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Burst
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MessageSujet: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyJeu 26 Sep 2019 - 9:24

Au creux de la carcasse de mammouth immense et blanchie par les ans où il s'est niché, sa toux rocailleuse résonne d'une drôle de manière. Ça ricoche infiniment, comme dans une caverne sans fond, ça rebondit sur les parois et ressort amplifié par les orbites vides et le creux entrebâillé de la bouche fossilisée du squelette, et on dirait qu'une créature infernale s'est planquée là. Il faut bien le dire, dans les premiers temps, ça l'a amusé. Mais maintenant, tout est devenu de plus en plus froid et Burst n'a plus envie de rire. Du tout. Il regarde les jointures bleuies de ses mains et en ramène une à sa bouche, toute tremblante, pour se saisir du mégot calciné qu'il serre compulsivement entre ses dents. Burst frissonne, ramène un peu plus ses genoux contre lui et expulse la fumée qui gèlerait presque en l'air tellement que ça caille.

Alors, bien sûr, il tousse encore, longtemps, parce qu'il a l'impression que quelque chose est coincé dans sa gorge et que c'est que comme ça qu'il arrivera à le déloger. C'est sûrement de ses poumons dont il parle, vu comme ils semblent toujours à la limite d'être recrachés à la manière d'une arête de poisson. Pendant de longues secondes, le crâne du mammouth géant est ébranlé par cette toux, ça tremble sous ses fesses et Burst n'est plus qu'un fétu de paille ballotté par la connerie de maladie qui lui pourrit dans les bronches.

Il n'est pas vraiment d'humeur à quoi que ce soit. Tandis qu'il tire désespérément une taffe trop longue, il observe l'extérieur de ces deux hublots jumeaux qui crèvent la paroi blanche et calcaire. Alors, quand il croit apercevoir un mouvement dans la neige au dehors, il se déplie douloureusement, faisant craquer toutes ses articulations engourdies, et rampe vers la sortie. Il scrute la surface, yeux plissés de concentration, sa clope en tombe dans la neige et s'y enfonce tendrement, perdue à jamais.

Qui est là ?? s'enquit-il avec sa voix rude et encrassée.

Il réprime la toux qui le secoue à nouveau et laisse s'échapper de la poussière scintillante. Il crache un glaviot et des mots en colère :

J'ai dit de me foutre la putain de paix !

Être vu sans voir. Il pourrait se sentir démuni. Et c'est sûrement le cas. Il resserre nerveusement son écharpe autour de son cou et continue à regarder, à surveiller, penché dangereusement sur le vide à deux mètres sous lui.















Dernière édition par Burst le Lun 30 Nov 2020 - 23:40, édité 1 fois
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Alfred
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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyVen 11 Oct 2019 - 17:04

Je déteste la neige. Je hais le froid. À part peut-être les flocons, parce que j’aime bien jouer à les attraper. Le seul truc, c’est que quand j’en chope un, il disparaît immédiatement. Je sais pas si c’est de la magie ou un genre de phénomène physique explicable scientifiquement, mais vu que je suis un chat, l’aspect intellectuel ne me concerne pas.

Enfin bref. Avec ce givre, on sait plus où aller. Ces derniers temps, je traîne beaucoup au camps des réfugiés, sauf qu’à la longue on commence un peu à s’y faire chier. Mon odeur y est bien installée, j’ai fait mes griffes sur tout ce que j’ai pu trouver et j’ai piqué bien assez de bouffe pour garder ma pense pleine au moins trois jours. Mais voilà ; mon territoire s’étend à bien plus que ça et j’aimerais pouvoir l’explorer à ma guise, mais tu vois, en ce moment, y a des endroits auxquels je ne peux plus accéder.  

Ce jour-là, je décide donc de me bouger un peu les fesses ; l’Ossuaire Préhistorique m’inspire bien. Je me lance dans l’exploration de cette partie de mon territoire, que je visite rarement. C’est l’occasion de faire l’état des lieux. Pendant plusieurs heures, j’inspecte les carcasses osseuses sur mon chemin, je me frotte partout histoire d’y mettre mes phéromones et je renifle tout ce qui me passe sous la truffe. Rien de très spécial, tu me diras. Le truc, c’est que je commence à avoir un peu froid et que je sens plus mes coussinets. Du coup, je cherche un petit coin sympa à l’abri du vent, si possible couvert pour que je puisse poser mes pattes ailleurs que sur cette neige glacée.

Et là, alors que j’avance - avec grande difficulté-, j’entends un son étrange. J’essaie de deviner de quoi ça peut venir : un monstre asthmatique ? une sirène enrouée ? Hmm... bizarre. Je lève le museau au vent, histoire de capter une odeur, un indice quelconque. Aucune senteur, silence complet. Le rugissement recommence. Je dirige mes oreilles dans sa direction, je crois capter la source. Je m’avance dans sa direction.

Tout à coup, j’entends une voix sèche m’engueuler. Je sursaute d’au moins 6 mètres. Quoi, tu me crois pas ? Si si, j’te jure ! 6 mètres ! J’ai flippé comme jamais!

Bon par contre, aussi effrayantes soient-elles, j’aime pas les voix mystérieuses impolies.

- Eh ho, on dit bonjour d’abord. Mon nom est Alfred l’Autorité.

Je constate que c’est un gamin qui me parle. Ah là là. Ces gamins, tous les mêmes. Leurs mères leurs ont rien appris. Ce mioche pend comme un jambon au-dessus du vide. Aucune précaution.

- Tu vas tomber, gamin ! Fais gaffe !

Ce singe m’a l’air bien palot. Je m’en fous un peu, parce que les virus des humains ne se transmettent pas aux chats. Peut-être que si j’attends un peu, il va mourir et je pourrai entrer dans la carcasse de mammouth. Je me coucherai sur lui, avant que la chaleur ait complètement abandonné son corps. Ah. Merde! J’aurais pas dû lui dire de faire gaffe.

Je m’approche encore. Je lève la queue en signe de paix. Faudrait pas qu’il se méfie de moi.

