Le bruit des gouttes.

Invité

☉

Une nuit était passée, depuis le retour du volcan, il était tôt le matin, Rose n'avait presque pas dormit. Tenue éveillée par la douleur, les images, les cris restés bloqués dans son esprit.
La pluie tombait dehors sous un ciel opaque, et elle ne pouvait se passer du clapotis des gouttes. Elle savait que si elle fermait les yeux et s'endormait elle entendrait les cris et les larmes des enfants. Alors qu'éveillée, comme cela, au fond de son hamac, elle n'entendait que la pluie.

Elle pensait à la mort, qu'elle avait plus souvent frôlé et vue en une seule journée qu'au cour de toute sa vie : la première fois quand le bidon avait explosé sous les boules de feu, aussi quand tout autour d'eux c'était subitement embrasé, et puis quand elle avait faillit servir de sacrifice à l'esprit feu, et enfin quand elle avait tenté de sauver Zombie ... Si Pit n'avait pas été là. Peut être serait-elle ... Les corps carbonisés par le feu, fondus par l'acide vinrent frapper son esprit et elle se retourna dans son hamac.

Son regard se perdit sur ses pantins : éparpillés en vrac sur le sol de sa petit scène, juste devant les décors et accessoires. La veille elle en avait retiré deux du lot : Darling et Chilly, morts sur le volcan.
Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait cela :
Au début c'était un problème moral, de se débarasser des pantins quand un ou une perdu avait disparu.
Fut-ce un temps où elle les brûlait, loin du Grand-Arbre. Elle avait une sorte de cérémonie - pas grand chose - juste de quoi faire son deuil et vite repartir à son travail de mère.
Puis elle avait commencé à fréquenter plus régulièrement le cimetière, elle déposait alors sur les tombes les petits pantins.

Et enfin, elle était devenu cynique : les pantins déchus retournaient sur la table de bricolage, et prenait les traits d'un nouvel enfant. Gain de temps et d'énergie, qui aujourd'hui lui donnait la nausé.

Elle ne savait plus quoi penser de ses pantins, elle les voyait comme des poupées vaudoux, simples avatars de la mort prochaine de ses enfants.
D'un bon elle se leva.

☉

Portant sur son dos un gros sac rempli de pantins, Rose descendait le plus délicatement possible le long des échelle et ponts du Grand-Arbre. Il était tôt le matin, mais il n'y avait pas d'horaire au pays de jamais, et on ne savait pas qui pouvait trainer entre les cabanes.
Elle marchait avec conviction, ignorant les voix dans sa tête qui lui hurlaient de ne pas le faire. La dernière chose dont elle avait besoins c'était donc d'une vive voix pour lui demander où elle allait, ou ce qu'il y avait dans son sac.

Quasiment arrivée sur le sol, passant non loin des cabanes des Sentinelles, elle réalisa à son grand damn que quelqu'un l'avait vu. Pas seulement vu, quelqu'un l'observait.
Pas de panique Rose, tu imagine certainement des choses.
La rouquine accélère le pas, le sol est glissant à cause de la pluie qui n'a cessé de battre. Son pied dérape, elle se rattrape de justesse, et termine sa descente dans la précipitation. La voila maintenant sur la terre ferme, elle entre dans le bois sans se retourner, puis s'arrête, inquiète. Si quelqu'un la suit c'est embêtant, mais mieux vaux s'en débarrasser tout de suite que de se faire gauler en pleine action.
Elle se tourne, dignement, prête à faire face à l’intrus,

"Qui est là? Y a-t-il besoins de moi là haut?"

Elle faisait référence aux cabanes des garçons, et espérait ardemment que la réponse à la question soit non. Mais il fallait bien avouer que la plus part du temps, quand on lui collait aux basques, c'est qu'on avait besoins d'elle.

