C'était une décision de son plein gré. Dans la vie, on en prend, ça arrive. Même quand on a six ans d'âge mental, et le quotient intellectuel d'une huître, c'est possible! D'autant que celle-ci lui écrabouillait le coeur. Seulement pour la première fois de sa vie, Sparkle découvrait la volonté. Il désirait quelque chose ardemment, quelque chose de pas si matériel que ça, comparé au feu. On pouvait toucher le feu, on pouvait le caresser et le sentir.
Pour la première fois, aussi, le garçon perdu cédait. Non, depuis son affrontement avec DogFish, il n'avait pas reteint sa tignasse en couleur de feu. Certes, il avait été obligé d'aller à l'infirmerie et n'avait pu toucher à ses fleurs rouges de sitôt. À présent que son visage n'était plus du tout tuméfié, son nez entièrement réparé car opéré, les dernières traces de sa raclée étaient un petit bleu noir sur sa mâchoire droite, et une légère bosse sur son nez. Il passait régulièrement ses doigts dessus, ce qui ne faisait qu'attiser sa haine et sa rancune.

Non, il ne courut pas dans la forêt une fois sur pied. Ses cheveux noirs partiellement brûlés, il n'allait pas leur donner un air de feu. Pas cette fois, non. Sparkle se rendit à la cabane de Rose, toqua timidement et entra.

─ R-rase tout. S'teuplaît.

Il tremblotait un peu. De son plein gré, mais en effet il avait du mal à l'accepter. Toutes ces années il avait répulsé qu'on lui coupe une seule mèche. Alors, la totalité de sa chevelure! Ça paraissait incroyable, pas vrai? À lui aussi. Il serra des dents durant la tonte. Pas de retour en arrière. Aucun. Les cheveux tenaient chaud et de toute façon ils étaient brûlés. C'était aussi un gage de bonne foi, en fait. Personne ne le prendrait au sérieux avec des tifs rouges, gras, longs. DogFish l'avait attrapé par les cheveux plusieurs fois. Ils étaient traîtres, il faisaient mal. Pas besoin de s'en encombrer.

C'était là la théorie de son esprit mais il était au bord des larmes lorsqu'il se releva de l'herbe au bord du bassin où Rose avait procédé au meurtre capillaire. Le hasard avait fait que ce jour-là était précisément le jour de la tonte, et plusieurs marmots crasseux pouvaient à présent caresser leur crâne lisse comme un oeuf. Sparkle était de ceux-là, mais il n'avait ni pleuré, ni crié, il ne s'était pas débattu. Mais il était livide, en sueur, tremblant.

Sparkle devait se venger. Il devait cesser d'être une flamme inoffensive. Le feu était une arme, il le réalisait seulement. Sparkle deviendrait une flamme offensive, le feu dangereux. Sparkle apprendrait des choses. Puis, Sparkle se vengerait comme il se doit. Et il ne se laisserait plus jamais faire. Il avait fini d'être faible, maigre et mou. Il voulait être comme les chasseurs et les sentinelles, et les chefs. Scar, Arrow, Fang, Sharpy, Teath, autant d'objectifs et de modèles. S'ils l'avaient fait, lui aussi il pouvait. Même s'ils étaient plus vieux.

Il repéra Arrow. Pourquoi Arrow? Pourquoi lui alors qu'ils se haïssaient mutuellement? Pour prouver un truc. Montrer. Et aussi parce que les autres faisaient tous aussi peur que les autres. Et que Sharpy, Sharpy, ça avait été un pirate avant... puis qu'il se battait avec des armes. Sparkle ne voulait pas d'arme. Arrow représentait à présent un but. Il n'envisageait même pas qu'il puisse refuser. Le gamin prit son courage à deux mains et se rapprocha jusqu'à n'être qu'à deux mètres du Chasseur, qu'il salua simplement «Arrow... sa'ut....». L'Artisan déglutit et braqua son regard écarlate sur le visage de l'Arc-mis. En levant la tête. Bien sûr. «Je voudrais... je.... être p-p-p'us fort, et savoir me batt'.» Il mangeait ses l. Il les mangeait sans faire exprès, dans sa façon de s'exprimer. Il rougit légèrement. «Tu-tu veux bien m'apprendre, me montrer?» Un silence plutôt éloquent.
Il commençait à douter.
Il doutait.
Il lâcha sans plus aucune conviction sur l'acceptation du grand perdu:

─ J'veux êt' c-c-comme toi. S'i'-t'plaît.

Il avait mal quand il parlait. Ses cordes vocales étaiet enrouées, et sa voix plus éraillée que jamais. Sparkle toussa dans sa main, comme quelqu'un atteint de la maladie du petit Livreur, celui qu'on nommait.. Crasseur... Un truc du style. Lorsque sa quinte de toux cessa, il aurait voulu s'enterrer. Il était plus voûté que d'habitude (il l'était de base énormément, replié sur lui-même), son dos crispé et arc-bouté. Ses yeux fuyaient à présent ceux de l'Instinctif. Il pouvait pas le soutenir. Trop dur.

Instant bug. Ré-écouter la séquence. Ré-écouter la séquence.
Ré-écouter.
Ré-écouter.
Pause, play, stop.
Pas de fonction reset? Pas de fonction échap? Et la fonction éjecter le disque? Non, pas possible?
Ceci dit Sparkle ignorait ce que c'était un CD. Éjecter la cassette plutôt. L'aurait fallu la retourner, ou la rembobiner avec un crayon. Mais les mots sonnaient, parce qu'ils résonnaient, comme une chanson qu'on ne peut pas enlever de sa tête, celle de la pub de dentifrice par exemple.

Il avait bien entendu malheureusement. Il devait se jeter à l'eau. Habillé. Comme ça. C'est foutu. Tout est foutu. que ça criait dans sa tête. Il ne pouvait pas faire ça. Carrément pas. Il voulait que le feu devienne fort. En le mouillant il l'éteindrait. Le feu ne pouvait pas résister à l'eau. Et l'eau salissait, en outre. C'était hors de question. Sparkle se formerait TOUT SEUL VOILÀ. Furieux, parce que bien sûr Arrow avait l'air de bien rigoler, il commença à sangloter et à tourner les talons.

La vision insupportable de lui pleurant entre les mains de l'homme qu'il haïssait le plus au monde (et homme c'était un grand mot), faible et nul, et flamme éteinte. Et là, il allait encore pleurer. Il avait envie . Mais en même temps. Peut être que s'il s'était retrouvé dans l'eau la dernière fois c'est parce qu'il avait pleuré! Et alors il valait mieux aller direct dans l'eau et il ne pleurerait pas? Ouais?

Et si tout compte fait il était une flamme waterproof?
Sparkle sauta dans l'eau. Comme ça. Sans réfléchir, avec une impulsion de gamin de huit ans.

· AAAaaaahhhhhhHHHHAAAH !!!!

Son hurlement fit surement tout le tour du grand arbre. L'eau. Ça. BRUUUUULLEEEE MEEEERDEUUH!
Il fit presque un bond au dessus de la surface. En tous cas il ressortit comme un éclair, une boule de canon, plus vif que pour sauter en tous cas. Tremblant, ruisselant, trempé, avec une dégaine d'épouvantail courbé en deux, il sanglotait.
Ça l'avait mordu, il en était sûr. 400% sûr. Il avait failli mourir.

Son coeur battait tellement fort. Tellement vite. Il allait s'évanouir. Sparkle était à deux doigts de prendre ses jambes à son cou et d'éclater en... trop tard.
Il pleurait déjà.

Suite à ma non-douéittude, j'ai écrasé ce rp avec le suivant car j'ai édité au lieu de "citer". De plus, n'ayant pas franchement la foi de réecrire, voici petit résumé :

Arrow est trés surpris (et un peu fier) de voir que Sparkle aprés avoir failli abandonné, s'est confronté à l'épreuve de l'eau.
Il accepte d'être son maitre et, en seconde épreuve, oblige Sparkle a prend un bain et à se laver de sa crasse. Il ne veut pas d'un disciple qui pue.

