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Éclipse
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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyDim 28 Fév 2021 - 21:14

"En vérité, pas grand chose."

Vijendra cligna des yeux spontanément étonnés. C'est qu'Écorce semblait savoir tant de choses... Il s'était dit qu'elle aurait aussi des anecdotes à raconter concernant telle ou telle pièce du Palais, l'histoire de ses murs ou en tous les cas des objets, peintures, décorations qu'on pouvait y trouver. Mais peut-être que ce n'était pas tout à fait son domaine de prédilection. Après tout, malgré ses connaissances impressionnantes, elle ne pouvait tout de même pas accumuler tous les savoirs du monde !

Surtout si elle ne visitait pas régulièrement ces lieux.

"Je vois... Je comprends."

Et il était d'ailleurs un peu étonné de constater qu'il ne s'agissait pas seulement de son empathie qui était à l'œuvre. Avant, ça aurait été beaucoup plus difficile pour lui d'envisager ce que pouvait ressentir quelqu'un qui préférait éviter les lieux bondés. Il aurait été à l'inverse très enthousiaste à l'idée de rencontrer tout ce beau monde.

Mais plus maintenant. Désormais, pour des raisons probablement similaires autant que différentes, il partageait la réserve de son interlocutrice.

C'était fou la vitesse à laquelle le sujet de la conversation pouvait changer, évoluer, leurs émotions passant d'une couleur à une autre, parfois d'un extrême à un autre sans presque aucune transition. Il n'avait jamais rien connu de tel et trouvait cela vraiment déstabilisant. Cela ne faisait que rajouter à la confusion qu'il ressentait très régulièrement, chaque fois qu'il était mis en face de la méconnaissance qu'il avait de lui-même ainsi que de la nature de l'humanité, qui lui échappait un peu plus à chaque jour qui passait.

Les mots évoquaient des souvenirs, qui ravivaient des images et avec elles, les émotions terribles qui l'avaient successivement traversé.

Sa terreur était aussi vive qu'à l'instant où tout était arrivé si bien qu'il tremblait, le nez plongé dans les draps, ses bras accrochés à celui de son interlocutrice, comme s'il avait cherché une prise pour éviter de sombrer pour de bon.

Les doigts de la fée des forêts dans sa chevelure l'étonnèrent, mais ce fut très fugace. Ce fut un pic de surprise qui le traversa et l'amena à redresser le nez pour qu'il regarde Ecorce dans les yeux, et puis cela se fondit dans ce qui le dominait encore à l'instant précédent : la peur. Mais une peur désormais moins forte, car le geste d'Écorce était loin d'être malvenu, ou anodin. Éclipse avait besoin de ces marques de soutien. Il avait aussi besoin de ce contact physique qui lui permettait de mieux s'ancrer dans le présent, dans la réalité.

"Rien ne t'oblige à m'en parler si tu n'y arrive pas."

Il l'observait, impuissant. Il plongeait son regard noir, triste et embué dans les perles vertes qui lui faisaient face. Il essayait de parler parce que quelque part, au fond de lui, il sentait qu'il en avait déjà besoin. Mais les mots étaient difficiles à trouver. Il n'était pas certain de savoir ce qu'il ressentait. Il ne savait pas non plus ce qu'il était prêt à admettre.

"Il y a quelque chose qui m'oblige... C'est comme si j'allais exploser si je ne le faisais pas. Je ne sais plus où j'en suis. J'ai l'impression de me noyer."

Il n'avait décidément pas l'impression d'être très clair dans ses propos. Il sentait vraiment qu'Ecorce avait du mal à le suivre. Il était bien désolé de se montrer si confus, il essayait pourtant d'être aussi limpide qu'il le pouvait. C'était ardu, justement parce qu'il était perdu, et parce que son esprit refusait encore d'explorer pleinement certaines des vérités qu'il lui fallait regarder en face.

Et puis, encore une fois, Écorce pouvait difficilement envisager les changements qu'il avait vécu et l'ampleur de leurs conséquences psychologiques, elle qui n'avait jamais été que fée.

"Ils ne viendront pas. Tu n'as pas à t'inquiéter."

Vijendra le savait, mais les restes de cette peur qu'il avait en lui étaient si vifs, si organiques, que cela lui fit du bien de l'entendre. Il n'était plus en danger de mort. On n'allait pas le battre. Il n'y aurait plus de géants cruels pour l'enfermer, pour le secouer, pour se moquer de lui, de ce qu'il disait, de ce qu'il était tout entier.

Ses yeux croisèrent encore ceux d'Écorce et la dévisagèrent en silence durant plusieurs instants. Ce qu'on y lisait n'était plus de la peur, désormais. C'était juste de la douleur, bien qu'apaisée par les gestes doux de la fée des forêts, dont les caresses dans ses cheveux l'auraient peut-être un peu embarrassé si le contexte avait été différent. Cette proximité ne s'était-elle pas créée extrêmement rapidement, même selon les standards de l'Infortuné ? Peut-être. Mais à cet instant, elle continuait de lui paraître à propos.

"... Je n'y retournerai jamais non plus. Je n'en aurais même plus envie. Pourtant c'est tout ce que je connais sur l'Île, là-bas. Et j'aurais même peur des gens que je connais le mieux, maintenant."

Les larmes aux yeux, il pensait tout particulièrement à Henrik et se disait qu'il ne pourrait pas supporter l'idée d'être face à lui, minuscule, et d'avoir peur. D'être face à lui, et de douter, incapable d'une confiance pleine même à l'égard de celui en qui il avait placé toute sa foi, lorsqu'il était encore un habitant du Port comme les autres. L'Infortuné ne voulait pas douter d'Henrik, croire que le libraire pouvait à son tour le trahir et pourtant, il n'avait aucun moyen d'être certain qu'il n'aurait pas cette réaction instinctive s'il devait le revoir dans ces conditions.

"Tu vois... Ca aussi ça fait partie de ce qui est différent. Ce qui est étranger et ce qui est naturel, tout s'est inversé. Tout est sans dessus dessous."

Il s'arrêta, oscillant entre cette insupportable confusion et la douleur associée, qui ne l'était pas bien moins. Vijendra faisait beaucoup d'efforts pour exprimer ce qu'il y avait à l'intérieur de lui depuis quelques minutes, et même s'il n'y arrivait qu'avec un succès relatif, c'était exténuant. Cela lui arracha un soupir d'épuisement. Il ferma les yeux et se rendit compte qu'il avait la tête qui tournait.






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Écorce
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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptySam 6 Mar 2021 - 11:44

Elle ne disait rien, et l'écoutait.
Écorce arrivait à un stade où elle ne savait plus sur quoi rebondir. Elle avait peur d'en dire trop ou pas assez. Tout ce qu'elle pouvait faire était de prêter une oreille attentive à son ami. Chaque parole, chaque expression de son visage, lui tordait un peu plus le cœur. Plus Écorce constatait, plus elle avait du mal à faire la part des choses : il avait fallu que ça arrive à lui. Elle aurait réagi pareil pour n'importe quelle fée, mais là... c'était différent, même si elle ne parvenait pas à saisir pourquoi.