☉

HRP:

le bruit des gouttes

ANGIE & ROSE

Qu'est-ce qu'elle fout ?
Tu étais en train de lécher la feuille de ta cigarette quand tu la vois passer. On la reconnait facilement, avec ses cheveux.
C'est rare de voir Rose pressée. Elle est tellement pressée qu'elle a l'air maladroite, fébrile, et ça c'est encore plus rare. Rose, c'est une stature, un pilier, la stabilité. Pourquoi elle a l'air toute ébranlée, comme ça ?

Tu devines vite que c'est par rapport au Volcan.
Les gens qui sont allés au Volcan sont revenus changés. Ceux qui sont revenus.
Et tu sais pas pourquoi. Tu la suis.

Pourquoi elle porte un sac ? Y a quoi dedans ? Tu veux pas trop y penser.
Tu t'alarmes un peu. Y a des gens que l'île détraque. Vraiment. Tu penses à Tick Tock, à Teath. Non, tu veux pas trop y penser.
Pas Rose, quand même. Rose est trop droite, elle tient trop sur ses deux jambes. Pas vrai ?

Ça te taraude vraiment en vérité, sinon ton coeur battrait pas comme ça. Sinon tu la filerais pas en catimini, c'est pas toi. Tes rangers crottées s'activent pour pas la perdre de vue. Rose est bizarre, sa démarche est bizarre, elle a l'allure des fautifs. Angoisse. Un truc va se passer, un truc ne va pas.

Sol. Tu trottines un peu.
Pas la perdre de vue.

Les bois ?? Carrément. Tu n'aimes pas ça. Tu n'aimes pas sortir. Tu as vécu enfermée toute ta vie. Et ça te plait, ça t'apaise. Les Cabanes, c'était déjà bien assez.
Tant pis, on fonce. C'est trop biza...

— Qui est là ? Y a-t-il besoins de moi là haut ?

Tu te figes, ton coeur manque un battement.
Faut se reprendre. C'est bon, ça va. C'est Rose, quand même. Quand même.

— T'inquiète pas, Rose. tu dis, avec ton accent américain. Tu sais pas comment te comporter. Ils auront toujours besoin de toi. C'est des gosses, non ?

C'était la bonne réponse, ça ?
Tu t'arraches quelques morceaux de peau sur les lèvres, avec les dents. Nerveux.

— Ça va ? tu... ça va bien ? Que dire ? Qu'est-ce qu'elle a pu voir ? Qu'est-ce qu'elle peut ressentir ? Tu veux une cigarette ?

Et tes yeux louchent furtivement, sans arrêt, sur le sac, comme un strabisme intermittent.

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...

Invité

☉

Quelqu'un la suivait réellement, elle n'était donc pas devenue folle et paranoïaque. Mais se voir confirmer si subitement ses suspicions avait de quoi la troubler. Angelina était effectivement face à elle. L'apprentie de Love, un peu bizarre, gauche et violente, savait comment mettre Rose mal à l'aise, voire angoissée. Et cette situation n'en était que l'exemple le plus probant. Les raisons qu'avait Angie de vouloir devenir mère dépassaient largement la limite de la compréhension de Rose. Elle n'était clairement pas taillée pour ça La Poussière et Rose était passée d'une sincère volonté de l'aider à une incompréhension totale.

« Oh ... heu ... Angelina... »

Une légère interrogation dans sa voix.
Se faire prendre la main dans le sac par cette fille était déroutant. Et les pensée dans la tête de Rose se bousculaient en direction de son énorme sac de tissu, tombé sur le sol sous le coup de la surprise. Tout le monde connaissait son théâtre, et si quelqu'un découvrait ce qu'elle s’apprêtait à faire, on la penserait folle.
Angelina était sur la défensive : avec ce ton un peu trop calme pour elle et son mordillement de lèvres. Elle essayait de la calmer. Constat choquant pour La Gardienne qui n'avait pas l'habitude d'être considérer comme un être instable.

Et pourtant, quelque part elle l'était : un léger coup d'oeil à ses jambes recouvertes de boue, à ses cheveux humides, dépeignés et dénoués de leur tresses, ne fit que confirmer l'impression.
Elle détourne le regard, se passe une main sur le front.