Le savon ça ne sent pas bon. Quoiqu'on en dise, l'odeur du savon donne envie de vomir; ça sent... le sale. Les bulles. Sparkle n'aime pas les bulles, elles explosent au nez, ça pique et on éternue après. Sparkle n'aime pas éternuer. Et puis surtout, ça glisse, comme ça. On peut jamais, jamais les tenir dans ses mains, ces espèces de boules-carrées d'enfer blanches. Ça ça paraît rien, mais ça signifie qu'elles tiennent SA vie en laisse, et que lui il peut même pas les prendre en main.

Alors quand Arrow lui lance la savonnette, y'a comme un vent de panique qui lui souffle dans une oreille et ressort par l'autre. Il a une tête à être adroit? Ben non il est gaucher! Euh, enfin, c'est ce qu'il croit... Après tout il n'a pas écrit depuis tellement longtemps qu'il n'en sait trop rien. Enfin bref, ça se voit qu'il est empoté, nan? Il est pas capable d'attraper quoique ce soit, et tout le monde le sait, et c'est n'importe quoi et zut et ça va l'empoisonner ça...

Swif! Bien sûr qu'il est tombé le savon, c'était prévu. L'Incendie a réussi à l'attraper, mais ça lui a coulé entre les doigts. C'était prévu. Ses larmes s'arrêtent aussi vite qu'elles ont commencé à couler, il ramasse la bêêêête. Sauter, encore?

Sparkle inspira tout l'air possible et le recracha longuement, en soufflant par la bouche. Ok. Il s'approcha de l'eau, ôta son t-shirt et son short.. c'est tout, il n'avait rien d'autre.  Il s'assit sur le bord, et frissonnant, grimaçant, tenta une approche de là. Si la première fois ça avait été rapide (horrible certes, mais rapide), il envisageait de descendre lentement, ce n'était pas possible. Il visualisait une flamme. Une ... magnifique... flamme, qui dansait. Eau pour éteindre. Feu contre feu. Son pied frôla la surface limpide, ce fut comme la foudre qui s'écrasait sur lui, le transperçant comme une lame de métal froid dans le sang chaud, douleur dans les veines, dans les reins, partout. Froid, visqueux, tranchant comme le rasoir. Il retira son pied, et essaya avec l'autre. Rien à faire. IL fallait être plus résistant à la douleur, mais il lui semblait avoir le coeur et le cerveau en miettes. Tout son être se liquéfiait tandis que le liquide (pas lui-même, l'eau quoi) lui arrivait à mi-mollet. Être fort, être fort. Pluuuus.Toujours plus. Il gémissait et lâchait de petits cris sur-aigus. Sa peau était à vif, on aurait dit. C'était une mer d'acide. Corrosive. À ce moment précis, où l'eau lui était à la taille, il se sentit moins feu que jamais. Il n'était plus rouge, il était immergé. Est ce qu'il était éteint? Non... après avoir réfléchi pendant une minute, pendant laquelle, l'eau au ventre, un genou levé jusqu'au menton, il ne bougeait pas, il sentit bien que ça brûlait encore dans son coeur. Il n'allait quand même pas mourir alors?

Sparkle se tranquillisa un peu, les yeux tout de même fixés sur la masse grouillante de bulles. Un monstre ou deux se tapissait dans l'eau, c'était sûr. Elle voulait sa mort, et s'il arrêtait de la regarder, elle en profiterait, de la moindre seconde de répit, pour le TUER! Pas bouger les yeux. Surtout pas.

Le savon passa entre ses deux mains. Se laver, c'était quelque chose d'un peu inaccessible. Il savait pas trop comment faire. Il frotta dans tous les sens possibles, partout où cela pouvait toucher sa peau. Il apprendrait bien.

