Science, gurl! (PV Herr Professor)

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Science, gurl!

« Puis dans le pire des cas ça explose.»

Il faisait aussi chaud la nuit que le jour. Quelle désagréable constatation.
Même si je résistais admirablement bien à la chaleur, soleil indien et curry loupés obligent, le climat de cette région du monde possédait quelque chose qui n'existait visiblement pas à Neverland: une mousson. Et c'était exactement ce dont mon corps avait besoin: une bonne grosse mousson qui changerait les abords du port en boue fraîche et humide dans laquelle j'irais me rouler à l'abri des regards avec délectation.
Le second effet secondaire du môme en joie, c'était que la Taverne avait fermé. Restrictions sur l'alcool, plus de bringue dans notre rade, soit. Mais cela me posait deux soucis, plutôt conséquents.
Souci numéro un: qu'est ce qui est pire qu'un pirate ivre? Un pirate que l'on interdit de boire, et qui doit trouver un exutoire pour oublier qu'il est coincé ici. Sale temps pour les serveuses et les catins.
Souci numéro deux: je suis censée bouffer comment? La chasse est devenue trop dangereuse, et le bétail lui aussi meurt de soif. Et on vient de me court-circuiter le seul apport régulier d'argent dont je disposais. J'aurais bien pu faire les poches des imprudents, mais tout le monde étant désespérément sobre et particulièrement à cran, je préférais ne pas me faire remarquer. Accessoirement, il me semblait remarquablement stupide de se montrer avec de l'argent volé dans des temps si troublés. En temps de détresse, même les voleurs ont le ventre creux.

Alors du coup, quand Braumeister, entre le fromage et le dessert, m'avait proposé de travailler dans son laboratoire en attendant que les choses se tassent, j'avais accepté. Et si c'était rarement une bonne idée de laisser parler son ventre avant son cerveau, je ne voyais pas tellement de meilleure idée sous le soleil de plomb de la baie des Pirates. De plus, me placer sous la protection de l'Alchimiste n'était pas une si mauvaise idée que ça. Cela me permettrait de porter autre chose que des vêtements couvrant l'intégralité de mon anatomie alors qu'on se mangeait une putain de canicule sur le coin de la gueule.
Sale temps pour les gonzesses en général. Connerie de Neverland.

Tout en vérifiant que personne ne me suivait, et que je ne faisais aucun bruit, j'ai ouvert la porte réservée aux employés de la Taverne, en faisant taire de mon mieux le grincement de celle-ci. Pas question de me faire emmerder par un marin en manque de rhum qui profiterait de mon entrée pour piller notre restant de stock.
Je m'attendais à trouver une certaine forme de fraîcheur, et une fois de plus, j'étais cruellement déçue. Que quelqu'un se décide a arracher les ongles de Peter Pan, par pitié! Que ce gamin se mette à pleurer, et que le climat nous apporte une belle mousson à en faire déborder le Gange. Pitié.
Mais la bonne nouvelle, c'est que j'étais enfin seule, et que je pouvais retirer mon châle et ma veste. Que Ganesh me protège, j'allais mourir dans ces nippes.
De plus, je voyais mal Herr Professor tenter quoi que ce soit. Je n'accordais pas ma confiance les yeux fermés, surtout pas aux pirates, mais aux grands mots les grands remèdes.

Les araignées ont fui dans des recoins sombres lorsque j'ai descendu silencieusement l'escalier. Les petites bêtes étaient toujours plus observatrices que les grosses, et elles savaient qui était avec elles. J'ai eu une poussée d'affection pour ces insectes en descendant dans le laboratoire, derrière les grandes cuves remplies de rhum et de bière.
Alors, c'était ça. Un défilé de bocaux remplis de choses que j'avais moyennement envie d'identifier (mais il y avait des yeux, des oreilles, des doigts, des plantes, des petits animaux et un amas de trucs étranges qui avait l'air de sentir fort), ainsi qu'une kyrielle de petites fioles qui faisaient du bruit, de la fumée, de la couleur, et des odeurs disparates. Un vrai laboratoire. Ma seule approche de la science étant la confection de cocktails , j'ai émis un petit sifflement impressionné, avant de partir en quête de l'Alchimiste.

Sur la table, j'ai pris entre mes doigts une fiole d'un étrange liquide noir d'encre, assez sirupeux, et je me suis promise de ne jamais boire un truc pareil, même sous la torture. Je n'avais aucune idée de ce que cela pouvait faire, et il n'était même pas question que je teste. Cela dit, peut-être que je pourrais en emprunter un échantillon sans le demander?
Non. C'était idiot. Je ferais mieux de contrôler les effets de la potion avant de voler quoi que ce soit. Et le mieux à faire, c'était de retrouver leur créateur.

"Braumeister? C'est Shifty. Je suis venue, comme demandé. Vous êtes là?"

Pourvu que rien ne me pète à la gueule.

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Sujet: Re: Science, gurl! (PV Herr Professor) Mar 24 Nov 2015 - 10:09

Braumeister broyait du noir. Certes, le soleil ne l'éblouissait plus, maintenant qu'il n'y avait plus rien à éblouir, mais sentir les rayons d'Hélios lui percer sa peau fragile n'était en rien un plaisir que l'Alchimiste appréciait. Et puis cette chaleur... Si sa cave était un poil plus fraîche, si les ténèbres familières du laboratoire souterrain étaient plus confortables, le brasseur savait qu'il ne pouvait pas partager son havre avec trop de personnes. Déjà que les flammèches qu'il utilisait pour chauffer ses produits faisaient grimper la température...

Au moins, l'atmosphère embaumait des différentes expériences en cours, camouflant l'odeur de sueur qui émanait du pirate. L'odeur... L'odeur et le goût. Braumeister n'avait plus que ça pour savoir où en étaient ses essais. Car l'oreille ne l'aidait guère, à travers les glouglous et les bloups qui envahissaient l'environnement sonore. Quant au toucher... À la limite pour la viscosité du produit, et encore.

En parlant des expériences, la restriction sur l'eau avait restreint beaucoup de choses. L'Alchimiste ne pouvait plus distiller, comme il lui fallait un liquide froid pour mettre en marche ses alambics. Il ne pouvait pas non plus faire bouillir de l'eau pour y ajouter des ingrédients, et devait en substitut utiliser d'autres liquides, changeant ainsi toutes les recettes qu'il avait jusqu'alors tester. C'était en soi un challenge particulièrement amusant, mais il ne fallait pas tuer Villy à la tâche, et les tests étaient reportés. Alors que les ingrédients stockés risquaient de périmer, les potions ne pouvaient être testées, et les conditions de travail n'étaient pas optimales.

Surtout que Braumeister ne pouvait rien consigner.

Fichue soirée "entre filles"... Il s'était bien amusé, mais à quel prix...

Un bruit inhabituel vint détourner l'Alchimiste de ses pensées. Quelqu'un venait d'entrer, alors que la Taverne était fermée... Villy ? Non, pas lui. Les pas étaient trop légers pour le cobaye... Une voix féminine... Shif...ty ? Ah oui, la nouvelle serveuse. Et sa voix exotique. Elle avait à peine eu le temps de réellement travailler à la Taverne avant sa fermeture. Manque de bol, hein ? Ha. Haha. Cependant, la cécité du Distilleur commençait vraiment à être handicapante, et comme le Pied-Beau n'était pas tout à fait fiable... Il avait besoin d'un assistant. Mieux ! D'une jolie assistante, comme dans ces histoires, embrumées dans les lointains souvenirs d'une époque où il avait encore une ombre... Et s'il n'était pas témoin par visu du "jolie", les rumeurs qui avaient empli la Taverne lui avait permis de confirmer que la Sournoise attirait les regards.

Peut-être n'était-il pas si mal tombé.

« Ja. Shifty. Ja, je me rappelle. Un peu d'aide ne fera pas de mal... Bienvenue dans mon antre, Fraulein ! »

L'alchimiste se leva, s'appuyant encore sur la chaise, et tendit une main au hasard dans la direction d'où venait la voix, renversant par là même un bécher fort heureusement vide.

«SCHEISSE ! Entschuldigung, Fraulein. Les nerfs, vous savez... »

Braumeister remit maladroitement droit le bécher, avant de se rasseoir. Stupide cécité.

« Et sinon, n'hésitez pas à vous mettre à l'aise, ich kann nichts sehen. »

Il fit une pause, laissant à peu près le temps à la jeune femme de venir et prendre ses aises.

« Parlons plus sérieusement. Est-ce que vous sauriez lire ça ? » demanda l'Alchimiste en tendant son carnet de notes.

Braumeister joue avec ses potions:

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Science, gurl!

« Puis dans le pire des cas ça explose.»

J'ai vu le bécher tomber, comme au ralenti, et j'ai du me contrôler pour ne pas tendre le bras, foutre en l'air l'intégralité des produits sur la table et héroïquement empêcher la verrerie de tomber. Ma présence dans un laboratoire nécessitait que je ne bouscule rien, que je ne renverse rien, et que je fasse très attention à moi, sous peine de je-ne-sais quel effet secondaire.
Mais les gestes de l'Alchimiste ne trompaient pas. Je ne parlais pas un mot d'allemand, mais je connaissais assez les hommes et les indigents pour comprendre tout de suite ce qui se passait. L'homme était aveugle, et c'était pour ça qu'il avait besoin de moi. Un aveugle dans un laboratoire... C'était lancer un taureau dans un magasin de porcelaine. Il risquait très certainement de se blesser, voire même de se donner la mort accidentellement. Pauvre homme, en un sens.

J'ai secoué la tête pour évacuer le reliquat de compassion qui traînait là pour je-ne-sais quelle mauvaise raison, et j'ai entrepris de me "mettre à l'aise". Je n'ai gardé que de quoi me protéger en cas d'accident, mais il était bon d'enfin pouvoir retirer tous ces vêtements qui ne faisaient que me tenir (trop) chaud. J'attachais enfin la sombre masse tentaculaire qui me servait de tignasse sur le sommet de mon crâne, refusant d'ajouter une partie de mon être dans toutes les décoctions présentes. Est-ce que cela donnerait une essence de mensonge? Ce serait amusant.

J'ai entrepris de faire un maximum de bruit afin d'indiquer à mon "nouvel employeur" l'endroit ou je me trouvais, et je me suis saisie du petit calepin. L'avantage d'être née en Inde, même parmi la caste des indigents, c'était que mon anglais tenait la route, à l'écrit comme à l'oral. Avec un accent étrange, certes, mais j'étais encore tout à fait compréhensible.
Par contre, je séchais totalement sur l'allemand. Et je ne pouvais pas décemment tenter de mentir à ce sujet.

"Je peux lire l'anglais. Pour l'allemand, par contre, ce ne sera qu'une transcription phonétique de ce qui est écrit. Et il me faudrait la prononciation du u tréma, et du b bizarre avec une longue queue. Mais pour le reste, ça devrait aller."

J'ai feuilleté rapidement le carnet, me concentrant exclusivement sur les passages en anglais, pour voir ce dans quoi je m'embarquais une bonne fois pour toutes. Qu'est ce qui pouvait bien mûrir sous ce visage cerné, dans ce cerveau que d'autres auraient pu déclarer malade? Des poisons... D'accord. J'aurais adoré mettre la main sur certains d'entre eux, si je savais ou ils étaient rangés. Mais voler son patron le premier jour était rarement une excellente idée. Déjà, je me tenais éloignée de la caisse de la Taverne pour ne pas être suspecte. Et voler des choses aussi dangereuses...
J'ai laissé échapper un petit rire à la mention d'une potion qui était censée changer la peau de son utilisateur en un fabuleux cuir rose. Voila qui aurait arrangé bien des tanneurs.

"C'est fascinant, ce que vous faites. Alors, par quoi commençons-nous, professeur? Je serais vos yeux, et vos mains si vous le désirez. J'ai hâte de voir tout ce que la science nous réserve."

J'avais surtout hâte de voir si quelque chose pouvait me servir. Un regard autour de moi me conforta dans cette idée. Je n'avais aucune idée de ce que pouvaient être toutes ces substances.

"De même, je me demandais si je pouvais étiqueter certaines choses. Je n'ai pas votre conscience scientifique, et je ne saurais distinguer un poison d'une de vos potions de transformation."

Ce n'est pourtant pas ton genre, Sournoise, de te positionner en élève appliquée et volontaire. Mais tu as tout à gagner dans cette étrange association, avec un homme étrange...

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Elle avait accepté. Elle était enthousiaste. Un cadeau du ciel. Du ciel, ou de l'enfer, voire de Peter, qui sait. Braumeister n'ayant aucun dieu à qui remettre ses prières n'avait personne non plus à remercier. A part la Sournoise, qui avait répondu présent à l'appel. Et elle savait lire et écrire, pas comme le jeune Moon à qui il avait donné un parfum. Mais il n'y a pas le temps de remercier. Plus il attendrait, plus il aurait du mal à retrouver la lumière.

« Ja. Les lettres allemandes. L'umlaut... Les trémas, ça change les lettres. Le "ou" ( u ) devient "uh" (ü). Le o devient euh, le a devient èh. Et l'eszett, c'est un "ss" long. »

Il y avait tant d'autres subtilités à expliquer, tant de choses qui changeaient de l'anglais... Mais il n'y avait pas le temps, jamais le temps.

« Et pour les étiquettes, fais comme il te plait. Mais j'aimerais que tu répondes présente quand je t'appelle. Bon. Trève de bavardage, fille. LA SCIENCE NOUS ATTEND ! »

L'Alchimie n'était pas vraiment une science dans le monde réel, mais ici, c'était une fondation. Celle de la Taverne Rhumantique. Celle de Braumeister lui-même. Alors, Shifty, prépare toi à entrer dans le cyclone.

« Bon. Notre mission, et nous n'avons pas le choix, c'est de trouver un collyre pour meine Augen ! Cherche si j'ai pas un truc pour les yeux, Augen en allemand. A-U-G-E-N. Ça sera une bonne base. On va avoir besoin de produits tampons. Apporte le bocal plein de... matière blanche. Et le lézard mort. »

Le cerveau de Braumeister se mettait à l’œuvre. déjà ses mains malhabiles cherchaient le mortier et le bol, tandis qu'il pensait à l'ordre. Tout avait son importance, en Alchimie. Même le temps, mais ici, le Temps était ce qu'on en faisait, non ?

« N'oublie pas non plus le sablier et le chauffe-cornues. S'il faut monter la température jusqu'au cinquième enfer, je le ferais. Nous sommes en mission, Shifty. »

C'est en parlant de mission que Braumeister se rappela de ce qu'avaient dit les médecins.

« Oublie pour les yeux, Shifty. Il faut que nous jetions un froid sur les pirates ! »

Et il ricana de sa stupide blague avant de continuer.

« Oublie le lézard, apporte plutôt la chouette. Attention, elle est en état de décomposition avancée, elle risque de se détacher un peu. »

Pendant ce temps, les mains de Braumeister, tellement habituées à faire le même boulot à chaque fois, montaient, doucement mais sûrement, les tours de cornues et de fioles qui composaient le plan de travail de l'Alchimiste.

« Let's do Science, girl. »

Braumeister joue avec ses potions:

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Science, gurl!

« Puis dans le pire des cas ça explose.»

Sournoise, sournoise, si on t'a nommée Sournoise et pas polyglotte, c'est pour une excellente raison. Par exemple, parce que cette histoire d'houx-malaute (une variété de plante?) et de fessettes et de sonorités qui changeaient par une opération du saint-esprit me laissaient dans un profond état de perplexité. Je murmurais pour moi même des "sss", des "euh" et des "ah" pour être certaine que tout était bien rentré.
Et maintenant, une préparation pour les Augen?
Les Augen?
Comme une Augen à cochons?
Les Augen sont des yeux. D'accord. Augen égal oeil. Augen égal oeil. Ou Augen égal yeux? Oh...

J'ai grimacé en plongeant vers l'armoire, pour y trouver cette matière blanche, et ledit...lézard mort. Il n'allait tout de même pas se mettre un lézard mort dans les yeux, n'est-ce pas? Je n'étais certes pas un modèle d'émotivité, mais tout de même: j'avais mes limites. Et on ne se mettait pas de lézards dans les yeux.
Nope.

Sablier. Chauffe cornues. Cornues? Comme les vaches? Bon sang... Concentre toi, Shifty, concentre toi. Ca doit être quelque chose avec un bec de gaz. Et celui là, là bas, avec le haut tordu...
Un peu cornu.
Ca doit être ça, avec un peu de chances.
Et subitement, on changeait de plan. Je mémorisais l'emplacement de la matière blanche et du lézard (erk) avant de partir à la recherche de la chouette.
De la chouette?
Pour rafraîchir le port? Par quel miracle...

J'ai fini par repérer ladite chouette entre des flacons étranges. En la saisissant, l'aile s'est détachée, et j'ai poussé un petit cri, la boule au ventre. Quelle horreur! Je me suis reprise, et j'ai amené l'OISEAU MORT CECI ETAIT UN OISEAU MORT AU SECOURS avec le plus grand des calmes possibles.

"...Elle va servir à quoi, cette chouette?"

Tu poses trop de question, Shifty.

"...And what now, for Science, Professor?"

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Sujet: Re: Science, gurl! (PV Herr Professor) Dim 23 Oct 2016 - 1:25

« Schneller ! Wir haben kein Zeit ! »

Shifty cria au loin. Elle devait avoir trouvé l'oiseau. Dans un réflexe d'avant sa cécité, Braumeister ferma ses yeux puis posa sa main sur ses paupières. Les idées s'emmêlaient dans sa tête, il lui fallait faire un tri. Murmurant le nom de ses ingrédients préférés en allemand, l'Alchimiste plongea dans son laboratoire mental. Une pièce immense, loin de la chaleur de l'île, hors du temps et de la vie, s'ouvrit devant lui. Les deux murs parallèles s'étendaient jusqu'à l'infini, tapissés de boîtes cadenassées, contenant toutes les informations qu'il avait su. Certaines n'étaient pas ouvrables, d'autres étaient trop loin. Mais il lui fallait trouver le FROID. Le froid que les pirates demandaient.

Le froid qui lui permettrait de distiller à nouveau.

Froid, froid. Le bec d'une chouette décomposée était le catalyseur pour la réaction, Braumeister le savait, mais un catalyseur seul n'était pas utile. Il fallait aussi des ingrédients contenant l'essence du froid. La menthe, peut-être. Une fée ou une chimère de neige, sûrement. Ces petites baies noires qu'il n'avait encore jamais réussi à faire réagir avec quoi que ce soit ? Probablement pas. Ou alors, peut-être en les mêlant à quelque chose de chaud.

Non non non. Pas les baies. La menthe. De la menthe, et quelque chose de volatil. De la térébenthine ? De la poudre de fée ? Les marinettes écrasées. Non, pas les marinettes. Le sang des marinettes. S'il en reste. Liées à l'eau et à la métamorphose, les marinettes. Changeront le feu en glace ? Avec les baies noires, probablement.

Le feu. Le feu, piment. Piment, oui, les piments. Tournesols ? Peut-être. L'air. L'air est chaud. Du charbon. Non, pas du charbon. Une braise ? Non, pas une braise. Du soufre.

Dans son esprit, Braumeister voguait de casiers en casiers, voltigeant, sortant les fiches avant de les y remettre.

Il avait une idée.

D'un coup sec, il se releva.

« SHIFTY ! »

Le mortier, ici. Un récipient, là.

« Shifty, apporte moi la marinette et les baies noires et la grappe de piment ! »

Braumeister prit son marteau et entreprit maladroitement de briser le bec de l'oiseau mort.

« Il faudra aussi de la menthe et de la poussière de fée ! ... Warte, il n'y a pas de poussière de fée... Apporte moi la térébenthine, alors ! »

L'Alchimiste fit un mauvais geste, et le marteau s'écrasa sur son pousse droit.

« SCHEISSE ! »

La douleur lui brûlait la main. Mais il ne pouvait pas s'arrêter. Pas maintenant.

« On continue, Shifty ! Passe moi le couteau, je vais en avoir besoin ! »

Braumeister joue avec ses potions:

✘ AVENTURES : 2537

The End

Le pire à Neverland, c'est que d'où que l'on vienne,
On se retrouve toujours dans quelque affaire obscure,
Qu'importe les refus, toute défense est vaine,
Vous êtiez noble et droit ? Et vous voilà impur.

FIN DE L'AVENTURE

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