- Je peux pas savoir que t’as dit ça, mon gars ! Moi j’veux juste un abri. Va falloir qu’on trouve un arrangement, si tu vois ce que je veux dire.

Je sais pas s’il voit. En tout cas, moi, pas encore.


Dernière édition par Alfred le Sam 25 Jan 2020 - 15:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyMar 22 Oct 2019 - 15:57

C'est un chat noir. Burst n'a pas d'aversion de principe envers les chats, ni même quand ils sont noirs, mais peut-être est-ce parce qu'il ne les a jamais entendu parler. Celui-ci parle et, comme si cela ne suffisait pas, le sermonne, alors qu'on ne lui a vraiment rien demandé. Burst tend davantage le cou et renifle bruyamment sans se défaire de sa mauvaise humeur et de sa mauvaise volonté pathologique. Il laisse échapper un « ha ! » méprisant quand il entend son nom ridicule, mais c'est tout. Pas de réponse : il n'a aucune intention de se présenter à une sale bestiole, pour l'heure.

Il se redresse un peu, se recule vers l'intérieur de la caverne osseuse, garde un rictus un peu moqueur et désagréable imprimé sur sa bouille de tête à claques. Là encore, ce serait trop simple s'il écoutait ce qu'on lui dit ou qu'on lui demande. Il se croit infiniment supérieur, depuis un perchoir alors que l'autre traîne dans la neige. D'accord, ils se les pèlent tous les deux, mais lui au moins n'a pas le cul mouillé.

Je vais pas tomber, répète-t-il avec insolence en singeant Alfred, usant de la même intonation que lui.

On ne voit que l'Autorité dans le paysage blanc et cotonneux. Burst se rend bien compte qu'il va avoir du mal à se débarrasser de l'animal, et il n'est pas sûr d'être capable de lui casser la gueule, vu que les bêtes ont pas mal d'avantages physiques de nature, alors que lui est malade comme un chien et pas capable de tuer un moineau. Il essaie de garder un air digne et ironique, et c'est plutôt dur. Alors, il lâche, désinvolte :

Pas sûr que je voie ce que tu veux dire.

C'est du bluff. Il s'est installé plus confortablement, la tête reposant sur ses mains et le buste surelevé grâce à ses coudes, et il décide qu'il n'a rien de mieux à faire que de narguer ce chat. Au moins, tant qu'il parle, il se réchauffe un peu. Il poursuit donc avec flegme :

Je vois pas ce que j'y gagnerais, mec.

En fait, Burst fait clairement signifier que, si on peut marchander avec lui, c'est lui qui a l'avantage. Même si ça n'est pas tout à fait vrai. Le rapport de force doit être directement imposé, c'est une règle fondamentale.













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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyDim 10 Nov 2019 - 15:39

Quand je me présente, je m’attends à ce qu’on se présente en retour. Et là, nada. Ce gamin n’a décidément aucune éducation. Je sais pas grand chose de lui, alors que lui connaît mon nom, ce qui est une situation très frustrante.

Bon. Je suppose que c’est un de ces Gamins Perdus qui a décidé de jouer les rebelles en se recluant dans l’Ossuaire. Il veut pas se mêler aux autres ; peut-être un asocial. Ou alors, il ne supporte pas l’autorité. Et s’il se considère mieux que les autres, je peux pas le blâmer ; je suis comme lui. Mais c’est tout ce que je sais - ou plutôt, imagine -, et ça m’énerve.

- On t’a jamais appris la politesse ? J’te trouve bien insolent pour un gamin malade et sans nom.

Il commence vraiment à cailler, tandis qu’un voile de flocons sépare le gamin et moi. Je peux sentir une couche de neige se poser sur ma tête. Je secoue mes pattes les unes après les autres, puis j’ajoute :

- Ah, qu’est-ce que t’y gagnerais ? Hmmm.

Très bonne question. Il me faut un temps de réflexion. Ce mioche a sûrement attrapé un de ces virus qui trainent en ce moment. Or, de ce que j’ai pu entendre, y a pas de remède.

- J’ai bien une petite idée. Je vois que t’as une sale toux… et je pense pouvoir faire quelque chose, mais je marchande pas avec les inconnus. Et j'te préviens, tu rates quelque chose si tu refuses.

Mon plan commence à se dessiner.
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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyVen 22 Nov 2019 - 0:24

Burst est en général très fort pour provoquer indéfiniment ses vis à vis. Même dans une telle situation, où il devrait se sentir vulnérable, puisqu'il l'est, il trouve le moyen de faire le fier et de narguer l'autreen continuation, juste parce qu'il a envie. Pour le plaisir d'avoir le dernier mot. Aussi la remarque d'Alfred sur la politesse lui fait hausser les épaules d'un air dédaigneux, qui ne s'excuse pas une seule seconde. La politesse, c'est un truc de morts. Mais il déteste bien trop parler et exprimer ses pensées pour formuler cette opinion cynique. Malgré tout, il ne peut jamais non plus jouer les indifférents lorsqu'on lui renvoie la balle et qu'on lui manque de respect. Même si lui-même, c'est pas le respect qui l'étouffe.

C'est qu'il y a une autre chose que Burst sait bien faire, c'est s'énerver pour un rien, avoir une fierté mal placée, prendre à coeur des futilités.

J'ai un nom, affirme-t-il sur un ton péremptoire. Plus que un, même. J'en ai plus que toi.

C'est fou ce qu'il peut paraître enfantin, parfois. Difficile d'oublier qu'on a affaire à un gamin, malgré les airs de petit dur que le dit gamin se donne en permanence compulsivement. Tôt ou tard, le masque finit par se fissurer. Et comme ça, lentement, sans qu'il ne s'en rende compte lui-même, Burst commence à perdre le contrôle de la situation. Les mots de l'Autorité ont germé en lui malgré la sécheresse de son cœur, et avec sa volonté qui n'est plus que l'ombre d'elle-même en ces temps polaires, ça ne prend pas longtemps pour le perturber. Le rapport de force s'inverse parce qu'il est crédule, parce qu'il est affaibli, parce qu'il un peu désespéré. Son ton est davantage hésitant et bien moins dirigiste lorsqu'il demande :

Toi ? Vraiment ? Tu fais de la magie ?

