C’est le printemps. Le vrai.

On se croirait de retour au début de l’île, avec son temps capricieux mais supportable, avec les escarmouches et jeux, parfois les deux en même temps, qui dictent leur quotidien.

Max sait que ce n’est pas pareil. L’île est de nouveau normale, oui, mais où est Peter ?

Ca jase un peu au grand arbre, parce qu’on ne le voit pas vraiment. Pas du tout, même. Max n’étant pas cheffe, elle ne peut même pas espérer le croiser quelque part puisqu’il ne sort pas de son terrier.. Et bien sûr, les visites sont interdites quand on n’est pas glorieusement titré d’autorité.

Quelle connerie, ça aussi.

Alors au bout d’un moment, Max décide qu’elle en a marre. Que oui, elle a une forme d’autorité si elle veut, et que si y en a que ça gène et bah c’est triste pour eux mais elle se torche avec leurs opinions. Allez saler les plats avec vos larmes, ça donnera peut-être un peu de goût à votre vie.

C’est pour ça que l’Increvable est devant l’entrée de la Maison Souterraine, déterminée. C’est pour ça qu’elle lève les yeux devant la sentinelle plus grande qu’elle -évidemment, tout le monde est une foutue asperge de merde- et lui darde son regard le plus déter. Œil qui voit, œil qui voit pas, le pauvre se fade du Max sans filtre et sans intention de partir.

- Max, je te l’ai dit, il reçoit pas de visite.
- Tout qu’est débutationnage un jour !
- J’ai des ordres.
- Tes ordres j’suis pas problématisation avec. Mais j’suis prenage des miens que du Tit roi, j’suis pas oreille des autres blabla.
- C’est en effet des plus frustrants qu’il y ait des limites à tout, MadMax.

Bow susurre ça avec un fiel onctueux qui donne à l’increvable envie de vomir. Cancrelat puant de ses deux. Comme si ce chacal allait lui faire peur. Elle est chasseuse, mère des chasseurs. Des comme lui, elle les dépiote avec ses dents. Licence artistique, mais l’esprit est là : il ne l’intimide pas. Et sa pseudo autorité non plus. Maddie n’a jamais fait partie des gens raisonnables et mesurés. S’il y a une porte fermée, elle l’ouvrira de force à coup de boule s’il le faut. Quitte à rester sur le carreau au passage.

- Bow, j’sais qu’t’es occupationnage de Peter. Et tu sais qu’il serait volonté d’me voir.
- Beaucoup de gens sont “volonté” de bien des choses, sans forcément que ce soit pour leur bien. Je ne suis pas présomptueux comme d’autres à croire que je sais ce que notre souverain désire. Tout au plus puis-je supposer.

Bow lui sourit, toujours avec cet air onctueux comme s’il ne venait pas de la tacler. Maddie ne gagnera pas avec lui, pas sur ce terrain la. Il le sait. Elle le sait. Et la sentinelle aussi, qui fait sa plus belle imitation de plante verte avant de se faire chasser d’un revers de main par e chambellan. Celui-ci veut montrer qu’il n’a besoin de personne pour contrôler l’indomptable mère des chasseurs.

- PETEEEEEEEEEEEEEEEEER ! C’MADDIE J’SUIS VISITATIONNAGE !
- Peter n’a pas besoin qu’on le dérange, et certainement pas que l’on vocifère de la sorte, qu’il lui assène avec une fausse nonchalance en faisant mine de se déboucher une oreille..
- T’es pas savoir d’quoi j’suis vraiment pouvoir gueulage, Bow !
- Clairement, pas de quoi que ce soit de sensé. Le givre t’a tristement profondément affectée, je ne doute pas que Bambi est actuellement d’une grande aide pour gérer votre petit groupe. Tu devrais sans doute te repo-
- J'SUIS VOULOIR D’VOIR PETER !
- Max ?

C’est une petit voix qui vient de la maison souterraine, une voix que tout l’arbre connaît. Une voix qui fait bondir le cœur de Max et lui donne une force nouvelle. Une voix qui semble contente de la voir ? Ou en tout cas ouverte à l’idée de cette visite.

- Peter !! C’moi, j’suis visitage !

Bow est plus austère que jamais. Son sourire narquois est toujours là, il est trop maître de lui-même pour offrir à la mère une faille dans son attitude. Mais si un regard pouvait tuer, elle ne serait plus qu’un tas de cendres. Max sait qu’elle force son entrée dans la maison souterraine, et que Bow ne l’oubliera pas. Mais elle sait aussi qu’elle a gagné cette bataille : le chambellan ne se dressera pas ouvertement contre aujourd'hui alors que Peter lui-même l’invite à entrer. L’increvable savoure cette victoire contre Bow, mais elle entend déjà Yag lui dire d’être plus prudente.

Qu’importe, elle avisera bien plus tard. Bow met juste un instant de trop à se pousser, pour la laisser passer, et elle a juste l’once de sourire narquois en trop lorsqu’elle l’en remercie. En cet instant, MadMax se sent invincible alors qu’elle pénètre la maison souterraine pour enfin voir un des êtres qu’elle aime le plus au monde : Peter.

Max est doublement heureuse de te voir quand tu apparais, Peter. De un, parce que c’est toi, et qu’elle est venu pour ça. De deux, parce que tu remballes Bow comme une mouche agaçante. Et ça, ça n’a pas de pris. Et tout comme le Chambellan serre des dents juste assez pour que Maddie seule puisse le remarquer, la mère répond par une gouaille qui n’est destinée qu’à lui.

Mais déjà, son attention se tourne vers toi. Tu es pâle, si pâle. Et tu n’as pas ta meilleure mine.

- Kessteh questionnage ? Evidence qu’t’étais manquage d’mon palpitan !

Max ignore les courtisans tous comme eux ne relèvent pas sa présence. Tout au plus observent-ils mollement votre duo s’installer dans votre coin.

- J’suis Joie d’te voir, Peter. J’suis très Joie.

C’est dit alors qu’elle t’attire à elle pour un câlin de maman ours. C’est absurde qu’un si petit gabarit serre aussi fort, mais c’est à la mesure de son soulagement. Oui, tu lui as manqué, évidemment. Mais tu l’inquiète, aussi.

- T’es confort dans ton Terrier ? Il fait ciel bleu dehors, t’es pas vouloir sortir jouer avec moi un jour bientôt ? T’es ratage !

Pourquoi tu restes enfermé, petit roi ? C’est l’autre fielleux qui te retient à l’intérieur, ou vraiment toi qui ne veut pas sortir ? Max t’observe comme pour trouver la raison de ce changement, de ta pâleur, de tout ça. Le printemps est de retour, mais pas pour toi on dirait. Et ça, ça ne lui plaît pas.