Peut-être parce qu'Eclipse est un être fondamentalement bon et gentil.
Ces sentiments, contradictoires, submergeaient son esprit et son cœur. Tant et si bien qu'avant même qu'elle ne le remarque, Écorce se mit à pleurer. Agacée de sa propre réaction, elle essuyait tant bien que mal les gouttes qui dévalaient ses joues.

- Oh non... pardon.

Son grelot se casse sur le dernier mot. Il fallait absolument qu'elle s'explique, et ce même si elle avait du mal à trouver ses mots. Il ne manquerait plus qu'Eclipse pense qu'elle pleure par sa faute. Écorce avait toujours été très sensible. Si elle fuyait autant les autres, c'était tout autant par fatigue du contact social que par la peur de craquer pour n'importe quoi devant les autres.

- Je... je suis très sensible. Pardon. Elle marque une courte pause, continuant de frotter ses joues des paumes de sa main, avant de reprendre : ça me met hors de moi qu'on t'ait fait ça. Tu as un fond si gentil... Et je ne sais même pas comment t'aider. J'ai l'impression que des choses m'échappent.

Elle repensait à ce qu'il venait de dire : tout est sans dessus dessous.

- Mais... Je crois que je saisis un peu. Au moins, je peux écouter.

Écorce cherchait à relativiser, en se disant que c'était déjà ça. Après tout, elle pouvait au moins comprendre à quel point ce devait être compliqué de passer d'un corps humain à un corps féerique, qui plus est après une expérience aussi traumatisante venue de ses propres pairs.
Les larmes continuaient de couler, mais se calmaient peu à peu.

- Je suis désolée. Tu as l'air fatigué en plus... On peut peut-être en reparler plus tard, si tu as besoin de repos. Je ne bouge pas.

La fée se frotte les yeux en maugréant contre elle-même. Ah, c'est tellement gênant ! Surtout dans un moment pareil. En repassant ce qu'elle vient de dire dans sa tête, elle se rend compte que ça ne sonne peut-être pas comme elle l'espérait : elle a l'impression de lui avoir dit "tu m'ennuies, on verra plus tard".

- E-enfin, je veux dire que si tu en as marre de parler de tout ça, on peut en discuter plus tard ! Elle secouait ses mains en parlant, prise d'une soudaine gêne. Mais si tu ne veux pas, t-tu peux continuer de m'en parler. Je pourrais peut-être mieux comprendre certaines choses. Et euh... t'aider. Ou te consoler.

Ah, elle avait l'impression de dire n'importe quoi. Et elle devait avoir l'air maligne avec ses joues mouillées, ses yeux rougis, sa gêne et ses mains qui s'agitent dans tous les sens.








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptySam 6 Mar 2021 - 22:27

Vijendra était absolument épuisé. La visite d'Écorce lui faisait énormément de bien, mais elle l'amenait aussi à devoir maintenir son attention, ainsi qu'à produire des interactions acceptables sur une période de temps plus soutenue qu'il n'avait eu à le faire depuis le début de sa convalescence. Depuis que la discussion tournait autour de ses ressentis, et de ce qui lui était arrivé, il fournissait un effort plus conséquent encore qu'au préalable. Qu'il fut capable de tout cela était très positif - même s'il voyait actuellement les choses avec trop de pessimisme pour s'en rendre compte. Cependant, il atteignait les limites de son endurance. Il allait falloir qu'il lève le pied. Qu'il repose durant quelques moments salvateurs son corps et son esprit, l'un comme l'autre loin d'être rétablis.

Il avait naturellement fermé les yeux, profitant de cette pause nécessaire, lorsqu'il entendit quelques sons étranges en provenance de son amie, sons qui l'alertèrent et l'amenèrent à soulever ses paupières malgré leur lourdeur léthargique. Inquiet de constater qu'elle pleurait, il partit à la recherche de son regard.

Ses explications le désolèrent un peu. Il n'avait pas voulu la rendre triste par procuration. Il n'avait malheureusement plus que des choses déprimantes à raconter. C'était un peu bizarre de s'entendre dire sans le moindre filtre qu'il était gentil à ce point, c'était flatteur, mais d'un autre côté, ce n'était pas non plus une totale surprise pour lui. A sa manière, il avait toujours fait de son mieux, et il savait que son séjour sur l'Île l'avait rendu meilleur. Il avait beaucoup appris.

Pour le meilleur d'abord, et désormais pour le pire.

"Je ne voulais pas te casser le moral avec ces histoires... Je suis désolé."

Il cherchait ses mots pour la rassurer plus efficacement que cela quand elle sembla vouloir couper court à la discussion pour lui proposer de se reposer. Puis elle changea presque aussitôt d'avis, vraisemblablement paniquée à l'idée de l'avoir vexé en lui demandant trop brutalement de se taire. Une bouffée d'amusement accrocha à ses lèvres un sourire doux. Elle était absolument adorable. Mais il aurait voulu qu'elle se tranquillise, elle s'inquiétait bien trop, pour des détails qu'il n'avait même pas relevés.

"Écorce... Merci."

Il aurait voulu lui dire de ne pas s'inquiéter, mais c'était toujours plus facile à dire qu'à faire, surtout qu'il savait qu'il avait mauvaise mine. Il aurait aussi voulu lui dire que tout allait bien, mais tout le monde savait que c'était faux. Alors il ne lui restait plus qu'à la remercier encore une fois. Puis à relever certains éléments, dans ce qu'elle avait dit plus tôt.

"Tu sais, je ne pense pas qu'il y ait grand chose de plus à faire. Les choses sont juste ce qu'elles sont. Et c'est tellement compliqué... Ce n'est pas clair, même dans ma tête. Mais ça me fait du bien que tu sois là. Je... Je ne sais pas si ça m'a fait du bien de dire tout ça, mais je pense qu'il fallait que je le dise quand même quoi qu'il en soit. Merci de m'avoir écouté."

Il marqua une brève pause avant de continuer, les yeux papillonnant de fatigue.

"Je pense que tu as raison, j'ai besoin d'une pause. Juste un peu... Juste le temps de..."

Mais il ne termina pas sa phrase, car il ne savait pas exactement le temps de quoi. Tout ce qu'il savait, ce qu'il avait trop parlé. Sa tête lui faisait mal, son corps était lourd. Il fallait un temps de silence, et de vide. Ne plus rien penser. Ne plus se poser aucune question. Ne plus ressasser, si possible.

Juste dormir, ou plutôt somnoler, rassuré, apaisé par la présence de son amie. Il espérait tout de même qu'elle ne se forcerait pas à rester près de lui si elle en avait marre, ou si elle s'ennuyait à force que rien ne se passe. Cela même si elle lui avait assuré qu'elle le veillerait cette nuit même.

La fée soupira en enfonçant le nez dans les draps prudemment, pour ne pas tirer accidentellement sur des muscles qui éveilleraient la douleur de son aile blessée, décidément très handicapante. Quelle idée, de se casser une chose aussi encombrante.