Après tout, c'est un chat qui parle. Pas le premier de l'île, sans doute, mais un chat qui parle quand-même. C'est aussi une lueur d'espoir que Burst entraperçoit là, et qui fait fondre son scepticisme à bon rythme. Sa main s'est portée tremblotante à ses lèvres pour qu'il tire encore sur sa cigarette. Il tient encore sa position, là-haut, mais le doute s'est immiscé en lui. Il a toussé une fois de plus.

Il n'a déjà plus autant de fougue lorsqu'il ordonne, non sans avoir balbutié :

Prouve-le.














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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptySam 25 Jan 2020 - 15:18




- Aaah ! excusez-moi, Monsieur aux mille noms, que j’lui réponds sur un ton sarcastique.  

Je crois que je commence à lui faire perdre patience. Mais c’est peut-être qu’une impression, alors j’évite de m’emballer trop vite. De mon regard de chat, je commence à me dire que sous ses airs rustres, ce gamin est aussi vulnérable qu’un oisillon or de son nid.

- Toi ? Vraiment ? Tu fais de la magie ?

Sa question m’extirpe un rire sans retenue. La bonne blague. Au moins, ça a l’avantage de me réchauffer un peu. De la magie, moi ? Oh, si seulement.

Mais justement…

Soudain, le gamin a l’air très intéressé. Du coup, je me dis que c’est l’occasion à ne pas rater. ; je vais peut-être réussir à me le mette à ma botte. Mon plan s’améliore de secondes en secondes. S’il pense que je suis un grand magicien, il me craindra, et il fera tout ce que je lui demande !

- Eh bien figure-toi que...

- Prouve-le.

Mince, je l’avais pas prévue celle-là.

- Bon écoute gamin, je rétorque, agacé. Je me les caille, alors c’est pas dans l’heure que j’vais réussir à faire des miracles. J’te fais déjà l’honneur de t’adresser la parole.

Une montagne de neige commence à se former sur mon chef, alors que je m'impatiente. J’aime définitivement pas les mioches. Tous des impolis. Je continue ma réprimande sur un ton sec.

- J’essaie de t'proposer un marché depuis dix minutes, mais ta caboche a pas l’air de capter. Alors comme j’aime pas tourner en rond, voilà ce qu’on va faire : tu vas m'laisser entrer dans cet abri, et surtout, tu vas faire un feu. On discutera de mes services après.

Est-ce qu’il a de quoi faire un feu ? Bonne question. En tout cas, il a de quoi s’allumer des clopes.

- Si tu sais pas faire un feu, je t’expliquerai.

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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptySam 7 Mar 2020 - 17:54

Il a beau faire moins le malin, gelé dans sa carcasse de mammouth frigorifiante, Burst continue malgré tout à répliquer du tac-au-tac, comme bon lui semble, sans se dégonfler, bien décidé à ne pas laisser le dernier mot à Alfred. Jamais.  

- Au milliard de noms.


La nuance est importante au moins pour lui, sa fierté n'en a jamais fini d'être mal placée ou mal à propos. C'est sans doute toujours dans ce même esprit revêche qui se refuse à laisser à l'autre la moindre liberté de mouvement qu'il finit par décider de lui concéder un point. Un seul point. Et ça lui demande du temps avant qu'enfin il fixe son choix, étire un sourire ironique, parce que même quand il a la crève c'est une des choses qu'il sait faire le mieux, puis lâche :

- Tu peux m'appeler Palpatine.

L'un des meilleurs sobriquets qu'il a pu se choisir, extrait de sa collection personnelle. Et si peut-être le Chat se rendra compte que ça n'a rien du genre de nom que peut porter un perdu, il faudra bien qu'il s'en accommode, car Burst n'a aucune intention de céder un pouce de terrain de plus ou d'accorder la moindre faveur supplémentaire à l'animal. Même quand il capitule en apparence, il demeure persuadé qu'il a l'ascendant sur cette conversation. Alors, quand Alfred s'emporte enfin, il sent plus que jamais qu'au fond, magie ou pas, maladie ou pas, la victoire est sienne. Tant qu'il réussit à emmerder son monde, l'Alias peut bien se peler les miches : ça en vaut la peine.  

C'est drôle à dire mais ça l'exciterait presque, s'il était un vieux tordu plutôt qu'un môme mal élevé et mal dégrossi. Burst éclate d'un rire encore aigu quoiqu'un peu éraillé et qui manque de s'écraser dans une énième quinte de toux. C'est qu'en râlant, Alfred fait voler des paquets de neige qui se sont accumulés sur son crâne, et l'image vaut son pesant d'or.

- Pour quelqu'un qui se les caille, j'te trouve bien insolent, n'hésite-t-il pas à balancer, sarcastique.

La situation pourrait bien demeurer telle quelle. Un perdu têtu et malade mais bien content d'avoir gagné, au chaud, et un chat furax qui devient une statue de glace. Mais en définitive, sa Majesté-les-couilles-glacées est bien plus drôle quand elle s'énerve que quand elle poireaute et Burst trouve son épingle à tirer du jeu. Secrètement, il espère aussi toujours qu'Alfred trouvera un moyen de le guérir.
Alors, finalement, il lâche sur un ton de roi magnanime :

- OK. Monte. Mais si tu m'emmerdes je te balance dans la neige. Et t'as pas intérêt à pisser ou à foutre des boules de poil partout.


Les stéréotypes sur les chats ont la vie dure. L'enfant ricane à nouveau, écrase sa cigarette contre une paroi en os et se met à l'aise pour un nouveau spectacle : il voudrait bien savoir comment Alfred va bien pouvoir grimper tout en haut, avec toute cette neige et ses petites pattes ridicules.