Au début, ce fut difficile. Ça moussait, c'était laid. Ça piquait les yeux, quand il passa aux cheveux (ce qui'il en restait), et il lâcha encore quelques larmes. L'eau, ça, c'était le pire. Comment se brûler la peau pouvait bien faire du bien à quiconque? Puis, au fur et à mesure que l'odeur lui chopait le coeur, qu'il se retenait de vomir, et de plein d'autres choses, il commençait à trouver ça presque agréable. Ainsi quand il se rinça et sortit de l'eau, entièrement nu, il se sentait bien. Et ça, ça, c'était rare. L'odeur de la "propreté" comme disait Arrow, "saleté" comme il l'aurait dit lui ne le dérangeait plus tant que ça. C'était pas mal. Le seul souci, c'était que pour atteindre ce stade de bien-être plutôt évident, il avait fallut passer par une grande douleur, et il n'était pas près à la revivre. Il lançait des regards en coin apeurés à la masse aqueuse du bassin où jouaient quelques bambins. Il ne pourrait pas y retourner sans effort. Il le savait bien, et s'efforçait de ne pas y penser pour l'instant.

Sparkle trouva ses frusques là où il les avait laissées, il hésita à les enfiler. Elles ne sentaient pas le savon. Il ne trouvait pas qu'elle sentaient mauvais (ce qui était le cas en vérité), mais il doutait de l'avis de Arrow. Il se gratta lui aussi les fesses et se tourna vers le Chasseur, interrogatif. Que faire, là?

Les vêtements , Arrow. Il les regarde tour à tour, l'un.. puis l'autre. Enfin il hausse les épaules et tend les frusques au chasseur. Sans comprendre en quoi sa nudité peut déranger, il se drape de la serviette blanche. Il aime ce contact, c'est très doux. Il n'a pas l'habitude, pour lui les vêtements ont toujours été râpeux, aussi loin qu'il se souvienne. C'est différent mais ça lui plaît quand même. Il tire un peu sur les fils décousus, ça s'arrête jamais, et tant qu'il tire, le fil est de plus en plus long. Enfin, il tire un peu plus sec, le fil casse.

Sparkle le glisse dans sa bouche et l'avale. Il aime bien avaler les fils de coton, il sait pas pourquoi mais ça fait un contact dans la gorge. Cool. Arrow est parti, et Sparkle considère sa nouvelle mission; répondre à toutes ses questions. Il n'a pas besoin d'y réfléchir, c'est pourtant clair.

Il reste planté debout , avec sa serviette qu'il doit remonter toutes les deux secondes. Il la frotte un peu, pour se sécher vite fait, mais le coeur n'y est pas vraiment. À plusieurs reprises Sparkle lève le bras et renifle ses aisselles imberbes. Il sent pas pareil que d'habitude, c'est étonnant et choquant à la fois. Tiens. Voilà Arrow!

· J'ai... j'ai réfléchi, t'sais!

Sparkle hasarde un sourire et laisse tomber sa serviette sur le sol. Il se saisit des vêtements "propres" et les enfile un à un. Merci, c'est le mot qui ne veut pas sortir. Les autres mots, eux, font comme un collier de perles. Ils se succèdent vite, sans queue ni tête.

· J'ai peur ... ouais j'ai peur. Un peu d'tout. L'eau... les pirates. Tu sais aussi, quand quelqu'un est méchant. Ça, ça fait peur. J...j'crois toujours que la planète va m'écrabouiller, comme si une main me serrait comme... comme ça... Et puis, quand un a-a-animal hurle dans la nuit, et que je dors pas. À chaque fois, j'p-pense qu'il va venir me tuer. Juste.

