Galway, 1825, Coven des Sorcières.

Morrigan Mac Banshea, 14 ans

Ce matin, je me suis engueulée une énième fois avec Aileene qui m'a accusé de mettre des araignées dans son lit....chose que bien sûr j'avais faites mais il fallait toujours nier ses erreurs, et de toutes façons, Matriarche Carlina, m'excuserai dans tout les cas, je suis sa préférée...

C'est ce que je pense à ce moment là, quand nous attendons toutes les deux devant son bureau sur des chaises face à face, et tandis qu'elle me jette ses regards les plus noirs, je lui réponds par de sublimes sourires, mes dents blanches contrastant avec mes cheveux sauvages, s'emmêlant et frisant.

Le couloir dans lequel nous sommes est austère, très haut et long, les murs de briques rouges et les portes en bois peintes en blancs contrastent fortement mais c'est de l'époque, Carlina aime ce décor, des plantes parsemées dans toutes les pièces sont entretenues avec soin, par mes "soeurs", enfin je les appelle "les connasses", elle ne servent à rien et suivent bêtement ce qu'on leur dit.... pauvres filles...

Un grand chandelier de métal noir ouvragé pend du plafond, éclairant la pièce, c'est partout pareil dans toutes les pièces de cette baraque, s'en est presque angoissant...

On entends la voix rude et sèche de Carlina nous appeler:

-Entrez toutes les deux.

Elle est assise dans son fauteuil, inspirant le tabac avec sa pipe ouvragée dans son bec; elle nous regarde d'un oeil alerte et inquisiteur. La pièce est ronde; la façade derrière nous est creusée pour faire office de bibliothèque géante et celle en face, donc dans le dos de La Matriarche est une série de baies vitrées, cerclées de métal noir et du lierre recouvre le plafond pour descendre sur les coins des murs le lui permettant.

Les baies vitrées donnent une vues sur les splendides jardins du Coven, renfermant les plus exotiques plantes, et où l'on a le droit de jouer, l'étang au centre est la maison de poissons et amphibiens, et il arrive parfois que des oiseaux viennent s'y abreuver.
Sa pelouse verte et les buissons et haies entourant la maison sont eux aussi entretenus avec soin, a croire que c'est une école d'horticulture...

Le bureau est un énorme rectangle de chêne massif, surplombé d'une plaque de marbre noir et aux innombrables tiroirs, le siège est une chaire de cuir noir, sur laquelle, ont été posés un plaid et un coussin pourpre.
Parchemins, Grimoires et accessoires d'écritures sont entreposés sur le bureau et dans la bibliothèque, la vieille à tendance à foutre le bordel et à bosser tout le temps...

Aileene commence à s'asseoir sur la chaise de bois devant elle, puis remarquant le regard assassin de Carlina, elle décide de se relever et de se remettre à côté de moi, je ricane, tournant la tête dans mon épaule:

-Krkrkrkr

Carlina tourne la tête vers moi sèchement avant de me planter ses mots dans les oreilles:

-Ça te fais rire?

Je relève la tête et elle est debout derrière son bureau; sa pipe posée dans un cendrier, ses mains agrippant le bord du bureau, j'entendait ses ongles rentrer dans le bois, ses longs doigts blancs rougir aux jointures.
Sa robe longue noire au col montant cachant son cou fin et aux manches longues serrées autour de ses avant bras et aux broderies d'or parsemant la jupe, volait doucement, soulevée pas la tension et son aura, elle fait flipper la vioque.

Elle a une quarantaine d'année, sèche, mince, les cheveux bruns rassemblés en un chignon serré et une mèche blanche sur le devant du coté gauche, un nez fin et droit, des yeux verts perçants et une bouche pincée, renfermant une dentition quasi parfaite, si l'on omet une canine en or.

Toujours très peu maquillée, un peu de mascara et d'ombre à paupière doré dans ses bons jours, bleu nuit quand elle se sentait d'humeur à exterminer la moitié du Coven.

C'est une femme simple, chiante, conne, stricte, pète-sec, bourge...mais simple...

-Non madame.

Elle se rassoit, la robe se calme, et elle ouvre un livre avant de nous lister nos conneries:

-Fait s'écrouler un mur, mis la salle à manger en bazar, fait tomber une momie vieille de 800 ans sous cloche...

-Par accident... protestais-je doucement.

-PUIS! A procédé à cacher les preuves, a lâché des chauves souris dans la ville avant de .... elle soupire tuer le familier d'une soeur.

Elle nous regarde longuement, je me retiens de rire, puis elle parle enfin:

-Une défense?

-....Le familier s'était enfuit et a traversé la rue au mauvais moment?

Pui Aileene l'ouvre enfin:

-Elle a mit des araignées dans mon lit cette nuit.

-T'as aucune preuves...

-Aileene vous pouvez sortir.

Elle se barre, elle me tire la langue, je lui balance une gestuelle invective, lui faisant écarquiller les yeux et afficher un visage de mépris.

Puis je me retourne, Carlina s'adresse à moi:

Tu te rends bien compte qu'à un moment je ne vais plus pouvoir te protéger...ou alors je n'en aurais plus envie...

-Alors autant que j'en profite...

-Ce n'est pas drôle Morri...

-M'appelle pas comme ça...

Je croise les bras renfrognée, et en colère,

-Qu'est ce qui se passe? Pourquoi tu te comportes comme ça depuis plusieurs mois? Je...On s'inquiètes toutes...

-C'est des conneries... Je marmonne.

-Pardon?

La colère s'empare de moi, et je hurle sur la vieille:

-C'est des CONNERIES! Tout ça c'est des conneries, la magie! Les sorcières, ce Couvent à la con! Tout est FAUUUUUX!

L’affliction se voit sur son visage:

-Ma chérie....

-Je suis pas ta chérie! T'es pas ma mère! Vas te faire vieille peau!

Je sors en courant, ne laissant pas la vioque le temps de répondre et monte sur la terrasse sur le toit où une petite serre à rosiers se trouve, je hurle d'un cri primal, relâchant toute ma colère et ma frustration avant de me laisser tomber assise sur le sol, et je me mis à traîner ici jusqu'à la nuit, quand une grande clameur me sortit de mes rêves, une troupe de théâtre itinérante, sur la place en face de la maison donnait représentation de ...Roméo et Juliette je crois? Un comédien clama alors:

-Oh, then, I see Queen Mab hath been with you.

Puis un autre répondit:

-Queen Mab, what’s she?

Puis le premier repris:

She is the fairies' midwife, and she comes
In shape no bigger than an agate stone
On the forefinger of an alderman,
Drawn with a team of little atomi
Over men’s noses as they lie asleep.

Pfffff, je soupire bruyamment bien que peu, peuvent m'entendre et parle avec moi même:

-Ça aussi c'est des conneries, seul un baoth peu croire au fées...

Je crie alors aux acteurs, cachées derrière la rambarde en bois:

-Múchadh!

Avant de rire bêtement....

Les humains n'ont pas que des mauvais côtés. Cela, même une fée est capable de l'admettre. Tout d'abord, parce que son peuple serait bien incapable de naître sans eux, certes. Mais cela n'a rien à voir avec leurs capacités intrinsèques. C'est ainsi que la Nature les a faits, les uns comme les autres, et c'est à chacun de s'y accoutumer du mieux possible.

Non, ce qui est intéressant avec les humains, c'est qu'il y a chez eux un potentiel, une créativité et une imagination qui fait parfois plaisir à voir. Malheureusement, cette dernière est souvent contrebalancée par un scepticisme et un prosaïsme à pleurer.

Mab ne pensait pas qu'un tel caractère pouvait se trouver dans les Covents de sorcières qu'il lui arrive de visiter de temps à autres. Ces femmes sont ce qu'il y a de plus proches des fées chez les humains, après tout. Il n'est donc pas étonnant que la Reine leur prête une attention particulière. Plus encore lorsqu'il s'avère qu'une troupe de théâtre itinérante passe dans le coin pour jouer l'un de ses artistes humains favoris. Même si sa préférence va malgré tout au Songe d'une Nuit d'Été plutôt qu'à Roméo&Juliette. Ah, ce cher William... Parfois, elle repense à lui avec un sourire nostalgique. Il s'agit bien de l'un des rares humains qui lui provoque ce genre d'émotion.

-Ça aussi c'est des conneries, seul un baoth peut croire aux fées...

L'agacement, par contre, est un sentiment que de nombreux humains lui provoquent constamment.

Se redressant élégamment sur le pétale de rose qui l'avait accueilli jusque là, Mab jette un œil sur le côté pour y voir une jeune fille, probablement adolescente, en train d'hurler des insultes à la troupe qui se trouve plus loin. Une enfant du Covent, à n'en point douter (qui d'autre pourrait monter ici ?). Se détournant de la pièce (son moment préféré est terminé, de toute façon...), l'Étincelante observe la jeune fille avec une malice toute fée. Si certaines personnes doivent voir pour croire, elle est ravie de les y aider...

Ses yeux prennent une couleur jaune-orangée, semblable à une pierre précieuse. Si l'on regarde dans sa direction, peut-être peut-on les voir briller en cette soirée bien avancée. Cependant, ce ne sont pas les prunelles de la fée qui attirent prioritairement le regard. Sous elle, les plantes bougent, les rosiers s'épaississent, les fleurs s'épanouissent puis fanent avant de bourgeonner de nouveau. Des racines se déplacent, lentement, silencieusement, jusqu'à atteindre les chevilles de l'humaine autour desquelles elles s'enroulent telles des serpents. Plus l'adolescente tentera de se débattre, plus les lianes se feront rigides, tout en continuant de grimer le long de ses jambes. Dans son malheur, l'enfant a de la chance : Au dernier moment, Mab a choisi de ne pas utiliser de ronces.

La voix de la fée s'élève, douce et menaçante à la fois. C'est un vent qui ne devrait pourtant pas exister dans la serre qui porte ses mots.

"A votre place, jeune fille, je tâcherais de ne pas énerver des êtres bien plus puissants que vous. William, lui, l'avait compris."

Je continue de me moquer du comédien, qui commence à perdre patience, ça se voit, alors qu'un vent chaud et rapide s’engouffre dans mes cheveux et le fait tomber sur mon visage, je cris à mon attaquant, comme si l'on me faisait une farce:

-Hey! C'est pas drôle! Montre toi sucz!

Je me retourne et avance prudemment vers la serre d'où sors comme...une ambiance bizarre...comme si l'air était chargé....en rires?

De la sueur froide coule dans mon dos, je tremble:

-O-Okay Aileene! Tu peux sortir maintenant! On a assez rit!

Alors soudainement, des serpent sortent et s'approche de moi, je me tends avant de constater que ce sont des lianes qui m'approche, j'essaye de voir à ce qu'elles sont reliées, mais je ne voit rien, tout est sombre, sauf deux points crépusculaires transperçant les ténèbres, et je recule, tremblante, incapable de parler, et je m'approche du garde-fou mais une fois cette limite atteinte, les lianes encerclent mes chevilles et m'empêchent de bouger, je me contient et plutôt que crier ou pleurer je devient froide et tente de me glisser hors de l’étreinte végétale.

Mais une voix douce et puissante capte mon attention:

A votre place, jeune fille, je tâcherais de ne pas énerver des êtres bien plus puissants que vous. William, lui, l'avait compris.

Je lui réponds alors, sévère et prête a cingler:

-Ben quoi? On apprécie pas les critiques?

Je regarde à gauche, à droite de la serre, histoire que tout ceci soit histoire de fils et marionnettes, mais tout reviens aux petites gemmes dans le noir:

-Et en plus de ça, ça préfère rester dans l'ombre des coulisses, c'est d'un triste.

La sueur froide vient sous mon menton et tombe sur les lianes, j'espère reconnaître son visage...pour le lui exploser juste après.

-C'est vous Soeur Lilith? C'est pour le chat c'est ça? Pourtant je vous jure qu'il s'est échappé tout seul!

Je mens évidemment mais qui ne tente rien n'a rien...

L'humaine n'a pas l'air de vouloir s'en laisser conter. C'est amusant. En un sens, il s'agit de ceux que la Reine préfère : elle peut ainsi les tourmenter sans le moindre remords. Alors que l'enfant semble crier après l'une de ses pairs -qu'elle doit supposer responsable- Mab rit, comme autant d'oiseaux qui chuchotent. Cela n'a cependant rien de rassurant et la voilà qui use de ses pouvoirs pour enseigner à cette jeune fille une leçon dont elle risque de se souvenir un moment.

Et pourtant, alors qu'elle est là, enchaînée par les lianes tenues par Son Altesse, la voilà qui trouve encore le moyen de faire la maligne. Le sourire qui s'étend sur le visage de Mab n'a rien d'amical alors qu'un claquement de langue mécontent est sa seule réponse évidente aux provocations. Un silence, puis...

"On sait faire usage des mots pour tenter de se sortir de n'importe quelle situation, à ce que je vois. Sachez donc apprécier ceux que d'autres ont eu avant vous et démontrent la beauté dont l'humain est capable. Être une source inépuisable d'amusement est l'une de vos rares qualités."

Un claquement de doigts, et les lianes se soulèvent du sol, toujours attachées aux chevilles de Morrigan, l'entraînant dans les airs. Elles restent un moment sans bouger au plus haut point de la serre. Peu importe le point auquel l'adolescente peut hurler, personne ne semble l'entendre. Comme si l'ensemble de la serre était sous le joug d'un sortilège de dissimulation, ou quelque chose du genre. Peut-être est-ce le cas. Ou peut-être que celles ou ceux qui voient la Magie à l'oeuvre décident (avec raison) de ne pas s'en mêler.

Paresseusement, l'Étincelante fait un geste de la main. Aussitôt, les lianes se remettent en mouvement pour approcher l'humaine, toujours tête en bas, de la rose dans laquelle se trouve la fée. Une fois arrivées à destination, les cordes végétales se stoppent à nouveau. Voilà que Mab fait face à la tête à l'envers et lui adresse une pichenette sur le nez. Ses yeux sont toujours aussi jaunes et brillants (et il vaut mieux pour Morrigan, à moins qu'elle ne souhaite s'écraser au sol).

"Vous vouliez me voir ? Je pensais pourtant que seul un -qu'avez-vous dit déjà ? Ah oui- un baoth pouvait croire aux miens." Elle hausse les épaules. "Ceci dit, il faut probablement être une imbécile pour choisir sciemment de se faire un ennemi de la Reine des Fées."

Elle aurait pu faire durer le suspense. Mais quelque chose lui dit que la petite humaine n'acceptera pas si facilement de jeter l'éponge... même au vu de la situation dans laquelle elle se trouve.

"Que faites-vous dans ce Covent, si les manifestations magiques vous inspirent tant de dédain, hmm ?"

