Pit, avec un large sourire, se planta une nouvelle fois devant le Diplomate, que cela commençait à gêner quelques peu. Mais il se disait qu'il s'y habituerait malgré tout. Il y tenait, à son espace privé. Ce n'était pas parce qu'une personne qui n'avait pas l'air très nette le violait en premanence sans s'en rendre compte qu'il allait s'en sentir mal.
Si c'était un Pirate, ça, il ne dirait pas la même chose. Parce que non seulement les Pirates sont dangereux, mais en plus ce sont des adultes. Mais dans un sens, si Pit en devenait un, est-ce que cela serait pareil ?

Ce dernier finit d'ailleurs par se décider à répondre à la question de la fouine, plongé dans ses pensées qu'il était juste avant cela.
Il disait donc de devoir les charmer, pour le donnant-donnant, et pour inverser les rôles, et pour plus tard. Weasel hochait doucement la tête, faisant comme s'il comprenait... alors qu'il n'en était rien, en fait. Apparemment, cela devaient être des antécédents dus à son ancienne vie, à des histoires personnelles, ou encore à son point de vue. Des histoires qui dépassaient un peu le Loyal, en somme, d'autant plus qu'il méprise la gente féminine.
Mais il se dit qu'un jour, il comprendra. Il lui faut juste un peu de temps.
D'expérience. Un style. Un but. Une façon d'agir. Un masque. Un personnage à incarner. Un peu comme dans une pièce de théâtre.
Cette dernière idée lui trottait dans la tête. Alors, il la garda dans un coin de celle-ci, et l'exploitera plus tard.

Il avait déja une idée assez grossière du personnage, pour commencer, car de nouveau, le Raccommodeur lui disait qu'il devrait être une transition pour qu'il puisse garder l'oeil sur le Grand Arbre. À cette entente, un grand sourire illumine le visage de Weasel.
Agent double ? Ça c'est un truc qui lui plait ! Il avait vraiment bien fait d'accepter l'offre, lui aussi allait bien s'amuser, il en était certain. À faire vivre l'enfer aux autres comme lui l'avait vécu. Certes, pas de la même manière, mais le résultat serait le même.

- Je suis presque sûr à cent pour cent que les choses vont être délicieusement intéressantes, dans quelques temps. Crois-moi, j’ai déjà testé quelques trucs. Et c’est parti…

Le Diplomate tourna vers le Joker un regard interrogateur, les sourcils froncés, lorsque celui-ci se mit à glousser sans avoir fini la fin de sa phrase. Il ne se calma qu'en mettant la main devant sa bouche. Apparemment, cela devaut être amusant, et donc, la fouine de Diplomate en était d'autant plus intéressé.

-… c’est parti très loin. Je sens qu’on assistera à un combat jusqu’au sang même.

Il en rit. En face de lui, le Loyal semblait un peu perplexe, avant que le sourire ne revint sur ses lèvres. Il soupira, avec un facepalm, puis fit, d'un ton un peu narquois :

- Pas de sang sur scène... Les gens ici ne respectent-ils pas les lois de la bienséance ? Quelle bande de petits sauvages...

Il ricana. Décidément, mine de rien, c'était une bonne idée, cette histoire de pièce. Il avait le décor, qui était l'Île entière. Il avait quelques personnages, dont les Rôles restaient encore à définir. Et ensuite, il devait voir si lui, il pouvait modeler le tout comme il le souhaitait, sans que cela ne nuise à son nouveau Mentor.

- J'espère qu'on aura droit aux larmes et à la mort ! Il n'y a jamais de bonne tragédie sans cela.

Oui, ce serait officiellement une tragédie. Et ce qui seront bien placés, ceux qui pourront admirer le spectacle, ils seront dans un univers de comédie. Un peu comme eux deux, en ce moment.

- On a fait le tour de tout ce qu'il y a à savoir ?

Finit par demander Weasel après un court silence, le temps de se remémorer le tout. Les bras croisés, il regardait Pit avec un fin sourire. Foutu duo qu'ils allaient former, ces deux là.

