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Ailin Selès
Ailin Selès

☠ Habitante du Bayou ☠


✘ AVENTURES : 26
✘ SURNOM : L'Ivoire
✘ AGE DU PERSO : 24 ans

✘ DISPO POUR RP ? : Oui
✘ LIENS :
It is double pleasure to deceive the deceiver.

Divertissements : I - II - III

Reviresco - Queen of Spades Empty
MessageSujet: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMar 20 Oct 2020 - 21:24

Tout ce qui a trait à Ainhoa et à Lundi a été vu avec les concernés o/


Ailin Selès


Les Trucs

Surnom : L'Ivoire
Groupe : Pirate
Age : 24 ans
Rôle : Épouse du Baron Lundi.
Guérisseuse herboriste à mi-chemin entre sciences et magie (A été apothicaire. Héritière des pratiques d'une étrange femme du nom de Fenella)


Warning

Je préfère mettre un CW/TW global : pour la construction de ce perso il a fallu faire mention à un certain nombre de reprises à des problématiques en lien avec la dysphorie de genre. Ces mentions sont un peu parsemées et c'est compliqué de faire des warnings au cas par cas du coup. Les autres contenus sensibles sont balisés, je pense/espère n'avoir rien oublié.



Les Révérences

De loin, la première chose que l'on remarque, c'est sans doute la clarté éthérée, quasi-surnaturelle, qui caractérise l'ensemble de la silhouette d'Ailin. L'albinisme hérité de sa mère a transformé sa blondeur nord-européenne en blancheur immaculée. Ses cheveux lisses et longs sont souvent laissés libres, car c'est par leur présence qu'elle parvient à masquer l'angle d'une mâchoire qu'elle juge légèrement trop saillante à son goût. Sa peau très pâle lui donne selon certains l'air délicat, selon d'autres l'air fragile, voire inquiétant car maladif. Ailin ne supporte pas le soleil qui brûle son épiderme et blesse ses yeux gris clair dès qu'elle s'expose à un rayonnement lumineux trop intense.

"Fragile", c'est pourtant la dernière chose qui viendrait à l'idée quand on la connaît réellement. C'est une femme secrète au tempérament de glace bien caché par ses airs doux, lascifs, badins. Séductrice et dangereuse à l'instar d'une mante religieuse, Ailin dispose d'une intelligence vive, d'une ingéniosité, d'un sens aigu de l'analyse dont elle use presque en permanence dans ses relations. Elle ruse, elle calcule, elle lit au travers des regards, des gestes, des expressions. Elle masque ses propres réactions sous d'autres et paraîtra souvent insaisissable. Gare à celui qui pense l'avoir cernée : n'est t-elle pas en train de l'entourlouper ?

Peu sujette aux scrupules, cruelle même, parfois, elle ne recule devant rien pour obtenir ce qu'elle veut : peu lui importe ce qui arrive aux autres, tant qu'elle s'en sort. Usant généralement de poisons imperceptibles appliqués via des pointes si fines que la blessure se voit à peine, elle tue de sang-froid, sans remords ni hésitation lorsque cela l'arrange. Elle a une très mauvaise opinion de la plupart des hommes et prend un plaisir assumé à voir mourir ceux qui par leur comportement prédateur lui rappellent son père laissé dans l'Ordinaire, et à qui elle n'a jamais pu faire payer le mal qu'il lui a fait.

Il ne faudrait pourtant pas la penser intouchable, inatteignable. Quelques rares âmes ont passé ses murailles sans même qu'elle s'en rende compte et c'est lorsqu'elle s'attache qu'elle devient vulnérable. L'insensibilité relative d'Ailin laisse place aux doutes, aux failles, aux blessures qu'elle accumule depuis l'enfance et ceux qui la connaissent sous ce visage la découvrent bien plus humaine qu'elle aime généralement le montrer. La vipère cesse d'être un électron libre. Elle devient inconditionnellement loyale à ceux qu'elle aime, tendre, aimante, et même attentionnée.

Elle s'habille exclusivement en robes dont le style peut évoluer à l'occasion, selon les envies. Elle reste très attachée à la mode écossaise de son début de XVIIIème siècle et portera régulièrement des pièces qui s'en rapprochent. Elle arbore souvent le tartan vert des MacEwan de Kinlochbervie, fière de son appartenance au clan malgré tout ce qu'elle a accompli dans l'Ordinaire pour le couler, et malgré les idiots qui lui ont servi de père et de frère aîné. Elle aime se persuader que Lachlann, son frère cadet aimé et dernier héritier restant, a su redresser la barre et redonner au clan des valeurs auxquelles elle peut s'identifier. La variété de ses tenues est limitée par le soin qu'Ailin a de masquer son col afin que personne ne remarque son absence de poitrine. Elle fait illusion en rembourrant ses vêtements.

Ailin parle toujours sur un ton très doux, suave et mélodieux. Elle ne lève jamais la voix, peu prompte aux pertes de sang-froid et soucieuse de préserver l'ambiguïté de ses intonations. Charismatique, elle profite d'un port noble et d'une gestuelle grâcieuse, qu'elle rend très aisément lascive. Occasionnellement, il lui arrive encore de cacher son accent écossais, mais elle le fait désormais plus par jeu que par nécessité : elle aime parfois brouiller les pistes, se faire désirer, se rendre difficile à connaître et à comprendre.

Cela l'a beaucoup aidée et l'aide encore : elle a le visage doux, très fin, ainsi qu'une silhouette gracile. Tout n'est pas parfait, cependant. Elancée, elle dépasse allègrement le mètre quatre-vingt, ce qui fait partie des nombreux détails qui la dérangent dans son physique. C'est l'un de ses paradoxes : malgré sa forte personnalité, sa confiance en elle débordante (confiance en ses facultés, ainsi qu'en ses capacités à plaire), elle est en lutte permanente contre elle-même. Son aplomb est pour partie un masque qu'elle ne parvient à porter que lorsque ses interlocuteurs ignorent le détail de sa situation. Assez ironiquement pour quelqu'un qui use autant de séduction, elle craint le contact physique. Déjà parce qu'elle n'est pas à l'aise avec son corps. Ensuite parce qu'elle a toujours peur qu'on devine ses formes, lesquelles ne sont pas celles d'une femme cisgenre.

Son désir de rester cachée est à l'origine d'un malaise permanent dans son existence parmi les femmes du Baron Lundi : elle n'a d'autre choix que de rester très distante. Elle ne peut pas participer à de nombreuses activités communes, ce qui la frustre énormément. Dans les moments où tout le monde est ensemble et qu'elle reste seule dans son coin, Ailin est bien souvent mortifiée. Elle trouve mille excuses pour justifier son comportement : Le soleil agressant sa peau trop facilement, le magnétisme qui parcourt son corps et qui rendrait tout contact éprouvant... Mais ces excuses n'ont qu'une portée toute relative, et on a tendance à trouver Ailin trop fuyante. Certaines vont jusqu'à penser que la distance qu'elle prend est une forme de mépris à leur égard.

Son mode de vie depuis qu'elle est au Bayou a éveillé en elle des émotions qu'elle n'avait jamais expérimentées avant. Elle éprouve de la jalousie à l'égard du ventre rond des femmes enceintes et de toutes les facettes de la maternité dont elle est témoin et qu'elle ne pourra jamais expérimenter. Elle en retire un sentiment d'imperfection, d'erreur, d'incomplétion, qui alimente encore sa dysphorie (et vice versa).

C'est l'absence de possibilité qui la blesse plus que l'absence d'enfant. Elle n'est pas certaine d'avoir ce qu'il faut pour être mère. Elle n'a pas assez de souvenirs de la sienne, et son seul autre modèle parental est un désastre. La perspective de devenir un parent médiocre l'horrifie quand bien même elle sait qu'elle ferait forcément mieux que son père, même si elle ne parvient pas à s'attacher à l'enfant. Mais tout cela est hors de propos. Elle sait qu'elle pourrait donner la vie autrement, mais c'est une option qu'elle ne peut pas envisager. Elle ne veut pas de ce rôle là.

Elle a du mal à assumer son attirance pour les femmes, qu'elle n'a découverte qu'assez récemment. Elle est aussi attirée par les hommes.

Du genre à tout prévoir quatre coups à l'avance, elle a besoin d'être en contrôle en permanence. Elle ne relâche ce contrôle que très rarement, et seulement en présence de personnes en qui elle a entièrement confiance (autant dire qu'elles sont peu nombreuses).

Ailin aime beaucoup la lecture. C'est quelque chose qu'elle garde de son enfance. Elle apprécie toujours énormément retrouver l'un ou l'autre des livres qui figurait dans la grande collection de sa mère, et est aussi friande de nouvelles découvertes. Il lui a été très étrange de constater que sur l'Île, il est possible d'apprendre ce qu'il s'est passé dans l'Ordinaire des siècles après son temps de vie. Si elle trouve un livre d'Histoire, elle le dévore. Reconstituer un futur dont elle n'aurait pas dû être témoin est une activité qu'elle juge passionnante. Elle tente de comprendre comment cette Histoire s'est construite, comment les mœurs et les sociétés ont évolué au gré des siècles qu'elle n'a pas connus.

Elle s'intéresse plus largement à tout ce qui a trait au domaine de la création artistique. A la peinture, par les livres qu'elle récupère. A la musique - qu'elle voudrait apprendre à lire - quand elle peut en entendre. Au théâtre, dont elle aimerait voir des pièces jouées. Dans certains ouvrages récents, elle a découvert ce qu'était le cinéma et serait là aussi très curieuse de voir ce que cela donne en vrai. Elle fait en sorte de s'ouvrir à des créations, des traditions, des cultures qui ne sont ni de son époque, ni de ses origines. Ca ne vaut pas que pour l'Art de l'Ordinaire, d'ailleurs. Elle s'intéresse à tout ce qui se fait sur l'Île. Et sa vie au Bayou l'amène évidemment à appliquer ces capacités d'adaptation au quotidien.

Dans une autre vie, Ailin a été employée, puis gérante connue et reconnue du Casino du Port. Elle aime beaucoup le jeu, et c'est une chose pour laquelle elle est très douée. Ses capacités d'analyse de calcul et de planification ainsi que son bluff à toute épreuve en font une adversaire redoutable. A l'époque où elle gérait le Casino, on la surnommait la Dame de Pique. C'est ironiquement pertinent vis-à-vis des méthodes dont elle usait pour se débarrasser des gêneurs - ce dont évidemment personne n'est vraiment au courant.

Ancienne guérisseuse herboriste, puis ancienne apothicaire dans l'Ordinaire, la botanique et ses applications médicales l'ont toujours intéressée. Ailin ne crée pas que des remèdes, cependant... Elle éprouve même une certaine préférence à concevoir des poisons. Sa science des plantes très avancée tient moins à sa formation académique, qu'elle a réalisé à Lancaster, qu'au temps qu'elle a passé avec l'érudite Fenella qui enfant la considérait comme son apprentie même si elle n'a jamais eu le temps de lui apprendre ses secrets les plus précieux. Au pays de Jamais, une fée du nom de Cigüe a permis à l'écossaise de récupérer le grimoire de Fenella et depuis, Ailin en étudie le contenu, ce qui lui a permis de véritablement reprendre le flambeau.



L'Unique au monde

Les personnes à qui elle tient vraiment se comptent sur les doigts d'une main. Parmi elles, deux habitants du Bayou. Elle n'avait pas prévu de tomber amoureuse du Baron Lundi lorsqu'elle s'est approchée de lui pour le séduire, par nécessité. A force d'humour et de discussions pleines d'esprit, c'est pourtant ce qui est rapidement arrivé. Désormais, il tient une place particulièrement importante dans son cœur. Avec lui, elle a exploré de nombreuses zones inconnues, elle a commencé à construire ses limites. Elle les construit encore, au fur et à mesure qu'elle se départit de son inexpérience.

Ainhoa, femme de Lundi avec laquelle elle partage de nombreux points communs, la considérait initialement comme une ennemie. Leur relation houleuse s'est transformée de façon tout à fait inopinée et désormais, elles sont à l'inverse devenues très proches, très complices. Leur relation si forte qu'elle est devenue charnelle comporte un aspect ambigu. Ailin n'est pas certaine de savoir ce qu'elle ressent exactement pour Noa. N'est-ce qu'une profonde amitié doublée d'une attirance physique anecdotique, ou bien cela va t-il au-delà ?

Ce qui est important pour eux est important pour elle et elle le défendrait bec et ongles, aux dépends de sa propre personne, s'il le fallait. Elle est donc très impliquée dans sa nouvelle famille.

