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Skunk
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♣ Récolteur ♣


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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyMar 9 Mar 2021 - 19:38

Bitter ne répond pas aux injonctions acerbes de son interlocuteur. Il ne fait que se marmonner quelques mots à lui-même et rester planté là, même après que Skunk ait déposé ses (cadeaux) compensations contre la grille - le Dandy devine que son cadet les regarde sans les toucher. Il en est un peu vexé, tout en restant compréhensif : il ne sait pas et ne saura sans doute jamais pourquoi Bitter a piqué une telle crise, mais au minimum, lui-même est bien placé pour savoir qu’on ne se remet pas de ce genre de décharge d’adrénaline en cinq minutes. Il peut laisser un peu de temps au Chasseur.

Et puis, lui non plus n’est pas contre un petit instant de pause ; il s’est passé trop de choses que Skunk n’avait absolument pas anticipées, il vient d’entendre et de dire trop de mots qui n’auraient jamais dû être prononcés. Il le cache mieux que l’Orageux, mais il se sent affreusement mal, et il continue de jouer avec sa flasque de manière compulsive pour ne pas laisser ses doigts se répandre en tics plus ou moins destructeurs. Il a ces seuls avantages sur son cadet qu’il a peut-être davantage l’habitude de se confronter au dégoût qu’il s’inspire à lui-même... et que l’alcool l’assomme et dilue son écoeurement et sa tristesse. Rien de tel qu’un poison pour en remplacer un autre.

Bitter finit tout de même par rompre son mutisme, quand Skunk évoque son propre statut de sale type, pour répondre avec une vivacité surprenante :

"... T'es pas un connard. Y a beaucoup trop de connards, ici. T'en fais pas partie."

La réplique est trop rapide pour ne pas être spontanée. Malgré lui, le Dandy en conçoit un lointain écho de plaisir. Mais ce pauvre reflet d’indulgence est vite effacé par la marée de cynisme et d’amertume qui macère au creux de sa poitrine, et tout ce que Skunk émet en guise de réponse, c’est ce vilain petit reniflement dédaigneux qu’il a face à toute opinion qu’il juge ridicule.

Oh, Bitter. Tant de naïveté, après ce qu’il vient tout juste d’arriver ?

“Tu me devais rien. Selon moi, je veux dire. Je comprends que tu le voies pas comme ça. Mais je voulais juste dire... J'ai juste fait ce qui me semblait normal. Mais... Je sais pas comment... Bref. Merci.”

Malgré son état d’hébétude alcoolisée de plus en plus marqué, Skunk s’est visiblement crispé quand le Chasseur a commencé à parler de ce qu’il lui “semblait normal” (recommence pas avec ça putain) et une longue contracture est remontée le long de son épaule. Mais heureusement, Bitter a lui aussi eu la bonne grâce de couper court à ses justifications embarrassées, ce qui tire un infime soupir au Dandy et le pousse à ronchonner sans animosité :

“C’est bon. Prends donc cette foutue dose d’aspirine, je l’ai pas amenée pour égayer ton intérieur.”

Sa voix est ralentie, elle s’enlise un peu sur la fin des phrases. Il en a conscience, mais il est au stade de l’ivresse où il s’en fout ; tout ce qui importe encore, c’est qu’il a peut-être toujours cette impression d’être un miroir brisé, mais qu’au moins il a arrêté de le sentir lorsqu’il se coupe sur ses propres débris.

Bitter ne l’aide pas, cependant. Non seulement il n’a toujours pas fait un geste pour se saisir des provisions (ça en devient franchement gênant), mais en plus voilà qu’il recommence à parler... et de nouveau pour dire certaines choses qui ne devraient pas l’être.

L’expression de Skunk s’assombrit. L’Orageux a beau proclamer ne pas aimer les mots, il sait de toute évidence les utiliser beaucoup mieux que ce qu’il laisse paraitre. Mais le Récolteur préférerait vraiment que ce foutu rouquin choisisse un autre sujet pour soudain révéler ses capacités de discussion et d’analyse.

“Mais je comprends rien, là. J'peux pas laisser ça comme ça, sinon ça va me bouffer. Comment on en est arrivé là ? Pourquoi ça s'est passé comme ça ? Je voulais pas que ça se passe comme ça.”

Skunk consent enfin à redresser un peu la tête, juste assez pour poser un regard terne sur son cadet: cela l’énerve et le frustre que Bitter cherche à rembobiner la conversation, comme si on pouvait mettre le doigt sur un moment précis où ça a merdé, alors qu’en fait c’était foutu dès le départ. En plus Skunk a une sainte horreur de se répéter et il est nul pour reformuler, donc il va fatalement redire quelque chose qu’il ne faut pas, et d’autant plus que lui-même ne sait pas sur quel point il s’est foiré la première fois. Alors si c’est juste pour rejouer le même horrible sketch et refaire les mêmes erreurs, à quoi bon?

Néanmoins, sur ce coup-là, Skunk garde ses pensées pour lui. Parce que Bitter ne mérite pas encore plus d’hostilité. Et parce qu’il y a quelque chose de touchant dans cette demande de l’Irlandais, quelque chose de beaucoup trop touchant d’ailleurs ; l’effort de communication est si simple et sincère que Skunk s’en sent vrillé, même à travers son épuisement et son ivresse. Mais encore une fois, c’est une esquisse d’émotion qui lui fait trop mal pour qu’il y donne suite. Alors ses lèvres tremblent un peu, avant de s’étirer en cet affreux sourire acide qui ne montre pas ses dents et n’atteint jamais ses yeux:

“Evidemment que tu ne le voulais pas. Ça n’a rien à voir avec toi. C’est juste, comme je viens de te le dire, que je suis un connard.”

Il émet un petit rire, presque joyeux, aussi laid que son sourire.

“Un connard bourré, en plus.”

Il lève sa flasque comme pour porter un toast. En reprend encore une gorgée, même si elle est presque vide à présent. Puis il ramène son attention sur le Chasseur tassé contre la grille de la petite cellule. Il observe un instant ce garçon plus jeune, aux cheveux tâchés de sang, avant de lâcher de son ton solennel d’ado ivre mort:

“Je suis sérieux. Inutile de te torturer avec ça, c’est objectivement ma faute. C’est un truc que je fais, bousiller les conversations jusqu’à faire hurler les gens. Appelle ça un hobbie.”

Il ricane encore un peu, visiblement très satisfait de sa vanne, sans prêter attention au nouveau spasme qui mord son épaule.

“Je suis vraiment un connard, Bitter. Un connard que les gens n’aiment pas, et n’aident pas. Ça se comprend, regarde-toi.”

Son sourire se fane d’un coup, laissant la place à une lassitude et une résignation déjà entrevues, que Skunk est trop soûl pour songer à dissimuler.

“Ecoute. Tout ce que je voulais dire, c’est que... C’était pas prévu, que tu interviennes. Sinon j’aurais fait autrement. Je ne voulais pas... que tu sois blessé, que tu finisses ici à ma place. J’ai même pas pu t’aider à castrer ce gros porc.”

Ses yeux clairs vagabondent dans le cachot, en cillant trop fort et trop vite, avant de revenir s’arrimer à la flasque qu’il ne lâche pas. Il continue, un ton en-dessous, en articulant mal mais toujours sans se tromper de mots:

“Ils n’ont pas pris le temps de soigner ta plaie, ces cons. Et je sais que quand ils foutent quelqu’un dans ce trou, ils oublient parfois de lui donner à boire, ou à manger. Alors j’ai voulu prendre les devants. Sauf que j’ai... peut-être juste un peu négligé le fait que cet endroit me rend... nerveux.”

Un rictus haineux passe sur ses lèvres, fugitive marque de mépris pour sa propre lâcheté.

“Et voilà. C’est tout ce qu’il s’est passé, Bitter. Un connard bourré et nerveux, qui en plus est brillamment incapable de s’exprimer de manière simple et claire. J’ai raconté de la merde. Inutile de s’y attarder.”

Il adresse au Chasseur un autre sourire, qui se veut goguenard et est au mieux la grimace vacillante de quelqu’un qui se retient de pleurer. Pourtant les yeux de Skunk restent secs, cette fois: quand il s’agit de son incapacité à communiquer, il sait à quoi s’en tenir. Il ne lui reste plus beaucoup de larmes à verser.






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Asher O'Flaherty
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyMer 10 Mar 2021 - 0:34

Bitter


♣ Chasseur ♣
Il y eut un son qui érafla encore un peu ses émotions écorchées vives. Peu de choses énervaient ou blessaient plus Bitter que le mépris sensible des autres, le verbe à choisir dépendant directement de sa capacité du moment à transformer la douleur en colère. Il était encore très fragile et cela suffit à faire éclater quelque chose de plus à l'intérieur de lui. Mais pas que. Peut-être qu'il retrouvait tout de même un peu de poil de la bête. Ou bien peut-être était-ce l'attitude de Dandy qui lui rappelait trop de situations qui lui avaient fait péter des plombs par le passé : reste qu'il sentit monter en lui un trait de hargne qui fit tressauter l'une de ses paupières et l'amena à serrer les dents tandis qu'un regard enflammé passait des présents du récolteur à sa personne en elle-même, que Bitter eut brièvement envie de cogner.

La colère était beaucoup plus facile à gérer pour lui que l'émotion brute par laquelle il s'était fait entraîner quelques instants plus tôt, et qui l'avait foutu dans un état tel qu'il n'avait pas de mots pour le décrire. En cela, elle devenait bienvenue. Elle était familière, presque rassurante. S'il était en colère, il pouvait tout supporter. Ou en tous les cas beaucoup plus de trucs. Ce qui n'était pas dur. Mais il ne voulut même pas effleurer ces pensées du bout de l'esprit. C'était pas quelque chose qu'il assumait très bien.

Cependant, chose dont il était rarement capable, il se fit violence pour ravaler son fiel. C'était vraiment pas le moment qu'il s'énerve, qu'il pète encore un câble et qu'il dise des trucs qu'il allait regretter à l'instant même où ça sortirait de sa bouche. Tout s'était passé de travers, et c'était déjà bien assez terrible en l'état. Il ne voulait pas en rajouter une couche. Il voulait essayer de colmater les dégâts, parce que pour une foutue raison qu'il ne comprenait pas - ça aussi, ça l'énervait vraiment - c'était plus important pour lui que ça n'aurait dû l'être.

En même temps, cette tête de con faisait partie des rares personnes dont il se souciait un minimum dans ce pays de merde - comprendre pour qui il était, et pas juste parce qu'il se faisait emmerder par des salopards et que Bitter ne supportait pas lorsque ce genre de trucs avaient lieu devant ses yeux. Ils avaient eu une non-relation qui faisait partie de ses rares relations positives, aussi triste que ça pouvait paraître dit comme ça. Ca justifiait certainement cette contrariété.

Bitter attendit que sa fureur retombe pour continuer. Il attendit de se souvenir de ce qu'il avait ressenti juste avant, parce qu'il avait peur que les propos qui lui viennent ne furent pas les bons s'ils étaient déformés par la mauvaise émotion. Puis quand il fut de retour à l'endroit nécessaire, il ouvrit la bouche malgré les promesses qu'il s'était fait plus tôt de tenir sa langue plutôt que de risquer de raconter de la merde une nouvelle fois. Et il fit de son mieux.

"C’est bon. Prends donc cette foutue dose d’aspirine, je l’ai pas amenée pour égayer ton intérieur.
- T'inquiète, je vais le faire."

Ce n'était simplement pas sa priorité du moment. Cependant, il entreprit de ramener les divers présents de son côté de la cellule pour couper court à toute autre éventuelle protestation. Il avait l'impression prégnante que c'était encore autre chose qu'il risquait de se manger dans les dents au moment où ça arrangerait son interlocuteur, s'il lui laissait cette occasion.

Oui, Bitter faisait vraiment de son mieux. Si les remerciements maladroits qu'il venait de prononcer coulaient de source, lui paraissaient évidents, la suite fut beaucoup moins facile à sortir. C'était accepter de parler d'un truc très personnel. Son rapport conflictuel aux mots, qui faisait partie des raisons de son caractère taciturne, même si ce n'était toujours qu'une facette d'un problème bien plus complexe. Raison, aussi, de la maladresse des trucs qu'il avait probablement laissé entendre sans le vouloir. Bitter avait besoin de comprendre à quel moment ça avait dérapé, et pourquoi exactement. De son côté, il savait à peu près. De celui de Dandy, pas vraiment.

Ce qu'il s'était pris dans la gueule ne pouvait pas venir de nulle part. C'était tout ce dont il était certain.

"Evidemment que tu ne le voulais pas. Ça n’a rien à voir avec toi. C’est juste, comme je viens de te le dire, que je suis un connard."

Une entrée en matière assez déplaisante, en cela qu'elle cachait un refus tacite, volontaire ou non, d'entamer une véritable discussion. Bitter venait de remarquer un truc : si on écoutait Dandy, ça n'avait jamais rien à voir avec qui que ce soit d'autre que lui. "C'était mon problème. C'est ma faute. Ca n'a rien à voir avec toi". Honnêtement, en terme d'isolation volontaire, ce mec était encore pire que lui. Et pourtant, Bitter faisait déjà pas mal dans son genre.

