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Lunatic
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♣ Éclaireur ♣


✘ AVENTURES : 31
✘ SURNOM : Le Saturnien
✘ AGE DU PERSO : 16 ans

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MessageSujet: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptyMer 8 Juil 2020 - 15:52


Lunatic tournait en rond. Mais pour une fois, pas ces immenses cercles qui créaient des labyrinthes. Cette fois, il fouillait dans le campement. Il s'incrustait dans des tentes, des tipis, des cantines... Il fouillait, il avait perdu son partenaire de toujours. Cuzco. SON Cuzco. Il ne survivrait pas au givre s'il venait à trop s'éloigner.

Et les visages dans les airs prirent une mine un peu plus grave à cette idée, faisant naître une autre crainte au sein de l'esprit de l'éclaireur... le pauvre animal pourrait être écrasé malencontreusement, ou même mangé ! Ou pire, tomber sur une personne qui n'aimait pas les animaux. Lunatic ne s'en remettrait pas. Il était désespéré, là, planté non-loin du feu qui maintenait Peter Pan au chaud. Les visages regardaient tous dans la direction d'une tente en particulier. Celle où se trouvait la mère des éclaireurs. Lunatic tira un peu sur les côtés de son bonnet, un peu hésitant. Même s'il adorait leur mère, il n'aimait pas venir dire qu'il avait fait une GROSSE bêtise. Enfin, il se raisonna. Il n'y était pour rien. C'était la première fois que Cuzco disparaissait...

Le Saturnien finit par avancer lentement, puis il se fit de plus en plus pressant. La panique le gagnait en même temps que les visages avaient l'air d'imaginer divers scènes. Surtout des incidents impliquants des ruines qui tombaient sur un être de chair.

- Lottie, Lottie !

Appela Lunatic juste avant d'ouvrir la "porte" du tipi. On pouvait reconnaître facilement la voix de l'adolescent, il y avait toujours cette pointe d'accent espagnole dans les mots.

Cette fois, on pouvait lire sur le faciès du Saturnien une peur et un empressement qui essayaient de se dissimuler. Au moins pour laisser la parole être compréhensible.

- J'ai... j'ai... Cuzco ! Il est...

Là il peinait à trouver ses mots finalement, les lèvres se pincèrent avant de laisser couler les termes justes.

- Cuzco est perdu ! Mon... ami est plus là. Je l'ai cherché partout, mais j'arrive pas à le trouver.

Dans le désespoir et la peur de perdre quelqu'un de cher, c'était naturel de se tourner vers sa mère. Les visages flottants avaient l'air de ne rien savoir, il regardaient en alternance Lottie, puis Lunatic, puis Lottie, puis Lunatic, etc.

La panique grondait dans les entrailles pourries de l'éclaireur.
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MessageSujet: Re: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptyMar 14 Juil 2020 - 12:07

Il était de l'Ordre du Miracle que cet enfant-là ait réussi à survivre 16 ans. Dans le monde Ordinaire, les gosses de son état ne tiennent habituellement guère longtemps... il avait certes bon cœur, mais les rouages dans sa tête semblaient ne plus s'imbriquer correctement et sous ses yeux sombres, des images délirantes se superposaient à la réalité.
Lottie, bien que plus menue et plus jeune que son Garçon, voyait en lui l'une des âmes les plus égarées et était bien décidée à le séparer de ces amis trop présents et à lui enseigner pour la énième fois que sa mauvaise haleine n'était pas due au pourrissement de ses organes, mais bien à l'oubli d'un petit coup de brosse à quenottes. En attendant et même si pour l'instant les leçons ne portaient pas leurs fruits, il fallait s'occuper de lui et de ses fantaisies, la première concernant aujourd'hui son compagnon de toujours, Cuzco.

"Calmes toi, Lunatic. Où as-tu vu Cuzco pour la dernière fois ?"