Quelle idée d'avoir quelque chose d'aussi encombrant dans son dos tout court, à vrai dire. Il n'aimait pas ça du tout. Même lorsqu'elle serait guérie, cette chose dont il n'avait pas voulu allait l'empêcher de dormir sur le dos, de se tourner facilement dans son sommeil, ou même de s'asseoir librement contre le moindre dossier de chaise. C'était une perspective étouffante parmi beaucoup, quand bien même il était en train de s'y habituer.






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyDim 7 Mar 2021 - 12:22

Face à son remerciement, Écorce n'avait pu s'empêcher de saisir l'une des deux mains d'Éclipse. Ses yeux étaient encore humides, mais elle écoutait attentivement chacune de ses paroles.

- C'est normal. Vraiment. Tu as besoin de temps et de repos.

La fée lâche sa main et le laisse s'enfoncer sous les draps. Elle recule prudemment - c'est qu'elle n'a pas envie de tomber en arrière dans un moment pareil - et prend à nouveau place sur son tabouret. Après une courte hésitation, Écorce se penche afin de dégager les quelques mèches de cheveux qui barrent le visage d'Éclipse.

- Essaie de dormir, je ne bouge pas, souffle-t-elle doucement en reculant à nouveau.

Elle laisse volontairement le calme retomber, et saisit au hasard l'un des ouvrages qu'elle a apporté. Écorce n'a de toute façon pas sommeil, et il lui arrive souvent de faire des nuits blanches, voire de dormir peu lorsqu'elle est absorbée par ses lectures. Cette nuit, elle choisira la première option : hors de question de laisser la fée des étoiles sans surveillance. D'autant qu'elle savait pertinemment que ça ne dérangerait pas les fées infirmières, au contraire : Écorce était d'un tempérament calme, et cela devait les arranger d'avoir une personne pour veiller Eclipse, qui était un cas particulier parmi les nouvelles fées.

Avec la tombée de l'Esprit Nuit, Écorce enfile ses lunettes et se laisse rapidement absorber par son livre. La chambre, éclairée par de douces veilleuses, lui donnait l'impression d'avoir la voûte céleste à portée d'ailes - une comparaison qu'elle trouvait tout autant belle qu'ironique. Régulièrement, elle jetait de brefs coups d’œil à Éclipse, enfoui sous ses draps.
Il faut dire qu'elle s'attendait à ce que son sommeil soit perturbé.








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyDim 7 Mar 2021 - 23:19

Le silence était retombé mais n'était pas aussi oppressant qu'il pouvait l'être en temps normal. Vijendra n'était pas seul avec ses pensées, ses perspectives angoissantes. Écorce était près de lui. Il avait conscience de sa présence à côté du lit. Il l'entendait bouger, respirer, tourner les pages du livre dans lequel elle avait choisi de se plonger, et ça changeait absolument tout.

Il fallait en profiter tant que ça durait. Il savait que ce n'était qu'un instant de calme et d'apaisement qui serait trop vite balayé par la détresse et les angoisses habituelles, desquelles il ne pouvait se cacher éternellement, malgré l'aide que lui fournissait son amie. La plupart de ses épreuves étaient encore devant lui. Il pouvait les fuir momentanément, mais dans le long cours, il n'y couperait pas.

Il en avait fallu beaucoup pour qu'il le comprenne, ou en tous les cas pour qu'il l'accepte.

Beaucoup de temps passa durant lequel la fée des étoiles ne s'endormit pas. Il n'avait pas jugé utile de le préciser à Écorce, mais Vijendra préférait éviter aussi longtemps que possible de sombrer dans le sommeil car qui disait sommeil disait rêves, et qui disait rêves, depuis l'épisode du Port, signifiait qu'il allait passer un très mauvais moment.

Il n'avait pas envie de le subir. Il n'avait pas non plus envie de le faire subir à la fée des forêts, quand bien même elle lui avait assuré qu'elle était prête à le faire. Elle n'avait sans doute pas idée de la violence des crises qui le traversaient presque toutes les nuits.

En revanche, Vijendra somnolait, et cela lui faisait beaucoup de bien. Il était parvenu à se vider la tête efficacement. Il ne se concentrait plus que sur les sons que produisait Écorce et sur le bien-être que lui procurait son repos, malgré les douleurs dont il était encore perclus. Ne plus rien dire, fermer les yeux, relâcher tous ses muscles. Son corps interprétait cela comme un immense soulagement. Quand bien même il avait apprécié tout de l'échange qu'il avait eu avec Écorce précédemment, parler autant l'avait vraiment fatigué.

Mais la nuit tombait, et il était toujours trop épuisé pour envisager d'ouvrir les yeux et de reprendre la conversation où ils l'avaient arrêtée. Sa somnolence devint plus lourde sans qu'il en prenne vraiment conscience puis, au bout d'un moment, sa vigilance s'éteignit complètement. Il s'endormit pour de bon, ce qui se remarqua certainement, car sa respiration était devenue plus lente. Ses traits, sa posture, étaient passés d'une relaxation relative à un total abandon.

--

... Ca commençait toujours sur des scènes sans intérêt et dont il perdait la teneur au réveil. Ca pouvait être n'importe quoi. Parfois, il était dans l'Ordinaire. Parfois, ça se déroulait sur le Port. Parfois il était encore humain. A d'autres moments, déjà transformé, et capable de voler avec une aisance relative bien que toujours entrecoupée de bouffées de terreur, dès lors qu'il se rendait compte qu'il était trop haut.

Quoiqu'il arrive, il finissait toujours au même endroit. Il était sur la plage. Le ciel était rouge et noir, plein de fumées malodorantes. Il y avait des bûchers partout. Parfois on l'agressait, et il se retrouvait à nouveau attaché à ce fameux tronc d'arbre. Parfois, il avançait juste au travers de ce paysage désolé avec la sensation angoissante qu'il aurait dû fuir en courant. Mais quelque chose l'en empêchait.

La même scène finissait toujours par se dérouler. Qu'il fut attaché ou simplement paralysé, et donc tout aussi incapable de bouger. Des silhouettes terrifiantes attachaient un gamin à un pilier auquel on mettait le feu, et puis c'était horrible. Il se débattait pour tenter de l'empêcher, ou au moins pour ne plus le voir s'il ne pouvait rien faire d'autre, mais il était impuissant.

Souvent il se réveillait en plein milieu de tout ça, mais il arrivait que cela continue jusqu'à l'instant où on allait lui faire la même chose. Parfois, sa prison se changeait en bocal sans transition, mais elle prenait feu tout de même.

Cette fois, il n'eut pas le temps d'en arriver là.

Les cris du gamin résonnaient. C'était affreux. Il voulait crier à son tour mais rien ne sortait, malgré son visage qui se déformait tant que ses propres réactions l'effrayaient, ajoutant à l'horreur de ce qui se déroulait sous ses yeux. Vijendra était comme possédé, même si sa gorge ne répandait que le silence. Et le ciel s'assombrissait encore. Et les flammes ravageaient le corps chétif de l'enfant, spectacle sinistre qui glissait des frémissements au goût de pourriture doucereuse sous sa peau.

--

"... hh..."
"........... !!!!!!"
"................................HHHH. Hhh ! Euaa.. aaaaaaaaa aaaaAAAAAAAAAAAAAAAAH !"


Il avait fini par y arriver. C'est ce qui l'avait réveillé. Vijendra se redressa trop fort, trop vite dans son lit. Il eut l'impression qu'on perçait un trou dans son omoplate droite. Ne se rendit pas compte que c'était parce qu'il avait bien trop bougé, entrainant son aile dans un mouvement peu conseillé.

Parce qu'il n'était encore pas vraiment là. Il n'entendait plus les cris, ne voyait plus les flammes, mais il pouvait encore les sentir. L'odeur de chair carbonisée ne le quittait plus, comme si même à ce jour, elle imprégnait encore ses cheveux. ll était toujours sur la plage. L'enfant allait mourir, si on ne faisait rien.

Il ne comprenait pas ce qui l'entourait. Ce n'était pas les bons lieux, pas la bonne scène. Ses yeux et ses oreilles n'étaient pas où il fallait. C'était encore pire, parce qu'il ne voyait ni n'entendait plus ce qu'il se passait alors que tout était encore en train de se dérouler. Il devenait plus impuissant encore qu'au préalable. Incapable d'arrêter les monstres. Les monstres étaient peut-être à deux pas de lui, désormais. Il s'attendait à les sentir l'empoigner brutalement à tout moment. Vijendra se tassa contre le mur, à la recherche d'un couvert, d'une sécurité. Il fallait leur donner le moins de prises possibles. Et puis il criait encore, cette fois pour tenter de rallumer la réalité, parce que c'était encore pire s'il ne savait plus ce qu'il se passait.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! ... AAAAAAAAAAAH !!!"

Et de chercher la sortie dans le mur en tâtonnant nerveusement ses parois, presque en les griffant. Où était-elle ?
Comment faisait-on pour que ça s'arrête ?
Laissez le... Laissez moi. Ne faites pas ça...






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyLun 8 Mar 2021 - 18:46

La nuit passait. Écorce, décidément trop habituée à veiller, n'avait pas été gagnée par le sommeil et s'était perdue dans la lecture complète de son ouvrage. De temps à autre, son ouïe captait la respiration d'Eclipse, surprenamment calme et plus lente. Elle en aurait presque été rassurée.

Presque.

Parce qu'au fond, elle se doutait bien qu'il y aurait quelque chose. Et sans qu'elle ne s'y attende, sans qu'elle ne puisse le prévoir malgré les signes avant-coureur, Eclipse hurle, à s'en déchirer l'âme.
Le premier réflexe d’Écorce est de se redresser, sous la terreur de l'instant. D'abord horrifiée, elle suit du regard la fée des étoiles, qui se plaque contre le mur et tâtonne à la recherche d'une sortie. Il y a un court instant de latence ou elle reste figée, sans savoir quoi faire : l'immobiliser est sans doute une mauvaise idée. Il avait besoin de reprendre pied dans la réalité. Le toucher ? Elle n'osait pas - pas encore. Il avait l'air d'être ailleurs et risquait de prendre un geste trop rapide pour une menace.

Pourtant, son état l'inquiétait. Tout autant que son aile malmenée qui devait ajouter à sa souffrance. Écorce se lève de son tabouret, mais garde sagement une distance de sécurité avec Eclipse. Lui parler reste sans doute la première bonne chose à faire.

- C'est moi. C'est Écorce.

Son ton est plus doux qu'à l'accoutumé. Elle lève les mains afin de lui faire comprendre qu'elle est dénuée de mauvaises intentions, ne sachant pas si Éclipse la voit réellement ou s'il est encore perdu dans son cauchemar.

- Il fait nuit, tu es au Pays de Jamais, chez les fées, dans le palais royal.

Elle se rapproche.

- Tu es en sécurité et personne ne viendra te faire du mal.

Au final, elle s'arrête à quelques centimètres de lui. En le voyant tassé contre le mur, Écorce se décide à encadrer de ses mains le visage d'Éclipse. C'est le premier réflexe qu'elle a, plutôt que de saisir ses mains. Pour autant, son geste est délicat et prudent : elle ne veut ni le brusquer, mais elle voit bien qu'il a besoin d'un retour concret dans la réalité. Et ce même si elle est dure à supporter. Au pire, elle se prendra un coup... et elle ne s'en formaliserait pas.

- C'est Écorce, croit-elle bon de répéter. Tout va bien.








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Dernière édition par Écorce le Dim 14 Mar 2021 - 12:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyLun 8 Mar 2021 - 22:39

"C'est moi. C'est Écorce."

D'abord, il n'entendit pas vraiment. Le grelot familier n'attira qu'une trop infime partie de son attention, autrement toute tournée sur sa terreur et la certitude que les monstres agissaient autour de lui sans même qu'il puisse les voir faire. Ses propres cris l'assourdissaient.

"Il fait nuit, tu es au Pays de Jamais, chez les fées, dans le palais royal."

Malgré des premiers résultats peu concluants, chaque tentative supplémentaire réduisait l'épaisseur des couches d'irréalité qui entouraient la fée des étoiles. Il entendait clairement quelque chose désormais, même s'il ne parvenait pas à se concentrer sur les mots. Il savait que ce n'était pas les monstres. Les monstres ne parlaient pas avec ce genre de voix.

C'était une voix qu'il connaissait. C'était la voix d'une amie.

Puis il finit par remarquer qu'il y avait quelqu'un face à lui. Ses yeux se tournèrent dans la direction d'Écorce, donnant l'air d'avoir du mal à se suivre l'un l'autre. Ses cris mouraient, ou hésitaient à le faire. Ils ne déchiraient plus l'air avec autant de force mais laissaient entendre qu'ils pourraient reprendre à plein régime à tout moment, en cas d'alerte détectée.

Il essayait de déchiffrer ce qu'il voyait.

"Tu es en sécurité et personne ne viendra te faire du mal."

Il cligna des yeux. Il avait compris.
Mais, et les monstres ? Les bûchers ?

Il sursauta lorsqu'on toucha son visage, mais se calma très rapidement. Il y avait bel et bien une présence avec lui, mais cette présence était amicale. Il frissonna en réaction à ce toucher très doux, et qui lui permit réellement de sortir la tête hors de l'eau.

Désormais, il entendait tout très distinctement. Il prit conscience de son environnement d'abord en constatant la qualité du silence devenu familier de sa chambre au Palais, puis en s'intéressant à ce qu'il y avait dans la périphérie de son champ de vision.

La plage et les bûchers s'éloignaient, même s'il gardait l'impression de pouvoir en sentir l'odeur affreuse.

Tout lui revint d'un coup. Il n'était plus au Port. Il était désormais en séjour à la Citadelle féérique, et plus exactement au Palais, lieu de sa lourde convalescence.

"É... Écorce.. ?"

C'est vrai qu'elle était venue le voir. Et puis il avait été trop fatigué, alors il avait fallu qu'il se repose. Il n'aurait pas cru qu'il allait s'endormir, à tel point que la nuit en profiterait pour tomber.

Il réalisa qu'il venait de rêver et que tout ce qu'il venait de voir n'existait pas, ou plus exactement n'existait plus. Les larmes lui montèrent aux yeux. C'était trop tard. Il avait vu, il avait subi, il n'y avait plus rien à y faire. Il n'y avait plus rien à sauver. L'enfant perdu était mort, brûlé vif. L'image affreuse de son corps supplicié, trop nette, trop colorée, se superposait encore à sa vision. Un fantôme de nausée menaçait de lui retourner l'estomac.

"Oh..."

Mais c'était trop dur de dire quoique ce fut. La douleur déformait ses traits. Des sanglots l'emportèrent sans prévenir. C'était affreux. Comment pouvait-on être aussi inhumain ? Comment pouvait-on lui avoir faire subir pareils sévices ? A lui, mais surtout à l'enfant qu'il avait vu mourir devant ses yeux, et vers qui toutes ses pensées allaient en cet instant. Pauvre, pauvre garçon. Personne ne méritait de vivre pareille torture.






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyDim 14 Mar 2021 - 13:05

- É... Écorce.. ?

La façon dont il prononce son nom lui déchirerait presque le cœur.

Ses mains encadrent toujours son visage. Écorce ne compte pas le lâcher, tout comme elle cherche à soutenir son regard - même s'il a l'air revenu à la réalité.
Il sanglotait, troublé par ses cauchemars qui éveillaient des traumatismes que la fée ne pouvait pas imaginer. Elle le regarde un court instant, prise d'une nouvelle hésitation... qui fond comme neige au soleil lorsqu'elle voit ses traits déformés par la douleur.

Alors elle le prend dans ses bras.
Ça lui fait bizarre, elle qui n'a jamais eu d'étreinte avec ses congénères. Mais elle sent que c'est le bon moment, qu'il en a besoin plus que tout. Et ce malgré sa timidité. Elle pose sa tête sur son épaule, et jette un coup d’œil anxieux à son aile brisée.

- C'est fini. Tu n'es pas seul.

Son étreinte se fait plus douce, plus prudente : elle ne veut pas le gêner, ni le blesser davantage. Au contraire, elle veut être là pour lui, du mieux possible. Même si c'est maladroit. Il y a des tas de choses qu'elle aimerait lui dire : ça va aller. Nous te protégerons. Personne ne viendra te faire du mal. Pour autant, sans savoir pourquoi, elle n'y arrive pas. Peut-être parce que c'est trop générique, ou qu'elle essaie d'absorber au maximum sa peine.

Elle préfère les gestes aux mots, de toute façon.
Alors elle reste là, sans bouger, attendant patiemment une réaction d'Eclipse.








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyDim 14 Mar 2021 - 18:52

Les images, les souvenirs redevenus trop vifs étaient absolument atroces. Plus que son propre calvaire, c'était celui auquel on l'avait forcé à assister qui en cet instant lui paraissait insoutenable. Il avait survécu. On l'avait sauvé. Ce pauvre enfant perdu n'avait pas eu cette chance. Tout s'était déroulé trop vite. Vijendra n'avait rien pu faire. Le petit garçon non plus. Le dernier regard terrorisé que le gamin avait eu à son encontre le hanterait probablement jusqu'à la fin de sa courte existence.

Aide moi. Par pitié fais quelque chose., semblait-il vouloir lui supplier. Mais Vijendra ne pouvait rien faire, parce qu'il était attaché, et de toute façon trop faible dans tous les sens du terme. Il n'avait pu que hurler à s'en déchirer les cordes vocales, sans que cela ait la moindre action positive sur ce qui était en train d'arriver. Peut-être même cela avait-il été pire que s'il s'était tu. Mais il n'aurait pas pu.

Ce petit avait tellement souffert, c'était à peine imaginable. A l'instant d'avant, c'était une personne entière. Au suivant, ça n'avait plus été qu'une carcasse à peine reconnaissable. Un bout de viande carbonisé à l'apparence horrible.

La lumière s'était éteinte. Le silence était retombé.
Mort.
Une individualité unique venait de disparaître devant lui, et son esprit refusait ce concept avec véhémence.

L'odeur collait à sa peau, à ses cheveux, il en restait un arrière goût dans sa gorge et sur sa langue. Il aurait voulu pouvoir s'en débarrasser, mais ça ne voulait pas partir.


... Mais subitement, ce fut un peu moins pire, car il sentit une pression bienveillante sur ses épaules et contre son dos. Éclipse y répondit sans réfléchir. A ce stade, cela tenait presque du réflexe. La fée des étoiles écrasa ses sanglots dans le cou d'Écorce. Il passa à son tour ses bras dans le dos de l'Archéologue, et il se tassa dans cette étreinte salvatrice comme l'aurait fait un animal qui cherchait à se réfugier. En réponse à cette sensation subite d'être abrité du danger, ses ailes se mirent à palpiter doucement. C'était étrange, et considérablement douloureux, faute à la blessure qui hurlait dans son dos. En cet instant, il ne sentait vraiment plus humain du tout. Ces réactions n'étaient pas celles qu'auraient eu Vijendra.

Chaud. Sécurité. Soutien. Accalmie. La douleur psychologique devenait moins ingérable car les sensations transperçaient le tissu de ses pensées. Les images s'affadissaient. Le passé cherchait à revenir à sa place naturelle.

C'était comme un plâtre immense qu'on enroulait autour de son être devenu tout entier une blessure béante. Il était moins seul, et moins perdu. Il avait peur et il avait mal, mais quelqu'un était là pour l'empêcher de tomber.

Cela prit du temps, mais l'orage s'éloigna. Ses tremblements cessèrent, et ses pleurs ne s'exprimèrent bientôt plus par des cris. Le silence retomba. Il avait la texture d'une cicatrice mal refermée, mais il restait agréable, apaisant au même titre que cette étreinte imprévue.

Éclipse aimait la sensation d'être pris dans les bras de quelqu'un d'autre et inversement. Ca avait toujours été le cas, mais depuis que tout ça lui était arrivé, dès lors qu'il en avait eu l'occasion il s'était rendu compte qu'il en avait développé un besoin si profond qu'il aurait presque pu le qualifier de vital.

Pourtant, quelque chose le perturbait. Pas dans un mauvais sens du terme, entendons nous. Il était simplement étonné. Ce n'était pas qu'il imaginait les fées incapables d'être aussi tactiles les unes avec les autres malgré leur nature évanescente. Il aurait été mal placé pour cela. Chaque fois qu'on était venu le sauver, on l'avait étreint avec force pour l'aider à tenir le coup.

C'était autre chose. Quoi donc ?