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Sparkle est plutôt monstrueusement gêné. Il aime pas mettre à nu ses peurs. Il aime pas parler comme ça. Enfin. Il n'a pas vraiment le choix. Tout comme il n'avait pas vraiment le choix, de Arrow. Plus ça passe plus il se dit que c'était une très mauvaise idée. Arrow n'est pas content, et il est pas en bon état. Il est sûrement dangereux. Le garçon se gratte la tête. Le contact de ses doigts sur son centimètre de cheveux noirs, sous lesquels il sent la peau du crâne est très étrange. Tap, tap, tap, son autre main tapote sur sa cuisse vêtue. Il aime pas porter des sous-vêtements, Sparkle, mais il a pas osé moufeter.

· Je suis faib' parce que... j'ai pas d'musc'. Et j'ai peur. C'est pas bien la peur. Les force.... je sais faire.... du FEU! et j'me suis battu plein contre des pirates mais j'suis jamais MORT!

Il est triomphal comme un enfant de cinq ans, le visage radieux. Ouais, il a battu tous les pirates... Jusqu'à DogFish. Il se rembrunit. Son objectif? Il le balance à brûle-pourpoint:

· Il faut que je batte DogFish. C'est pour ça. Pour ça faut que je sois plus costaud, tu comprends? J'en ai marre que tous puissent me faire mal. Je veux qu'on ait d'la peur pour moi. Qu'on me laisse tranquille.

Bien sûr que Sparkle est courageux, qu'est ce qu'il croit, Arrow!... En fait non. C'est de l'insouciance, au mieux un esprit suicidaire. S'il avait conscience que c'est pas tout à fait un jeu, et que les pirates ça tue vraiment, sûrement qu'il ne les narguerait pas, lui, le petit moineau. Mais il est un peu teu-bé, en réalité. Sur les bords, quoi. Comme Arrow continue à l'abreuver de paroles, et qu'il y a un paquets de mots qu'il ne comprend pas, il fronce les sourcils dans un air sérieux, et à chaque fin de phrase lâche un «oui» ou un «okay» d'approbation.

Arrow ramasse ses trucs, Arrow se fait la malle.
Sparkle lui reste tout seul et hébété. Il est propre, et il va se faire entraîner par un vrai guerrier.
La condition c'est de rester propre le plus longtemps possible, les matins, les après-midi d'entraînement.

──────────

Le jour d'après, il lui semblait que Arrow n'avait pas chasse.
Se laver fut bien plus dur que la veille, et il mit bien une demi-heure avant d'entrer entièrement dans l'eau. Il pensa bien à changer de sous-vêtements, même s'il ne voyait pas l'utilité. Il se présenta au Chasseur.

· Salut. J'suis prêt.

Voûté comme à son habitude, plutôt mal en point, Sparkle se grattait la mâchoire, rouvrant pour la centième fois une croûte vieille comme le monde. Il supporta Arrow le reniflant. Jusqu'à maintenant de toute façon c'est tout ce qu'il savait faire! Se plaindre de l'odeur, et puis de la propreté, et puis ça, et puis ça! Cela dit il n'était pas bien placé pour se plaindre alors il se redressa comme il put. Il était tellement toujours refermé sur lui-même que se tenir droit lui arracha un grincement de douleur dans la colonne. Il s'étira un peu pour faire passer cette souffrance, ce qui se fit dans de lugubres craquements. Il était ainsi plus grand mais vraiment pas tant que ça. Il devait encore lever la tête pour regarder Arrow dans les yeux, ce qu'il n'avait plus honte de faire.

Arrow, d'ailleurs, qui proposait une nouvelle chose. Sparkle ne fit pas mine de ne pas être atteint par les commentaires sur sa physionomie, car de toute façon il s'en fichait pas mal. Peut-être même qu'il n'avait relevé de nuance négative dans la chose. Ouais, c'était ça. Il éclata de rire, comme si on était en train de se moquer de quelqu'un d'autre, et son rire éraillé et dément retentit pendant plusieurs dizaines de secondes dans la clairière. Puis il se calma, et un immense sourire plaqué sur son visage, il opina du chef:

─ Oh ouais! Trop...trop.. t-trop flammeuxxx!

Ce que c'était que "flammeux" ? Rien. Cependant le feu représentant la meilleure chose de ce monde pour le gamin, il jugeait plus adéquat ce terme pour qualifier quelque chose de fabuleux que "génial" ou "cool", qui ne voulaient encore plus rien dire à ses yeux. Tout pétillant, il garda son sourire et demanda, une pointe d'excitation dans la voix (qui restait toute cassée):

─ Aloors! On c-c-c-ommence par quoi?

Sparkle se pencha pour refixer les scratchs de ses chaussures (pas de lacets il ne savait pas faire) puis se remit bien droit. Ça faisait déjà nettement moins mal. Dextérité, posture, rapidité. Autant de choses qu'il ne maîtrisait pas et ne connaissait que vaguement de loin. Mais ok, il était tout à fait prêt.

Sparkle avait suivi son "maître" à travers le bois joli en restant le maximum possible bien droit. Il tripotait fébrilement le bas de son t-shirt. Il avait peur que Arrow ne tente de le tuer. Après tout il avait essayé plusieurs fois à leur dernière rencontre! Le garçon était comme un petit chien, (il portait ainsi très bien son nom), jusqu'à l'arrivée dans la clairière. Chacun sait qu'il n'était à la base pas très... pas très... euh; vif, mais il obtempéra avec un temps de latence pas trop long et se plaça à dix mètres du Chasseur, un sourire candide sur les lèvres.

Tout se brisa lorsqu'il reçut la boule de pics qui pique très fort l'épiderme en plein sur l'épaule. Sa bouche s'ouvrit dans un "o" de stupeur, ses yeux furent brouillés par les larmes mais il ne laissa pas les sanglots s'échapper, se contentant de les contenir d'un reniflement. La consigne de son mentor était absolument claire. Même s'il ne parvenait pas à comprendre l'intérêt d'une telle chose. Une effroyable grimace lui déforma le faciès et il se raidit instinctivement.  

Quand la deuxième bogue atterrit au milieu de son ventre il ne put rien faire pour l'éviter et couina pitoyablement. Bobo.
Quand la troisième s'écrasa sur son genou gauche, nu, il gémit. Bobo.
La quatrième se planta dans son derrière alors qu'il s'était retourné dans une tentative d'esquive, et il poussa un petit cri de douleur pathétique. Bobo.
Et ainsi de suite, ainsi de suite.

Bobobobobobobobobo.

Il ne parvint à éviter que la treizième, bien qu'il avait fait de plus en plus d'efforts. Ce n'était là que la chance du débutant, puisqu'il s'en prit encore plein. Et puis, au fur et à mesure, il réussit à en esquiver de plus en plus. Son taux de réussite était plus élevé. Ils travaillaient déjà depuis plusieurs heures lorsque enfin plus aucune ne le toucha. Alors la journée se termina et l'Artisan rentra.


Les deux garçons perdus revinrent de nombreux jours à la clairière. Sparkle était couvert d'égratignures, avait plein d'échardes plantées dans sa peau molle et se retenait très difficilement de pleurer, chaque jour. Plus la cadence s'accélérait, plus il mettait de temps à s'y adapter. Il était devenu si craintif et bourré de réflexes que dès que quelqu'un esquissait un geste dans sa direction, il avait pris l'habitude de faire de larges mouvements rapides et compulsifs visant à éviter les coups. Même quand ce n'était pas des coups.

Étonnamment l'exercice lui avait plutôt réussi. Ce fut au bout de neuf après midi acharnées de travail qu'enfin, alors qu'une bogue était envoyée toutes les secondes, il n'en prenait plus une seule.
En haut, en bas, à gauche à droite. Sauter, faire un pas de côté, se baisser, bondir, et ainsi de suite.
Enfin alors qu'il esquivait une boule d'épines qui avait sans doute visé ses parties intimes, il leva les bras en l'air, ce qui lui arracha une grimace de douleur et s'écria:

─ S-stop! C'est bon, main...maint'nant t'as 'u ? Jiarriv'!