Il avait à peine commencé, et Bitter avait déjà envie de protester haut et fort contre ce qu'il entendait. C'était tellement contrariant que ça lui faisait mal, simplement parce que ça sonnait faux. La tête que Dandy tirait et qui aurait mérité trois paires de baffes sonnait faux aussi. Spectacle tragique, lacérations verbales qu'on aurait dit qu'il s'infligeait pour se faire mal tout seul autant que pour convaincre Bitter de le croire quand il disait, répétait cent fois qu'il n'était qu'un connard. Il brandissait ce mot comme un bouclier hérissé de picots. Connard de porc-épic, ouais, à la rigueur.

L'Orageux avait fait le choix - mais en avait-il vraiment un ? - de se taire, et d'écouter jusqu'au bout. Plusieurs fois ce fut très difficile, car les mots lui brûlaient les lèvres et auraient voulu sortir avec la spontanéité et l'entièreté un peu trop brute qui caractérisait le chasseur. Muet, les yeux plongés dans ceux de Dandy, il retrouvait cependant une place dans laquelle il était généralement plus à l'aise : celle de l'observateur qui se contentait de récolter les indices à l'écart, sans le dire, sans même le montrer. Il enregistrait des trucs pour plus tard. Même si bordel, il y en avait tellement qui sortait, et ça sonnait avec une telle douloureuse conviction qu'il n'était pas certain d'y pouvoir faire grand chose, si ce n'est expliquer qu'il était lui-même loin d'être convaincu. Ce qu'on voyait déjà certainement à sa gueule.

Puis soudain, Dandy changea de ton. L'expression de Bitter se décrispa. Ce qui vint ensuite, il pouvait l'entendre et le comprendre. L'intervention de l'Orageux était une action non-sollicitée, une initiative qu'il avait prise de lui-même et qu'il avait imposée à Dandy. Il le savait très bien. Il pouvait comprendre le mécontentement, la frustration du récolteur, même s'il aurait vraiment aimé que ses mots - ceux avec lesquels il lui avait dit qu'il avait justement pris cette décision tout seul et qu'il pouvait en assumer les conséquences, et que Dandy n'avait donc pas à se sentir responsable de ce qui lui était arrivé - le touchent un peu mieux que ça.

"Sauf que j’ai... peut-être juste un peu négligé le fait que cet endroit me rend... nerveux."

Bitter se rendit compte que ça ne le surprenait pas une seule seconde. Dans le fond, il le savait déjà, ou en tous les cas il se doutait d'un truc de ce genre là. Il n'y avait pas quinze mille explications aux divers trucs dont il avait été témoin. Bitter s'était refusé d'y faire mention, jusqu'à présent. Il s'était dit que c'était personnel, et que Dandy n'avait certainement pas envie de se payer une remarque à ce sujet.

"Et voilà. C’est tout ce qu’il s’est passé, Bitter. Un connard bourré et nerveux, qui en plus est brillamment incapable de s’exprimer de manière simple et claire. J’ai raconté de la merde. Inutile de s’y attarder."

Bitter avait beau avoir été extrêmement attentif, avoir mémorisé les trucs auxquels il voulait apporter une réponse, ou en tous les cas un autre éclairage, il fallait bien avouer que cette conclusion était foutrement aride. L'Orageux l'avait expliqué : il parlait peu. Il n'aimait pas ça. Tout de suite, il sentait qu'il aurait dû dire quelque chose, il sentait qu'il avait des trucs pertinents sur le bout de la langue même, mais ces trucs tournoyaient dans son esprit sans vraiment accepter de vouloir donner leur forme ou leur nom, si bien qu'il n'était pas certain de ce qu'il allait réussir à sortir.

Mais il allait faire quelque chose. De ça, il était certain. Il ne pouvait pas laisser croire à Dandy qu'il s'était laissé embobiner par son discours, et qu'il trouvait de tels propos recevables.

"T'auras beau le répéter trente fois supplémentaires, je crois que je serai pas beaucoup plus convaincu qu'à la première.  Je l'ai déjà dit : y a un certain nombre d'enflures qui me hérissent assez radicalement l'échine à l'arbre, t'en as jamais fait partie, et c'est pas ce qu'il s'est passé aujourd'hui qui va me faire changer d'avis. T'as un putain de caractère de merde, ouais. Ca, pas de problème. Mais moi aussi, alors j'vais pas t'en vouloir pour ça."

Boule d'angoisse dans la gorge. Il avait peur d'en avoir encore trop dit, ou en tous les cas d'avoir raconté un truc qui allait encore allumer les poudres. Il soupira et décida d'en venir à un autre sujet.

"... Tu sais, en vrai, je sors tout le temps de mes gonds. J'arrive pas à rester calme, je pète tout le temps des câbles, alors... Ouais, c'était bizarre. Mais c'est pas la première ni la dernière fois que ça arrive, et c'est clairement pas que de ta faute. Parfois je m'agace et je me rends pas trop compte de ce que je dis. Je suis presque sûr que j'ai raconté de la merde aussi, pour que ça parte en live comme ça. Ou en tous les cas ça a pas dû sonner comme je voulais. Et quand j'ai vrillé, j'étais vraiment plus clair, je pense que j'ai dit n'importe quoi."

Ce passage était un peu flou, il avait vraiment été dans un sale état, mais il se souvenait distinctement avoir oublié les trois quarts de ce qu'il aurait dû garder en tête pour devenir obsessionnel sur des détails à la con.

"T'es descendu ici pour me donner tout ça alors que cet endroit te court sur les nerfs. Pour moi, c'est loin d'être anodin. C'est beaucoup plus important qu'une engueulade qui en était même pas vraiment une."

... Si Dandy ne l'achevait pas pour avoir saccagé sa zone de confort en prononçant ce discours ultra gênant, Bitter allait très certainement le regarder de plus près, ce fameux flacon d'aspirine. Ses émotions étaient trop en vrac pour qu'il soit à même de rougir comme il l'avait fait au début, mais c'était quand même ultra embarrassant, et il n'était vraiment pas à l'aise, à tel point qu'il s'était remis à tirer par réflexe son habituelle tronche contrariée. S'occuper les mains et donner l'impression qu'il s'occupait l'esprit en faisant autre chose serait peut-être utile aussi.
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyLun 5 Avr 2021 - 17:16

Quand Bitter, visiblement peu impressionné, affirme une seconde fois à Skunk que non, il ne le voit pas comme un connard, le Dandy soupire et détourne le regard avec une moue agacée.

Il est vrai que, parfois, il est secrètement content qu’on le reprenne quand il insiste sur son propre manque de valeur, que cela le rassure et lui fait du bien, même si cela reste ténu et temporaire. Mais pas ce jour-là, pas dans ces circonstances. Actuellement, il est bien trop épuisé et émotionnellement en ruines pour courir après ces petites douceurs acides ; tout ce qui l’intéresse, c’est bel et bien de mettre un terme à la conversation. Que Bitter admette que ce pétage de plombs est de la faute du petit con susceptible dont il a sauvé les fesses, que c’était juste un problème de forme, que le fond n’a aucune importance, qu’il n’y a rien à redire, rien à débattre.

Chercher une autre explication à ce gâchis, une qui serait plus juste, plus profonde, fait juste mal pour rien.

“T'as un putain de caractère de merde, ouais. Ça, pas de problème. Mais moi aussi, alors j'vais pas t'en vouloir pour ça.”

Dépité, Skunk émet un nouveau ricanement très aigre, dans la lignée des précédents :

“Non, toi, tu as un caractère de merde. Moi, je suis juste chieur et égoïste. Si tu me connaissais mieux, tu verrais vite la différence.”

Puis il boit, encore. Avant-dernière gorgée. C’est rare, qu’il descende tout une flasque aussi vite. Il va le payer très cher.

Tant pis.

Bitter reprend, essaie encore de s’expliquer, d’assumer une partie de la responsabilité de ce qu’il vient de se passer. Skunk l’écoute sans rien dire, tête baissée, regard vide. Ses doigts, maladroits et fébriles, triturent sa flasque, les lacets de ses baskets, les manches de sa chemise. Volontairement, il cherche à se retirer de la conversation, à se réfugier dans la ouate rance d’alcool et de lassitude qui marine au fond de sa tête. Il entend ce que Bitter lui raconte, il l’entend beaucoup trop bien à son goût ; mais il n’a pas envie d’y réfléchir, encore moins de lui répondre.

Evidemment que le Chasseur n’a pas aidé. Evidemment que ce couillon a involontairement enchaîné les coups sur des points ridiculement vulnérables, en rappelant à quel point Skunk aurait été incapable de se défendre contre une brute telle que Stern, en répétant que tout ceci était inadmissible, pas normal, pas acceptable... Autant de justifications que le Récolteur a hélas vécu comme des évidences cruelles, dont le rappel frôle l’insulte : bien sûr qu’il est dans une situation de merde, il le sait très bien, merci. Inutile de lui mettre le nez sur un problème qu’il sait déjà impossible à résoudre.

Mais qu’est-ce qu’il aurait dû faire, le Dandy ? S’énerver tout de suite ? Cracher à la gueule de ce garçon plus jeune, qui a voulu l’aider quand les autres n’ont même pas bougé le petit doigt ?

Alors oui, Skunk a essayé de garder son calme, il a vraiment essayé. Il a encaissé, malgré la colère, malgré la frustration, malgré l’angoisse. Il a tenté de s’expliquer, au moins un peu, sur ce cercle vicieux de violence et de harcèlement auquel il s’est résigné, un sujet que pourtant il n’aborde jamais, avec personne.

Mais Bitter n’a pas compris où il voulait en venir.

Fais pas comme si c'était ok que ça finisse mal tant qu'il y a que toi qui prend.
Ça l'est pas.

Et lui, il a paniqué. Il a hurlé. Et il a tout gâché. Comme d’habitude.

Qu’y a-t-il à dire de plus, vraiment?

"T'es descendu ici pour me donner tout ça alors que cet endroit te court sur les nerfs. Pour moi, c'est loin d'être anodin. C'est beaucoup plus important qu'une engueulade qui en était même pas vraiment une."

“Mais pourquoi est-ce que tu insistes, alors?”

Il a l’air plus impatient que réellement fâché, mais cela commence à devenir difficile à préciser: bien que ses mots restent étonnamment choisis, la voix de Skunk est ralentie, lisse, poisseuse d’alcool. Regard toujours braqué sur sa flasque, il vacille légèrement sur ses appuis, même assis. Il est tellement ivre qu’il ne note même pas le côté un peu trop intense et intime des remerciements de Bitter, ce qui au final est sans doute une bonne chose.

“On s’en fout, de savoir précisément pourquoi c’est parti en couilles. Peut-être que c’est un truc que t’as dit, peut-être que c’est un truc que j’ai dit, on n’en sait rien et on saura jamais et de toute façon j’aurais pas dû crier.”

Il soupire, longuement. Même fin saoul comme il l’est, il sent toujours cette boule amère coincée au fond de sa gorge ; il sait trop bien comment tout ceci va finir, s’ils continuent sur cette voie.

“Sérieusement, laisse tomber, mec. T’as fait tout ce que tu pouvais. C’est pas ta faute, ce... c’est moi qui...”

Un silence, brutal. Qui dure, s’allonge, s’étire. Se perd un peu vers l’avant, beaucoup vers l’arrière. Et qui s’achève dans un murmure fataliste :

“Je finis toujours par dire quelque chose qu’il faut pas. C’est comme ça. Ça l’a toujours été. Te prends pas la tête avec ça.”






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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyLun 5 Avr 2021 - 23:20

Bitter


♣ Chasseur ♣
“Non, toi, tu as un caractère de merde. Moi, je suis juste chieur et égoïste. Si tu me connaissais mieux, tu verrais vite la différence.”

Bitter eut l'envie subite de pousser un énorme soupir, et il ne s'en priva pas. Il coula un regard blasé dans la direction de son interlocuteur. Dandy pouvait être franchement fatigant, lorsqu'il s'y mettait. Il semblait avoir décidé que rien de ce qui sortirait de la bouche du chasseur ne serait valable, ou bien en tous les cas il s'échinait à le contredire, et à sous-estimer la pertinence de son jugement, de ses observations. A ce stade, l'Orageux n'avait plus la force de s'énerver, de se justifier, ni même de rajouter une couche de vexation par dessus celles qui étaient déjà passées. Exténué, il ne s'accorda qu'un bref aparté, presque soufflé plus que parlé :

"Libre à toi de croire que je suis sourd et que j'ai de la merde dans les yeux. Et appelle ça comme ça te chante, ça change pas grand chose."

Il y avait diverses manières d'avoir un "caractère de merde" et selon la définition de Bitter, "être un chieur" entrait dans cette catégorie, donc techniquement ils restaient d'accord.

Quant à l'égoïsme de Dandy, s'il avait été si développé que ça, le récolteur ne serait pas descendu le voir aux cachots malgré l'épreuve que ça semblait être pour lui. Et ce n'était qu'un exemple parmi d'autres. Ca le blessait un peu que Dandy pense qu'il le connaissait si mal que ça. C'est vrai qu'ils parlaient peu, mais ainsi qu'il venait de l'insinuer, Bitter n'était pas aveugle. Divers petits détails s'étaient accumulés, sans lesquels le garçon ne se serait peut-être jamais intéressé à Dandy au point de développer une véritable sympathie à son égard. Au point de se montrer plus agréable à son égard qu'avec presque tout le Grand Arbre, malgré le manque de loquacité chronique de l'Orageux. N'avait t-il vraiment rien remarqué ?

Le chasseur, lui non plus, n'était pas loin du bout de son rouleau personnel. Il était encore bien trop près du trou dans lequel il était accidentellement tombé plus tôt. Malgré ses efforts pour recouvrir des facultés de raisonnement valables, la confusion dont il s'était tiré à grand peine n'était pas très loin de lui. Elle rongeait les bords de son esprit, profitant de la faille résiduelle qui existait en Bitter : il avait compris des trucs, mais il n'avait pas tout compris. Ses doutes continuaient de le foutre en l'air en arrière-plan.

Il commençait à en avoir marre de parler. Il ne parlait jamais autant. Ca aussi, c'était fatigant. Pourtant, il fallait qu'il aille jusqu'au bout de ce qu'il avait à exprimer. Il était poussé en ce sens par un profond sentiment de nécessité, et cela même s'il savait que Dandy - cette tête de pioche vraisemblablement persuadée de détenir les seules vérités valables - ne donnerait sans doute jamais l'impression d'être touché par ses mots.

Parce que Bitter savait au moins un truc : ce qu'il racontait ne rentrait pas par une oreille pour ressortir par l'autre. Peut-être que tout de suite, le récolteur ne donnait pas l'impression d'être très réceptif, mais au moins, ça serait dit, ça serait su. Bitter voulait que Dandy comprenne qu'il l'appréciait, qu'il pensait qu'il méritait plus de crédit qu'il ne s'en donnait, et que ce qu'il s'était passé aujourd'hui ne changeait pas cet état de fait. Il voulait aussi qu'il sache qu'il lui était reconnaissant d'être venu lui rendre visite, et qu'il mesurait l'importance de ce geste, compte-tenu de ce qu'il avait avoué sur la façon dont cet endroit lui foutait les nerfs en pelote. Ensuite, et même si Bitter vivait mal le fait que certains sujets avaient été délibérément mis de côté, il n'y aurait plus besoin de revenir là-dessus. Ce genre d'aveux n'était facile ni à faire, ni à entendre.

“Mais pourquoi est-ce que tu insistes, alors?”

Le garçon, qui avait été à deux doigts de mettre le nez dans son verre pour avaler sa dose d'aspirine, retint son geste et releva un regard plein d'une surprise ténue sur Dandy.

Il ne s'était pas attendu à ce que le récolteur ramène ce sujet sur le tapis tout seul tandis que Bitter venait de lui offrir une porte de sortie plus large que le mur sur lequel on aurait pu l'imaginer se trouver. Est-ce qu'il avait pensé que Bitter ne comptait pas lâcher l'affaire ? C'était ça, ou bien les raisons exactes du basculement qui avait eu lieu le perturbaient plus qu'il ne voulait bien l'admettre. En même temps, si ça n'avait pas été le cas, il ne se serait pas comporté de cette manière. Et il ne continuerait pas d'insister pour tout se foutre sur le dos.

Il était vraiment chiant, avec ça. Si le volcan qui se trouvait à l'autre bout de l'Île était subitement entré en éruption, Dandy aurait encore été capable de dire que c'était sa faute, d'une manière ou d'une autre. Il n'était pas responsable de ce que Stern avait fait à Bitter, ni de son séjour au Cachot. Et il n'était clairement pas le seul responsable de la dégénération de la discussion qu'ils venaient d'avoir.

Bitter attendit que le silence retombe pour s'expliquer. Dandy n'avait pas spécialement l'air d'attendre une réponse de sa part, considérant la façon dont il avait immédiatement enchaîné sur des mots qui cherchaient à mettre fin aux interrogations lancées avant même de leur laisser l'occasion de prendre leur première respiration, mais l'Orageux aimait rarement laisser des questions sans réponses. Il ne détestait rien de plus que l'incompréhension, qu'elle soit sienne ou celle des autres. De ce fait, c'était difficile pour lui de laisser le moindre point d'interrogation sans la conclusion qui lui était due.

Le temps qu'il finisse par avaler le médicament qui n'attendait plus que lui, Dandy avait pris la parole une nouvelle fois, pour dire un truc que Bitter entendit mais auquel il décida de ne pas répondre directement. Comme il l'avait déjà expliqué, l'Orageux n'était pas exactement le plus doué qui fut, question relations sociales. Il avait ses propres problèmes et compatissait à ceux que Dandy semblait traîner. Seulement, il n'était pas prêt à accepter la conclusion hâtive - et donc bancale - que son interlocuteur voulait lui faire avaler. Dandy semblait trouver ça plus facile. Bitter était incapable de voir les choses de cette manière.

"Si je pouvais arrêter de me prendre la tête sur commande tout serait vachement plus facile... C'est pas ce que tu m'as dit, qui me prend la tête. Enfin. Pas directement. Je comprends bien que t'as pas envie d'en parler et j'avais pas l'intention d'insister plus que ça. Mais je veux pas que tu te fasses la mauvaise idée. Alors je vais juste dire ça. T'as pas besoin de me répondre si t'as pas envie."

Il marqua une brève pause, le temps de poser ce qu'il avait dans les mains par terre et d'essayer de faire le tri dans ses pensées - en vain. Il se sentait au bord d'avoir un nouvel épisode de diarrhée verbale, et ça lui faisait un peu peur. La première fois que c'était arrivé, ça n'avait réussi ni à Dandy, ni à lui. Cependant il était trop tard pour revenir en arrière.

"J'ai dit un truc, t'as dit un truc... On a tous les deux dit un truc, la question se pose même pas.  Ce que je t'ai balancé, je me doutais bien que ça allait pas te plaire. Je pensais vraiment que tu me prenais pour un con, comme si je savais pas dans quoi je m'étais lancé et pourquoi je l'avais fait. Mais tu t'es même pas énervé quand je pensais que tu le ferais. C'est vrai que c'est arrivé quand je m'y attendais plus, et que c'était vraiment pas le meilleur moment pour moi. J'ai probablement pas tout capté, mais je pense que maintenant, je comprends un peu mieux pourquoi tu m'as envoyé sur les roses. Je m'en fous que t'aies crié. C'est pas le problème. J'étais dans un état de merde, toi aussi. C'est pas grave. Mais de tout ce que t'aurais pu me balancer..."

Sa voix s'éteignit précocement. Il détourna les yeux. C'était le moment où ça devenait difficile. Était-il vraiment prêt à dévoiler cette faille face à Dandy ? Encore une fois, la dernière fois qu'il avait fait un truc de ce genre, ça ne s'était pas très bien passé, et il n'était pas très chaud à l'idée de recommencer.

"... Pour m'envoyer péter, t'aurais pu choisir n'importe quoi d'autre. Mais t'as choisi ces mots là. Et t'as déjà dit un truc de ce genre avant, alors ça peut pas venir de nulle part. Ce qui me prend vraiment la tête, en réalité, c'est de pas comprendre ce que j'ai fait pour que ça soit ça qui sorte plutôt qu'autre chose. Honnêtement, je préfèrerais que ça soit un truc auquel j'ai pas pensé. L'autre option étant que je sois tellement à la ramasse que je suis même pas capable de m'en rendre compte. Du genre con au point d'être enfermé avec le crâne fendu en deux pour rien alors qu'il y avait un moyen moins risqué de mettre ce salaud hors-jeu même dans l'urgence, mais que je suis pas foutu d'y penser, parce que tout ce que je sais faire c'est taper sur des trucs pour obtenir un résultat."

Ca aurait donné raison à beaucoup de monde, après tout.

"... Ca rime probablement à rien. Au pire oublie. T'es torché, on est au bout de notre vie, j'ai pas envie de t'emmerder avec ça. Je voulais juste que tu saches que c'est.... pas toi, mon problème. Ca me stresse à mort alors maintenant je vais me la fermer. Voilà."

Entre temps Bitter s'était mis dos aux barreaux. Il avait couvert ses yeux avec ses mains et avait planqué la tête entre ses genoux relevés. Cette fois-ci, il était véritablement mort de honte. Il se sentait proprement ridicule, trop bavard - lui qui ne l'était jamais - et foutrement tordu. Un combo pas vraiment gagnant.
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Skunk
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♣ Récolteur ♣


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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyDim 18 Avr 2021 - 20:11

“Libre à toi de croire que je suis sourd et que j'ai de la merde dans les yeux. Et appelle ça comme ça te chante, ça change pas grand chose.”

Skunk entend ce que Bitter marmonne, mais il n’y prête pas attention. Il est bien trop saoul pour comprendre que le garçon est vexé et prend pour un jugement de valeur ce que le Dandy lui-même considère comme des explications objectives : oui, il est pénible, oui, il est égoïste. C’est ainsi. C’est tout.

Il n’en veut pas à Bitter de ne pas l’avoir réalisé. Après tout, ils ne se connaissent pas vraiment, et bien que Skunk n’en soit pas fier, il sait faire semblant d’être fréquentable. C’est juste que son petit numéro ne tient jamais bien longtemps.

Et puis, toujours à la décharge de l’Orageux, Skunk lui-même a eu du mal à comprendre en quoi il était égoïste. Il n’a pas la sensation de faire passer ses intérêts avant ceux des autres. Enfin si, un peu, parfois... Mais certainement pas au point de s’attirer cette critique avec une telle constance. Or, bien que les détails soient flous, mités par l’Oubli, il en a noté assez dans ses carnets pour savoir que c’est un reproche qu’on lui fait depuis longtemps, peut-être depuis toujours.

Lentement, confusément, Skunk a fini par comprendre que c’est un jugement beaucoup plus général qu’il ne le pensait. Que cela ne concerne pas seulement ses actes, mais sa manière de parler, la façon dont il réfléchit et prend ses décisions. Qu’il est trop rigide, qu’il anticipe trop, sans laisser la place aux autres de s’immiscer dans ses plans ou dans son discours. Lui a juste l’impression d’être logique, cohérent, de proposer la plus optimale des solutions. Mais les autres le vivent comme de l’orgueil, de l’arrogance, un manque de considération. De l’égoïsme.

Et ils ont raison, bien entendu qu’ils ont raison. Rien qu’aujourd’hui, pourquoi est-il venu voir Bitter ? Pourquoi a-t-il pris le risque de descendre dans ce foutu cachot, pourquoi n’a-t-il pas simplement attendu dehors que le Chasseur ait purgé sa peine ? Ou au moins, pourquoi ne lui a-t-il pas juste donné les victuailles, avant de repartir ? Est-ce vraiment parce qu’il a pensé à l’intérêt de celui qui l’a défendu ? N’est-ce pas plutôt parce qu’il voulait rembourser sa dette, remettre la situation sur les rails tel que lui l’avait prévu, rendre à nouveau les choses prévisibles, scriptées, rassurantes, comme lui tient à les conserver ?

Qui devait vraiment se sentir mieux, après cette visite? Bitter? Ou lui?

Eh bien maintenant, ce ne sera ni l’un ni l’autre.
Bravo.
Abruti inutile.


“Si je pouvais arrêter de me prendre la tête sur commande tout serait vachement plus facile... C'est pas ce que tu m'as dit, qui me prend la tête. Enfin. Pas directement. Je comprends bien que t'as pas envie d'en parler et j'avais pas l'intention d'insister plus que ça. Mais je veux pas que tu te fasses la mauvaise idée. Alors je vais juste dire ça. T'as pas besoin de me répondre si t'as pas envie.”

L’adolescent soupire et pose sur son interlocuteur un regard las, qui n’a même plus la force de s’énerver : mais qu’est-ce qu’il lui faut, à la fin, à cette tête de con d’Irlandais ? Il a dit lui-même que la présence de Skunk dans ce cachot mille fois maudit était plus importante que leur engueulade, il a visiblement compris que le Récolteur ne veut juste plus en parler. Pourquoi insister, encore ?! Pourquoi remuer le couteau dans la plaie, pourquoi chercher une explication quand le Dandy lui en a offerte une sur un plateau - c’est ma faute, c’est juste ma faute, c’est pas grave, j’ai l’habitude, arrête de fouiller plus loin, arrête de revenir là-dessus, s’il te plaît, arrête...

Bitter n’arrête pas. Oh, il doit bien se douter que c’est une mauvaise idée : son appréhension se sent dans chaque hésitation, chaque phrase trop lente, chaque regard détourné avec gêne. Mais il n’arrête tout de même pas. Il reprend tout le début de la conversation, le décortique en mêlant son ressenti à la réalité objective, mélange les explications, les questionnements, les hypothèses, saute d’un fait à un autre en se basant sur des sous-entendus. Et l’expression vaguement contrariée qui flotte encore sur les traits de Skunk disparait, laissant la place à une vacuité livide qui ressemble de plus en plus nettement à de la douleur.

Il sent très bien le moment où il cesse de comprendre ce qu’on veut lui dire. Aussi nettement que si Bitter s’était mis à parler une autre langue.

Désespérément, Skunk essaie de s’accrocher, de noter les points qui lui parlent, de les relier avec de l’imagination et de la logique. Mais il est trop saoul, trop fatigué, les pointillés sont trop longs, les liens trop flous. L’Orageux parle (lui reproche?) d’avoir “choisi ces mots-là”, mais lesquels? Il cherche “ce qu’il a fait pour que ce soit ça qui sorte”, alors que le Dandy lui a explicitement dit qu’il n’avait rien à se reprocher. Et pourquoi est-ce qu’il embraye sur sa réaction face à Stern, à quoi est-ce qu’il aurait dû penser? Quel rapport?

Skunk n’y arrive pas. Il ne suit plus.

Dans la poitrine du Dandy, quelque chose se remet à vriller, à brûler assez profondément et fort pour qu’il le sente à travers l’alcool et que sa respiration trébuche dessus. Il baisse les yeux, encore. Et sans lâcher sa flasque, il libère sa main gauche, qui va s’enfouir dans ses cheveux pour s’y refermer en un poing trop serré - ça tire, ça fait mal, et c’est tant mieux.

Bitter essaie de lui dire un truc important.

Et lui, il ne comprend rien.

Un bref instant, dans le silence qui suit les explications du rouquin, Skunk se laisse aller à songer que ce n’est pas juste. Que, égoïste ou pas, il a essayé, il a vraiment essayé de faire les choses bien, cette fois. Qu’il voulait juste dire merci à quelqu’un qui l’a aidé. Ce n’est pas juste que tout ait tourné aussi mal. Ce n’est pas juste qu’il soit incapable d’y faire quoi que ce soit, si ce n’est empirer les choses.

Quelqu’un d’autre saurait quoi dire à Bitter. Quelqu’un d’autre saurait avouer “je ne comprends pas ce qui te tracasse à ce point” sans en faire une accusation, quelqu’un d’autre saurait convaincre le jeune Chasseur qu’il a bien fait, lui expliquer qu’il a été courageux, que son assistance n’était pas attendue mais qu’elle n’en était pas moins bienvenue.

Skunk n’en est pas capable. Il a tenté de le faire. Et voilà où cela les a menés.

“... Ça rime probablement à rien. Au pire oublie. T'es torché, on est au bout de notre vie, j'ai pas envie de t'emmerder avec ça. Je voulais juste que tu saches que c'est.... pas toi, mon problème. Ça me stresse à mort alors maintenant je vais me la fermer. Voilà.”

Bitter sombre dans le silence, dos aux barreaux, et le Dandy ne fait rien pour aller contre. Ivre et malheureux, il n’arrive plus à réfléchir, il n’arrive même plus à penser. Il a juste envie de fuir en courant, vers cette échelle qui lui parait soudain à l’autre bout de l’Île. Ça, ou cracher les mots plein de dépit, de tristesse et de colère qui lui viennent aux lèvres.

“Ce que tu dis n’a aucun sens.”

Il sait qu’il ne doit pas dire un truc pareil. Il sait que c’est injuste, cruel, et que cela fracasserait Bitter de manière irréversible. Pourtant, une part de lui en a envie, juste pour se venger de ce que ce petit con lui inflige depuis le début de cette conversation, juste pour qu’il apprenne à laisser les gens tranquilles quand ils l’exigent, juste pour qu’il la ferme.

Mais si Skunk avait voulu être méchant envers Bitter, ils n’en seraient pas là, n’est-ce pas? Il s'en serait sorti bien mieux que cela. Il a toujours été beaucoup plus doué pour agresser les autres que pour les réconforter.

Quoiqu’en pense l’Orageux, Skunk a très conscience que ce sont ses mots à lui qui ont mis le feu au poudre, que c’est son impatience et son angoisse qui les ont coincés dans cette détestable situation. Il ne veut plus prendre le risque de dire le moindre mot de travers, pas alors qu’il est ivre mort et qu’il ne maîtrise rien, pas alors que Bitter s’est à peine relevé de sa première offense involontaire.

Alors Skunk se décide pour une troisième voie, entre l’attaque et la fuite. Quelque chose qu’il ne fait jamais. Qui pourtant lui parait le seul choix encore possible pour ne pas détruire le peu qu’il reste.

Et il ment.

“N... Non, c’est bon. J’ai compris. T’inquiète pas.”

Un temps. Puis à nouveau, à peine plus fort qu’un souffle :

“T’inquiète pas.”






In order to insult me, I must first value your opinion.
Nice try though.
Now please go fuck yourself with a cactus.
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Asher O'Flaherty
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyDim 18 Avr 2021 - 22:49

Bitter


♣ Chasseur ♣
Bitter était absolument terrorisé, et simultanément catastrophé. C'était parti d'une bonne intention. Il avait juste voulu clarifier pourquoi il se sentait toujours aussi mal, et pourquoi les explications que tentait de lui faire avaler Dandy ne lui convenaient pas, et ne pourraient jamais lui convenir. Il s'était dit que le récolteur n'avait pas besoin de parler de ses trucs qui fâchaient à lui s'il n'en avait pas envie. Le chasseur avait pensé qu'en revanche, s'il profitait de cette inhabituelle propension qu'il avait aujourd'hui à parler, à exprimer ce qu'il avait à l'intérieur de lui, ça serait sans doute bénéfique pour tout le monde.

Avec quelques phrases simples, peu énergivores, Dandy serait peut-être en mesure de lui dire ce qui était vrai et ce qui était faux dans les raisonnements tordus qui lui explosaient le crâne depuis tout à l'heure. S'il l'aidait à lever sa confusion Bitter se sentirait déjà beaucoup mieux. Il serait mieux capable d'envisager la façon dont il avait besoin de se positionner face à Dandy, désormais. Ce qui les aiderait certainement tous les deux.

Et puis le Récolteur finirait peut-être aussi par comprendre ce qui dans cette situation pouvait réellement lui être imputé, et ce qui n'était pas de sa faute, parce que Bitter était simplement en train de se prendre la tête avec lui-même. Dans le fond, même s'il pouvait être fatigant, à se montrer si fermé et si sûr d'avoir forcément raison, Dandy n'avait globalement fait que foutre les pieds dans des fragilités et des blessures qui n'étaient pas de son fait. Quant à la part de volontaire et d'involontaire qu'il y avait eu là-dedans, c'était tout l'objet de la question que le rouquin tentait bon gré mal gré de poser.

Il avait vraiment besoin de savoir à quel point il s'était monté la tête tout seul, et à quel point les remarques et les préjugés qu'il se payait régulièrement pouvaient être fondés. Même s'il avait pris l'habitude de convaincre les autres et de se convaincre tout seul que ça ne l'atteignait pas, qu'il n'y était pas sensible, qu'il était très sûr de lui et de ses avis, et qu'il était de toute façon très peu influençable, du moment qu'on tapait un peu trop fort et un peu trop précisément où il ne fallait pas Bitter était en réalité bien plus fragile et bien moins assuré qu'il voulait bien l'admettre.

Et puis Dandy avait sur lui un pouvoir que la plupart des gens n'avaient pas, mais de ça, Bitter n'avait pas complètement conscience.

Revenant à ce qu'il avait essayé de faire, et qu'il avait complètement foiré : il n'avait juste pas envisagé que ça serait si difficile à sortir de lui. Qu'il se sentirait si merdeux, si honteux, si réticent à avouer ses peurs avec des mots simples qui les rendraient évidentes. Peut-être avait-il peur qu'on le trouve ridicule. Qu'on le lui fasse remarquer. Et c'était là que c'était parti en steak. Il tournait autour du pot. Il ne décrivait plus, il insinuait, faisait des détours tordus, perdait le contrôle de sa langue et se rendait compte trop tard qu'il ne parlait plus des bonnes choses, ou en tous les cas plus dans le bon objectif. Est-ce qu'il était encore en train d'essayer de discuter avec Dandy, ou bien se balançait-il tout ça dans la gueule tout seul pour tenter de se taper dessus verbalement et/ou d'exorciser ses démons ? En vain, bien évidemment. Ils lui revenaient immédiatement dans la gueule comme un boomerang.

Il avait voulu être concis, simple à suivre, éloquent. Il avait souhaité réparer un peu toute cette merde de laquelle ils n'arrivaient plus à se sortir, comme s'ils avaient barboté dans une flaque et qu'à chaque fois qu'ils avaient voulu s'en extraire, ils glissaient et retombaient dedans la tête la première.

Il avait fait tout l'inverse et maintenant, une partie de lui était persuadée que Dandy allait le détester et ne plus jamais vouloir le voir en peinture. Il aurait dû fermer sa gueule. Il n'aurait jamais dû balancer des trucs pareils à un type complètement torché, dans le mal, qui avait exprimé son besoin d'arrêter de touiller la merde. C'était lui qui s'était montré égoïste, là. Il aurait dû garder son mal-être pour lui, quitte à ce que ça continue de lui trotter dans la tête en permanence.

Ca aurait forcément été mieux que ce qui allait arriver maintenant.
Ca allait mal se passer, c'était certain. Dandy allait l'avoir mal pris. Il allait lui balancer ses quatre vérités, et ça serait sans doute au moins un peu mérité. Bitter ne voulait pas l'entendre hurler. Il avait peur de ce que Dandy pouvait lui dire. Il ne voulait pas que ça se termine aussi mal que ça avait commencé. Il ne voulait pas que quelque chose d'irréparable casse entre eux.

... Bordel, il avait juste essayé de faire un effort de formulation, pour une fois. De saluer son initiative - qui lui avait fait plaisir, malgré la façon déplaisante dont il l'avait abordé - en lui parlant pour de vrai, comme ça n'était jamais tout à fait arrivé. Pourquoi avait-il fallu que tout parte de travers, et ce dès les premiers trucs qui étaient sortis de la bouche de Bitter ? Est-ce qu'il était mauvais à ce point pour interagir avec les gens, même quand il essayait au lieu d'éviter ?

... Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé je voulais pas. C'est pas ce que je voulais faire, j'ai dérapé, je voulais pas. Excuse moi. Je sais que c'était pas le moment. Ca l'aurait jamais été sans doute mais tant pis. J'aurais pas dû. Je suis désolé. Me déteste pas s'il te plaît... S'il te plaît.

"Je s..."

Ce n'était qu'un fantôme de soupir qui avait échappé à ses lèvres et que Dandy n'avait probablement pas entendu puisqu'à l'instant exact où Bitter allait se confondre en excuses consternées, le récolteur prit la parole pour dire le dernier des trucs auxquels il se serait attendu.

“N... Non, c’est bon. J’ai compris. T’inquiète pas.”
". . ."

Bitter releva lentement la tête, incapable de cacher son étonnement - à cela près qu'il faisait toujours aussi noir dans ce Cachot que dans le cul d'une vache. Une étrange émotion à double-tranchant lui tomba dessus comme une chape au poids simultanément positif et négatif. Comment pouvait-on se sentir tout à la fois plus lourd et plus léger ? Il n'en savait rien, mais en attendant il y parvenait.

Bitter était extrêmement soulagé que Dandy ait choisi de lui répondre dans le calme. Pour autant, il sentait que quelque chose n'allait pas, tout comme il sentait toujours instinctivement tout un tas de détails avant même de savoir retracer le chemin par lequel il était arrivé aux conclusions qui se formaient dans ses viscères.

... Quelque chose dissonait très fort. C'était dans le silence qui suivait l'annonce première que résidait le nœud du problème.

Il avait compris ?
Vraiment ?
Mais s'il avait compris, pourquoi se contentait-il de l'annoncer sans rien dire ? Pourquoi lui disait-il de ne pas s'inquiéter, tandis que Bitter avait justement essayé de lui faire comprendre que ça ne pourrait pas arriver tant qu'il ne saisissait pas les quelques éléments pour lesquels il avait demandé des explications ? Pourquoi subitement afficher cette attitude bienveillante, mais ne rien faire pour que Bitter se sente réellement mieux ?

". . ."

Hésitant, l'irlandais tourna son visage dans la direction de son interlocuteur. Il tentait de discerner sa silhouette malgré l'obscurité. De saisir l'expression de son visage. De croiser son regard. Ca ne dura pas très longtemps. Bitter ne voulait pas le mettre mal à l'aise. Il détourna les yeux et observa ses genoux, pensif.

Il ne pensait pas que Dandy avait compris. Mais tant pis. Ca n'était pas si grave (... si un peu, pour être tout à fait honnête. Mais bon. Il dormirait mal un moment. Ca finirait bien par passer). C'était mieux qu'une horrible engueulade finale. Il était content que la situation ne se soit pas envenimée, malgré la façon dont il venait de merder misérablement.

". . ."

Bitter était généralement à l'aise avec le silence, mais celui-ci n'était que partiellement plaisant. Il était trop plein de non-dits, et de malaise, et de douleurs bâillonnées. Dandy avait vraiment l'air mal. Bitter n'y connaissait pas grand chose sur l'alcool mais il avait quand même vu et entendu des perdus plus âgés se mettre de sales races et en parler entre eux. Il se demandait si le récolteur était encore capable de sortir d'ici tout seul. Si ce n'était pas le cas, et sachant qu'il avait l'air de mal vivre sa présence aux Cachots, le laisser seul avec son cerveau pour ruminer n'était peut-être pas l'idée du siècle.

Le chasseur tourna la tête en direction des victuailles qu'il avait jusqu'à présent boudées. Il ouvrit le sac de pâtisseries et jeta un œil à l'intérieur. Il y en avait bien assez pour deux - surtout qu'il n'aimait pas la nourriture sucrée, mais ça, il n'allait certainement pas le dire à Dandy. Ca avait été sympa de sa part de lui amener ça. Après tout, il aurait pu se contenter d'oranges ou de bouts de pain moyennement frais.

"... Je sais que tu les as amenées pour moi, mais ça serait peut-être pas mal que tu te mettes un truc dans l'estomac, nan ? Y en a assez pour partager..."

Et alliant le geste à la parole, Bitter se glissa l'une des pâtisseries entre les dents en même temps qu'il en passerait à Dandy une autre entre les barreaux. Sauf si le récolteur protestait de façon véhémente contre l'idée, évidemment.
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyLun 24 Mai 2021 - 23:14

Toujours assis en tailleur, tassé sur lui-même, tête baissée comme pour contempler sa flasque qu’en fait il ne voit même plus, Skunk a clairement l’attitude de quelqu’un qui a envie de disparaitre. Même pas de se trouver ailleurs, non - même plus. Juste disparaitre. Se vaporiser en dehors de ce plan d’existence, sans y laisser la moindre trace.

Parce que Bitter va le griller, bien évidemment. Son mensonge est bien trop maladroit, bien trop perceptible, jamais l’Orageux ne va avaler une couleuvre pareille. Il va se dire que Skunk n’en a rien à foutre de lui, de ses justifications, de ses excuses. Que ce petit con de Récolteur veut juste mettre un terme à la conversation, quel qu’en soit le prix - et Bitter aurait-il complètement tort de croire cela ?...

Ou au minimum, l'Irlandais va le coincer comme il le fait depuis le début de cette conversation de cauchemar, il va lui demander des détails, des reformulations, des explications. Et le Dandy ne pourra rien lui dire, rien, parce qu’il est ivre mort, épuisé, angoissé, malheureux, qu’il en a déjà dévoilé plus qu’il ne le supportait... et que cela n’a rien changé. Sauf en pire.

Skunk a envie de pleurer. Ou de hurler. Ou de pulvériser quelque chose. Sans doute un peu tout cela en même temps.

Mais parce que les vieux réflexes ont la vie dure, il se contente de rester immobile et de s’effondrer en silence, en attendant une sanction qu’il pense inéluctable.

Il en perd la notion du temps qui n’existe pas, Skunk, tant et si bien qu’il ne se rend pas compte que la réponse de Bitter met bien trop longtemps à venir. Il faut un mouvement, en périphérie de son champ de vision, pour qu’il s’extirpe de son puit de lassitude et daigne enfin redresser un peu la tête.

Sans comprendre, il fixe la pâtisserie que Bitter lui tend entre les barreaux.

“... Je sais que tu les as amenées pour moi, mais ça serait peut-être pas mal que tu te mettes un truc dans l'estomac, nan ? Y en a assez pour partager...”

Les yeux clairs du Dandy poursuivent leur trajectoire ascendante jusqu’au visage de l’Irlandais, sans pour autant se départir de leur expression un peu hébétée. Que Bitter accepte (enfin) de ne pas le relancer et d’arrêter de remuer le couteau dans la plaie, c’est un soulagement, aussi triste soit-il - ils se sont mal compris et ils ne sauront pas vraiment pourquoi, mais au fond c’est sans doute mieux ainsi.

Cependant, pour que le jeune Chasseur ait insisté à ce point, au mépris de toutes les défausses proposées par son interlocuteur, il devait vraiment y tenir, à ses explications. Y renoncer doit être douloureux et décevant, même Skunk s’en rend bien compte. Il a pensé que Bitter... eh bien, serait fidèle à son nom et se retrancherait dans un silence amer. Eventuellement avec une pointe de rancoeur envers ce connard en costard qu’il aurait mieux fait de laisser à son sort. Que l’Orageux accepte la défection de Skunk, mais pour enchaîner avec un geste aussi simple et ouvertement gentil... Ce n’est pas quelque chose que le Dandy a anticipé.

Pourtant, pour une fois, l’imprévu n’est pas désagréable.

... Il ne m’en veut pas, alors?

Plus ému qu’il ne le voudrait, Skunk ramène son attention sur le gâteau que Bitter lui tend en gage de paix. Même dans la pénombre, la pâtisserie a l’air plutôt appétissante - elle embaume encore le chocolat tiède. Mais là tout de suite, malheureusement, l’estomac dangereusement plein d’alcool du Dandy n’est que très peu sensible au charme des cupcakes.

“Je... je ne sais pas si c’est une bonne idée, je suis un peu... Je me sens pas super bien.”

Skunk jette à Bitter un coup d’oeil un peu misérable. Mais dans le même temps, il sort son mouchoir de sa poche, le laisse s’ouvrir sur sa main et récupère doucement la pâtisserie pour l’emballer directement dans le carré de tissu, sans la toucher.

“Je vais la garder. Pour...”

Sa gueule de bois.

“... Plus tard.”

Il soupire et remet le gâteau dans sa poche. Saoul comme il l’est, il n’anticipe même pas l’autre avantage de le déguster seul de son côté : ainsi, au moins, Bitter ne verra pas que Skunk va laisser de côté la partie de la pâtisserie qui a été en contact avec les doigts du Chasseur. Ce n’est certes qu’un détail, mais vu la façon dont les détails leur ont réussi jusqu’à présent...

“Les gâteaux devraient être c... corrects, ce... Je les ai échangés avec un Artisan, ce n’est pas Sugar qui les a faits.”

Skunk grimace avec répugnance, laissant entrevoir toute l’estime et l’affection qu’il porte à la Mère des Récolteurs. Puis il tourne la tête vers l’échelle qui mène à la sortie du cachot, tout à la fois si proche et si lointaine.

“... Il serait peut-être... plus prudent que... que j'y aille. Avant que quelqu’un n’arrive.”

Nouveau regard en direction de Bitter, toujours aussi désolé, mais nettement plus bref et embarrassé cette fois.

“... Et te laisser tranquille. Aussi.”

Surtout.






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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyMer 26 Mai 2021 - 19:08

Bitter


♣ Chasseur ♣
Bitter se figea quand il distingua, malgré l'obscurité, Dandy qui relevait le nez pour l'observer avec un air que le chasseur n'avait pas vraiment anticipé. C'est qu'il avait eu l'impression de ne jamais tout à fait réussir à l'atteindre. Il avait en tous les cas eu la sensation que Dandy n'accordait aucun crédit à ses mots, et de n'avoir donc fait que s'enfoncer dans son estime à chaque nouvelle tentative qu'il avait faite soit de se justifier, soit de lui remonter le moral en expliquant bon gré mal gré qu'il ne le voyait pas tel qu'il se décrivait.

L'Orageux se serait plus volontiers attendu à ce que son interlocuteur refuse son présent spontanément, par principe, de la même façon qu'il avait rejeté toutes ses précédentes initiatives. Il était vrai que Dandy avait déjà abandonné son attitude agressive lors de sa dernière prise de parole. Bitter n'aurait donc probablement pas dû être aussi surpris de la réaction du récolteur. Pourtant, sans être certain de savoir pourquoi, il se sentait profondément déboussolé, tant et si bien qu'il plongeait dans les yeux de l'adolescent un regard presque aussi étonné que celui qu'on lui lançait. Il retira bien vite son propre cupcake de sa bouche, peu désireux d'avoir l'air plus idiot que nécessaire. Déjà qu'ils ne devaient pas avoir l'air fins à s'observer bizarrement l'un l'autre comme ils le faisaient tout de suite... Enfin. Pas que ce fut très grave : personne n'était là pour les voir faire.

... Sa réaction paraissait-elle donc à Dandy si bizarre que ça ? Bitter n'avait pas eu l'impression de changer si radicalement d'approche. C'était déjà la seconde fois de la discussion qu'il renonçait aux explications dont il aurait eu besoin pour retrouver une base stable, et depuis qu'il avait cessé de lui râler dessus, il ne faisait autrement que tenter de l'aider. Il n'était pas sûr de comprendre ce qui le laissait si perplexe.

Mais Bitter n'était de toute façon plus certain de comprendre grand chose à rien. S'il avait fait son possible pour retrouver un espace dans lequel réfléchir et fonctionner de manière à peu près correcte et rationnelle, ce qui avait été nécessaire pour continuer à interagir avec son visiteur, il nageait encore dans trop de confusion, à tel point qu'il n'était même plus certain de savoir comment il se sentait ni d'être en mesure de relier ses diverses analyses de la situation d'une manière qui serait globalement cohérente. C'était une sensation qui le terrorisait. Rien ne l'effrayait plus que l'absurdité. Il l'avait toujours trouvée hideuse, et il y en avait bien trop autour de lui depuis qu'il était coincé sur cette foutue Île de Jamais. Il ne voulait pas avoir de cette pourriture mentale en lui aussi.

“Je... je ne sais pas si c’est une bonne idée, je suis un peu... Je me sens pas super bien.”

Bitter eut (encore) l'impression de se prendre une baffe impressionnante - pas de la part de Dandy, mais de celle de l'univers tout entier. Écrasé par un sentiment de honte incontrôlable, il baissa les yeux et répondit nerveusement :

"Ah, merde... Désolé."

Bitter avait vraiment l'impression d'accumuler les bourdes, de tout faire de travers. Il voulait juste aider. Il voulait être utile. Désormais, il lui semblait n'avoir que de mauvaises idées. Il restait certain qu'empêcher Stern de nuire à l'Arène avait été une nécessité vitale, mais pour les raisons qu'il n'exposerait plus, il n'était plus sûr de s'y être pris comme il fallait.

Maintenant, il embarrassait son interlocuteur en lui proposant de la bouffe quand celui-ci avait vraisemblablement juste envie de gerber. Dandy avait beaucoup trop bu pendant leur discussion, ce à quoi le chasseur avait sans doute fait trop peu attention. Bitter n'avait tout simplement pas été aussi attentif qu'à l'habitude, aujourd'hui. Les trois quarts du temps, il avait été trop occupé à criser pour une raison ou pour une autre. Maintenant, il se demandait si ce n'était pas aussi un peu à cause de lui si le récolteur s'était mis malade comme ça. Même si bien sûr, ce devait aussi être à cause des Cachots, et du sale effet qu'ils semblaient lui faire.

L'Orageux crut voir Dandy bouger, si bien il tourna un regard peu assuré dans sa direction. Le récolteur approchait un mouchoir de sa main encore tendue et l'invitait à déposer le gâteau dedans. Hautement décontenancé, Bitter subit un nouvel ascenseur émotionnel, et d'un genre encore moins prévisible que le précédent. Il eut soudain l'impression d'être bouillant et que ses tripes se retournaient pour se remettre à l'endroit. Il respirait mieux. Son ventre faisait décidément des trucs un peu bizarres. L'émotion lui noua la gorge et il essaya de contenir les larmes de soulagement qui menaçaient de couler contre son visage. Il se sentait stupide. C'était juste un gâteau. Mais Dandy venait d'accepter un truc de sa part, et il avait la sensation qu'un petit bout du mur étouffant qui les séparait venait de s'écrouler. Suite aux divers rejets qu'il avait essuyé, cette estime et cette légitimation surprises étaient comme un filet d'eau fraîche coulant contre ses plaies intérieures pour les nettoyer.

Il se rendit compte tardivement que Dandy avait repris la parole. Encore trop ému pour se comporter tout à fait normalement, il se redressa et tenta en retard d'analyser les mots qu'il avait entendus.

“Les gâteaux devraient être c... corrects, ce... Je les ai échangés avec un Artisan, ce n’est pas Sugar qui les a faits.”

Bitter tourna la tête vers le gâteau qu'il avait encore dans la main et dont il avait déjà croqué un bout. Ca l'attristait vraiment, de ne pas être capable d'apprécier le cadeau du récolteur à sa juste valeur. Surtout si Dandy s'était cassé le cul à l'échanger avec quelqu'un. Il aurait voulu pouvoir modifier provisoirement ses goûts. Il aurait alors pu lui répondre "Ils sont bons, merci." sans que cela lui pose le moindre cas de conscience. Même quand c'était pour la bonne cause, Bitter était trop honnête pour mentir autrement que par omission.

"C'est cool... Merci."

Quand Dandy suggéra qu'il était peut-être temps qu'il parte, Bitter tourna un regard inquiet en direction de l'échelle qu'on apercevait à peine et qui subitement lui paraissait extrêmement haute, et extrêmement étroite. Le récolteur n'avait pas bonne mine et l'Orageux avait peur qu'il se fasse mal en essayant de sortir. Nul doute que ça aurait été préférable pour Dandy qu'il y parvienne : squatter dans un endroit qui le stressait alors qu'il était malade comme un chien devait être particulièrement affreux. Et puis vu leurs états respectifs, considérant qu'ils n'arriveraient à rien désamorcer de plus, il n'était sans doute plus temps d'échanger. Bitter était frustré car il était enfermé derrière ces foutus barreaux et qu'il ne pourrait rien faire si un accident arrivait. "Ca va aller ?", n'eut-il pas le temps de demander.

“... Et te laisser tranquille. Aussi.”

Le chasseur se tourna encore en direction de Dandy, qui faisait de son mieux pour éviter son regard. Ca lui faisait un peu mal au cœur de constater que celui-ci semblait encore penser qu'il le dérangeait. Il avait essayé de lui faire comprendre que sa présence lui faisait plaisir, malgré la triste prise de bec qu'ils avaient eue et les comportements désagréables que le récolteur avait affichés, comme pour se rendre plus antipathique à ses yeux.

Bitter voulait dire un truc, mais c'était subitement difficile. Il avait peur d'encore tout faire foirer. De se montrer trop entreprenant, comme plus tôt, et d'encore déclencher les mécanismes d'auto-défense et d'autodépréciation du récolteur. Il ne voulait pas entendre encore Dandy lui dire si catégoriquement, avec ses bruits de bouche qui sonnaient comme du mépris, qu'il n'était pas pertinent et se trompait sur lui. Quand Dandy faisait cela, il dépréciait le jugement de Bitter sans lui laisser l'espace de le développer. Le chasseur avait l'impression diffuse que le récolteur le pensait incapable de voir au-delà des premiers niveaux qu'il exprimait à l'oral, ce qui le blessait profondément.

Autant éviter de nouvelles meurtrissures des deux côtés.

... Oui mais non. Bitter ne pouvait pas le laisser partir là-dessus. Certainement pas. Il était hors de question que Dandy se fasse la mauvaise idée. Oh, et puis merde.

"Tu me déranges pas, tu sais."

Il était trop émotionnellement explosé pour être encore capable de ressentir de la gêne après avoir dit ça. En revanche, il jugea bon d'ajouter, le nez tourné vers le sol pendant qu'il triturait nerveusement le cupcake au lieu de le manger :

"Je dis pas ça pour t'obliger à rester. Il vaut effectivement mieux pas que tu restes trop longtemps ici... Mais pas parce que tu me déranges."

Il l'avait dit deux fois, mais ça ne lui paraissait pas de trop. Il espérait très fort ne pas se tromper.
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Skunk
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyJeu 27 Jan 2022 - 21:38

Quand Skunk parle de laisser Bitter tranquille, l’autre garçon ne lui répond pas tout de suite. Le Dandy n’insiste pas. Il ne sait plus si c’est censé lui faire mal, ou lui paraitre normal, ou le soulager ; tout est flou, nauséeux, noyé d’alcool. Sa tête tourne, il se sent malade et minable, et triste, et au fond il s’en fout. La seule pensée construite qui surnage encore au-dessus de ce chaos huileux qui pue le rhum, c’est l’idée qu’il doit sortir de là. Maintenant. Avant de déclencher une autre catastrophe. Avant de gâcher le geste de paix que Bitter a fait en lui offrant ce gâteau.

Skunk pose une main par terre pour y prendre appui, mais il change d’avis aussitôt : la terre humide du cachot s’est infiltrée entre ses doigts, elle colle à sa paume, et il a beau s’essuyer rapidement sur son pantalon déjà sale, la sensation gluante et froide déclenche un violent tic dans son épaule. Grimaçant, il retient un gémissement de justesse, en serrant les dents si fort qu’il les entend grincer. Non vraiment, ça suffit, il faut qu’il dégage de cet enfer, il faut que...

“Tu me déranges pas, tu sais.”

Le Dandy sursaute presque et dévisage Bitter d’un air perdu, comme s’il ne comprenait pas les quelques mots émis par le Chasseur. Ce dernier ne lui rend pas son regard, trop occupé qu’il est à tripoter l’un des gâteaux avec un embarras perceptible. Pourtant, il insiste pour continuer :

“Je dis pas ça pour t'obliger à rester. Il vaut effectivement mieux pas que tu restes trop longtemps ici... Mais pas parce que tu me déranges.”

Cette fois, c’est Skunk qui reste silencieux un moment. Son visage blafard, étrangement figé, n’affiche plus la moindre émotion. Il n’y a que ses yeux clairs, qui clignent à nouveau trop vite et trop de fois à la suite, pour trahir sa surprise et sa difficulté à intégrer ce que Bitter vient de lui dire. Le message est pourtant clair et simple, cette fois. Mais Skunk ne s’y attendait pas, et c’est quelque chose qu’il entend très peu, encore moins dit ainsi, d’un ton calme qui laisse si peu de place à la paranoïa.

Rien n’obligeait Bitter à préciser une telle chose. Rien. Surtout pas après tout ce qu’ils se sont balancé à la gueule, après toutes ces incompréhensions, tout ce gâchis. Le Dandy se serait contenté que son cadet ne le haïsse pas. Il ne s’attendait pas à une telle démonstration de... quoi, d’indulgence ? De gentillesse ?

Gêné et touché en égales mesures, Skunk finit par hocher la tête, avant de bafouiller avec une maladresse qui ne lui ressemble pas :

“D’accord. On... on verra pour discuter une autre fois, alors. Dehors. Ailleurs. Si tu veux. Oh chier, j’aurais pas dû boire autant...”

Du dos de la main, il étouffe un léger haut le cœur, avant d’essuyer grossièrement la sueur qui poisse son visage. Puis il attrape les barreaux de la cellule d’un geste trop brusque, pour tenter de se hisser sur ses jambes.






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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyLun 7 Fév 2022 - 0:34

Bitter


♣ Chasseur ♣
Il y eut un silence objectivement assez court, mais qui parut subjectivement durer une éternité à Bitter, lequel n'était pas très rassuré. Certes, les tensions entre Dandy et lui s'étaient brutalement dissipées, et le récolteur semblait être dans des dispositions bien plus amicales qu'il ne l'avait été précédemment, mais l'Orageux ne se sentait pour autant pas très confiant. Il n'avait pas entièrement compris ce qui avait amené son interlocuteur à changer d'attitude. Il n'était donc pas à l'abri d'une nouvelle erreur.

Vraiment, le constat était affligeant, mais Bitter était obligé d'y revenir : ses déductions étaient insuffisantes, il ne captait rien aux changements d'atmosphère successifs qui avaient eu lieu depuis que la conversation était partie en cacahuètes. C'était pour lui un sentiment aussi inhabituel qu'il était insécurisant. Il avait rarement une telle impression de devoir marcher sur des œufs - et de devoir le faire dans le noir complet, sans savoir s'il prenait la bonne direction ou s'il s'apprêtait à briser une coquille trop fragile pour supporter son poids.

Le rouquin avait baissé ses défenses au mauvais moment, il n'avait pas vu la colère du récolteur arriver, et il s'était pris un coup en plein dans les faiblesses chaudes et palpitantes qu'il avait très peu judicieusement laissées à découvert. Chaque fois que Bitter avait tenté d'atteindre Dandy, il s'était mangé un mur - et la couche d'acide qui en recouvrait la surface. Qu'est-ce qui était vraiment différent, maintenant ? Qu'est-ce qui empêchait Dandy de trouver Bitter trop entreprenant, trop intrusif, trop décidé à lui faire prendre conscience de la valeur que le chasseur voyait en lui, même si le concerné  pensait en être dépourvu ?

Pas grand chose, se disait l'Orageux, si ce n'est la dynamique désormais différente de leur conversation, venue d'un peu nulle part et concrétisée par l'échange saugrenu d'un cupcake qu'il n'avait même pas offert mais retourné à l'envoyeur, et que l'envoyeur n'avait même pas envie de manger.

Oh. C'était lui qui allait avoir la gerbe, maintenant... Quoique ça n'aurait pas forcément été étonnant, considérant le coup massif qu'il s'était pris sur la tête durant le combat contre cette grosse brute de Stern. A cela près que Bitter commençait à avoir nettement moins mal au crâne.

Mal à l'aise, l'irlandais tourna finalement un regard timide dans la direction approximative où se trouvait son interlocuteur. Sa tête était restée parfaitement immobile, il se donnait l'air de rien, il regardait le sol plus qu'il ne regardait vraiment Dandy. Il avait l'impression que l'air risquait d'exploser s'il avait le malheur de respirer trop fort. Bouger ne serait-ce qu'un cheveu était incidemment exclus.

La pression était d'autant plus forte que Bitter ne s'était pas protégé, comme il le faisait généralement lorsqu'il abordait des sujets trop personnels, trop gênants, en se donnant son classique air maussade, ennuyé, un peu bougon, ou faussement agacé. Il se sentait incidemment à nu, même s'il n'avait cette fois pas fait l'erreur de se rendre entièrement vulnérable. L'Orageux sachant désormais qu'un retournement de situation fâcheux était possible s'il avait le malheur d'appuyer sur les mauvais boutons, il se préparait au pire tout en espérant le meilleur.

“D’accord. On... on verra pour discuter une autre fois, alors. Dehors. Ailleurs. Si tu veux. Oh chier, j’aurais pas dû boire autant...”

Interdit, Bitter changea immédiatement d'attitude. Son visage se tourna pleinement vers Dandy - même s'il faisait toujours aussi noir, et qu'il ne voyait donc pas grand chose. Ce fut au tour du chasseur de ciller sans comprendre pendant plusieurs secondes. Ce "meilleur" là n'était pas du tout celui auquel il avait aspiré.

... C'était environ cent fois plus que ce qu'il aurait cru pouvoir obtenir, et cela lui fit tellement plaisir qu'il faillit fondre en sanglots sans prévenir. Il se retint, mais il avait quand même les larmes aux yeux, et tout le mal du monde à les contenir.

Perturbé, Bitter se rendit compte qu'une telle proposition aurait dû lui faire peur, le rebuter d'une quelconque manière. Il l'avait dit, de manière générale, il n'aimait pas parler. Il ne savait pas vraiment s'y prendre - il n'y avait qu'Eilish et Alsyd qui parvenaient à le tirer durablement de son mutisme. Sauf si le sujet était très important et très sérieux, ou sauf s'il y avait une nécessité pratique qui le justifiait, il voyait rarement l'intérêt de faire la conversation à quiconque. La perspective de se retrouver dans une situation où on attendait de lui qu'il communique sans qu'il ait le moyen de battre en retraite s'il en avait trop marre, et où il risquait de passer pour le gars bizarre et inintéressant de service s'il se murait dans le silence parce qu'il trouvait que rien de plus ne valait vraiment le coup d'être répondu, était stressante et désagréable.

Force était pourtant de constater que l'idée de discuter avec Dandy plus tard ne le refroidissait pas. Au contraire, un cocktail d'émotions inattendu se souleva en lui, accélérant légèrement son rythme cardiaque. De l'enthousiasme, du soulagement. De l'espoir ? Jusqu'à présent, Bitter avait pensé qu'une présence et que des actes bienveillants, sans la nécessité d'une vraie communication verbale, pouvaient générer un sentiment amical tacite certes maigre, mais solide, stable et suffisant. Il avait appris - pas de la plus agréable des manières - qu'il s'était complètement fourvoyé. Et ça ne lui convenait pas. C'était très bizarre, car ça ne lui arrivait jamais, mais Bitter voulait apprendre à mieux connaître le récolteur, et pas seulement parce qu'il aurait voulu comprendre ce qui s'était passé de travers aujourd'hui. Le jeune chasseur se rendait compte qu'il était prêt à sortir de sa zone de confort pour ça. S'il fallait discuter, il le ferait...

Non. Pire : il en avait envie. En vrai, n'était-ce pas ce que Bitter essayait désespérément de faire depuis trois plombes, quand le récolteur essayait au contraire de mettre fin à leur échange ? Dandy était probablement l'une des personnes les plus intéressantes qu'il connaissait, donc avec un peu de chance, peut-être que ça ne serait pas si compliqué ?

Ah. Mais Bitter s'emballait, et ce n'était pas prioritaire. Dandy n'était pas bien. Il venait de l'exprimer. Par ailleurs il n'avait pas besoin de le dire pour que ça se voie comme le nez au milieu de la figure malgré l'obscurité ambiante. Bitter n'ayant jamais touché à l'alcool, il n'avait aucune idée de ce que traversait le récolteur, mais une chose était sûre : ça ne donnait pas envie. Il avait l'air malade comme un chien. Dandy essaya de se relever mais ses gestes étaient incertains. Par réflexe et par volonté d'aider, Bitter suivit le mouvement, avant de se rappeler qu'il était derrière les barreaux et qu'il ne pouvait pas faire grand chose.

Enfin... Au besoin, il pouvait au moins lui éviter de se fracasser par terre. Tant que Dandy restait à côté de sa cellule, du moins. Lorsque le récolteur essaierait de grimper à l'échelle, Bitter ne pourrait pas faire grand chose si ce n'est l'observer et prier silencieusement pour qu'il ne glisse pas, ne se casse rien, et ne se tue pas.

"Tu penses pouvoir remonter maintenant ? Prend quand même un peu de temps pour ça s'il faut. Promis je poserai plus de questions. Si t'as besoin de silence pour récupérer, je peux en faire."