Non pas que la réponse l'intéresse vraiment, mais les contradictions dont peuvent faire preuve les êtres humains l'ont toujours fascinée, d'une certaine manière.

On sait faire usage des mots pour tenter de se sortir de n'importe quelle situation, à ce que je vois. Sachez donc apprécier ceux que d'autres ont eu avant vous et démontrent la beauté dont l'humain est capable. Être une source inépuisable d'amusement est l'une de vos rares qualités.

-BLABLABLA! Pffffff...C'est chhhhiiiiAAAAANT! AaaaaH! Que de grands mots!

La personne qui est derrière tout ça ne peut être que quelqu'un d'insupportablement je-sais-tout, une de ces personnes qui utilisent des mots comme "néologisme" ou "nonobstant".

Mais alors, comme un seul homme, toutes les lianes se lèvent et me soulèvent du sol, m'arrachant un cri:

-AH! C'est quoi ce bordel!

Je tombe un instant, les pieds en l'air et tente de m'accrocher à la rambarde mais trop tard, je me dirige vers l'intérieur de la serre contre mon gré, je me tortille et griffe les plantes avec rage et insultes fusant:

-Putain de bordel de dieu!

Alors que je m'acharne sur mes chevilles enserrées, les lianes se stoppent et je lâche aussi prise, et me laisse tomber en "cochon pendu" et....Hein? C'est quoi ça? Une luciole? Nan pas aussi brilliante, ni bruyante d'ailleurs...c'est ridicule...

Vous vouliez me voir ? Je pensais pourtant que seul un -qu'avez-vous dit déjà ? Ah oui- un baoth pouvait croire aux miens. Ceci dit, il faut probablement être une imbécile pour choisir sciemment de se faire un ennemi de la Reine des Fées.

Hein? Mais...Qu'est ce que c'est que ce bordel, je pète un câble ou quoi? On a foutu de la datura dans mon lait j'en suis sûre...c'est pas possible...

Ça parle encore et encore, mais je m'en fous, j'approche mon doigt, tâtant son abdomen du bout du doigt...

-J'y crois pas....Mais...t'es quoi toi?

Je croise les bras, la tête toujours en bas, mes cheveux balayant le sol, et soufflant doucement afin de garder un esprit clair malgré le sang qui monte jusqu'au cerveau:

-Okay, bon...soit c'est une hallucination dû à une plante hallucinogène, soit je rêve encore et mon corps est endormi sur la terrasse, c'est ce qu'il y a de plus logique

La réaction de l'adolescente l'horripile et l'agacement la fait briller comme jamais. Il ne faut pas longtemps pour qu'elle décide de jouer un mauvais tour à celle qui semble être beaucoup trop imbue d'elle-même pour son propre bien. Quand les humains parviendront-ils enfin à réaliser leur insignifiance ? Au-delà de leurs capacités de procréation, ils ne sont pas utiles à grand chose. Tout au plus à un plaisir récréatif.

Les pouvoirs de la Reine des Fées s'agitent et se mettent en oeuvre afin d'offrir à la jeune sorcière une leçon dont elle se souviendra pour les saisons à venir. Elle l'écoute hurler à la mort comme un cochon qu'on égorge sans éprouver la moindre once de sympathie à son égard. A tout le mieux, un soupir agacé lui échappe.

"Ne pourrais-tu pas te montrer plus agréable ?!"

L'absence de vouvoiement protocolaire est un autre témoin de l'ennui manifeste de sa Majesté. Cette dernière se calme cependant prestement alors que le visage de sa victime se dresse à son niveau. Elle se présente, pas le moins du monde apeurée par la tête qui fait plus que sa propre taille.

Cenpendant, il est clair que Morrigan n'est pas impressionnée non plus. L'humaine approche son doigt et Mab laisse faire, non sans un sourire mutin : déjà, ses yeux changent encore de couleur alors qu'une flamme embrase brièvement l'ensemble de son corps. Aucun dégât pour elle, évidemment. Pour la jeune fille, probablement pas grand chose de plus qu'une odeur de cochon brûlé, alors que le bout de son doigt devient soudainement beaucoup trop chaud.

"On ne vous a jamais dit de toucher avec les yeux ?"

L'adolescente a de la chance : Mab s'amuse. Là où elle en a moins, c'est que son amusement est facétieux, malin, et qu'elle n'oublie pas le comportement odieux précédent. Sans compter l'insulte à l'un des rares humains qu'elle apprécie. Alors que Morrigan tente de trouver des explications en se parlant à elle-même, son Altesse ricane. Et pour une fois, les oiseaux ne chuchotent pas, mais semblent plutôt se moquer ouvertement de la "logique" de l'adolescente.

Les lianes qui tiennent l'irlandaise se mettent à balancer doucement, de gauche à droite, d'avant en arrière, entraînant la prisonnière à proximité de plantes et d'autres. Depuis son lit de roses, sa Majesté commente.