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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyLun 30 Mar 2020 - 11:18

Palpatine… drôle de nom. Puisqu’il se décide enfin à m’en donner un, je vais pas me plaindre, même si j’ai un peu l’impression qu’il se fout de ma gueule. Plus on parle, plus je me rends compte que je suis tombé sur un compétiteur de taille. Ou plutôt, y en n’a pas un pour rattraper l’autre - ni lui, ni moi. Je dois admettre qu’il a du répondant. Enfin, le répondant qu’un mioche est capable d’avoir.  

- Mouais… fais l’malin, je marmonne entre mes moustaches.

Ce gamin se fend la pêche comme une oie. Un vrai sale gosse, jusque dans sa voix. J’essaie de passer outre ce détail, étant donné qu’il se décide enfin à me laisser entrer, mais en d’autres circonstances, je lui aurais feulé à la tronche -malgré la distance qui nous sépare, et tant mieux pour lui.

- Tu devrais pas trop donner de leçons à un chat, mon gars. De nous deux, c’est moi qui ai des griffes.

J’analyse le terrain. C’est assez haut, mais praticable. Le seul obstacle, c’est cette foutue neige qui n’arrête pas de tomber. Je vais devoir y aller par petits bonds, ce qui va sûrement me freiner.

Je prends mon élan. Je baisse la tête, secoue mon arrière train. D’un coup, je bondis le plus haut possible - ça m’évitera quelques sauts en plus. J'atterris sur de la neige pas franchement solide, qui se démonte sous mes pattes. Je glisse et tente de me rattraper avec mes griffes, sauf que les griffes, ça sert à rien dans la poudreuse. Bref, je galère. Devant le pire public possible en plus. À force de glisser, puis d’avancer par petits bonds ridicules, je finis par atteindre mon but.

Une fois en haut, je fais pas le fier. Malgré tout, je garde la tête haute ; mon honneur a été égratigné, mais pas bafoué. Je suis quand même bien content d’y être arrivé, parce qu’ici, le vent ne nous touche pas. Le seul bémol, c’est cette odeur de clope. Beurk.

Je me secoue, afin de dégager toute cette foutue neige de ma fourrure, puis je lance un regard méfiant au gamin. J’essaie pas de l’intimider, mais juste de lui faire comprendre qu’on n’est pas potes.  

- Bon.

Quelle horreur cette odeur de clope. Je vais devoir faire avec, mais ça pique les yeux. Je renifle le sol, fais le tour de la carcasse. Je m’avance vers le centre, puis m’assieds, satisfait. Il fait bien meilleur là.

- Du coup, tu le fais ce feu ?

En observant le lieu, je commence à me demander si c’est vraiment possible. C’est décidément le pire endroit où être pendant une période de givre…

Je regarde le Perdu comme les chats savent si bien le faire. J'me demande quel genre de connerie il a encore à me dire.  

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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyDim 29 Nov 2020 - 3:16

Au royaume des emmerdeurs, Alfred et Palpatine se disputent la place de roi. Ils ne font pas ça de manière péremptoire, affirmée. Non, ils l'ont dans la peau. Ça coule dans leurs veines. C'est diffus dans l'atmosphère. Ils s'affrontent, et ça n'a aucune fin, c'est à celui qui fera le plus chier son monde, à celui qui aura le dernier mot, à celui qui mordra mordra mordra le plus fort. Burst toise de haut (il en profite !) son adversaire du jour, ne lui concède pas à un pouce. C'est qu'il n'a pas peur, mais alors même pas une seconde, même pas un dixième de seconde. Il rigole sans peur, alors même qu'une bronchite lui glace les poumons et qu'il va peut-être crever demain. Il rigole encore plus quand il perçoit à quel point ça marche et à quel point l'autre s'agace.

La menace tombe, ça ne fait qu'affleurer un grand rictus. Pour toute réponse, il lève son doigt majeur; il s'amuse toujours autant. Qui sait de toute façon si le chat a connaissance de ce genre de geste grossier. Il décale ses fesses et glisse un peu sur l'os blanc pour se mettre à l'aise et profiter de la vue.

- Joli ! glousse-t-il après le premier saut dérapé.

Puis Alfred enchaîne les acrobaties pathétiques et les bonds ridicules, bref, de quoi continuer à ricaner pendant un moment. Mais malgré toute cette rigolade et tout ce franc manque de respect, il doit y avoir une partie infime de Burst, au paroxysme du contradictoire qui le représente si bien, qui est bien contente d'avoir de la compagnie dans son cloaque blanc comme neige. Parce qu'il s'est écarté, parce qu'il garde un sourire railleur mais ne tente pas d'énième saillie. Il laisse de la place à Alfred qui de fait essaie d'en prendre beaucoup avec son poil gonflé et ses regards méfiants. A nouveau, les deux egos se frottent, mais cette fois ils cohabitent dans une petite cabine creuse où ils ne peuvent que résonner et s'amplifier entre eux, mais surtout s'entrechoquer et se presser l'un contre l'autre, asphyxiés par un espace trop étroit pour eux.

- Demande encore et je fais rien du tout, persifle Burst, jonglant toujours dangereusement avec les nerfs du félin.