Est-ce l'œuvre de la seule bénédiction qu'elle a reçu des fées ou bien l'Île a t-elle arbitrairement décidé de doter Ailin d'une magie blanche à la hauteur de son titre de mage guérisseuse affiliée à la nature et aux anciens rites ? Toujours est-il qu'elle a développé une sorte de magnétisme qui fait courir dans son corps, et en particulier dans ses bras, une énergie étrange qui se manifeste par vagues et par des effets de température (chaud, ou à l'inverse froid glacial...). Ce pouvoir a tendance à lui donner la main verte et augmente l'efficacité des remèdes et des poisons qu'elle prépare. Depuis son arrivée au Bayou elle lui a découvert d'autres utilités. Ailin est capable de sentir l'origine d'une douleur, d'un mal, lorsqu'elle passe ses mains sur un corps. Elle sait instinctivement où appuyer pour relâcher des pressions. Elle peut apaiser le stress, les tensions, les angoisses. Par imposition des mains et/ou par modestes manipulations, elle est en mesure de soigner des affections mineures. De contribuer à apaiser celles qui le sont moins.

Malheureusement, ce phénomène n'a pas que des avantages. Cette modification qu'elle a subi tend à parasiter les autres pouvoirs mineurs de l'Île. Dans le meilleur des cas, elle en sera protégée. Mais il y a aussi le risque que l'action de ces magies devienne parfaitement aléatoire voire dangereuse pour elle. C'est ainsi qu'elle a failli mourir en consommant une potion concoctée par un autre, régie par des énergies incompatibles aux siennes, alors qu'elle aurait dû lui être parfaitement inoffensive.

Cigüe, qui aime surveiller ce qu'Ailin fait du grimoire de Fenella et qui la fournit en ressources de l'Ordinaire, n'a pas été ravie de sa décision de se marier au Baron Lundi. Désormais, elle visite moins souvent Ailin, ou en tous les cas moins longuement. Le Bayou n'est pas fait pour elle : elle s'y sent mal. Elle ne peut pas y séjourner bien longtemps.

Pour mieux s'intégrer au Bayou malgré ses origines étrangères et son apparence qui se démarque largement, Ailin a évidemment usé de sa verve acérée, mais elle s'est aussi servie de ses pouvoirs. Même si sa magie n'est pas du vaudou, elle a avec juste suffisamment de points communs pour que cela ait joué en sa faveur. Puis des dons de guérison ont cela de pratique qu'ils tendent à attirer la sympathie de ceux qui en profitent.

Dans la demeure du Baron Lundi, Ailin occupe une suite de taille standard qui a été divisée en plusieurs zones distinctes (elle se sent plus à l'aise ainsi, cela lui fournit une confidentialité, une intimité supplémentaire). On entre par une pièce divisée en deux parties. Dans la première, un petit salon accueille le visiteur. Des bibliothèques sont installées aux murs, des fauteuils disposés pour la lecture. Ailin a récupéré un gramophone sur le rivage et elle l'a installé sur un petit guéridon. Elle collectionne les rares vinyles qu'elle trouve ou que les pirates bermudons vendent ou échangent.

Une porte à gauche du salon donne sur une seconde pièce : la chambre. Elle n'est quant à elle pas subdivisée, à l'exception d'un coin dans lequel on a installé une petite salle de bain de commodité assez similaire à celle qu'on pourrait trouver dans une chambre d'hôtel. Ailin ne peut pas utiliser les bains communs. Il était donc nécessaire qu'elle dispose de cette installation. Réhaussant le degré de confidentialité des lieux, le lit à baldaquin (dont les rideaux la rassurent) ainsi que le paravent installé à proximité. Quelques armoires. Les meubles classiques associés à une chambre.

Une vitre sépare le salon d'une petite serre pleine d'une végétation dense et variée. Ailin y fait pousser des plantes sélectionnées (certaines espèces rares qui ont besoin de conditions particulières pour s'épanouir, et celles dont elle a le plus couramment besoin). La serre se prolonge jusqu'au balcon, lequel est donc recouvert d'une baie vitrée. Bien qu'étroit, le balcon se prolonge en L sur la gauche sur toute la largeur de la chambre. Du matériel y est installé pour observer le ciel : selon les configurations célestes, certaines plantes, certains rituels sont plus ou moins efficaces ou conseillés. On pourrait se dire que cela ne signifie pas nécessairement grand chose sur l'Île, mais Ailin a la sensation que la magie y est avant tout question de symbolique et qu'il existe d'effectives relations de cause à effet entre le ciel qu'elle observe et ses pratiques. Ce ciel n'a rien de cyclique ni de logique, mais d'une manière ou d'une autre cela fonctionne quand même. Elle ne met évidemment cela en pratique que lorsqu'il est suffisamment dégagé pour le permettre (les humeurs de Lundi l'en empêchent parfois, mais ce n'est généralement pas dramatique, elle procède autrement).

Une trappe dans le sol de la serre mène à un escalier qui descend à l'étage inférieur jusqu'à une petite pièce sombre sans fenêtres ni portes. On y trouve le laboratoire d'Ailin : matériel pour les mélanges, alambic, balance, stocks, bureaux, carnets de note... etc. L'isolement lui permet de mieux se concentrer et d'être plus sereine. Elle aime contrôler la luminosité des lieux en fonction de ses besoins à l'aide de torches et de lampes à huile.



L'île

Comment vis-tu ta vie à Never Never Land ?
Par rapport au bagne qui m'attendait dans les colonies anglaises, puis à la mort presque certaine qu'aurait dû m'apporter le naufrage de mon navire, l'Île de Jamais m'est apparue comme un miracle. Je n'ai jamais regretté mon arrivée ici, bien au contraire. Pour la première fois j'ai pu construire une vie qui me ressemble entièrement. Tout n'est évidemment pas rose. Le Pays de Jamais est rempli de dangers et la magie qui le domine n'est pas toujours source d'émerveillement, loin de là. Mais ce ne sont que des détails mineurs vis-à-vis de ce que j'ai trouvé ici : moi-même, tout d'abord. Et puis un bonheur presque parfait, de façon tout à fait inattendue.


Qu'éprouves-tu pour l'Ordinaire ?
L'Ordinaire m'intéresse encore mais je n'éprouve pas spécialement l'envie d'y retourner vivre. Je l'observe avec curiosité par l'intermédiaire des ouvrages qui m'en parviennent et des divers témoignages que les bermudons apportent avec eux. J'en ai finalement une vision plus large, plus riche, plus complexe et plus complète, bien plus intéressante et intéressée que lorsque j'y étais plongée jusqu'au cou.

A mon goût, c'est maintenant que j'en suis extraite que je peux en profiter de façon privilégiée. L'absence de temps est une opportunité en or d'avoir une existence bien plus remplie que celle à laquelle se destinent inexorablement les habitants de l'Ordinaire.


Que représente Peter Pan pour toi ? Et le capitaine Hook ?
Ils sont tous les deux très dangereux et ce sont des créatures dont il faut se méfier, dont il ne faut s'approcher qu'avec une extrême prudence, c'est une évidence.

Peter Pan n'étant pas accessible à la raison, ce n'est pas le genre d'esprit avec lequel j'apprécierais traiter. Sa toute puissance et son imprévisibilité en font le plus grand danger qui pèse sur l'Île toute entière, à laquelle il permet paradoxalement d'exister. Quand bien même il serait encore éveillé, je n'ai pas de réelle raison de le croiser ou de le côtoyer et je m'en satisfais pleinement. Je préfère traiter avec des facteurs, des paramètres que je maîtrise.

Je ne m'entendais pas si mal avec le Capitaine et je pensais que nous avions trouvé un point d'entente commun, un arrangement satisfaisant qui m'offrirait une certaine protection, une certaine stabilité sur le Port. Je me suis malheureusement trompée et je reste relativement amère vis-à-vis de l'équipage du Jolly Roger et de ceux parmi les habitants du Port qui ont contribué à ma fuite précipitée. J'ai sous-estimé la force de leurs a priori, de leurs biais, de leur stupide fierté masculine, et on ne m'y reprendra plus.


Développe ta chronologie en dates ou en intrigue :
Ailin naît en 1691 dans une branche du clan écossais MacEwan indépendante installée près de Kinlochbervie, à l'extrême pointe des Highlands.

En 1715, elle est faite prisonnière et déportée vers la Jamaïque sur un bateau qui fait naufrage alors qu'il est presque arrivé à destination. Elle passe la faille des bermudes.

Elle s'échoue sur la plage et arrive sur l'Île parmi les bermudons les plus précoces lors de la Pluie Salée.

Son évolution est très prompte : croupière au Casino du Port, elle prend rapidement sa gestion. Elle se rapproche du Baron Lundi durant la période de transition qui mène peu à peu à l'arrivée du Givre. Elle se marie et s'installe au Bayou bien avant que la situation ne dégénère et que les Rebelles soient relogés de force au Ranch.

Elle a passé tout le Givre au Bayou. Elle ne le subit pas de plein fouet mais il lui est plus compliqué de se procurer certaines plantes de l'Île désormais, quand bien même elle fait pousser un certain nombre d'entre elles dans sa serre.




L'Ordinaire


Il existait de multiples sous-branches du clan écossais des MacEwan. L'une d'entre elle avait élu domicile tout au nord de l'île, sur l'extrême pointe des Highlands, à proximité de l'actuelle Kinlochbervie. En 1686, le clan était en grandes difficultés. Ce n'est que le mariage de son nouveau chef Cormag MacEwan avec Isbeil Sinclair, issue de l'éminent clan du même nom, qui sauva de justesse les MacEwan de Kinlochbervie d'un désastre humain et économique.

Trois ans plus tard, Graham MacEwan était né. Deux ans plus tard encore, c'était au tour d'Ailean MacEwan de voir le jour. Deux frères - ou du moins c'est ce que tout le monde crut. Deux héritiers qui évoluèrent dans des sens totalement opposés et dont on pressentit la mésentente à venir dès la toute petite enfance, malgré une première période de vie relativement douce et agréable pour chacun.

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CW/TW : Transphobie dans le cadre familial (mentions restreintes)

Graham grandissait pour être proche de son père, dont il partageait le tempérament rude et bagarreur. Ailean, tout à l'inverse, entretenait un rapport privilégié avec sa mère, laquelle lui avait anecdotiquement transmis sa maladie de peau : ils partageaient le même teint très pâle, la même chevelure blanche, les mêmes yeux gris clair.

Isbeil ne s'était mariée que par convenance. Elle ne portait pas son mari dans son cœur, mais elle le cachait extrêmement bien. Cormag s'étant très vite entiché d'elle, il avait tendance à tout lui laisser passer, ce qui rendait probablement la situation plus facile à supporter pour ce chef qui n'en avait que le nom : la coopération d'Isbeil étant la seule et unique raison pour laquelle le clan tenait encore debout, il était obligé par la situation à obéir à toutes ses exigences.

C'est ainsi qu'Isbeil put protéger Ailean du mépris et de la malveillance de son père et de son aîné durant toute la première partie de sa vie. On lui passait son tempérament trop intellectuel au goût des autres MacEwan. Ailean passait son temps sur les genoux de sa mère à l'écouter lire des histoires, des contes, des récits variés venus de contrées qui paraissaient à l'enfant bien fascinantes, étranges et étrangères : Isbeil possédait une grande collection de livres qu'elle avait apportée avec elle, et ces livres provenaient de l'Europe entière. Parfois même de plus loin encore.

Très vite, Ailean eut des propos que ses ainés jugèrent perturbants : l'enfant affirmait ne pas être du genre qu'on lui avait attribué par défaut. Encore une fois, ce fut Isbeil qui protégea Ailean des foudres de Cormag et des plaisanteries malveillantes de son frère aîné. On se contenta de "le" rectifier et d'attendre que l'âge apaise ce que l'on considérait comme des lubies d'enfant.

Et effectivement, Ailean cessa d'en parler. Ailean crut se tromper, car après tout on lui donnait unilatéralement tort. Le lieu comme l'époque ne donnaient aucune chance à son identité de se déployer et de respirer librement. La petite fille trouva pourtant et finalement une validation inattendue dans la relation qu'elle entretenait avec la vieille Fenella Skene. Fenella Skene, elle, la croyait.

Fenella Skene, c'était la femme de chambre qu'Isbeil avait amené avec elle. C'était une vieille dame vraiment très étrange. Elle paraissait "terriblement jeune pour quelqu'un de terriblement âgé". Son visage ridé était toujours tiré par un sourire de mystère. Son œil gauche était aveugle, mais le droit n'était pas moins dérangeant, car elle avait ce genre de regard qui donne l'impression d'être instantanément sondé, entièrement cerné et analysé. Fenella était une herboriste et une guérisseuse de grand talent. Par un quelconque miracle et sans que personne n'ait vu comment elle s'y était employée, elle était parvenue à remédier aux problèmes de fertilité des champs du domaine. Elle avait aussi enrayé une épidémie qui décimait les troupeaux. Pour toutes ces raisons, Cormag était persuadé qu'elle était une sorcière. Il l'aurait dénoncée à l'Eglise si seulement il avait pu se le permettre : Isbeil tenait à Fenella comme à sa propre mère. Les MacEwan ne pouvaient de toute façon pas se passer de ses services : sans ses soins réguliers, l'état du domaine se serait immédiatement dégradé.

Fenella était peut-être une sorte de sorcière, en effet. Elle savait bien des choses que personne ne connaissait : sa science des végétaux dépassait de loin les standards de son époque. Ses stocks impressionnants semblaient comme venus de nulle part, car certaines plantes qu'elle gardait dans ses appartements ne poussaient pas dans les Highlands, ni même dans de proches pays. Elle était capable de créer des cataplasmes, des onguents, des médecines très efficaces. Elle pouvait aussi concevoir les plus dangereux poisons.

Tout cela, Ailean le savait, car Fenella avait décidé de la prendre sous son aile : dès l'âge de six ans, constatant le goût de l'enfant pour les cours de botanique qu'elle lui offrait occasionnellement, elle décida d'en faire son apprentie. Dès lors, tout le temps qu'Ailean ne passait pas avec Isbeil, le nez dans les pages de ses ouvrages préférés, elle allait rejoindre Fenella et apprenait quantité de savoirs dont elle n'imaginait alors pas qu'ils puissent être rares ni exceptionnels. Elle apprenait avec innocence et passion et, parfois, alors qu'elle s'adonnait à quelques travaux pratiques dans l'antre de Fenella, une petite sensation étrange lui donnait l'impression d'être observée. Une fois, une fois seulement, elle crut voir en tournant la tête une lueur fugace lui échapper. Elle s'imagina longtemps l'avoir rêvée.

Isbeil et Cormag ayant eu énormément de difficultés à mettre au monde un troisième enfant, Graham avait 9 ans et Ailean 7 ans quand naquit Lachlann, leur frère cadet. Ce ne fut un jour heureux pour personne, car ce fut celui de la mort d'Isbeil, laquelle ne survécut pas à l'accouchement.

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CW/TW : Transphobie dans le cadre familial (mentions restreintes)

Très affectée par la mort de sa mère, Ailean plongea la tête la première dans ses activités favorites afin d'oublier sa peine. Elle hérita naturellement de la collection de livres d'Isbeil et la dévora sans réfléchir, abordant de nombreuses lectures difficiles, loin d'être communément conseillées pour un enfant. Malgré son intelligence vive, Ailean ne comprit pas forcément tout, mais là n'était pas nécessairement l'intérêt : les mots distrayaient son esprit, ils fonctionnaient comme un anesthétique.

Son intérêt pour la botanique enfla. Elle passa de plus en plus de temps avec Fenella, avide d'apprendre tout ce qu'elle avait à lui enseigner. Ce qu'il lui restait de temps libre allait à Lachlann et sa nourrice. Loin de partager l'amertume de Graham qui considérait leur frère cadet responsable de la mort d'Isbeil, elle décida de s'impliquer dans son éducation. Malgré son jeune âge elle était déjà très critique et ne jugeait pas Cormac en mesure d'être un parent correct. Elle était la seule famille de sang valable qu'il restait à Lachlann.

Fenella tentait de protéger Ailean de son frère aîné et de son père, mais son influence, quoique non-négligeable, n'était pas similaire à celle d'Isbeil. Graham harcelait dorénavant Ailean sans scrupules ni hésitation dès lors que la vieille herboriste n'était plus à proximité. Cormag fut un père inattentif et très absent dans les premiers mois suivant le décès de sa femme mais, au fur et à mesure qu'il commençait à accepter la nouvelle situation, son attention se tourna malheureusement sur ce second né dont il n'arrivait pas à se satisfaire de l'évolution. Les reproches et les exigences désagréables commencèrent à fuser. Cette situation se prolongea de lourdes années durant.

Il fallut faire quelques concessions. Cormag souhaitait éloigner Ailean de Fenella, dont il jugeait l'influence néfaste. Il fut convenu qu'Ailean partirait étudier l'apothicairerie dans une université des Lowlands lorsqu'elle atteindrait l'âge de 16 ans. Cormag espérait que cette nouvelle formation efface de l'esprit de son enfant les savoirs hérétiques transmis par la vieille femme. Ailean se satisfaisait de cet accord. Selon elle, loin de contredire tout ce qu'elle avait déjà appris, la maîtrise de cette discipline ne serait qu'une corde de plus qu'elle ajouterait à son arc.

Malheureusement, cette décision ne tint pas assez longtemps pour être effectivement appliquée. Ailean avait 15 ans, Lachlann en avait 8. Les deux enfants étaient devenus très proches, trop proches au goût de Cormag qui trouvait chez son fils cadet des ressemblances, des "fragilités" qu'il mettait bien volontiers sur le compte de l'influence d'Ailean. Il tomba sur les deux enfants qui jouaient dans la garde-robe de leur mère, qu'on avait gardée dans une pièce à part avec toutes ses possessions résiduelles.

Le choc fut d'autant plus profond qu'habillée de cette façon, Ailean était le portrait craché de sa mère. Cormag pensa voir un fantôme. Sa réaction fut d'une violence extrême, à la hauteur des émotions qui naquirent en lui à ce moment et qu'il se refusa toujours - ou presque - à assumer.

Il était hors de question que cela se reproduise. Il avait été trop laxiste. Le tort était grand, et il fallait le rectifier.

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CW/TW : Transphobie dans le cadre familial, virilisme, dysphorie (court passage), mention à un viol

L'Université n'était pour le moment plus au programme. Désormais, Cormag avait de nouveaux plans pour son second né, lesquels se résumaient à refaire son éducation de A à Z sur le modèle de celle qu'il avait donnée à Graham. Ce modèle, le chef de clan l'aurait unilatéralement adopté pour tous ses fils si Isbeil ne l'avait pas convaincu de faire autrement. Il était désormais persuadé qu'il avait eu tort de l'écouter.

Lachlann fut envoyé vivre chez les Sinclair, là où Ailean ne pourrait plus lui servir de terrible modèle. Cormag en profita pour renvoyer Fenella chez elle provisoirement. Ailean venait de perdre ses seuls alliés à Kinlochbervie.

On la força à couper ses cheveux trop longs. On fit tout pour éteindre la féminité qui se dégageait d'elle, et de son apparence. On la reprit incessamment sur sa gestuelle. On surveilla ses habitudes vestimentaires dans des proportions ridicules. On la força à suivre un entraînement guerrier qu'elle détesta profondément de la première à la dernière des minutes qu'il lui fallut y consacrer. Graham servait de maître à Ailean. Il en profita pour lui en faire baver. A ses piques insultantes s'ajoutaient les coups qu'il n'hésitait pas à lui donner, plus forts, et pendant bien plus longtemps que le nécessitaient les entraînements.

Ailean évidemment étouffait, et rien ne s'arrangea quand le résultat de ce traitement commença à modifier sa silhouette. Le malaise permanent qu'elle ressentait depuis l'enfance enflait et prenait peu à peu le goût d'une insupportable horreur. Elle ne voyait plus que deux options supportables : mourir, ou partir.

Elle se prépara donc à partir, tout en faisant semblant d'être docile. Il lui fallait planifier son départ : Comment se cacherait-elle ? Où ? Sous quelle identité ? Comment surviendrait-elle à ses besoins ? D'une oreille, elle entendait son père - qui n'était pas très heureux de ses performances à l'épée - envisager de "régler le problème qu'elle représentait" en la forçant plutôt à rejoindre l'Église. Être prêtre serait probablement plus supportable que de rester à Kinlochbervie, mais Ailean avait désormais une autre idée : elle voulait sa totale liberté.

C'est une période de deux ans durant laquelle beaucoup de bétail mourut, emporté par une mystérieuse maladie. Cormag pouvait tout prendre à Ailean, mais il lui restait les plantes, et son envie de vengeance chaque jour plus amère et profonde.

Rien de ce que Cormag avait forcé Ailean à faire n'avait jamais vraiment effacé le souvenir de sa silhouette en robe, si semblable à celui qu'il lui restait d'Isbeil. Cela finit par avoir de tristes conséquences. Un soir que le chef de clan avait énormément bu, il croisa Ailean dans les couloirs et vit en elle ce qu'il avait tenté d'oublier pendant tout ce temps : elle restait le portrait craché de sa femme décédée. Cormag se laissa emporter par ses envies inavouables. Plus fort et meilleur guerrier, il prit le dessus, et il fit l'impensable.

Cela donna le top départ. Ailean ne pouvait plus rester ici. Quelques nuits plus tard, malgré ses préparatifs incomplets, elle s'en alla. On retrouva le meilleur chien de Cormag égorgé. Le bétail, et maintenant son fidèle compagnon. Ce n'était toujours pas assez. Cette revanche était insuffisante mais au moins, enfin, Ailean s'était échappée.

--

Ailean avait aussi volé à son père son meilleur cheval. Sur son dos, elle galopa vers le sud pendant de longs jours et de longues nuits. Le traitement détestable qu'elle avait reçu avait au moins servi à une chose : elle était désormais capable d'assurer sa propre sécurité, ce qui dans ces contrées pour diverses raisons dangereuses n'était pas négligeable.

Cela faisait des semaines, des mois même qu'elle détournait subrepticement l'argent des coffres de sorte à réunir un pactole suffisant pour s'installer ailleurs et démarrer une vie décente. Elle décida de passer du côté anglais, jugeant qu'on la retrouverait moins facilement de ce côté de la frontière. Elle s'installa à Lancaster où elle se fit passer pour Ailin Flynn, fils d'une famille d'origine irlandaise assez aisée venu s'installer en ville pour entreprendre des études d'apothicaire. Pour plus de crédibilité, il lui fallut apprendre à masquer son accent.

La somme coquette qu'elle avait réuni avant son départ suffisait à convaincre la plupart des gens. Les autres se laissaient envoûter par l'éloquence, l'élégance, l'art de l'analyse, du mensonge et de la comédie dans lesquels Ailin excellait depuis son plus jeune âge. C'est à cette période de son existence qu'elle commença à affuter réellement ces talents, lesquels deviendraient bientôt ses meilleures armes, dangereuses au même titre que ses poisons.

Devenue apprentie apothicaire, Ailin ne tarda pas à faire la fierté de ses instructeurs. Il fallait dire qu'elle partait avec une longueur d'avance. Durant ses journées de travail, il lui arrivait parfois de retrouver cette impression d'être observée qu'elle n'avait plus réellement ressentie depuis le départ de Fenella. Plus d'une fois, il lui arriva de se retourner pour vérifier si quelqu'un l'observait dans son dos. Il n'y avait jamais personne.

"Flynn". Elle ne considéra jamais ce patronyme comme autre chose qu'une fausse identité, une manière d'effacer ses traces. Pour le meilleur et pour le pire, elle restait une MacEwan. "Ailin", en revanche, était une modification de son prénom de naissance qui sonnait très agréablement à ses oreilles, qui semblait comme rectifier un tort. Il se rapprochait d'Aileen, ou encore d'Aylin. Il lui suffisait de jouer sur la prononciation. Dans certaines contrées, il était perçu comme un prénom ouvertement féminin. Alors même qu'ici comme ailleurs elle était encore forcée à faire semblant, il était pratique, et elle était bien décidé à le garder.

Ailin vivait seule. Le temps passant, elle se rendit compte que plus rien ne la bridait. La musculature qu'elle avait développé commençait à fondre. Elle avait conscience de son physique ambigu, conséquence d'un hasard généreux. Un jour, elle franchit le pas et entra dans une boutique, prétextant être à la recherche de cadeaux pour une fiancée inexistante.

Dans les premiers temps, elle n'assuma ces vêtements qu'entre les murs rassurants de sa maisonnette. Puis elle se jugea suffisamment convaincante, quasiment méconnaissable sous la lumière de la lune lorsqu'elle maquillait ses cils trop blancs, lorsqu'elle cachait sa chevelure trop claire sous divers voiles et parures. Elle décida d'adopter, la nuit venue, une nouvelle identité.

Il apparut très vite que sortir de nulle part et n'apparaître que de nuit pour badiner sous cette apparence comportait de nombreux inconvénients, notamment car on considérait qu'elle n'avait rien à faire ici à moins d'être concernée par certaines activités à son goût impensables. Elle tentait d'être prudente, mais rien à faire : elle attirait les hommes comme la lumière le faisait avec les insectes.

Assez rapidement, l'un d'entre eux se montra si insistant qu'elle prit peur : elle eut l'impression d'être de retour face à son père, lors de cette malheureuse nuit qui avait précipité son départ. Du même temps, elle craignit que la proximité physique amène le rustre à découvrir son secret. Toutes ces raisons conduisirent Ailin à une décision aussi précipitée qu'instinctive : elle enfonça dans le flanc de l'homme le poignard à la lame recouverte de poison qu'elle emportait pour se protéger en cas de problème.

Ce fut une véritable épiphanie. Elle découvrit avec surprise le plaisir que lui procurait ce meurtre accidentel. C'était comme tuer Cormag. C'était comme tuer Graham. La plupart des hommes qu'elle rencontrait ne valaient guère mieux qu'eux. Elle débarrassa le cadavre à ses pieds de ses possessions de valeurs. Le plus gros de ses économies était dépensé, et ce n'était pas avec son salaire d'apprenti qu'elle allait rouler sur l'or.

Très vite, Ailin se prit au jeu, et elle recommença. Elle restait prudente afin de n'être jamais prise sur le fait et de minimiser les soupçons, mais désormais, elle n'avait plus aucune hésitation : la séduction était un jeu qu'elle trouvait absolument délicieux. Attiser, aviver, entretenir le désir dans les yeux de ces hommes, tout tourné sur la plus authentique version d'elle-même qui avait jamais existé, était jubilatoire. Les regarder mourir aussi.

Reprendre son identité "légale", le jour, devenait très difficile. Elle supportait de moins en moins cette vie et aurait voulu n'exister que lorsque le soleil se couchait. Peu à peu, elle songea à partir encore. Faire comme Fenella, peut-être. Retourner en Ecosse. S'installer comme herboriste et guérisseuse dans les contrées où les médecins manquaient. Ne plus tuer que si nécessaire, si on la découvrait.

Parce qu'il avait un profil aux antipodes du coupable désigné, c'était l'identité d'Ailin Flynn qui à ce jour assurait sa sécurité. Elle avait beau les espacer, ses meurtres n'étaient pas passés inaperçus. Elle commença à réfléchir à la conception d'une arme discrète : Il lui fallait une pointe si fine que la blessure ne se remarquerait pas. Une substance toxique puissante à petite dose, capable d'arrêter le cœur d'un homme. A l'avenir, il lui faudrait déguiser ses meurtres en accident.

--

Les MacEwan de Kinlochbervie étaient de ces clans sensibles à la cause jacobite. Quand survint la rébellion de 1715, Cormag et Graham confièrent la gestion du clan à un cousin et partirent tous les deux en expédition vers le sud. Ils firent partie des rares highlanders à suivre la rébellion jusque dans les terres anglaises et c'est ainsi qu'ils s'arrêtèrent à Lancaster, où Ailin avait terminé son apprentissage et exerçait comme apothicaire qualifié depuis plus d'un an.

Consciente de l'implication potentielle de sa famille dans la rébellion, Ailin ferma boutique quelques jours afin d'être certaine de ne pas les rencontrer. Elle se permettait en revanche de sortir la nuit et c'est ainsi qu'elle tomba sur son frère. C'est plus exactement lui qui lui tomba dessus, entamant un rentre dedans d'une inélégance et d'une balourdise qui n'étaient plus à prouver. Graham ne l'avait pas reconnue.

Dès cette constatation faite, Ailin n'eut pas la moindre hésitation : elle rentra dans son jeu. Elle le séduisit, et au moment où cet idiot pensait obtenir ce qu'il voulait, elle glissa dans son oreille quelques mots qui produisirent une brutale prise de conscience. C'était trop tard : déjà, la lame glissée entre ses côtes empoisonnait son sang.

La mort de Graham créa l'agitation parmi les jacobites. Ailin le savait. Elle savait aussi qu'elle aurait dû faire profil bas le temps que leur armée s'en aille, mais c'était laisser passer sa chance d'offrir à Cormag - s'il était ici - le traitement qu'il méritait réellement, qu'elle n'avait eu de cesse d'infliger à tant d'autres sans jamais que sa soif ne soit assouvie, car celui qu'elle voulait véritablement punir courait toujours.

Sa haine lui fit commettre une imprudence. Elle voulut agir trop vite. Elle surveilla le cadavre de Graham à distance, attendit que son père arrive, profita de la moindre miette de peine qu'il donnait en spectacle. Puis lorsqu'il partit, elle le suivit pour l'assassiner furtivement alors qu'il passait dans une rue plus étroite, moins fréquentée. Les soldats sur le qui-vive la repèrent et arrêtèrent son geste avant qu'elle n'ait eut l'occasion d'aller au bout.

Cormag la reconnut presque instantanément. Il comprit tout aussi vite que la mort de Graham était de son fait. Ecœuré, il lui cracha au visage avant de laisser la milice l'emporter. Il ne lui rendit pas visite. Il ne chercha pas à s'impliquer dans son jugement. A ses yeux, Ailin n'existait plus.

Elle eut de la chance, en un sens, puis qu'elle évita la peine capitale. Elle écopa d'une peine de déportation vers la Jamaïque et on l'embarqua parmi toute une tripotée de prisonniers qui la regardaient de travers. Ce fut un voyage affreux, durant lequel elle tomba très malade et manqua de passer l'arme à gauche. Tout cela pour que le navire n'arrive jamais à destination.

Alors qu'ils n'étaient plus si loin des côtes, il y eut une tempête affreuse et le bateau sombra.





Dernière édition par Ailin Selès le Mer 28 Oct 2020 - 15:01, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMar 20 Oct 2020 - 21:25


Du Port au Bayou


La première des émotions qui traversa Ailin lorsqu'elle se réveilla fut l'étonnement absolument transcendant d'être encore en vie malgré les circonstances. Elle était échouée sur une plage, de lourdes menottes encore vissées aux poignets, leur chaîne toujours fixées à un vestige de la coque du bateau. Par un quelconque miracle, elle ne cracha qu'une quantité d'eau restreinte. C'était à croire qu'elle n'était pas restée en mer très longtemps.

Toujours très malade, elle tremblait et brûlait d'une fièvre qui ne redescendait plus depuis des jours. L'hygiène des prisonniers n'étant pas la priorité des geôliers, elle portait toujours la robe dans laquelle elle était au moment de l'attaque échouée contre son père. Elle était trempée de la tête aux pieds,  et barbotait dans l'eau de mer depuis un temps qu'elle ne savait pas compter. Elle se sentait donc moins crasseuse, mais cela ne changeait rien au fait qu'on l'aurait crue vêtue d'une serpillière usagée - à tout le mieux. Si faible et fatiguée qu'elle fut, elle bloqua les chaînes de ses menottes derrière un rocher et commença à tirer pour tenter de glisser ses mains au dehors des ronds de métal. Il lui aurait fallu des huiles mais à défaut, il lui faudrait se contenter de l'eau qui rendait sa peau plus glissante et qui lui permettrait peut-être de se dégager sans se rompre les os des pouces.

"Alors c'est comme ça qu'on séduit les rochers ?"

Ailin sursauta brutalement. Elle n'avait entendu personne arriver. Les yeux écarquillés, elle se tourna pour découvrir un homme dont l'apparence saisissante bloqua brièvement ses facultés de parole. Il avait une chevelure étonnamment pâle, en comparaison de sa peau très sombre. Elle cacha sa peur d'être agressée sous l'amusement sensible que provoquait en elle la singulière question posée. Sortie de nulle part, elle était parfaitement inadaptée aux circonstances. Il était difficile pour Ailin de ne pas ironiser en réaction au caractère incongru et déplacé de la taquinerie :

"Allons, j'aime les forts caractères, mais celui là a la tête un peu trop dure pour moi."

Elle parvint au même moment à libérer l'une de ses mains. Ailin frotta son poignet blessé et décida de modifier ses priorités. Cet inconnu était étrange, mais il n'avait pas l'air hostile. Bien décidé à s'amuser à ses dépends, c'était certain, mais ce n'était pas un problème : il suffisait à Ailin de lui rendre la pareille. Cela ne ferait que transformer l'échange de sorte à ce qu'il soit plus amusant, stimulant, intéressant. Et Dieu savait qu'elle avait besoin d'être stimulée si elle voulait survivre. Elle était en terre inconnue, au milieu de nulle part. L'heure n'était pas à se laisser abattre par la fatigue et par la maladie.

Leur échange garda ce même caractère spirituel tout le temps qu'il dura. Il ressemblait aussi à un duel de questions : Ailin interrogeait l'homme. Où se trouvaient-ils ? Où devait-elle se rendre si elle voulait retrouver la civilisation ? Quelles étaient les mœurs locales ? A chaque fois, il lui renvoyait la balle, cherchant à se renseigner sur elle. D'où venait-elle ? Que faisait-elle dans l'eau entièrement vêtue ? Pourquoi était-elle menottée ? Ailin était plutôt surprise et flattée de constater qu'elle passait comme une femme aux yeux de son interlocuteur malgré son apparence absolument ravagée.

Au fur et à mesure des explications données, elle se rendait compte qu'elle était bien loin d'être arrivée en Jamaïque, comme elle l'avait initialement pensé. Aucun des repères géographiques qu'elle citait ne semblaient parler à l'inconnu. Il lui décrivait une île unique, une île de magie perdue au milieu de nulle part, séparée de toute autre contrée. Ici, les zones habitées possédaient des noms simples : il y avait le Port, le Bayou, le Grand Arbre... et bien d'autres.

C'était très étrange car rien de tout cela ne faisait sens et pourtant, Ailin sut tout de suite, très instinctivement, que ce n'était que la plus pure et stricte vérité. Sa survie trop miraculeuse, le ciel à la luminosité incompréhensible, l'apparence surréaliste de l'inconnu... Tout cela allait dans le sens de ce qu'il racontait.

Ils se séparèrent sans se donner leurs noms. Ailin n'oublia jamais cette rencontre. Elle n'oublia jamais cet homme qui avait attisé son intérêt - peut-être plus qu'elle ne voulait l'admettre - et sur lequel elle voulut se renseigner par la suite. Mais sur quoi ne se renseigna t-elle pas ? Ici comme ailleurs la survie, puis le succès, étaient largement question de savoirs, de connaissances bien exploitées.

--

Armée de quelques informations préalables, Ailin rejoignit le Port, où il lui fallut choisir comment elle gagnerait son pain. Elle avait l'opportunité inouïe de vivre sans restrictions, mais cela supposait des risques qu'elle n'avait que très rarement eu à prendre en compte tandis qu'elle arborait les identités d'Ailean MacEwan, puis d'Ailin Flynn.

Parce qu'il fallait qu'elle puisse se défendre, défendre le secret de son identité, et enfin potentiellement pousser sa chance dans la direction qui l'arrangeait, Ailin décida de ne pas révéler aux pirates ses compétences de guérisseuse herboriste et d'apothicaire. Mieux valait qu'on ne lui associe pas l'étiquette d'empoisonneuse en puissance, elle serait bien plus libre de ses mouvements.

Pour de très nombreuses raisons, la maison close n'était pas une solution pour elle. Elle envisagea plusieurs options avant d'être irrémédiablement attirée par l'une d'entre elles : un pirate du nom de Tristan Duhamel venait de monter un commerce très prometteur : une maison de jeu, un casino qui à terme serait capable d'accueillir une large clientèle et de lui proposer de nombreux jeux d'argents.

Ailin n'y connaissait absolument rien : ce n'était pas quelque chose qui existait dans la campagne de Kinlochbervie, et à Lancaster, elle s'était occupée autrement. Elle était cela dit très intéressée : elle sentait là un grand potentiel. Il lui semblait avoir la tournure d'esprit adéquate. Elle convainquit Tristan de la prendre à l'essai. En peu de temps, elle apprit les règles de tous les jeux proposés et commença à cerner les nuances, les subtilités que cachaient chacun d'entre eux. La vitesse à laquelle elle s'améliorait était bluffante - sans mauvais jeu de mot. Rien ne lui plaisait plus que d'analyser ses adversaires pour tenter de deviner leurs mensonges et de prévoir leurs actions. C'était là quelque chose qui n'était pas entièrement nouveau pour elle. C'était un jeu pour lequel elle avait toujours été plutôt douée.

Employée du Casino, elle tenait lieu de croupière. Elle pouvait aussi être amenée à accepter les défis des clients. Ailin était connue pour être une adversaire particulièrement difficile à battre - surtout dans le cadre d'un duel - mais loin d'être dissuadés, les Pirates accouraient pour se faire dévaliser. Elle saupoudrait son jeu d'une subtile séduction qui promettait à la fois tout et rien. Beaucoup se persuadaient qu'ils avaient un coup potentiel avec elle, mais le fait est que personne n'avait jamais eu l'occasion de l'approcher à plus de cinquante centimètres.

Quant à ceux qui avaient tout de même essayé, la coinçant là où personne ne regardait, forçant ses limites et découvrant, parfois, ce qu'elle s'évertuait à cacher, ils n'étaient plus là pour en parler. On découvrait ceux là inertes, mystérieusement morts de ce qui ressemblait à un arrêt cardiaque. Aucune blessure visible, rien qu'un point rouge minuscule qui ressemblait à tout le mieux à la piqûre d'un moustique.

Grâce aux plantes et à la magie de l'île, Ailin avait enfin réussi à perfectionner le poison brutal et désormais imperceptible sur lequel elle travaillait déjà à Lancaster.

--

Ailin récoltait ses plantes en secret. Les premiers temps furent compliqués : elle n'avait plus aucun repère fiable. La végétation de l'île n'était que partiellement commune à celle de l'Ordinaire et il était très compliqué de récupérer certaines ressources qu'elle avait toujours trouvé en abondance. Si elle n'était pas extrêmement prudente, il pouvait lui arriver de confondre des espèces bien connues du monde ordinaire avec certaines variétés très proches qui ne poussaient que sur l'Île, et qui n'avaient pas nécessairement les mêmes propriétés. Ce qu'elle pouvait accomplir sereinement était devenu très limité.

Alors qu'elle pestait de ne rien trouver de ce qu'elle voulait, perdue quelque part dans les bois, agenouillée dans les fourrés, la vieille impression d'être observée qu'elle n'avait plus eu depuis son départ de Kinlochbervie revint plus forte, plus tangible qu'elle ne l'avait jamais été dans le monde Ordinaire. Ailin se retourna et pour la seconde fois de sa vie, elle tomba sur une lueur volante. Une lueur verte, cette fois. Nimbée par ce halo, une minuscule créature ailée lui adressait un grand sourire. Une fée.

Elle s'appelait Cigüe et la première des choses qu'elle lui annonça fut la suivante : elle connaissait Fenella de nom. Voilà qui intriguait suffisamment Ailin pour qu'elle abaisse sa méfiance naturelle et écoute la créature jusqu'au bout. La fée la conduisit jusqu'à un livre épais dans lequel Ailin découvrit avec une surprise non feinte l'écriture de son ancienne bienfaitrice. Entre les pages de ce grimoire, des recettes évidemment, mais aussi des conseils de récolte, des savoirs astronomiques, des rituels mystiques, reliques d'anciennes traditions que l'Eglise n'admettait plus depuis longtemps. Si Cormag avait vu ce livre, nul doute qu'il aurait fait brûler Fenella sur le bûcher.

Cigüe lui expliqua que Fenella avait été l'amie de quelqu'un qu'elle admirait beaucoup et elle exprima l'envie d'aider Ailin à être ce qu'elle aurait dû devenir si le destin n'avait pas été si capricieux : la digne apprentie de l'érudite. La fée s'était passionnée pour le personnage et elle était motivée par l'idée d'en "recréer" une seconde version.

Malgré l'impression dérangeante d'être une sorte d'expérience pour la petite créature, Ailin accepta de l'aider. Elle était très intriguée de découvrir cette facette de Fenella qu'elle n'avait jamais connu et de voir où l'apprentissage de ces notions païennes pouvait la mener, a fortiori sur l'Île de Jamais où la magie devenait aisément réalité.

Et puis, surtout, elle avait besoin des plantes de l'Ordinaire que Cigüe se promettait de lui fournir, ainsi que de son aide pour apprendre à quoi servaient celles du Jamais. Elle pouvait certainement lui faire confiance pour garder le secret de ses plus vénéneux talents : la fée paraissait trop enthousiaste à l'idée de réaliser son fantasme étrange pour la trahir.

L'élévation d'Ailin au titre de magicienne fut accompagnée d'une bénédiction improvisée de Ciguë. Cela suffisait-il à justifier la transformation qu'elle vécut dans les semaines qui suivirent cette rencontre, ou faut-il voir ici la conséquence de la magie de l'Île prompte à s'infiltrer partout, à amplifier les phénomènes, à transformer l'imaginaire en réalité ? Toujours est-il qu'Ailin commença à ressentir de régulières vagues fraîches, picotantes, pulsantes dans tout son corps, et en particulier dans ses bras. Cette énergie qui se glissait dans ses préparations les rendait plus efficaces. Parce qu'elle ne s'approchait de personne, elle mit du temps à comprendre que cette énergie pouvait encore être utilisée autrement.

--

Au Casino, le rôle d'Ailin avait pris une certaine importance. Elle s'était rapprochée de Tristan et l'aidait désormais à tenir la boutique en lui fournissant des conseils de gestion qui souvent portaient leurs fruits.

Cela dit, elle stagnait, et ça ne lui plaisait pas. Son actuelle position n'était pas désagréable, mais ce n'était pas assez. En tant que simple employée, elle était la cible privilégiée de trop nombreux pirates. Les abus réguliers devaient cesser.

Malgré toute l'aide qu'elle lui fournissait - elle l'aidait aussi à faire les calculs, à tenir ses comptes -Tristan lui refusait la moindre promotion. Il était grand temps qu'il prenne un long repos. Il fut le premier pirate à goûter au piquant de son aiguille empoisonnée sans lui avoir donné des raisons directement physiques de l'utiliser.

Ce meurtre de sang-froid permit à Ailin de prendre la tête du Casino. De tous les employés, elle était celle qui connaissait le mieux la maison, ses ficelles et ses rouages. On avait confiance en ses capacités à faire tourner la boutique.

Le Casino était devenu une grosse attraction sur le Port. Il y avait beaucoup de clients. Il y transitait beaucoup d'argent. Qu'une femme soit à la tête d'une entreprise de cette ampleur ne plaisait pas à tout le monde. Certains charmants individus considéraient que Lady Ruby aurait dû rester la seule exception. Le Casino possédait un partenariat financier avec le Roger, auquel il faisait gagner des sommes considérables. Ailin pensa que cela suffirait à assurer la stabilité de sa position, et c'est sans doute ici qu'elle fit un mauvais calcul.

Elle n'aurait pas imaginé qu'on veuille l'évincer malgré ses qualifications, qu'elle prouvait au jour le jour. Elle n'aurait pas imaginé non plus qu'on la jugerait dispensable alors qu'elle était celle grâce à qui l'affaire s'était si efficacement enrichie. Trop maligne, elle était trop difficile à manipuler. Trop dangereuse, et pas assez contrôlable. C'était d'autant plus vrai qu'on trouvait la disparition de Tristan bien commode : malgré son décès apparemment accidentel, elle s'était attirée quelques soupçons. On commençait à l'imaginer capable de tout et de n'importe quoi. On ne voulait pas prendre le risque qu'elle continue à étendre son influence sur le Port.

Les employés du Casino lui étaient très loyaux, et ce fut l'un d'entre eux qui lui révéla l'existence d'une conspiration visant à la renverser. Ce n'était pas un faux pas dont elle pouvait se sortir en assassinant les responsables. Il fallait qu'elle parte rapidement. Il fallait qu'elle trouve une nouvelle protection. Le Jolly Roger n'était plus de son côté.

--

CW/TW : Sur la fin : coming-out et émotions compliquées associées

Si elle avait quitté les pirates - au sens large du terme - sa seule option aurait été de rejoindre les natifs de l'Île. Elle ne savait rien d'eux. C'était un pari trop risqué. Il lui restait une autre option. C'était aussi un pari risqué, mais au moins elle savait dans une certaine mesure ce à quoi elle s'exposait.

Cherchant à attirer la visite des guédés dans son établissement, Ailin organisa un tournoi au Casino. Elle aborda le Baron Lundi après qu'il eut perdu contre l'un de ses frères - dès qu'elle eut l'impression qu'il s'était raisonnablement calmé de sa vexation, néanmoins. Elle proposa quelques collations puis s'installa à proximité. L'air de rien, elle entama une discussion sur le ton de celle qu'ils avaient eu le jour même de son arrivée sur l'Île.

Plutôt ironiquement, elle se rendit compte que Lundi ne l'avait pas reconnue.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour trouver l'occasion naturelle de s'asseoir à côté de lui. Complice, elle s'amusa à analyser et commenter les jeux ainsi que les expressions des clients en pleine partie. C'était un passe-temps auquel elle s'adonnait souvent : elle aimait essayer de comprendre ce qui leur passait par l'esprit et tenter de deviner leurs prochains mouvements à l'avance.

Elle avait obtenu ce qu'elle cherchait : elle était parvenue à l'intriguer. Dès ce moment, le Baron Lundi décida de revenir régulièrement au Casino. A chaque visite, Ailin et lui discutaient, toujours sur le même mode ironique. Elle proposa de lui apprendre quelques techniques aux cartes qu'il pourrait mettre à profit contre ses frères. Plutôt que de jouer contre lui, elle lui proposa d'affronter ensemble un autre adversaire. Ainsi, elle avait une véritable occasion de lui exposer ses stratégies. Elle avait beau ne faire initialement cela que pour sa survie, Ailin s'amusait énormément.

Un jeu du chat et de la souris se mit en place (mais qui était le chat ? Et qui était la souris ?). Conscients de leur intérêt mutuel l'un pour l'autre, Ailin et le guédé décidèrent de prendre des chemins détournés, de se faire désirer. Ailin fut prise à son propre jeu : elle se rendit compte avec étonnement qu'elle commençait à éprouver un véritable plaisir à retrouver Lundi à chacune de ses visites. Peu à peu, elle prit conscience que ce plaisir allait avec une affection sincère qui l'effrayait un peu. D'un coup, tout devenait infiniment plus compliqué.

Ce qu'elle aurait dû vivre comme une victoire (certes doublée d'une petite vexation sans importance) se changea en angoisse, ainsi qu'en profonde amertume. Lors de l'une des visites du Baron, elle eut l'impression d'un changement brutal dans son attitude à son égard. C'était extrêmement subtil, et pourtant cela changeait tout : il ne la regardait plus de la même façon. Lorsqu'elle parlait, le silence était trop profond. Pour que cela vienne d'un coup plutôt que progressivement, comme cela se passait généralement, alors il y avait de grandes chances pour qu'elle ait échoué à le séduire naturellement.

Le coup de foudre était sa garantie. C'était ce qu'elle cherchait à obtenir. Seulement, elle aurait voulu qu'il se produise le plus tard possible. C'était venu bien trop vite et maintenant, voilà qu'elle se posait des questions sur la réalité du lien qui existait entre eux. N'était-ce donc pas là bien facile, bien artificiel ?

Ailin ravala ses doutes et sa fierté. Elle n'avait plus que très peu de temps, et elle le savait. Elle prolongea son sursis autant qu'elle en était capable, mais à contrecœur, il lui fallut mettre fin à leur récréation. Ce jour là, elle l'invita ailleurs. Sur la plage. Quasiment là où ils s'étaient rencontrés, mais de cela, Lundi n'avait toujours pas conscience.

Tout alla excessivement vite. L'annonce du danger de mort imminent. La proposition de mariage, mélangée à une nouvelle plaisanterie agréablement déplacée. Ils se rapprochèrent et il devint évident pour Ailin que le moment était venu de révéler le détail de sa condition à Lundi. Elle n'en menait pas large.

Ce n'était pas juste la peur - irrationnelle à ce stade, elle le savait - d'être rejetée. C'était aussi celle de ne plus être perçue de la même façon. Terrorisée, elle eut une réaction extrêmement forte à la surprise du guédé. Les bras qui l'entourèrent bientôt ne suffirent pas à contenir la vague de sanglots qui s'abattit sur elle sans la moindre pitié. Elle craignait cet instant depuis le jour où elle avait décidé de se rapprocher de Lundi, et cela n'avait fait que s'accentuer lorsqu'elle avait pris conscience de ses sentiments pour lui.

Il se montra pourtant très acceptant, ce qui rendit pour Ailin ce passage obligatoire légèrement moins difficile à vivre. Il consentit, qui plus est, à l'aider à garder le secret.

Peu de temps avant leur mariage, ils marchaient à proximité d'une falaise lorsqu'un rocher se détacha du sol trop humide et tomba sous leur nez. Il cessèrent brutalement d'avancer pour ne pas risquer d'être écrasés. Ailin trouva le moment adéquat pour percer le dernier des secrets qu'elle gardait :

"Séduire les rochers est un acte décidément bien dangereux.
- Dans ce cas précis, c'est plutôt le rocher qui est venu à moi..."