Sans s'autoriser ce soupir propre aux Mères dépassées, Lottie quitte le petit coin moelleux où elle somnolait jusqu'alors. Avant que la Nuit ne couvre le Pays Imaginaire de son grand tricot sombre piqueté de doré, elle s'était occupée des plus petits, passant son temps à rassurer l'un, nourrir l'autre, occuper le dernier. Elle est désormais fort fatiguée et dans ses grands yeux bruns, les émotions et sentiments se reposent. Si bien que la panique et l'inquiétude de Lunatic ne trouvent point de réponse, si ce n'est que le désir luisant de retrouver le petit animal dans un court délai.

"Couvres-toi, tu es tremblant, vibrant, je ne sais plus si tu as peur ou si tu as froid. Nous allons partir à sa recherche ensemble, mais tu ne veux pas que Cuzco te voit avec le nez fuyant, n'est-ce pas ?"


La fillette, toute enorgueillie par son rôle de Mère, couvre les épaules du Garçon d'une petite cape de lainage qui gratte, referme le bouton qui la maintient en place juste sous son menton. Elle se saisit ensuite de ses deux mains et entre les siennes, les frotte et les réchauffe d'un peu de souffle chaud. Enfin assurée qu'il est prêt, paré, la voilà qui se saisit de sa main et l'entraîne à l'extérieur. Pause.

"Lunatic ? Peut-être que nous ne retrouverons pas Cuzco, peut-être même..."


Elle lui jette un coup d’œil, son regard est doux, son ton, calme.

"... peut-être même que la mort glacée l'a emporté. Es-tu prêt à assumer ta responsabilité vis-à-vis de ton compagnon ? A faire face à son petit corps tout froid, à l'inéluctable finalité dont tu es sans aucun doute coupable ? Je crois sans hésitation qu'il sera retrouvé... mais un si petit animal, si fragile, tout seul... es-tu prêt, Lunatic ?"

La mort est une abomination, cruelle et injuste, qui rampe sans bruit et guette les proies de choix, rendues vulnérables par l'Amour qui leur est porté. Cuzco a-t-il été attrapé ?

"Allons-y sans tarder, maintenant. Cherchons derrière chaque pierre, dans chaque coin d'herbe. Allez !"

Lottie serre plus fort la main glissée dans la sienne et s'élance vers l'obscurité engloutissante. Dans le noir, les monstres rôdent.
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MessageSujet: Re: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptyMar 28 Juil 2020 - 16:41


L'adolescent se pinça les lèvres pour éviter de noyer la mère sous les plaintes et les inquiétudes grandissantes. Il ne tenait pas en place, il ressentait le besoin de courir à l'extérieur approfondir les recherches, cependant Lottie le retenait en faisant preuve de calme. Elle prenait le temps d'ajouter une laine sur les épaules du Saturnien et de fermer le bouton. La Sucrée était une vraie maman, c'était ce que Lunatic pensait. Le genre qui prenait le temps de s'occuper de ses éclaireurs, d'essayer de les éduquer. Ce que le garçon peinait à digérer d'ailleurs, mais il ne voulait pas être méchant, il savait que les mamans... plus elles étaient des vraies reines, plus elles risquaient de finir tuée par le monde.

À la question du nez fuyant, Lunatic se contenta de marmonner un "n-non". Il devait en effet rester en forme pour protéger son ami.

Bref, il se laissait faire. Le coeur était trop paniqué pour faire attention à l'univers et au temps qui voulait le dévorer.

Pas le temps de plus réfléchir que ça, l'adolescent un peu cassé est tiré à l'extérieur. Les choses sérieuses commençaient ! Mais Lottie ajouta une mise en garde, une mise en garde qui glaça le sang pourri dans les entrailles déchiquetées du Saturnien. De l'effroi se peignit dans le regard bleu-vert, une vague d'appréhension. Il ressentit presque la même chose que lorsque la pierre des ruines était tombée sur sa mère dans le monde ordinaire. Les os qui craquaient, le visage à jamais perdu sous la roche... L'adolescent déglutit.

Sa main s'était faite faible, mais elle se raidit à nouveau après un instant. En s'essuyant une larme du dos de la main libre, Lunatic aquiesça.

- Oui.


Le Rocher l'avait dit : le Temps essayait de le rattraper. Il courait sûrement après Cuzco aussi.

Puis, la mère acheva de ramener de la détermination en s'élançant dans le noir. Lunatic est emporté, presque surpris, mais il se rattrape ensuite. Il fallait rester calme.

Rester calme.

Les visages souriaient. D'autres se déformaient dans des grimaces ignobles. Comme pour sa mère, il allait être la cause d'une mort, à nouveau. Peut-être. Il allait vraiment falloir se dépêcher de nourrir la terre avec des offrandes, faire ce jardin rougeoyant.

Ça aiderait peut-être ?

Bref, la première zone à fouiller, était simplement autour de la zone où Lunatic se trouvait lorsqu'il n'était pas en mission. Les Visages semblaient observer un peu aussi.

- Cuzco ne s'éloigne jamais loin de moi ou de nos affaires, mais d'habitude j'entends ses petits gloussements. Là, j'entendais plus rien...

C'était un animal, il cherchait sûrement une source de chaleur, il ne pouvait pas se promener à l'extérieur comme ça. Et si...

Il lâchait la main de la mère des éclaireurs pour se mettre à même le sol, fouillant à nouveau derrière les cailloux, les tas de terres, les sacs entreposés.

Et si...

Il se redressa subitement et fixa Lottie, les Visages faisaient de même.

- Et si Cuzco était allé se réfugier dans une autre tente ? Il s'est peut-être trompé ? Il connaît moins bien le camp que le Grand Arbre !

Un temps.

- Je dis des bêtises ?

Il jeta un oeil derrière lui, avec toute cette agitation, il risquait de perdre quelques organes. Puis il retourna le regard sur la Sucrée.
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MessageSujet: Re: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptyMar 4 Aoû 2020 - 17:11

L'obscurité engloutit tout et c'est dans l'étreinte de ses bras que les morts prennent leur envol. Au même titre que l'on enterre les êtres aimés les jours de pluie, ils s'éteignent toujours lorsqu'il fait nuit. Il s'agit sans doute de la théâtralité du destin, juste de quoi ajouter une touche dramatique à l'existence. Il n'empêche que cette théorie, Lottie l'a de maintes fois vue se confirmer. Retrouveront-ils le petit rat domestique du Saturnien, avalé par les ténèbres ? Lottie en doute. La mort, qu'elle soit lente, glacée, injuste ou brutale, frappe toujours ceux que l'on aime le plus.

"Tous les autres garçons dorment, les autres tentes sont occupées... si ton... Cuzco était parmi eux, ils auraient entendu ses couinements. Nous devrions nous éloigner du camp, je pense. Viens, Lunatic."

Les deux adolescents s'enfoncent dans le canyon, alors que derrière eux, le camp se fait de plus en plus petit, comme une maquette perdue dans un paysage rouge profond. Lottie referme sa cape sur ses épaules, son corps fragile vibre une bonne fois, outré d'être plongé dans un tel froid. Sous leurs pieds pressés, de petits nuages de fumée cuivrée, le genre qui tâche le bas des vêtements et se glisse entre les doigts de pieds. Ce sera un véritable enfer à détacher... Lottie réfléchit aux différentes techniques de nettoyage qu'elle connait, tout en poussant distraitement un caillou du bout de sa botte abîmée.

"Si seulement ces fichus visages pouvaient nous aider..."

Un grommellement adressé plus aux entités hantant le jeune garçon qu'à lui-même directement. Quand il s'agit de surveiller et de juger, les spectres qui lui tournicotent autour se montrent particulièrement efficaces. Mais au moment où l'on a besoin de leur aide... Les visages ne font qu'ajouter à l'anxiété déjà marquée de l'adolescent. Si seulement Lottie pouvait les voir elle aussi, elle leur flanquerait une raclée bien méritée.

Enfin, qu'importent les râleries, de toutes façons ils ne sont que deux dans cette histoire, deux enfants et un cochon d'Inde qui à ce moment-là, doit fait une sieste à l'ombre avec les entrailles débordantes, ou attendre terrifié qu'un grand oiseau au bec pointu vienne lui offrir un baptême de l'air. Lottie secoue quelques brins d'herbes, dérange une colonie de fourmis, furète dans un buisson... pour en arriver à la conclusion qu'ils ne trouveront rien, à ce rythme-là. Rien de plus que de faux espoirs et une gorge nouée.

"Je crois qu'il est temps de rentrer, Lunatic. Tu as besoin de sommeil... juste quelques heures avant que le jour ne se lève. Je veillerai dans l'attente de Cuzco, tu veux bien ? Allez."

La fillette se tourne vers le garçon perdu, le fixant d'un air grave malgré la douceur de ses traits. Elle lui attrape une main, toute froide, toute glacée et la serre entre les siennes, la garde tout contre ses paumes chaudes jusqu'à ce qu'iels soient de retour au camp.

"Passes-toi un coup de linge humide, frottes bien derrière les oreilles et tentes de dormir un peu."

D'un baiser déposé sur sa joue, Lottie scelle l'accord. Elle attendra dehors, malgré la fatigue. A ses pieds, un bol empli de carottes croquantes et de salade verte. Des restes qui devraient attirer les plus fins museaux de la région... à condition qu'ils n'aient pas encore été emportés.
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MessageSujet: Re: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptySam 12 Sep 2020 - 19:45

La mauvaise idée écartée, Lunatic ne trouva pas la force de protester tant que ça. Il demeurait dans un état de vertige, un mal de crâne prenant et des visages qui semblaient regarder partout en même temps. Ils étaient bizarres. Probablement liés simplement au cerveau secoué de l'adolescent. Il suivait Lottie, petite fille qui pourtant portait le rôle de la mère. Et semblait en avoir les épaules.

Au moins, le Saturnien ne se souciait pas trop de l'état de ses propres organes, le coeur trop occupé à la peine d'avoir perdu Cuzco.

Ils marchaient, et Lunatic observait le moindre mouvement, la moindre trace. Et le palpitant en devenait de plus en plus lourd à chaque déception. Il se retenait de pleurer. L'éclaireur n'était pas un petit garçon, il était des plus âgés, il devait se reprendre.

À un moment, Lunatic aurait juré avoir entendu la Sucrée grogner quelque chose. Mais il n'était pas sûr. Ça paraissait bien impossible à la vision parfaite qu'il avait gravé dans sa tête. Leur maman était toute douce et sucrée. Un peu comme Sugar probablement, mais évidemment... tout bon enfant défendrait la sienne de mère.

Donc c'était celle des éclaireurs qui l'emportait.

Cuzco aurait sûrement approuvé d'un petit gloussement de rongeur.

Les paupières se faisaient lourdes, malgré la panique, le corps et l'esprit entraient en confrontation. Chacun souhaitant autre chose. Mais voilà que déjà la jeune adolescente formula les mots qui déchiraient le coeur du Saturnien, et pourtant celui-ci savait qu'elle avait raison. Les visages ne montrèrent pas beaucoup d'émotions nouvelles, si ce n'était qu'une touche résilience. Un soupir s'envola en buée, les épaules baissées, le garçon perdu éteignait la lueur pleine de volonté dans le regard. Il fallait se résoudre, du moins pour le moment.

Lunatic laissa sa main être emportée entre les paumes chaudes de sa mère, la gorge nouée, il serrait les dents. Il acquiesça vaguement de la tête, et alors qu'ils s'en retournaient sur leurs pas, le regard bleu parti en arrière. Comme en espérant une dernière chance.

Mais rien.

La seule autre forme de chaleur avec lui à ce moment, n'était autre que la mère des éclaireurs. Une situation bien étrange pour l'enfant perdu, lui qui avait toujours été accompagné de son rongeur.

Arrivés, l'éclaireur écouta les dernières consignes, ainsi que le dé sur la joue, puis il se retrouva seul. À nouveau. Enfin... non, il y avait toujours les visages et la peur du temps qui essayait de le manger lentement. Mais pas de fidèle compagnon...

Lunatic tournait les talons, pour exécuter les "ordres". Bien que ce n'étaient pas le mot pour ceux-ci, mais tant pis. Il retira le châle, il tira sur son bonnet pour jusqu'à empêcher les yeux de voir. Il grommela, il serrait fort le tissu pour ne pas pleurer. Le Rocher appelait au loin, mais impossible de le rejoindre pour le moment. Le givre et la disparition de son ami étaient unis contre une escapade éclaireuse.