Le Joker écoutait, les yeux distraits par la vie aux alentours. Il devra trouver de passer le temps après, mettre en place la suite.

La mort ? Il tourna les lacs d’absinthe sur Weasel, une fois toutes les phrases dites, et la question posée.

La mort. C’était ce qui survenait lorsqu’un jouet n’avait plus d’intérêt, et encore, plus tard, Pit comprendra que la mort donnait simplement le cuir. Ou encore tous les trésors que les corps renfermaient. Enfin… était-il nécessaire d’attendre la mort ? Ces questionnements ne surviendraient que plus tard. Pour le moment, Pit y voyait un ennui mortel. Il faudrait jouer aux marionnettes avec ces tas de chairs inutiles.

- La mort, ça viendra vraiment que lorsque la carte ou la poupée aura été essorée le plus possible.

Sourire un brin avide, la lubie future était encore tapie dans les abysses des iris, mais elle guignait parfois.

- Tu regretteras pas, dude. Crois-moi. Je sais déjà qu’on aura bientôt un nouveau chef des Sentinelles. On va rire à en pleurer.

Le Raccommodeur s’éloigna doucement, mains fourrées dans les poches. Il adressa un sourire sombre, mais très amusé du pacte qui se tramait.

- On a fait le tour, je te fais confiance, et de plus en plus j’ajouterai de quoi t’amuser.

Il retint un fou rire, se contentant de rire normalement, sans partir sur des rires infinis. Il fit un signe de main à Weasel, lui accordant toute sa confiance, il sait que le Jeu était une chose hilarante pour une fouine qui savait parler.

Spoiler:

La tragédie avec mort viendrait en dernier recours, comme le disait Pit. Il avait d'ailleurs employé un étrange terme pour désigner cette fin. Essorer... un peu comme on le ferait avec un torchon. À cette simple pensée, à cette comparaison, Weasel ne put s'empêcher de retenir un rire. Les autres, des torchons.
C'était tellement dommage qu'il fasse parti de ces "torchons". Il se jurait déja de grimper quelques échelons, histoire de ne plus se retrouver en compagnie de ces petites gens.

Le Raccommodeur lui adressa un sombre sourire, disant alors, tout en s'éloignant, qu'il ne regretterait pas, et qu'il y aurait bientôt un nouveau Chef des Sentinelles, qui promettait de les faire rire à en pleurer. Ha, vraiment ? La fouine l'attendrait de pied ferme ledit nouveau Chef, alors !
N'empêche, Pit paraissait au courant de ce qui se passait au Grand Arbre, il faudrait en faire tout autant, histoire de toujours avoir un ragot croustillant sous la main, et de se donner un peu de mal pour les avoir, ces informations. Cela lui ferait passer le temps.

- On a fait le tour, je te fais confiance, et de plus en plus j’ajouterai de quoi t’amuser.

Lui fit le Joker de loin, avant de rire et de lui faire "au revoir" de la main. Le Diplomate, avec un grand sourire, lui répondit d'un hochement de tête, puis, tournant déja les talons, il lanca, tout en s'éloignant :

- Tu peux avoir confiance, ouais ! J'espère que tout ce que tu me promets sera divertissant !

Il avait brièvement regardé derrière lui, puis avait repris sa marche. Où donc pouvait-il aller, maintenant ? Peut être bien qu'une petite balade pourra lui donner quelques idées, qui sait. Il n'avait plus qu'à savoir où aller, il avait encore tellement de lieux à visiter !
Après tout, il était tout nouveau, sur l'Île, cette Île de enfants, où les adultes jouaient le rôle des méchants (en excluant les Peaux-Rouges). De toute façon, c'était un peu la même chose dans le Monde Ordinaire. Qu'il soit Michael ou Weasel, il n'aura jamais pu et ne fera jamais confiance aux adultes.
Sauf si, évidemment, ils font parti de ses amis proches.

HRP: