Elle plisse les yeux quand il répond. Préoccupation intéressée ? Elle n'aime pas. Mais elle n'aime pas Runaan et ses grands mots pédants et ronflants de bonnes manières fausses. Océane se demandait après quoi il court, mais O se contente de ressentir. Elle n'a plus l'âge pour ce genre de petit pari.

- Compagnes ou prisonnières ? Pourquoi partir ? Pourquoi ne pas discuter ? Nous avons tout le temps.

Son regard s'attarde sur la fée anonyme et endormie à présent. Non, pas sommeil. Mort. Morte pas épuisement, par manque de souffle de vie, manque de temps. Fuis, Runaan, fuis cette conversation qui déjà t'ennuie et te ronge de ce temps si précieux. O te regardera partir de ses yeux d'encre, elle ne te laissera pas de répit. D'autant que tu l'as réveillée, celle qui fut jadis la belle Océane. L'Impériale. La Mesquine, aussi, qui fouettait de ses mots avec un minois d'ange.

- La nuit est courte, Runaan. Cours. Bientôt le Soleil, bientôt la fin de tes ombres.

Elle dit ça avec un sourire narquois, le visage incliné et le port droit. Elle aurait pu être belle, si elle n'avait pas été si rongée par le Temps, tout comme toi.

- Tes sabots s'useront un jour. Mon Père sera toujours là.

Garce.