraient décider de faire d'elle ce qu'ils veulent, notamment assouvir leurs plus bas instincts. Lui-même n'avait-il pas déjà agit ainsi de la sorte à plusieurs reprises ? Elle devait être folle, c'était là la seule explication à ses yeux.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 26 Jan 2016 - 19:03



- La magie, c'est d'la merde.

Quelque chose passe dans les grand yeux clairs d'Erzulie, fugace et inquiétant. Sa bouche se pince imperceptiblement.  Il a du culot, ce missié là ! Il vole jusqu'ici, confie son ombre à un gars qui vieillit jamais, croise des fées, des sirènes et milles créatures fantasques... Et vomit la magie qui a fait de lui ce qu'il est. Li se estipid oswa ki sa ? L'Amour est-il fâché ? Pas vraiment. Pourtant il y'a un sursaut d’orgueil qu'elle perçoit distinctement. Une envie d'en remontrer au sans-ombre. Elle devine confusément qu'il s'agit là du sang de son peuple. Malgré les pirouettes et les simagrées, malgré tout ce qu'elle fait pour s'en dépêtrer : elle est une sorcière des Marais. Une vaudoue. Une mambo.

Une Erzulie.

- Tu crois ? Dit-elle avec une petite voix perchée, pointue comme un galet aiguisé.
- Mais j'ai une amie qui aimera peut-être... mais sans magie.
- Ohohoho "une amie" ! Dis m'en plus ! Dis m'en toujours ! Èske li trè bèl ?  
Et elle ajoute avec douceur. Tu vois quand on chauffe la cire entre ses mains, elle fond finalement !

Elle lui ébouriffe les cheveux avec un sourire coquin, sent la cicatrice à tempe, s'y attarde. Mais le pirate semble vouloir se dérober. Elle lit de la méfiance dans les deux puits noirs de ces prunelles. Ces yeux là. Ces yeux là lui en rappellent d'autres. Profonds, opaques, marécageux. Les yeux du souvenir.

- En quoi ça t'intéresse ?

Elle fronce les sourcils.
Elle perçoit les émotions qui bataillent dans la poitrine de son interlocuteur : un être solitaire, qui peine à se recréer, qui s’est oublié, qui n'a foi en rien ni en personne.

- Brrrr... Fait-elle en lui frissonnant au nez. Tu dégages un de ces trucs, chou, normal que ça attire les gens comme moi à des lieux à la ronde.

Et sans crier gare elle s'enroule autour de son cou et s'y pend, moins comme une amante que comme une sale gosse réclamant les bras de son papa. Elle se mordille la lèvre avant de salement pouffer de rire.

- Tu sais pas qui je suis, hein ?  J'vais t'expliquer, mon tout-bèl  : moi, je suis une artiste. Je mets mon talent au service des enfants, comme toi, qui...
Ses yeux roulent dans ses orbites et elle remue les épaules.. Sont tout paumés dans leur jus. Je répare leur kè, je rafistole un peu leur nanm  et zou ! C'est reparti pour un tour. Tu piges ?

Elle plisse les yeux.

- Je suis douée, hum... sans doute la plus douée de ma génération. Mais je travaille pas gratis, tu vois ? Tout travail mérite salaire ! C'est comme ça. Et moi on me paie en nature.

Erzulie a une expression intense. Magnétique. Irrésistible.

- On me paie en souvenir.

Elle le relâche, s'écarte d'un pas et pose ses mains sur ses jolies hanches soutenues de foulards.

- On me raconte sa vie, quoi ! Ses petits tracas, ses gros chagrins. Bon en général je danse... Elle balaie l'air d'un geste gracieux du poignet avec un petit froncement de nez. Mais les grigris je sais faire aussi. C'est simplet: pa enkyete !

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Ancien Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMer 27 Jan 2016 - 10:03

Était-ce de la colère ou juste de la désapprobation que Dan venait de voir passer dans le regard de la jeune femme ? Grand bien lui fasse ! Il n'avait pas demandé à ce qu'on vienne le déranger dans son errance et encore moins qu'on se permette de l'approcher de la sorte, lui le Tordu, lui le Pirate dont on disait que le sourire déformé qu'il affichait faisait s'enfuir les enfants autant que les donzelles. Et toutes ces questions personnelles avaient le don de mettre Dan sur la défensive, pire encore, de lui donner envie de s'en retourner dans un coin sombre quelconque pour qu'on ne le retrouve plus. Est-ce que son amie était belle ? En voilà une question singulière qui laissa l'homme circonspect. Encre, belle ? Sa mine se fit plus songeuse l'espace de quelques secondes, avant qu'il n'acquiesce légèrement, approuvant cette supposition. Oui, on pouvait dire que pour une sirène, fut-elle singulière, Encre était belle, même si pas autant que pourrait l'être une humaine aux yeux du Pirate qui, tout à ses pensées, émit un grognement sourd quand la jeune femme vint lui ébouriffer les cheveux. Non mais oh ! Ça va bien oui ?! Et qu'est-ce qu'il dégageait au juste pour attirer les gens comme elle ? Ça voulait dire quoi ça ? Passablement irrité et un brin perdu aussi, le Tordu fut plus encore surpris lorsqu'elle lui sauta littéralement au cou, s'y suspendant avec l'air d'une gamine voulant jouer à la balançoire en pressant sur sa nuque, heureusement solide. Il expira fortement sous le poids, puis se redressa en grognant, retenant un geste violent à la seconde même où elle laissa entendre une chose importante : elle n'était pas n'importe qui.

- Hum...

S'il y avait bien une chose qu'il avait apprit sur cette île de malheur, c'est que toute merdique soit la magie qu'il déteste tant -puisque l'ayant justement conduit jusqu'à cet instant T- il ne faut jamais, mais vraiment jamais, la sous-estimer et encore moins ceux qui en sont dépositaires, comme semblait l'être cette jeune femme-là. C'est ainsi qu'au lieu de lui en décocher une en plein visage et de l'envoyer valdinguer pour mieux dégainer ensuite son arme et lui faire un traitement de choix, le Pirate resta là à l'écouter en grognant en sourdine, mécontent, mais pas stupide à ce point-là. Paiement en nature ? Une minute, une minute !

- On me paie en souvenir.

Soulagement, l'espace d'un instant Dan avait cru qu'il devrait se taper une petite jeune à peine sortie de l'enfance, pas vraiment son trip en vérité, même s'il était indéniable que celle-ci était agréable à regarder pour une peau mate. Sa nuque fut soulagée du poids de ce frêle corps et le Pirate se redressa pour de bon, assouplissant ses muscles et ses vertèbres avant de la fixer d'un regard sombre. Alors comme ça elle voulait l'aider ? Mais en quoi au juste serait-ce une bonne idée que de faire confiance à une parfaite inconnue, qui plus est dépositaire de magie ? D'ailleurs quel genre de magie au juste ? A voir sa dégaine, pas celle d'un quelconque truc net et propre, genre religieux comme ce que l'un des leurs n'arrêtait pas de rabâcher à longueur de journée, avec ses histoires d'anges et de divinité omnisciente.

- J'veux juste un bijou pour mon amie, c'est tout. Je te donnerais un souvenir, mais un seul, je ne veux pas de magie.

Lâcha-t-il de sa voix rauque et grave, soupirant légèrement avant de jeter un regard alentour à la recherche d'un coin tranquille, plissant les yeux en songeant à un peu de tranquillité pour parler du peu dont il se souvenait. Ce n'était pas fait pour toutes les oreilles, mais peut-être que cette jeune femme serait un peu comme Green, compréhensive et sans mauvais jugement à l'égard de celui qu'on surnommait le Tordu.

- Là-bas, viens.