C'était Écorce. Elle qui était tellement timide, c'était bizarre de la sentir d'un coup si engagée, et si contre lui.
C'était aussi un peu intimidant. Il avait beaucoup de considération pour elle. Euh. En quoi était-ce lié exactement ?
Ils s'étaient rapprochés drôlement vite. Ce n'était que la seconde fois qu'ils se voyaient, et elle était déjà pour lui une véritable amie.
Puis ce n'était pas exactement tout, et donc c'était incompréhensible. Il avait la sensation qu'il n'aurait pas dû pouvoir ressentir ce qu'il ressentait tout de suite. Ca le paniquait un peu, parce qu'il ne le comprenait, il ne savait pas quoi en faire, ni comment l'exprimer. Ce nouveau corps était une énigme. Et une énigme frustrante, de surcroît.

Mais il s'emmêlait les pinceaux. Il venait de faire un cauchemar affreux, il n'était probablement pas très clair. Ses émotions féériques étaient à la fois trop simples et trop compliquées. Dans ce genre de moments, ça ne servait à rien qu'il tente d'y comprendre quelque chose.

Il finit par bouger un peu. Il releva le nez. Sa tête était beaucoup trop près de celle d'Écorce. Mais ce n'était pas très grave parce que de toute façon ça n'avait aucun moyen de devenir ambigu. Il était désormais condamné à la chasteté. Écorce ne connaissait rien d'autre. Leurs yeux se croisèrent.

Pourquoi est-ce que c'était si gênant ? Pourquoi avait-il envie de poser la main sur sa joue ? Et même s'il avait pu se le permettre, qu'aurait-il bien pu faire ensuite, hein ?

Non vraiment, il délirait.

"... Tout est vraiment terrible, mais je... je suis vraiment content que tu sois mon amie. Est-ce que... ça te gêne si on reste encore un peu comme ça ?"

Il était vraiment bien, dans ses bras. Il ne voulait pas partir.






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyVen 9 Avr 2021 - 22:18

Ecorce ne desserrait pas son étreinte. Les sanglots et les tremblements d'Eclipse étaient impressionnants, mais la fée parvenait à ne pas en être déboussolée. Ce n'était pas le moment, d'autant que son étreinte semblait avoir l'effet escompté : Eclipse y avait répondu, s'y était attaché comme à une bouée de sauvetage. Elle attendit patiemment qu'il se calme, et fut profondément rassurée de le sentir plus détendu contre elle.

Contre elle.
Elle commençait à peine à se rendre pleinement compte de la portée de son geste. Peut-être qu'elle allait le mettre mal à l'aise s'ils restaient trop longtemps ainsi ? Quoiqu'Eclipse avait bougé avant elle : son visage était proche du sien. Si elle ne ressentait pas les mêmes émois - par ailleurs stupides à ses yeux - des humains, elle était tout de même impressionnée par cette proximité, qui aurait pu lui laisser pleinement le loisir d'admirer la beauté féerique d'Eclipse si ce dernier ne l'avait pas ramené à la réalité :

- ... Tout est vraiment terrible, mais je... je suis vraiment content que tu sois mon amie. Est-ce que... ça te gêne si on reste encore un peu comme ça ?
- Bien sûr que non, répond-elle instantanément, sans se laisser le temps de bégayer. Je ne bouge pas...

Si Écorce baisse très légèrement la tête, elle ne prend pas pour autant le parti de se réfugier dans l'épaule d'Eclipse. Elle maintient son étreinte, plus douce, par peur de donner à la fée des étoiles l'impression de l'emprisonner. C'est en se concentrant sur cette tâche simple - l'étreindre, faire en sorte qu'il aille mieux - qu’Ecorce détourne pour un temps son esprit. Les deux fées restent étreintes un moment...

... Et à force, elle se rend bien compte d'une chose : quelque chose la subjugue chez Eclipse. Dans un premier temps, elle ne parvient pas à savoir quoi, ni ce qui déclenche cette pensée. Elle se surprend à l'admirer, ne serait-ce que physiquement : il est vraiment beau. Sa forme lui sied à merveille, mais elle ne peut pas le lui dire. Il a quelque chose de mystérieux, d'éthéré. Il faut dire qu'elle apprécie son mental depuis qu'elle l'a rencontré sur le rivage : Eclipse est cultivé sur ses propres sujets, mais surtout curieux. C'est un trait de caractère qui plait beaucoup à Ecorce, ne serait-ce que parce qu'il l'écoute sans jamais être ennuyé par ce qu'elle raconte.
Le cheminement de ses pensées s'arrête aussi subitement qu'il n'a commencé. Elle ne sait pas ce qui lui arrive, mais elle est sûre d'une chose : ce n'est sûrement pas le moment de songer à ça ! Surtout pas avec l'état dans lequel il se trouve. Bien malgré elle, ses ailes sont prises d'un léger palpitement qui lui est totalement inconnu et qu'elle est incapable de contrôler. Le naturel timide d'Ecorce finit par la rattraper : elle est en train de serrer une fée dans ses bras. Et elle ne remarque évidemment pas qu'Eclipse est assailli des mêmes doutes. Sa gêne grandissante due à cette promiscuité qui lui est beaucoup trop nouvelle finit par se répercuter sur son environnement.

Comme une réponse à son hurlement intérieur, les branches et autres plantes qui se trouvent dans la chambre d'Eclipse se mettent à pousser subitement. Les branches bourgeonnent, et des fleurs d'un blanc éclatant y éclosent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Les plantes grandissent à leur tour, à tel point qu’Écorce commence à paniquer : c'est arrivé rarement que son environnement réagisse à ses émois. Mais tout de même ! La chambre va se transformer en jungle à ce rythme.

Le pire étant que ça ne s'arrête pas. Tout pousse, et finit presque par se rapprocher du lit. Dans un mouvement de panique, Écorce quitte l'étreinte d'Eclipse et jette un coup d’œil presque accusateur à ses fichues plantes auxquelles elle n'a rien demandé. Leur pousse s'arrête aussi subitement qu'elle n'a commencé. Il y a désormais des fleurs partout.

- E-excuse moi, bredouille-t-elle, sans laisser le temps à Eclipse de réagir à la nouvelle décoration de sa chambre. Je... je ne sais pas pourquoi ça fait ça. Enfin...

Elle s'interrompt, gênée. "Enfin" quoi ? Écorce ne savait même pas ce qu'elle comptait dire.








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptySam 10 Avr 2021 - 16:27

"Merci..." ajouta t-il simplement avec un sourire pâle, avant qu'un soupir exténué ne lui échappe.

Vijendra n'était encore qu'au tout début de sa convalescence. Malgré l'énergie que la Reine Mab lui avait fourni lorsqu'il avait été ramené au Palais, il était encore très faible. Le moindre effort épuisait ses maigres réserves. Les très mauvaises nuits qu'il passait faute à ses cauchemars n'aidaient pas à ce qu'il récupère efficacement.

Il avait trop bougé, trop crié, et maintenant il se sentait aussi lourd qu'un rocher. Paradoxalement, sa tête était quant à elle trop légère. L'association des deux lui donna l'impression de tomber dans les bras d'Écorce plus que de s'y laisser reposer.