"Cette serre est emplie de plantes plus dangereuses les unes que les autres... Mais vous devez le savoir, si vous suivez l'enseignement des sorcières." La menace dans son ton est doucereuse, amusée mais réelle. "Quand à être endormie... nous pouvons vérifier cela dès maintenant."

La fée claque des doigts. Aussitôt, un seau d'eau se met à voler en direction de l'adolescente, passant sous sa tête avant de remonter au-dessus de ses pieds... et de se renverser, vidant son contenu sur l'humaine.

Et je met la bestiole en colère en plus, c'est le pompon, mais moi aussi je vais crier tu vas voir :

-Oh....pardon de vous vexer...mais je  sais pas si vous avez remarqué...MAIS JE SUIS PENDUE A L'ENVERS PAR DES PLANTES !

Mais je sens....j'ai faim....peut être qu'on fait du cochon pour midi en bas dans les cuisines, et je vois une touffe de cheveux tomber devant mes yeux :

-Mais !

-On ne vous a jamais dit de toucher avec les yeux ?

-Mes cheveux ! Pourquoi vous me faîtes ça là ?!

Elle me fait tout un laïus sur les plantes et les sorcières tout en me balançant et me retournant au passage l'estomac, alors je marmonne :

-Eh oh si c'est pour avoir un discours aussi chiant que celui de la vieille Carlina vous pouvez passer, me soûlez pas...

Un mouvement de la main devant mon visage comme pour faire partir l'odeur et soupire poussée par une insolence naturelle et chez moi et un agacement profond.

Puis un seau vole autour de moi, m'arrachant au passage un rire nerveux, me pensant fiévreuse, je pose ma main sur mon front mais rien...

Le seau se renverse sur moi et je crie :

-HA ! Putain mais c'est glacé ! Pauvre folle !

Je frotte mes bras histoire de me réchauffer , le regard noir vers la bestiole, et tente de jouer la carte du bluff :

-Fais gaffe ma vieille sinon je vais te lancer un maléfice horrible que tu risque pas d'oublier car craint moi ! Je suis une terrible sorcière !

Bien sûr je n'en pensais pas moi même un mot mais peut être qu'elle prendra peur et s'en ira...

"Parce que je peux."

La réponse est immédiate et énoncée de façon on ne peut plus claire. Mab se contente de regarder l'adolescente avec une lassitude qui en dit long. Pourquoi s'obstine-t-elle alors ? Par jeu, évidemment.

"Et parce que tu n'es qu'une petite humaine arrogante qui a grand besoin d'être remise à sa place !"

Oh, et peut-être pour cela, aussi. A croire que Son Altesse n'aime vraiment pas qu'on dise du mal de Shakespeare. Ce qui n'est pas étonnant lorsqu'on connaît la relation qui unit l'écrivain et la plus petite des grandes dames.

Un seau d'eau froide plus tard, tout départ de feu est éteint. Sauf, peut-être, celui de la jeune Morrigan, qui tente vainement de se réchauffer en hurlant à la mort. L'insulte passe bien au-dessus de la tête de la Reine (qui n'est plus à cela près), qui se contente de rire, comme autant d'oiseaux qui chuchotent. Contrairement à d'habitude cependant, ces oiseaux sont certainement plus des corbeaux et autres vautours que d'élégants rouges-gorges.

Enfin vient la menace. Bras croisés sous la poitrine, Mab écoute, un sourcil relevé pour toute réaction. Puis la voilà qui décolle pour se mettre à hauteur des yeux de l'adolescente, tellement proche qu'elle pourrait à son tour lui appuyer sur le nez si l'envie l'en prenait. Inutile de dire que l'Étincelante s'abstient. Elle se contente de lui parler.

"Oh. Terrible sorcière. Je vois. Je suis terrifiée."

Ni son ton, ni l'expression de son visage ne rendent justice à ses mots, si ce n'est pour laisser transparaître une ironie profonde. Pourtant, Mab se recule, se réinstallant dans sa rose, et claque des doigts. Presque aussitôt, les lianes cessent leur balancier. L'une d'entre elle lâche même la cheville de l'irlandaise. Elle est néanmoins toujours tenue par une autre liane, qui finit par la poser au sol avec une certaine délicatesse, évitant ainsi à la jeune fille de se casser le cou. Car si Sa Majesté n'est pas du genre à beaucoup se soucier de la vie humaine, elle n'en est pas non plus à causer des meurtres de sang-froid. Au contraire de ces derniers.

Regardant ses ongles en donnant l'impression de se soucier de tout sauf de ce que la gamine peut être en train de faire, Mab reprend.

"Alors, ce maléfice horrible ? J'attends."

Intérieurement, la fée est à nouveau titillée par la curiosité. Dans quel pétrin l'humaine compte-t-elle se mettre, cette fois ?

Elle me lâche, je me relève et je boude, prête à l'envoyer chier au premières contrariétés.

Elle me défie, attends d'un air distrait et particulièrement irritant que je lui montre de quoi je suis capable, et je regarde du coin de l’œil la porte de sortie, espérant la possibilité de me barrer assez vite avant que la bestiole me démonte la gueule...

Je pense qu'elle sait déjà que je peux rien faire....j'espère pas, je tremble pas, je flippe pas mais j'ai pas envie de crever pour autant...je pourrais faire quoi pour m'en sortir là, maintenant, tout de suite?

Rien ne me viens, j'ai beau regarder tout mon entourage, rien ne me viens, et il faut que je me décide vite avant que le bidule s'impatiente...bordel.

Et évidemment tenter cette connerie de magie ne fonctionnerait pas...surtout que je suis loin d'être la fille la plus assidue et donc les formules m'échappent au moment où j'en ais le plus besoin.

Alors je bluffe, je tente juste, histoire de voir, peut être que le machin va prendre peur et fuir:

-Pfff....tu vaux même pas le coup que je te transforme en grenouille...mes pouvoirs sont trop grands et important pour que je les gaspille sur toi...et puis franchement...tu feras quoi toute seule face à tout un Coven hein?

J'ai énoncé ces paroles avec autant d'assurance que possible, sans flancher, l'air de rien me rapprochant de la porte ouvrant sur l'intérieur.

Croisant les doigts dans le dos j'espère qu'elle me laissera partir, ce truc est franchement pas annonciateur de bonnes nouvelles.

Soudain, la porte vibre sous des coups et toute la contenance que j'avais pu rassembler s'est évanouie dans un sursaut.

Une voix douce et aimable se fit entendre:

-Morri...c'est moi...je peux sortir? Je sais que tu es là.

Merde...manquait plus que ça...la vioque veut venir faire chier à son tour, et faut pas qu'elle voit tout ce bordel ou elle va flipper...et puis...elle va me défoncer en voyant les plantes détruites et le matériel foutu en l'air.

-Lâche moi les basques la vieille, j'ai pas envie de te parler...

Autant c'était vrai, autant la priorité de l'écarter de ce bazar était prioritaire.

Tout en sachant très bien qu'il ne va rien de passer, Mab attend patiemment le prochain mouvement de la jeune fille. C'est comme participer à une partie d'échecs en sachant votre adversaire beaucoup moins talentueux que vous : elle aurait pu gagner il y a trois tours, mais elle attend tout de même pour laisser une chance à l'adversaire de se ridiculiser proprement.

La fée doit tout de même reconnaître quelque chose à Morrigan : cette humaine ne se laisse pas facilement marcher sur les pieds. Il est évident qu'elle est incapable de faire quoi que ce soit de ce qu'elle prétend (elle l'aurait fait bien avant, sinon), mais pourtant rien dans son langage ou dans son attitude ne le laisse montrer. Au contraire, c'est comme si elle gagnait encore un peu en assurance (factice).

Mab n'est cependant pas dupe, et les répliques de l'adolescente glissent sur elle comme l'eau sur les plumes d'un canard. Elle prend néanmoins la peine de répondre.

"Oh, je ne sais pas... Je ferai bouger plus de lianes, je suppose."

Son Altesse baille ostensiblement. Ca y est, la gamine a dépassé le stade d'agaçante puis d'amusante pour devenir ennuyeuse. La façon dont elle tente de garder la tête haute ne fait que lui rappeler pourquoi elle ne perd que rarement son temps à discuter avec des humains. Elle s'apprête à la laisser -sur une dernière farce, bien évidemment, que cette petite saleté ne pense pas avoir gagné- lorsque des coups retentissent à la porte de la serre.

L'Étincelante décolle à nouveau de sa rose pour observer les alentours. Elle reconnaît aussitôt la voix comme étant celle de Carlina, la sorcière en charge du Covent. La réponse aigrie de l'ado l'amène à hausser un sourcil et froncer le second alors qu'elle tourne autour de sa tête, comme pour chercher à lui donner le tournis.

"Oh, je vois... Tu es donc mal élevée de nature. Tout s'explique."

Sans lui laisser le temps de répliquer (ou de tenter de l'attraper -elle est de toute façon bien trop rapide), Mab se cache à nouveau dans les fleurs, non sans ouvrir la porte d'un coup de lianes magiques. Ces dernières entraînent gentiment Carlina à l'extérieur, avant de refermer la porte derrière elle. Depuis sa cachette végétale, Mab riposte, faisant porter sa voix par le vent aux oreilles des deux intéressées.

"Moi, j'ai bien envie de parler..."

Voyons voir ce que la mal-aimable allait bien pouvoir inventer pour se sortir des soucis, cette fois.

Je réponds à la vieille, la bestiole me tourne autour et d'un mouvement las de la main, je tente de la faire partir hors du périmètre de ma tête.

Mais alors que j'allais l'envoyer chier une énième fois elle et la vioque, la bestiole se permet de prendre les devants et de faire entrer dans la serre Carlina avant de refermer la porte avant de déclarer qu'elle aimerait discuter elle:

Carlina me regarde un instant, éberluée, puis la bestiole, puis moi à nouveau.