Alors qu'il rejoignait péniblement son lit de camp, en s'y glissant et s'enroulant de la couverture, le Saturnien vit passer tous les petits souvenirs qu'il avait eu avec Cuzco. Parmi eux, l'un d'eux lui fit monter le mal. Une boule immense dans l'estomac. C'était une marre rouge, une odeur atroce, et un jardin dépéri. Mort d'inquiétude, Lunatic se releva, ignorant bien entendu ce que signifiaient ces souvenir de l'ordinaire. Mais ça concernait une mère.

Les tempes battaient fortement, alors que les yeux fixaient la sortie du tipi. L'éclaireur se frotta le visage, et les visage restaient à observer la "porte". Il comprenait. Impossible de rester à ne rien faire, dormir était impossible. Alors, un peu rageusement, le lit fut abandonné. Le sweat enfilé, la veste accrochée, et une fois que les doigts avaient écarté un peu de la toile afin de dévoiler l'extérieur... ils la refermèrent aussitôt. Lottie attendait le retour du rongeur.

Lunatic se sentit... égoïste. Une impression de déjà-vue, quelqu'un portait sur les épaules ce qu'il avait fait. Sa faute à lui.

Ça l'énervait, le Saturnien.

Ça le peinait. Il alla chercher la couverture du lit, il s'arrêta un instant en entendant des ricanements venant de l'autre côté du tipi, ce devait être dans l'arrière à l'extérieur. Ça sonnait bizarre même pour les visages. Quelques pas à reculons, puis il sortit à nouveau vers Lottie.

Doucement, il lui tendit la couverture. En chuchotant, pour ne pas effrayer les créatures qui semblaient guetter.

- Merci... tu devrais prendre ça en plus, pour toi.

Et il se posa à côté de la jeune mère, il jeta un regard vers la sorte de rue formée par les alignements aléatoires des tipis.

- ... On a besoin que tu sois en bonne santé, c'est toi qui t'occupe de nous. T'as sûrement besoin de plus de force.


À savoir, de ne pas mourir de froid. Et après un peu de silence, toujours discrètement. L'attention se porta sur le bol.

- Cuzco adore ces trucs, pour lui aussi t'es une maman.

Les visages étaient troublés, inquiets. Et Lunatic aussi. Il se pencha plus proche de Lottie pour lui confier comme un secret.

- J'ai entendu des autres rigoler, quelque part derrière. Les visages n'aimaient pas, je ne sais pas pourquoi, mais je m'inquiète quand ils sont comme ça.

Ils ne faisaient que traduire ce qui perturbaient ou faisait peur à l'adolescent.
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MessageSujet: Re: L'aide d'une nébuleuse    L'aide d'une nébuleuse  EmptyVen 2 Oct 2020 - 18:11

Cric-crac-croc, les monstres qui errent à la nuit tombée attendent patiemment que Lottie finisse gelée. Ses petits doigts de pieds n'en seront que plus croquants, de véritables friandises sous la dent. Peu décidée à s'offrir en sacrifice, la jeune fille souffle sur ses mains malhabiles dans l'espoir de leur redonner un semblant de vie. Chaque partie de son anatomie entame une petite danse discrète, juste de quoi permettre au sang de circuler et à la vie, de continuer.
A ses pieds, les crudités attendent d'être victimes de la gourmandise d'un petit rongeur très aimé. La salade est bien verte, les carottes, petites et goûteuses. Pas un seul petit cochon d'Inde ne résisterait à un tel festin et pourtant. Seules errent les ombres terrifiantes de la nuit, la silhouette menue et dodue de l'animal restant à l'état de songe. Pas un seul couinement, pas de petit grattement dans la terre, de petites pattes qui suivent le chemin. Cuzco reste dans l'ombre. Sait-il seulement qu'il est attendu ? Lottie a toujours entendu le plus grand mal sur ces stupides bestioles. Idiotes, craintives, voraces. Pourtant, à voir avec quelle tendresse il allait se fourrer dans les bras de Lunatic, c'était à se demander s'il ne l'aimait pas vraiment.