Suite à un rire sous cape, Ailin tourna la tête en direction de Lundi, puis elle l'observa sans rien dire jusqu'à ce qu'arrive sa prise de conscience tardive.

"La terre te va mieux que la mer."

Sensiblement rassurée qu'il prenne les choses aussi bien, elle se permit un sourire en coin. C'est qu'elle s'était bien amusée de voir qu'il ne l'avait jamais reconnue.

"Je trouve aussi."

--

Les dangers du Port étaient passés, mais ce mariage restait à bien des égards un défi. Ailin était heureuse de le relever car c'était devenu selon elle la meilleure chose qui lui était jamais arrivée. Parmi les difficultés qu'elle rencontra lorsqu'elle emménagea au Bayou, on en comptait deux principales.

La première venait évidemment de ses origines. Elle était étrangère ici, et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Parce qu'elle n'avait désormais plus besoin de les cacher, Ailin cessa de faire de ses talents un secret. Les arts qu'elle pratiquait n'avaient rien à voir avec le vaudou mais ils s'en rapprochaient suffisamment pour que cela profite à son intégration. Ses talents d'herboriste et les soins qu'elle était capable de prodiguer aideraient sûrement à faire accepter sa présence. Pour le reste, elle comptait sur ses atours habituels : sa répartie, son sens de l'analyse, et ses capacités d'adaptation.

Le second problème qu'elle rencontra portait un nom : Ainhoa. Cette femme était venue la rencontrer au Casino et Ailin avait une idée assez précise des raisons qui l'y avaient poussée. Noa se méfiait d'elle, et elle le lui faisait ouvertement comprendre. On lui expliqua que Noa mettait souvent au défi les nouvelles venues parmi les femmes de Lundi, cependant Ailin avait la sensation que la franche hostilité qui lui était dirigée allait plus loin qu'un simple "bizutage". N'ayant aucun intérêt à entretenir ce fiel, Ailin sans se laisser marcher sur les pieds désamorçait systématiquement toutes les attaques qu'on dirigeait sur elle. Ca ne l'empêchait pas d'envoyer quelques piques à l'occasion, mais jamais rien qui puisse relancer une guerre dont elle ne voulait pas. Noa avait trop d'importance au sein de leur micro-société. Ailin ne pouvait pas se permettre de justifier son inimitié. Leurs relations restèrent très fraîches jusqu'à un événement qui changea entièrement la donne.




Ainhoa


CW/TW : Agression sexuelle, violence transphobe, coming-out forcé

Il arrivait à Ailin de retourner sur le Port, ou à proximité du Port, mais les inimitiés franches qu'elle y avait développées - tenues en laisse par la menace que représentait son mari - l'amenaient à adopter certaines stratégies : lorsqu'elle ne voulait pas perdre de temps à tenir tête aux idiots et à les narguer, elle s'y rendait plutôt de nuit.

Cette nuit là, Ailin en profita pour aller sur la plage afin de récolter des algues qui poussaient dans les eaux basses du rivage. Les vertus de ces plantes étaient décuplées lorsqu'on les cueillait sous la lumière de la lune. Elle y associa quelques remerciements rituels furtifs dans son gaélique natal, adaptés du grimoire de Fenella.

Elle sursauta lorsqu'elle entendit des pas arriver derrière elle, associés à quelques bougonnements de mauvaise humeur. Fourrant les dernières plantes dans son panier, elle se retourna pour découvrir un marin presque ivre mort. Il faisait partie de ceux qu'elle avait éconduits à de nombreuses reprises par le passé et à en croire son regard, il avait oublié les diverses raisons pour lesquelles passer à l'acte sans consentement était une très mauvaise idée.

"Ailiiiiin... Tu viens plus si souvent, maintenant... Tu te crois au-dessus de nous, c'est ça ?
- J'ai surtout cru comprendre que ma présence dérangeait. Qui suis-je pour aller contre l'avis de toute une communauté, hm... ?"

Il avait envahi son espace vital. Elle était en mesure de sentir son haleine fétide, remplie d'effluves de rhum et de régurgitations acides. Nauséeuse, elle recula d'un pas et durcit le ton afin de lui rappeler l'essentiel :

"Si j'étais toi, je ne ferais pas ça."

Mais le type était allé trop loin. Il n'était plus en état de mesurer les risques. Il n'était plus qu'une boule de désirs bestiaux qui ne souffraient pas d'être contrariés. Il la saisit par la gorge et siffla avec mauvaise humeur, avant de la pousser par terre. Son panier tomba dans l'eau. Son dos heurta un rocher, ce qui lui valut un glapissement de douleur. Encore et toujours les rochers. Elle ne fut pas assez rapide à réagir.

"Tu crois que ton mari me fait peur ? Tu vas pas t'en tirer si facilement, cette fois."

Réflexion complètement idiote et inconsciente s'il y en était, mais Ailin avait d'autres priorités que de le lui faire remarquer. L'homme lui tomba dessus avant qu'elle puisse se relever. Il était trop lourd pour qu'elle puisse réellement se débattre et avant qu'elle n'ait eu le temps d'agir contre, elle entendit le tissu de sa robe se déchirer. L'air du soir toucha sa gorge dénudée aussi efficacement que le choc et la frustration l'envahirent. Une exclamation de surprise échappa à son agresseur, puis se mua en hostilité. Un poing heurta brutalement sa mâchoire. Elle voyait des couleurs. La douleur et l'abrutissement retardèrent encore ses réactions.

Il l'insulta, évidemment. Il l'accusa d'avoir cherché à le tromper, comme s'il avait été le centre du monde. Comme si Ailin avait demandé à se faire épingler au sol de cette façon. Enfin, elle parvint à atteindre l'une des lames cachées dans ses parures. Elle l'enfonça sans délicatesse dans la nuque de l'homme. Ce n'était pas que de son mari qu'il aurait dû se méfier.

Ce n'était pas son meurtre le plus discret, mais le rivage était à côté : il suffirait de le tirer dans l'eau. Les sirènes feraient probablement le reste. Ailin laissa tomber son bras par terre. Elle lâcha son arme et tenta en vain de sauver ses vêtements déchirés. Elle se rendit compte qu'elle tremblait. Des larmes couraient sur son visage. Elle  tentait de ne pas y accorder d'importance, mais c'était plus facile à dire qu'à faire : les insultes avaient fait mouche. L'agression, plus brutale que celles auxquelles elle avait généralement à faire, avait rappelé à elle le souvenir vivace de son père et de ce qu'il lui avait fait. Elle était en proie à un malaise profond. Le froid qu'elle ressentait venait de l'intérieur autant que de l'extérieur. Du bout des doigts, elle frôla son visage tuméfié. Il faudrait qu'elle y applique un onguent si elle voulait éviter que les marques noircissent et restent plusieurs jours.

"Celui-là aussi aurait bien mérité un éclair bien placé..."

Nouveau sursaut. La lutte au sol l'ayant entièrement occupée, Ailin n'avait vu personne arriver. En proie à une panique renouvelée, elle serra ses vêtements déchirés contre elle pour tenter de faire illusion, mais c'était probablement trop tard. Elle avait reconnu la voix d'Ainhoa. Lorsqu'elle se tourna, l'image qui attrapa son regard ne correspondait pas à ses attentes. L'espace d'un instant, elle se demanda si elle s'était trompée sur l'identité du nouveau venu. Elle ne comprenait pas ce que Noa faisait ici à une heure pareille, encore moins vêtue de cette manière masculine. Ailin n'était pas assez sereine pour construire des hypothèses à ce sujet. Pour le moment, c'était le dernier de ses soucis.

Normalement, elle aurait dû éliminer l'intrus, qu'importe son identité. Mais elle ne pouvait pas tuer Noa. Elle était trop importante pour Klere. Face à cette prise de conscience, ses yeux s'écarquillèrent de terreur et elle perdit sa langue. Ainhoa, qui la détestait cordialement, venait d'acquérir le moyen de la blesser plus efficacement que par n'importe quelle pique, n'importe quel coup fourré : il suffisait qu'elle parle.

Son autodéclarée rivale s'avançait  dans sa direction et Ailin lut une lueur étrange dans le regard adverse dont la signification, une fois n'était pas coutume, lui échappait complètement. Noa retira sa veste et la posa sur les épaules d'Ailin qui s'en drapa instinctivement.

"Je comprends mieux ton désamour des bains communs..."

L'écossaise baissa les yeux, toujours incapable de la moindre réponse articulée. Ce n'était pas un sujet qu'elle était capable d'aborder avec légèreté, même lorsqu'elle était mieux en contrôle de ses réactions. Cette réflexion lui fit l'effet d'une gifle cuisante. Malgré les excuses qu'elle y avait trouvées, la façon dont Ailin évitait toute activité commune trop tactile ou trop déshabillée avec les autres femmes de Lundi avait été un frein non-négligeable à son intégration. On la pensait snob, distante, voire méprisante. En réalité, l'isolation qu'elle s'infligeait pour préserver son statut social était un crève-cœur permanent. Elle aurait voulu être comme toutes les autres. Ce n'était pas ainsi qu'elle voulait sortir du lot.

"Klere est au courant ?"

Elle redressa le nez et leurs regards se rencontrèrent. On voyait à son expression qu'Ailin peinait à croire qu'il s'agissait d'autre chose que d'une question rhétorique. Comment aurait-elle pu cacher cela à son mari ? Elle hocha la tête et retrouva difficilement sa voix :

"Oui."

"Evidemment", eut-elle envie d'ajouter. Mais elle ne voulait pas paraître hostile, et envenimer une situation qui était déjà très sensible. Noa se pencha sur le cadavre du pirate et entreprit de le tirer vers le large. Ailin boutonna la veste puis se redressa. Elle n'en menait pas large, mais elle ne voulait pas rester agenouillée par terre, inerte et impuissante, tandis qu'on débarrassait la plage des déchets qu'elle y avait laissés. Agir, bouger, lui permettait de retrouver un contrôle minimum sur la situation, et à ce stade, ce n'était pas un luxe. Elle aida Noa à mettre le corps dans l'eau. Lorsqu'il fut suffisamment immergé pour être naturellement emporté par les courants, elle croisa les bras sur son corps et se mit à fixer l'horizon. Elle n'était pas encore en état de feindre l'indifférence avec son brio habituel, et c'est sur un ton faussement détaché qu'elle demanda :

"Vas-tu en parler à qui que ce soit ?"

Sans la regarder, elle entendit et sentit Noa se placer à côté d'elle exactement dans la même position.

- Aucun intérêt."

Une réponse aussi franche qu'elle était brutale. Ailin se laissa emporter par un soulagement qui ressemblait à une lame de fond. Elle eut un profond soupir, puis elle posa une main sur le bas de son visage. Ses nerfs étaient au bord de la rupture, mais elle était trop fière pour se laisser si aisément craquer face à Noa, ce malgré le geste que cette dernière venait d'avoir dans sa direction :

"Je ne peux rien faire pour ça." Elle pointait son visage du doigt.  "Mais je peux cacher celles de ton cou, si tu veux."

Ailin n'avait besoin de l'aide de personne pour effacer bleus et griffures, ce dont son interlocutrice était au courant. Ce n'était qu'un prétexte pour enterrer la hache de guerre, et peut-être pour engager un autre sujet. Il n'y avait pas cent façons différentes pour Noa de masquer ces marques. Il était probablement question de son talent avec le henné. Talent dont Ailin n'avait jamais eu l'occasion de profiter, tant faute à leur mésentente qu'à la manière dont l'écossaise fuyait tout risque d'allégement vestimentaire, tout contact physique à l'exception de celui de Lundi.

Ailin tourna sur Noa un regard intrigué. L'instant choisi n'avait rien d'anodin. Simple marque de pitié, ou expression d'un problème plus profond qui venait de trouver une bien étrange résolution ? L'avenir le lui dirait certainement. Les yeux brillants, elle acquiesça, cette fois sans le verbaliser. En réponse, Ainhoa lui adressa un sourire inhabituellement sincère. Ailin n'était pas certaine d'avoir déjà vu cette expression sur son visage auparavant. Certainement pas adressée dans sa direction, en tous les cas.

"... Rentrons, et occupons nous de tout ça ensuite."

La marche à suivre était effectivement limpide. Ailin se retourna et sortit de l'eau, suivie par Noa. Elle essora ses vêtements trempés. La terre lui allait décidément mieux que la mer. Il aurait fallu noter quelque part les réflexions de Lundi, lesquelles semblaient toutes vouloir se changer en prédictions.

"Si jamais quelqu'un découvre notre absence, ils risquent de penser qu'on s'est entretuées."