De toute façon, ça aurait probablement été gênant qu'il reste ainsi, à la fixer trop longtemps. Ils auraient fini par ne plus savoir où se mettre, peu importe ce dont il était réellement question. Vijendra avait besoin de poser sa tête quelque part, et cette dernière retourna tout naturellement se loger sur l'épaule de son amie.

La nécessité du geste rendait cette proximité légèrement moins embarrassante qu'elle ne l'aurait été si Vijendra ne l'avait esquissé que par pure envie. Il lui était plus facile d'esquiver les interrogations qu'il avait entrevues précédemment, pour lesquelles il était tout sauf prêt.

C'était à peine si il commençait à accepter l'idée que ce corps serait désormais le sien jusqu'à la fin d'une existence qui ne serait plus jamais la même. Certains contrastes étaient encore tout simplement trop douloureux à ressentir, à constater. C'était plus facile pour Vijendra de ne plus penser du tout aux sujets qui fâchaient, plutôt que d'explorer les facettes inconnues de sa nouvelle nature.

Il avait beaucoup de place dans son cœur, pour beaucoup de monde. Paradoxalement, il n'avait que très peu connu l'amour au sens romantique du terme. Il s'était longtemps pensé incapable d'en faire l'expérience. La compréhension qu'il avait des relations intimes ne se basait presque que sur des notions de complicité et d'attirance charnelle. Puis il avait rencontré Maëlle, et il avait découvert qu'il n'était pas aussi imperméable aux émois amoureux qu'il l'avait pensé. Le charnel en revanche avait toujours gardé une place centrale dans leurs échanges.

Vijendra n'était pas entièrement naïf. Une partie de lui avait reconnu les similarités entre ce qu'il vivait actuellement et ce qu'il avait ressenti pour Maëlle avant qu'elle ne le trahisse. Ca lui faisait tout simplement trop peur pour qu'il y songe. Maëlle avait été une erreur. Recommencer le terrorisait. Il ne voulait pas être blessé à nouveau. Il n'avait pas les épaules pour supporter une telle déception deux fois de suite. Il était de toute façon incapable de comprendre ce que tout cela signifiait vraiment, et comment ses émotions étaient censées s'exprimer. C'était vraiment difficile pour lui d'imaginer comment aimer désormais qu'il était amputé de la dimension qui avait servi de pierre angulaire à toutes ses relations.

Il préférait penser qu'il se faisait des idées, que ses émotions étaient devenues trop chaotiques et changeantes pour qu'il les déchiffre aisément. Il devait être tout simplement heureux que quelqu'un fut avec lui pour le consoler des horreurs qu'il revivait dans ses cauchemars. Le reste n'était probablement qu'illusion.

C'était agréable d'avoir une amie qui se souciait de lui. Qui était prête à le veiller, à s'occuper de lui alors qu'il venait de faire un cauchemar affreux, à le prendre dans ses bras afin qu'il se sente mieux. Il se sentait vraiment moins seul, quand bien même il savait que cette sensation n'était que partiellement pertinente. Il vivait des épreuves au travers desquelles personne ne pouvait vraiment l'accompagner.

Vijendra soupira encore, cette fois de soulagement. Ses bras pressèrent brièvement le dos d'Ecorce en guise de remerciement. Son angoisse s'était évaporée. Cette étreinte lui avait fait énormément de bien : il sentait tout mou, et il savait que c'était très provisoire, mais il avait l'impression de ne plus souffrir intérieurement de la moindre façon. Il nageait dans la ouate.

Son aile cassée était un autre problème, qu'il n'allait pas pouvoir ignorer bien longtemps.

Subitement, des craquements végétaux de partout. La fée des étoiles redressa le nez et écarquilla des yeux émerveillés face à ce nouveau spectacle de magie. Il faudrait un moment avant que Vijendra parvienne à s'habituer à ce que ce genre de choses aient lieu sous son nez... C'était vraiment incroyable d'être au centre d'un pareil événement. Les fleurs poussaient avec tant de vigueur qu'elles n'allaient pas tarder à grimper sur le lit. Tout s'arrêta d'un coup et Écorce s'excusa.

Vaguement perturbé, Vijendra se tourna dans la direction de son amie. Il savait de quoi ça avait l'air, mais une fois de plus il n'avait pas envie d'y songer.

Ca n'a très certainement rien à voir avec ce à quoi je pense.

Qu'y connaissait-il en fées, après tout ? Il y avait certainement tout un tas de raisons pour lesquelles ces dernières pouvaient perdre le contrôle de leurs pouvoirs, même lorsqu'elles étaient plus expérimentées que lui-même, à qui ça n'arrêtait justement pas d'arriver.

"Ce n'est pas grave du tout. La chambre paraît vraiment moins vide, maintenant. Je pense que je l'aime encore mieux comme ça."

Il eut à peine le temps d'esquisser un sourire avant que ce dernier se transforme en grimace endolorie, accompagnée d'un glapissement tinté. Il avait su faire abstraction de la douleur jusqu'à présent, mais son aile droite commençait à en avoir véritablement marre d'être négligée. Eclipse sentait naître des  élancements violents qui tiraient dans son dos et n'allaient pas tarder de lui donner envie de hurler.

"... Je crois que j'ai beaucoup trop bougé. Pardon il faudrait que je... Aie."

S'il passait ses nuits à sauter en l'air de cette manière, sa blessure n'allait jamais se remettre correctement...






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyLun 12 Avr 2021 - 18:37

Écorce ne cache pas le profond soupir de soulagement qu'elle pousse à la réponse d'Eclipse. Derechef, elle lui adresse un petit sourire, comme pour cacher ce qu'elle pense réellement : il n'a probablement rien remarqué ni compris, et ne se doute pas de ce qui passe par sa tête.
Du moins... c'est ce qu'elle s'imagine.

- T-tant mieux... Merci.

Si la remarque d'Éclipse lui fait vraiment plaisir, la fée des forêts trouve aussi que la chambre a l'air bien plus vivante. De toute façon, elle ne peut concevoir - ou comprendre - qu'il existe des personnes qui n'aiment pas les plantes.

- ... Je crois que j'ai beaucoup trop bougé. Pardon il faudrait que je... Aie.
- Ne t'excuse pas, répond instantanément la fée en s'écartant tout aussi vivement. Tu as l'air épuisé. Il faut que tu essaies de te rendormir...

Elle s'interrompt. Ce n'est peut-être pas une si bonne idée que ça au vu de sa propension à faire des cauchemars.  

- Ou du moins que tu fermes un instant les yeux, reprend-elle. Ça pourrait te faire du bien. Je ne comptais pas partir, je peux encore rester.

L'Archéologue recule de quelques pas afin de se positionner près de sa place initiale : à côté du tabouret, près du lit, où se trouve toujours le sac de livres qu'elle a rapporté. Si Écorce aimerait esquisser un geste d'aide vers Éclipse, elle se retient bien rapidement : maladroite qu'elle est, elle a bien trop peur de lui faire mal en tentant de l'aider à se repositionner. Il ne manquerait plus que ça, tiens.