Après tout, il se l'est racontée comme un fou, mais qui croit vraiment qu'il peut faire un feu à même l'os, avec ce froid, cette humidité et toute cette neige ? Si Alfred a vraiment froid, il ne lui reste qu'à se caler une place dans la couverture râpeuse et rapiécée où l'Alias est assis, à espérer que ce dernier l'y tolère. Mais il n'est pas du genre à ne pas honorer une promesse, à part quand il a une bonne raison pour la trahir (son propre amusement faisant pleinement partie des bonnes raisons). Alors, il se déplie à nouveau, hume l'air froid à l'odeur fuligineuse, et part pour s'enfoncer dans les cratères du squelette gigantesque. A fureter longuement, il revient avec de la paille et des brindilles un peu trop humides. Peut-être un nid d'oiseau abandonné depuis des années. Les morceaux de duvet qui flottent et s'envolent semblent confirmer cette hypothèse. Burst serre les dents, ses genoux bleuis par le froid, serre compulsivement ses mains, serre la plante des pieds comme s'il sentirait moins la chaleur négative comme ça. Il s'accroupit, balaye la neige, sèche la surface dégagée avec un pan pendant de son écharpe, dispose ses fragments de nid. Ça serait presque poétique s'il ne s'efforçait d'y foutre le feu. Il aime bien flamber des morceaux de vie, comme lorsqu'il fume ses propres poumons. Après quelques battements d'étincelle sur sa pierre à briquet, une flammèche halète sur la paille pas assez sèche. Entre deux soufflements sur cette naissance de feu, qui pousse quand même à se demander pourquoi il ne l'a pas fait avant, ce feu, Burst demande à cet acolyte de fortune :

- Alors, t'as pas d'autres humains à emmerder ? J'croyais c'était peinard la vie d'un chat, tu te poses chez que'qu'un, y te nourrit, t'es tranquille.

Simplifié. Peut-être qu'il aurait aimé être un chat après tout.

- Tu t'es fait dégager ?

Va savoir ce qui le pousse à faire la conversation. Il affecte une tranquillité qui lui ressemble à peine. Sans doute que de faire quelque chose avec ses mains le distrait de son acharnement habituel à faire chier son monde. Il continue à souffler délicatement sur la flamme pour la faire grandir. Bien sûr ça ne peut qu'être éphémère parce que les brindilles sont minces et partent vite en fumée, mais au moins quelques instants, l'atmosphère se réchauffe et quand il n'est pas occupé à cracher ses poumons, Burst se prend à être ramolli par la chaleur douillette. A goûter le bien être si ténu, au moins pour deux minutes. Il reviendra à son combat d'égos bientôt.













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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyMer 6 Jan 2021 - 15:44


On est littéralement dans une bulle de tabac. Les parois sont imprégnées, humectées de cette odeur lourde et… douloureuse. Je me demande si à force de renifler cette émanation, mon crâne ne va pas exploser. Un cauchemar pour les individus dont l’odorat dépasse même l’intensité de la mauvaise foi de ce Palpatine. Malgré les effluves pesantes, je me couche confortablement, rentre mes pattes et enroule ma queue autour de moi. Je gonfle ma fourrure afin de conserver un maximum de ma chaleur corporelle. J’attends le gamin, plus ou moins patiemment. À la longue, je commence même à me demander s’il ne s’est pas barré. J’espère au moins que c’est parce que je l’effraie et non parce que je l’insupporte.



Uhum.



Ah ! Il est de retour. Je commençais à craindre pour mon ego. Ou peut-être commençais-je à m’ennuyer de cette présence -bien qu’immature- pour m’occuper. Je regarde le mioche, miséreux, revenir avec son butin. Un silence s’installe tandis qu’il prépare le tant attendu feu. Une minuscule plume atterrit face à moi. Je l’attrappe d’une patte, mais rebrousse celle-ci immédiatement. Fait trop froid pour jouer. Le feu n’est pas très impressionnant, mais ma sagesse de chat me dicte de ne pas trop en attendre d’un petit humain.

Aussi, le silence qui s’est installé s’avère agréable ; faire une remarque sur la piètre qualité de son travail le briserait. Même si cela me brûle les babines. D’ailleurs, c’est lui qui casse ce climat insonore le premier. À sa question, je réagis d’un regard outré. Si j’avais des sourcils, j’en aurais relevé un.

- D’abord, j’emmerde pas les humains ; je les honore de ma présence. Ensuite, tout ce qui nous entoure est mon territoire. Je peux pas rester tranquille. J’ai du boulot, je dois inspecter, contrôler, explorer quoi.

J’ai toujours eu la folie des grandeurs.

- D’ailleurs, c’est assez ironique comme remarque ça “tu t’es fait dégagé”, venant d’un gamin esseulé au milieu du froid. Ils en ont eu marre de ta toux et ils t'ont dégagé ?

Je suis un peu salé parfois. Je ne regrette rien.







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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyMar 12 Jan 2021 - 0:50

L'air est électrique. Puis il ne l'est plus. En acceptant la présence d'Alfred, Burst laisse de côté pour un instant sa cigarette, sa rancune, son ironie. Il s'exécute pour faire un feu à partir de trois fois rien, avant tout pour réchauffer ses propres os mais ce n'est peut-être pas tout. Parce que si c'était l'unique raison, il l'aurait allumé depuis longtemps vu comme il a l'air de maîtriser son affaire. Peut-être que ça ne lui importe pas tant que ça que de survivre, parce que le Givre lui a bouffé le peu d'espoir qu'il avait de toute façon et qu'à ce stade il est plus ou moins persuadé qu'on ne peut même pas mourir sur cette île, juste souffrir indéfiniment, ballotés par les humeurs d'un garçon-elfe qui actuellement se la joue glaçon.

Maintenant, il y a bien un feu dans l'orbite du mammouth éteint depuis toujours. La chaleur fait presque mal tellement qu'elle sort de nulle part. Il sent sa circulation se réactiver dans des fourmillements désagréables et il souffle un peu plus fort sur la petite flammèche qui grandit avec timidité. Il n'a même pas l'intention de provoquer Alfred quand il lui demande ce qu'au fond il peut bien foutre dans les environs.  C'est juste qu'il ne sait pas parler autrement. Le chat réplique courroucé.

- D’abord, j’emmerde pas les humains ; je les honore de ma présence. Ensuite, tout ce qui nous entoure est mon territoire. Je peux pas rester tranquille. J’ai du boulot, je dois inspecter, contrôler, explorer quoi.

C'est bien une phrase de chat, ça. Ce n'est pas quelque chose que Burst peut censément comprendre. Lui il a des sourcils qu'il peut arquer, comme il se retourne interloqué vers le félin, un instant, avant de reprendre son artisanat délicat. Maintenant, les flammes crépitent. Il sait aussi que ce sera aussi éphémère que la félicité de Peter Pan après la nuit des Cauchemars. Mais ça ne l'a jamais dérangé d'entretenir des trucs éphémères. La vie elle-même l'est, et Burst ne réfléchit pas beaucoup, de toute façon.