C'était même censé être sa spécialité, à la base. Désormais que Bitter était calmé et qu'il avait tiré une croix sur l'idée de mettre au clair la situation entre Dandy et lui aujourd'hui, il pouvait sans problème donner à son interlocuteur l'espace nécessaire. D'autant plus si ça pouvait éviter une chute létale.

"Mais... Euh. Sinon... Hm. Je... Je veux bien. Discuter plus tard, je veux dire. Y a plus important tout de suite, mais je tiens quand même à le préciser. Je voudrais pas que tu penses que j'ai éludé le sujet parce que ça m'intéressait pas."

Bitter était un peu gêné mais constata qu'il aurait dû l'être beaucoup plus. Emotionnellement lessivé, il se sentait simultanément plus sensible et moins sensible qu'il ne l'aurait dû.
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptySam 19 Fév 2022 - 19:36

Skunk ne voit évidemment rien de l’émotion de Bitter. Dans les ténèbres de ce trou à rat, il peinerait déjà à distinguer les traits de son interlocuteur s’il était en pleine possession de ses moyens, mais alors avec l’alcool... Tout est devenu flou, tremblant. Les formes se gondolent, les sons sont à la fois plus forts et moins reconnaissables. Et lorsque le Récolteur se relève en s’aidant des barreaux de la cellule, le monde s’écroule encore davantage, il se compacte, se tord, devient un horrible tunnel sombre. La seule chose qui reste nette, c’est cet affreux parfum de terre mouillée et de moisissure qui donne au Dandy l’impression qu’on l’a enterré vivant.

Oh sainte merde, il faut qu’il sorte de là...

Cramponné à la grille, tête contre la froideur du métal, l’adolescent serre les dents et ferme les yeux, attendant que sa nausée reflue et que ses jambes vacillantes acceptent de le soutenir. Il a vraiment, vraiment trop bu.

“Tu penses pouvoir remonter maintenant ?”

La voix toute proche fait tressaillir Skunk, qui reprend soudain conscience de la présence de Bitter. Sans répondre, le Dandy s’écarte un peu, les yeux toujours braqués au sol. Peut-être parce que, obscurité ou pas, il ne veut pas que son cadet le dévisage de trop près, alors qu’il est dans un état aussi lamentable. Peut-être aussi parce qu’il ne tient pas trop à se rappeler que ce garçon est en cage à cause de lui, à sa place.

Et que lui, parce qu’il est un connard inutile, infoutu de supporter un peu de terre humide, il va le laisser là tout seul.

Skunk a vraiment très envie de vomir.

“Prends quand même un peu de temps pour ça s'il faut. Promis je poserai plus de questions. Si t'as besoin de silence pour récupérer, je peux en faire.”

Etranglé de honte, le Dandy passe sa main la plus propre sur son visage et en profite pour balayer les larmes acides qui cherchent à s’installer dans ses yeux, avant de ronchonner :

“C’est bon, t’occupe. C’est pas la première fois que je rentre... un peu déchiré. J’ai l’habitude. En faisant lentement, ce... c’est facile.”

Est-ce qu’il croit lui-même à sa bravade ? Difficile à dire. Il est vrai que sa (pas si) chère maison forestière est riche en échelles et escaliers tous plus instables les uns que les autres et que Skunk les a déjà empruntés dans des états pas très compatibles avec les numéros d’équilibriste. Mais ivre comme il l’est à présent? La tentative d’escalade n’est pas raisonnable, et il le sait. D’habitude, il se chercherait un coin tranquille dans les parages, où il pourrait somnoler le temps que le pire soit passé.

Mais cette solution n’est guère envisageable, n’est-ce pas?

Skunk inspire à fond et se redresse, presque caricatural dans son effort de faire bonne figure et de montrer à Bitter que “ça va, il gère”. Concentré, il esquisse un pas, sans lâcher les barreaux. Et c’est là que son cadet l’interpelle à nouveau :

“Mais... Euh. Sinon... Hm. Je... Je veux bien. Discuter plus tard, je veux dire. Y a plus important tout de suite, mais je tiens quand même à le préciser. Je voudrais pas que tu penses que j'ai éludé le sujet parce que ça m'intéressait pas.”

Silence. Avec mille précautions, Skunk tourne la tête pour poser un drôle de regard sur l’Irlandais. Pas hostile, non, même pas méfiant. L’adolescent a juste l’air... perdu.

Il ne s’attendait pas à ce que Bitter donne suite à son invitation. Pour Skunk, c’était juste une manière polie et conventionnelle de relativiser sa pitoyable fuite, une excuse plus qu’une véritable proposition. Car soyons sérieux, qui aurait envie, spontanément, de bavarder avec lui? Il ne parle que de sujets qui n’intéressent personne, ou trop longtemps, ou de manière incompréhensible. Même avec ses rares potes, il a toujours très vite cette sensation qu’on ne l’écoute que par gentillesse, quand ce n’est pas par pitié. Comment un garçon aussi taciturne, aussi pragmatique que Bitter pourrait-il être attiré par... ça?

Encore une fois, Skunk se fait la réflexion que le Chasseur ne le connait visiblement pas aussi bien qu’il le pense. Et encore une fois, cette idée provoque une vrille douloureuse dans la poitrine du Dandy. Il aimerait bien croire qu’il mérite ce genre d’attention. Il aimerait bien se dire que cela sera sans doute intéressant de parler avec Bitter, que le Chasseur doit avoir des choses à dire lui aussi. Qu’ils vont probablement passer un bon moment. Que Skunk ne va ni lui prendre la tête, ni le froisser, ni le décevoir.

Mais le Dandy n’est jamais assez ivre pour s’autoriser de telles illusions.

“... T’es vraiment un brave type.”

C’est lâché d’un drôle de ton, comme si c’était moins un compliment qu’un constat un peu triste.

Puis, après un long soupir, le Récolteur entreprend de remonter le couloir du cachot. En s’aidant des grilles des différentes cellules, il parvient sans encombre jusqu’à l’échelle, à laquelle il s’agrippe comme un noyé à sa bouée. Paupières plissées pour se garantir de la soudaine lumière, qui dévale par la trappe toujours ouverte, Skunk lève les yeux pour évaluer le chemin à parcourir. Puis, en tentant d’ignorer son encombrant témoin, il se hisse sur le premier barreau.

Sur le deuxième.

Sur le troisième.

Sur...

Non. A côté du quatrième.

Et il retombe, selon l’expression consacrée, comme une merde.






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Asher O'Flaherty
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptySam 19 Fév 2022 - 23:10

Bitter


♣ Chasseur ♣
“C’est bon, t’occupe. C’est pas la première fois que je rentre... un peu déchiré. J’ai l’habitude. En faisant lentement, ce... c’est facile.”

Un bref silence s'installa durant lequel Bitter, sceptique, hésita sur ce qu'il devait répondre. Il avait remarqué le mouvement de recul du récolteur et il entendait la fierté blessée qui transparaissait dans son attitude, et dans les mots qu'il lui adressait. T'inquiète, je gère. Hm... Mouais ?

Bitter voulait y croire, mais le doute persistait. C'était le même Dandy qui lui avait affirmé qu'il était en contrôle de la situation avec Stern et qu'il n'avait pas besoin d'aide quand tout le monde savait ce que ce monstre de sentinelle aurait été capable de lui faire dans l'Arène, alors Bitter s'inquiétait tout de même un peu quant à l'issue de l'escalade à venir. Les standards de Dandy en terme de prise de risque/survie paraissaient beaucoup trop bas au goût de l'Orageux. Dandy fuyait parce qu'il se sentait mal et il était complètement "déchiré", pour reprendre le terme qu'il venait d'utiliser. Rien de tout cela ne devait le rendre plus raisonnable.

Bitter n'osa rien dire, justement parce que Stern - et tout ce qui avait découlé de son évocation - était devenu un sujet sensible. L'Orageux avait fait quelque chose de travers plus tôt, ne savait toujours pas quoi, mais n'avait aucune envie de recommencer. Vexer Dandy une fois supplémentaire n'aurait servi à rien, de toute façon. Le récolteur était prêt à décoller. Rien de ce que Bitter pouvait lui dire ne le ferait changer d'avis.

Il y avait autre chose. Le jeune chasseur avait été certain de ses suppositions en ce qui concernait le duel avec l'enfoirée de sentinelle. En revanche, les capacités de Dandy à faire des cabrioles malgré son degré d'alcoolisation était un sujet qui lui échappait complètement. Bitter n'aimait pas s'imposer lorsqu'il n'était pas sûr de lui. Dandy méritait que Bitter lui fasse confiance, d'autant qu'il était le seul à savoir comment il se sentait. Remettre sa parole en question aurait été déplacé.

"... Ok, ça marche."

Fais vraiment gaffe alors, s'il te plaît... pensa t-il très fort, mais sans rien dire. Dandy paraissait avoir du mal à avaler la prévenance dont l'Orageux venait de faire preuve à son égard. Autant éviter d'en rajouter une couche.

Avant que Dandy ne grimpe les marches, avant qu'il réussisse - ou pas - à s'échapper des Cachots, il y avait quelque chose que Bitter devait lui dire. Le garçon savait que sa réflexion tombait un peu comme un cheveu sur la soupe considérant l'évolution de la discussion, mais il devait la faire tant qu'il en avait l'opportunité. C'était important pour lui. Peut-être que c'était aussi important pour Dandy.

Oh. Pas de façon personnelle, bien sûr. Bitter n'aurait jamais eu la prétention de penser une chose pareille. L'Orageux ne se sentait important pour personne ou presque. Il aurait été étonné qu'on soit heureux d'apprendre que lui, Bitter, en tant qu'individu particulier, avait envie de discuter et de lier une amitié plus que tacite. Il était le premier à se trouver inintéressant. Dans d'autres circonstances, il aurait eu honte d'oser relever la proposition du récolteur. Il aurait craint de lui faire perdre son temps, et de lui donner la preuve de ce que tout le monde avançait : Bitter n'était qu'un tas de muscles doué pour se battre et pour traquer les animaux, mais autrement complètement inapte et insipide. Son esprit lui hurlait régulièrement que ce n'était pas vrai, que ceux qui disaient ça ne le connaissaient pas vraiment, mais Bitter était terrorisé par l'idée qu'ils puissent avoir raison.

Bref. Peu importe de qui ça venait. Se sentir écouté faisait du bien à tout le monde, n'est-ce pas ? C'était probablement une bonne chose d'apprendre qu'on paraissait intéressant aux yeux de quelqu'un d'autre, n'importe qui... Non ?

“... T’es vraiment un brave type.”

Une pierre tomba lourdement dans l'estomac de l'irlandais. Bitter ne comprit pas tout de suite ce qui n'allait pas chez lui. Dandy n'avait rien répondu de méchant, mais quelque chose était allé de travers quand même. Cette réponse était en décalage avec ce que Bitter venait d'avouer. Le ton n'était pas le bon non plus. Un mur fantômatique se dressait au milieu de ce qu'il avait pris pour une porte timidement ouverte. Il eut l'impression d'encore passer pour un idiot. Lui, en tous cas, se sentait idiot. Brave garçon, trop bon trop con, pas même capable de distinguer une esquive d'une main tendue. Dandy venait sans trop de subtilité de détourner la conversation de sorte à ce qu'il lui soit extrêmement aisé de ne jamais revenir dessus. Bitter eut - encore - l'impression que son coeur se déchirait. Des larmes au bord des yeux, il se détourna à son tour, puis commenta douloureusement, la voix serrée, mais sans trace de colère ou d'hostilité :

"... Je suis sérieux."

C'était étrange de découvrir combien ça lui tenait à coeur. Bitter ne s'en était pas rendu compte, jusqu'à présent. Il avait fallu que... tout ça arrive pour qu'il prenne conscience de son degré d'implication personnelle. Était-ce égoïste de vouloir profiter de la présence de Dandy même si Bitter avait l'impression que la sienne à lui ne valait que des clous ? Il aurait au moins voulu essayer. Il ne voulait rien qu'une chance. S'il le barbait, il partirait. Il se contenterait de leur non-relation précédente, même si elle n'avait visiblement jamais eu la même valeur à ses yeux qu'à ceux du récolteur.

Bitter espérait que Dandy parviendrait à sortir sans heurts pour plusieurs raisons, désormais. La première et la plus importante restait que le récolteur évite de se fracasser par terre. La seconde : le rouquin avait une affreuse envie de pleurer. Dès qu'il serait seul, il craquerait. Et il préférait largement craquer seul. Il s'était assez donné en spectacle pour aujourd'hui. Ca n'avait fait de bien à personne.

Le coeur lourd, il observait Dandy du coin de l'oeil tandis que ce dernier se hissait sur les barreaux. La lumière que répandait la trappe au-dessus de l'échelle lui permettait d'en voir assez pour que son inquiétude revienne au galop. La précision aléatoire des gestes du récolteur rendait son ascension dangereuse. A tout moment, il risquait de rater le...

"MERDE !"

Oh bordel. Il était tombé. Il n'était pas tombé de très haut mais il n'en fallait pas forcément plus pour faire une mauvaise chute. L'urgence fit couler les larmes que Bitter retenait difficilement. Il les essuya sans même y penser et espéra vivement que d'autres n'allaient pas suivre - rien n'était moins sûr. Il était au bout du rouleau, il fallait vraiment que ces ascenseurs émotionnels cessent. Il ne pouvait plus le supporter.