- Euh... tu as besoin de l'aide de quelqu'un pour te réinstaller convenablement ? Tu veux que j'aille chercher une fée infirmière ?

Elle marque une pause, avant de reprendre :

- Enfin, pas que je n'aie pas envie de t'aider, loin de là... J'ai juste peur de te faire mal. Elle lui adresse un sourire d'excuses : Tu connais ma maladresse...








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyVen 16 Avr 2021 - 18:35

Sans quitter son sourire, Vijendra passa les yeux sur l'ensemble de la chambre. Il ne mentait pas : ce décor végétal lui faisait du bien, même s'il évoquait aussi des souvenirs trop nostalgiques et éveillait donc en lui un soupçon d'amertume. Ce n'était rien de bien grave, en comparaison des crises récurrentes qu'il traversait.

"Il ne manque vraiment plus qu'une fontaine..."

Et on aurait pu avoir l'impression de se trouver dans un salon d'une des résidences de son père, qui avait toujours accordé beaucoup d'importance à la verdeur de ses intérieurs. Taran aimait l'idée de profiter simultanément des avantages de la ville et de la campagne.

C'était très loin, tout ça. Éclipse avait l'impression qu'il avait perdu sa vie dans l'Ordinaire il y avait une éternité. Il n'était même plus certain d'être celui à qui elle avait appartenue. Cependant, ça n'enlevait rien à cette douloureuse vérité : son père et ses amis lui manquaient terriblement.

Mais l'heure n'était pas à pareille contemplation. La maltraitance involontaire à laquelle il avait soumis son aile le rattrapa sous la forme d'un douleur lancinante, trop intense pour qu'il puisse l'ignorer.

"Tu as l'air épuisé. Il faut que tu essaies de te rendormir... Ou du moins que tu fermes un instant les yeux."

Vijendra tenta tant bien que mal de glisser dans son lit de sorte à pouvoir se recoucher, mais telle initiative était devenue très difficile considérant l'aile faisant presque sa taille qui ne souffrait pas qu'il la soumette au type de mouvements qu'il avait besoin de faire pour retourner dans les draps. Il se mordit la lèvre. Les larmes lui montèrent aux yeux.

"Oui... Tu as raison." coassa t-il difficilement après avoir abandonné l'idée d'arriver seul à ses fins. Il ne savait pas s'il valait mieux qu'il se rendorme ou non, à vrai dire... Il était vrai qu'il risquait un second cauchemar s'il s'assoupissait, mais il ne pouvait pas non plus rester éveillé à longueur de nuits. Il avait besoin de sommeil. Cette problématique étant relativement insoluble, il décida qu'il laisserait juste arriver ce qui devait arriver... S'il sentait qu'il avait vraiment envie de se rendormir, il ne lutterait probablement pas trop longtemps.

Il était vrai qu'il avait témoigné à plusieurs reprises de la propension d'Écorce à se prendre les pieds un peu partout et à tomber par terre, mais il n'aimait pour autant pas l'entendre parler d'elle-même en des termes si péjoratifs. Cependant, c'eut été mentir de dire qu'il ne voyait pas où elle voulait en venir... Il esquiva le problème autant qu'il put :

"Tout de suite je serais plus que capable de me faire mal tout seul, alors... Si ça ne te dérange pas, je veux bien que tu ailles chercher quelqu'un... Et puis je préfère qu'on vérifie que tout est en ordre, il ne manquerait plus que ça se remette de travers. Déjà que j'ai le vertige..."

Il était bien suffisamment désavantagé en l'état... S'il gardait des séquelles et devenait incapable de voler correctement, cette vie, non contente de lui avoir été imposée contre sa plus farouche volonté, allait devenir vraiment trop compliquée. Cette fois, ce fut lui qui eut un sourire d'excuses.






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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptySam 17 Avr 2021 - 15:04

Écorce observe la fée des étoiles avec une certaine anxiété, qui semble avoir des difficultés à se réinstaller dans son lit. Au final, Éclipse lui confirme bien qu'il a besoin d'une fée infirmière. L'Archéologue commence à esquisser un geste vers la porte d'entrée de la chambre, avant de s'arrêter net en entendant la fin de la phrase d'Éclipse.

- ... Tu as le vertige ?

Ah.
La fée porte sa main à sa bouche, soudainement perplexe. Le pauvre... Il n'en avait pas fini. Pratiquement tout était - évidemment - en hauteur au royaume des fées, et même la bibliothèque avait des étagères immenses. Quant aux arches... Écorce préférait ne pas y penser pour l'instant. Bon. Elle verra ça plus tard : le plus important était d'abord qu'Eclipse se rétablisse, ne serait-ce que physiquement, avant de penser à ce genre de choses.

- Je fais chercher une fée infirmière, alors, finit-elle par reprendre. Je reviens.

L'Archéologue quitte la chambre et se dirige vers l'infirmerie : il ne lui faut pas longtemps pour tomber sur une fée en plein travail. Écorce bégaie rapidement, toujours aussi mal à l'aise lorsqu'il s'agit de discuter avec les autres, mais réussit néanmoins à expliquer qu'il faudrait réinstaller Éclipse convenablement dans son lit et vérifier l'état de son aile cassée. La fée infirmière ne met pas longtemps à obtempérer, et elle se rend dans la chambre afin de réinstaller convenablement l’Infortuné et de vérifier son aile. Fort heureusement, son état n'a pas l'air de s'être dégradé après les mouvements brusques de la fée des étoiles. Après quelques échanges polis - et maladroits - avec la fée infirmière, cette dernière s'en retourne à ses occupations et laisse à nouveau Éclipse et Écorce seuls. Comme cette dernière le pensait, la fée soigneuse n'avait pas l'air plus dérangée que ça à l'idée de savoir qu'Éclipse était veillé. Au contraire, cela semblait lui enlever une charge de travail supplémentaire. Cela motivait d'autant plus Écorce à rester... voire à passer ses nuits ici jusqu'à ce que son ami se rétablisse.

La fée se garde de le lui dire maintenant, étant donné son état somnolent. A la place, Écorce se réinstalle en silence sur son tabouret et saisit le livre qu'elle lisait avant l'incident.

A nouveau, elle jette un coup d’œil vers Éclipse. Elle se surprenait de ce drôle d'instinct de protection qui lui venait progressivement lorsqu'elle était avec lui. Enfin... Écorce aurait fait la même chose avec n'importe quelle fée. C'est du moins ce qu'elle se disait, en se replongeant silencieusement dans son ouvrage, afin de laisser à la fée des étoiles le calme nécessaire pour somnoler, à défaut de s'endormir.








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MessageSujet: Re: Il y a quelque chose qui commence.   Il y a quelque chose qui commence. - Page 3 EmptyMar 24 Mai 2022 - 20:22

The End


Nul ne sait comment cette aventure s'achève,
On l'aura oublié, dès que le jour se lève.


FIN DE L'AVENTURE




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