- D’ailleurs, c’est assez ironique comme remarque ça “tu t’es fait dégagé”, venant d’un gamin esseulé au milieu du froid. Ils en ont eu marre de ta toux et ils t'ont dégagé ?

En réponse à tout ce sel qu'on se demanderait si Alfred ne bosse pas pour la Baleine, le jeune garçon se répand en une quinte de toux qui manque de mettre à mal tous ses efforts jusque là. Il rétorque ensuite du tac au tac, crachant presque :

- J'suis seul si j'veux. J'm'en branle des autres. J'les putain de déteste.

Et tout de suite il n'y a rien qui puisse être plus sincère. Burst comme toujours ne compte que sur lui-même ou du moins ne considère qu'il n'y a rien de plus important que lui-même. Mais peut-être que malgré ça il n'a plus si envie d'être tout seul. Il retombe en arrière et suspend les mains au-dessus du brasier qui flambe trop vite le peu de chaleur qu'ils auront pour cet après-midi là. C'est mieux que rien mais c'est pas la joie. Il jette un regard plein d'animosité au chat qui balade son égo énorme partout où il va. En même temps, le crâne d'un mammouth, même dans l'Île de Jamais, c'est étroit, et tout y prend vite de la place.

- T'sais, t'es juste un chat. J'ai mangé du chat, une fois., déclare-t-il sur un ton distrait.

Il ne réalise même pas à quel point cette déclaration pourrait horrifier Alfred. C'est qu'il n'a absolument pas l'air de mentir et qu'il a sûrement dit ça dans le plus grand des naturels A présent il ne dit rien parce qu'il ne pense plus rien. Le silence s'étire tellement qu'on entend autre chose que leurs voix qui jusque là ont été la seule chose à percer l'hiver polaire. Par-dessus les grésillements asthmatiques de son feu claqué au sol, un grondement sourd leur parvient. Le halètement d'une bête féroce qui résonne dans leur caverne en os.

Ça vient de l'intérieur de la carcasse et ça remonte le long de la colonne vertébrale. Pendant un instant, on entend que ça. Burst s'est figé.
Il est malade comme un chien, nu comme un ver, faible comme un nouveau-né.
Il n'a même pas pensé à prendre une arme.

Alors, c'est carrément le squelette tout entier qui se met à trembler... comme s'il bougeait.













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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyMar 19 Jan 2021 - 11:21

- J'suis seul si j'veux. J'm'en branle des autres. J'les putain de déteste, qu’il répond sèchement. Il y a une telle violence dans ses mots que même un chat comme moi, pas très connaisseur des émotions humaines, l’entend. Ça me ferait presque de la peine si j’en avais quelque chose à foutre.

- Et moi qui croyais que les humains étaient des animaux sociaux.

J’aurais pu garder cette réflexion pour moi, mais c’est sorti tout seul. La chaleur émanant du feu a l’avantage de détendre, et donc le désavantage d’inciter à la discussion. Je me demande quand même bien ce qui peut pousser un enfant humain à parler de ses congénères avec autant de haine.

- T'sais, t'es juste un chat. J'ai mangé du chat, une fois.

Oh le sale gamin. Et moi qui ai failli avoir de la peine pour lui. Sa déclaration sort tellement de nulle part que j’en reste muet pendant ce qui me semble une éternité. À vrai dire, j’ai pour projet original de ne pas le satisfaire en rétorquant, mais au bout d’un temps, je ne peux m’en empêcher :

- Ben moi les enfants j’en mange souvent. Tous les déjeuners, en fait !

Soudain, un boucan ponctue mon mensonge si promptement que je bondis. Ma tête se cogne contre le bas plafond de notre nid de fortune et j’atterris, toutes griffes dehors, sur le dos du mioche. Agrippé à sa veste, je m’écrie :

- C’est toi qui a p-

J’allais dire péter, mais le bruit est immédiatement suivi d’un robuste ébranlement, ce qui m’amène à une autre conclusion. En effet, je doute que les gaz d’un gamin soient capables d’une telle prestation. En revanche, ma mémoire se rafraîchit assez vite pour me rappeler de l’endroit où nous sommes. Ben oui, l’Ossuaire préhistorique ! Là où des sales bêtes d’un ancien temps se baladent en mode squelette. Pourquoi ne s’est-on pas méfiés plus tôt ?! Elles semblaient pourtant immobilisées par le Givre ! Et moi qui croyais avoir trouvé un abri peinard…  

- J’pensais pas que ça s’animerait cette mer-

Une autre saccade m’interrompt et me force à serrer mes griffes plus fort encore dans la veste du môme. Il faut réfléchir vite et intelligemment - une prestation à laquelle je suis peu habitué malgré mon inimitable sagesse. Les à-coups sont toujours plus réguliers, comme si notre refuge improvisé se mettait à… marcher. Un vrai bordel à l’intérieur, j’vous dis pas. Si la créature ne faisait que marcher, ça irait encore ; or, ses rugissements gutturaux et menaçants nous font plutôt bien comprendre qu’on n’est pas les bienvenus dans son crâne. D’ailleurs, pourquoi on dérangerait hein ? Y a rien là-dedans. La seule source de neurones dans cette boîte vide, c’est Palpatine et moi. Surtout moi.

A travers les orbites vides du mammouth, le paysage givré de la brousse se surélève. Il est debout, et pas content. Les secousses se font de plus en plus insistantes, comme s’il cherchait à se débarrasser des intrus parasitant sa tête. À l’intérieur, ça devient dangereux. Brassés comme des grumeaux dans une soupe, on se heurte contre les parois décharnés et le risque de se briser quelque chose se dessine un peu trop bien.  

- On n’a pas l’choix gamin ! Va falloir sortir de là, je crie par-dessus les rugissements, toujours accroché au dos du-dit gamin et inconscient de mes griffes peut-être un peu trop acérées.

Seul, je me serais contenté de viser le sol sans transition, ma constitution de chat me permettant de supporter des hauteurs respectables. Cependant, malgré un possible amortissement occasionné par le duvet de neige, l’humain mise plus gros : un fémur cassé, ou que sais-je.

- Par les orbites ! On devrait pouvoir glisser le long d’une de ses défenses pour diminuer la distance avec le sol, je propose, ne sachant pas trop si ça va marcher ou si c’est un plan foireux.

Une fois en bas, on ne sera pas encore débarrassés du souci, mais une chose après l’autre.






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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyVen 29 Jan 2021 - 16:27

De l'expression "animal social", Burst n'avait probablement que l'animalité. Il montrait les dents, grognait, fonctionnait à l'instinct, que ce dernier lui dise de s'enfuir en courant ou d'arracher la jugulaire de ses ennemis avec les dents. C'était amusant en quelque sorte qu'il se trouve en la compagnie d'Alfred qui pour le coup était un animal aux caractéristiques presque humaines tant il s'exprimait bien paraissait turbiner vachement plus que la grande majorité des enfants perdus. Les deux êtres cohabitaient dans un espace bien trop exigu pour leurs égos et leurs émotions souvent ridiculement exacerbées.

Les remarques passives agressives faisaient mouche, l'atmosphère s'empoisonnait. Leur entente allait s'essouffler aussi vite que le feu  un peu pathétique qui vacillait dangereusement et projetait leurs ombres sur les parois de la cave. Bizarrement, Palpatine lui-même ne paraissait pas s'offusquer de ce que lui balançait l'Autorité courroucée. Les yeux perdus dans les flammes, il n'aurait rien répliqué à part un ricanement peu crédule si soudain d'étranges bruits n'avaient pas retenti. Figé, le jeune garçon avait d'abord cru qu'un tigre à dents de sabres ou une autre bestiole féroce qui remontait tranquillement la colonne vertébrale du mammouth pour venir cueillir ce repas qui lui était si gracieusement offert, et il s'était maudit de n'avoir aucune autre arme que son feu déjà presque consumé. Envahi par une brusque bouffée de panique, il n'avait même pas songé à réagir à la nouvelle pique que produisait le Chat sans doute juste pour se rassurer. Puis, la carcasse elle-même avait été secouée de tremblements, comme un séisme dont l'épicentre se situait précisément sous leurs pieds et leurs corps fragiles.

Burst réalisa qu'Alfred s'était planté sur son dos et il se mit à hurler, tant par douleur que par colère aveugle :

MAIS T'VAS DESCENDRE SPECE DE P'TAIN D'SAC A PUCES DE MES DEUX ! J'VAIS TE FAIRE LA PEAU FILS DE PUTE !

Il sentait les griffes de la bestiole qui s'enfonçaient dans sa chair, mais sans doute Alfred sentirait la froideur du métal qui constituait les omoplates de Burst et qui grinçait affreusement à mesure que les ongles y frottaient. On aurait pu croire que les rebonds qu'ils faisaient à présent contre les parois d'os dans une violence à vous briser les vertèbres auraient fait se décoller le félin de là mais il s'accrochait avec une énergie qui rappelait plus que jamais qu'il n'était qu'un chat.

DESCENDS DESCENDS DESCENDS
s'était mis à hurler Burst comme un hystérique.

Et il piétinait, sautait partout, s'excitant comme un fou et irritant toujours plus leur monture récalcitrante du jour.

DESCENDS DESCENDS DESCENDS DESCENDS continua-t-il sans prendre garde à l'idée qu'avait eu le chat pour les faire se sortir de là tous les deux alors qu'il aurait pu se sauver les miches tout seul.

Le monde trembla à nouveau sous les piétinements du mammouth qui, en proie sans doute à une migraine et ivre de colère d'avoir un petit humain enragé hurlant comme un porc qu'on égorge qui rebondissait contre les parois de son crâne, s'était mis à marcher en plus de secouer son énorme tête de squelette. Burst ne voulait pas coopérer mais un énième rebond l'expédia dans l'une des orbites et soudain se fut la dégringolade du siècle le long d'une immense défense verglacée. Criant toujours mais plus parce qu'il avait un chat agrippé à la peau de son dos, le jeune Grimpeur essaya de freiner leur descente avec ses ongles mais ils crissaient bruyamment  et se brisaient. Malgré le sang qui en ruisselait il s'acharna. Burst s'acharnait toujours. La dent du pachyderme décédé se recourba vers le ciel et ils volèrent comme des fétus de paille, enchaînant les loopings et se faisant projeter chacun dans une direction différente.

Burst s'écrasa dans la neige à plat ventre, à peine amorti par le tapis de neige épais qui gonflait au sol. Sonné, il resta là, à regarder les étoiles danser devant ses yeux tandis que ses poumons écrasés par le choc, vérolés par la bronchite et encrassés par quarante ans de fumette refusaient de se remettre à fonctionner normalement.

Putain...

Il se redressa en tremblant sur son séant, encore secoué par les pas du mammouth barrissant.


Le chat ! t'es mort putain ?

Devant ses yeux flous la haute silhouette du squelette s'élevait, dressée et létale, de leur ennemi. Jamais la lutte n'avait paru aussi inégale et inutile. Burst chancelant essaya de se relever et de courir droit sur le monstre, fonçant à toute berzingue en songeant peut-être que s'il passait entre ses jambes le mammouth ne le retrouverait jamais. Il ne s'assura pas de l'état de l'Autorité, saoulé de douleur et obsédé par l'idée de sauver sa propre vie. En faisant donc précisément l'une des choses qui la préserveraient le moins.
Burst ne réfléchissait jamais.













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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyMar 10 Aoû 2021 - 14:35

Ce con de gamin se met à hurler à pleins poumons. Il en a déjà des pas très sains, à l’entendre tousser comme un vieux fumeur, mais alors là je me demande s’il ne va pas réellement les éjecter de sa gorge une bonne fois pour toutes. Une mort bien atroce si cela devait arriver.

Et là, d’un coup, une secousse nous évacue de force par une orbite. Ça serait pas arrivé si l’idiot de môeme m’avait écouté. S’il avait suivi mon plan infaillible.

J’ai le temps, dans les airs, de revoir toute ma vie défiler devant moi. Surtout, j’ai le temps de regretter la plupart des interactions que j’ai pu avoir avec des humains. Ils sont tous si cons, en particulier celui avec qui j’ai affaire actuellement. Je serais sûrement bien plus avancé désormais, j’aurais peut-être même enfin détrôné ce taré de machin volant magique qu’on appelle Peter Pan, si j’avais fait vœu d’ignorance envers tout le monde. TOUT ce foutu monde.

J’atterris au sol sans accros. Pas subjuguant comme exploit pour un chat. Le contact de la neige sous mes coussinets est douloureux. J’expédie un « aïe » pour la forme, mais n’en pense pas tant que ça. Le court instant passé dans le crâne du mammouth, vaguement au chaud, me manque déjà.

Je regarde autour de moi ; j’ai été projeté loin du gamin et je ne l’aperçois pas. Franchement, c’est l’occasion ne me barrer sans dire merde. Je n’ai plus aucun compte à rendre à ce mioche. Il était censé me faire un feu (qui d’ailleurs était bien pourri), en échange que je fasse «quelque chose pour sa toux».
Pfff…
Et dire que j’avais vraiment pensé à faire «quelque chose pour sa toux», non mais je me marre ! J’avais sincèrement pensé à demander un remède auprès de Morrigan ! HAHA ! Pour qui je me suis pris ? Marie-Thérèse ? (c’est qui d’ailleurs ?) Ce débilos de foetus n'est même pas reconnaissant envers moi quand j’essaie de l’aider à sortir du mammouth, et se contente de râler. En plus, il doit être mort maintenant.  

Le chat ! t'es mort putain ?
Par réflexe, je me tourne en direction de la voix. Et c’est là que je vois l’autre con faire face à la créature squelettique. Il se relève maladroitement et fonce droit sur elle.

Mais quel con !

Je réfléchis pas deux secondes, et je me tape un sprint vers lui. Je saute contre son côté pour le décaler de la trajectoire du mammouth. Malheureusement, c’est là que je me vois obligé d’admettre que ma force féline n’est pas suffisante. Tout au plus, je me suis fait remarquer par le mioche, alors, pendant que j’ai son attention, je lui crie dans la précipitation :

- T’es con ! Viens par là !

Je me mets à courir vers l’amas de carcasses immobiles qui nous entoure. Si on se cache au milieu de ce merdier, l’énorme sale bête finira par nous oublier. Enfin j’espère.

- T’as aucune chance, on doit se cacher !

Je ne sais pas s’il m’entend car j’ai déjà commencé à courir quand je prononce ces mots. Je ne sais pas non plus pourquoi je traîne encore avec lui.






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MessageSujet: Re: Try me ▣ Alfred   Try me ▣ Alfred EmptyLun 24 Oct 2022 - 19:52

Sens dessus-dessous, Burst ne pensait ni ne marchait droit. Quoi de plus intelligent dans ces conditions que de foncer droit dans les emmerdes, toujours, sans la moindre hésitation ? Il avait l'impression que son cerveau rebondissait contre sa boîte crânienne à chaque pas. La neige avait beau être haute et ralentir ses pas, il continuait à faire les enjambées les plus longues possibles. Les flocons lui tombaient dru sur les yeux et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il faisait : comme toujours. Il ne fonctionnait qu'à l'instinct. Et pas toujours celui de survie, de toute évidence.

Un truc pelucheux vint se cogner contre son flanc et, marquant une seconde d'arrêt, il mit bien tout ce temps-là à se rappeler l'existence d'Alfred.

- Casse-toi putain ! lui gueula-t-il dessus.

Allons quoi, son idée n'était-elle pas la manière, la seule qui fût sans faille ? Le mammouth était énorme et écraserait sans pitié les autres carcasses, pas vrai ? À moins que Palpatine n'ait tout simplement pas réfléchi jusque là. La terreur en culottes courtes ne finit par obtempérer que parce qu'il fallut bien esquiver la monstrueuse patte du pachyderme furieux qui volait vers eux et, d'un bond, se retrouver dans les labyrinthe de squelettes.

- T’as aucune chance, on doit se cacher !

Les mots lui donnèrent envie de sauter à la gorge du félin, de lui répondre tac au tac que bien sûr qu'il avait une chance. Car quelle meilleure façon de lui faire faire quelque chose qu'en lui sommant de ne pas la faire ? Ah ça, Burst était un champion toutes catégories. Mais avant qu'il puisse en toute mauvais foi clamer sa supériorité sur la boule de poils autoritaire, le pied osseux s'écrasa à littéralement dix centimètres de lui, soulevant la neige par paquets et envoyant péter humain et chat comme s'ils avaient été deux fétus de paille. L'insolent Alias n'avait jamais qu'une douzaine d'années. S'il avait continué à courir, il aurait fini par en cracher ses poumons à moitié cancéreux. Au moins l'envol ne lui laissa-t-il plus cette belle perspective. Il alla tout bonnement s'écraser contre une gigantesque clavicule et, la percutant de plein fouet le crâne en avant, dégringola dans la neige et s'y enfonça comme un poids mort. Paquet d'os et de membres maigrichons, il sombra dans l'inconscience tout net, le sang perlant à son front se gelant immédiatement dans la température polaire.

Le mammouth continua sa course rageuse sans même s'en apercevoir.
Parce qu'en tant qu'enfant dans l'Ossuaire on n'était rien de plus que ce qu'on était en tant qu'habitant du Pays de Jamais : un grain de poussière sur une place, une étoile perdue dans la galaxie ; rien du tout.
Au moins n'y avait-il même pas eu besoin de chercher une cachette.













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