Et l'homme de haute taille se dirigea vers une zone plus isolée du Port Débauché, aux bâtiments de bois si serrés entre eux qu'on avait à peine la place de passer et qu'un Pirate de sa carrure devait prendre garde pour ne pas racler les murs à chaque pas, qu'il avait heureusement léger et souple malgré sa taille. Une fois au beau milieu de ce qu'on aurait pu qualifier de ruelle, voir même de renfoncement, il s'assit en tailleur à même les planches de bois crasseuse et porta sur la jeune femme un regard encore passablement méfiant, attendant qu'elle lui donne le feu vert pour cet étrange échange.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMer 27 Jan 2016 - 11:21



- J'veux juste un bijou pour mon amie, c'est tout. Je te donnerais un souvenir, mais un seul, je ne veux pas de magie.
- Oke ! Oke ! Little ti gason pèdi,
lui répond Erzulie en levant les deux mains en l'air, pour marquer sa bonne foi.
- Là-bas, viens.

Sourire aux lèvres, la mambo suit le grand gaillard en sautillant, pognes dans le dos. Elle fredonne en boucle, d'une petite voix sibylline :

-Noye mapé noyé, noye mape noye
Noye mapé noyé, noye mape noye
Ezili si’w wè mouin tombe nan dlo pranm non sové lavi an mouin...


Ses prunelles vert d'eau détaillent le large dos de son "kliyan". Il a poussé trop vite, trop grand. Sa colonne est toute tordue, ses épaules démesurées. Sa doit être marrant de s'en servir comme canasson. La perspective serait fantasque et donc irrésistible. Le pirate entend glousser la métisse derrière lui.

-Noye mapé noyé, noye mape noye
Noye mapé noyé, noye mape noye
Ezili si’w wè mouin tombe nan dlo pranm non sové lavi an mouin...


Dans une ruelle étroite terminant en cul-de-sac, empestant le cloaque et le pavé chauffé à blanc, le forban se retourne et s'assoie en tailleur. Ses genoux cognent presque contre les murs de part et d'autre. Erzulie reste debout. Tout en s'appuyant contre les murs elle se penche vers l'âme tourmentée qu’elle a débusquée ce soir.

- ... Tu te demandes ce que ça veut dire ? C’est la chanson d'un homme qui se noie, qui se noie lentement et inexorablement....

Elle plonge vertigineusement jusqu’à lui, jusqu’à sa bouche qu'elle n'effleure que d'un souffle vanillé. Elle a un parfum d'épices prononcé, la chaleur ne fait que souligner cette fragrance, musquée et enivrante.

-....Et qui appelle l'Amour à l'aide pour qu'il lui donne assez d'air pour respirer et survivre.

Rire mutin.

- Tu manques d'air, chou. T'es tout asphyxié....
murmure-t-elle. Tu te noies dans quoi, dis-moi ?

Elle se redresse, écarte les jambes et s'assoie sans crier gare sur le pirate. Elle découvre ses dents blanches et si joliment alignées, tout en soulevant le menton du jeune homme d'un index audacieux.

- Avant tout, Piti-Pèdi, il me faut ton nom. C’est le début de toute transaction...

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Ancien Peau-Rouge
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMer 27 Jan 2016 - 12:25

Elle chante, l'espèce de sauvageonne au rire carillonnant dans son dos, elle chante tout le temps, à croire que c'est sa façon à elle de respirer, ou peut-être juste de vivre, tout en couleurs. Et elle glousse, elle s'amuse visiblement, tandis que Dan de son côté garde visage fermé et bouche close, songeur, regard attentif et méfiant tandis qu'il sélectionne l'endroit suffisamment isolé qui conviendra. Bordel, même son esprit lui crie que ça ressemble à ce que font certains de ses collègues matelots, mais il écarte cette pensée d'un bref secouage de tête. Ce n'est pas une catin là dans son dos, mais une espèce de shaman à peau mate, une drôle de jeune femme qui vient sans doute du bayou ou d'un de ces coins-là. Finalement il s'arrête, se retourne et se laisse tomber en tailleur, un peu trop lourdement, las de cette chanson qu'elle ne cesse de faire entendre. La signification de celle-ci lui arrache un haussement de sourcil, puis soudain il recule vivement lorsque les lèvres se rapprochent des siennes pour venir souffler leur parfum. Hey oh ! C'est quoi ce bordel ?! Et ça la fait rire en plus, c'est ça le pire ! Lui ne rigole pas, le Tordu ne l'es pas autant que ce qu'on pourrait croire, il n'est pas du genre à abuser de chaque situation pour prendre tout ce qui ferait envie à n'importe quel homme dans sa situation. Lui, se noyer ? Il fronce les sourcils pour de bon et s'apprête à protester, bien qu'en vérité il n'y ai rien de plus exact, quand soudain elle s'assoit sur lui sans autre forme de procès, envahissant pour de bon son espace personnel en lui tombant sur les genoux, face à face. Le brun écarquille les yeux, visiblement choqué par un tel acte, redressant la tête, crispé, sous le mouvement de son index.