« Ca va je ... »

« Tu veux une cigarette? »

Rose fronce les sourcils... Elle hésite ... Sans blague ... Pourquoi pas après tout? Son regard se perd de partout, elle doit vite retrouver son calme. Elle répond,

« Pourquoi pas. »

Et dessuite son regard se fige de surprise. Elle est bizarre, pas comme d'habitude, elle le sent, elle le sait, elle perd pied. Non Rose, reste droite, digne, fiable ... ROSE!
Ses épaules tombent, elle prend une grande inspiration, soupire. Un ange passe, et elle reprend son calme.
Depuis quand fumes-tu Rose ?
Maintenant.
Son visage, serein se lève vers Angie,

« Huh-hum ... Excuse mon attitude je ... Je ne pensais pas croiser quelqu'un si tôt. Depuis que Peter huh ... depuis qu'il, tu sais ... Enfin ... tu vois, il est rare de trouver des perdues dehors. »

Bordel de bafouillage, quelle honte de se comporter ainsi face à une autre mère. Elle reprend une inspiration, elle ne craquera pas, elle continue,

« Dure nuit, j'ai pas vraiment vraiment dormis. Et je veux bien essayer une ... Cigarette... »

Elle tend sa main sans assurance. Elle a l'impression d'être devenue la gosse et Angie la mère. Elle esquisse un sourire timide,

« Normalement je déteste la fumée de ces trucs. »

Elle ne sait pas ce qu'elle fait en acceptant cette cigarette. Cela semble une diversion idéale pour éviter que l'apprentie ne s'intéresse trop au sac. Mais pas seulement, au fond Rose a envie de voir ce que ça fait.

☉

le bruit des gouttes

ANGIE & ROSE

Tu aurais préféré qu'elle dise non, au fond. Tu sais pas trop pourquoi tu lui as proposé. Tu regrettes.
C'est trop tard, maintenant. Tu vas devoir regarder Rose qui fume. Rose qui fume...
Tu regardes fébrilement autour de toi pendant que tu lui tends ton vieux paquet rafistolé. Tu n'aimerais pas qu'un gosse voie ça. Tu n'aimerais pas que l'image de Rose s'effrite, même un tout petit peu. Pas elle.

Et c'est quoi ce ton ? Tout décousu, tout bancal, on dirait une mouche étourdie qui ne sait plus où se poser. Tu lui balances un sourire crispé, très bref.

— C'est rien, tu réponds.

Tu lui allumes sa cigarette.
C'est vraiment trop bizarre tout ça. Ça te stresse. Rose a l'air perdue, hagarde, et coupable. Oui, c'est le mot, il explose dans sa tête, il clignote avec méchanceté. Rose a l'air coupable. Son regard fuyant, ses gestes mal assurés, sont ceux des fautifs. Mais Rose, enfin, Rose ne faute pas. A moins que...
L'évidence te saute aux yeux et te les écarquille.

Vite. Gagne du temps. Sûrement qu'il faut pas la brusquer ou quoi.

— N'inspire pas trop fort si tu as pas l'habitude. Ça va piquer un peu.

Tu rajoutes, hésitante, parce que ça fait un peu effrontée :

— Je le dirai pas aux autres.

La voix de Scar tonne des ordres aux autres sentinelles, là-haut.

— Il faut pas rester ici. Viens.

Tu n'as jamais parlé à Rose comme ça. On dirait qu'elle te touche. Tu t'inquiètes.
Et tandis que vous vous enfoncez dans les bois, qui commencent déjà à changer de couleur, mais tu t'en fous, t'aimes pas ça toi, tandis que vous marchez, tu ouvres la bouche, puis tu la refermes. Une fois encore. Et finalement, tu le dis, avec précipitation.

— Je sais ce que tu allais faire.

Tu l'avais toujours su au fond. Qu'un jour viendrait, Rose, la Gardienne, se tirerait.

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...