"Ne t'ai-je pas dis d'aller dormir ?"

Quand on parle du loup. L'adolescent maigrelet l'a rejointe et associe à ses yeux, les siens. Tous deux balayent l'obscurité du regard, immensité inconnue et inquiétante. La chaleur est alors bienvenue, un peu de réconfort pour l'adolescente épuisée et aux vêtements bien légers. Elle referme la couverture sur sa poitrine, avant de regarder son garçon du coeur de l'oeil.

"Ne te soucies pas de moi. Ce n'est pas ton devoir de... me veiller."

Elle le fait très bien toute seule et ce, depuis qu'elle est petite fille. Lunatic est cependant plus âgé, attentionné. Il aurait sans doute fait une meilleure mère qu'elle, ironiquement. Il n'y a bien que Peter Pan et ses idées insensées pour imaginer que toutes les filles savent être mères et que les garçons doivent être veillés.

"Des rires ? Je vais aller voir. Restes ici. Si je ne reviens pas..."

... et bien, mon enfant, tu pourras expliquer aux autres pourquoi leur mère n'est jamais revenue. Lottie se frictionne les bras, juste deux secondes de plus pour profiter de la chaleur, puis se lève et sort du cercle presque chaleureux des tentes pour s'enfoncer dans le noir. Les rires... elle les entend ? Pourquoi ? Est-ce qu'elle aussi commence à perdre la tête ? Ils semblent résonner tout autour d'elle, s'éloignent et reviennent, comme une ritournelle infernale. Ça ne fait pas sens... s'il est habituel que l'adolescent voit et entende des choses qui n'appartiennent qu'à sa réalité, pourquoi est-ce qu'il en serait de même pour Lottie ? Est-ce qu'elle aussi... perd la tête ?

"Qui est là ?!"

La voilà qui, une fois armée de son courage, s'élance plus profondément encore. L'hilarité persiste, la blague doit être on ne peut plus amusante. Lottie, prête à hurler sa colère de se voir ainsi moquée, n'attends plus que de voir le minois du fautif pour se libérer. Les éclats persistent, s'éloignent... se calment, un peu. A mesure qu'elle avance, ils deviennent mots et ne tardent plus à gagner en sens.

"... l'animal du débile."

"... attends, dans son pays, ils les bouffent, nan ?"

"... c'est moi ou il pue ? C'est à force de dormir avec ce..."

"... attardé..."

"... idiot..."

"... idiot !!"

"... IDIOT !!!"

Lottie se fige. Des voix, il y en a plusieurs, de garçons et garçonnes plus âgés. Elle cesse aussitôt de vouloir crier, de faufile comme une petite souris sous la végétation sèche. Non loin, sous la lumière lunaire, cinq adolescent entourent une petite chose toute fragile, qui se fait toute petite malgré son gros bidon. Cuzco. Dès qu'il tente de filer, un pied se met en-travers de son chemin et le voilà à nouveau coincé, les yeux exorbités par la peur. Il pensait les humains gentils... le voilà tétanié. Lottie ferme les yeux un instant... songe à Lunatic, quand il dort paisiblement avec son petit cochon d'Inde tout contre son cou. Et si... ? Et si elle ne le ramenait pas vivant ?
L'adolescente tâtonne rapidement au-niveau de sa taille. Elle a toujours une épaisse ceinture de cuir avec une pochette dans laquelle elle glisse babioles, bonbons et nécessaire de mère. Parmi les aiguilles et bobines, une paire de ciseaux particulièrement aiguisés... Elle les prend dans sa main tremblante et d'un bond, saute hors de sa cachette et se précipite sur les quelques malotrus, les idiots avides d'un peu de cruauté. Son cri transperce l'air, si fort que toutes et tous bondissent, laissant au rongueur la possibilité de filer, complètement désorienté. L'arme de fortune, elle, marque le visage de l'une d'une superbe balafre. Plus une vengance qu'une manière de protéger le petit animal... Geste qui lui vaut en retour une gifle si forte qu'elle l'envoie rouler. Cuzco, lui, disparaît, happé par les ténèbres... couinant tout son saoul pour appeler son humain.
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