- Avant tout, Piti-Pèdi, il me faut ton nom. C’est le début de toute transaction...

Trop c'est trop. D'un geste brusque, il la repousse en arrière avec violence, l'envoie valdinguer sur les planches de bois crasseuses tandis qu'il se relève d'un bond, sa main dégainant son arme dont il pointe la lame en direction de la jeune femme. C'est quoi au juste toute cette mise en scène ?! Un piège ? Un jeu aux mœurs déplacées et à l'issue incertaine ? Sa voix rauque s'élève, moitié fureur et moitié avertissement.

- Ne me touche pas, sorcière !

C'était ainsi qu'on appelait ces créatures tentatrices, d'après le peu qu'il avait pu en apprendre. Il y avait les sirènes dans l'eau et les sorcières sur la terre, l'une comme l'autre se destinant à piéger les humains, notamment les Pirates qui faisaient un met de choix, pour mieux les mener à leur perte, d'une manière ou d'une autre. Est-ce que cette femme à la peau mate comptait se servir de son nom ou du souvenir qu'il lui donnerait pour une quelconque mauvaise action ? Est-ce qu'elle allait lui voler son souvenir ? Naïvement il est vrai, c'est ainsi que pensait Dan tandis qu'il la défiait d'approcher avec son arme au clair, la fixant d'un regard noir chargé de méfiance et d'indignation. Elle n'avait eu de cesse de le toucher depuis le début, or il détestait ça, profondément. Le contact humain était chose difficile pour cet homme ayant trop vite grandit, il le détestait aussi sûrement qu'il ne se rappelait plus l'origine de ce malaise, incapable de retrouver le souvenir de la souffrance qu'on lui avait infligé avant qu'un certain Peter ne l'emmène loin de son monde, jusqu'à cette île maudite où il demeurerait sans doute à jamais prisonnier.

- Je ne te fait pas confiance.

Tout simplement.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMer 27 Jan 2016 - 14:54



Erzulie est projetée rudement sur le sol. Pourtant, après une poignée de secondes de latence, elle se met à rire aux éclats, en se tenant les côtes. Ses pieds ruent sur le sol, rythmant son hilarité, avant de remonter en arc de cercle gracieux sur le mur.

- T'as raison, Missié, c'est plus confortable comme ça !

Dos au plancher, pieds croisés en éventail sur le parapet, Erzulie glisse une paume en coupe à l'arrière de son crâne.

- Et on voit mieux le ciel....

Elle tourne la tête vers lui, nullement démontée.

- Pa fèt konsa sispèk ! Si je t'avais voulu du mal, tu ne serais plus là pour en témoigner. Viens, chou, viens contempler le Rougeoyant avec moi. On sera plus à l'aise pour causer.

Elle tapote le sol auprès d'elle. Ses yeux pétillent, mais c'est avec une certaine tendresse qu'elle poursuit :

- La confiance ça se gagne, Sans-Ombre, on est bien d'accord là dessus. Mais ça s'accepte aussi. Je suis pas ton ennemie. Je suis comme un swayeur ... Elle cherche le mot en anglais. Un guérisseur.  Mais pour le coeur, tu vois ? Toi t'es mon malade, moi je te répare. Mais tout ça, chou, ça se fait pas sans toi. Mwen bezwen ou dezi yo !

Elle soupire. Le mouvement fait voler quelques boucles et soulève sa poitrine menue,  désirable sous le tissus. Elle regarde la voute saignante et sans étoile.

- Mon nom à moi c'est Erzulie. Et je vais faire ton colifichet pour ta douce. Toi ? encourage-t-elle du menton à lui rendre la politesse.

