La mue des mutants

LA MUE DES MUTANTS

ZOMBIE + LOONY + PILLE

Peter m'avait nommé chef pour cette expédition. Il m'avait nommé chef parce qu'il sait bien que parmi tous les autres, j'étais le seul à être assez méthodique et autoritaire. Sans moi, ils y seraient encore.
Au départ, y avait que moi et Loony. Loony me met un peu mal à l'aise. Loony, en anglais ça veut dire timbré, et je crois que Loony est un peu timbré. Il n'est ni très efficace, ni très malin, et des fois ça m'agace. Je sais bien que sous le Reich, Loony aurait été "désinfecté". (En gros, envoyé dans un camp, car les fous et les attardés ne servent à rien, donc sont une entrave pour la société, donc ne peuvent pas vraiment vivre).

Loony a toujours plein de cicatrices sur les bras. Et ce n'est pas parce qu'il travaille beaucoup, c'est parce qu'il se les fait LUI-MÊME. C'est vraiment bête, vraiment bizarre, et vraiment agaçant. Irritant. Je ne comprends pas. Mais ce jour-là, je pensais à notre mission avant tout. J'étais content de partir en mission, moi. Récolter de la mue de Batracide, pour les Soigneurs. Et tuer des bébés en route, car on avait vu des Batracides roder sur la plage. C'était parfait comme mission.

La première phase, c'était de construire un radeau. Y avait bien des rochers émergés qui menaient jusqu'à l'îlot du Crâne, on pouvait sauter dessus, mais j'ai eu trop peur que Loony se plante et tombe dans l'eau. Je ne sais pas gérer les attardés, ça me panique. Ils me font "peur", même si j'ai peur de rien. Bref. Loony est arrivé sur la plage, en chuchotant des trucs comme d'habitude, et j'ai fait comme si j'entendais pas.

« Toi, tu vas fixer les rondins ensemble, avec la ficelle. Non, juste là, au bout. C'est le plus important, c'est ce qui va tenir le radeau. Tu comprends ? Comme tu es raccommodeur, tu as l'habitude des ficelles non ? »

Le regard de Loony est toujours un peu voilé, un peu lointain. Ça me perturbe. Il n'est pas là. Ses yeux sont gris, et je me suis demandé ce que ça valait dans le tableau hiérarchique. C'est forcément plus bas que bleu-vert, en tous cas.

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Loony n'était jamais à l'heure. Il se faisait parfois réprimander quand il arrivait en retard, il avait même déjà été privé de dîner, mais il lui arrivait tout aussi souvent d'arriver très en avance. Ce jour-là, il savait qu'on lui avait assigné une mission et qu'il devait rejoindre Zombie, qui en avait été nommé le chef, sur la plage. Il ne se souvenait pas de quoi il s'agissait, il avait encore dû écouter d'une oreille. Évidemment, il ne savait même plus si la mission devait avoir lieu le matin ou l'après-midi et il n'avait pas osé demander à qui que ce soit de peur de se faire encore gronder. Il aurait voulu arrêter de passer pour le nouveau dans la lune... Alors il s'était levé très tôt et s'était immédiatement rendu sur la plage, en espérant ne pas avoir à attendre toute la journée.

« Si c'est seulement ce soir, ils vont voir que j'étais pas là de la journée et Peter va peut-être me gronder quand même. Ouais, mais ce sera toujours mieux que de manquer la mission. Hein ? Oui. Hm. »

Lorsqu'il arriva, il fut surpris de voir qu'il n'était même pas le premier. Le chef de la mission du jour était déjà là. Loony se tut et avança vers lui, légèrement embarrassé.
Zombie avait toujours l'air sérieux, sans doute trop, mais son assurance avait quelque chose de rassurant pour Loony. Zombie était un peu son opposé, avec ses cheveux aussi blonds que les siens étaient noirs, sa rigueur, sa force, son autorité. Rassurant, oui, mais inquiétant aussi. Zombie faisait partie de ceux que Loony observait souvent du coin de l’œil ou qu'il suivait à distance, c'était sa façon de montrer de l'intérêt, mais un intérêt prudent.
Zombie était vraiment étrange. Loony le trouvait souvent dur et méprisant avec les autres, mais son comportement envers lui était un peu différent et, du coup, déroutant. Il lui parlait comme s'il était stupide, mais avec une sorte de patience dans la voix qui ne lui ressemblait pas, comme s'il avait peur de casser quelque chose en employant des mots brutaux contre lui. Loony ne savait pas comment réagir à tout ça, il se contentait d'éviter de réfléchir tout haut ou de se montrer maladroit sous ses yeux, pour ne pas trop l'embêter.

Mais Loony n'aimait pas beaucoup les ordres. Ceux de Peter passaient encore, parce que Loony avait choisi de suivre Peter, comme il avait choisi de rester sur l'île, coûte que coûte, mais il était plus réticent avec les autres. Il savait s'imposer des choses à lui-même, des épreuves que même Zombie trouverait difficiles (ou peut-être pas), mais pas suivre aveuglément les ordres.

Sans un mot, il jeta un œil aux rondins que Zombie lui avait désignés, prit la ficelle, et commença aussitôt à l'entortiller autour de ses doigts. Mais le blond avait l'air de s'être attendu à ce qu'il ne fasse pas les choses correctement et le reprit aussitôt. S'il comprenait ? Oui, il comprenait. Il soupira.

« Oui. Oui. »

Il commença à se mettre à la tâche. Il était désorienté. Il s'était attendu à un moment de répit – voire la matinée – avant de commencer le travail mais, finalement, il avait dû être juste à l'heure. Et, surtout, il ne savait pas comment s'y prendre avec l'autre garçon. Faire la conversation, ce n'était pas dans les cordes de Loony, mais il sentit que le silence lui pèserait encore plus que quelques mots de travers.

« Et toi, tu fais quoi ? Non, je veux dire... On... On fait quoi, en fait ? La mission... »

Le silence aurait peut-être été préférable, finalement. Il tourna la tête vers l'endroit d'où il était arrivé, espérant que les autres se dépêchent de les rejoindre. Il devait bien y avoir des autres, non ? La dernière fois qu'il s'était aventuré sur l'île avec une seule autre personne... Non, il n'avait pas très envie de ça, aujourd'hui. Surtout pas ici.

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Ce fut secoué qu’on réveilla Pille. La jeune fille tomba même de son lit. Les cheveux devants les yeux elle ronchonna un petit « quoi ? ». Pourquoi l’avoir réveillé à une heure pareille ? Elle se passa une main sur la tête et souffla sur ses mèches vertes qui lui cachaient son visage. Elle resta là par terre, n’écoutant pas vraiment ce que disait son camarade. Quelle heure était-il ? Pourquoi ne pouvait-elle pas dormir plus longtemps ? Elle grommela quelques choses d’incompréhensible. En faite c’était surtout une sorte de plainte. Le réveil était toujours si ce n’était pas pour une bonne raison.

Voyant que sa camarade n’écoutait rien, le garçon perdu répéta plus fort. Là, il y eut un déclic ! Peter Pan l’avait nommé en mission ! D’un geste rapide, elle écarta les cheveux de son visage, se leva d’un bon, prit son pull à capuche, quelques outils et là voilà prête ! Si le chef du pays l’avait nommé s’était pour une bonne raison et c’était surement très important. En moins de temps qu’il faut pour le dire, la petite était prête. Prête à partir à l’aventure !

La seule chose qu’elle avait comprit hormis les mots « Peter Pan » et « Mission » c’était que son lieu où elle devait trouver les autres garçons perdus serait à l’îlot du Crâne. Cet endroit lui donna un frisson. En sortant de sa couche elle mit sa capuche. Non pas qu’il pleuvait dehors mais, s’était devenue une habitude de la mettre. Au départ s’était pour cacher ses cheveux verts et un peu par honte. Maintenant, c’était une habitude presque un tic.

Un petit coup d’œil sur les alentours et Pille se mit à courir. Premièrement parce qu’elle aimait courir, deuxièmement parce qu’elle voulait arriver au plus vite à l’endroit indiqué et faire cette fameuse mission. Et puis cette mission semblait intéressante, malgré le lieu qui n’était pas très gaie. Mais cela n’importait guère à Pille parce qu’elle aimait les missions, l’aventure. Et puis surtout que c’était une mission de Peter Pan.

Après quelques zig-zag pour trouver l’endroit du rendez-vous. Il y avait déjà deux personnes. Elle reprit quelques minutes son souffle et se remit à courir pour rejoindre ses deux camarades. Elle fit des grands signes et sautait en même en lançant des « oh hé ! ». La discrétion avait toujours été son fort. Pille arriva alors près des deux camarades. Bizarrement, elle ressentie une étrange sensation … un malaise, une ambiance tendue ? La petite fille reprit son souffle puis d’un grand sourire elle s’adressa aux deux garçons.

- Alors, quelle est notre mission ? Qu’es qu’il faut que je fasse ? Qui est le chef ? On est combien ? On va aller à l’îlot ?

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ZOMBIE + LOONY + PILLE

Loony s'est exécuté tout de suite, et vu qu'à cause de son regard nuageux je ne sais jamais vraiment s'il comprend ce qu'on lui dit, j'ai été soulagé. Je l'ai laissé se débrouiller avec la ficelle, en supervisant de loin son travail. De mon côté, j'ai achevé de tailler les rondins pour qu'ils soient lisses, et de taille égale. On ne pouvait pas se permettre de couler, même si les sirènes ne trainaient pas trop dans ce coin-là. L'eau était très froide le matin, en plus.

« Et toi, tu fais quoi ? Non, je veux dire... On... On fait quoi, en fait ? La mission... »

J'ai tiqué. Je l'ai regardé très sévèrement. Depuis quand un soldat demande la poursuite de sa mission ? En quoi c'est intéressant, utile de le savoir ? Un soldat obéit, ne pose pas de question, ne réfléchit pas. Ne pense pas.

« Tu n'as pas à le savoir. Mais pour que tu te prépares un peu, sache qu'on va dans l'îlot du Crâne. »

J'ai guetté la réaction. Les gamins avaient toujours peur d'aller là bas. Ça faisait partie des lieux honnis, des lieux de peur. J'avais envie que Loony ait peur, comme ça je me sentirais plus courageux.
Pille m'a extrait de ma contemplation. Peter avait du l'envoyer parce qu'elle était artisan. Pille a des cheveux verts. DES CHEVEUX VERTS. C'est n'importe quoi ! Depuis quand une fille a les cheveux verts ?? Je sais même pas comment elle en est arrivé là, mais c'est complètement anormal, pas naturel, et certainement qu'elle aurait été envoyé se faire désinfecter fissa chez moi. Des cheveux verts, ça doit pas être bien haut dans le classement.

Bref. Pille est arrivé et nous a assommé de questions. Elle a déconcentré Loony et elle m'a énervé. Ses cheveux verts me perturbent. Trop pas réglementaire.

« C'est MOI le chef de cette mission. Vous devrez obéir à mes commandements, sinon vous mourrez. On ne va pas à la pêche aux moules. Comme je le disais à la Pelote, on va dans l'îlot pour ramasser de la mue de Batracides. Vous savez ce que c'est un Batracide, non ? »

Je me suis rapproché d'elle et je l'ai regardé de haut en bas, les traits crispés.

« T'as ramené tes outils ? Il faut que tu tailles les extrémités des rondins, et essaye de clouer les plus fins, aux quatre coins. J'ai déjà bien commencé le travail. »

C'était vrai, j'étais là depuis au moins une heure. Trop excité, j'avais presque pas dormi. J'adore les missions. Je me suis retourné vers Loony, qui était ratatiné contre les bouts des rondins de bois, en trifouillant sa ficelle.

« Alors, Loony, t'as pas trop peur ? »

C'est sûr qu'il avait peur. Largement plus que moi.

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Comme il s'y était attendu après ses questions stupides, Zombie eut une réaction assez froide. Loony pensait s'être plutôt bien rattrapé quand même, en lui demandant quelle était leur mission plutôt qu'en s'arrêtant sur ce « et toi, tu fais quoi ? » qui aurait pu sonner comme un reproche. Il n'aimait pas les ordres venant d'un chef qui ne savait rien faire lui-même à part donner des ordres, mais Zombie était occupé également à tailler les rondins. Bien sûr, il était le chef de la mission, mais lui-même était sous les ordres de Peter – et si Loony avait compris une chose au sujet de Zombie, c'était qu'il suivait les consignes, et ce sans poser de questions. C'était probablement ce qui l'avait fait le regarder si durement.

« Tu n'as pas à le savoir. Mais pour que tu te prépares un peu, sache qu'on va dans l'îlot du Crâne. »

« L'îlot du Crâne... » répéta Loony dans un murmure, alors que Zombie détournait la tête vers une garçonne aux cheveux verts qui arrivait vers eux en s'agitant.

Bon, au moins, ils ne seraient pas que tous les deux. Pour se rendre sur l'îlot du Crâne, trois enfants lui semblait tout de même un bien maigre effectif. Loony avait longuement envisagé d'emmener son frère rendre visite aux Batracides plutôt qu'aux Sirènes, mais les Batracides avaient quelque chose de tout bonnement répugnant, alors qu'il y avait un peu de poésie chez les Sirènes. Il ne les aimait pas beaucoup, mais il n'avait pas la nausée rien qu'à penser à elles. Alors que l'idée même des Batracides lui retournait l'estomac – il n'en avait encore jamais vu, mais il en avait assez entendu parler.

La Pille surexcitée les bombarda de questions, mais Loony garda le silence – il ne voulait pas froisser Zombie, qui semblait déjà très irrité. Il se contenta d'adresser à Pille un demi-sourire en guise de bonjour et retourna à ses rondins, les intestins aussi noués que sa cordelette. De la mue de Batracides... Pourquoi lui ? Il réalisa qu'il grimaçait et tenta de faire passer son expression pour de la simple concentration, mais Zombie l'avait peut-être vu.

« Alors, Loony, t'as pas trop peur ? »

Il n'était pas sûr d'avoir peur, il était surtout dégoûté par la mauvaise tournure que semblaient prendre les événements et par la perspective de devoir ramener de la peau d'homme-grenouille putride.
Il leva les yeux vers Zombie. Il avait un drôle d'air dans le regard. S'attendait-il à ce que Loony confesse sa peur pour pouvoir le railler ? S'énerverait-il s'il le faisait ? Ou bien serait-il encore plus agacé si Loony répondait avec effronterie qu'il n'avait pas peur du tout ?

Loony déglutit et lança un regard en coin à Pille. Pourquoi Zombie ne lui avait-il pas demandé à elle en premier, pour qu'il sache comment réagir à sa question ? En toute honnêteté, il aurait dû répondre qu'il craignait plus Zombie lui-même que la mission, mais même Loony se rendait compte qu'il valait mieux ne pas lui dire ça.

« Ça va aller, on est ensemble... Il faut qu'on soit courageux. »

Il ne parlait pas que de Pille et Zombie. Il fallait qu'il soit fort pour protéger son double invisible, il fallait qu'ils soient forts.

« C'est que de la peau, hein ? »

Et il se mit à rire nerveusement.

Invité

A peine Pille arrivait qu’elle se faisait déjà engueuler. Du moins c’était son impression quand Zombie s’approcha d’elle. Il lui semblait qu’il avait haussé le ton. Parler froidement. Cela lui en donnait des frissons. Si elle le pouvait elle serait partie en courant. Elle n’aimait pas le genre de personne trop sérieusement et qui dramatise tout. Ce n’était pas rigolo. Comme un signe de soumission Pille rentrait la tête dans les épaules. Elle était contrariée que Zombie l’agresse comme ça dès son arrivée.

Elle fit une tête de boudeuse quelques instants jusqu’à ce que leur nouveau chef lui dise qu’il allait à l’îlot. Un endroit où la petite n’avait jamais mis les pieds. Elle abaissa ses épaules et secouait la tête. Ils allaient ramasser de la mue de Batracide. Pille hocha la tête quand Zombie leur posa la question ce qu’était un batricide. Elle voulait étaler sa science en disant que les batracides étaient des êtres mi-humains mi-crapauds avec d’énormes yeux mais Zombie ne lui en laissa pas le temps. Il voulait qu’elle travaille ? Pas de problème. Elle était la garçonne perdue qu’il lui fallait.

-Oui, oui chef ! Tout de suite chef !

Elle se tenait droit comme un piquet et avait mit une main sur son front. Elle tenu la pause à peine quelques secondes et s’en alla vers les rondins. Toute contente de servir à quelque chose. Pille sortit un outil qu’elle avait pris avec elle et commença le travail. Observer d’abord ce qu’avait fait son camarade. C’était pas mal. Ha un rondin à tailler. Pille se « jeta » dessus et commença à le tailler avec grande précision.

La voix de Zombie qui s’adressait à Loony, la fit relever la tête. Elle n’avait pas remarqué que Loony était là aussi. Bizarrement elle trouva que le trio était assez étrange pour partir en mission. Mais elle se posa une autre question, pourquoi demandait-il ça ? Est-ce pour se moquer ou juste pour être sûre que son équipe allait être performante ? Elle regarda Loony et lui fit un grand sourire et un geste comme un « bonjour ». Pourquoi faisait-elle ça ? Parce que Pille était polie et elle qu’elle avait oublié de dire bonjour à son camarade.

« Ça va aller, on est ensemble... Il faut qu'on soit courageux.

- C’est vrai on est ensemble, ça devrait bien se passer !

Pille toute souriante continuer d’exécuter les ordres qu’on lui avait donnés. Mais elle était quand même curieuse alors elle risqua de poser la question :

- Oh faite, à quoi va servir la mue des Batracides ?

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ZOMBIE + LOONY + PILLE

Je crois que mes joues ont rougi malgré moi, et ça m'a énervé que Loony me provoque cet effet. Il faut qu'on soit courageux... On est ensemble... C'est que de la peau... Ça m'a énervé parce que je sais qu'il se donnait un genre là. Loony avait peur, Loony était petit, et faible, et fou ! Moi j'étais grand, et fort, et sain. Mais je ne pouvais rien lui reprocher. Parce que Loony effectuait sa tâche et que je pouvais pas le réprimander de pas montrer sa peur. Au contraire, j'aurais dû être satisfait. Je sais pas pourquoi je ne l'étais pas. Je ne comprends pas. Ça m'énerve.

Ca m'a quand même calmé que les deux autres s'appliquent. Je déteste vraiment ceux qui font mal leur travail. C'est la seule chose qu'ils ont à faire en dehors de jouer et se battre ! Et survivre. Du coup je n'ai rien ajouté aux paroles de Pille et je les ai regardé du coin de l'oeil. Mes mains me faisaient mal à force de manipuler le bois et mon poignard – je m'en était servi pour couper les rondins comme il faut – et j'étais content.

« Au fait, à quoi va servir la mue des Batracides ? »

J'ai reposé brutalement moin poignard sur le sol. J'ai soufflé par les narines, comme je fais quand je suis très irrité – donc souvent – avant de me relever ENCORE.

« Vous n'êtes vraiment pas de bons soldats ! Un soldat ne doit pas poser de questions ! »

Mais j'ai bien vu qu'ils n'y comprenaient rien, avec leurs yeux ronds et leurs gueules d'innocents. Ils me rappelaient les petits polonais que je venais embobiner, les petits polonais qui partaient dans les trains en croyant encore que tout s'arrangerait.

« Je crois que ça sert pour les Soigneurs. Comme un pansement. Il faudra demander à Mary. »

Quand j'ai dit le nom de Mary, j'ai vu le visage de Loony s'assombrir et j'ai détourné les yeux.

« Heum ! Loony, Pille, portez le radeau à la mer et regardez s'il fotte. Ne le laissez surtout pas s'éloigner ! »

J'ai poussé moi-même le radeau jusqu'à l'écume qui venait paresseusement lécher le sable blanc de la plage. Le soleil me tapait sur la nuque et éblouissait mes yeux bleu-verts. J'avais chaud. Je me suis redressé et j'ai plaqué le bord de ma main contre mes sourcils pour me protéger de la lumière. Je n'aimais pas le sable, c'était trop mou, trop éparpillé. Il y en avait dans mes chaussures. J'ai laissé Loony et Pille s'immerger. Moi, je devais superviser. Le vent fouettaient leurs cheveux, et comme ils s'éloignaient, j'ai trouvé qu'ils avaient l'air tout petits. Du coup moi, j'avais l'air encore plus grand.

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Zombie hurle en darkturquoise.

.....

Uniforme:

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Loony ne savait pas exactement combien de temps cela faisait qu'il avait suivi Peter jusqu'à l'île, mais il savait que c'était récent parce qu'il gardait des souvenirs de ses parents et de quelques événements anodins mais récurrents qui avaient eu lieu dans l'autre monde. Parmi ces souvenirs, il y avait ce « vous », celui qui s'adressait aussi bien à son frère qu'à lui, sans distinction. Il fut choqué de reconnaître ce même « vous » généralisant dans les propos de Zombie, lorsqu'il aurait dû s'adresser à Pille seulement. Pourtant, le regard qu'il porta sur Pille et lui-même ne lui laissa pas le moindre doute : Zombie considérait que la question de Pille, qu'il jugeait impertinente, était tout autant la faute de Loony. Il savait bien qu'il n'était pas un bon soldat, mais il trouva injuste d'être mis dans le même panier que cette fille exubérante aux cheveux verts. Loony n'avait rien contre elle, il ne la connaissait pas – il l'avait déjà vue, ça oui, il était difficile de la manquer –, mais il n'arrivait pas à saisir ce qui pouvait bien les rapprocher. Elle était vive, apparemment efficace quoiqu'en pense Zombie, et sa bonne humeur aurait été communicative si seulement elle avait eu pour compagnons des êtres plus réceptifs qu'une Torpille et une Pelote. Loony lui rendait au moins ses sourires, bien qu'à plus faible intensité – et peut-être un peu tordus –, mais Zombie ne masquait pas son mépris.

Finalement, Loony en voulait légèrement aux deux autres, mais il savait qu'il avait tout intérêt à faire son travail correctement. Zombie était celui qui l'inquiétait, mais aussi celui dont la présence serait la plus rassurante une fois sur l'îlot du Crâne. Quoique, se dit-il, Pille se fera repérer de plus loin ; nous, nous aurons le temps d'aller nous cacher pendant qu'elle se fait attraper par les dégoûtants. Le discret sourire qui naissait tout juste au coin de ses lèvres tomba bien vite lorsqu'il entendit Zombie prononcer le prénom de Mary, mais le petit chef enchaîna avec un ordre sur lequel Loony préféra se concentrer.

Il profita que Zombie poussait le radeau jusqu'au bord de l'eau pour enlever les chaussures de cuir qu'il s'était confectionnées lui-même et il les fourra dans les poches de sa tunique sans manches, un peu rêche, qu'il portait par-dessus ce qui restait du pantalon de son pyjama. Il se dépêcha ensuite de le rejoindre avec Pille pour tester la flottabilité de leur œuvre de rondins et de ficelle. Il ne s'arrêta pas au niveau du sable mouillé mais pénétra aussitôt dans l'eau avec détermination. La fraîcheur de l'eau le saisit et un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, comme une poignée de main avec l'Esprit Océan lui-même. De tous les grands esprits, celui-ci était celui que Loony craignait et respectait le plus. Celui qui savait, celui qui avait tout vu, celui qui serait son propre trépas, un jour où l'autre. Pas aujourd'hui.

Il tira le radeau avec l'aide de Pille et ils s'éloignèrent juste assez du rivage pour s'assurer que leur radeau ne sombrerait pas. Loony fut satisfait de voir qu'ils avaient bien travaillé. Il était le plus petit du groupe, malgré la proximité de la plage, des vaguelettes vinrent l'arroser jusqu'à la taille. Il trouvait cela à la fois extrêmement agréable et terrifiant. Il se souvint qu'il en avait toujours été ainsi et que la mer d'Irlande était encore plus froide.

Il leva le pouce en direction de Zombie pour lui signifier qu'ils allaient pouvoir embarquer. Ses cheveux étaient presque blancs sous le soleil éclatant – ceux de Pille étaient toujours aussi verts. Loony savait que les siens étaient si noirs qu'ils semblaient absorber la lumière.

Invité

Concentrée sur sa tâche, Pille sursauta quand elle entendit à la voix de Zombie. Elle avait presque oublié qu’elle avait posé une question. Etant tellement prit dans sa tâche, elle ne s’était plus occupée de ses camarades. Surtout que la voix du garçon perdu était forte, froide, à faire peur. Pille le regard avec des yeux ronds. Elle n’était pas un bon soldat ? Oh non alors ça elle ne le voulait pas ! Elle devait se retenir à poser toutes questions. Malgré qu’elle ne soit pas un « bon soldat », il répondu quand même à ses questions. C’était donc pour les soigneurs. Cela donnait encore plus d’importance à leur mission.

S’activant de plus belle, elle termina son travail. Elle était plutôt fière d’elle et de ses camardes. Ils avaient bien travaillé pour construire ce radeau. A peine avaient-ils fini leurs travaux que Zombie annonça un autre ordre. Amener le radeau à la mer pour voir s’il flottait. En moins de temps qu’il en faut pour le dire, Pille s’était exécutée à la tâche. La petite avait du mal à porter le radeau. Elle fut surprise de l’énergie de Loony pour le porter jusqu’à la mer.

L’eau était fraîche ce qui fit sourire Pille. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas baignée surtout dans la mer. Voyant que le radeau flottait plutôt bien. Elle leva les bras au ciel en signe de victoire et commençait à sautiller par tout. A force de sautiller, elle éclaboussait tout autour d’elle. Mais elle s’arrêta quand son regard se porta vers le ciel.

- Dis, tu crois qui va y avoir de l’orage ?

C’était sa hantise. L’orage. Il faisait encore soleil mais, le vent soufflait assez fort dans ses cheveux verts ce qui l’inquiétait. Elle ne regarda même pas son interlocuteur, du moins elle n’était pas sûre qu’elle parle à Loony. Elle se posait plus la question pour elle même. Après tout, elle n’avait pas dit fort sa phrase, elle n’était donc pas sûre d’avoir une réponse. Et puis même si elle voulait être un « bon soldat » elle ne devait pas poser de question ! Elle se tourna pour voir si Zombie allait venir. Elle lui fit des grands.

- Ca flotte, ça flotte ! On y va ?

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Spoiler:

L'eau commençait déjà à balloter le radeau. Heureusement, il avait été vraiment bien conçu (normal, je ne fais pas dans la médiocrité moi) et la forme des rondins ainsi que leur position équilibrée permettait qu'aucune fuite fatale ne puisse survenir. C'était mon premier radeau. Ce n'était pas mon premier succès. La phase 2 de l'opération Batracides pouvait commencer.

Je leur ai crié de revenir vers la berge, sans sortir le radeau de l'eau, et je me suis dirigé vers eux. En avant. Mon coeur cognait un peu trop fort, j'ai eu peur que ça puisse me distraire de ma mission, alors je me suis concentré sur des détails comme je le fais souvent.
J'ai inspecté tous les contours du radeau, resserré les ficelles, j'ai évalué la distance (longue) que nous aurions à parcourir. Ensuite, j'ai ouvert ma sacoche.

« Je crois que ni toi, ni toi n'avez apporté d'arme ? Sachez que nous aurons pourtant à les utiliser, du moins je le pense fortement. On ne va pas à la fête foraine. Chacun de nous doit être prêt à se défendre. Tenez. »

J'ai sorti une lance pliable et un sabre, j'ai donné la lance à Loony et le sabre à Pille. Je n'étais pas sûr qu'ils avaient appris à se battre, surtout Loony qui avait débarqué il n'y a pas si longtemps. Il n'avait pas pu participer à beaucoup d'abordages. Mais je n'avais pas le temps de les entrainer. La lance était pratique, ingénieuse, car elle pouvait se rétracter. J'aurais eu trop peur que Loony se blesse avec une vraie lame. J'étais devenu un bon Concepteur d'Arme, en tous cas je crois. Car je ne fais pas dans la médiocrité. Contrairement à celles de notre chef, Sharpy, mes armes ne copiaient pas réellement le modèle Peau-Rouge. Elles étaient plus froides, plus européennes. Plus civilisées. Le manche était bandé de noir et la lame, qui n'était pas tout à fait lisse car c'était franchement dur à faire, était un peu sale.
Moi, j'avais mon poignard. Et mes poings.

Juste avant qu'on se mette à l'eau, un gamin est arrivé en trottinant. Il m'a appelé et je l'ai foudroyé du regard, parce qu'il avait bien du culot de nous interpeler alors qu'on s'apprêtait à partir en mission. Il a dit qu'il venait participer, selon les commandements de Pan. J'ai été troublé un moment, je déteste les imprévus (JE DÉTESTE) mais si Pan l'avait décidé, je ne pouvais rien y faire, car Pan est notre chef, et qu'on obéit à un chef.
Je l'ai agrippé par l'épaule, en serrant mes doigts contre lui. Je voulais bien qu'il comprenne que ce ne serait ni marrant ni facile. Je lui ai donné un petit sabre effilé. J'avais plus rien d'autre. Et ENFIN, on est partis. On a poussé tous ensemble le radeau, en criant pour se donner de la force. On est montés. Et on est partis.

« On se rassemble au centre du radeau, on ne peut pas se permettre de le déséquilibrer. »

L'eau nous éclaboussait les jambes. Elle devenait de plus en plus profonde, de plus en plus noire. On avançait vite.

« Continuez de ramer. »

Le garçon a proposé de mettre une voile, et je l'ai rembarré sèchement, parce que ça nous rendrait bien trop repérables pour les sirènes, ou autres.
Je me suis accroupi à l'avant et j'ai trempé mes doigts dans la mer. Elle était glacée. Fallait vraiment pas qu'on tombe. Par ailleurs, j'avais l'impression qu'elle s'agitait. Des nuages s’amoncelaient paresseusement au-dessus de nos têtes.

« Hé toi, Peter avait l'air énervé quand il t'a parlé ? »

Le garçon a réfléchi et a pris une expression pataude.

« Juste avant, nous avons appris que le territoire des lions avait été touché. Tu sais par... Par la malédiction. Je pense que... que ça lui a fichu un coup. »

J'ai serré les dents. Peter et ses foutus états d'âme !! J'ai vu la peur dans les prunelles vibrantes de Pille, elles semblaient presque sursauter.

« On ne peut pas abandonner, ramez plus vite !! Regardez, on voit l’îlot maintenant ! On y est presque ! Et faites attention aux rochers, un seul impact et tout casse. »

On venait de pénétrer dans une sorte de brume blanchâtre. On ne voyait plus la plage. Devant, un crâne sombre se dessinait sur l'horizon, entouré de brouillard. Le spectacle était impressionnant. Et un peu macabre.

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Zombie hurle en darkturquoise.

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Uniforme:

Invité

En voyant les nuages se rassembler au-dessus de leurs têtes, le teint de Pille menaça de prendre la même nuance que ses cheveux. Loony leva les yeux vers le ciel, encore éblouissant malgré la grisaille qui commençait à poindre. Lui non plus n'aimait pas beaucoup les orages, mais cela le terrifierait particulièrement s'il y en avait un alors qu'ils se trouvaient sur leur petit radeau, à la merci de l'Océan.

Comme le radeau ne semblait avoir aucun défaut notable, Zombie fut satisfait et mit en marche la seconde étape de leur mission. Il donna à Loony et Pille une arme chacun. C'est vrai, pensa Loony, il est concepteur d'arme, Zombie. C'était un peu troublant qu'il ait choisi un tel métier, heureusement qu'il ne semblait pas être du genre à se rebeller. Loony examina la lance rétractable que Zombie lui avait donnée. Il en avait déjà vu de semblables dans des films ou des jeux vidéos, il avait donc une vague idée de la façon dont il fallait l'utiliser, mais espérait qu'il n'aurait pas à faire la démonstration de ses talents aujourd'hui. Il ne savait se battre qu'avec une manette de jeu entre les mains – et même ça, il l'avait probablement en partie oublié.

Un garçon les rejoignit au dernier moment sur ordre de Peter. Sa présence rassura Loony. Leur groupe ressemblait plus à un groupe maintenant qu'ils étaient quatre. Il aimait cette symétrie. Qu'il soit efficace au combat ou non, Loony espérait que le garçon aussi se ferait repérer par les batracides avant lui en cas d'attaque. Avec ses cheveux noirs, sa tunique couleur terre et sa petite taille, lui-même serait probablement le plus discret, et il savait qu'il aurait été suffisamment rapide pour être un éclaireur, il espérait donc pouvoir filer rapidement en cas de problème, du moins jusqu'au radeau...

Une fois embarqué, Loony décida de suivre les directives de Zombie et n'osa faire aucune proposition, contrairement au nouvel arrivant. Zombie avait l'air de savoir ce qu'il faisait, peut-être avait-il déjà effectué ce genre de mission... Loony ramait plus ou moins en rythme avec les autres, jusqu'à ce que le petit chef le rappelle à l'ordre. Apparemment, Peter était inquiet et la météo pourtant clémente du matin risquait de se détériorer rapidement. Si même Zombie était inquiet, il valait mieux se hâter. Loony s'efforça alors de ramer plus vite, bien que la vue de l'îlot ne soit guère accueillante. Il portait si bien son nom qu'il semblait avoir été taillé par des hommes pour prendre la forme si réaliste d'un crâne sombre, qui s'élevait menaçant dans le brouillard vaporeux qui flottait au-dessus de l'eau encore assez calme.

Il sembla tout de même à Loony que les vaguelettes se faisaient plus vives à mesure qu'ils approchaient des rochers pointus qui parsemaient les eaux qui bordaient l'îlot. Avec les autres, il rama donc le plus prudemment possible, tout en se dépêchant dans l'espoir de précéder l'orage. Il réalisa soudain qu'il avait marmonné pour lui-même pendant un moment – il ne savait pas quand il avait commencé – en priant l'Océan de ne pas le prendre maintenant, Peter de ne pas éclater en orage, les batracides de ne pas remarquer leur intrusion sur leur coin de Neverland...

Le radeau frôla un rocher à cause d'un léger courant qui les faisait dévier et Loony voulut y prendre appui pour les en éloigner, mais ce qu'il avait d'abord pris pour une fine couche d'algues s'avéra être de la salive de batracide verdâtre, visqueuse et, surtout, toxique. Il en évita le contact de peu mais son sursaut le déstabilisa un instant. Il sentit le regard des autres sur lui et s'imagina que celui de Zombie lui lançait des éclairs, mais il garda la tête baissée et se remit à ramer du mieux qu'il le pouvait, sentant une certaine chaleur lui monter aux joues.

« Incapable. Pardon, pardon, pardon. »

Ils étaient sur le point d'accoster. Loony ne savait pas ce qu'il préférait entre la terre ferme envahie de bêtes répugnantes et l'Océan qui lui rafraichirait au moins le visage avant de réclamer sa vie.

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Pille accepta avec une grande joie le sabre. « Waouh ! ». C’était l’une des premières fois qu’elle en voyait un de si près ! Elle tendit son bras, armé du sabre, vers la mer, faisant comme si elle attaquait des créatures imaginaires. A ce moment précis, Pille se sentait forte, puissante, prête à tout terrasser, prête à tuer toutes les batracides devant elle. Mais la petite aventurière faiblit rapidement à force de devoir porter le sabre qui était plutôt lourd pour ses bras frêles.

Revenant à la « réalité », Pille aida les autres à mettre le radeau à l’eau et monta dessus. Elle se retourna rapidement quand elle entendit une voix derrière elle. Oh un autre garçon perdu ! Que l’aventure allait être drôle ! En plus ils étaient quatre c’était bien non ? Comme à son habitude, Pille lui fit de grands gestes pour lui souhaiter la « bienvenue » dans l’aventure. Si elle, était contente d’avoir un autre compagnon dans l’aventure, cela n’avait pas l’air de réjouir Zombie. Pour Loony, l’arrivait de cet autre garçon perdu n’avait pas l’air de le déranger. Pille eut la sensation d’être à la fois dans le chaud et dans le froid. Deux personnalités totalement différentes.

Mais, elle n’alla pas plus loin dans son analyse qu’il fallait qu’elle commence à ramer. Elle n’écouta pas vraiment la discussion entre les autres. Elle entendu le mot « malédiction » ce qui la fit frissonner. Elle n’y avait pas prit par et ne voulait pas en entendre plus. Cette « malédiction » lui faisait peur, moins que les orages certes, mais elle avait quand même un peu peur.

Le radeau percuta un rocher, chance pour elle parce que cette intervention lui permit d’oublier cette malédiction. Malchance pour Loony qui perdit l’équilibre. Pille le regarda un moment, elle était en diagonal de lui, étant resté à l’arrière. Ayant un peu peur également de la réaction de Zombie, Pille regarda tout simplement Loony. Elle se remit à ramer.

Ils arrivèrent sur la berge. Pille sauta dans l’eau et essaya de tirer le radeau hors de l’eau. Entre temps, elle avait essayé de capter le regard de Loony pour savoir s’il allait bien ou s’il s’était blessé ou si tout simplement ça allait. Mais une chose attira son regard. Les nuages au loin… Pille baissa la tête et marmonna quelques mots « pas aujourd’hui, pas aujourd’hui ». Elle décida de se tourner vers Zombie pour penser à autre chose.

- Chef Zombie! On fait quoi maintenant ?

LA MUE DES MUTANTS

ZOMBIE + LOONY + PILLE

Loony ne me voyait pas, mais je hochais la tête d'approbation à la vue de ses petits bras frénétiquement agités en un mouvement régulier. Loony semblait avoir hâte d'accoster, ce qui m'a étonné car les Batracides étaient un symbole d'effroi glacial pour tous les enfants perdus. Sauf moi, bien sûr. J'ai vu des gouttes de sueur sur les tempes pâles de Loony, qui venaient coller ses cheveux très noirs. Mais Loony ne me regardait pas.
Comme j'étais absorbé par la contemplation de ses gestes et de la sueur de son front, et comme je continuais de m'inquiéter pour l'orage qui risquait à la fois de déstabiliser le bateau et l'assurance de Pille – c'était la plus grande d'entre nous, en taille du moins, et son entrain exaspérant n'en était pas moins encourageant pour les autres –, je n'ai pas senti venir le choc contre les rochers. Au fond, ça a été assez doux, mais je m'en suis voulu de manquer à ce point d'anticipation, d'autant que j'ai légèrement perdu l'équilibre. J'étais furieux, contre moi avant tout, et c'est pour ça que je n'ai rien dit aux autres.

Sur le rocher en question, qu'on aurait dit fait de charbon tant il était sombre, luisait une surface poisseuse que j'ai reconnu très vite. Bave de Batracide. Se trouver ainsi devant la preuve apparente de leur existence m'a fait l'effet d'un électrochoc, j'ai senti mon sexe se ramollir comme s'il voulait s'ouvrir pour laisser l'urine se déverser dans ma culotte. Ça m'a horrifié, ce sentiment, alors j'ai tapé du pied contre le radeau et j'ai raidi tous mes muscles à l'unisson.
Autour de l'îlot, il n'y avait pas de sable ou de galet. Ce n'était qu'un bloc macabre de roche noire, entouré d'autres rochers qui venaient poindre ici et là, percutés par l'eau tumultueuse. Le ciel était gris, gris foncé. J'ai ordonné qu'on saute dans l'eau, sur les rochers qui bordaient l'îlot. Le garçon a voulu retirer ses chaussures et je l'en ai empêché. Marcher pieds nus dans l'îlot des Batracides, ça revenait à marcher sur des charbons ardents. Même un peu plus pire.

« Chef Zombie! On fait quoi maintenant ? »

J'ai retenu l'élan de fierté qui déferlait dans mon coeur. Je n'étais pas là pour fanfaronner. J'ai vérifié que chacun tenait bien son arme. L'eau clapotait autour de nous, et j'ai été surpris de constater à quel point la brume demeurait opaque malgré qu'on fût pratiquement entré dans l'îlot.
L'entrée de la caverne ressemblait à une bouche grande ouverte, très obscure. J'avais réellement envie de pisser maintenant, alors que j'avais fait avant de partir. Je me suis tourné et j'ai pissé dans l'eau, avec une désinvolture violente visant à démontrer à mes compagnons à quel point aucune forme d'anxiété ne troublait mon être.

« Toi, donne-moi ton veston. »

J'ai dit, en rentrant ma chemise dans mon short après avoir fini. Je m'adressais au garçon, que je méprisais plus que les autres puisqu'il avait brisé mon plan et que je supportais très mal ce genre d'inconvenances. Il s'est exécuté et j'ai déchiré sa veste avec mes dents. J'ai ensuite tendu des pans déchirés à chacun d'entre nous.

« Fixez-les autour de vos paumes. Comme ça, si par mégarde vous entrez en contact avec de la bave, vous ne serez pas trop brûlés. La mue, elle, n'est pas toxique une fois séchée. C'est ce fossile de Corneille Ardente qui l'a enseigné à mon chef. Couvrez-vous un maximum, respirez par le nez, ne parlez pas à moins qu'il soit question de vie ou de mort. A l'intérieur, il y a des trous et des roches dispersées partout, soyez prudents. Normalement, ils dorment encore. Si quelqu'un trouve un morceau de mue, il tape deux fois contre les parois. »

Je les ai regardé un à un, et dans chaque regard j'ai vu la peur s'étirer, s'étaler, comme une tache d'encre. Il faisait tellement noir là-dedans. On entendait des sons humides, profonds, résonnants, le genre de sons vraiment inquiétants.

« Allons-y. Gardez vos armes en main. »

J'ai sorti mon poignard et je suis entré, pour donner l'exemple. On n'y voyait rien. Il fallait tâtonner. Cette mission allait prouver ma vaillance, c'est sûr. Je comprenais pas, du coup, pourquoi j'avais tellement hâte qu'elle soit terminée.

Codage by TAC

Zombie hurle en darkturquoise.

.....

Uniforme:

Invité

Au moment de débarquer, le garçon qui les avait rejoint à la dernière minutes voulut enlever ses chaussures et Zombie l'arrêta d'un geste vif, ce qui rappela à Loony qu'il avait enlevé les siennes plus tôt. Il les enfila avant de poser pied à terre, malgré le ballottement du radeau duquel les autres descendaient. Il s'agissait simplement de couches de cuir cousues grossièrement, comme le faisaient les Peaux-Rouges, mais Loony n'avait pas le même savoir-faire. Il s'assura qu'il n'y avait aucun jour entre les coutures, où de la bave toxique risquait de s'infiltrer s'il y posait le pied par mégarde. Il n'y en avait que de très petits, mais il devrait se montrer doublement prudent malgré tout.

Une fois à terre, il lança un regard d'appréhension à Pille et à l'autre garçon et empoigna fermement sa lance pliable. Il hocha la tête comme pour se rassurer. Elle serait plus difficile à manier qu'elle en avait l'air dans les jeux vidéos, mais il était tout de même rassurant d'avoir de quoi se défendre entre les mains, même si une telle arme ne lui permettrait probablement, et dans le meilleur des cas, que de repousser un batracide avant de s'enfuir.

À l'entrée de la caverne, Loony fixa alternativement ses pieds et un rocher enduit de bave visqueuse pendant que Zombie faisait ses besoins, puis releva la tête vers lui lorsqu'il eût fini. L'autre garçon ne protesta pas lorsque le chef déchira son veston, mais il eut l'air déconfit et contrarié malgré la justification de son geste. Légèrement penaud, Loony enroula les lambeaux autour de ses mains, suivant l'exemple, de façon à limiter au maximum les zones de peau nue. Son cœur se mit à battre la chamade. Cette fois, la mission allait vraiment commencer, le risque était réel et cette réalisation sembla les envelopper d'un voile d'angoisse. Ils avaient bien écouté Zombie et étaient tous sur leurs gardes.

L'air de la caverne était plus frais, plus humide, pas seulement salé mais aussi comme poisseux. Loony grimaça et sentit ses entrailles s'entortiller comme un enchevêtrement de petits serpents à l’affût, prêts à fondre sur leur proie au premier mouvement. Mais il faisait si sombre que, dans un premier temps, Loony se demanda s'il pourrait discerner quoique ce soit dans cette grotte. Sa peur augmentait et les petits serpents continuaient d'onduler en rythme avec les clapotis étranges et d'autres bruits, certains inexplicables, qui s'élevaient des profondeurs. Un son guttural le fit sursauter si fort qu'il lui sembla avoir laissé son cœur derrière lui. Il était suffisamment lointain pour qu'il s'agisse de la déformation d'un son anodin et, si c'était bien un batracide, ils pouvaient encore rebrousser chemin. Loony fut tenté de le faire, mais il n'osa pas montrer ainsi sa peur devant Zombie, dans le cas où il s'agirait d'une fausse alerte.

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Oups elle avait parlé. Pourtant Pille savait très bien qu’elle ne devait pas poser de question. Mais, elle d’un autre côté si elle ne posait pas sa question, elle ne serait pas ce qu’elle devait faire. A première vu son interpellation ne dérangeait par trop le chef de la mission. Pille fut soulagé et ne s’en cacha pas en lâchant un soupir. Au contraire, il s’empressait rapidement de continuer la mission et de leur donner des bouts de vêtements avec des explications claires.

Du moins au début c’était clair mais, après … Les longs discours ennuyaient Pille alors au bout de quelques phrases –voir quelques mots- elle lâcha la conversation regardant Zombie très attentivement sans vraiment l’écouter. Elle secoua la tête quand elle pensa qu’il avait fini. Sa dernière phrase fut de garder leurs armes en mains. Pille, après avoir mis le tissu autour de ses mains, s’empressa alors de tenir fermement son épée dans ses paumes. La mission allait débuter sérieusement, il fallait être prudent, vigilant, silencieux, intelligent pour bien la réussir !

Pille regarda autour d’elle pour voir ses compagnons mais chacun d’entre eux étaient déjà partis. Elle eut un moment d’hésitation. Devait-elle suivre quelqu’un ou marcher seule dans la sombre caverne ? Le doute la perturbait. Un sentiment de peur l’envahie. Elle ne voulait pas y aller seule, pourtant elle n’avait pas le choix. Ses camarades étaient déjà parties loin. Prenant une grande inspiration, Pille mit un moment avant de se décider de entrer.

Tâtonnant pour se repérer dans le lieu, elle fit tomber quelques pierres ou quoi se soit d’autre, résonnant dans la caverne. Elle grimaça. Niveau discrétion, elle n’était pas la meilleure. Elle aurait dû rester vers le radeau, il faut toujours quelqu’un pour surveiller le radeau. L’air était de moins en moins respirable, à moins que sa soit le stress de la petite qui lui donnait cet effet. Ca pour une aventure cela en était une !

Reprenant une légèrement motivation, elle s’enfonça de plus belle dans l’endroit sombre. Qui au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait n’était plus si sombre. Peut être que ses yeux s’habituer à l’obscurité après tout. Elle se retient un rire quand il s’imagina comme les chauves souris ou des hiboux vivant la nuit, voir même des chats avec la capacité de voir dans la nuit. Ses pensées un peu farfelus et hors-contexte l’apaisé et la rendait distraite quand elle marchait. En faite, elle ne savait plus trop où elle était mais, elle n’avait pas une peur bleue des cavernes. Elle les trouvait même assez fascinante. Son admiration la fit relâcha un peu son arme, ne la tenant plus qu’ une main et baisser sa garde. Observant la caverne, elle remarqua des petites bêtes par terre. Un petit groupe de mini-serpent peut être ou alors c’était des verres de terre. Intriguée et curieuse, Pille se pencha et laissa échapper un petit rire voyant les animaux s’activer en la voyant approcher. Elle redressa un peu la tête pour suivre le chemin d’un animal rampant quand elle plissa les yeux. Une texture étrange sur le rocher, une texture qui ressemblait à de la mue de batracide. De la mue ! Par les étoiles c’était ça qu’elle cherchait.

- J’ai …!

Elle mit les deux mains sur sa bouche. Non il ne fallait surtout pas crier. Qu’elle était le signal déjà ? Un truc du genre tapé ? Elle décida alors de taper la paroi avec son épée. Une fois, deux fois, trois fois. Vérifiant que la chose étrange sur le mur était bien ce qu’elle cherchait elle plissa à nouveau les yeux et s’approcha. En faite, elle n’avait aucune idée à quoi ressembler exactement la mue, mais plus elle s’approchait plus elle avait l’impression que c’était une sorte de bave. Peut être que finalement elle n’avait pas trouvé ce qu’il fallait ...

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