Invité

☉

Elle avait conscience du choc qu'elle provoquait chez Angélina, elle le voyait dans ses yeux : La Gardienne qui tombe. Elle n'était pas fière de ça, mais il était trop tard pour faire marche arrière, elle glissa la cigarette dans sa bouche, un peu perplexe et hésitante, mais moins fébrile. La panique qui l'avait saisi se dissolvait peu à peu dans les paroles sûre et pragmatiques de l'apprentie.
Ne pas inspirer trop fort parce que ça pique un peu ... OK.
La flamme embrase le tabac au bout de sa cigarette, elle crépite dans les pupilles bleues de Rose.

Prenant une première bouffée timide, elle entend la voix du chef des Sentinelles, donner des ordres.
Oh, bordel, il était plus que temps de filer. Si Scar la voyait, s'en était finit d'elle. Trop soucieuse de rester discrète, elle avale bravement la fumée de la cigarette et se retient de tousser, les larmes lui montent aux yeux, Angie à compris elle aussi, elle l'attrape, la tire dans le bois, Rose à juste de temps d'attraper son sac au passage.

« Je sais ce que tu allais faire. »

La mère se figerait de stupeur si la situation ne demandait pas de garder un bon pas.
Ne sachant pas quoi dire, elle reste perplexe un instant et laisse les anges passer, s'habituant trop vite aux volutes de la cigarette.
Songeuse elle tire une taffe, et un fine fumée sort de sa bouche alors qu'elle s'exprime,

« C'est marrant ... On s'y fait vite. »

Un sourire amère s'affiche sur son visage : en vérité ça la détend, ça lui fait du bien autant que ça lui irrite la gorge. Merde alors.

Le sol est boueux et ses pieds nus s'enfoncent un peu dans le sol, Rose frémis, elle n'a pas l'habitude. Les mères restent dans le confort du Grand Arbre, et c'est la première fois qu'elle s'aventure aussi loin de son propre chef. Ce doit être pareil pour l'apprentie.
Ici on entend plus les Perdus, les ordres des Chefs, les pleurs des petits, les rires des Courtisans.
On entend que le bruit des gouttes qui dégringolent des arbres.

☉

La pluie des dernières heures à abreuvé le sol et les plantes, tout est humide, mais lorsque l'on s'enfonce dans la forêt certaines zones sont abritées par d'immenses arbres aux larges feuilles. Rose s'arrête à l'abrit de l'un d'eux et s'assoie paisiblement sur une grosse racine. Elle pose son lourd sac par terre, sa cigarette c'est éteinte, elle la glisse de nouveau dans sa bouche.

«Tu peux me la rallumer s'il te plait ?»

Peut-elle réellement faire confiance à l'apprentie de Love? Cette gamine instable et fébrile ? Peut-être bien, aujourd'hui elle non plus la Gardienne, ne sait plus. Ne sait ni quoi faire, ni quoi penser, un mur de certitudes c'est effondré et qui mieux qu'Angie pour la comprendre? Qui mieux que cette Poussière qui balote au vent ?

« Alors ... Si tu sais ce que je vais faire ... Peux-tu deviner ce qu'il y a dans mon sac ?»

☉

le bruit des gouttes

ANGIE & ROSE

Ouais, marrant. On va dire ça.
Tu lui jettes un sourire tout sec, sec comme l'intérieur de ta bouche, et la surface de tes lèvres qui s'effiloche.

Puis le silence qui goutte un peu, qui vous accompagne en trainant des pieds comme vous, la nature est belle mais c'est dur de le voir vraiment, de se laisser transporter par sa grâce, y a plus grave, plus fort, et tu n'as jamais su apprécier la nature. Tu pollues son air de sa fumée et son silence de tes reniflements vulgaires.
La voix de Rose surgit de la pluie et du faux silence, toute douce et profonde en même temps, elle te fait frisssonner ; tu rallumes sans un mot sa cigarette. Ton geste est tendu parce que tu n'as pas envie, au fond.
Il y a une partie toute humble de toi, vraiment dans le fond, qui est flattée. Rose est un peu plus qu'une mère ici, Rose est pas une poussière, c'est la Gardienne, une sentinelle, une veilleuse humaine. Elle est importante. Elle a une aura. Et elle te parle, te regarde, elle marche à côté de toi, avec toi. C'est un peu fou. Pourtant c'est tout doux.

— Alors ... Si tu sais ce que je vais faire ... Peux-tu deviner ce qu'il y a dans mon sac ?

Le sac.
Oui, c'est vrai.
Ton regard dérive, se plaque, tremblote. Tu la fixes alors, mais pas trop longtemps, c'est trop intimidant ; un soupir rieur tout nerveux ; un geste désordonné. Ça se sent, ta nervosité.
Tu tires sur la cigarette, elle est presque éteinte. Ça sent aussi l'humidité.

— Je sais pas.

Les éventualités se succèdent dans ta tête comme des diapos. Tu imagines le pire sans forme, sans contour, juste l'idée du pire. Des trucs sales, glauques, effrayants. Mais peut-être pas hein ? Peut-être pas.

— Des souvenirs ? Pour pas nous oublier...

T'as l'air un peu con, de dire ça. Alors tu rougis.
Elle va tout oublier, en plus. C'est forcé, c'est comme ça ici. Et toi, et toi tu l'oublieras aussi.

— Des souvenirs de tes enfants ?

Pourquoi tu insistes, Angie ? Elle va vraiment se dire que t'es débile.

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...

Invité

☉

Son regard a vite changé de direction après sa question. Rose a sentit le trouble d'Angélina et elle ne souhaite pas en ajouter en la fixant trop fortement, pourtant elle est curieuse d'avoir la réponse. Et son oreille reste attentive lorsque ses yeux se promènent un peu tout autour en quête de combustible.

Forcément avec ce temps tout ce qui se trouve autour d'elles est bien trop humide pour allumer un feu, mais là au pied de l'arbre, l'herbe est encore sèche de la canicule et une petite touffe de foin fera bien l'affaire.

«Des souvenirs ? Pour pas nous oublier...»

«Des souvenirs de tes enfants ? »

Ce coup si le regard clair de la Gardienne vient se braquer sans ménagement sur la Poussière. Elle fronce les sourcils et aspire une taffe de cigarette, une vraie cette fois ci, la fumée lui déchire la gorge. Et la voila qui tousse; à en cracher par terre, si sa condition ne lui interdisait pas ce genre de comportement. Elle regarde la cigarette avec un air de défit puis l'envoie à quelques centimètres de ses pieds sur le sol.
Remise de ses émotions elle relève la tête vers la gosse,

«Tu penses que je vais partir?»

Elle jette un coup d'oeil vers son énorme sac, reconnaissant la logique de cette déduction. Elle réalise alors ce qu'Angélina est en train de faire. Elle est en train de trahir Peter, Scar, les enfants, en aidant Rose à s'enfuir. Jamais la Gardienne n'aurait cru ça d'elle, et quelque chose s'ouvre un peu dans son coeur. De la confiance peut être.

«Tu m'aiderais? Si je voulais partir?»

Elle laisse passer un temps, puis prenant conscience de la sensibilité du sujet, y coupe court. D'autres affaires plus urgentes sont sur le point de se produire.
Le sourire un brin malicieux aux lèvres elle poursuit,

«Mais tu n'as pas tout à fait tort.»

Rose se tourne vers la petite touffe d'herbe sèche précédemment observée et en arrache un bonne poignée, puis une deuxième. Elle en fait un petit fagot qu'elle pose juste au-dessus de sa cigarette, et se tourne, toujours énigmatique, vers Angélina.

«Finalement ça tombe bien que tu sois là, sinon je n'aurais rien eu pour allumer mon feu. J'aurais été bien embêtée.»

Se penchant au-dessus de son sac elle farfouille un instant dedans et en sort l'une des plus belles pièces de sa collection : La Princesse Sucre d'Orge. Elle a une taille plus grande que la moyenne et Rose a passé des journées entières sur sa robe faites de dentelle et rubans. Au début elle avait fait quelque chose de plus modeste, mais Sugar avait insisté pour avoir la robe la plus extravagante de tout le spectacle.
De même sa chevelure dense et volumineuse été parsemée de perles et étincelait au gré des spectacles. La mère des artisans en était secrètement très fière, presque autant que celle des récolteurs.

Un air de mélancolie s'empare d'elle sans prévenir, mais sa décision est prise.

«Pourrais-tu me préter ton briquet, s'il te plait?»

☉

Sujet: Re: Le bruit des gouttes. Lun 9 Jan 2017 - 23:14

(désolé je change de narrateur au fil du rp je sais pas ce qui s'est passé ._.)

le bruit des gouttes

ANGIE & ROSE

Tu sursautes quand elle se met à tousser, à tousser vraiment, expirant des nuages crasseux de fumée. Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Qu'est-ce que tu fais Rose ? Ça te fout en vrac, t'oses rien dire, c'est Rose. Qui peut dire quoique ce soit à Rose. Même Peter le fait pas, pas vraiment. Tu la regardes, tu essayes plus d'être impassible, l'angoisse pète dans tes yeux.

— Tu penses que je vais partir ?

Ton regard tremblote encore. La confusion s'étale de partout sur tes traits.
Quoi, c'est pas ça ?

— Tu m'aiderais ? Si je voulais partir ?

Mais putain, ces questions ! Elle t'angoisse vraiment trop.
Tu sais plus quoi penser, tu sens comme une pointe dans ton dos, ou peut-être entre les côtes, ça t'opresse, ça te presse. C'est une question piège ? Qu'est-ce que tu dois répondre ? Qu'est-ce que t'as le droit de répondre ?
De toutes façons, tu sai même pas. Tu sais pas tu es brave ou lâche, Angelina.
Tu sais que tu as envie de t'aider. Tu sais que tu as pas envie qu'elle parte.
Alors toi, toi Rose, tu la tortures un peu, là, sans t'en rendre compte.

Et tu t'arrêtes pas.
Mais qu'est-ce que tu fais, Rose. Toi aussi, ils t'ont eu, hein ? Ils t'ont détraqué ? Ils t'ont brisé.
Tu sais pas comme un truc descent tout d'un coup dans l'estomac d'Angie. Comme tout s'alourdit en elle d'un coup. De TE voir faire ça. De parler avec ce ton détaché, léger, NORMAL, alors que tu t'apprêtes à faire une chose si grave. Tu te fais du mal, et elle le sait, elle le sent, ça crépite dans l'air. Elle peut rien faire.

— Pourrais-tu me prêter ton briquet, s'il te plait ?

Tu crois qu'elle va te laisser faire, c'est sûr. C'est logique, Angie elle est pas du genre à tenir tête aux mères. Pas aux mères comme toi, Rose. Elle te respecte tellement, t'imagine pas. Rien que pour ça, elle devrait te le donner, là, et te regarder bousiller tout ça. Mais y a quelque chose en elle, une barrière invisible, des barbelés imaginaires, qui retiennent son geste.
Elle regarde ton visage déterminé, lisse. Elle regarde la poupée, lisse aussi. Son coeur bat vite, elle transpire.

— Non.

Forte et tremblante, la voix, comme elle, là.
Elle recule d'un pas. Mais ses yeux te fixent toujours, même si c'est dur.

— J'peux pas. Tu.

Elle déglutit, sa voix se perd trop. Elle attend de la retrouver.

— Tu vas le regretter. Si tu fais ça, tu vas le regretter.

Elle va dire autre chose.
Elle hésite, se rétracte.
Et puis ça sort.

— Reprends-toi.

Qu'est-ce que son coeur bat vite, bordel.

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→ Tableau d'Angie ←

...

✘ AVENTURES : 2537

The End

Dommage, la conversation s'arrête brusquement,
Suite à l'interruption inconsciente d'un enfant.
Car pour eux, peu importe, vous demeurez mamans.

FIN DE L'AVENTURE

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