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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMer 27 Jan 2016 - 16:03

Dan s'était presque attendu en vérité à voir la jeune femme bondir sur ses pieds et lui sauter dessus en hurlant comme une furie, un peu à l'image de Hyène Ricanante lorsqu'ils s'étaient rencontrés, à ceci près qu'ils n'en étaient pas vraiment venus aux mains tous les deux, tout au plus aux dents. Et tandis que la sorcière à la Peau Mate éclatait de rire à quelques pas de lui, le Pirate songea qu'effectivement, si elle lui avait voulu du mal, ce serait déjà fait depuis longtemps. Soupirant fortement pour marquer sa désapprobation face à tant d'explosions colorées, il rengaina son arme si tranchante et se rassit en tailleur là où il se trouvait déjà, levant brièvement les yeux vers ce ciel couleur sang.

- Hum...

Il détestait ne plus pouvoir admirer les étoiles durant des heures et s'endormir en rêvassant, toujours à deux doigts de saisir une réminiscence pour tenter de ramener l'un de ses souvenirs perdus à sa juste place. Bientôt, si ce que les autres avaient dit était vrai, les choses s'apaiseraient enfin et tout rentrerait dans l'ordre. Écoutant un peu plus la jeune femme, il acquiesça légèrement au terme de Guérisseuse et sembla s'apaiser un peu plus. Ça, le Tordu le comprenait, même si à son sens l'idée de soigner un cœur était une chose assez étrange à ses yeux. Pourquoi faire ? Un cœur saignera toujours, quoi qu'on fasse, c'était à cela aussi qu'il serait non ? On ne pouvait être heureux sans avoir connu la souffrance, de même qu'on ne pouvait aimer si on avait pas connu la solitude, cruelle vérité dont l'homme de haute taille avait parfaitement conscience.

- Dan.

Lâcha finalement le brun en observant le profil de la Peau Mate, Erzulie comme elle disait s'appeler, un bien joli prénom à son sens.

- Mon amie s'appelle Encre et c'est une amie de solitude.

Comprenne qui pourra, mais c'était là une information d'importance pour lui, c'est d'ailleurs ce qui évoquait le commencement de l'histoire qu'il était censé lui raconter, même s'il ignorait comment tourner vraiment la chose. Aussi Dan garda-t-il d'abord le silence, réfléchissant aux mots qu'il devait employer, levant par moment les yeux vers ce ciel carmin dérangeant, avant de soupirer et de reporter son attention sur la silhouette allongée là, à quelques pas, presque vulnérable en vérité. Était-ce vraiment un être humain ? Une sorcière ? Pouvait-on la blesser, la tuer ? Ou bien était-elle tout autre chose, une de ces créatures magiques qui parcouraient cette maudite île en quête d'on ne savait quoi. Ça en faisait des questions qui trottaient dans la tête d'un simple Pirate.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 2 Fév 2016 - 18:32



- Dan.
- Dan... Daaaan...
fait-elle couler sur sa langue. Dan. Danny. Danny Boy...roucoule-t-elle dans son anglais sautillant et indiscipliné, comme elle.

Elle sourit, le regard ancré à lui. Et soudain, elle ne parait plus si jeune que cela, plus si virginale. Ses prunelles vacillent d'une énergie antédiluvienne et maternelle, comme si son ventre menu avait accouché de l'univers tout entier. Elle est. Elle sera.
Toujours.

- Di. Manyè di m ', Danny.... souffle sa voix douce dans la nuit sanglante. Raconte-moi.... traduit-elle dans la même respiration.

Sa main gauche se libère. Son index s'entortille dans ses boucles. Elle tire finalement dessus déroulant la frisouille pour mieux en tester le ressort.

- Mon amie s'appelle Encre et c'est une amie de solitude.
- Une amie précieuse, alors... Solitid nan de se yon ti jan tankou fè renmen.


Mystérieuse est cette phrase dernière. Elle ne s'en explicite point. Sa main se pose, paume vers le ciel à quelques centimètres du pirate. C’est une invite à la prendre, mais quand il voudra seulement. Maintenant, après, demain ou jamais. Ainsi est le blanc-seing accordé par Erzulie.

- Di. Manyè di m ', Danny...
enjoint-elle à nouveau comme le refrain d'une comptine. Est-ce sa solitude qui t'as attiré à elle, comme tu attires mon intérêt ce soir ?

Sa poitrine se soulève, paisible, au rythme de l'air qu'engorge ses poumons. Elle ressemble à un chat, par bien des aspects, une chatte de gouttière, habituée à la boue, aux toits escarpés et aux rencontres éphémères. Une égérie de la Liberté.



Dernière édition par Erzulie le Mar 2 Fév 2016 - 22:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyMar 2 Fév 2016 - 19:46

Quelle étrange jeune femme que Erzulie, mystérieuse et insaisissable à sa façon, difficile à comprendre et pourtant si accessible à la fois. Dan ignorait quoi penser de la Peau Mate, mais il ne pensait plus qu'elle mente ou cherche à le piéger, ce qui était déjà une bonne chose en soi. Il fronça les sourcils en l'écoutant parler d'une étrange manière, puis expirant un peu en entendant l'équivalent d'une traduction, comprenant la demande avant de relever les yeux vers le ciel. Danny... c'est marrant comme parfois une façon de se faire appeler pouvait vous remuer profondément les tripes, comme si vous aviez l'impression d'entendre une autre voix derrière celle captée par vos oreilles, comme un vieux souvenir du passé dont on ne parvenait pas à se rappeler. Le Pirate demeura muet après avoir donné le nom de son ami, son avant-bras toujours posé sur son genou, jambe repliée. Et le silence dura de longues secondes avant qu'il ne finisse par hocher légèrement la tête, comme si ce n'était que maintenant que les mots lui parvenaient réellement.

- Je crois que ce sont nos deux solitudes qui nous ont attiré l'un vers l'autre.

Phrase bien plus profonde et réfléchie que ce qu'il laissait toujours voir et entendre sur le Jolly Roger car, à l'exception de Smee lors d'une nuit où ils partagèrent quelques confidences, le brun ne s'étendait ni ne se dévoilait jamais intimement aux autres Pirates. Trop dangereux que de laisser voir des faiblesses auprès de ces crapules, même si lui aussi était un criminel, chose dont il avait parfaitement conscience. Laissant cette partie en errance, son esprit revint à l'instant présent et lui fit lever de nouveau les yeux vers le ciel rougeoyant, s'extrayant de sa boite crânienne pour aller vagabonder parmi les quelques rares nuages qu'on pouvait encore apercevoir ici et là.

- Mon cœur saignait pour une autre, une que je connaissais lorsque je n'avais pas encore grandit et que je revois parfois. Je venais de réaliser que jamais elle ne ferait partie de mon monde, que jamais je ne pourrais lui faire de mal ni l'obliger à grandir pour me rejoindre... J'avais si mal que j'aurais pu mourir sans regret ni peine, que tout aurait été bon pour oublier ce chagrin. J'ai couru aussi vite et aussi loin que je pouvais, jusqu'à arriver au bord de l'eau, là où se trouvait Encre, dissimulée au milieu des flots. J'ai cru qu'elle me mangerait et je l'aurais presque voulu, quelque part, mais je voulais surtout être seul. Elle au contraire était triste car personne ne voulait être à ses côtés. Je n'avais pas peur, ça l'a étonné, amusé peut-être aussi... Mais elle était si contente de voir quelqu'un qu'elle a résisté à ma colère et à mes menaces. Elle est restée, elle m'a parlé...

Il soupira, le cœur lourd, le chagrin au bord des yeux qui demeuraient pourtant aussi secs que les pierres, avant qu'il ne rabaisse son regard sur la silhouette de Erzulie, allongée sur le dos au milieu de la ruelle crasseuse.

- J'ignore pourquoi, mais quand elle m'a dit que personne ne venait jamais la voir, j'ai eu de la peine pour elle... Alors j'ai dit que je reviendrais, alors nous avons parlé et confiés certains de nos secrets. Je l'aime bien, même si elle n'est pas humaine. Et je l'appelle mon amie, car c'est ce qu'elle est. On se ressemble un peu, peut-être beaucoup, je ne sais pas... Mais je vais souvent la voir et ça me fait du bien.

Dan s'interrompit là, pas certain de pouvoir continuer plus loin puisque l'essentiel était dit. Il replongea dans le silence, sa voix grave et rauque, perpétuellement abimée malgré une certaine douceur dont il venait de faire montre, s'éteignant avec le calme qui reprit ses droits dans cette petite partie du Port. Le Pirate avait le physique d'un être aussi dur que cruel, mais son cœur et même son âme n'étaient pas mauvais, juste blessés, profondément, assez pour avoir changés en grande partie, mais pas totalement. Il subsistait encore quelques menus morceaux plus ou moins épargnés dans le lot de noirceur qui envahissait chaque jour un peu plus son être... La question que le Tordu se posait, c'était de savoir quand il finirait par basculer véritablement dans les Ténèbres sans plus aucun chemin de retour.
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MessageSujet: Re: "Noye mapé noyé, noye mape noye"   "Noye mapé noyé, noye mape noye" EmptyJeu 4 Fév 2016 - 19:49



Erzulie gigote. Ses pieds se décollent du mur et moulinent dans l'air à cercles réduits. Ses chevilles sont fines et les perles de bois colorées autours les habillent divinement. Même dans cette position, elle semble danser. Son corps s'agite toujours sur un rythme connu d'elle seule.
Erzulie gigote, mais Erzulie écoute, patiente et silencieuse, le récit de cet enfant tout petit, tout perdu dans sa carcasse d'homme. Elle aime bien ses grand yeux noirs : on dirait deux petites flaques de boue. De vrais petits bayous. C’est un regard de garçonnet pas fini ou mal façonné. Un regard de nouveau-né.

L'Amour frissonne.

Elle s'ébroue, se coule presque jusqu'au pirate. Sa main tendue se transforme en araignée dont les pattes-doigts grimpent sur les cuisses du flibustier. Cahin-caha.
Jusqu'à la poitrine.
Jusqu’au coeur.

- Oh, Danny, Danny... Danny-boy....
susurre-t-elle. Tu l'entends ?

Elle se redresse avec la grâce sinueuse du reptile.

- Badoum, Badoum... bruite-t-elle avec sa bouche, sans décoller sa paume vissée au centre de ses muscles pectoraux. Badoum, Badoum ! Badoum, Badoum.... C’est ta musique, chou. Écoute, écoute bien... Tends l'oreille....

Et en effet dans le silence assourdissant de la ruelle insalubre, le palpitant de Dan emplit tout l'espace sonore. Erzulie, à genoux et bien droite devant lui, a une expression bienveillante et c'est avec naturel qu'elle répond à la question silencieuse du jeune homme.

- Tu vas pas sombrer dans le marais, Danny. Pawòl mwen ! Je t'empêcherais de te noyer, si tu veux bien. Et quand bien même tu ne voudrais pas : si tu t'égares dans le noir complet, ferme donc tes yeux qui ne servent à rien et écoute. Koute mizik la nan kè ou ! Suis le rythme... Il te guide. Badoum, Badoum !

La belle métisse a les yeux qui brillent et son sourire est éclatant. Elle penche son visage poupon sur le coté, faisant ployer ses boucles.

- Le coeur saigne, c'est comme ça. C’est pour rappeler que t'es vivant, Danny. Mais tu verrais comme il est élastique! Li nan fou! Fait-elle en ouvrant les bras avec émerveillement. C’est presque magique ! Alors que tu crois qu'il est tout cassé, déchiré et sec... il produit encore de la musique !

Elle glousse et tend à nouveau sa main sous son nez. Au creux, il y a une babiole avec des perles bleues, du ruban qui filoche turquoise, de petits tessons de bouteilles de vin polis et un coquillage peint de petit signe minutieux rouge, dont ce drôle de coeur que la mulâtresse porte, gravé sur tous ses bijoux.

- Pour ton Écailleuse Solitude.

Et elle ajoute, malicieuse.

- Et pour toi, Danny, ce sera ?

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