La réflexion lui arracha un éclat de rire amusé.

"J'imagine déjà la déception de celles et ceux qui auront pris des paris."



Avec ou sans potions


Du jour au lendemain, la relation entre Ailin et Ainhoa s'améliora sans que personne (ou presque) ne soit en mesure de comprendre ce qui avait changé. Si Ailin était capable d'envisager les raisons potentielles de l'adoucissement de Noa, elle n'était pas certaine de les apprécier faute à son impression personnelle d'être vue comme moins que ce qu'elle était au préalable.

Cela dit, ce n'était pas le plus important, et elle fit bien vite abstraction. Ailin et Ainhoa se ressemblaient par de nombreux aspects. Elles partageaient des problématiques communes. C'était ce qui les avait éloignées lorsque Noa l'ignorait encore. C'est ce qui par la suite les rapprocha, au point qu'elles développèrent une forte complicité, bientôt doublée d'une attirance physique qui força Ailin à remettre en question ses perspectives et à tâtonner encore au-delà de sa zone de confort.

La magie magnétique qui parcourait désormais son corps comportait de nombreux avantages, mais aussi plusieurs gros inconvénients : elle tendait à parasiter toutes les autres formes de sortilèges mineurs. Certains ne faisaient plus du tout effet sur Ailin. D'autres voyaient leur action rendue aléatoire, imprévisible, parfois dangereuse. Elle l'avait appris par l'expérience.

Il existait une potion que le tavernier du Port utilisait pour piéger ses clients et se moquer à leurs dépends. Une potion qui aurait pu exaucer au moins provisoirement, de temps à autre, l'un des vœux les plus chers à son cœur. Parce qu'elles craignait ce qu'il pourrait se passer (ou ne pas se passer) suite à l'ingestion de la mixture, elle n'avait jamais fait en sorte d'essayer de s'en procurer.

Cependant, la vie parmi les femmes de Lundi avait rendu cette problématique particulièrement pesante au quotidien pour Ailin. C'est pendant le Givre que sa volonté céda. Elle demanda finalement à Klere s'il pouvait négocier l'achat d'une fiole avec le Braumeister sans lui expliquer à qui il en destinait le contenu. On lui rapporta que le convaincre fut étonnamment facile.

Parce qu'elle ne voulait pas qu'on risque de la trouver différente et qu'on puisse comprendre de quoi il en retournait, elle ne pouvait pas se montrer publiquement sous l'effet de cette potion. Elle la but un soir qu'elle avait prévu de passer entièrement seule avec Lundi. Elle crut d'abord que cela n'allait pas fonctionner car le produit mit un long moment à faire effet. Puis la magie survint et tout se passa comme dans un rêve.

Un rêve qui s'acheva malheureusement prématurément, et sur une note bien amère. La transformation ne tint pas la soirée. Elle se solda sur de brutaux effets secondaires. Ailin pensa mourir: elle avait l'impression que ses organes se tordaient tous autant qu'ils étaient. Alitée pendant l'équivalent d'une semaine entière, elle fut effectivement très près de passer l'arme à gauche. Faire le deuil de cette option qu'elle avait cru ouverte à elle fut extrêmement difficile.

Lorsqu'elle commença à aller mieux, il lui fallut expliquer à Lundi ce qu'il s'était passé. Elle leur avait fait une frayeur. Elle se fit vertement réprimander, et elle ne put qu'approuver : elle avait été terriblement imprudente. Seulement, si elle n'avait pas essayé, elle n'aurait jamais pu passer à autre chose.

--

Avec un demi-sourire qui en disait long sur l'amusement qu'elle éprouvait chaque fois qu'ils réitéraient ensemble ce genre de séances, Ailin s'approcha de la surface miroitante en même temps que de ses deux comparses. Elle posa les yeux sur la scène qui se situait actuellement au Ranch, où les rebelles peinaient à survivre, tous entassés les uns sur les autres en cette période de Givre. Quand elle voyait ce à quoi ils en étaient rendus, elle se disait qu'elle avait diablement bien fait de partir. Elle éprouvait beaucoup de plaisir à constater les difficultés envahissantes auxquelles ils se confrontaient, lorsque son propre quotidien n'était qu'à peine changé.

"Oh, un roux." énonça Noa sur un ton dont l'ironie mordante aurait difficilement pu être manquée.

Ailin émit un éclat de rire presque imperceptible avant d'échapper le très traditionnel :

".. Lequel ?
- Ca se multiplie."

Le commentaire de Klere n'était pas une réponse en soi, mais son contenu n'en était pas moins vrai. L'Île paraissait attirée par les nuances de ces chevelures enflammées. Ou presque.

"Ici ça manque de rousses, toujours.
- C'est pas faute d'avoir essayé...
- Oh, mo chridhe, je ne m'inquiète pas pour toi. La prochaine fois sera la bonne. Ou la suivante."

... Ou encore celle d'après.

"Ah, c'est le grand énervé. C'est presque trop facile de parier sur celui là...
- Surprenez-moi." ajouta le Baron, donnant irrémédiablement l'envie à ses femmes de le prendre au mot. Quitte à changer complètement d'activités. Un sourire fourbe étrangement similaire était en train d'éclore sur les lèvres d'Ailin comme d'Ainhoa. Cela dit...

"Ah bah justement la surprise va être compliquée avec celui-là... Tu crois qu'il peut communiquer dans le calme ?"

L'éclat de rire nerveux d'AIlin en disait long, mais elle asséna tout de même :

"Non." Avant d'ajouter, taquine. "... Encore moins vu ce qu'elle est en train de faire avec les pommes de terre. Il est déjà au bord de l'explosion, regardez la tête qu'il tire.
- Dommage qu'il ne soit pas du genre à la foutre à l'eau à son tour. Ça aurait fait du spectacle.
- Ah ça y est, il râle. Tss... C'est trop prévisible, presque ennuyeux.
- Pirates.
- Il y a des idiots plus divertissants que d'autres."

Lorsque Lundi cessa de ricaner, son humeur acidulée était déjà en train de se fondre dans l'ennui :

"Le Givre gèle même les divertissements...
- Allons... Celui-ci était déjà un cas désespéré avant.
- On peut toujours trouver à se divertir autrement, cependant..."

La suite ? Oh, vous la connaissez.



L'Invisible pour les yeux

T'as un Pseudo ? Asch/Asher et cie
Et un âge ? Oui. What a Face (32 encore pour un moment)
C'est quoi ton Avatar  ? J'ai pas tout compris mais je crois que c'est un OC ? Le projet s'appelle witch hunt/witchunt et le perso Aradia. Image trouvée sur pinterest
Comment t'as découvert l'île ? Une histoire de partenariat làààà
Tu la trouves comment ? Suffisamment cool pour que ça soit déjà mon septième perso TwT
Dis, tu crois bien aux fées ? Oh que oui What a Face


Dernière édition par Ailin Selès le Mer 28 Oct 2020 - 16:15, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 21 Oct 2020 - 10:55

Reviresco - Queen of Spades Tenor

Comment ça, c'est pas "ma" femme ? Ah. Certes. Pas dans cet univers. ...Tant pis. 😏

Je ne vais pas (re)(re)(re)(re)dire à quel point j'adore ce perso, ce serait du réchauffé, mais... Ailin quoi. Reviresco - Queen of Spades 3582817743 Son caractère, sa répartie, ses incertitudes qui la rendent si choupitrognonne... hé merde, je l'ai encore dit.

Ainhoa est particulièrement fière d'avoir un chapitre à son nom dans cette fiche, elle trouve que cela montre son importance (légitime) au sein de cette famille ! (On ne s'attardera pas sur le fait que Lundi n'ait pas eu le droit au sien... Il sait que leur entière existence est à lui, t'façons !  Reviresco - Queen of Spades 3408894569 )

J'ai grande hâte de voir nos deux Dames se balader bras-dessus bras-dessous dans le Bayou (et ailleurs ?) et se lancer de grosses piques par flashbacks interposés tout en s'alliant contre les traîtresses agaçantes. Il y a tellement a faire avec ces deux-là ! What a Face
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 21 Oct 2020 - 14:46

Vous connaissez la femme de mon frère ? Elle est belle hein ?

Je vais me faire taper sur les doigts pour t'avoir accueillie avant Klere mais tant pis, c'est un risque que je suis prêt à prendre What a Face à nouveau tu nous présentes un personnage à multiples facettes, complexe mais tellement attachant aussi ! Ailin est vraiment chouette, avec sa volonté, sa résilience mais ses doutes et ses failles aussi. (Et sa relation avec Noa, quoi... Reviresco - Queen of Spades 1667733026 )

J'ai hâte de la voir déambuler au Bayou et ailleurs Reviresco - Queen of Spades 304983004

Rebienvenue parmi nous !
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 21 Oct 2020 - 16:35

Oh hello par ici

Merci beaucoup pour vos messages :3 je suis toujours ravi que le personnage vous plaise (même si il y en a une qui le connaissait déjà et effectivement très bien dans sa précédente incarnation What a Face)

Hâte de vous croiser en rp !
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 21 Oct 2020 - 19:38

Je ne vais pas réutiliser le gif, mais je dirais quand même : "Vous connaissez ma femme ? Elle est belle hein ?" Huhuhuhuhu

C'est qu'elle est aussi piquante que Noa si on la cherche, il faut pas venir la chercher celle-ci. Lundi est charmé de cette nouvelle épouse Reviresco - Queen of Spades 304983004

Il en prendra grand soin de sa jolie dame toute blanche comme un nuage Reviresco - Queen of Spades 4198890058

J'ai hâte de la voir dans la Tour, à conspirer avec sa comparse <3 huhu

-edit-
PutainSamedi*grognogne*
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyJeu 22 Oct 2020 - 19:11

Qui s'y frotte s'y pique comme on dit What a Face
Mais il y a aussi ceux pour qui elle rentre les épines, n'est-ce pas ?

A très vite pour un peu de douceur ~
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyDim 25 Oct 2020 - 18:46

Ah, ca change de la voir ici, et avec cette adaptation la hehe. (Mais elle est toujours aussi redoutable.)

On ne te souhaite plus la bienvenue, t'es déja chez toi, non ? (Et fwah, bravo pour le taf d'avoir redigé tout ca.)

Dés !

Edit : Mardi est curieux de la rencontrer, tiens.






J'suis Parole en #cc3300.

Merci Dog. ♥:

Merci Arrow. ♥:

Merci Coquillage. ♥:

Merci Sindri. ♥:

Merci Blue. ♥:
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMar 27 Oct 2020 - 22:33

Cette fois, c’est pour la modération que je passe ma jolie~

Plus sérieusement, après concertation du grand sacro-conseil une chose nous titille. C’est la relation avec ces deux fées. En effet, les fées qui sont liées à des humains sont en fait des fées marraines liées à un enfant nommé. Du coup, c’est cette relation de maître et apprentie qui coince pour nous et le fait qu’un genre de nouveau groupe de fée particulier soit lié aux humains du monde ordinaire. Mais en soit, c’est ok qu’il y ait les croyances du petit peuples pour les druides évidemment, mais juste pas un lien direct avec l’ordinaire.

Alors on propose de mettre ça de côté, et qu’Ailin ait pu réapprendre d’elle-même les plantes de l’Île et en plus une fois au Bayou elle aurait pu avoir accès aussi à leur savoir. Elle a pu rencontrer Cigue sur l’Île directement, et se lier d’amitié avec elle.

Et désolé du temps, beaucoup de dossiers en souffrance tout ça... u.u
J'espère vite voir ta jolie dame en jeu u3u
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 28 Oct 2020 - 16:26

Agrouh donc, les modifs, j'ai commencé par le bout d'av :

Citation :
Elle apprenait avec innocence et passion et, parfois, alors qu'elle s'adonnait à quelques travaux pratiques dans l'antre de Fenella, une petite sensation étrange lui donnait l'impression d'être observée. Une fois, une fois seulement, elle crut voir en tournant la tête une lueur fugace lui échapper. Elle s'imagina longtemps l'avoir rêvée.

J'ai retiré le fait qu'elle était verte, because elle l'est pas forcément (plus souvent blanche on m'a dit XD)


Apparition de Cigüe v2 qui remplace donc la précédente :
Citation :
Ailin récoltait ses plantes en secret. Les premiers temps furent compliqués : elle n'avait plus aucun repère fiable. La végétation de l'île n'était que partiellement commune à celle de l'Ordinaire et il était très compliqué de récupérer certaines ressources qu'elle avait toujours trouvé en abondance. Si elle n'était pas extrêmement prudente, il pouvait lui arriver de confondre des espèces bien connues du monde ordinaire avec certaines variétés très proches qui ne poussaient que sur l'Île, et qui n'avaient pas nécessairement les mêmes propriétés. Ce qu'elle pouvait accomplir sereinement était devenu très limité.

Alors qu'elle pestait de ne rien trouver de ce qu'elle voulait, perdue quelque part dans les bois, agenouillée dans les fourrés, la vieille impression d'être observée qu'elle n'avait plus eu depuis son départ de Kinlochbervie revint plus forte, plus tangible qu'elle ne l'avait jamais été dans le monde Ordinaire. Ailin se retourna et pour la seconde fois de sa vie, elle tomba sur une lueur volante. Une lueur verte, cette fois. Nimbée par ce halo, une minuscule créature ailée lui adressait un grand sourire. Une fée.

Elle s'appelait Cigüe et la première des choses qu'elle lui annonça fut la suivante : elle connaissait Fenella de nom. Voilà qui intriguait suffisamment Ailin pour qu'elle abaisse sa méfiance naturelle et écoute la créature jusqu'au bout. La fée la conduisit jusqu'à un livre épais dans lequel Ailin découvrit avec une surprise non feinte l'écriture de son ancienne bienfaitrice. Entre les pages de ce grimoire, des recettes évidemment, mais aussi des conseils de récolte, des savoirs astronomiques, des rituels mystiques, reliques d'anciennes traditions que l'Eglise à l'époque d'Ailin n'admettait plus depuis longtemps. Si Cormag avait vu ce livre, nul doute qu'il aurait fait brûler Fenella sur le bûcher.

Cigüe lui expliqua que Fenella avait été l'amie de quelqu'un qu'elle admirait beaucoup et elle exprima l'envie d'aider Ailin à être ce qu'elle aurait dû devenir si le destin n'avait pas été si capricieux : la digne apprentie de l'érudite. La fée s'était passionnée pour le personnage et elle était motivée par l'idée d'en "recréer" une seconde version.

Malgré l'impression dérangeante d'être une sorte d'expérience pour la petite créature, Ailin accepta de l'aider. Elle était très intriguée de découvrir cette facette de Fenella qu'elle n'avait jamais connu et de voir où l'apprentissage de ces notions païennes pouvait la mener, a fortiori sur l'Île de Jamais où la magie devenait aisément réalité.

Et puis, surtout, elle avait besoin des plantes de l'Ordinaire que Cigüe se promettait de lui fournir, ainsi que de son aide pour apprendre à quoi servaient celles du Jamais. Elle pouvait certainement lui faire confiance pour garder le secret de ses plus vénéneux talents : la fée paraissait trop enthousiaste à l'idée de réaliser son fantasme étrange pour la trahir.

L'élévation d'Ailin au titre de magicienne fut accompagnée d'une bénédiction improvisée de Ciguë. Cela suffisait-il à justifier la transformation qu'elle vécut dans les semaines qui suivirent cette rencontre, ou faut-il voir ici la conséquence de la magie de l'Île prompte à s'infiltrer partout, à amplifier les phénomènes, à transformer l'imaginaire en réalité ? Toujours est-il qu'Ailin commença à ressentir de régulières vagues fraîches, picotantes, pulsantes dans tout son corps, et en particulier dans ses bras. Cette énergie qui se glissait dans ses préparations les rendait plus efficaces. Parce qu'elle ne s'approchait de personne, elle mit du temps à comprendre que cette énergie pouvait encore être utilisée autrement.

Citation :
Cette nuit là, Ailin en profita pour aller sur la plage afin de récolter des algues qui poussaient dans les eaux basses du rivage. Les vertus de ces plantes étaient décuplées lorsqu'on les cueillait sous la lumière de la lune. Elle y associa quelques remerciements rituels furtifs dans son gaélique natal, adaptés du grimoire de Fenella.

Cigüe v1 n'étant plus là pour être relou, et Ailin étant libre d'essayer un peu ce qu'elle veut à partir du grimoire, elle n'a plus besoin de faire "gneugneugneu y a des trucs je trouve ça sert à rien".


Le RP conclusif avec Aconit et Cigüe est remplacé par une séance de fourberie netflix (Asher est ravi) :
Citation :
Avec un demi-sourire qui en disait long sur l'amusement qu'elle éprouvait chaque fois qu'ils réitéraient ensemble ce genre de séances, Ailin s'approcha de la surface miroitante en même temps que de ses deux comparses. Elle posa les yeux sur la scène qui se situait actuellement au Ranch, où les rebelles peinaient à survivre, tous entassés les uns sur les autres en cette période de Givre. Quand elle voyait ce à quoi ils en étaient rendus, elle se disait qu'elle avait diablement bien fait de partir. Elle éprouvait beaucoup de plaisir à constater les difficultés envahissantes auxquelles ils se confrontaient, lorsque son propre quotidien n'était qu'à peine changé.

"Oh, un roux." énonça Noa sur un ton dont l'ironie mordante aurait difficilement pu être manquée.

Ailin émit un éclat de rire presque imperceptible avant d'échapper le très traditionnel :

".. Lequel ?
- Ca se multiplie."

Le commentaire de Klere n'était pas une réponse en soi, mais son contenu n'en était pas moins vrai. L'Île paraissait attirée par les nuances de ces chevelures enflammées. Ou presque.

"Ici ça manque de rousses, toujours.
- C'est pas faute d'avoir essayé...
- Oh, mo chridhe, je ne m'inquiète pas pour toi. La prochaine fois sera la bonne. Ou la suivante."

... Ou encore celle d'après.

"Ah, c'est le grand énervé. C'est presque trop facile de parier sur celui là...
- Surprenez-moi." ajouta le Baron, donnant irrémédiablement l'envie à ses femmes de le prendre au mot. Quitte à changer complètement d'activités. Un sourire fourbe étrangement similaire était en train d'éclore sur les lèvres d'Ailin comme d'Ainhoa. Cela dit...

"Ah bah justement la surprise va être compliquée avec celui-là... Tu crois qu'il peut communiquer dans le calme ?"

L'éclat de rire nerveux d'AIlin en disait long, mais elle asséna tout de même :

"Non." Avant d'ajouter, taquine. "... Encore moins vu ce qu'elle est en train de faire avec les pommes de terre. Il est déjà au bord de l'explosion, regardez la tête qu'il tire.
- Dommage qu'il ne soit pas du genre à la foutre à l'eau à son tour. Ça aurait fait du spectacle.
- Ah ça y est, il râle. Tss... C'est trop prévisible, presque ennuyeux.
- Pirates.
- Il y a des idiots plus divertissants que d'autres."

Lorsque Lundi cessa de ricaner, son humeur acidulée était déjà en train de se fondre dans l'ennui :

"Le Givre gèle même les divertissements...
- Allons... Celui-ci était déjà un cas désespéré avant.
- On peut toujours trouver à se divertir autrement, cependant..."

La suite ? Oh, vous la connaissez.


-----

Révérences et unique au monde maintenant :

Modification de la description des pratiques
Citation :
Ancienne guérisseuse herboriste, puis ancienne apothicaire dans l'Ordinaire, la botanique et ses applications médicales l'ont toujours intéressée. Ailin ne crée pas que des remèdes, cependant... Elle éprouve même une certaine préférence à concevoir des poisons. Sa science des plantes très avancée tient moins à sa formation académique, qu'elle a réalisé à Lancaster, qu'au temps qu'elle a passé avec l'érudite Fenella qui enfant la considérait comme son apprentie même si elle n'a jamais eu le temps de lui apprendre ses secrets les plus précieux. Au pays de Jamais, une fée du nom de Cigüe a permis à l'écossaise de récupérer le grimoire de Fenella et depuis, Ailin en étudie le contenu, ce qui lui a permis de véritablement reprendre le flambeau.

Ce paragraphe jarte entièrement
Citation :
Il y a deux autres personnes à qui elle tient énormément, et ces personnes sont des fées. Ciguë a finalisé sa formation de druidesse moderne et la fournit régulièrement en herbes de l'Ordinaire. Aconit est une jeune fée qui se destine à reprendre le flambeau de la précédente. Grâce à cette dernière, Ailin connaît désormais très bien de nombreuses plantes de l'Île. Elle travaille très souvent en coopération avec les deux créatures qui aiment beaucoup la regarder faire et aller de leur petit commentaire. Parfois, cela peut devenir un peu agaçant (surtout quand Ciguë critique ses façons de faire selon elle trop scientifiques). Ailin n'en prend que très peu ombrage. Elle ne le montre pas mais elle est généralement attendrie par les comportements de ses deux amies. Elle ne laisserait rien leur arriver.

Réécriture des soucis que Cigüe a avec le Bayou
Citation :
Cigüe, qui aime surveiller ce qu'Ailin fait du grimoire de Fenella et qui la fournit en ressources de l'Ordinaire, n'a pas été ravie de sa décision de se marier au Baron Lundi. Désormais, elle visite moins souvent Ailin, ou en tous les cas moins longuement. Le Bayou n'est pas fait pour elle : elle s'y sent mal. Elle ne peut pas y séjourner bien longtemps.

Ce truc là jarte aussi.
Citation :
Dans l'Ordinaire, Fenella (la druidesse dont Ailin était l'apprentie) communiquait avec Ciguë (et les fées qui l'ont précédée) par l'intermédiaire d'une sorte de langage des signes qu'Ailin n'a pas eu besoin d'apprendre puisque sur l'Île, il est directement possible de comprendre le langage des fées. Les initiés et les fées communiquaient aussi à l'écrit mais de manière codée, dans une sorte de langage ésotérique constitué de symboles. Ainsi, leurs échanges ne pouvaient être lus par des yeux malvenus. Ailin a appris cette écriture avec Ciguë et l'utilise systématiquement quand elle prend des notes en rapport avec la concoction de ses remèdes et de ses poisons, désormais.

------

Et enfin modification de son rôle
Citation :
Guérisseuse herboriste à mi-chemin entre sciences et magie (A été apothicaire. Héritière des pratiques d'une étrange femme du nom de Fenella)


Voilà o/ j'ai tout mis je crois
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Baron Lundi
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 28 Oct 2020 - 19:39

Félicitations mon enfant


Tu es condamné.





Nous y voilà, nous y voilà. Toujours aussi piquantes, et bien trop douée aux jeux de casino. Elle saura faire gronder son mari, mais pas trop fort quand même j'espère ? Huhu, c'est un beau parcours tout ça. Ailin a bien sa place à la Tour, et avec sa partenaire in crime les traitresses n'oseront plus même respirer.

Elle est forte l'Ivoire, et touchante aussi. Lundi est content de la savoir avec lui. Allez, va-t'en rejoindre les épouses à Gwo Kay Won. Prends tes quartiers, plonge-toi dans ton étude des plantes, laisse le monde d'avant de côté. Maintenant, la famille t'accueille dans ses rangs. C'est inutile de préciser que le Céleste est charmé. Reviresco - Queen of Spades 304983004


_______________________________


Je te serre chaleureusement la main. Cours vite créer ton Dé à Coudre et demander un Compagnon de Jeu afin de vivre une aventure !  Par ailleurs, n'oublie pas de prendre connaissance de L'intrigue du moment. A moins que tu ne choisisses de te lancer dans Mission Périlleuse ?  Si tu préfères passer du bon temps en papotant, rejoins sans tarder la Nursery. Quoiqu'il en soit, que ton séjour à Never Never Land soit fabuleux et éternel.


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Freckles
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMer 4 Nov 2020 - 9:15

Non c'est faux j'ai pas oublié cette fiche dans ma vague de commentaires d'hier soir Ailin Ailin <3 Ça me fait vraiment trop rire la vitesse à laquelle apparaissent les femmes merveilleuses de Lundi - suis-je jalouse de cet homme? Potetre. En tout cas j'ai plein de tendresse pour Ailin. Tu fais toujours des persos pleins de subtilité. Comme Elore j'ai un faible pour sa relation privilégiée avec Noa hihi. Y aurait beaucoup plus à dire sur cette fiche, mais je vais juste dire que je l'aime ♥
Longue vie à toi.
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Ailin Selès
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MessageSujet: Re: Reviresco - Queen of Spades   Reviresco - Queen of Spades EmptyMar 10 Nov 2020 - 19:26

Je vous réponds un peu tardivement mais prenez des licoeurs.

Max > Oui hein ça fait bizarre de la voir sans ses crocs (mais j'ai subrepticement inséré d'autres références au contexte de sa précédente incarnation hinhinhin). Au plaisir de rencontrer Mardi inrp !

Freckles > C'est vrai que Lundi est chanceux hein. Est-ce qu'il mérite ? What a Face *sort*. Merci pour ton commentaire brouh <3
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