Elle se baisse alors, orchestrant une référence, me laissant à mon tour surprise et décontenancée, jamais, au grand jamais je n'avais vu Carlina ployer devant qui que ce soit. Ça m'a fait bizarre de la voir ainsi. Mais très vite je lui envoie une pique pour savoir ce qu'il se passe:

-Ouais.....euhmmm...c'est quoi ce bordel?

Carlina se relève et ne fait pas attention à moi, elle parle alors à la bestiole:

-Votre Majesté, Bienvenue, il fait bien des années que vous n'étiez pas venue nous visiter.

-Votre Majesté?

Je tourne la tête vers l'insecte et au fur et à mesure que les choses vont, je devient de plus en plus confuse et mal à l'aise d'être mise à l'écart, le truc et la grand mère se connaissent apparemment et depuis un paquet de temps...

Elle ne font pas attention à moi car trop absorbées dans leur conversation durant laquelle, elles se parlent comme si on était chez le Roi....ridicule...

Je toussote pour signaler ma présence une dernière fois, si ça ne fonctionne pas...autant dire que je me barre...

Evidemment, en usant des lierres pour inciter Carlina à passer la porte d'entrée, Mab se doute que la doyenne saura tirer les conclusions nécessaires. Aussi n'est-elle pas étonnée de voir le regard de la sorcière passer brièvement sur l'adolescente avant de partir à sa recherche, malgré sa retraite dans un plant d'iris non loin. L'Étincelante sort de sa cachette dès que l'autre commence à esquisser sa révérence : c'est qu'il serait bien malpoli de rester dans un coin, à présent.

Elle ignore cependant l'intervention de la sale gosse autant que sa protectrice et choisit de répondre à cette dernière avec son sourire bienveillant habituel, quoique tinté d'une malice légèrement agacée.

"Bonsoir Carlina. C'est un heureux hasard : une rencontre diplomatique m'attend non loin de vos terres, j'en ai profité pour faire un détour." Son regard ne quitte pas l'adulte des yeux, pourtant on sent que son commentaire ne lui est pas directement adressé. "Cependant, je ne m'attendais pas à un tel accueil."

D'un battement d'ailes, Mab rejoint la plus âgée des deux humaines, non sans passer une nouvelle fois près de la plus jeune et lui glisser une pichenette de poussière sous le nez. Qu'elle éternue à n'en plus finir, tiens. Ce serait bien fait.

La Reine des Fées se pose sur une branche d'arbre fruitier non loin de l'épaule de Carlina, et sa main se dirige vers l'une des fleurs qui y poussent. D'un geste délicat de la main, elle laisse sa magie entourer la fleur qui se transforme à vue d'œil en un abricot mûr à point, croissance accélérée cadeau de Sa Majesté. L'une de ses lianes de lierre se dirige vers le fruit pour le détacher gentiment de l'arbre.

"Vous avez un don pour vous attacher aux pires membres de votre espèce, Carlina. Ceux qui ne connaissent ni le respect, ni la gratitude, et encore moins la politesse. Cela va finir par vous porter préjudice, un jour."

Un instant de silence, avant que son regard à la couleur actuellement insondable se tourne brièvement dans la direction de Morrigan.

"Cette petite insolente a de la chance d'être dans vos bonnes grâces. La pousser du haut de cette tour est extrêmement tentant."

Bien que la phrase soit dite sur le ton de la conversation la plus mondaine, il est tout aussi clair que la menace n'est pas que factice. Quelque chose dans le frémissement des plantes, ou dans le regard de la Reine -qui s'affaire toujours à ne plus se tourner vers l'adolescente- montre qu'elle ne plaisante qu'à moitié.

Ou même moins que ça.

"Reflexe !"

L'instant d'après, les lianes se dirigent vers Morrigan, non pas pour effectivement la pousser par-dessus bord, mais simplement pour l'effrayer un peu.

La liane qui tient le tout nouvel abricot, par contre, semble comme un bras qui prend son élan avant de lancer son projectile en direction de la gamine. A ce moment-là seulement, Mab se tourne vers elle, afin d'observer le résultat de ses actions. Sans le moindre état d'âme.

Un échange de politesse, Carlina répond à l'insecte:

-Pardonnez cette jeune fille, elle ne sait que répondre par la farce et le sarcasme.

J'ai alors senti un pincement au coeur, c'est bien la première fois que je ne ressentais une telle émotion.

Le truc me passe près du visage et je recule avec un bruit de dégoût non intentionnel:

-Yew!

Mais sa sale poussière s'infiltre dans mes poumons et je commence à tousser salement.

Un pénultième tour de magie fatiguant et elle enchaîne, toujours en faisant mine de m'oublier:

"Vous avez un don pour vous attacher aux pires membres de votre espèce, Carlina. Ceux qui ne connaissent ni le respect, ni la gratitude, et encore moins la politesse. Cela va finir par vous porter préjudice, un jour."

Je lève le doigt voulant m'opposer à ces dires mais....elle n'a pas tellement tord donc je me tais finalement en haussant les épaules, acquiesçant nonchalamment.

Elle poursuit, tournée vers moi:

"Cette petite insolente a de la chance d'être dans vos bonnes grâces. La pousser du haut de cette tour est extrêmement tentant."

Je lui fait un doigt d'honneur, la challengeant.

Je me doute qu'elle me regarde pas et même si elle ne savait pas que ce que je venais de faire signifiais une grande offense, elle saurait que c'est dans le but de l'insulter ou au moins de la provoquer.

"Reflexe !"

Les lianes glissent et s'élancent vers moi comme des serpent et alors je me décompose, ce n'est plus drôle, ce n'est plus un jeu, et je crains pour ma vie sur cet instant.

Je me me cache avec mes bras croisés, le visage tendu en un sourire prêt à encaisser l'impact mais rien....puis alors que j'allais baisser les bras un abricot me frappe de plein fouet.

-Ha!!!!

Mais je reste debout, je ne tombe pas...

Je rigole puis commence à sauter sur place, fière de moi, fière d'avoir..."raison?"

-Hahaha! Tu vois sale bête! T'es pas assez forte!

Mais je perd l'équilibre dans la célébration de ma victoire et alors je manque de tomber dans le vide, quelle ironie.

Mais une main me retiens, Carlina, enfin, alors qu'elle me ramène vers la terre ferme, je souris, elle va me protéger, elle va lui faire comprendre à la bestiole.

-Haha pauvre insecte, t'es...-

PAF!

Les larmes me montent tout de suite, la confusion, la tristesse et la honte m'empêchent de parler. Ma joue rouge vire très vite, elle cuit la douleur....et Carlina qui malgré son austérité n'avait jamais levé la main sur personne, venait de m'infliger l'équivalent de toute une vie de retenue dans la gueule.

-J'en ait plus qu'assez! Morrigan! Tu n'as plus 5 ans! Tes actions ont des actions, et en insultant la Reine des Fées tu dois t'attendre aux plus violentes de toutes les conséquences! Tu es une abrutie! Une inconséquente! Une peste téméraire et poussive tu ne sais que t'attirer des ennuis!

Je reste là éberluée, pleurant en silence, la bouche ouverte alors que Carlina se déverse sur moi.

Puis elle se tais, se tourne, je la vois qui se pince l'arrête du nez mais je ne dis toujours rien...

-Pardonnez là votre Altesse, ma fille est un élément des plus perturbateurs de ce Coven et souvent je ne sais plus quoi faire.

L’action est parfaite, digne des meilleurs comédies. Peut-être la contera-t-elle à l’autre William à l’occasion.

Trop concentrée sur les lianes qui volent dans sa direction, l’adolescente manque d’apercevoir l’abricot juteux qui la heurte de plein fouet. Et pourtant, la voilà encore capable de s’extasier à l’idée d’être soi-disant intouchable. Mab l’observe parader avec un dégoût si visible qu’il s’étend aux plantes environnantes. Dans la serre, tout devient verdâtre, terne. Et quand Morrigan, par son ego, manque de tomber du haut de la Tour, la Reine des Fées ne bouge pas d’un cil.

Carlina, bien évidemment, se précipite pour sauver son ouaille. Ce n’est que là que Sa Majesté accepte de faire un geste, l’un de ses lianes d’enroulant autour de la taille de l’adulte, afin de garantir que l’attitude de l’effrontée ne cause pas la perte de la cheffe du Coven. La liane se délie cependant aussitôt son action accomplie et Mab assiste, sans un mot, à la réprimande la plus sévère -mais aussi la plus méritée- jamais donnée par Carlina. Et au vu de la réaction de la petite insolente, elle n’en revient pas non plus.

Aux plates excuses de l’adulte, l’Étincelante répond, impitoyable.

« Certains éléments, tous prodiges qu’ils sont, doivent être mis à l’écart quand ils font plus de torts aux leurs que le contraire. »

C’est une loi dure, mais par laquelle Mab règne depuis le début de son Éternité. Lorsqu’il est impossible de raisonner avec un être qui gangrène la société, le meilleur coup à jouer pour chaque équipe peut simplement être de se séparer. Avec ou sans douleur. Et puisque l’agaçante gamine ne semble demander que cela...

Enfin, Mab se tourne vers Morrigan, toujours sous le choc.

« Sache, jeune insolente, que ce n’est que par amitié pour ta protectrice et son Coven que tu es encore en vie. Nombre d’humains ont fait les frais de revanches bien plus importantes pour des injures moins graves. Et puisque tu sembles tant apprécier comparer les miens à des insectes, vois donc ce qu’il se passe lorsque les plus petits que toi ne sont plus là pour soutenir vos récoltes. »

Le regard de Son Altesse se met alors à briller d’une couleur surnaturelle, entre le marron et l’orangé. Peu à peu, toutes les fleurs de la serre se mettent à faner, puis à flétrir. Les fruits pourrissent et tombent au sol en rafale, les plants s’assèchent et deviennent brindilles. La terre elle-même semble ternie. En moins d’une minute, toute la récolte du Coven est devenue inutilisable.

Sans un mot de plus, Mab s’envole. A cette ingrate d’en tirer les leçons qui s’imposent.