Le problème avec les enfants, selon Salazar, c’est que lorsqu’on leur donne une main, il vous prenne le bras. Et c’est exactement ce que fit cet adolescent.
Le pirate le vit devenir glacial. Comme s’il était en position de faire cela. Il sentait presque comme… du dégout ? Ah oui ? Alors comme cela, lui qui se montrait si bon envers cet adolescent, il était méprisé ? Son regard devint froid lui aussi.
Le jeune eut tout de même le bon gout de ne pas le regarder droit dans les yeux quand il demanda :

- Et si je m'excuse pour lui, ça ne vous va pas ?

La gifle partit très vite, laissant une belle trace rouge sur sa joue.

-Insolent, souffla-t-il de colère.

Il le prit par les cheveux et le força à relever la tête.

-Je trouve que j’ai été très gentil avec vous deux. J’aurais pu vous livrer au capitaine ou à quelqu’un d’autre. Est ce que tu sais seulement ce que les pirates font aux garçons perdus qu’ils trouvent ? Et c’est comme cela que tu me remercies ?

Il lâcha brutalement, toujours furieux.

-Tu avais l’air raisonnable, mais au final, tu ne vaux pas mieux que ton compagnon.

Il regarda derrière lui pour voir où il était. Il avait fui, bien entendu. Mais son nez saignait encore et laissait des marques un peu tout le long de son passage, tel un escargot gluant.
Il revint sur lui.

-Et tu me prends pour un idiot en plus. Tu cherchais à gagner du temps. Tu crois que je ne l’avais pas remarqué.

Cette fois ci, ce fut le cou que sa main attrapa violemment.

-Mais tu as fait une erreur de calcul : dans l’état où il était, ce sale morveux n’a pas pu aller bien loin. D’ailleurs je propose que nous allions de suite le rejoindre.

Gardant sa prise pour le forcer à avancer, il suivit la trace. Et effectivement, Anyways n’avait fait que 200 mètres à tout casser. Ils eurent à peine tournés qu’ils le trouvèrent. Il rampait, misérablement.
Un sourire naquit sur les lèvres du pirate. Cet enfant était pitoyable, et c’était lui qui l’avait mis dans cet état. C’était… jouissif. Il se jura intérieurement qu’il mettrait le grand également à genou.
Mais pour le moment, le plus urgent était de stopper la maigre, mais présente, progression de la larve.
Aussi lâcha-t-il provisoirement Sepia et se dirigea vers le plus jeune. Il se plaça devant lui, de manière à lui barrer le chemin.

-Toi, tu ne bouges plus.

Il appuya son pied sur sa main droite, afin de la lui écraser. Puis ses yeux se posèrent sur l’ainé.

-Eh bien, toi qui tiens tant que cela à marchander, vas y. Offre moi quelque chose d’intéressant. Ce que tu veux. Et si cela me convient, je vous laisserais partir. Sinon…

La main fit crac. Quelques os avaient dû céder sous le poids. Douloureux, n’est il pas ?

-Je lui couperais la langue.

Il le fixa droit dans les yeux. Il voulait voir sa terreur, car il était sûr qu’elle arriverait. Et cette fois ci, il n’y céderait plus. Il ne serait plus attendri par les pleurs d’un adolescent. C’était sa faute après tout, c’était lui qui l’avait provoquait.

-Vas y, je t’écoute.

Il n’aimait pas se comporter de la sorte, lui qui était si gentil et bon d’habitude. Mais c’était ces enfants qui l’y forçaient.