Accroché aux barreaux qu'il aurait voulu être capable de plier pour sortir et aller vérifier en personne comment Dandy se portait, il lança anxieusement dans sa direction :

"... Hey, ça va, rien de cassé ?"

Son amour-propre, sans doute un peu. Mais Bitter comme Dandy n'étaient probablement plus à ça près.
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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptySam 16 Avr 2022 - 14:07

Ah ça oui, clairement, l’amour-propre de Skunk vient de prendre un sacré coup. Son bassin, ses côtes et son coude aussi, d’ailleurs. Mais bon. Il n’est pas bien lourd, tombé de pas bien haut, et même au Pays de Jamais on dirait qu’il y a eu un dieu des alcooliques pour passer par-là et lui éviter un traumatisme crânien. Cela pourrait être pire, n’est-ce pas ? Cela l’a déjà été.

Allongé au bas de l’échelle, les yeux plissés par la lumière du jour qui dévale sur lui depuis la trappe, le Dandy met quelques secondes à reprendre ses esprits. Grognant, il se hisse sur les coudes, puis en position assise. Avec un sens des priorités très discutable, il époussette ses manches, confusément satisfait qu’au pied de l’échelle le sol soit plus sablonneux qu’humide : ses vêtements sont bien assez crades comme ça, il n’en supporterait pas davantage.

“... Hey, ça va, rien de cassé ?”

La voix vient de loin. Skunk cille plusieurs fois, perplexe. Puis la compréhension (Bitter c’est Bitter tu l’as laissé là tout seul espèce de lâche pauvre connard tu) trouve son chemin dans ses neurones noyés d’alcool, et le Dandy bredouille :

“Ce... ça va. J’ai rien.”

De fait, Skunk n’a pas l’impression de s’être fait mal. En tout cas, pas au point de ne pas pouvoir se relever et sortir de ce trou, et c’est tout ce qui importe. Le reste, il le gérera plus tard, lors de ce qui sera certainement l’une des pires gueules de bois de sa courte (?) vie.

“J’ai rien.”

Tout va bien. Tout va toujours bien. Il gère. Il gère.

Skunk s’agrippe à l’échelle et encore une fois il se hisse sur ses jambes. La nausée en profite pour se rappeler à son bon souvenir, mais ce n’est pas plus catastrophique qu’avant sa chute, triste relativisation qui arrache au Dandy un ricanement acide : non vraiment, quelle journée merveilleuse...

Sans trop savoir pourquoi, il cherche Bitter du regard. Mais à présent que la lumière l’a ébloui, il ne distingue vraiment plus rien dans les profondeurs du cachot. Alors il finit par lancer à l’aveugle :

“Allez, à plus tard.”

Puis, sans enregistrer le côté profondément absurde et hors de propos de son adieu, il reprend son ascension.

Cette fois, Skunk parvient à escalader l’échelle jusqu’à son sommet, même s’il rate un peu quelques barreaux, même s’il lui faut l’aide de la Sentinelle de garde pour franchir le dernier mètre. Puis le Dandy se redresse et reste debout au bord de la trappe, immobile, comme sonné. La chaleur du soleil inonde son visage, enlace son corps vacillant. L’air est doux, enrichi de mille parfums venus de la jungle, égayé par des dizaines de chants d’oiseaux. Même les cris des autres Perdus ont soudain le charme des choses vivantes.

Il est sorti. Enfin.

Et Bitter est resté là en bas.

“... Ça va? T’as pas l’air bien...”

A la question de la Sentinelle, Skunk sent des larmes lui brouiller la vue, sans qu’il sache si c’est par soulagement ou par culpabilité. Il ne répond pas, s’essuie juste le visage d’un revers de manche. Puis il s’écarte de la trappe, sans oser la regarder, pour tituber jusqu’au couvert des arbres. Avec un peu de chance, il trouvera une bonne cachette entre deux racines, où il s’évanouira avant d'avoir eu le temps vomir.

Parce qu'au final, ça ira. Il n’a rien. Il gère.

Il gère toujours.






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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptyMer 6 Juil 2022 - 17:43

Bitter


♣ Chasseur ♣
“Ce... ça va. J’ai rien.”

Vraiment ? Bitter ne serait pas complètement rassuré avant d'avoir vu le récolteur se redresser pour de bon. Pour le moment, Dandy était encore scotché au sol. Bitter l'avait vu passer du mode étoile de mer au mode "approximation de mec assis qui tente de nettoyer ses fringues alors qu'il a encore littéralement le cul dans la terre". Dandy était dans la tâche de lumière qui provenait de la trappe ouverte. Le rouquin ne voyait littéralement plus que cette scène, qui se déroulait comme sur l'estrade d'un théâtre absurde, protagoniste au centre mis en valeur par un unique spot blanc.

Et encore : il voyait tout très difficilement. Il devait en permanence sécher ces stupides larmes qui n'arrêtaient plus de couler, comme si désormais qu'un truc en lui leur avait donné le feu vert, l'Orageux ne disposait plus d'aucun contrôle sur le moment où elles cesseraient de lui créer des rivières sur les joues. Bitter hésitait entre se mettre en colère contre lui-même ou paniquer. Où était ce connard de bouton "off" ?

Priorité secondaire, tant que Dandy ne se rendait pas compte que le chasseur était en train de transformer les Cachots en piscine. Bitter ne voulait pas penser à ses larmes, ni à la douleur qui les provoquait, ni aux raisons qui se cachaient derrière cet ensemble humide et lancinant. Et il y avait plus important, donc ça tombait plutôt bien.

"Au moins, il est encore capable de parler et de bouger" pensa t-il brièvement avant que le récolteur ne lui donne une seconde confirmation. "J'ai rien". Bon. Il avait effectivement l'air d'être capable de retourner sur l'échelle. C'était un véritable film d'horreur. Bitter retenait son souffle, terrorisé à l'idée d'une seconde chute dont l'issue pourrait se révéler tragique, surtout si elle avait lieu depuis un barreau plus élevé que le précédent.

Il voulait parler, mais il avait peur de la façon dont sa voix sonnerait. Il fallait absolument éviter le gargouillement étranglé, les chevrotements, toutes ces conneries qui en disaient trop long, et auxquelles il avait déjà trop laissé court durant les discussions qui avaient précédé. Mais il ne pouvait pas rien dire. Pas maintenant.

"... Oh ok. Tant mieux alors..." parvint-il finalement à sortir, pas très fort, mais de façon qu'il pensait approximativement audible. Ca lui avait demandé beaucoup d'efforts de lisser les intonations de sa voix, et donc d'éviter de trahir ses émotions en pagaille.

Nouvel instant qui se fige dans le temps pendant lequel Bitter oublie de respirer. Il n'y a qu'une chose qui avance : Dandy, pas de façon très régulière, à la verticale et sur la fameuse échelle. A un moment, il s'arrête. L'Orageux pense qu'il va encore tomber. Son coeur manque un battement. Ses doigts serrent les barreaux trop fort. Il se fait mal et il s'en fout.

Mais Dandy ne tombe pas. Il se tourne vers lui, comme s'il n'avait pas mieux à faire en pleine escalade. Comme s'il n'était pas en train de prendre un risque indécent compte-tenu de ce que son alcoolisation semble faire à ses sens de l'équilibre et des distances... Autant de trucs qu'il vaut mieux avoir de fonctionnels pour utiliser une échelle sans risquer de se tuer. Le regard du rouquin s'ouvre d'une surprise dont il n'a même pas vraiment conscience. Un doigt d'une nouvelle émotion s'ajoute au cocktail explosif qui était déjà là.

“Allez, à plus tard.”

Il ne sait pas si ça fait mal ou bien si c'est l'inverse. Bitter est à nouveau complètement paumé, mais c'est son problème. Dandy doit sortir d'ici.

"... A plus tard. Plus tard. Pour de vrai ? Pourquoi il s'est retourné ? Est-ce que... Ta gueule. Ta gueule. TA GUEULE. TA GUEULE arrête de penser arrête de penser arrêter de..."

"... Ouais.. ! A plus tard. Dans un endroit plus sympa de préférence."

... Mais c'est quoi cette plaisanterie de merde qu'il sort, là ? Est-ce que c'est vraiment le moment ? Au moins, il a encore réussi à faire semblant de parler droit. Deux fois de suite et dans son actuel état, c'est un exploit, rien de moins.

L'escalade laborieuse du récolteur lui cause encore quelques frayeurs mais finalement, c'est fini. Dandy disparaît dans le trou du plafond. On ferme la trappe. La lumière s'évanouit. Bitter est à nouveau tout seul. Il n'est pas sûr de savoir si ça le rassure ou si ça le terrifie.

Le silence l'assourdit, comme un énorme vrombissement de vide qui lui vrille le crâne et les oreilles. Peut-être que c'est aussi les restes du choc qu'il a pris à la tête, même s'il a moins mal grâce à l'aspirine que lui a apporté Dandy.

Il pleure encore sans émettre le moindre son, ses émotions brutes qu'il se refuse à comprendre et donc à démêler ne passant initialement que par ce fin canal. Aveuglé par l'obscurité, il cherche le flacon dans lequel on lui a apporté le médicament. Ses doigts butent dessus. La fiole roule de l'autre côté des barreaux, hors de sa portée. Merde. Chier. MAIS MERDE ENFIN. Le flot de larmes sur ses joues devient simultanément plus chaud et plus épais. Il se mord la lèvre très fort.

... A quoi ça lui aurait servi de choper ce truc, de toute façon ? C'est vide. Y a mieux à regarder - il essaie de se convaincre. Étrangement, ça ne marche qu'à moitié, comme si un petit bout de verre creux avait plus d'importance à ses yeux qu'un sac de bouffe entier.

La bouffe. Il tâtonne encore. Il trouve plus vite. Le sac n'est pas discret. Il met la main sur les gâteaux qu'il ne va même pas aimer parce qu'ils sont trop sucrés pour lui. C'est vraiment trop con. C'est vraiment trop triste. Il prend l'un des cupcakes et l'approche machinalement de ses lèvres avant de se rendre compte qu'il ne va pas réussir à manger. Il a la gorge nouée. L'odeur de pâtisserie lui retourne l'estomac, et ce n'est pas une question de goûts culinaires. Il repose l'ensemble, replie et noue précautionneusement le sac pour qu'aucun gâteau ne finisse dans la terre. Il respire trop fort. De plus en plus fort.

Ca va pas.
Ca a pas été.
Ca s'est pas bien passé.
Ca s'est pas bien passé du tout.
Ca n'aurait pas dû se passer comme ça.


La fin douce amère et les espoirs qu'elle transporte n'efface pas tout ce qui est arrivé avant.

... C'était pas censé se passer comme ça.

Voilà cette phrase qui revient, aussi forte et fracassante que la première fois qu'elle lui a traversé l'esprit. Assommé, Bitter glisse contre le sol. Il se roule en boule, se dit que ça suffira sans doute.

Et puis ça ne suffit pas, et le barrage rompt, les coutures pètent, le sac se déchire. Ses bras montent devant son visage. Il étouffe sa bouche dans ses manches, il mord dedans dans l'espoir de bloquer ce qui vient. Son visage se déforme, et il sait qu'il a échoué.

Pourquoi ça fait aussi mal ? Mais qu'est-ce qu'il se passe, putain ? Et qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Les sanglots, bruyants, qui lui déchirent la poitrine. Les pensées qui tournent en boucle. Les souvenirs visuels - même obscurs. Des bouts de phrase. Des bouts de dialogue. Des bouts d'émotions fantomatiques qui explosent tels l'écume de vagues monstrueuses qui s'écroulent dans le reste de la tempête que son corps et son esprit incarnent. Ca tourne en boucle, ça fait mal, et puis ça tourne encore, et sa tête pulse et lui donne l'impression qu'elle va exploser. Il se dit que ça ne s'arrêtera jamais.

Pourtant, l'épuisement finit par avoir raison de lui. Tout retombe lentement. La toupie s'écrase. Son esprit s'étiole au point qu'il a l'impression de saisir l'étrange vibration nasillarde, étourdissante, qu'un néant mental émet. Le vide pourrait presque se mettre à lui parler, mais dans une langue que nul ne serait apte à comprendre. Il ne reste plus que son visage fatigué, son crâne douloureux, son corps lourd, sa poitrine froide et comme percée par un obus invisible.

Il ne comprend toujours rien, et pour une fois, il ne veut pas. Il veut juste dormir très longtemps. Le sommeil ne vient pas assez vite. La conscience de Bitter s'éteint progressivement, calme et pourtant désagréablement excitée par une tristesse sous-jacente qui ne dit pas son nom.

Il finira par s'assoupir. Il finira par réfléchir. Mais pas maintenant. Surtout pas maintenant.
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L'Ombre
L'Ombre



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MessageSujet: Re: [Flashback] Des vertes et des pas mûres   [Flashback] Des vertes et des pas mûres - Page 2 EmptySam 9 Juil 2022 - 19:20

The End


Nul ne sait comment cette aventure s'achève,
On l'aura oublié, dès que le jour se lève.


FIN DE L'AVENTURE




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