Vous rentrez, sa main dans la sienne. Il ne sait pas trop poourquoi il a fait ça, attraper ta main. Un bref instant, il se voit ressortir d'une piece en portant un enfant, et en emmenant un autre comme il le fait avec toi, les deux paumes liées l'une à l'autre. Oui, c'est peut-être pour ça. Parce qu'il a appris ainsi à guider les gens calmement, sans fracas ni violence. Un subresaut de son coeur, qu'il garde sous contrôle. Shhht. Pas maintenant.

Tu t'installes sagement et du regard il couve les malades qui dorment toujours. C'est bien, ce sommeil là ça va. L'autre soigneur est un peu plus loin, à confectionner des baumes visiblement. Un sourire pour le remercier d'avoir surveillé tout le monde, et Owl va chercher de quoi s'occuper de tes quelques bobos.

Il te jette un regard un peu surpris à ta question, hausse des épaules avec un sourire presque embarrassé. Quelqu'un en vue ? Pas vraiment non. Plus maintenant. Il y avait ces yeux bruns, qui le hantent toujours. Mais eux, non. Il ne veut pas y penser, pas maintenant. Ce sont des souvenirs précieux, ces choses là. Un des rares qu'il ne veuille pas perdre. Un des rares qu'il invoque parfois quand il est seul, pour que ces yeux là ne s'échappent pas.

- J'ai les malades de l'infirmerie en vue, et ça a de quoi me garder occupé.

Un léger rire amusé alors qu'il revient vers toi avec de quoi continuer les soins. Nettoyer le visage et la plaie, c'est bien. Maintenant faut aussi désinfecter, et tout le reste. Heureusement, la plaie n'est pas trop moche et il ne devrait pas y avoir besoin de faire des points. C'est déjà ça.

- Et puis c'est gentil, mais je vois pas vraiment qui pourrait.. Comment tu dis ? M'avoir dans le collimateur. Je sors pas tellement d'ici, et les gens ne sont pas supposés s'éterniser.

Un sourire en coin alors qu'il imagine les malades flirter entre eux et s'établir dans l'infirmerie. Ca doit bien arriver, des fois, il s'en doute. Et d'ailleurs, il le verra de ses propre yeux un jour, même s'il ne le sait pas encore.

- Ca riste de piquer. J'essaye de faire gaffe, mais tu me dis si ça fait trop.

Délicatement, il passe un tissu avec un désinfectant sur les plaies. C'est un truc qu'il n'a pas encore appris à préparer, un mélange de plantes, d'autres trucs. Son prochain objectif c'est justement qu'on lui file la recette. Mais quand il est arrivé, y en avait déjà. Et ensuite, la faute à pas de chance : il n'était pas là ou n'avait pas le temps chaque fois que quelqu'un en refesait.

- Y avait quelqu'un avec des yeux bruns, que j'aimais bien. Ca s'est pas fait, c'est comme ça.

Il n'a pas résisté. C'est pas un truc qu'il aurait du dire, il le sait. Ca vient d'avant, c'est dangereux d'en parler. Mais il n'a pas résisté.

Il n'aurait pas du en parler, il le sait. Il n'aurait pas du mentionner les yeux bruns, invoquer cet éclat d'un autre monde. Owl regrette un peu, maintenant. Les yeux, il les voit encore un peu même s'il essaye de pas. Et puis toi.. Toi tu rebondis dessus. Evidemment que tu y réponds, il en a parlé. Ce n'est pas quelque chose dont le Masseur peut t'en vouloir.

Owl te jette un regard quand tu réponds. Il ne sait pas s'il veut en parler ou pas. C'est mitigé, c'est un peu des deux. Avec un sourire un peu gêné, il hausse des épaules. Sa faute, heh. Maintenant, il doit assumer.

- Ca date d'une autre vie. Et même là-bas, j'avais rien pu faire pour l'aider.

De cette personne, il ne se rappelle de rien d'autre que ces yeux bruns, et des cheveux un peu emmêlés. La chouette ne sait même pas s'il s'agissait d'un garçon, d'une fille.. Tout ce dont il se souvient, ce sont ces quelques détails, et la certitude que cette personne était déjà morte quand ils sont partis. Il te l'a déjà dit, remarque : il n'a pas laissé de vivants derrière lui.

Et puis, parce qu'il préfère changer de sujet sans vraiment savoir comment faire, Owl fait la moue d'un air de dire "c'est la vie". De toute façon, il faut qu'il reste concentré un minumum. Sinon, il va te foutre du baume partout sur ta gueule, sauf là où il faut.

- Et toi ? Quelqu'un en vue ? J'suis pas le genre à ragoter, si c'est ce qui t'inquiète.

Il ne connait pas encore parfaitement l'endroit, et encore moins tout les gens de l'Arbre. Même si tu lui parlais de quelqu'un, y a moyen qu'il ne sache pas de qui tu parles : le parfait confident, en somme. De toute façon, il ne dirait rien. C'est pas son genre, de divulguer ces choses là.

La chouette préfère observer depuis son perchoir.

Il t'avait renvoyé la question sans trop réfléchir ou s'embarrasser d'un potentiel refus de lui répondre. Ca aurait été ok, c'est personnel après tout. Il a encore un peu du mal à trouver ses marques, lui qui pendant longtemps n'avait côtoyé que des gens qu'il connaissait déjà si bien. Cette nouvelle vie ici, où il faut recommencer de zéro est un bon exercice. Mais ce n'est pas quelque chose où il excelle forcément. La preuve, ta réponse le prend de court. Ca le fait stopper un bref instant alors qu'il te jette un regard surpris. Il a bien compris ce qu'il a compris ou bien......?

Puis alors toi tu le regarde pépouze, là. Ca lui fait un peu piquer un fard, juste assez pour qu'il prenne de légères couleurs et qu'il se concentre vite sur son ouvrage à nouveau. Tu dois pas parler de lui, vous vous connaissez à peine. Voire, ouais non : vous vous connaissez pas. Et pourtant, des choses avaient été dites. Est-ce que ça compte ?

- Quelqu'un que tu connais bien ?

Au moins comme ça, il sera sûr s'il se plante ou pas. Et s'il se plante pas ? Omerd. Il fait quoi ? C'est pas comme si y avait un protocole pour ça. C'est pas comme s'il savait faire, ou même avait eu l'occasion d'en parler avec d'autres. D'aussi loin qu'il se souvienne, il s'occupait juste de la famille. Et puis d'ailleurs, si tu parles de lui, il en pense quoi ? C'est une très bonne question : vous vous connaissez pas. Comment peut-il savoir ?

Tu lui as vraiment retourné le cerveau, Tim.

Ta réponse lui ajoute encore plus de couleurs aux joues.

- Woh, ok.

Ah, il est beau son flegme. Mais la situation est nouvelle, tu es nouvelle, il n'a pas encore ses marques ici. Et puis heh, il ne s'est jamais fait approché comme ça, comment est-ce qu'on doit réagir ? D'ailleurs comment tu peux parler de lui comme ça tu ne le connais pas ? C'est bien gentil de dire qu'il a l'air cool mais (il a l'air cool, ah bon ?) et intéressant (non mais non, a propos de quoi, de pansements ?) mais t'en sais rien. Et puis t'as l'air si à l'aise, si sûre de toi. Il se sent un peu con, du coup, faut bien l'avouer.

Encore plus quand il réalise qu'à force de se concentrer sur son travail pour se donner une contenance, il a tellement fait du zèle que tout est déjà bon depuis un moment. Bon. Bon bon bon. Bah voilà, fini de se planquer mon gars. Du coup il se redresse, incertain, et se rince les mains dans la bassine d'eau qu'il avait amené tout à l'heure.

- C'est tout bon pour toi. Y a pas grand chose à faire maintenant, à part attendre que ca cicatrise. Mais si ca fait mal ou devient rouge, reviens ici pour qu'on y jette un oeil. Ce serait con que ca s'infecte.

Léger silence. C'est toujours plus simple quand il est dans son rôle de soigneur, mais il ne peut pas se planquer derrière indéfiniment.

- Et tu proposerais quoi pour apprendre à le connaître, ce gars ?

C'est toujours très embarrassant, mais la question franchit ses lèvres avant même qu'il le réalise. Partant de là, Owl décide que foutu pour foutu.. Autant aller avec le flow. Le Masseur arrive même à esquisser un léger sourire en coin.

Il a quoi à perdre, sérieusement ?

Owl.. Ne sait pas vraiment ce qu'il fait ni où il va. Sans même trop l'avoir calculé, le voilà qui se retrouve soudainement à flirter à son tour. Quoi que. Ce n'est pas vraiment flirter, ça, si ? Il a juste.. Accepté de voir Timber en dehors de ses heures de services. Bon. Du coup, le Masseur se demande ce que Peach et les autres en penseront. En genéral c'est avec eux qu'il passe son temps libre, mais ça doit bien pouvoir s'arranger. Après tout, eux aussi commencent à s'intégrer à la vie de l'Arbre. Ce serait sans doute mieux qu'ils ne soient pas qu'entre eux. Et puis maintenant que le vin est tiré..

- Ouais, ça sonne comme un bon début.

Il n'a jamais faitça, ou en tout cas ne s'en souvient pas si c'est le cas. Alors pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tenter, apprendre, essayer de s'adapter à cette nouvelle vie ? Avec un petit sourire, Owl essaye de sembler décontracté. Il n'est pas vraiment aussi à l'aise que ca, mais pas vraiment terrifié non plus. Ca l'intrigue même un peu.

- J'y pense. Je viens d'arriver ici, j'connais pas encore grand chose. Si jamais tu pense à des trucs à savoir ou des bons tuyaux, je suis preneur.

Ca ne mange pas de pain de demander. Surtout si vous êtes voués à passer du temps ensemble. Mais, ah. Ce genre de truc, il ne l'avait pas vu venir. Owl te jette un léger regard avant de se tourner vers son thé. Ca, c'est une habitude qu'il a gardé malgré tout. Le thé, élément essentiel à sa journée. Et, plus pragmatiquement, un bon moyen de s'hydrater. Sans ça, il oublierait.

Quand il te demande si tu as des idées, il s'attend à un truc ou deux. Mais pas à tant de choses d'un coup, pas à ce qu'elles soient un peu casse-gueule. Ca l'amuse, et malgré lui il s'esclaffe un peu à l'énumération chaotique. Sans qu'il ne le réalise, le soigneur aime ce coté plein de vie et d'insouciance dans les suggestions que tu lui proposes. Ca lui fait oublier ses responsabilités de soigneur, de grand frère, d'aîné, de guardien. Cela fait si longtemps qu'il n'a pas pu ouvertement se permettre de simplement mettre son devoir de coté de façon aussi évidente et rafraichissante. Alors oui, Tim, tu fais pétiller son regard vairon avec ta légere irréverence et tes plans foireux. Il te sourit, amusé, et hoche un peu de la tête.

- Ca me va. Autant suivre tes suggestions, tu connais mieux le coin que moi. Mais je te préviens, je ne cours pas.

Trop fatiguant, déjà. Il pourrait sans doute se fendre de quelques foulées s'il le voulait, mais de toute facon sa cardio et son endurance sont un désastre.

- Je dois rester ici jusqu'à la fin de mon tour. Mais après si tu veux ?

Il n'a pas remarqué Peach entrer. La gamine lui rend régulièrement visite : ils sont venus au Pays de Jamais ensembles, après tout.

- Ooooh. Vous allez faire quoiiiii ?

La chouette a un peu sursauté, et elle, ça la fait glousser comme l'adorable sale gosse qu'elle est.

Mrouh: